Test DVD / L’Enfer au-dessous de zéro, réalisé par Mark Robson

L’ENFER AU-DESSOUS DE ZÉRO (Hell Below Zero) réalisé par Mark Robson, disponible en DVD le 23 mai 2017 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Alan Ladd, Joan Tetzel, Basil Sydney, Stanley Baker, Joseph Tomelty, Niall MacGinnis

Scénario : Alec Coppel, Max Trell, Richard Maibaum d’après le roman de Hammond Innes

Photographie : John Wilcox

Musique : Clifton Parker

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1954

LE FILM

Lorsque son père capitaine est porté disparu en Antarctique, sa fille Judie Nordhall part immédiatement à sa recherche. En chemin, elle rencontre un ancien officier de la Navy, Duncan Craig. Ce dernier, qui tombe immédiatement sous le charme de la jeune femme, s’engage comme matelot sur le baleinier qui doit effectuer les recherches.

Entre Les Bérets rouges de Terence Young et La Brigade héroïque de Raoul Walsh, Alan Ladd trouve le temps de tourner un petit film d’aventures bien connu des cinéphiles, L’Enfer au-dessous de zéroHell Below Zero, produit par Albert R. Broccoli, bien avant qu’il ne lance la saga James Bond. Au sommet de sa carrière, le comédien sort du triomphe du western L’Homme des vallées perduesShane de George Stevens. En dehors de ses deux collaborations avec le cinéaste Delmer Daves sur L’Aigle solitaire (1954) et L’Or du Hollandais (1958), Alan Ladd ne parviendra jamais à retrouver les faveurs du public. Il sombre progressivement dans l’alcool et les médicaments jusqu’à sa mort prématurée en 1964 à l’âge de 50 ans.

L’Enfer au-dessous de zéro est un divertissement désuet réalisé par le canadien Mark Robson (1913-1978), ancien monteur de Jacques Tourneur sur La Féline et Vaudou, mais aussi d’Orson Welles sur La Splendeur des Amberson. Eclectique, mais aussi inégal, on lui doit Le Champion avec Kirk Douglas (1949), Le Procès avec Glenn Ford (1955), Plus dure sera la chute avec Humphrey Bogart (1956), ainsi que deux films de guerre très célèbres, L’Express du colonel Von Ryan avec Frank Sinatra (1965) et Les Centurions avec Anthony Quinn et Alain Delon (1966). L’un de ses derniers films, Tremblement de terre (1974) demeure l’un des fleurons du genre catastrophe. Bon technicien, Mark Robson s’en tire honorablement derrière la caméra sur L’Enfer au-dessous de zéro, même s’il n’est pas aidé par des transparences omniprésentes et surtout très mal fichues, ainsi que par l’utilisation de maquettes visibles et rudimentaires, sans oublier des décors en carton-pâte supposés représenter l’Antarctique. Tout est fait pour nous faire croire qu’Alan Ladd déambule sur le pont d’un baleinier, mais malgré les efforts de l’équipe des effets spéciaux, cela ne fonctionne pas. Mark Robson incruste des images très impressionnantes, pour ne pas dire horribles, provenant d’un documentaire sur la chasse à la baleine, qui pourraient encore heurter les défenseurs de la cause animale et les spectateurs les plus sensibles.

L’histoire ne manque pas d’attraits. Le Baker, un navire de Bland Nordhal Whaling company signale la disparition en mer de son capitaine, Bernd Nordhah, qui se serait suicidé. Aussitôt informés, Judie, la fille du disparu et son associé John Bland s’envolent pour l’Antarctique dans l’espoir de retrouver sa trace. Sur le chemin Judie fait la connaissance de Duncan Craig, un ancien officier de la Navy à qui elle confie sa crainte que son père ait pu être assassiné. Séduit, Duncan se fait embaucher comme premier matelot sur le baleinier où Judie embarque. Le médecin du bord, que l’ivresse rend bavard, lui raconte que Nordhal a très certainement été victime de son associé et ancien fiancé de Judie. La magie du Technicolor opère, mais L’Enfer au-dessous de zéro vaut essentiellement pour la prestation d’Alan Ladd, élégant, sourire en coin, regard de velours, qui n’hésite pas à donner du poing et qui s’en sort d’ailleurs pas mal dans les bagarres. A ses côtés, l’actrice Joan Tetzel, vue dans Le Procès Paradine d’Alfred Hitchcock, qui a peu tourné pour le cinéma, se révèle charmante et l’alchimie fonctionne avec son partenaire. Le badguy, c’est le vénéneux Stanley Baker avec sa trogne taillée à la serpe, qui tient la dragée haute à Alan Ladd et qui s’avère parfait en salaud de service.

L’Enfer au-dessous de zéro reste un spectacle agréable, qui se laisse agréablement suivre grâce au talent de ses comédiens, à ses nombreuses péripéties sur les eaux glacées de l’Antarctique et à son petit souffle romanesque.

LE DVD

Le DVD de L’Enfer au-dessous de zéro, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

Comme pour ses titres western et polars, l’éditeur a confié la présentation de L’Enfer au-dessous de zéro à l’imminent Patrick Brion (7’). L’historien du cinéma évoque le tournage du film en Angleterre et ne cache pas son plaisir d’avoir revu Alan Ladd à l’écran en avouant que cela faisait longtemps qu’il n’avait pas visionné un long métrage avec le comédien. Brion revient rapidement sur le statut de star de l’acteur, tout en donnant quelques indications sur le réalisateur Mark Robson et l’usage des stockshots.

Sidonis nous gratifie ensuite d’un documentaire rétrospectif sur Alan Ladd réalisé en 1998 et intitulé Le Véritable homme tranquille (57’). Constitué d’archives personnelles, de photos, de films de famille, d’extraits, de bandes-annonces d’époque, ce module croise également les interventions – doublées par une voix-off française – de quelques acteurs (Lizabeth Scott , Mona Freeman, Peter Hansen, Paricia Medina), réalisateurs (Edward Dmytryk), d’historiens du cinéma et de proches (David Ladd, le fils du comédien). La réalisation est classique, comme une illustration en images de la fiche Wikipédia d’Alan Ladd (on y brasse son enfance, le trauma avec le suicide de sa mère devant ses yeux, ses débuts, ses premiers succès, ses problèmes avec l’alcool et les médicaments, sa vie de famille, son rapport avec les femmes), mais l’ensemble est suffisamment intéressant et n’est pas avare en images rares voire inédites.

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos et d’affiches d’exploitation.

L’Image et le son

Si L’Enfer au-dessous de zéro a un temps été annoncé en Haute-Définition par Sidonis Calysta, force est de constater que l’éditeur a dû revoir ses ambitions puisqu’il ne propose le film de Mark Robson qu’en DVD. Vu l’état de la copie, cela semble plus raisonnable. Non pas que le master 1.33 (16/9) soit « ultra » mauvais, mais en raison de l’étalonnage des couleurs qui laisse parfois vraiment à désirer, tout comme le lissage vraiment trop important du grain original ! A tel point que les transparences, déjà mauvaises à la base, donnent à l’ensemble un côté artificiel assez laid. La gestion des contrastes est elle aussi aléatoire, parfois pendant une même séquence. Un effet de pompage n’a pu être équilibré, quelques scories demeurent, tâches, points, fils en bord de cadre et rayures verticales, les stockshots sont tout de suite visibles (ou moins, puisqu’ils sont souvent flous), bref, ce n’est pas très reluisant tout ça.

Que votre choix se porte sur la version originale (avec sous-titres français imposés) ou la version française, la restauration est en revanche fort satisfaisante ici. Aucun souffle constaté sur les deux pistes, l’écoute est claire, frontale et riche, dynamique et vive. Les effets annexes et la musique sont plus conséquents sur la version originale que sur la piste française, moins précise, mais le confort acoustique est assuré sur les deux options. Le changement de langue est verrouillé à la volée et les sous-titres français imposés sur la version originale.

Crédits images : © Columbia / Sidonis Calysta / Captures du DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Empereur du Nord, réalisé par Robert Aldrich

L’EMPEREUR DU NORD (Emperor of the North) réalisé par Robert Aldrich, disponible Combo Blu-ray + DVD le 7 juin 2017 chez Wild Side Video

Acteurs : Lee Marvin, Ernest Borgnine, Keith Carradine, Charles Tyner, Malcolm Atterbury, Simon Oakland

Scénario : Christopher Knopf

Photographie : Joseph F. Biroc

Musique : Frank De Vol

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Etats-Unis, années 30. La Grande Dépression plonge des millions d’Américains dans la misère. Des vagabonds arpentent le pays à la recherche d’un emploi ou d’une simple soupe. Certains tentent de voyager clandestinement à bord des trains de marchandises. Le plus convoité est celui de la ligne 19. Mais la splendide locomotive est gardée par Shack, une brute sanguinaire et sadique, qui n’hésite pas à s’attaquer sauvagement à tous les « trimardeurs » qui osent monter sur sa machine. Seul un vagabond légendaire, appelé « Numéro 1 », ose défier le chef de train. L’affrontement devient inévitable…

Quand il réalise L’Empereur du Nord en 1973, le cinéaste Robert Aldrich a déjà les 3/4 de sa carrière derrière lui. L’auteur de Bronco Apache, Vera Cruz, En quatrième vitesse, Le Grand couteau, Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?, Chut… chut, chère Charlotte, Les Douze Salopards, Plein la gueule et bien d’autres films qui sont autant de grands classiques et chefs d’oeuvre, s’empare d’un scénario de Christopher Knopf. Inspiré des aventures de Leon Ray Livingston, le film est aussi et surtout une libre adaptation de La Route : Les Vagabonds du rail de Jack London (1907), ouvrage dans lequel l’écrivain relatait son errance aux côtés de vagabonds qui « brûlaient le dur », en d’autres termes qui voyageaient comme passagers clandestins sur le toit des trains. Si L’Empereur du Nord ne possède pas – à tort – le même statut que ses autres films, Robert Aldrich y fait pourtant preuve d’une indéniable virtuosité, sa direction d’acteurs est toujours extraordinaire et ce qui a souvent frappé dans son cinéma, sa spontanéité, son énergie et son élégance, se retrouve dans ce film méconnu.

Ses deux têtes d’affiche, Lee Marvin et Ernest Borgnine, rivalisent de charisme et de talent, tout en prenant un malin et contagieux plaisir à jouer au chat et à la souris, jusqu’à l’affrontement brutal, par coups de marteau, de chaînes et de poutres interposés. Si le premier n’a qu’à se placer devant la caméra pour s’imposer immédiatement avec ses yeux de félins, sa voix caverneuse et son visage buriné, véritable étendard d’une communauté et symbole du défi à l’autorité, le second se taille part du lion dans le rôle du sadique Shack, qui n’hésite pas à assommer les vagabonds d’un coup de marteau, tout en jubilant de les voir se faire écraser sous les roues du train lancé à pleine vitesse. Leur affrontement durant deux heures font tout le sel de ce film, qui n’a connu aucun succès dans les salles, mais qui est ensuite devenu culte. C’est la quatrième fois que les deux comédiens sont réunis à l’écran après Un homme est passé de John Sturges (1955), Les Inconnus dans la ville de Richard Fleischer (1955) et bien sûr Les Douze Salopards de Robert Aldrich (1966).

Quasi-inclassable, résolument moderne, oscillant entre plusieurs genres, L’Empereur du Nord se démarque par un soin particulier à reconstituer l’Amérique du début des années 1930. Comme l’indique un panneau en introduction, durant le pic de la Grande Dépression, les vagabonds parcourent le territoire en train, désespérément en quête d’un travail. Rejetés par la société, ils deviennent une espèce à part. Des nomades qui méprisent la loi et imposent la leur. « L’Homme du rail » se consacre à leur extermination. Il se dresse entre eux et leur seul moyen de survivre, le train. Puis ouverture à l’iris, comme si Robert Aldrich débutait un conte. S’ensuit une chanson légère, racontant le lien entre l’homme et le train, quand le récit est soudain parasité par le personnage de Shack qui se débarrasse sauvagement d’un vagabond ayant pris le train en marche. Puis la musique guillerette de reprendre.

Aldrich n’aura de cesse de casser le rythme de son film, en alternant des séquences douces-amères au temps quasi-suspendu, des scènes de violences sèches ou tout simplement éthérées comme cette longue séquence plongée dans le brouillard. Les dialogues sont très soignés, les personnages animés par une violence primaire, la mise en scène enlevée, le rythme soutenu, l’humour noir efficace, les acteurs parfaits jusqu’aux seconds rôles – excellent Keith Carradine, qui souhaite devenir calife à la place du calife – aux gueules patibulaires. L’Empereur du Nord s’inscrit parmi les grandes réussites du mythique réalisateur et demeure un immense plaisir de cinéphile, spectaculaire, singulier, provocateur, magistralement mis en scène (le train devient un véritable personnage à part entière), mis en musique par Frank De Vol et interprété par des comédiens, des monstres sacrés d’une classe folle avec les paysages de l’Oregon comme toile de fond. Un pur spectacle à redécouvrir.

LE BLU-RAY

Le test a été réalisé sur un check-disc. Cette édition de L’Empereur du Nord se compose du Blu-ray et du DVD du film, ainsi que d’un livret exclusif de 86 pages, spécialement écrit par Doug Headline (co-fondateur de la revue Starfix), illustré de photos d’archives rares. Le menu principal est animé et musical.

Le seul supplément disponible dans la section Interactivité est un entretien avec le scénariste Christopher Knopf réalisé en 2015 (19’). Né en 1927, notre interlocuteur parle tout d’abord de ses débuts dans le milieu du cinéma et ses premiers scénarios adaptés, Le Voleur du Roi (1955) et surtout À des millions de kilomètres de la terre de Nathan Juran (1957), pour lequel il se souvient surtout du travail et de son amitié avec Ray Harryhausen. Pour la télévision, Christopher Knopf signe ensuite des épisodes pour les séries western The Restless Gun et Au nom de la loi sur laquelle il rencontre Steve McQueen. Le scénariste déclare avoir traversé les années 1960 pour le compte de la petite lucarne, jusqu’à ce que le réalisateur Robert Aldrich- après les désistements de Martin Ritt et de Sam Peckinpah – jette son dévolu sur son histoire de L’Empereur du Nord, inspirée par un des récits de Jack London sur la vie des hobos durant la Grande Dépression.

Dans un second temps, Christopher Knopf aborde la psychologie des personnages de L’Empereur du Nord, les recherches effectuées afin de coller au plus près de la réalité, le travail des comédiens et les différences entre son scénario original et celui finalement tourné par Robert Aldrich. Ce dernier explique Knopf, ne voulait pas de sa présence sur le plateau et lui a demandé de réécrire la fin. La conclusion prévoyait que Shack et A No. 1 tombent tous les deux du train, laissant finalement Cigaret seul à bord, terrifié, prenant ainsi la place tant convoitée de la légende. Sachant que Lee Marvin n’accepterait pas un tel épilogue, le cinéaste a donc demandé au scénariste de le changer. Enfin, Christopher Knopf revient sur l’échec du film, son préféré, malgré les bonnes critiques. Le scénariste se dit heureux que cette œuvre soit enfin reconnue et même devenue culte avec les années. N’oublions pas de mentionner les précieuses images de tournage qui viennent illustrer le documentaire. L’occasion de voir Ernest Borgnine et Lee Marvin en pleine répétition du combat final, sous l’oeil attentif de Robert Aldrich !

L’Image et le son

La qualité de ce nouveau master HD issu de la restauration 4K réalisée par la Fox au format 1.85 respecté est exceptionnelle et le film de Robert Aldrich renaît littéralement devant nos yeux. Les contrastes affichent d’emblée une densité inédite, la copie est d’une propreté immaculée, aucune scorie n’a survécu au lifting numérique, le piqué est fort impressionnant sur les gros plans (la sueur, la rosacée de Lee Marvin) et les détails abondent surtout sur les plans diurnes en extérieur qui sont à couper le souffle. Si l’on excepte deux ou trois plans flous sur la séquence où les personnages sont longtemps plongés dans un brouillard à couper au couteau, ces menus accrocs sont bien trop anecdotiques compte tenu de la clarté éblouissante, des noirs concis, du grain cinéma respecté, de la colorimétrie vive et du relief inattendu. Enfin, l’ensemble est consolidé par une compression AVC de haute tenue. Magnifique Blu-ray.

L’éditeur ne propose pas un remixage inutile, mais encode les pistes originale et française en DTS-HD Master Audio mono 2.0. Passons rapidement sur la version française au doublage old-school très réussi, qui se concentre essentiellement sur le report des voix parfois au détriment de certains effets annexes. Les dialogues sont d’ailleurs trop élevés sur certaines séquences, même à faible volume, mais l’écoute demeure propre et nette. Elle n’est pas en revanche aussi fluide et homogène que la version originale, même si le report des dialogues aurait pu être plus ardent. Dans les deux cas, aucun souffle n’est à déplorer, les séquences de train lancé à fond sur les rails sont merveilleusement restituées, dynamiques et vives, tout comme le score de Frank De Vol, collaborateur fidèle de Robert Aldrich, qui profite d’une excellente exploitation des frontales. Les sous-titres sont imposés sur la version originale.

Crédits images : ©-1973-Twentieth-Century-Fox-Film-Corporation.-Renewed-©-2001-Twentieth-Century-Fox-Film-Corporation.-Tous-droits-réservés / Wild Side Video / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Capitaine Mystère, réalisé par Douglas Sirk

CAPITAINE MYSTÈRE (Captain Lightfoot) réalisé par Douglas Sirk, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 4 avril 2017 chez Elephant Films

Acteurs : Rock Hudson, Barbara Rush, Jeff Morrow, Kathleen Ryan, Finlay Currie, Denis O’Dea

Scénario : W.R. Burnett, Oscar Brodney, d’après le roman de W.R. Burnett « Le Capitaine Lightfoot » (Captain Lightfoot)

Photographie : Irving Glassberg

Musique : Heinz Roemheld, Herman Stein

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

En Irlande en 1815, Michael Martin est un jeune révolutionnaire détroussant les riches pour financer la révolution. Se sachant poursuivi par les dragons du roi, il doit fuir vers Dublin. Il y rencontre le capitaine Thunderbolt, un rebelle qui en fait son second. Le capitaine Mystère est né, l’aventure peut commencer.

Réalisé entre Le Signe du païen (1954) et Tout ce que le ciel permet (1955), Capitaine Mystère est un film à part dans l’oeuvre de Douglas Sirk, puisqu’il s’agit d’un vrai film d’aventures. Atypique, Captain Lightfoot démontre que Sirk n’était pas «  seulement  » le roi du mélodrame hollywoodien, comme l’avaient d’ailleurs prouvé ses fantastiques comédies (Qui donc a vu ma belle ?, No Room for the Groom), son drame-policier Tempête sur la colline, le péplum Le Signe du païen ou encore le western Taza, fils de Cochise. Sur un scénario coécrit par Oscar Brodney (Harvey) et W.R. Burnett d’après son propre roman, Douglas Sirk se prend au jeu et livre un petit film de genre bien troussé, même s’il demeure complètement mineur et anecdotique dans la carrière américaine du cinéaste allemand.

Au milieu du XIXe siècle, au plus fort de la lutte qui oppose les Irlandais aux Anglais, Michael Martin rejoint John Doherty, le chef des partisans irlandais, et devient son second. Doherty exploite une maison de jeu dont les revenus lui permettent de financer le mouvement de résistance qu’il dirige. Un jour, blessé, Doherty laisse le commandement à Martin et se cache dans une roulotte pour y attendre sa guérison. Martin se heurte alors à Aga, fille de Doherty, dont le caractère autoritaire et indiscipliné risque de mettre l’organisation en péril. Heureusement, l’amour, qui ne tarde pas à les réconcilier, va arranger les choses. Pour la quatrième fois, Douglas Sirk confie le rôle principal à son ami et fidèle collaborateur Rock Hudson, qui entre deux mélodrames s’offre une récréation. Le costume lui va évidemment comme un gant et le comédien est aussi charismatique que bondissant et élégant. Il prend visiblement beaucoup de plaisir à incarner ce Michael Martin, sorte de Robin des Bois irlandais maladroit devenu membre d’un groupe révolutionnaire irlandais. Le charme de Barbara Rush (Le Secret magnifique) et l’alchimie avec son partenaire font également le sel de cette oeuvre de commande.

Capitaine Mystère demeure un divertissement agréable, mais s’avère plus intéressant dans la forme que sur le fond. L’ensemble manque de fougue et de rythme (malgré ses 93 minutes), tandis que le cocktail aventures, humour, récit d’apprentissage et romance peine à trouver un équilibre. Ce qui importe vraiment dans Capitaine Mystère est le soin apporté aux costumes (de Bill Thomas), au Cinémascope et à la photographie chatoyante (Irving Glassberg), sans oublier les magnifiques décors naturels irlandais où le film a été tourné dans son intégralité, malgré une météo désastreuse. Capitaine Mystère n’a jamais la prétention de s’élever au rang de chef d’oeuvre et Douglas Sirk lui-même semble prendre un peu de repos derrière la caméra, malgré la présence des reflets dans les miroirs qui font sa marque de fabrique.

Finalement, ce que le réalisateur réussit le mieux, ce sont scènes intimistes qui s’immiscent entre deux séquences plus agitées, l’attaque d’un château ou un duel au pistolet. L’ambiance est légère, drôle (la scène de la fessée héritée de L’Homme tranquille de John Ford reste très célèbre), ironique et le film ne se prend pas au sérieux. Autant dire que les cinéphiles adeptes du cinéma de Douglas Sirk risquent d’être quelque peu décontenancés par ce jalon placé au milieu des merveilleux mélodrames qui ont fait la renommée du metteur en scène.

LE BLU-RAY

Capitaine Mystère est édité en combo par Elephant Films. Le Blu-ray et le DVD du film reposent dans un boîtier plastique. Le visuel de la jaquette est très élégant, tout comme le menu principal, fixe et musical. Ce titre rejoint la collection Douglas Sirk disponible chez Elephant, qui possède déjà dix titres à son actif.

En plus d’un lot de bandes-annonces, d’une galerie de photos et des credits du disque, nous trouvons une présentation très complète de Capitaine Mystère par Jean-Pierre Dionnet (11’). Ce dernier ne manque pas d’arguments pour défendre ce film qu’il affectionne tout particulièrement. Toujours très inspiré quand il parle de Douglas Sirk, Dionnet évoque les lieux de tournage, le rapport du réalisateur avec l’Irlande, les thèmes, le casting, la légende de Lightfoot, le romancier W.R. Burnett.

Nous le disions précédemment, Jean-Pierre Dionnet est passionné par le cinéma de Douglas Sirk. Le journaliste et critique de cinéma lui consacre un petit module de 9 minutes, dans lequel il parcourt rapidement les grandes phases de sa carrière, ses thèmes récurrents, ses comédiens fétiches, les drames qui ont marqué sa vie, son regain de popularité dans les années 1970 grâce à la critique française et quelques réalisateurs (Fassbinder, Almodóvar) alors que le cinéaste, devenu aveugle, était à la retraite en Allemagne.

L’Image et le son

Même si cela ne se voit pas particulièrement à l’image (même si le ciel est parfois très lourd), Capitaine Mystère a été tourné sous un climat pluvieux et maussade. Le crachin irlandais a amené Douglas Sirk à utiliser le Technicolor. Les couleurs sont vives voire souvent pastel, pour ne pas dire délavées. Le master HD a beau être impeccablement restauré, le grain est accentué sur les fondus enchaînés et certains effets de pompage n’ont pu être corrigés. Le Blu-ray de Capitaine Mystère au format 1080p s’accompagne des mêmes défauts que l’ancien DVD sorti chez Carlotta en 2009, notamment au niveau des nuits américaines où les visages des comédiens manquent de détails. Les contrastes sont corrects, même si souvent trop accentués sur les scènes sombres et quelques fourmillements se font ressentir sur les arrière-plans. Maître du Cinémascope, Douglas Sirk concocte cependant des plans au relief impressionnant comme lors des poursuites ou tout simplement lors de l’exposition des paysages irlandais. L’apport HD est somme toute indéniable avec une image plus stable que le précédent DVD et quelques scènes sortent du lot à l’instar du bal.

Deux options acoustiques en Mono 2.0. La version française dispose d’un doublage d’époque assez réussi, qui ne manque pas d’entrain. La piste anglaise est néanmoins plus dynamique et aérée que son homologue. Les ambiances et la musique possèdent beaucoup plus de relief sur cette piste qu’en français.

Crédits images : © Universal Pictures / Elephant Films / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Sous-marin de l’apocalypse, réalisé par Irwin Allen

LE SOUS-MARIN DE L’APOCALYPSE (Voyage to the bottom of the sea) réalisé par Irwin Allen, disponible en DVD et Blu-ray le 4 avril 2017 chez Rimini Editions

Acteurs : Walter Pidgeon, Robert Sterling, Joan Fontaine, Peter Lorre, Barbara Eden, Frankie Avalon

Scénario : Irwin Allen, Charles Bennett

Photographie : Winton C. Hoch

Musique : Paul Sawtell, Bert Shefter

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

Commandé par l’Amiral Nelson, le Sea View est un sous-marin nucléaire révolutionnaire. En plongée dans l’océan Arctique, le bâtiment est victime d’un éboulement de glace. Le retour à la surface offre un spectacle terrifiant. Victime d’un réchauffement soudain, la Terre sera bientôt impropre à toute forme de vie. Dans leur course pour sauver la planète, l’amiral et son équipage vont devoir affronter mille dangers, entre monstres marins et sous-marins ennemis.

Beaucoup de téléspectateurs connaissent la série TV Voyage au fond des mers, créée et produite par Irwin Allen (1916-1991), soit 110 épisodes réalisés de 1964 à 1968 et diffusés sur la chaine américaine ABC. Mais l’audience n’est peut-être pas au courant que cette série découle du long métrage Le Sous-marin de l’apocalypseVoyage to the bottom of the sea, réalisé par le même Irwin Allen en 1961. Grand producteur spécialisé dans les films fantastiques et d’aventures, on lui doit notamment Cette mer qui nous entoure (1952, Oscar du meilleur documentaire), Le Monde perdu (1960), Cinq semaines en ballon (1962), La Cité sous la mer (1969), qu’il a lui-même réalisé, sans oublier la série Perdus dans l’espace (1965), ainsi que les chefs d’oeuvre L’Aventure du Poséidon de Ronald Neame (1972) et La Tour infernale de John Guillermin (1974). Ce qui revient souvent dans cette filmographie c’est la fascination d’Allen pour la mer et ses secrets, ainsi que les grands spectacles directement hérités des récits de Jules Verne.

Le Sous-marin de l’apocalypse ne fait pas exception à la règle et s’avère une savoureuse relecture de Vingt mille lieues sous les mers coécrite par Irwin Allen et Charles Bennett (Les 39 marches, L’Homme qui en savait trop). Le personnage de Walter Pidgeon, génial inventeur du sous-marin, mais que ses subordonnés suspectent de tomber progressivement dans la folie, n’est pas sans rappeler celui du Capitaine Nemo. La fin du monde semble approcher à grands pas. En effet, une ceinture radioactive incandescente cerne la Terre, la menaçant d’une destruction totale et définitive. Alors que son bâtiment croise dans les eaux de l’océan Arctique, l’amiral Nelson, le commandant d’un sous-marin atomique chargé de procéder à des essais nucléaires sous les glaces du pôle Nord, apprend la terrible nouvelle. Pour lui, il n’existe qu’une seule solution : briser le cercle infernal de la ceinture de Van Allen au moyen d’un missile tiré depuis le pôle magnétique. Il fait part de son idée aux autorités de son pays, mais celles-ci tergiversent. Las d’attendre le feu vert de ses supérieurs, Nelson décide de passer à l’action. Imaginez Walter Pidgeon, Joan Fontaine et Peter Lorre en uniforme bien repassé, dos droit et regard plissé, les derniers espoirs de l’humanité sur le point d’être anéantie par un phénomène météorologique ! Tout ce beau monde, y compris Barbara Eden, Robert Sterling, Michael Ansara et même Frankie Avalon qui pousse également la chansonnette du générique d’ouverture, sont réunis dans leur sous-marin dernier cri avec sa forme de cigare argenté et ses huit hublots moulés dans son nez de verre.

Le Sous-marin de l’apocalypse est un savoureux film de science-fiction vintage, très bien fait, avec des effets spéciaux rétro qui tiennent encore bien la route (la pieuvre et le poulpe géants, les modèles réduits), tout comme l’interprétation haut de gamme et la belle photo de Winton C. Hoch, fidèle collaborateur de John Ford. Considéré comme un film catastrophe avant l’heure, Voyage to the bottom of the sea reste un formidable film d’aventure bien rythmé, aux nombreuses péripéties, doublé d’un message écolo sur le réchauffement climatique (même si la planète est finalement sauvée grâce au nucléaire) qui interpelle probablement beaucoup plus les spectateurs d’aujourd’hui que ceux de l’époque, ce qui ajoute une plus-value à ce long métrage devenu culte avec les années et qui demeure très prisé des cinéphiles.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray du Sous-marin de l’apocalypse, disponible chez Rimini Editions, repose dans boîtier classique de couleur bleue. Le visuel de la jaquette est très élégant, entre le rouge du ciel enflammé et le bleu limpide des profondeurs des océans. Le menu principal est animé sur des images du film et la chanson de Frankie Avalon « Voyage to the bottom of the sea » qui ouvre le film.

L’éditeur joint un excellent module rétrospectif sur le film, écrit et réalisé par le journaliste Alexandre Jousse (18’) et produit par l’équipe de Rimini Editions. Dans les coursives du Seaview revient habilement sur tous les aspects du Sous-marin de l’apocalypse, à travers un montage soigné et une réalisation dynamique. Les propos sont clairs et précis, parfois accompagnés d’animations 3D pour expliquer comment les prises de vues ont été effectuées avec les modèles réduits ou sous l’eau. Alexandre Jousse explore la genèse du film d’Irwin Allen, le casting, l’élaboration des décors, les effets spéciaux, aborde la carrière du cinéaste-producteur, passe en revue les références à Jules Verne et à l’actualité de l’époque, sans oublier l’accueil triomphal du film à sa sortie. Il n’oublie pas de parler de la série Voyage au fond des mers tirée du film trois ans après sa sortie, tout comme le merchandising qui a accompagné ce succès. Quelques storyboards, dessins préparatoires viennent même illustrer cette excellente présentation à ne pas manquer.

L’Image et le son

Grâce à un codec AVC de haute tenue, le Blu-ray du Sous-marin de l’apocalypse proposé au format 1080p, permet aux spectateurs de redécouvrir totalement les incroyables décors du film. Si l’on excepte quelques séquences plus douces que d’autres ou au grain plus appuyé (sur les plans de plongée sous-marine ou les projections) nous nous trouvons devant une image qui ne cesse de flatter les rétines. Issue d’une restauration solide, cette copie HD est d’une stabilité à toutes épreuves. La propreté est indéniable, les couleurs retrouvent une vraie vivacité (rouges éclatants dès le générique), le piqué est joliment acéré et les détails sont probants sur le cadre large. Certes les effets spéciaux optiques ont pris un petit coup de vieux, mais le découpage est net et sans bavure, l’ensemble est homogène et d’une indéniable élégance. Si les contrastes auraient pu être légèrement revus, revoir Le Sous-marin de l’apocalypse dans ces conditions a de quoi ravir les cinéphiles.

Les versions originale et française bénéficient d’un mixage LPCM 2.0. Le confort acoustique est largement assuré dans les deux cas. L’espace phonique se révèle probant et les dialogues sont clairs, nets, précis, même si l’ensemble manque plus de vivacité sur la piste française. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare (conseillée) ou celle de Molière, aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue se fait grâce au menu pop-up.

Crédits images : © Twentieth Century Fox / Rimini Editions / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Implacable Ninja, réalisé par Menahem Golan

L’IMPLACABLE NINJA (Enter the Ninja) réalisé par Menahem Golan, disponible en coffret DVD et coffret Blu-ray le 28 mars 2017 chez ESC Editions

Acteurs : Franco Nero, Susan George, Shô Kosugi, Christopher George, Alex Courtney, Will Hare, Zachi Noy, Constantine Gregory

Scénario : Dick Desmond, d’après une idée de Mike Stone

Photographie : David Gurfinkel

Musique : W. Michael Lewis, Laurin Rinder

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Après avoir terminé sa formation de ninja au Japon, Cole, un soldat vétéran de l’Angola rend visite à son ancien frère d’armes Frank Landers et fait connaissance avec l’épouse de celui-ci, Mary Ann Landers. Les Landers possèdent une ferme aux Philippines, et sont fréquemment harcelés par un homme d’affaires du nom de Charles Venarius, qui souhaite acquérir leur propriété. À leur insu, les terres des Landers cachent d’importantes nappes de pétrole. Cole, grâce à ses talents de ninja, n’a guère de difficulté à repousser les attaques répétées des sbires de Venarius. Mais ce dernier finit par faire appel à Hasegawa, un autre ninja, rival de Cole.

Vous l’aurez deviné, il s’agit bien sûr du résumé de L’Implacable Ninja aka Enter the Ninja en version originale, titre qui surfe allègrement sur Enter The Dragon, plus connu dans nos contrées sous le titre d’Opération Dragon. Suite au triomphe international de ce film, sorti après la mort prématurée de Bruce Lee, certains producteurs espèrent surfer sur le nouvel engouement des spectateurs pour les films d’arts martiaux. Et quoi de plus exotique que le ninjutsu ? Il n’en fallait pas plus pour les immenses (oui) producteurs et réalisateurs de la Cannon, les israéliens Menahem Golan (1929-2014) et son cousin Yoram Globus (né en 1941), les « George Foreman et les Mohamed Ali du cinéma indépendant », qui ont voulu prendre d’assaut le cinéma américain et rivaliser avec les plus gros studios installés depuis des décennies. La Cannon c’est cette véritable machine de guerre du cinéma, mythique firme spécialisée dans la production et la distribution de films à petit et moyen budget (avec de la castagne, des ninjas américains, des nanas topless, des effets spéciaux minables), soit 120 films (involontairement drôles la plupart du temps) en dix ans, de 1979 à 1989.

Réalisé en 1980 par Mehanem Golan lui-même (on lui doit aussi Delta Force et Over the top – Le Bras de fer), L’Implacable Ninja est un des titres phares de cette entreprise unique menée par deux mégalomanes, égocentriques et visionnaires, ayant changé à jamais l’histoire du cinéma bis, mais qui ont aussi produit John Cassavetes, Jean-Luc Godard, Franco Zeffirelli, Andreï Kontchalovski et Barbet Schroeder ! Franco Nero, oui le cultissime Django, est ici un vétéran des Forces Spéciales de l’armée américaine, qui pendant ses vacances a décidé de devenir un ninja, même s’il est visible que le comédien est incapable de lever le pied plus haut que le sol, qu’il arbore une belle moustache et qu’il manie le nunchaku au ralenti pour ne pas entortiller l’arme dans les poils du torse. Après le sublime prologue filmé dans un jardin peu entretenu, durant lequel Franco Nero (en blanc), ou sa doublure plutôt, met à terre une armée de ninjas (rouges et noirs), il devient lui-même « espion japonais ». L’Implacable Ninja devient ensuite un film de bastons très marrant, durant lequel Franco Nero, qui ne se force pas à cacher qu’il ne croit pas du tout à ce qu’il fait et à ce qui se déroule autour de lui, continue son chemin en initiant un geste en gros plan, immédiatement suivi d’un plan large – qu’importe le raccord – où son personnage (incarné par Mike Stone sur ces scènes) lève le pied au-dessus de la tête en maniant le katana comme un expert. Puis gros plan sur Franco Nero qui range l’arme en prenant l’air essoufflé.

L’Implacable Ninja est un sommet de nawak, un cocktail de parodie involontaire de films d’arts martiaux et de bagarres du style Terence Hill-Bud Spencer. Le rythme est soutenu, Franco Nero a juste à marcher pour emporter l’adhésion, même si on ne croit pas du tout à son personnage. C’est d’ailleurs ce qui fait la grande réussite du film, avec la participation de Susan George (Les Chiens de paille, Larry le dingue, Mary la garce, Venin), qui cette fois encore n’a pas coûté cher en soutien-gorge. Ajoutez à cela une musique au synthé bien kitsch, des combats où les coups de pieds assomment l’adversaire à trente centimètres de la cible, des méchants de pacotille (dont un petit gars affublé d’un crochet de portemanteau en guise de main), des décors pauvres, des dialogues tordants (immense version française), des costumes ridicules (des pyjamas quoi) et vous obtenez une référence du nanar qui reste un formidable divertissement jusqu’au combat final entre Nero – Stone face à Shô Kosugi. Rapidement devenu un film culte, un deuxième volet est rapidement mis en chantier, Ultime Violence – Ninja 2, avec cette fois-ci Shô Kosugi dans le rôle principal. Nous vous en parlons très bientôt.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de L’Implacable Ninja, disponible chez ESC Conseils dans le coffret Trilogie Ninja avec également Ultime Violence – Ninja 2 et Ninja III, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

L’éditeur ne vient pas les mains vides, et propose tout d’abord la présentation rapide de la trilogie Ninja de la Cannon, par Nico Prat, journaliste chez RockyRama. Un amuse-gueule d’une minute.

La vraie présentation de L’Implacable Ninja est ensuite disponible (10’). Le même journaliste est de retour et revient sur la genèse de ce film culte en évoquant bien évidemment ce qui a conduit la Cannon a mettre ce projet en route au début des années 1980. Le casting, les conditions de tournage, les armes utilisées, les bruitages, tout y est abordé avec un second degré bien senti.

S’ensuit un court-métrage parodique intitulé Ninja Eliminator (4’), en réalité une fausse bande-annonce jubilatoire concoctée par des fans du genre. 

L’Image et le son

L’éditeur soigne le master HD (1080p) de L’Implacable Ninja. Un lifting numérique a visiblement été effectué, avec un résultat probant, même si des points et des tâches restent constatables, surtout durant la première bobine et le générique. L’encodage AVC est de haute tenue et la promotion HD non négligeable. Les détails sont appréciables, le piqué et la clarté sont aléatoires mais plus nets sur les séquences diurnes, la colorimétrie retrouve une nouvelle jeunesse et les contrastes affichent une petite densité inattendue. L’ensemble est propre, stable en dehors de très légers fourmillements, le reste des scories demeure subliminale, et le grain est respecté.

Sachant que les spectateurs français ont avant tout découvert ce film dans la langue de Molière, ESC livre un mixage français propre et respectueux de l’écoute originale avec bien sûr le doublage d’époque et les immenses voix de Benoît Allemane, Béatrice Delfe, Jean Topart et Francis Lax. Au jeu des comparaisons, la version originale s’en sort mieux avec des effets plus naturels et une dynamique plus marquée. Les deux pistes sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0, qui ne peuvent évidemment pas rivaliser avec les standards actuels, mais l’éditeur permet de revoir ce « classique » dans de bonnes conditions techniques, mention spéciale aux bruitages lors des bastons. Le changement de langue est verrouillé à la volée, mais étrangement les sous-titres ne sont pas imposés.

Crédits images : © ESC Conseils / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Insaisissables 2, réalisé par Jon M. Chu

INSAISISSABLES 2 (Now You See Me 2) réalisé par John M. Chu, disponible en DVD et Blu-ray le 30 novembre 2016 chez M6 Vidéo

Acteurs : Jesse Eisenberg, Mark Ruffalo, Woody Harrelson, Daniel Radcliffe, Dave Franco, Morgan Freeman, Michael Caine, Lizzy Caplan, Jay Chou

Scénario : Ed Solomon, Pete Chiarelli

Photographie : Peter Deming

Musique : Brian Tyler

Durée : 2h09

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Un an après avoir surpassé le FBI et acquis l’admiration du grand public grâce à leurs tours de magie exceptionnels, les 4 cavaliers reviennent. Pour leur retour sur le devant de la scène, ils vont dénoncer les méthodes peu orthodoxes d’un magnat de la technologie à la tête d’une vaste organisation criminelle. Ils ignorent que cet homme d’affaires, Walter Marbry, a une longueur d’avance sur eux, et les conduit dans un piège : il veut que les magiciens braquent l’un des systèmes informatiques les plus sécurisés du monde. Pour sortir de ce chantage et déjouer les plans de ce syndicat du crime, ils vont devoir élaborer le braquage le plus spectaculaire jamais conçu.

Réalisé par Louis Leterrier, Insaisissables avait créé la surprise en 2013 en devenant le plus grand, le plus fun et ludique des divertissements de l’été , qui s’est d’ailleurs soldé par un succès fracassant dans nos salles avec plus de 3 millions de spectateurs et en empochant plus de 350 millions de dollars au box-office mondial. Porté par un casting de choc avec Jesse Eisenberg, Woody Harrelson, Mark Ruffalo, Isla Fisher, Mélanie Laurent, Dave Franco, Michael Caine, Morgan Freeman et une petite apparition amusante de José Garcia, Insaisissables reposait sur un scénario malin, rempli de rebondissements en tous genres, aussi constants qu’inattendus. Ce qui faisait également la force du film, c’était également la mise en scène de Louis Leterrier qui emballait élégamment son attraction en 35 mm (très belle photographie) tant sur les scènes d’action que sur les grandes illusions, usant le plus possible de véritables trucages et tours de magie sur scène. Sa caméra virevoltait sans faire mal à la tête, le montage restait alerte sans pour autant rendre incompréhensible ce qui se déroulait à l’écran. L’alchimie entre les comédiens demeurait l’un des principaux attraits de ce divertissement qui se doublait d’une originale et entière réflexion sur le cinéma et la notion du divertissement.

Film d’action, de casse, comédie, d’aventures – l’histoire se déroulait entre Las Vegas, La Nouvelle-Orléans, New York et Paris – le tout teinté de fantastique, Insaisissables était, n’ayons pas peur des mots, un vrai joyau réalisé par un mec qui aime le cinoche pour ce qu’il est avant tout, pour les spectateurs désireux de passer un super moment de détente.

Les producteurs auraient dû savoir qu’il ne faut jamais demander à un magicien de refaire deux fois le même tour sous peine de découvrir le truc. Peu importe, car alléchés par l’odeur de l’argent, la suite d’Insaisissables a rapidement été mise en chantier. Si Louis Leterrier a poliment refusé la mise en scène pour aller filmer l’excellent Grimsby – Agent trop spécial, les studios LionsGate ont fait appel au dénommé John M. Chu, auteur (ou responsable c’est selon) de Sexy Dance 2, Sexy Dance 3D, Justin Bieber : Never Say Never (oui bon…) et le plaisir (même pas coupable) G.I. Joe : Conspiration qui avait rapporté près de 400 millions de dollars à la Paramount. Avant d’aller filmer les nouveaux tours de magie de notre bande, le réalisateur a réussi à mettre en boite une adaptation live de Jem et les Hologrammes, énorme four. Ce qui nous intéresse c’est donc le comeback des magiciens d’Insaisissables, qui ont tous répondu à l’appel, ou presque. Exit Mélanie Laurent (qui n’a pas été rappelée pour le coup) et Isla Fisher, alors en congé maternité, bienvenue à la délicieuse Lizzy Caplan, vue dans Cloverfield de Matt Reeves et surtout la série Masters of Sex, qui interprète le nouveau personnage de Lula, magicienne spécialisée dans le gore. Les autres reprennent leurs rôles respectifs, auxquels se joint Daniel Radcliffe, qui incarne ici le grand méchant (d’1m65) – Harry Potter passé du côté obscur – qui s’en prend aux Horsemen, avec une délectation plutôt contagieuse.

Insaisissables 2 est typique de la suite mise en route uniquement pour surfer sur le triomphe du premier film et de l’attachement des spectateurs pour les héros. Si on les retrouve effectivement avec plaisir, tout comme les ingrédients qui ont fait la réussite de la recette originale, cette séquelle n’a absolument plus rien à dire et tout est fait ici pour faire vendre du popcorn. John M. Chu fait de son mieux pour insuffler un rythme trépident à cette entreprise, mais le gros problème d’Insaisissables 2 c’est que la magie n’opère plus. Là où le premier privilégiait les illusions « réalistes, crédibles et authentiques » le second a trop souvent recours aux images de synthèse (l’arrêt de la pluie, sérieusement ?), ce qui rompt complètement le charme original. Le ton est ici un peu plus sombre, le film se déroule d’ailleurs quasiment entièrement de nuit, mais les rebondissements ne fonctionnent pas. Pourquoi ? L’audience s’est déjà faite entourloupée. Alors quand les Horsemen sont montrés en fâcheuse posture, les spectateurs savent d’emblée qu’ils ont plus d’un tour dans leur sac et/ou que tout avait déjà été prévu grâce à un « plan qui se déroule sans accroc ».

Malgré une baguette magique agitée dans tous les sens, peu de scènes marquantes viennent relever l’attention – à part celle du casse, bien qu’interminable – et ce n’est pas le dernier acte, complètement raté car sans cesse prévisible, qui sauvera l’entreprise. Les acteurs font le boulot sans y croire vraiment cette fois, à part Woody Harrelson qui s’amuse (et nous aussi) dans un double-rôle de frères jumeaux qui se détestent cordialement. A cette occasion, le comédien porte postiche, fausses dents et bronzage artificiel, et fait furieusement penser à son pote Matthew McConaughey ! Vous y penserez la prochaine fois. Lizzy Caplan s’agite un peu trop, Jesse Eisenberg semble se demander ce qu’il fait là, Dave Franco sourit, Mark Ruffalo garde la tête penchée en mode en Grumpy Cat, Morgan Freeman et Michael Caine gardent les mains dans les poches en attendant que ça se passe en se promenant entre Macao et Londres. Bon, aller, on va dire qu’on a déjà vu bien pire, mais après la grande réussite du premier opus, la déception est immense.

Si le film a connu un échec commercial aux Etats-Unis en récoltant un peu plus de 60 millions de dollars, soit deux fois moins que le premier, Insaisissables 2 a bien fonctionné dans le reste du monde avec notamment 2 millions d’entrées chez nous. Avant même la sortie du second, un troisième volet était déjà annoncé. Mais devant les chiffres décevant au box-office US, sa mise en route reste suspendue.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Insaisissables 2, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé, musical et ponctué par quelques scènes du film en version française.

Le premier supplément, Un casting de choix (21’) revient sur la mise en chantier de ce second volet, marqué par le retour des comédiens au grand complet, ou presque, avec la présentation des nouveaux personnages. Les comédiens s’expriment sur les conditions de tournage, le producteur se frotte les mains, le scénariste présente les enjeux de cette suite et le réalisateur et les consultants en magie parlent du travail avec les acteurs. En grande partie, nous assistons à un concours de louanges avec les superlatifs attendus, le tout saupoudré des coulisses du tournage et notamment de la création du double-rôle campé par Woody Harrelson.

Le segment suivant, Ne les quittez pas des yeux (17’), accueille les mêmes participants, qui se focalisent cette fois sur les lieux de tournage, en particulier Macao et Londres. Le directeur de la photo, la chef déco et les créateurs des effets spéciaux se mêlent à la partie et analysent quelques séquences clés du film.

Enfin, le module Donner vie à la magie (16’) donne la parole aux magiciens qui ont officié comme consultants sur Insaisissables 2, y compris David Copperfield, également co-producteur. Des images montrent la préparation et l’entraînement des comédiens à la manipulation puisque le producteur désirait garder au maximum l’authenticité du premier volet en laissant faire aux acteurs le maximum de tours de magie en live.

Si vous désirez en savoir un peu plus sur Insaisissables 2, pourquoi pas revoir le film en compagnie du réalisateur John M. Chu, qui commente son film (en vostf) avec beaucoup d’entrain et suffisamment d’anecdotes pour qu’on ne s’ennuie pas une seconde. S’il brasse un peu tout ce qui est abordé au fil des suppléments en vidéo, ce commentaire s’avère distrayant, rythmé et intéressant. En revanche, bien qu’il indique avoir beaucoup laissé de scènes sur le banc de montage, nous aurions aimé les trouver dans les bonus ! Nous apprenons également que Louis Leterrier a donné un coup de main à la mise en scène, en particulier pour la séquence où la bande s’évade à moto.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Un très bel objet que ce master HD d’Insaisissables 2. L’image bénéficie d’un codec AVC de haut niveau, renforçant les contrastes léchés, ainsi que les détails aux quatre coins du cadre. Certains plans nocturnes sont magnifiques et tirent entièrement parti de cette élévation en Haute Définition. Les gros plans peuvent être analysés sans problème puisque la caméra numérique (Arri Alexa XT Plus, Red Epic Dragon) de John M. Chu colle parfois au plus près des personnages, les ombres et les lumières s’accordent parfaitement avec des scènes ambrées en extérieur et plus froids dans les extérieurs, notamment à Macao avec les buildings éclairés aux néons. En dépit de quelques légers fléchissements, ce Blu-ray est évidemment une franche réussite technique et restitue les partis pris esthétiques du talentueux chef opérateur Peter Deming (Evil Dead 2, Mulholland Drive, La Cabane dans les bois) avec parfois un très beau grain.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre pas moins de quatre mixages, deux français et deux anglais DTS-HD Master Audio 5.1 et 7.1 ! Ces options s’avèrent particulièrement bluffantes, surtout dans les scènes de représentations, mais également dans les séquences plus calmes. Les quelques pics d’action peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec des effets en tous genres qui environnent le spectateur. Les effets annexes sont présents et dynamiques. Seuls les dialogues auraient mérité d’être un peu plus relevés sur la centrale, comme bien souvent chez l’éditeur. De son côté, le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun, notamment durant le dernier acte se déroulant à Londres. La spatialisation est en parfaite adéquation avec le ton du film. L’éditeur joint également une piste française en Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © SND / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Larry le dingue, Mary la garce, réalisé par John Hough

LARRY LE DINGUE, MARY LA GARCE (Dirty Mary, Crazy Larry) réalisé par John Hough, disponible en DVD et Blu-ray le 7 septembre 2016 chez Esc Conseils

Acteurs : Peter Fonda, Susan George, Adam Roarke, Vic Morrow, Kenneth Tobey, Eugene Daniels, Lynn Borden

Scénario : Leigh Chapman, Antonio Santean d’après le roman de Richard Unekis

Photographie : Michael D. Margulies

Musique : Jimmie Haskell

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Larry, pilote de course féru de vitesse, Deke le mécanicien et Mary, l’amante de Larry sont tous les trois pourchassés par la police. Plus tôt, ils ont dévalisé les caisses d’un supermarché et se sont enfuis à bord d’un bolide qui fonce droit sur la route sans se soucier des dangers et des barrages placés par les forces de l’ordre. Parviendront-ils à quitter l’État et à participer au circuit international de course automobile ?

A l’instar de Point limite zéro Vanishing Point de Richard C. Sarafian (1971), Macadam à deux voiesTwo-Lane Blacktop de Monte Hellman (1971) et Electra Glide in Blue de James William Guercio (1973), Larry le dingue, Mary la garce Dirty Mary, Crazy Larry de John Hough (1974) demeure un symbole de la contre-culture américaine. A la fin des années 60, aux Etats-Unis, le road-movie prend son envol avec la sortie du film de Dennis Hopper, Easy Rider. C’est l’époque des grands chamboulements, la guerre du Vietnam a traumatisé l’Amérique, la révolution sexuelle bat son plein, les mœurs et les actes changent et se libèrent. Il y a eu Woodstock en 69 et l’affaire Charles Manson. Les films mentionnés se situent à une époque charnière de l’histoire de l’Amérique faite de bouleversements et de changements profonds. Le cinéma aussi se renouvelle avec la naissance du Nouvel Hollywood et l’émergence de jeunes réalisateurs : Coppola, Scorsese, Lucas, Spielberg. D’autres font figure d’outsiders et s’engouffrent dans la brèche du road-movie, parfois mystique et mélancolique. Si Easy Rider était un film sex, drug and rock n’roll, Macadam à deux voies se distinguait par son absence totale de violence, de sexe et de substances illicites.

Le pilote de course Larry et son mécanicien Deke réussissent de manière astucieuse à voler la recette d’un supermarché. Obligés d’emmener Mary Coombs, une rencontre d’un soir de Larry qui a été témoin du vol, ils parviennent à passer à travers tous les barrages que les policiers mettent sur leur route, grâce à leur bolide trafiqué, une Dodge Charger 1969 modèle sport. Le capitaine Franklin, qui dirige l’opération, commence à en faire une affaire personnelle et tente de les arrêter par tous les moyens possibles. Larry le dingue, Mary la garceDirty Mary, Crazy Larry marque la fin d’une époque, mais ne se résume pas à une des plus hallucinantes courses-poursuites de l’histoire du cinéma.

Durant 1h33, on ne saura quasiment rien des personnages, de leur vie et du but de ce voyage, à part celui de prendre la fuite avec le butin d’un casse, mis en scène de manière plutôt cool, afin de pouvoir concourir à une course sur un circuit professionnel. Ils se situent pleinement dans la contre-culture des années 70 avec un caractère bien trempé (Mary est d’ailleurs la plus explosive du trio), contestataire et provocateur. Larry le pilote (Peter Fonda, qui fait le lien avec Easy Rider), Deke son mécanicien (Adam Roarke) qui prend autant soin de la bagnole que de Larry quand il s’égare, et Mary (Susan George) la copine d’un soir de Larry qui s’est incrustée dans leur cavale, refusent d’obtempérer avec les autorités, qu’ils écoutent en étant branchés sur leurs ondes. D’où cette fuite éperdue où tous les coups sont permis, où Larry, lancé à fond sur le bitume, défie toutes les règles en tentant d’échapper à tous les flics – qui s’en donnent également à coeur joie sur la route – de la région, dont un en particulier, Everett Franklin (Vic Morrow, génial) qui les poursuit dans un hélicoptère, dans un affrontement encore très impressionnant aujourd’hui.

Larry et ses deux comparses, sont les derniers héros de l’Amérique, libres face aux forces répressives. Larry le dingue, Mary la garce est devenu pour de nombreux cinéphiles un vrai film de chevet et le mythe autour de ce film s’est construit avec le temps, certaines répliques vachardes étant même entrées dans le langage courant chez certains cinéphiles US. Grand fan de Larry le dingue, Mary la garce, Quentin Tarantino s’en est grandement inspiré (comme d’habitude) pour Boulevard de la mort. Pourtant ce n’est pas tant l’histoire qui nous captive mais les engueulades du couple principal, la splendeur des paysages américains, son rythme trépident, les routes longilignes à n’en plus finir, là où le réalisateur britannique John Hough (Les Sévices de Dracula, La Montagne ensorcelée, Les Yeux de la forêt), prend plaisir à nous égarer à fond la caisse, dans un nuage de poussière, pour son premier film américain. Approche palpable du chaos, dénouement brutal, désenchanté et étourdissant, film enragé, indispensable !

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Larry le dingue, Mary la garce, disponible chez ESC Conseils, repose dans un boîtier classique de couleur rouge. La jaquette aux couleurs flashy saura attirer l’oeil des cinéphiles. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur joint une présentation du film par Olivier Père (20’), intitulée En route vers la contre-culture. Le directeur du cinéma d’Arte France se penche tout d’abord sur la carrière du cinéaste John Hough. Il évoque ses films de genre et fantastiques, puis en vient ensuite au film qui nous intéresse en analysant à la fois le fond et la forme. Olivier Père considère Larry le dingue, Mary la garce comme un des films les plus intéressants du réalisateur, analyse les personnages, le dénouement et le casting.

L’Image et le son

Jusqu’alors inédit dans nos contrées en DVD et Blu-ray, Larry le dingue, Mary la garce nous arrive en Haute-Définition grâce aux bons soins d’ESC Conseils. Cette édition Blu-ray au format 1080p (AVC) nous propose des couleurs étincelantes, un piqué vif, des contrastes très élégants et une remarquable stabilité. L’élévation HD n’est pas négligeable pour un titre comme celui-là, loin de là. Saluons avant tout l’impeccable étalonnage qui rend justice aux tonalités originelles du film. L’image retrouve son caractère fluide et naturel, notamment au niveau des splendides décors, paysages et longues routes de l’Amérique profonde, mais également au niveau des visages. Le cadre est riche en détails. Chaque plan ou sujet d’arrière-plan est d’une qualité et d’une profondeur séduisantes. Aucune tâche ou défaut n’est constatable, si ce n’est quelques troubles et sensibles pertes de la définition sur les scènes sombres. Que les puristes soient rassurés, le superbe grain de la photo est savamment restitué. Larry le dingue, Mary la garce retrouve un éclat fantastique et la restauration demeure impressionnante.

Rien à redire à propos des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio Mono, amplement suffisantes et accompagnant élégamment le film de John Hough. Aucun souffle constaté sur les deux pistes et les dialogues restent très clairs tout du long. La musique tient également une place prépondérante et aucun accroc ne vient perturber sa restitution. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue ne peut se faire à la volée.

Crédits images : © ESC Conseils/ Captures Blu-ray : Franck Brissard

 

Chronique du Blu-ray / Mr. Majestyk, réalisé par Richard Fleischer

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Mr. Majestyk réalisé par Richard Fleischer, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 5 octobre 2016 chez Wild Sild Vidéo.

Acteurs : Charles Bronson, Al Lettieri, Linda Cristal, Lee Purcell, Paul Koslo, Taylor Lacher

Scénario : Elmore Leonard

Photographie : Richard H. Kline

Musique : Charles Bernstein

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Vétéran du Vietnam, Vince Majestyk n’aspire aujourd’hui qu’à une seule chose : mener une existence paisible en dirigeant son exploitation de pastèques. Sa rencontre avec Bobby Kopas, crapule locale, va provoquer une redoutable réaction en chaîne et placer en travers de sa route Frank Renda, tueur à gages des plus sadiques… L’heure de l’affrontement a sonné. La lutte sera acharnée…

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Fils du pionnier de l’animation Max Fleischer (producteur de Popeye et de Betty Boop), Richard Fleischer (1916-2006) tente d’abord de devenir comédien mais se retrouve rapidement dans la salle de montage pour s’occuper des films d’actualités pour la RKO. Après quelques courts-métrages remarqués en tant que réalisateur, Richard Fleischer se voit confier quelques séries B. C’est le cas d’Assassin sans visage, remarquable film noir d’une heure montre en main tourné en seulement dix jours en 1949. Jalon de l’histoire du film criminel, l’oeuvre de Richard Fleischer repose sur une mise en scène virtuose et stylisée et demeure l’un des premiers films à traiter de manière réaliste de la figure du serial killer.

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Sous contrat avec la RKO, Richard O. Fleischer, signe plus tard Bodyguard, un petit polar à l’intrigue banale et même sans surprise, qu’il parvient à élever grâce à une mise en scène inspirée et dynamique, une direction d’acteurs parfaite (parfait Lawrence Tierney et dernière apparition de l’adorable Priscilla Lane) et même quelques touches d’humour qui font mouche. Bodyguard fait partie des premiers longs-métrages du réalisateur, qui en profite ici pour se faire la main en expérimentant sur le cadre, le rythme et le montage. Série B vive et dynamique, particulièrement intéressante sur le plan visuel et faisant fi d’un budget somme toute restreint, bourrée d’idées (la scène finale dans l’abattoir) et de trouvailles sympathiques (un gros plan sur un oeil), Bodyguard, ce quatrième long-métrage de Richard Fleischer, se voit encore aujourd’hui comme une belle curiosité annonçant par bribes, les plus grands films du cinéaste.

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Tous ces « petits longs métrages » vont permettre à Richard Fleischer de révéler son savoir-faire. Sa spécialité ? Les polars secs et nerveux à l’instar du Pigeon d’argile grâce auquel le cinéaste transcende une fois de plus un postulat de départ classique pour s’amuser avec les outils techniques mis à sa disposition. Dès 1952 avec L’Enigme du Chicago Express, le réalisateur est reconnu dans le monde entier comme étant un nouveau maître du cinéma. Cette ascension fulgurante lui ouvrira les portes des principaux studios Hollywoodiens où il démontrera son immense talent et son goût pour un éclectisme peu commun : Vingt Mille lieues sous les mers (1954), La Fille sur la balançoire (1955), Les Inconnus dans la ville (1955), Les Vikings (1958), Le Voyage fantastique (1966), L’Etrangleur de Boston (1968), Soleil vert (1973). Pour beaucoup de cinéphiles, Mr. Majestyk, réalisé en 1973, est un de ses meilleurs films.

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Richard Fleischer, réalisateur prolifique, est assurément l’un des plus grands metteurs en scène et raconteur d’histoires de l’industrie hollywoodienne. Dans Mr. Majestyk, comme il n’a eu de cesse de le prouver tout au long de sa longue carrière (60 films en 45 ans), Le cinéaste s’entoure de formidables comédiens et confie le rôle principal à Charles Bronson. Tout auréolé de son nouveau statut de star après un détour par le cinéma européen qui lui a fait prendre du galon, l’acteur alors âgé de 52 ans est de retour aux Etats-Unis et commence sa véritable carrière en tant que tête d’affiche. Entre le polar et le thriller d’aventures, Mr. Majestyk repose sur un scénario en béton écrit par l’immense écrivain Elmore Leonard (1925-2013), spécialisé dans les romans de western. Il n’est donc pas étonnant de retrouver de nombreux codes du genre dans le film de Richard Fleischer avec les affrontements nerveux et violents et les courses-poursuites dantesques où les voitures remplacent les chevaux sur des chemins impraticables. Les personnages apparaissent comme de vrais cowboys du XXe siècle.

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Vince Majestyk dirige une exploitation de pastèques dans un coin paumé du Colorado. Homme solitaire, il ne pensait pas être ennuyé par Bobby Kopas (Paul Koslo), une petite frappe de la petite bourgade du coin, qui voudrait l’obliger à engager de la main-d’oeuvre « du pays » plutôt que des saisonniers mexicains comme il a l’habitude de le faire, parmi lesquels Nancy Chavez (Linda Cristal), à qui Majestyk est venu en aide lors de son arrivée en ville. Mais c’était sans compter sur Vince Majestyk qui a plus d’un tour dans son sac, ou plutôt qui ne garde pas ses poings – gros comme des gants de baseball – serrés dans ses poches. Cette petite « anicroche » va alors le précipiter en prison, le mettre au contact du tueur Frank Renda (Al Lettieri), arrêté une dizaine de fois mais systématiquement relâché faute de preuves. Cette fois pourrait être la bonne. Mais lors du convoi des prisonniers vers le tribunal, une attaque destinée à libérer Renda a lieu en plein centre-ville. Les victimes tombent des deux côtés et finalement Majestyk s’empare du bus de la police et s’enfuit avec Renda, toujours menotté. Majestyk pense alors livrer Renda aux autorités en échange de sa propre libération, pour ainsi aller récolter ses pastèques qui l’attendent sur son terrain de 65 hectares. Mais son plan ne se déroule pas comme prévu.

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Soutenu par un montage vif de Ralph E. Winters (Ben-Hur, La Panthère rose), une photo élégante du chef opérateur Richard H. Kline (Soleil vert, Le Mystère Andromède, L’Etrangleur de Boston) et l’entêtante musique de Charles Bernstein (Les Griffes de la nuit, Cujo), Richard Fleischer déroule son récit avec une virtuosité unique et un art jamais démenti de la conduite dramaturgique. Charles Bronson, corps de reptile et regard de félin, n’a que « peu à faire » pour s’imposer et semble prendre beaucoup de plaisir à incarner Vince Majestyk, ennuyé dans son quotidien par quelques sbires mal intentionnés. Ces derniers étaient loin d’imaginer que ce propriétaire terrien avait passé trois ans dans l’armée, avait été instructeur de rangers à Fort Benning, capturé puis évadé d’un camp au Viet Nam et avait été décoré de la Silver Star. Autrement dit, ils auraient dû y réfléchir à deux fois avant de lui chercher des noises. Bronson, sourire en coin et la bonne répartie prête à fuser, est parfait dans un rôle à l’origine écrit pour Steve McQueen. Il prend la pétoire et n’allait quasiment plus la lâcher jusqu’à la fin de sa carrière en enchaînant directement avec Un justicier dans la ville, qui sera suivi par de nombreuses suites au cinéma et à la télévision pendant 25 ans. Bronson fait face à Al Lettieri, dont la carrière fut courte en raison de sa mort prématurée, mais son visage et son imposante carrure demeurent dans la mémoire des cinéphiles grâce à ses participations au Parrain de Francis Ford Coppola et Guet-Apens de Sam Peckinpah.

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Divertissement sévèrement burné qui fait parfois penser au Prime Cut Carnage de Michael Ritchie, Mr Majestyk est encore un joyau issu de la filmographie de Richard Fleischer.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Mr. Majestyk, disponible chez Wild Side, a été réalisé sur un check-disc. Cette édition se compose du Blu-ray et du DVD du film, ainsi que d’un livret exclusif de 86 pages sur le film et sa genèse, écrit par Frédéric Albert Lévy (journaliste de cinéma et cofondateur de la revue Starfix), illustré de magnifiques photos et de documents d’archives rares. Le menu principal est animé et musical.

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Pour cette édition, deux interviews sont proposées :

Colorado cool (14′) : Le directeur de la photographie Richard H. Kline, né en 1926, partage ses souvenirs liés au tournage de Mr. Majestyk, y compris sur ses diverses collaborations avec Richard Fleischer sur L’Étrangleur de Boston, Soleil vert et Don Angelo est mort. Les deux hommes travailleront ensemble une dernière fois en 1975 sur Mandingo. Le chef opérateur parle également de Charles Bronson, l’homme et le comédien, tout en partageant quelques anecdotes de tournage. Mais dans l’ensemble et bien que le bonhomme soit très sympathique, nous ne tirons pas grand-chose de cette interview, d’autant plus que Richard H. Kline passe plus ou moins son temps à raconter l’histoire du film.

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Colorado chic (28′) : Dans Mr. Majestyk, la comédienne Lee Purcell interprète Wiley, le contact de Frank Renda. A l’instar de Richard H. Kline, peu de choses sont à retenir de cet entretien. Lee Purcell nous parle de son arrivée sur le film, s’avère aujourd’hui surprise que Mr. Majestyk soit considéré comme une œuvre culte pour beaucoup de cinéphiles. Après, cela devient typique de l’entretien « américain » où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. On ne doute pas de la sincérité de ces propos, mais il y avait sûrement plus d’éléments à raconter sur le film de Richard Fleischer.

L’Image et le son

Ce nouveau master restauré HD de Mr. Majestyk brille souvent de mille feux et s’impose comme une grande réussite technique à ajouter au palmarès de l’éditeur. En effet, en dépit de quelques petites poussières subsistantes, l’image bénéficie d’un traitement de faveur qui participe à la (re)découverte du film de Richard Fleischer. Le cadre offre une profondeur de champ très plaisante, le piqué est acéré, la stabilité jamais démentie, les contrastes soignés. Si les noirs manquent parfois de stabilité et la définition vacille quelque peu sur les séquences sombres, la colorimétrie retrouve un éclat et une chaleur bienvenus sur les scènes diurnes. Les gros plans sont souvent épatants, les détails abondent et la gestion du grain est épatante. C’est beau, c’est carré, c’est élégant.

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Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 2.0 Surround sont propres et distillent parfaitement la musique de Charles Bernstein. La piste anglaise (avec les sous-titres français imposés) est la plus équilibrée du lot avec une homogénéité entre les dialogues et les bruitages. Au jeu des différences, la version française (au doublage excellent avec Claude Bertrand et Georges Aminel) s’avère plus chuintante et couverte, avec certaines ambiances et d’autres effets annexes qui peinent à se faire entendre quand on compare avec la piste anglaise. Le changement de langue est impossible à la volée et nécessite le retour au menu contextuel.

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Crédits images : © Wild Side Vidéo