Test DVD / Money, réalisé par Géla Babluani

MONEY réalisé par Géla Babluani, disponible en DVD chez M6 Vidéo le 7 février 2018

Avec :  Vincent Rottiers, George Babluani, Louis-Do de Lencquesaing, Benoît Magimel, Charlotte Van Bervesselès, Anouk Grinberg, Olivier Rabourdin, Arben Bajraktaraj, Jean-Michel Correia, Féodor Atkine…

Scénario : Géla Babluani

Photographie : Tariel Meliava

Musique : Jean-Michel Bernard

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Les temps sont durs pour Danis et Eric, deux amis d’enfance qui peinent à boucler leurs fins de mois en travaillant sur les docks du Havre. Un après-midi, Alex, la sœur d’Eric, assiste inopinément à la remise d’une valise remplie de billets et décide de suivre l’homme ayant récupéré le pactole. Alex convainc Eric et Danis que cette valise d’argent pourrait changer leurs vies. Les trois amis décident d’aller cambrioler la maison. En arrivant, ils découvrent un homme sur le point de se pendre, Mercier, dont ils ne connaissent ni l’identité, ni l’importance. Un jeu du chat et de la souris au scénario implacable va alors se refermer sur eux et transformer leur nuit en enfer.

En 2005, une petite bombe explose dans le cinéma français. Si le film est plutôt passé inaperçu, ceux qui ont vu 13 Tzameti au cinéma ne l’ont jamais oublié. A la barre de ce thriller tourné en N&B, le cinéaste franco-géorgien Géla Babluani, né en 1979. En 2006, il coréalise L’Héritage avec son père Temur Babluani, puis signe quatre ans plus tard le remake de 13 Tzameti (intitulé 13) avec un casting de choc, Sam Riley, Jason Statham, Ray Winstone, Alexander Skarsgård, Ben Gazzara, Michael Shannon, Emmanuelle Chriqui, 50 Cent et Mickey Rourke ! Depuis, nous étions sans nouvelle de Géla Babluani. Autant dire que nous attendions son retour avec impatience. Il aura fallu attendre sept ans pour que le cinéaste revienne derrière la caméra, avec un nouveau thriller, un polar tendu, un film noir, Money. Et cette fois encore la réussite est au rendez-vous.

Fatigués de leurs fins de mois difficiles, trois jeunes Havrais sans avenir, vivant dans un quartier ouvrier voient l’opportunité de gagner beaucoup d’argent en volant une mallette à un notable du Havre. Sans le savoir, ils viennent de braquer un secrétaire d’État corrompu et de voler l’argent d’une entreprise criminelle.

Le quatrième long-métrage de Géla Babluani dépasse toutes les espérances. Véritable film de genre, Money ne prétend pas révolutionner les codes du polar, mais joue au contraire avec les anciennes règles, dans une intrigue pourtant contemporaine où trois jeunes trentenaires décident d’enfreindre la loi pour survivre. Drame social sans concession, Money propose une véritable décharge d’adrénaline pendant 90 minutes. Certes, le budget est limité, le montage est parfois approximatif, mais l’histoire est vraiment prenante du début à la fin et le suspense maintenu.

Money impose une fois de plus Vincent Rottiers, le plus grand comédien de sa génération. Son regard bleu intense et furieux montre le feu qui anime le personnage, lancé malgré-lui dans une spirale qui les dépasse complètement lui et ses complices. Pour Géla Babluani « Money est une histoire humaine qui ne triche pas, sous aucun prétexte. C’est une histoire où le sens de la morale se trouve justement dans les actes immoraux commis par les protagonistes. La famille, l’honneur, l’amitié, la trahison et une valise d’argent dont tout le monde a besoin, au cours d’une nuit qui vire au cauchemar ». La tension et l’angoisse sont rythmées par l’enchaînement des événements imprévisibles et les retournements de situations qui ne laissent les personnages que devant des choix radicaux. L’énergie ne faiblit jamais puisque le réalisateur colle à celle qui anime les personnages, tandis que le cadre – très soigné – est d’emblée resserré sur eux. La caméra est sans cesse en mouvement, créant ainsi un sentiment d’urgence. Les protagonistes (tous cupides), comme les spectateurs sont alors étourdis et leurs repères se brouillent. Le trio explose, dépassé par la situation. Chacun suit alors sa trajectoire pour sauver sa propre peau et celle des deux autres.

Egalement au casting, George Babluani (frère du cinéaste), un Louis-Do de Lencquesaing suintant, soutenu par l’excellent Olivier Rabourdin, sans oublier les solides participations de Féodor Atkine et Anouk Grinberg, ainsi que la révélation Charlotte Van Bervesseles. Mais celui qui se taille la part du lion est sans conteste Benoît Magimel. Méconnaissable, bedaine apparente, costume froissé trop grand, l’air boudeur, les grosses lunettes aux verres fumés sur le nez, le comédien vole toutes les scènes dans lesquelles apparaît son personnage de tueur implacable. Sa prestation est aussi dingue qu’inattendue.

Si le film a été rapidement retiré de l’affiche, Money, âpre, violent, non dénué d’humour noir, loin du style boursouflé et de l’idéologie douteuse d’un Olivier Marchal, est assurément l’un des polars de 2017. Nous lui souhaitons de trouver une seconde vie grâce à sa sortie en DVD et ses futures diffusions à la télévision.

LE DVD

Le DVD de Money, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sobre, animé et musical. Pas d’édition HD pour ce titre.

Aucun supplément sur cette édition.

L’Image et le son

Malgré le très mauvais score de Money au box-office (un peu plus de 25.000 entrées), Géla Babluani peut compter sur M6 Vidéo pour le service après-vente. En effet, l’éditeur livre un beau master, aux contrastes solides et au piqué agréable. Les ambiances nocturnes sont souvent élégantes, la colorimétrie bien restituée, et le relief probant aux quatre coins du cadre large. Seuls quelques petits fourmillements sur les arrière-plans viennent ternir un peu le visionnage, mais rien de bien méchant.

Le mixage Dolby Digital 5.1 instaure un excellent confort acoustique en mettant la musique en avant, tout en délivrant les dialogues avec ardeur, sans jamais oublier les effets et ambiances annexes. Quelques basses soulignent également quelques séquences. La piste Dolby Digital 2.0 se révèle dynamique et même percutante dans son genre. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © M6 Vidéo / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr


Test Blu-ray / The Square, réalisé par Ruben Östlund

THE SQUARE réalisé par Ruben Östlund, disponible en DVD et Blu-ray chez M6 Vidéo le 28 février 2018

Avec :  Claes Bang, Elisabeth Moss, Dominic West, Terry Notary, Christopher Laessø, Marina Schiptjenko, Daniel Hallberg, Sofie Hamilton…

Scénario : Ruben Östlund

Photographie : Fredrik Wenzel

Durée : 2h31

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Christian est un père divorcé qui aime consacrer du temps à ses deux enfants. Conservateur apprécié d’un musée d’art contemporain, il fait aussi partie de ces gens qui roulent en voiture électrique et soutiennent les grandes causes humanitaires. Il prépare sa prochaine exposition, intitulée « The Square », autour d’une installation incitant les visiteurs à l’altruisme et leur rappelant leur devoir à l’égard de leurs prochains. Mais il est parfois difficile de vivre en accord avec ses valeurs : quand Christian se fait voler son téléphone portable, sa réaction ne l’honore guère… Au même moment, l’agence de communication du musée lance une campagne surprenante pour The Square : l’accueil est totalement inattendu et plonge Christian dans une crise existentielle.

Alors c’est ça la Palme d’or 2017 ? Eeeeh ben…Si le but était de récompenser l’un des films les plus mauvais, pédants, interminables et mégalos du Festival de Cannes, alors oui le cinquième long métrage du réalisateur, scénariste, monteur, producteur et directeur de la photographie Ruben Östlund (né en 1974) méritait sa suprême récompense. Révélé en 2014 par Snow Therapy (prix du Jury Un Certain Regard), le cinéaste a carrément pété un câble et signe un film uniquement destiné à flatter ses pairs dans le but de se faire caresser dans le sens du poil. Froid, on pourrait même dire frigorifique, jamais intéressant, interminable, hermétique, The Square est symbolique de ce qu’est devenu le plus célèbre Festival de Cannes, plaire avant tout à l’élite et rejeter le divertissement populaire.

Christian, père divorcé, est le conservateur d’un musée d’art contemporain installé dans le palais royal de Stockholm. Il prépare une exposition intitulée « The Square », simple carré à l’intérieur duquel les spectateurs seront appelés à être altruistes et à mieux prendre en compte les besoins des autres : « Le Carré est un sanctuaire de confiance et de bienveillance. En son sein, nous avons tous les mêmes droits et les mêmes devoirs ». Or, après avoir aidé lui-même dans la rue une femme qui prétendait être attaquée, il constate qu’il s’agissait d’un piège : son téléphone, son portefeuille et ses boutons de manchette en or ont disparu. Bien que Christian soit un homme qui fasse l’aumône aux mendiants d’Europe centrale, il est pris d’une forme de vengeance jubilatoire à leurs égards. En parallèle le vernissage approche : Anne, une journaliste américaine, l’interviewe sur les finalités et les devoirs affichés d’un musée d’art contemporain. Elle se rapproche de lui au cours de la soirée inaugurale de l’exposition. Ils finissent par coucher ensemble, mais Christian se sent déstabilisé par le comportement libre et féministe de la jeune femme. Par ailleurs, un homme atteint du syndrome de Tourette trouble le bon déroulement de la conférence inaugurale de l’artiste invité et célébré. De plus, la soirée de gala organisée par Christian pour récolter des fonds tourne mal : l’artiste Oleg censé imiter un gorille dans le cadre d’une performance artistique va trop loin et fait peur aux convives. Pendant ce temps, une agence de marketing a préparé la campagne de promotion de l’exposition « The Square ». Christian, trop préoccupé par son ressentiment et ses affaires personnelles, laisse publier sur YouTube une vidéo de promotion qu’il n’a même pas regardée au préalable. Or cette vidéo, qui cherche par tous les moyens à créer le « buzz », choque le pays entier par sa violence : on y voit une petite fille blonde sans domicile fixe qui explose dans le carré en un terrible attentat.

Ruben Östlund explique ses intentions : « Tout comme Snow Therapy, The Square est un film dramatique et satirique. Je voulais faire un film élégant en me servant de dispositifs visuels et rhétoriques pour bousculer le spectateur et le divertir. Sur le plan thématique, le film aborde plusieurs sujets, comme la responsabilité et la confiance, la richesse et la pauvreté, le pouvoir et l’impuissance, l’importance croissante que l’on accorde à l’individu par opposition à la désaffection vis-à-vis de la communauté et la méfiance à l’égard de l’État en matière de création artistique et de médias ». Le problème avec The Square, c’est que le réalisateur se tire lui-même une balle dans le pied. En voulant critiquer le monde de l’art contemporain, Ruben Östlund signe un objet destiné uniquement à une certaine élite qui se pâmera devant des images lisses dignes d’une expo vidéo. En fait, en voulant parler de beaucoup de choses, comme l’isolement et le repli sur elles-mêmes des classes privilégiées, Östlund finit par ne parler de rien.

Les images s’enchaînent sans rythme, l’ennui s’installe dès le premier quart d’heure alors que le film dure 2h30 ! Autant dire que le calvaire est infernal et que rien, à part l’apparition de la géniale Elisabeth Moss et le jeu investi de Claes Bang, ne relève l’intérêt de la « chose ». Ce n’est pas non plus la fameuse séquence de l’homme-singe qui réveillera les spectateurs déjà endormis depuis belle lurette. En l’écoutant, Ruben Östlund indique vouloir parler de l’individualisme grandissant dans les sociétés contemporaines, du fossé toujours plus profond entre les classes sociales. Des sujets pas inintéressants certes, d’autant plus quand la Suède est encore considérée – à tort – comme l’un des pays les plus égalitaires au monde, mais pourquoi ces partis pris ? Pourquoi avoir recours à de tels procédés qui excluent forcément les spectateurs qui n’ont pas accès à une certaine forme de culture ? Pourquoi jouer au plus intelligent et de ce fait rejeter la possibilité d’un dialogue ?

Ruben Östlund – qui s’inspire d’ailleurs d’un véritable projet artistique comme celui montré dans le film, exposé dans le sud de la Suède – se contredit quand il explique vouloir divertir son audience. The Square se veut satirique et ironique, il n’est juste qu’ennui et nombriliste. Seule une certaine « presse spécialisée », qui ne s’est d’ailleurs pas gênée pour se rouler dedans en poussant des cris de joie a porté The Square jusqu’au Graal ultime. Ou quand la Palme de l’intelligentsia – qu’on imagine aisément se diriger vers le buffet garni en sortant de la salle en oubliant rapidement que le réalisateur avait voulu au départ se foutre de leurs tronches – l’emporte sur la Palme du coeur, des sentiments et de l’âme comme 120 battements par minute. C’est à n’y plus rien comprendre, mais cela fait très longtemps que le Festival de Cannes est devenu une caricature de ce qu’il était (rendez-nous La Grande bouffe !) et qu’il n’a plus aucun intérêt. Cela passerait si le réalisateur avait à coeur de cracher dans la soupe, mais il semble atteint du même narcissisme exacerbé que son confrère scandinave Nicolas Winding Refn, ce qui fausse d’emblée le propos et surtout la sincérité de The Square.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de The Square, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

En ce qui concerne les suppléments, passons rapidement sur les trois galeries déroulantes (photos de tournage, rétrospective des critiques positives et les ébauches d’affiches internationales) qui font office de remplissage, pour évoquer tout d’abord le making of de la scène centrale du film, par ailleurs reprise pour l’affiche. Intitulé de manière prétentieuse « Making of d’une scène d’anthologie », ce documentaire de douze minutes donne un aperçu de la journée de répétition et des trois jours de tournage qui ont été nécessaires au réalisateur Ruben Östlund et à son équipe pour mettre en boite cette séquence déconcertante où la performance d’un homme-singe tourne mal au cours d’un dîner mondain. Le metteur en scène s’entretient avec ses comédiens et indique qu’il ne s’est jamais autant amusé sur un plateau.

S’ensuit une compilation des essais et scènes de casting de certains comédiens (5’), ainsi que divers entretiens (9′) de Ruben Östlund, Elisabeth Moss et Claes Bang réalisés lors de la présentation de The Square au Festival de Cannes. La genèse du film, les conditions de tournage, le casting, le travail avec le réalisateur sont passés en revue.

L’Image et le son

Tourné avec la caméra Arri Alexa XT, The Square débarque donc en Blu-ray. Les partis pris sont à l’image du film, froids, glacials, sans aucune aspérité. A côté de ça, la clarté est de mise, le piqué quasi-chirurgical, les contrastes denses et le relief omniprésent.

Les mixages anglais/suédois et français DTS-HD Master Audio 5.1 se révèlent particulièrement riches et instaurent un large confort acoustique. Dans les deux cas, la spatialisation musicale demeure évidente, les latérales soutiennent l’ensemble comme il se doit, les ambiances naturelles ne manquent pas tandis que le caisson de basses intervient à bon escient. Deux DTS-HD Master Audio 2.0, forcément moins enveloppantes, sont également disponibles. Les sous-titres français sont imposés.

Crédits images : © SND M6 Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Mary, réalisé par Marc Webb

MARY (Gifted) réalisé par Marc Webb, disponible en DVD et Blu-ray chez 20th Century Fox le 17 janvier 2018

Avec :  Chris Evans, Mckenna Grace, Lindsay Duncan, Octavia Spencer, Jenny Slate, Michael Kendall Kaplan, John M. Jackson, Glenn Plummer, John Finn…

Scénario : Tom Flynn

Photographie : Stuart Dryburgh

Musique : Rob Simonsen

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Un homme se bat pour obtenir la garde de sa nièce, qui témoigne d’un don hors du commun pour les mathématiques.

Révélé en 2009 par le désormais culte (500) jours ensemble, avec Joseph Gordon-Levitt et Zooey Deschanel, le réalisateur Marc Webb, venu du clip-vidéo, a immédiatement été convoité par les studios hollywoodiens. Pour son second long métrage, il fait son entrée par la très grande porte en se voyant confier un budget de 230 millions de dollars pour rebooter la franchise Spider-Man. The Amazing Spider-Man sort sur les écrans en 2012 et engrange plus de 750 millions de dollars de recette. La suite est évidemment lancée, mais le résultat sera beaucoup plus mitigé artistiquement parlant. Si le tiroir-caisse est rempli une fois de plus, le succès est moindre, la critique désastreuse et le bouche-à-oreille très négatif. Osons le dire, The Amazing Spider-Man 2 est l’un des pires films de super-héros et s’apparente le plus souvent à jeu vidéo destiné aux enfants et aux adolescents. Bye bye Marc Webb qui finalement ne pourra pas réaliser de trilogie consacrée à l’Homme-Araignée, d’autant plus que les pourparlers étaient déjà en cours entre Sony et Marvel pour rapatrier le héros à la maison mère. Après un détour par la série télévisée (Limitless, Crazy Ex-Girlfriend), Marc Webb signe son retour au cinéma avec deux très beaux films à petit budget, deux réussites. Le premier, Liaisons à New YorkThe Only Living Boy in New York est arrivé en France directement dans les bacs. Le second, Mary (Gifted), a quant à lui bénéficier d’une sortie dans les salles. Ce superbe petit film offre à Chris Evans l’occasion de montrer qu’il n’est pas que Captain America et redonne entièrement confiance en Marc Webb.

Mary Adler, âgée de sept ans, témoigne d’un don hors du commun pour les mathématiques. Son oncle Frank craint que Mary n’ait pas la chance d’avoir une enfance normale : Diane, la mère de Mary, était une prometteuse mathématicienne, et a dédié une partie de sa vie au problème de Navier-Stokes. Elle s’est suicidée alors que sa fille n’avait que 6 mois. Frank décide d’inscrire Mary dans une école classique. Dès son 1er jour, sa maîtresse, Bonnie Stevenson, découvre que Mary est capable de résoudre des problèmes de mathématique très complexes et bien trop avancés pour une enfant de 7 ans. Commence alors une bataille juridique pour la garde de l’enfant, menée par sa grand-mère maternelle. Frank, opposé à l’idée que sa nièce soit envoyée dans une école pour génies, décide de se battre pour en conserver la garde.

Comme le drame intimiste indépendant sied bien à Marc Webb ! Quel plaisir de le retrouver aux commandes d’une véritable histoire et de beaux personnages ! D’emblée, Mary présente des personnages chaleureux et très attachants, que l’on va suivre avec plaisir durant 95 minutes. Charismatiques, les comédiens crèvent l’écran, en premier lieu la petite Mckenna Grace, bout de chou apparu dans Independence Day : Resurgence, d’un naturel confondant et qui rappelle Morgana Davies dans L’Arbre de Julie Bertuccelli. Une actrice à suivre. Mary, c’est aussi une « récréation » pour Chris Evans entre deux Marvel. Certes, son interprétation de Captain America est l’un des gros points forts du Marvel Cinematic Universe, mais il est parfois bon de rappeler que l’acteur né en 1981 avait également joué chez Danny Boyle (Sunshine), David Ayer (Au bout de la nuit) et Edgar Wright (Scott Pilgrim) et qu’il s’est toujours montré talentueux. Même chose ici où Chris Evans est souvent bouleversant dans Mary. L’alchimie avec sa jeune partenaire est totale et l’on croit à fond à cette histoire d’amour entre un oncle prêt à tout pour conserver la garde de sa nièce surdouée et lui offrir une vie où elle ne sera pas exploitée et montrée comme une bête de foire. Les excellentes Jenny Slate (Parks and recreations), Octavia Spencer (La Couleur des sentiments, Les Figures de l’ombre) et Lindsay Duncan (Alice au pays des merveilles de Tim Burton) complètent ce merveilleux casting, sans oublier Fred, le chat roux borgne que l’on adopterait immédiatement.

Joliment mis en scène et photographié, Mary est une fable sincère, tendre, pudique, délicate et en apparence simple qui aborde un sujet épineux, celui des enfants précoces et leur éducation. Marc Webb tape dans le mille puisque l’émotion est au rendez-vous du début à la fin. Mary a très justement remporté le Prix du public au Festival du cinéma américain de Deauville en 2017.

LE DVD

Le DVD de Mary, disponible chez 20th Century Fox, repose dans un boîtier Amaray classique transparent. Le menu principal est fixe et musical.

L’interactivité démarre par une poignée de scènes coupées (8’). Les meilleures séquences se révèlent être celles de Mary avec sa psy et cette dernière qui rend son verdict au tribunal sur ce qui serait préférable pour l’avenir de sa jeune patiente. Une autre scène, redondante mais très réussie, oppose Chris Evans et Lindsay Duncan.

En dehors d’une galerie de photos et de la bande-annonce, l’éditeur joint six featurettes promotionnelles. Si le making HBO First Look (13’) contient son lot d’interviews de l’équipe et des images de tournage, les autres modules (de 2 minutes en moyenne chacun) sur le scénario, le casting, l’authenticité des équations mathématiques montrées dans le film, la mise en scène de Marc Webb et le tournage à Savannah ne font qu’en reprendre des extraits et l’intérêt est donc limité.

L’Image et le son

Les couleurs sont douces et la photo signée Stuart Dryburgh (La Leçon de piano, Portrait de femme, Liaisons à New York) possède ici un réel éclat. En extérieur comme en intérieur, l’image reste immaculée et élégante, les contrastes sont corrects, les textures des costumes demeurent flagrantes et palpables.

Les versions originale et française sont proposées en Dolby Digital 5.1. Au jeu des comparaisons, la piste anglaise l’emporte. Cela est d’autant plus frappant sur la spatialisation de la belle composition de Rob Simonsen. Malgré tout, l’action demeure essentiellement canalisée sur les frontales et les voix des comédiens, tandis que les ambiances naturelles et les effets annexes manquent à l’appel. Pas d’esbroufe inutile, le film ne s’y prête pas, mais le confort acoustique est assuré.

Crédits images : © Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Mortelles confessions, réalisé par Pete Walker

MORTELLES CONFESSIONS (House of Mortal Sin) réalisé par Pete Walker, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Artus Films le 6 mars 2018

Avec :  Anthony Sharp, Susan Penhaligon, Stephanie Beacham, Norman Eshley, Sheila Keith, Hilda Barry…

Scénario : Pete Walker, David McGillivray

Photographie : Peter Jessop

Musique : Stanley Myers

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Jenny Welch vit avec sa soeur Vanessa, et mène une vie amoureuse instable après qu’elle s’est faite quitter par son amant. Elle se met alors à fréquenter un vieil ami d’enfance, Bernard, devenu prêtre. Devant la faiblesse de la jeune femme, il l’invite à aller en confessions avec le père Meldrum, un prêtre acariâtre et frustré. Ce dernier va alors prendre pour mission divine de « purifier » Jenny et de préserver leur étrange relation.

Encore plus radical, encore plus sombre et pessimiste que FlagellationsHouse of Whipcord, voici Mortelles confessionsHouse of Mortal Sin, toujours écrit par David McGillivray et réalisé par le cinéaste britannique Pete Walker en 1978. Le temps de la sexploitation est bien loin et le réalisateur confirme son talent pour mettre en scène l’horreur et la peur au quotidien. Mortelles confessions va encore plus loin dans le malaise lié à l’hégémonie des institutions. Par son titre, House of Mortal Sin, découle de House of Whipcord et prend le spectateur à la gorge du début à la fin en se focalisant sur le personnage d’un prêtre fou, qui séquestre sa vieille mère et qui n’hésite pas à tuer ses ouailles qui se sont écartées du droit chemin. Pete Walker s’en prend ici au célibat des prêtres et se penche sur la folie qui peut s’emparer de l’homme sexuellement frustré. Thriller tendu, audacieux et violent, emblématique de la situation politique britannique alors extrêmement rigoriste et rétrograde, Mortelles confessions est un vrai bijou.

Jenny (Susan Penhaligon) rencontre inopinément Bernard (Norman Eshley), un ancien copain devenu prêtre en quête de logement. Habitant avec sa sœur Vanessa (Stephanie Beacham), elle l’héberge. Son petit ami l’ayant quitté, Jenny souhaite parler avec Bernard de ce qui la rend malheureuse. Au confessionnal, elle tombe sur le père Xavier Meldrum (Anthony Sharp) qui lui indique « Ne soyez pas gênée de parler sexualité avec moi ! ». Ce dernier va vouloir la prendre sous son aile, avec pour seul objectif de prendre pour action divine de purifier la jeune fille et de s’attaquer à tout ce qui entravera à une éventuelle liaison. Du chantage, Meldrum va très vite passer au meurtre en s’en prenant aux proches de Jenny. Quand il rentre chez lui, le prêtre passe du temps avec sa mère souffrante (et séquestrée), surveillée par la gouvernante borgne Miss Brabazon (glaçante Sheila Keith, actrice fétiche de Pete Walker) qui aime la martyriser. De son côté, Bernard tombe amoureux de Vanessa et décide de donner sa démission.

Pete Walker n’a peur de rien et surtout pas de dire haut et fort de ce que tout le monde pense habituellement tout bas. Le célibat des prêtres et donc la question de la sexualité chez les hommes d’église, mais également leur immunité et leur impunité se trouvent au coeur de Mortelles confessions. Cette frustration et cette schizophrénie sont incroyablement rendues par Anthony Sharp, comédien anglais vu chez Stanley Kubrick (Barry Lyndon, Orange mécanique), dans le James Bond non-officiel Jamais plus jamais et dont la carrière à la télévision et au théâtre en rendrait jaloux plus d’un. Exceptionnel, flippant, repoussant, Anthony Sharp incarne un monstre humain, rendu cinglé par une des règles archaïques de sa profession. Il faut dire qu’on comprend son trouble devant les charmes de Susan Penhaligon et ceux de la pulpeuse Stephanie Beacham, oui oui, la Sable Colby de la série Dynastie !

Pete Walker rue dans les brancards et use du thriller psychologique teinté de giallo (quelques scènes sont très brutales) mâtiné d’un formidable cynisme pour appuyer son message, même si le réalisateur a toujours nié faire du cinéma politique et social. Aujourd’hui, Mortelle confessions, ainsi que la filmographie de Pete Walker, méritent d’être franchement reconsidérés.

LE BLU-RAY

Avec Flagellations (dernièrement chroniqué dans nos colonnes) et Mortelles confessions, l’éditeur Artus Films signe ses premiers pas dans le domaine de la Haute-Définition. Les films de Pete Walker sont bien pris en charge puisque disponibles dans de beaux combos Blu-ray-DVD. Le visuel de Mortelles confessions est attractif et la jaquette glissée dans un boîtier classique de couleur bleue. Le menu principal est fixe et muet.

Après David Didelot, place à Alain Petit. L’historien du cinéma propose une présentation de Mortelles confessions (19’). Si certains propos sur Pete Walker font écho avec ceux entendus lors du brillant exposé de son confrère sur la galette de Flagellations, Alain Petit ne manque pas d’arguments pour défendre à son tour les œuvres du cinéaste qu’il affectionne tout autant. Le fond et la forme sont ainsi mis en parallèle. On apprend également que le rôle du prêtre Meldrum avait été proposé à Peter Cushing, qui avait été obligé de réfuser car malheureusement déjà pris sur un autre film. Le casting est également passé au peigne fin.

L’Image et le son

A l’instar de Flagellations, Artus Films déroule le tapis rouge au film de Pete Walker avec un très beau master Haute-Définition (1080p, AVC). Ce traitement permet de (re)découvrir Mortelles confessions dans les meilleures conditions techniques possibles. Dès le générique, la propreté est indéniable, la copie est stable, le grain original flatteur, le piqué aiguisé et la photo souvent ouatée du chef opérateur Peter Jessop (Schizo, Frightmare) est respectée. Les quelques poussières et griffures qui ont pu échapper à la restauration demeurent subliminales. N’oublions pas l’élégante tenue des contrastes.

Point de version française ici. Le mixage anglais DTS HD Master Audio Mono 2.0 aux sous-titres français (non imposés) instaure une écoute propre avec parfois quelques sensibles chuintements dans les aigus, mais rien de bien méchant.

Crédits images : © Artus Films Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Ça, réalisé par Andy Muschietti

ÇA (It) réalisé par Andy Muschietti, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra HD chez Warner Bros. le 24 janvier 2018

Avec :  Bill Skarsgård, Jaeden Lieberher, Finn Wolfhard, Jack Dylan Grazer, Sophia Lillis, Jeremy Ray Taylor, Wyatt Oleff, Chosen Jacobs…

Scénario : Chase Palmer, Cary Fukunaga, Gary Dauberman d’après le roman Ça de Stephen King

Photographie : Chung Chung-hoon

Musique : Benjamin Wallfisch

Durée : 2h14

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

À Derry, dans le Maine, sept gamins ayant du mal à s’intégrer se sont regroupés au sein du « Club des Ratés ». Rejetés par leurs camarades, ils sont les cibles favorites des gros durs de l’école. Ils ont aussi en commun d’avoir éprouvé leur plus grande terreur face à un terrible prédateur métamorphe qu’ils appellent « Ça »…
Car depuis toujours, Derry est en proie à une créature qui émerge des égouts tous les 27 ans pour se nourrir des terreurs de ses victimes de choix : les enfants. Bien décidés à rester soudés, les Ratés tentent de surmonter leurs peurs pour enrayer un nouveau cycle meurtrier. Un cycle qui a commencé un jour de pluie lorsqu’un petit garçon poursuivant son bateau en papier s’est retrouvé face-à-face avec le Clown Grippe-Sous … 

Tout d’abord, revenons en arrière. C’est une madeleine pour beaucoup de (télé)spectateurs, une mini-série culte qui compte des millions de fans à travers le monde et qui en gagne sans cesse de nouveaux, notamment en France où elle est très régulièrement diffusée sur la TNT après avoir été programmée pendant des années sur M6, sa première diffusion à la télé française remontant à octobre 1993 : Ça, plus connu en France sous le titre « Il » est revenu. Périodiquement, la ville de Derry dans le Maine est hantée par une terrible créature, un clown pervers capable de changer à loisir d’apparence afin de personnifier les peurs les plus intimes de ses victimes. Dans les années 1950, des événements tragiques se produisent à nouveau. S’attaquant uniquement aux enfants, qui disparaissent ou qui sont retrouvés morts dépecés, «Ça» est un jour vaincu par un groupe de sept jeunes amis de onze ans, six garçons et une fille, ayant fait la promesse de toujours poursuivre l’odieuse entité, qui a disparu dans les égouts abandonnés. Trente ans plus tard, alors que chacun mène une vie paisible aux quatre coins du pays, «Ça» réapparaît à nouveau à Derry. Conformément à leur promesse, le groupe des sept devra se reformer à l’âge de 40 ans pour affronter ses peurs d’enfants.

En 1990, cette adaptation est un événement. Certes, les plus passionnés du chef d’oeuvre absolu de Stephen King publié en 1986 trouveront toujours à redire sur sa transposition, le ton édulcoré pour toucher une plus large audience, les changements inévitables apportés pour le passage du livre à l’écran, mais Ça demeure une véritable référence et finalement le livre et la mini-série en deux parties se complètent parfaitement. D’ailleurs, ceux qui auront vu la mini-série avant de lire le roman, projetteront inévitablement le visage des comédiens au fil de mots du maître de l’horreur.

Le casting est remarquable, que ce soit les enfants ou les adultes, tous extrêmement attachants et solidement dirigés par Tommy Lee Wallace (Halloween 3 : Le Sang du sorcier, Vampire, vous avez dit vampire ? 2), qui par ailleurs soigne sa mise en scène et regorge d’inventions pour faire peur et divertir. L’alchimie entre les deux groupes est indéniable et participe à l’immersion du spectateur dans cette histoire fantastique, qui en a traumatisé plus d’un, au point d’en devenir coulrophobiques, autrement dit phobique des clowns. Il faut dire que Tim Curry est particulièrement angoissant dans le rôle-titre et signe une de ses plus grandes performances après The Rocky Horror Picture Show de Jim Sharman et Legend de Ridley Scott. Si ses apparitions sont finalement limitées sur plus de trois heures, chacune demeure marquante et donne de nombreuses sueurs froides, tant aux personnages qu’aux spectateurs.

Si la télévision ne bénéficiait pas des mêmes budgets et de la même liberté créatrice qu’aujourd’hui, Ça« Il » est revenu fait partie de ces rares productions devenues des classiques dès leur première diffusion. Avec son aspect film-noir, notamment avec le personnage de Mike Hanlon qui mène son enquête et dont les mémoires sont dites en voix-off, combiné à une histoire fantastique, d’horreur, d’épouvante, dramatique, d’amour et d’amitié (les retrouvailles du Club des paumés 30 ans après sont très émouvantes), Ça traverse les décennies sans prendre de rides – à part au niveau des effets spéciaux, mais est-ce bien là le plus important ? – et reste précieux dans le coeur des spectateurs.

En juillet 2015, alors qu’il travaille sur une nouvelle transposition du roman de Stephen King, le réalisateur Cary Fukunaga (la première saison de True Detective) quitte finalement le projet suite à des divergences avec la production, qui trouve alors ses idées trop sombres, d’autant plus que le studio souhaitait faire un seul et unique long métrage et non deux comme le désirait le réalisateur. Dommage, d’autant plus le comédien Will Poulter (glaçant dans Detroit de Kathryn Bigelow), qui devait interpréter Pennywise, quitte également le navire. Néanmoins, la Warner Bros. fait finalement appel au cinéaste argentin Andrés Muschietti, révélé par Mamá, pour reprendre le flambeau. Moins torturée, moins sanglante et sexuelle que l’approche de son prédécesseur, Andrés Muschietti livre néanmoins une version très prenante du roman de Stephen King. A titre de comparaison, cette nouvelle mouture 2017 fait moins peur que le téléfilm original et effraie beaucoup moins que le livre. Néanmoins, marqué par des références aux productions Amblin (la première partie a d’ailleurs été déplacée dans les années 1980), Ça version 2017 peut compter sur un casting admirable, avec tout d’abord la nouvelle incarnation du Clown par Bill Skarsgård.

Fils de l’acteur Stellan Skarsgård et frère d’Alexander (True Blood, Melancholia, Tarzan), le jeune comédien de 27 ans s’avère remarquable et sa prestation ne cherche jamais à rivaliser ou à égaler celle inoubliable de Tim Curry. Il s’agit d’un autre Pennywise, plus monstrueux, et bien que ses apparitions restent dispersées sur 2h15, Bill Skarsgård crève l’écran. Cette première partie se focalise uniquement sur l’enfance des personnages, contrairement au téléfilm qui croisait les deux époques. Le chapitre 2 prévu dans les salles en septembre 2019, se concentrera sur la partie adulte, avec quelques flashbacks sur les personnages enfants. Le nouveau club des ratés se compose d’exceptionnels comédiens, bourrés de talent et au charisme magnétique : Jaeden Lieberher – Bill Denbrough (Midnight Special), Finn Wolfhard – Richie Tozier (Mike Wheeler dans la série Stranger Things), Sophia Lillis – Beverly Marsh (immense révélation), Jack Dylan Grazer – Eddie Kaspbrak, Wyatt Oleff – Stan Uris, Jeremy Ray Taylor – Ben Hanscom et Chosen Jacobs – Mike Hanlon. Un casting haut de gamme et tous très prometteurs.

Pour celles et ceux qui attendaient une adaptation fidèle au roman, sachez que ce n’est pas le cas ici. Si la première séquence, celle qui oppose le petit Georgie au Clown dans le caniveau se révèle être plus sanglante, Ça 2017 surfe plutôt sur la nostalgie des divertissements des années 1980, dans ses partis pris et dans son atmosphère. Certes, cela peut paraître déconcertant, mais le film d’Andy Muschietti est un fabuleux et très attachant divertissement, excellemment mis en scène, photographié et interprété, drôle, poétique, mélancolique et qui contient son lot de séquences morbides à défaut d’être réellement effrayantes.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Ça, disponible chez Warner Bros., est disposé dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un fourreau cartonné. Le menu principal est fixe et musical.

Contrairement au Blu-ray d’Il est revenu sorti en 2016, l’éditeur ne vient pas les mains vides et propose une heure de suppléments.

Le premier module se focalise sur la transformation et la performance de Bill Skarsgård en Pennywise (16’), à travers quelques images de tournage et les propos des comédiens, de la productrice Barbara Muschietti (sœur du cinéaste) et du réalisateur Andy Muschietti. Pas un mot sur l’ancienne version et le travail de Tim Curry, mais Bill Skarsgård indique point par point comment il a su s’approprier ce rôle emblématique. Chose amusante, l’acteur a su faire des économies à la production en se passant d’effets visuels pour la lèvre inférieure pendante du personnage, ainsi que son strabisme et même pour l’ensemble des cascades. Pour l’anecdote, Bill Skarsgård n’est arrivé sur le plateau que deux mois après le début des prises de vue et n’est apparu devant ses jeunes partenaires qu’au dernier moment afin de préserver la surprise.

Le documentaire suivant donne cette fois la parole à l’ensemble du club des losers (16’). Les merveilleux jeunes acteurs interviennent à tour de rôle pour parler de leurs personnages, mais aussi et surtout de la véritable alchimie et l’amitié nées sur le plateau. De nombreuses images de tournage viennent également illustrer l’ensemble.

Place au maître Stephen King en personne (14’), qui propose un retour sur les origines et ses inspirations de son roman Ça. Nous sommes étonnés d’apprendre que de nombreux faits divers survenus à Bangor (dans le Maine) ont grandement inspiré l’histoire, tout comme la topologie de la ville.

Les scènes coupées ou rallongées (15’) n’apportent pas grand-chose, si ce n’est un prologue tourné comme un gag raté (en gros Georgie récupère son bateau et Pennywise pousse un juron devant son échec) et la Bar Mitsvah dans son intégralité de Stan durant laquelle le jeune homme fustige l’aveuglement des adultes sur les mystérieuses d’enfants à Derry depuis toujours.

L’Image et le son

Sublime. Warner Bros. soigne son master HD qui se révèle exemplaire. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, y compris sur séquences sombres, avec une image sans cesse affûtée. La clarté demeure frappante, le piqué est acéré, les gros plans riches, les contrastes denses et la colorimétrie reste chatoyante. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large et la copie restitue les volontés artistiques du chef opérateur Chung-hoon Chung (Mademoiselle, Stoker, Old Boy). Ce Blu-ray offre de fabuleuses conditions pour revoir le film d’Andy Muschietti et profiter de la superbe photographie. L’apport HD sur ce titre est évidemment indispensable.

Dès la première séquence, l’ensemble des enceintes des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 (ou Dolby Atmos si votre installation vous le permet) est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances fusent de tous les côtés, la musique de Benjamin Wallfisch (Blade Runner 2049, A Cure for Life) bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture, plongeant instantanément le spectateur dans l’ambiance. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale tandis que les effets ne cessent d’être balancés de gauche à droite, et des enceintes avant vers les arrières. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle ardemment à ce spectacle acoustique aux effets fracassants.

Crédits images : © WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC. /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Liaisons à New York, réalisé par Marc Webb

LIAISONS À NEW YORK (The Only Living Boy in New York) réalisé par Marc Webb, disponible en DVD chez Metropolitan Vidéo le 21 février 2018

Avec :  Callum Turner, Kate Beckinsale, Jeff Bridges, Pierce Brosnan, Cynthia Nixon, Kiersey Clemons, Debi Mazar, Tate Donovan, Wallace Shawn…

Scénario : Allan Loeb

Photographie : Stuart Dryburgh

Musique : Rob Simonsen

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Thomas Webb, vient de décrocher son diplôme universitaire et tente désormais de trouver sa place dans le monde. Le jeune homme se lie d’amitié avec son voisin, un écrivain excentrique, qui devient pour lui une sorte de mentor. Thomas fait un jour la connaissance de la maîtresse de son père, très vite une relation charnelle s’installe entre eux, bouleversant sa vie et ses convictions.

Révélé en 2009 par le désormais culte (500) jours ensemble, avec Joseph Gordon-Levitt et Zooey Deschanel, le réalisateur Marc Webb, venu du clip-vidéo, a immédiatement été convoité par les studios hollywoodiens. Pour son second long métrage, il fait son entrée par la très grande porte en se voyant confier un budget de 230 millions de dollars pour rebooter la franchise Spider-Man. The Amazing Spider-Man sort sur les écrans en 2012 et engrange plus de 750 millions de dollars de recette. La suite est évidemment lancée, mais le résultat sera beaucoup plus mitigé artistiquement parlant. Si le tiroir-caisse est rempli une fois de plus, le succès est moindre, la critique désastreuse et le bouche-à-oreille très négatif. Osons le dire, The Amazing Spider-Man 2 est l’un des pires films de super-héros et s’apparente le plus souvent à jeu vidéo destiné aux enfants et aux adolescents. Bye bye Marc Webb qui finalement ne pourra pas réaliser de trilogie consacrée à l’Homme-Araignée, d’autant plus que les pourparlers étaient déjà en cours entre Sony et Marvel pour rapatrier le héros à la maison mère. Après un détour par la série télévisée (Limitless, Crazy Ex-Girlfriend), Marc Webb signe son retour au cinéma avec deux très beaux films à petit budget, deux réussites. Le premier, Mary (Gifted), bénéficie d’une sortie dans les salles françaises et offre à Chris Evans l’occasion de montrer qu’il n’est pas que Captain America. Mais celui qui nous intéresse ici est plus confidentiel et débarque directement dans les bacs en France. Il s’agit de Liaisons à New YorkThe Only Living Boy in New York.

Thomas Webb, un étudiant fraichement diplômé issu d’une riche famille d’éditeurs New Yorkais, rêve en secret de devenir écrivain. Velléitaires et souvent maladroit avec les filles, c’est encore un adolescent dans sa tête… jusqu’au jour où il surprend son père en plein rendez-vous romantique avec une très belle femme. Voulant protéger sa mère de nature fragile, il décide de ne rien lui dire. Obsédée par cette vision, il décide de découvrir l’identité de cette liaison extra-conjugale et parvient très vite à faire la connaissance de Johanna. Contre toute attente, elle décide de faire de Thomas son autre amant. Tiraillé entre morale et passion, Thomas va vivre de façon tumultueuse son entrée dans l’âge adulte.

Le titre renvoie à la chanson éponyme des mythiques Simon & Garfunkel. Rien d’étonnant puisque le scénariste éclectique Allan Loeb (Las Vegas 21, Wall Street: l’argent ne dort jamais, Beauté cachée) n’a jamais caché son admiration pour le cinéma de Mike Nichols, en particulier pour Le Lauréat, dont Liaisons à New York est comme qui dirait une relecture. Le spectre du Graduate plane donc sur ce récit initiatique où l’on suit le parcours de Thomas Webb, interprété par le sympathique Callum Turner (Assassin’s Creed), qui rappelle furieusement Richard Gere dans ses jeunes années. Partagé entre son amour pour la jeune et jolie Mimi (Kiersey Clemons) et sa découverte de la sexualité avec la maîtresse de son père, incarnée par la divine Kate Beckinsale, Thomas se retrouve au premier carrefour de sa vie puisqu’il doit également choisir sa profession. Rêvant de devenir écrivain, mais refroidi par les propos de son père éditeur (Pierce Brosnan), Thomas ne peut même pas compter sur sa mère (Cynthia Nixon), femme dépressive. Alors quand Thomas surprend son paternel avec une autre femme, ses piliers déjà fragiles s’écroulent véritablement. Le seul soutien qu’il trouve est en la personne de son nouveau voisin (Jeff Bridges), qui va très vite devenir son confident et tenter de lui montrer qu’il peut et doit être le seul à décider de sa propre vie. Pour cela, il doit tout d’abord apprendre, comprendre et savoir ce qu’il souhaite réellement faire de sa propre existence, plutôt que de se préoccuper de celles et de ceux qui l’entourent.

Comme pour (500) jours ensemble et Mary, Liaisons à New York témoigne de l’immense sensibilité de Marc Webb, qui livre une comédie dramatique finement écrite, intimiste, délicate, très bien réalisée et interprétée. Malgré un twist qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, il serait dommage de passer à côté de cette histoire très attachante.

LE DVD

Le test du DVD de Liaisons à New -York, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et musical. Jaquette élégante.

Peu de choses à se mettre sous la dent dans la section des bonus. Trois featurettes promotionnelles (11’ au total), donnent brièvement la parole au scénariste, au réalisateur, au chef-opérateur, aux producteurs et aux comédiens. Chacun revient sur le dilemme des personnages et le tournage à New York. On apprend que le scénario avait été écrit en 2004, que Le Lauréat est évidemment une source d’inspiration pour Allan Loeb et que la production a imposé un tournage écolo-responsable.

L’Image et le son

Pas d’édition HD pour Liaisons à New York. Ce master offre des conditions de visionnage banales et sans esbroufe. La colorimétrie est plutôt bien agencée, mais la définition demeure passable, même sur les quelques plans rapprochés. La clarté est de mise, les contrastes corrects, cependant le piqué manque de précision et certaines séquences apparaissent plus ternes que d’autres. Néanmoins, ce DTV chez un autre éditeur n’aurait pas connu le même traitement technique ou même une sortie dans les bacs.

Liaisons à New York n’est pas à proprement parler d’un film à effets, mais les pistes anglaise et française Dolby Digital 5.1 parviennent à distiller ici et là quelques ambiances. La plupart des séquences reposent sur les dialogues et les mixages se concentrent souvent sur les enceintes avant. Il ne faut pas vous attendre à des effets explosifs, la spatialisation est essentiellement musicale, les effets latéraux sont rares (à part la cacophonie new-yorkaise) et le caisson de basses reste au point mort. Les voix des comédiens sont ardentes en version originale, tout comme en français, même si cette piste les met un peu trop à l’avant. Le confort acoustique est assuré tout du long.

Crédits images : © AMAZON CONTENT SERVICES LLC. / Metropolitan Filmexport /  Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / Flagellations, réalisé par Pete Walker

FLAGELLATIONS (House of Whipcord) réalisé par Pete Walker, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Artus Films le 6 mars 2018

Avec :  Barbara Markham, Patrick Barr, Ray Brooks, Ann Michelle, Sheila Keith, Dorothy Gordon…

Scénario : Pete Walker, David McGillivray

Photographie : Peter Jessop

Musique : Stanley Myers

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Jeune mannequin français vivant à Londres, Anne-Marie se laisse séduire par Mark, qui l’emmène chez ses parents, dans une vieille et grande maison de campagne. Elle comprend bien vite qu’elle n’est qu’une proie de plus, donnée en pâture à Mme Wakehurst, une ancienne directrice de prison pour femmes, et son mari, le juge Bailey. Sous prétexte de rédemption et de lutte contre la dépravation, ces deux pervers assouvissent en fait leur sadisme et leur perversité.

Etrange long métrage que Flagellations, aka House of Whipcord en version originale, écrit par David McGillivray et réalisé par Pete Walker en 1974, cinéaste britannique qui a fait les grandes heures de la sexploitation et de l’épouvante, de la fin des années 1960 au début des années 1980. Né en 1939, Pete Walker débute par des courts-métrages dénudés (Soho Striptease, The Girl That Boys Dream About, Please Do Not Touch) qu’il produit lui-même et revend sous le manteau, avant de passer au long-métrage en 1968 avec The Big Switch. Suivront alors des œuvres aux titres explicites L’Ecole du sexe, Der Porno-Graf von Schweden, Four Dimensions of Greta en relief !. Puis, il change de registre en abordant l’épouvante avec Meurs en hurlant, Marianne et Le Rideau de la mort. Pour les aficionados, les cinéphiles et les amateurs de films de genre, Flagellations reste et demeure son meilleur film. Si l’on est tout d’abord attiré par la sublime affiche qui vend une belle créature en prise avec des matrones mal intentionnées et armées d’un fouet qui donne son titre au film en anglais, Flagellations ne se contente pas de ces quelques ingrédients qui servent finalement à appâter les spectateurs. C’est aussi et surtout un thriller tendu et violent, emblématique de la situation politique britannique alors extrêmement rigoriste et rétrograde.

Anne-Marie DeVarnet (la belle Penny Irving), est une top-modèle venue de France pour tenter sa chance en Angleterre. Remarquée pour avoir fait quelques clichés dénudés, elle se voit inviter lors d’une soirée par un inconnu, un certain Mark E. Desade (Robert Tayman, vu dans Le Cirque des vampires de Robert Young), qui lui propose de l’emmener chez ses parents. Julia accepte et se retrouve dans une gigantesque demeure qui semble inhabitée. Elle va bientôt découvrir le secret de cet endroit insolite et de sa présence ici : elle vient en réalité de se faire kidnapper et se retrouve devant une directrice (Barbara Markham, glaçante), son mari aveugle (Patrick Barr) et deux gardiennes sadiques (Sheila Keith et Dorothy Gordon) qui vont lui inculquer le savoir-vivre, sous peine de lui faire subir quelques tortures dont la punition du fouet. La demeure entourée de hauts murs impénétrables et plantée au milieu de nulle part dans la campagne anglaise est une ancienne prison abandonnée devenue un lieu de séquestration pour jeunes filles, dirigée par des individus prônant le retour de l’ordre moral et de la civilité.

Non seulement Pete Walker parvient à flatter son public de base, souvent plus intéressé par les formes exposées des jolies actrices que par l’histoire qui leur est racontée, mais le réalisateur parvient également à dresser un constat aussi réaliste que pessimiste sur l’Angleterre au début des années 1970. Les institutions et autorités en prennent pour leurs grades, Pete Walker n’hésitant pas à fustiger des juges (également bourreaux) qui décident de rendre une autre justice, en punissant des jeunes femmes qui enfreignent selon eux les codes moraux. Décidées à les faire revenir dans le droit chemin, des gardiennes revêches, vieilles filles, à la sexualité refoulée et dépourvue de sentiments, ont alors recours à des méthodes brutales en traitant ces jeunes « délurées » comme des animaux parqués dans d’anciennes cellules glauques et suintantes.

Si l’une des pensionnaires vient à fauter, celle-ci est mise en isolement. En cas de récidive, elle est déshabillée et fouettée. Si jamais la pécheresse venait à commettre une troisième faute, elle est condamnée à être pendue. Le processus de déshumanisation est en cours. Même s’il a toujours nié faire passer un message politique dans ses films qu’il revendiquait comme étant uniquement commerciaux, Flagellations – titre français évidemment racoleur et pas du tout représentatif de l’histoire – incite à la réflexion. Ceci dès le carton introductif « Ce film est dédié à ceux que le relâchement des codes moraux actuels inquiète et qui attendent impatiemment le retour du châtiment corporel et de la peine de mort » jusqu’à la fin redoutablement sombre avec ses costumes ternes et la photographie pluvieuse de Peter Jessop.

Alors que la Hammer est morte en emportant avec elle ses créatures démoniaques et ses couleurs baroques, des monstres apparaissent en déambulant dans la société d’aujourd’hui sous un ciel grisâtre. Joyaux de la British Horror, Flagellations, classé X à sa sortie, s’apparente plus à un thriller psychologique et pervers dont le statut culte n’est pas usurpé.

LE BLU-RAY

Avec Flagellations, l’éditeur Artus Films signe ses premiers pas dans le domaine de la Haute-Définition. Le film de Pete Walker est chouchouté puisque disponible dans un beau combo Blu-ray-DVD. Le visuel est attractif et la jaquette glissée dans un boîtier classique de couleur bleue. Le menu principal est fixe et muet.

Qui de mieux que l’incontournable et érudit David Didelot pouvait nous présenter Flagellations ? Pendant une heure (1h01 pour être précis), le co-fondateur du fanzine Vidéotopsie revient armé jusqu’aux dents de VHS, d’ouvrages et de DVD pour illustrer ses propos toujours aussi passionnants et qui donnent furieusement envie de se jeter sur tous les titres Bis évoqués. Pas un seul moment de répit pour David Didelot qui dans la première demi-heure dresse un fabuleux portrait du réalisateur Pete Walker. Ses débuts au cinéma, ses films, ses partis pris, ses intentions, mais également son ambiguïté sont passés au crible. Ne tarissant pas d’éloges sur ce réalisateur indépendant qu’il affectionne tout particulièrement, David Didelot déclare que Pete Walker mériterait d’être reconsidéré à sa juste valeur. Au bout de 27 minutes, Flagellations est analysé – dans le fond comme dans la forme – par notre spécialiste du Bis, évoquant également le casting, l’accueil critique, la sortie du film et les divers titres d’exploitation tels que La Pension du plaisir ou Mutilator !

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Une belle entrée en fanfare dans la HD pour l’éditeur ! Le transfert est irréprochable, le master immaculé, stable et dépourvu de déchets résiduels. Les noirs sont concis, la colorimétrie est volontairement atténuée et tire vers les gris-bruns. Les décors dépouillés sont omniprésents et les personnages n’ont aucun mal à ressortir devant un fond uni, froidement éclairé, avec de très beaux gros plans qui foisonnent de détails. La gestion des contrastes est également très solide. Malgré un très léger voile apparent sur les séquences nocturnes et tamisées, ainsi que de menus changements chromatiques au cours d’une même séquence ou sur un champ-contrechamp, ce master HD présenté dans son format d’origine 1.66. est exemplaire. Le Blu-ray est au format 1080p.

Le film de Pete Walker bénéficie d’un doublage français, le film étant sorti en 1984 dans nos contrées. Au jeu des comparaisons avec la version originale, la piste française au doublage réussi s’accompagne de quelques chuintements. Véritable gruyère suite à de nombreuses coupes, cette version passe directement en version originale sous-titrée en français lors des séquences jamais doublées. La piste anglaise est plus dynamique, propre et intelligible, homogène dans son rendu, notamment au niveau des effets sonores. Les sous-titres français ne sont pas imposés.


Crédits images : © Artus Films Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Happy End, réalisé par Michael Haneke

HAPPY END réalisé par Michael Haneke, disponible en DVD et Blu-ray chez TF1 Studio le 6 février 2018

Avec :  Isabelle Huppert, Jean-Louis Trintignant, Mathieu Kassovitz, Fantine Harduin, Franz Rogowski, Laura Verlinden, Aurélia Petit, Toby Jones…

Scénario : Michael Haneke

Photographie : Christian Berger

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

« Tout autour le Monde et nous au milieu, aveugles. » Instantané d’une famille bourgeoise européenne.

Pour Happy End, son douzième long métrage, Michael Haneke a voulu s’amuser, se faire plaisir. Bien entendu, ne vous attendez pas une gaudriole devant laquelle on se tape sur les cuisses. Non, ce que le réalisateur a voulu faire, c’est jouer avec la réputation de ses précédentes œuvres controversées et abstraites, en insufflant un humour très sombre et grinçant dans un drame psychologique. Le cinéaste autrichien détourne certains codes du genre, comme s’il était devenu l’un des tueurs sadiques Funny Games, sachant que le spectateur, désormais « complice », venu voir son nouvel opus sera normalement au fait de ses intentions et thèmes récurrents. Dans Happy End (titre aussi ironique que Funny Games), le mal n’est plus montré explicitement à l’écran, pas vraiment du moins, mis à part durant certaines séquences liées aux réseaux sociaux, notamment l’ouverture du film.

L’action se situe à Calais, dans une famille de bourgeois, les Laurent. Industriels concentrés sur leurs affaires, ils « refusent » de voir la crise des migrants. Cette famille est perturbée par l’arrivée d’Eve (glaçante et troublante Fantine Harduin, vue dans Le Voyage de Fanny de Lola Doillon), treize ans, la jeune fille de Thomas (impeccable Mathieu Kassovitz), docteur et fils de George Laurent (Jean-Louis Trintignant, impérial), un vieil homme aigri et suicidaire. Chacun des membres de la famille cache un secret inavouable : Eve a des pulsions meurtrières et a tué sa mère dépressive en l’empoisonnant avec ses antidépresseurs ; son père Thomas trompe sa nouvelle femme frigide avec une violoncelliste, partageant avec lui ses fantasmes sadomasochistes sur Facebook ; Anne (Isabelle Huppert, étrangement effacée dans sa quatrième collaboration avec le cinéaste), la sœur de Thomas, est la mère de Pierre (fragile Franz Rogowski), un homme dépressif qui refuse de diriger leur société, marquée entre-temps d’un accident mortel sur un chantier, ce qui la pousse à se marier avec un homme d’affaires (l’excellent Toby Jones) ; le grand-père George, échouant à se donner la mort à de nombreuses reprises, avoue à sa petite-fille Eve qu’il a lui aussi des envies de mourir et qu’il a étouffé sa femme gravement malade. Ce qui crée évidemment un lien avec Amour, où l’acteur interprétait déjà le père d’Isabelle Huppert. Alors que de nombreux migrants se trouvent à Calais, les Laurent, malgré leurs névroses refoulées, tentent d’ignorer leur arrivée pour vivre comme si de rien n’était.

Voilà en gros ce qui se déroule dans Happy End. C’est peut-être beaucoup, mais en réalité, le film ne démarre quasiment jamais et peine à trouver son rythme. L’ensemble s’apparente à une succession de saynètes et le ton tragi-comique qui a fait le sel d’autres longs métrages de Michael Haneke, ne prend pas cette fois. On attend toujours LA scène qui remuera un peu l’ensemble, sans que celle-ci n’intervienne. Evidemment, certaines séquences remuent, notamment tout ce qui concerne les personnages incarnés par Jean-Louis Trintignant et Fantine Harduin, qui représentent ici les deux extrêmes de la vie et qui se révèlent être aussi las et fatigués de l’existence. Jeunes et vieux sont donc logés à la même enseigne chez Haneke, tandis que les générations intermédiaires se contentent de faux-semblants, de jouer le rôle que le destin leur a distribué, en faisant fi des réalités sociales autour de leur royaume. Déjà qu’ils ne sont pas capables de s’intéresser et de s’occuper des événements dramatiques qui se jouent dans leur propre famille, ce n’est pas pour se préoccuper des migrants !

Toutes ces choses sont intéressantes quand on en parle, elles le sont beaucoup moins quand elles sont représentées à l’écran. Si la forme sèche et minimaliste rappelle Caché, Prix de la mise en scène au Festival de Cannes en 2005, Happy End n’installe pas grand-chose et les personnages n’ont rien d’empathiques. Du coup, aucune accroche ne se fait, on assiste à ce défilé d’excellents comédiens plongés dans des décors froids. Alors qu’habituellement on ressort les nerfs à vif, agacés, bouleversés, d’un film de Michael Haneke, on est ici perplexe, avec la sensation d’avoir gagné un tour de manège supplémentaire, mais qui n’apporte finalement rien par rapport aux précédents, une fois les sensations connues et anticipées. Pour résumer, Happy End apparaît comme un film-somme qui se regarde avec un ennui poli.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Happy End, disponible chez TF1 Studio, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Un making of de vingt minutes accompagne cette édition. C’est ici l’occasion de voir Michael Haneke à l’oeuvre avec ses comédiens, conseiller Franz Rogowski pour la scène de danse, parler avec l’équipe des effets spéciaux pour quelques plans repris en postproduction, mettre en place ses plans avec une folle énergie. Les acteurs interviennent chacun leur tour afin d’évoquer leur collaboration avec le cinéaste. Ce dernier intervient également sur les thèmes explorés dans Happy End, ainsi que sur ses intentions. Quelques images de tournage viennent illustrer l’ensemble. En revanche, visionnez ce documentaire après avoir vu le film puisque toute l’histoire y est racontée du début à la fin.

L’Image et le son

Les volontés artistiques du réalisateur et du chef opérateur Christian Berger (Le Ruban blanc, Caché) sont heureusement préservées à travers cet élégant master HD. La photographie est habilement retranscrite grâce à un encodage costaud. Le cadre subjugue dès les premiers plans, les couleurs froides et même glacées flattent la rétine, le piqué s’en sort avec les honneurs. Les contrastes sont assurés, les détails ne manquent pas, les blancs sont éblouissants et la profondeur de champ demeure soignée.

Un seul mixage au programme, une piste DTS-HD Master Audio 5.1. Le confort acoustique est percutant, une spatialisation convaincante et des effets latéraux probants. Les ambiances naturelles sont présentes sur les scènes en extérieur, la balance frontale est toujours dynamique et équilibrée, et le report des voix solide. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Les Films du Losange / TF1 Studio /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Fellini Roma, réalisé par Federico Fellini

FELLINI ROMA (Roma) réalisé par Federico Fellini, disponible en DVD, Blu-ray et Édition Collector Blu-ray + DVD chez Rimini Editions le 23 janvier 2018

Avec :  Federico Fellini, Anna Magnani, Gore Vidal, Alvaro Vitali, Eleonora Giorgi…

Scénario : Federico Fellini, Bernardino Zapponi

Photographie : Giuseppe Rotunno

Musique : Nino Rota

Durée : 1h55

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Rome durant la première moitié du XXe siècle… A travers ses souvenirs d’enfance ou d’adolescence, Federico Fellini livre la plus belle des déclarations d’amour à sa ville d’adoption. De la nostalgie à la satire, de la truculence au lyrisme, une fresque inoubliable, aux innombrables séquences d’anthologie.

Sans tenir compte des Feux du music-hall, coréalisé avec Alberto Lattuada en 1950, ni du documentaire TV Bloc-notes d’un cinéaste (1969), Fellini Roma apparaît au beau milieu de l’immense filmographie du maître italien. Véritable œuvre centrale de la carrière de Federico Fellini, ce douzième long métrage est à la fois une œuvre bilan, mais également annonciateur de ce que le maestro comptait alors aborder dans ses prochains rêves éveillés, centrés sur ses souvenirs personnels. Chef d’oeuvre absolu que l’on a de cesse de redécouvrir à chaque visionnage, Fellini Roma n’a pas fini de livrer ses secrets.

Rome d’hier et Rome d’aujourd’hui. Fellini, pressé par ses étudiants de signer un cinéma engagé, se penche sur Rome, sa ville d’adoption. Sur la cité antique des souvenirs scolaires, d’abord, celle de la Louve et de Néron, des gladiateurs de cinéma qui côtoyaient, dans les salles obscures, les fascistes des actualités. Sur la Rome de son adolescence, ensuite, qu’il éprouva dès son arrivée dans la capitale, au sein d’une pittoresque pension de famille dominée par l’imposante et impotente «mamma». Peuplée des truculents clients des trattorias, des spectacles minables du music-hall Jovinelli, cette Rome-là fut aussi, pour le jeune provincial de Rimini, le site des premiers désirs amoureux, apaisés dans des maisons plus ou moins accueillantes, sous les grondements des alertes aériennes et des échos de la guerre…

Si Satyricon donnait le ton sur l’orientation formelle et sensorielle de son auteur, Fellini Roma, réalisé après la parenthèse des Clowns, téléfilm finalement exploité dans les salles, transcende les partis pris de sa précédente fresque. Mais là où Satyricon pouvait parfois être pesant, surtout sur le fond particulièrement hermétique, Fellini Roma est un film qui inspire l’empathie. Pourtant, comme l’indique une voix-off en version française qui imite l’accent italien du cinéaste, Fellini Roma ne ressemble à aucun autre film et en complète rupture avec les structures classiques de la dramaturgie. Collage, patchwork, kaléidoscope, maelström, puzzle onirique, instantanés, mirages, hallucinations, fantasmes, Fellini Roma utilise la forme d’un faux reportage pour entrelacer réalité et rêveries, propres au réalisateur italien. Les saynètes et récits n’ont de point commun que la ville de Rome, qui se transforme au fil de la narration, observée par Fellini qui entrecroise les grandes évolutions de la capitale italienne depuis 1900 et ses propres souvenirs liés à son arrivée à la gare de Rome-Termini.

Dans les années 1930, on suit ainsi l’arrivée d’un jeune provincial dans un monde qu’il ne connaît pas, puis l’on passe dans la Rome moderne avec son autoroute périphérique (reconstituée en studio) où des prostituées aguichent les conducteurs. Puis, retour dans les années 1940 où un spectacle populaire se joue dans un music-hall de bas étage, alors que les bombardements aériens sifflent au-dessus de la tête des spectateurs. S’ensuit alors la découverte de sites antiques au moment de la construction du métro, puis retour à l’époque du fascisme avec ses bordels blindés. Enfin, place à un défilé de mise ecclésiastique avec ses toges en néons, avant de laisser la voie libre aux hippies et aux bikers qui déferlent dans les rues de Rome avec la fleur au bout du fusil, Peace & Love autour du cou et leurs motos aux moteurs pétaradants à qui la ville appartient désormais. Tout cela entremêlé, sans ordre chronologique, en prenant le spectateur par surprise, en le perdant pour mieux le déstabiliser.

Furieusement poétique, Fellini Roma est une succession de tableaux vivants peints par le maître, où la beauté de l’architecture côtoie celle des visages (dont celui d’Anna Magnani, dans une apparition subliminale dans son propre rôle) et corps atypiques, avec ses hommes aux faciès émaciés et ses femmes aux seins lourds et aux fesses larges, composantes de la magnificence de la ville. Caricaturiste, Federico Fellini use de la pellicule comme d’une toile et passe d’un modèle à l’autre, en mélangeant les encres pour en faire ressortir les âmes, les senteurs (celles d’un plat de spaghetti, des joues fardées d’une prostituée, de la pollution sur le périphérique) et la cacophonie de Rome. Un fascinant chef d’oeuvre qui n’a de cesse de stimuler l’imagination encore après, justement récompensé par le Grand Prix Technique au Festival de Cannes en 1972.

LE BLU-RAY

Le test de l’édition collector Blu-ray+DVD de Fellini Roma, disponible chez Rimini Editions, a été réalisé à partir d’un check-disc. Cette édition comprend donc le Blu-ray et le DVD du film, ainsi que deux DVD de suppléments comprenant chacun deux modules issus de la série documentaire intitulée Zoom sur Fellini. Les menus principaux sont animés et musicaux. Fellini Roma est également disponible en DVD et Blu-ray standard.

Le Blu-ray contient tout d’abord un entretien avec le réalisateur et scénariste Italo Moscato (22’), qui dans un premier temps, replace Fellini Roma dans la carrière du cinéaste. Il compare l’oeuvre qui nous intéresse à d’autres films de Fellini, puis analyse plus en profondeur les thèmes, les partis pris et les intentions de Federico Fellini. Parallèlement, Italo Moscato évoque l’évolution de Rome à travers les décennies.

Ce disque contient également les célèbres scènes coupées et plans éliminés de Fellini Roma (17’). En introduction, un carton indique que toutes les bobines ont connu des coupes pour des questions de rythme. Les rejets les plus célèbres concernent les séquences à la fête de Noantri dans le Trastevere avec Marcello Mastroianni et Alberto Sordi, qui ont disparu du montage définitif. Les images ont été restaurées par L’Immagine Ritrovata en 2010. Des différences de colorimétrie indiquent quels sont les plans laissés sur le banc de montage.

L’interactivité du Blu-ray se clôt sur deux bandes-annonces.

Jetez-vous immédiatement sur les deux DVD inclus à l’édition collector.

Le premier disque contient les deux premières parties de Zoom sur Fellini (1983 – Gianfranco Angelucci), consacrées aux comédiens qui ont tourné avec le maestro (47’ et 50’). Interviennent pêle-mêle Marcello Mastroianni, Alberto Sordi, Franco Fabrizi, Leopoldo Trieste, Franco Interlenghi, Terence Stamp, Magali NoëlDonald Sutherland, Donatella Damiani, Freddie Jones, Caterina Boratto, Sandra Milo, Armando Brancia, Giulietta Masina, Ciccio Ingrassia, Alain Cuny, Anouk Aimée, Anita Ekberg et François Périer. Ouf ! Ces artistes exceptionnels ont bien voulu se raconter et parler de leur collaboration avec Federico Fellini, qui apparaît également à travers différentes images de tournage. Les anecdotes se multiplient et s’entrecroisent.

Le second disque Bonus démarre avec la partie 3, Fellini au panier (45’). Comme son titre l’indique, ce supplément se focalise sur des séquences entières coupées des films de Federico Fellini. Ce dernier, accompagné de l’écrivain, journaliste et traducteur Oreste del Buono, présentent et commentent des scènes laissées sur le banc de montage d’Amarcord, des Nuits de Cabiria et même du Casanova de Fellini. Les amateurs (ou mateurs c’est selon) de films Bis auront la surprise de découvrir une séquence où Donald Sutherland poursuit l’impressionnante Chesty Morgan, star du « classique » Supernichons contre mafia de Doris Wishman (1974), alléché par ses formes ultra-généreuses. Dommage que les propos soient parfois parasités par des petites interventions supposées être drôles de la starlette Nicoletta Della Corte, mais cela reste anecdotique.

La quatrième et dernière partie intitulée Les Visages de Fellini (49’30) se déroule au beau milieu des studios de Cinecittà, où Federico Fellini est en train de tourner Et vogue le navire. Alors que le réalisateur (et assistant de Fellini sur ce tournage) Andrea De Carlo déambule entre les restes de précédents tournages (La Cité des femmes notamment) laissés à l’abandon, les figurants interviennent face caméra pour raconter comment et pourquoi Federico Fellini les a engagés sur son film. La caméra s’immisce dans les coulisses, certains dorment dans un recoin du décor, Fellini fait un petit tour pour donner quelques indications sur le maquillage de ses acteurs. Un peu plus tard, Marcello Mastroianni est interviewé (en costume) sur le plateau d’Henri IV, le Roi fou de Marco Bellocchio.

L’Image et le son

Premier bon point : Exit le master 4/3 jusqu’alors disponible en DVD chez MGM et bienvenue à ce cher 16/9 qui nous avait tant manqué sur ce titre ! Fellini Roma débarque dans un master Haute-Définition. Bon, en revanche, quelques couacs à signaler. Le Blu-ray est au format 1080i, d’où sa durée d’1h54 puisque le film de 2 heures défile plus rapidement. Ensuite, l’image demeure parfois marquée par des tâches et points disparates, surtout durant la première partie. Toutefois, pour sa première édition en HD dans nos contrées, Fellini Roma s’avère plus que plaisant et même à redécouvrir dans ces conditions. Le confort de visionnage est présent, la colorimétrie est également à l’avenant avec de beaux contrastes, une texture argentique exemplaire, un piqué souvent confondant sur les séquences diurnes et même quelques noirs compacts. Le transfert est élégant et stable.

Il n’y a rien de bien méchant à signaler concernant la piste italienne DTS-HD Master Audio Mono 1.0 qui demeure de fort bon acabit et propre, si ce n’est quelques dialogues étrangement plus sourds que d’autres au cours d’une même séquence, ou bien diverses résonances et saturations émaillées par-ci, par-là. La version française DTS-HD Master Audio Mono manque quant à elle de naturel et se focalise trop sur le rendu des voix.

Crédits images : © Rimini Editions Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Mon garçon, réalisé par Christian Carion

MON GARÇON réalisé par Christian Carion, disponible en DVD et Blu-ray chez Diaphana le 23 janvier 2018

Avec :  Guillaume Canet, Mélanie Laurent, Olivier de Benoist, Antoine Hamel, Mohamed Brikat, Lino Papa…

Scénario : Christian Carion, Laure Irrmann

Photographie : Eric Dumont

Musique : Laurent Perez Del Mar

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Passionné par son métier, Julien voyage énormément à l’étranger. Ce manque de présence fait exploser son couple quelques années auparavant. Lors d’une escale en France, il découvre sur son répondeur un message de son ex-femme en larmes : leur petit garçon de sept ans a disparu lors d’un bivouac en montagne avec sa classe. Julien se précipite à sa recherche et rien ne pourra l’arrêter.

Etrange film que Mon garçon, réalisé par Christian Carion, découvert en 2001 avec Une hirondelle a fait le printemps, grand succès avec Michel Serrault et Mathilde Seigner, suivi de Joyeux Noël (2005), fresque historique sur fond de Première Guerre mondiale qui réunissait un casting franco-allemand composé notamment de Diane Kruger, Daniel Brühl et de Guillaume Canet. Ce triomphe dans les salles avait permis à ce dernier et au cinéaste de se retrouver pour un thriller d’espionnage inspiré de faits réels, L’Affaire Farewell, dans lequel le comédien donnait la réplique à Emir Kusturica. Cette fois, le public n’avait pas suivi, pas plus pour le film suivant de Christian Carion, En mai, fais ce qu’il te plaît, échec commercial grave. Une fois n’est pas coutume, le réalisateur se lance alors dans une production au budget modeste, avec des prises de vues prévues sur une seule semaine, un thriller pour lequel l’acteur principal, Guillaume Canet une fois de plus, ne serait pas mis au courant du scénario, mais de quelques bribes de l’histoire juste au moment de tourner. Mais l’improvisation et le sentiment d’urgence peuvent-elles réellement créer une vérité à l’écran ? Rien n’est moins sûr et c’est ce qui fait la grande faiblesse de Mon garçon.

Comme dans un nouveau volet de l’émission Rendez-vous en terre inconnue, le cinéaste est venu un matin chez Guillaume Canet afin de lui dire quels vêtements emporter pour le tournage. Quand dans la première scène le personnage principal débarque Gare de Lyon avec sa valise, il s’agit réellement du comédien avec son propre bagage, prêt à embarquer pour rejoindre une équipe réduite dans le Vercors, sans réellement connaître l’histoire qu’il s’apprêtait à tourner. Il en sera de même durant six jours, avec un tournage réalisé quasiment en temps réel et dans l’ordre chronologique de l’intrigue. En amont, ses partenaires, Mélanie Laurent, Olivier de Benoist et les seconds rôles s’étaient préparés pendant deux semaines avec Christian Carion grâce à un acteur doublure représentant Guillaume Canet. Le but était d’anticiper les réactions et de conduire ce dernier à se mettre réellement dans la peau d’un père de famille dont le petit garçon avait été enlevé en haute montagne et qui d’indice en indice parvient à retrouver la piste des ravisseurs, en agissant seul. Guillaume Canet n’avait donc pas de dialogues, ne savait pas où se diriger et devait se laisser guider par la mise en scène, en arpentant chaque recoin du décor et en découvrant le récit à travers les répliques et le jeu de ses partenaires. Chaque scène ayant été tournée en une prise, afin de préserver l’authenticité.

En toute honnêteté, ces partis pris sont bien plus intéressants que le résultat final qui fait penser au surestimé Prisoners de Denis Villeneuve, car il faut bien admettre que Mon garçon est un mauvais film qui pâtit justement des intentions du réalisateur. Guillaume Canet fait partie de ces acteurs qui partent facilement en roue libre quand ils ne sont pas ou mal dirigés. C’est le cas ici. S’il n’est pas l’acteur le plus fin de sa génération, Canet a déjà su se montrer très convaincant chez André Téchiné, Jacques Maillot, Nicolas Saada et Cédric Kahn. Dans Mon garçon, il se montre bien peu inspiré en ayant recours à ses tics récurrents, trogne renfrognée, moue boudeuse, hyperventilation, tandis que ses répliques – improvisées donc – témoignent d’un évident manque d’imagination. C’est notamment le cas lors d’une séquence de torture, vulgaire et gratuite, où son personnage utilise un chalumeau pour faire parler un des sbires qui ont enlevé son rejeton. Ses « Tu vas parler putain de ta race ! » à répétition, font malheureusement plus rire que triturer les tripes et les situations ne vont guère en s’arrangeant. Du coup, l’acteur paraît gêné, tout comme Mélanie Laurent, toujours aussi mauvaise, et Olivier de Benoist, dans une apparition ridicule et grotesque.

Platement filmé, Mon garçon aurait pu aboutir à un thriller tendu, organique et réaliste, mais le résultat est diamétralement opposé puisque ni l’équipe technique ni les comédiens ne semblent guère en mesure de transcender leur dispositif et de maîtriser l’art de l’improvisation.

LE DVD

Le test du DVD de Mon garçon, disponible chez Diaphana, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Cette édition contient un making of (46’) bien plus intéressant que le film. Quelques semaines après sa sortie sur les écrans, Christian Carion revient sur les lieux du tournage de Mon garçon et explique comment les prises de vues se sont déroulées sur six journées. Quelques images de tournage dévoilent l’envers du décor avec un Guillaume Canet évidemment paumé, qui tente de créer son personnage avec les indices donnés par le réalisateur et ses partenaires. Ces derniers, ainsi que le producteur Christophe Rossignon et le chef opérateur Eric Dumont, apparaissent également au cours de ce documentaire, pour parler des répétitions destinées à leur donner des clés pour guider Guillaume Canet là où le cinéaste voulait l’emmener. Christian Carion développe donc longuement et posément ses intentions et partis pris, à savoir plonger son comédien principal dans l’inconnu le plus total, sans scénario, afin de voir si les réactions de Guillaume Canet allaient correspondre à celles du personnage principal. Tout cela pour que l’acteur ne mente pas, ne compose pas, ne triche pas face à la caméra.

L’Image et le son

Cette édition DVD est plutôt soignée et claire. La propreté de la copie est assurée, les couleurs désaturées et glaciales sont superbes et bien restituées. Le piqué est aléatoire, mais s’en tire honorablement, surtout que les partis pris esthétiques auraient pu avoir du mal à passer le cap du petit écran. La gestion des contrastes est solide, même si nous pouvions attendre plus de détails. Heureusement, l’encodage consolide l’ensemble avec brio et toutes les séquences tournées en extérieur sont très belles.

Le mixage Dolby Digital 5.1 impose une spatialisation qui happe le spectateur dans un flot d’ambiances naturelles qui ne se calment que durant les scènes en intérieur, axées sur les dialogues. Le cinéaste fait la part belle aux éléments environnants et la scène arrière ne manque pas l’occasion de briller. L’éditeur joint également une piste Stéréo de fort bon acabit, sans oublier les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Nord-Ouest Films  / Diaphana Distribution /  Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr