Test Blu-ray / Kong: Skull Island, réalisé par Jordan Vogt-Roberts

KONG: SKULL ISLAND réalisé par Jordan Vogt-Roberts, disponible en DVD, Blu-ray et 4k Ultra HD le 12 juillet 2017 chez Warner Bros.

Acteurs : Tom Hiddleston, Samuel L. Jackson, Brie Larson, John C. Reilly, John Goodman, Corey Hawkins, John Ortiz, Tian Jing…

Scénario : Dan Gilroy, Max Borenstein, Derek Connolly d’après une histoire originale de John Gatins

Photographie : Larry Fong

Musique : Henry Jackman

Durée : 1h58

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Un groupe d’explorateurs plus différents les uns que les autres s’aventurent au cœur d’une île inconnue du Pacifique, aussi belle que dangereuse. Ils ne savent pas encore qu’ils viennent de pénétrer sur le territoire de Kong… Un singe gigantesque qui règne sur l’île peuplée d’une faune à sa dimension, avec laquelle il est en perpétuel conflit. Cette fois il va devoir confronter l’homme…

Sans tenir compte des copies, des parodies et autres ersatz, Kong: Skull Island est le neuvième film avec King Kong en vedette. Apparu au cinéma en 1933 devant la caméra de Merian C. Cooper et Ernest Schoedsack, le gorille géant a également tenu l’affiche du Fils de Kong, réalisé la même année par Ernest Schoedsack en solo, de King Kong Appears in Edo, film japonais aujourd’hui perdu (1938), de King Kong contre Godzilla (1962) de Ishirô Honda, de La Revanche de King Kong (1967) encore une fois mis en scène par Ishirô Honda avec Rawkin Arthur. Il faudra attendre 1976 pour que King Kong fasse son retour à Hollywood devant la caméra de John Guillermin, dans lequel le dieu Kong s’éprenait (et on le comprend) de Jessica Lange et l’emmenait au sommet du World Trade Center. Dix ans plus tard, John Guillermin remettait ça avec Charles McCracken avec son King Kong 2. En 2005, Peter Jackson embarquait Naomi Watts et Adrien Brody sur l’île de Kong, tandis qu’Andy Serkis interprétait le personnage principal en motion-capture. Nous n’attendions pas forcément le retour de King Kong, mais puisque Kong: Skull Island s’offre à nous, pourquoi le refuser ?

Porté par le triomphe international de Godzilla réalisé par Gareth Edwards et voulant surfer sur les univers étendus à la Marvel, la Warner et Legendary Pictures ont immédiatement donné le feu vert pour ressusciter l’un des monstres les plus célèbres de l’histoire du cinéma, King Kong. Pour cela, les studios ont engagé le jeune cinéaste Jordan Vogt-Roberts, remarqué en 2013 avec son petit film The Kings of Summer. Kong: Skull Island fait donc partie du MonsterVerse et prépare la confrontation avec Godzilla. L’armée américaine s’intéresse de près à une étrange île dans le Pacifique. Pour cartographier le territoire, elle lance des explosifs, ce qui provoque la colère du maître des lieux, Kong, un énorme singe. Le capitaine James Conrad, la journaliste Mason, le lieutenant-colonel Packard et Bill Randa ne vont pas tarder à l’affronter. Sur place, ils rencontrent Marlow, un aventurier qui met les met en garde. Kong n’est peut-être pas leur plus grande menace. Ils doivent davantage se méfier des créatures gigantesques et belliqueuses qui se cachent dans les tréfonds de l’île. Bon, rien de nouveau ici, Kong: Skull Island s’apparente le plus souvent à un pseudo-remake de Jurassic Park (le scénario est d’ailleurs coécrit par Derek Connolly, l’auteur de Jurassic World et de sa prochaine suite), film qui a probablement bercé Jordan Vogt-Roberts. Son film s’éloigne des autres Kong et fait ici la part belle à l’action, notamment aux affrontements des créatures géantes, Kong Vs un calamar géant, Kong Vs des rampants gargantuesques, etc, notre gorille préférée mesurant ici 30 mètres de haut et tenant sur deux pattes !

Kong: Skull Island n’est pas déplaisant, il manque juste de chair et ce n’est pas le casting, réduit à quelques silhouettes qui changent la donne, même si Brie Larson (qui écarquille continuellement les yeux en faisant « Wouhou ! ») en débardeur a également de quoi distraire. Mais Tom Hiddleston qui prend la pose avec son arme, est aussi crédible qu’Adrien Brody dans Predators, autrement dit pas du tout. Mais qu’importe puisque nous ne sommes pas venus pour lui et ses copains, d’autant plus que Samuel L. Jackson est devenu un tel cliché dans ce genre de film qu’on ne fait même plus attention à lui, surtout quand il déclame quelques tirades comme sa plus célèbre dans Pulp Fiction, avec pour seul objectif de tuer Kong, histoire d’oublier la frustration de rentrer du Vietnam la queue entre les jambes. Après une scène d’exposition particulièrement laide et ratée, le film prend un bout de temps à présenter ses personnages dans un contexte donné (après la débâcle de la guerre du Vietnam), avant de se lâcher enfin dans le film pop-corn. Et de ce point de vue-là Kong: Skull Island assure, les effets visuels sont magnifiques (la motion-capture a servi pour créer Kong), tout comme les paysages naturels du Vietnam.

Nourri de références cinématographiques – à défaut d’imposer un réel point de vue – avec Apocalypse Now en première ligne (y compris sur certaines affiches d’exploitation) avec sa photographie brûlée par le soleil, ou même une citation de Cannibal Holocaust durant un face à face avec une araignée géante, ce film d’aventures s’avère généreux avec les spectateurs, même si l’impression d’avoir vu ça pas mal de fois au cinéma subsiste du début à la fin. Divisé en trois parties, Kong: Skull Island pâtit d’un ventre mou en plein milieu dès l’apparition improbable du pourtant excellent John C. Reilly, dont le personnage irritant et supposé apporter un peu d’humour à l’ensemble, ralentit considérablement le film. Mais Kong:Skull Island parvient à faire oublier ses indéniables défauts, y compris ses péripéties largement prévisibles. On se laisse finalement prendre au jeu et le film ravit à la fois les passionnés de blockbusters, de films de monstres et ceux de kaiju. Maintenant vous voulez voir quels seront les prochains monstres bientôt sur vos écrans ? Restez donc après le générique…

LE BLU-RAY

Le test effectué ici est celui de l’édition 2D. Le disque repose avec celui qui propose la version 3D, dans un boîtier Steelbook au visuel élégant. Le menu principal est fixe et muet.

Deux premières featurettes sont d’abord jointes dans le module La Naissance d’un roi. Comme les titres l’indiquent, Fabriquer une icône (12’) et Invoquer un Dieu (13’) reviennent sur la création du nouveau Kong à l’écran, sur la mythologie de la créature au cinéma (avec des images du premier King Kong), son héritage, ainsi que les partis pris, les personnages, les décors. Les comédiens, le réalisateur et les producteurs sont en plein service promotionnel et y vont à fond dans les superlatifs, tandis que des images nous dévoilent l’envers du décor et la création des images de synthèse.

L’une des réussites de Kong: Skull Island est la beauté des décors naturels. Un module est consacré au tournage du film au Vietnam, avec les impressions de l’équipe après leur arrivée et une conférence de presse donnée avant le premier clap (6’).

Les fans de Tom Hiddleston se précipiteront sur le segment intitulé L’Aventurier intrépide (7’), durant lequel le comédien fait part de ses impressions au fil du tournage dispersé entre l’Australie et le Vietnam, en passant par Hawaii.

A travers l’objectif (2’) : Dans Kong: Skull Island, Brie Larson ne possède pas d’autre arme que son appareil photo. Afin d’aider son actrice à « entrer dans son personnage », le réalisateur Jordan Vogt-Roberts lui a confié un véritable Leica qu’elle pouvait réellement utiliser durant les prises de vue. Possédant un talent pour la photographie, une partie des photos de Brie Larson ont ensuite été utilisées pour la promotion du film.

Dans la section Les Dossiers Monarch (8’), l’éditeur joint de fausses archives classées top secret, créées pour le film afin de donner un cachet réaliste aux images militaires, réutilisées pour la promotion de Kong: Skull island. Nous en apprenons plus sur l’île en général, mais aussi et surtout sur les différentes créatures qui la peuplent. Tout cela histoire de poser des éléments pour les prochaines suites en préparation.

4 petites minutes de scènes coupées complètent ces suppléments, dont la présentation originale de Samuel L. Jackson qui fait un discours à ses hommes avant de leur proposer de trinquer ensemble. Ces séquences appuient également la méfiance de James Conrad quand il découvre l’étrange présence d’armes à feu avant de s’embarquer.

Enfin, l’interactivité se clôt sur un commentaire audio du metteur en scène Jordan Vogt-Roberts, disponible en version originale non sous-titrée.

L’Image et le son

Grand spectacle au cinéma, Kong: Skull Island se devait de placer la barre haute pour son arrivée dans les bacs à destination des installations Home-Cinéma. C’est le cas avec ce sublime Blu-ray concocté par Warner qui en met plein les yeux. Tourné grâce aux caméras numériques Arri Alexa XT Plus, Kong: Skull Island doit se voir ou se revoir en Haute définition. Les effets numériques sont ahurissants de beauté, le piqué est affûté comme la lame d’un scalpel, les couleurs impressionnantes, les contrastes léchés, les noirs denses et la profondeur de champ omniprésente. Les détails sont légion à l’avant comme à l’arrière-plan, de jour comme de nuit, le relief ne cesse d’étonner et le rendu des textures est subjuguant. Le nec plus ultra pour apprécier toute la richesse de la photographie du chef opérateur surdoué Larry Fong, à qui l’on doit les images des principaux films de Zack Snyder, 300, Watchmen: Les gardiens, Sucker Punch, mais aussi Batman v Superman: L’aube de la justice. Voilà un beau Blu-ray de démonstration.

Les versions française et originale bénéficient d’un mixage Dolby Atmos particulièrement puissant ! Ne vous en faites pas, si vous ne possédez pas l’installation nécessaire, les pistes mutent en Dolby True HD 7.1 pour la première (également dispo en DTS-HD Master Audio 5.1) et en Dolby Digital + pour la seconde. Dans les deux cas, les dialogues y sont remarquablement exsudés par la centrale, les frontales sont saisissantes, les effets et ambiances dantesques (l’orage, l’affrontement de Kong contre les hélicoptères, tout le film quoi), les enceintes arrière instaurent constamment un environnement musical, tout comme le caisson de basses qui se mêle à l’ensemble avec fracas, notamment quand Kong se déplace et se retrouve face à d’autres créatures de sa taille. Un grand spectacle acoustique !

Crédits images : © Warner Bros. / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Logan, réalisé par James Mangold

LOGAN réalisé par James Mangold, disponible en DVD, Blu-ray et Blu-ray 4K Ultra HD le 5 juillet 2017 chez 20th Century Fox

Acteurs : Hugh Jackman, Patrick Stewart, Dafne Keen, Boyd Holbrook, Stephen Merchant, Elizabeth Rodriguez, Richard E. Grant, Eriq La Salle…

Scénario : Scott Frank, James Mangold, Michael Green

Photographie : John Mathieson

Musique : Marco Beltrami

Durée : 2h17

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Dans un futur proche, un certain Logan, épuisé de fatigue, s’occupe d’un Professeur X souffrant, dans un lieu gardé secret à la frontière Mexicaine. Mais les tentatives de Logan pour se retrancher du monde et rompre avec son passé vont s’épuiser lorsqu’une jeune mutante traquée par de sombres individus va se retrouver soudainement face à lui.

Alors que Bryan Singer s’évertue à détruire une saga qu’il a lui-même engrangée en 2000, avec récemment l’affreux X-Men: Days of Future Past (201) et l’immonde X-Men : Apocalypse (2016), le mutant le plus charismatique, Wolverine, avait également du mal à convaincre de son côté avec ses spin-off. Après l’ignominie réalisée par Gavin Hood en 2009, X-Men Origins: Wolverine (2011), James Mangold avait réussi à relever le niveau deux ans plus tard avec Wolverine : Le Combat de l’immortel. Toutefois, si Wolverine reprenait du poil de la bête, la réussite était loin d’être totale et le film péchait par un manque de rythme et d’intérêt. Les fans du griffu commençaient sérieusement à perdre patience et l’espoir, quand James Mangold et Hugh Jackman se sont enfin décidés à leur offrir LE film qu’ils attendaient. Remarquable, sublime, intelligent, hallucinant, les qualificatifs ne manquent pas pour parler de Logan, film indépendant, classé R donc interdit aux mineurs de moins de 17 ans non accompagnés aux Etats-Unis (aux moins de 12 ans avec avertissement en France), d’une violence inouïe (membres tranchés, décapitations, têtes transpercées), sombre, brutal et crépusculaire, qui fait fi des épisodes précédents, tout en jouant avec la mythologie du personnage principal.

2029. Désabusé et diminué, grisonnant, alcoolique, boitant d’une jambe, les yeux injectés de sang et ses griffes ayant même du mal à s’extraire, Logan veille sur le professeur Xavier dans un refuge isolé près de la frontière mexicaine. Le superhéros aux griffes d’acier veut à tout prix protéger le chef de X-Men. C’est alors qu’il croise le chemin de la petite Laura, qui a le même pouvoir que lui. En raison de son jeune âge, elle ne parvient pas à maîtriser son don. Logan décide de prendre Laura sous son aile. Donald Pierce, qui travaille pour le docteur Zander Rice, veut mettre la main sur l’enfant pour en faire un cobaye. En compagnie du professeur Xavier, Logan va devoir sortir de sa retraite et fuir leurs poursuivants. 17 ans après avoir créé le rôle de Wolverine dans le premier opus de la franchise et explosé aux yeux du monde, Hugh Jackman signe non seulement l’incarnation de Wolverine – la neuvième – telle que nous la rêvions tous, mais il signe également la plus grande prestation de toute sa carrière. S’il a maintes fois prouvé qu’il n’était pas seulement Wolverine à travers ses compositions chez Woody Allen (Scoop), Darren Aronofsky (The Fountain), Christopher Nolan (The Prestige), Baz Luhrmann (Australia) et dernièrement dans le génial Eddie the Eagle de Dexter Fletcher, Hugh Jackman livre une immense prestation dans Logan, qui devrait largement être saluée par une nomination aux prochains Oscars, ce qui serait largement justifié. Pour sa troisième collaboration avec James Mangold (Kate et Léopold en 2001 et le second Wolverine donc), le comédien tire sa révérence de façon magistrale.

Afin d’éviter la redondance auprès des spectateurs et afin de s’éloigner des standards actuels, tout comme des couleurs fluo et du spandex chers à Singer (et paf encore dans la tête), Logan a été pensé comme un opus qui se suffit à lui-même et qui s’adresse à un public adulte, non pas seulement avec ses séquences de violence très graphique à la John Rambo (si si), mais avec les thèmes qu’il explore. C’est ainsi que le personnage est mis face à ce qu’il redoute et ce qui l’effraie le plus au monde, l’amour, l’intimité et l’attachement. A la fois road-movie et récit initiatique, ce qui va souvent de paire, Logan s’avère un drame intimiste et bouleversant sur la transmission et la rédemption. Pensé comme un chaînon manquant entre L’Epreuve de force, Josey Wales hors-la-loi et Impitoyable de Clint Eastwood (Hugh Jackman ne lui a d’ailleurs jamais autant ressemblé physiquement), mâtiné de Little Miss Sunshine (dixit James Mangold) et L’Homme des vallées perdues de Georges Stevens (dont un extrait apparaît dans une scène centrale du film), Logan déjoue toutes les attentes tout en les comblant.

C’est ainsi que Logan se retrouve au milieu de nulle-part dans le désert californien, flanqué d’un professeur Xavier devenu dangereux car incapable de contenir des crises capables d’exterminer toutes les personnes autour de lui et qui ont sûrement (mais rien ne l’indique vraiment) tué les autres mutants. Confiné dans un réservoir délabré, sinistre et renversé qui rappelle furieusement le Cerebro, le professeur ne survit que grâce à Logan, obligé de le droguer. Tout irait presque pour le mieux quand apparaît soudain Laura, version miniature de Wolverine, qui s’avère – ce n’est pas vraiment un spoiler de le dévoiler – la « fille » de Logan, capable de se régénérer et également dotée de griffes rétractables aux mains et d’une autre au bout d’un de ses pieds. La jeune Dafne Keen crève l’écran dans le rôle de Laura et tient la dragée haute à Hugh Jackman. Même si elle ne décroche pas la mâchoire pendant 1h30, son charisme foudroie et sa prestation laisse pantois.

James Mangold avait déjà abordé le western à travers son excellent remake de 3h10 pour Yuma dix ans auparavant. Logan s’inscrit dans ce genre, entre autres, puisqu’il fait également penser aux thrillers des années 1970. Le sang se mélange à la poussière, les effets visuels sont limités et tout le film repose sur les personnages et l’histoire très ambitieuse. En prenant le contre-pied de tout ce qui a été fait jusque-là dans la franchise X-Men, avec un budget plus modeste, sans scène post-générique, sans caméo de Stan Lee, sans aucune surenchère visuelle, Logan s’impose comme l’un des plus grands films de super-héros jamais réalisé, dans lequel le personnage principal est au bout du rouleau, épuisé d’être Wolverine (d’ailleurs son corps se régénère beaucoup moins bien et très lentement) et fuit les responsabilités, les attentes et sa célébrité. Mangold et ses scénaristes, inspirés par le comics Old Man Logan créé par Mark Millar et Steve McNiven, jouent la carte méta en incluant des bandes dessinées X-Men inspirées des propres aventures de Wolverine et de ses camarades, que Logan rejette avec écoeurement. Outre son père spirituel et sa fille, Logan doit également faire face à son double, à une version de lui plus jeune et améliorée, un clone mutant X-23, qui représente le passé extrêmement violent du personnage, qu’il doit donc affronter, accepter, pour finalement partir en paix, tandis que les spectateurs pleurent toutes les larmes de leurs corps.

James Mangold et son chef opérateur John Mathieson (Gladiator, Hannibal) ont réussi à pousser encore plus loin cette expérience cinématographique en réalisant une version N&B de Logan, renforçant encore plus le nihilisme du film. Difficile après de s’en détacher et cette version monochrome s’inscrit instantanément dans les mémoires. Magnifique.

LE BLU-RAY

L’édition HD de Logan contient deux disques comprenant d’un côté la version cinéma et de l’autre la version Noir et Blanc. Ces galettes reposent dans un boîtier bleu classique. Le visuel déçoit quelque peu sur l’édition standard et l’on aurait aimé retrouver celui avec les mains de Logan et de Laura. Le boîtier repose dans un fourreau liseré noir, comme un brassard de deuil. Notons qu’il existe également une déclinaison limitée en Steelbook avec une illustration signée par Steve McNiven, dessinateur de comics (Civil War, Wolverine Old Man Logan). Sur les deux disques, les menus principaux sont identiques, animés et musicaux, en couleur sur le premier, en N&B sur le second.

Les deux Blu-ray contiennent tous les deux le commentaire audio (vostf) de James Mangold, enregistré un mois après la fin du tournage. Pendant 2h15, le réalisateur réalise une véritable leçon de cinéma et revient sur tous les aspects de son film. S’il se présente en disant qu’il faudra l’excuser si jamais il fait quelques pauses, celles-ci s’avèrent très rares et cela faisait un petit bout de temps que nous n’avions pas été en présence d’un aussi bon commentaire. Posément, James Mangold aborde la genèse de Logan, née du désir entre lui et Hugh Jackman d’amener le personnage en bout de course, tout en offrant enfin aux fans du personnage l’incarnation qu’ils désiraient depuis 17 ans. Il fallait pour cela presque reprendre Wolverine à zéro, en faisant fi des conventions liées aux blockbusters actuels (y compris les autres X-Men), en respectant sa mythologie et surtout s’adresser à un public adulte. L’écriture du scénario, l’investissement de Hugh Jackman, le casting, les partis pris, les effets visuels, les cascades, les décors, les personnages, la photographie, la musique, le montage, les intentions, tous ces sujets sont longuement abordés et de façon passionnante par un cinéaste arrivé au sommet de son art et qui a peut-être réalisé le film de sa vie. Nous ne saurons que trop vous conseiller de revoir Logan (une fois de plus, mais ça ne fait pas de mal) avec ce commentaire en tout point éclairant et passionnant.

La section des suppléments propose ensuite six scènes coupées (8’), également proposées avec les commentaires du même James Mangold en option (vostf). Ces séquences non montées essentiellement pour des raisons de rythme valent évidemment le coup d’oeil, notamment celle où le trio se fait arrêter par une femme flic pour vitesse excessive, ou bien encore celle du dîner alternatif durant laquelle Xavier évoque la femme décédée de Logan, une ancienne élève de son école qui s’appelait Jean Grey, que Logan « a assassiné ». Une autre séquence renforçait le côté méta avec un petit garçon mutant qui joue avec sa figurine Wolverine devant Logan, en lui demandant si Dents-de-Sabre a réellement existé.

On l’attendait, le voilà, le making of divisé en six chapitres, d’une durée totale et impressionnante d’1h16, qui propose de suivre le tournage du film dans l’ordre chronologique de l’histoire. Tous les comédiens, le réalisateur, les producteurs, le directeur de la photographie, le compositeur, le chef décorateur, les scénaristes interviennent à tour de rôle au fil de très nombreuses images du plateau, des répétitions, des concepts visuels et même de certains screentests dont celui de l’incroyable Dafne Keen. Un documentaire très bien réalisé et monté, dense, riche et une fois de plus indispensable pour celles et ceux qui ont comme nous succombé devant ce chef d’oeuvre. En plus, ce making of parvient à illustrer les propos de James Mangold dans son commentaire, sans tomber dans la redondance.

Outre trois bandes-annonces, dont une censurée, nous trouvons la version N&B de Logan, que James Mangold évoque dans son commentaire audio. Ruez-vous immédiatement sur cette option qui renforce encore plus les thèmes et les partis pris du film. D’une incroyable beauté, ce N&B (dont nous parlons dans la critique Image ci-dessous) brûle les rétines et il est fort probable que les spectateurs qui auront la chance de découvrir cette version ne jureront que par elle lors des prochains visionnages.

L’Image et le son

Version cinéma : Le master HD dépasse toutes les attentes et restitue merveilleusement les magnifiques partis pris esthétiques du directeur de la photographie John Mathieson (Gladiator, Hannibal, X-Men: Le commencement). Le piqué est constamment vif et acéré aux quatre coins du cadre large (jusque dans la barbe hirsute de Hugh Jackman), la colorimétrie scintillante (la terre sableuse et poussiéreuse s’oppose au bleu-blanc du ciel), les contrastes d’une rare densité, la compression solide comme un roc et la définition subjugue à chaque plan. Ajoutez à cela un grain sensible – tournage en Arri Alexa XT qui crée souvent une patine proche de l’argentique – qui flatte constamment la rétine, un relief impressionnant et une clarté aveuglante sur certains plans diurnes. Le rendu est optimal, y compris sur les séquences nocturnes avec des noirs denses et des détails aussi foisonnants. Un apport HD omniprésent !

Version Noir et Blanc : A l’instar de The Mist de Frank Darabont, qui avait tout d’abord imaginé son film en monochrome, version qui avait ensuite été disponible dans une version DVD limitée chez TF1 Vidéo, puis dans une moindre mesure celle récemment éditée de Mad Max: Fury Road de George Miller qui reprenait le même concept, Logan est donc proposé en N&B pour notre plus grand plaisir. Ce master HD se révèle extrêmement pointilleux en terme de piqué sur les nombreux gros plans, de gestion de contrastes (noirs denses, blancs lumineux), de détails ciselés (la sueur sur les visages), de clarté et de relief. La copie est sidérante, la profondeur de champ permet d’apprécier la composition des plans de James Mangold. Logan doit absolument être vu (et revu) ainsi car l’ensemble ravit les yeux et les sens du début à la fin. Quelle beauté ! Pour les cinéphiles, l’éditeur a même intégré l’ancien logo de la Fox et le panneau Cinemascope, renforçant ainsi l’illusion de se retrouver face à un western anachronique.

Passons rapidement sur ce qui nous empêche d’attribuer la note maximale à cette case : la version française. S’il n’est pas déshonorant et remplit parfaitement son office, le mixage DTS 5.1 ne peut rivaliser avec la piste anglaise DTS HD Master Audio 7.1. Cette dernière laisse pantois par son ardeur, son soutien systématique des latérales, ses basses percutantes. Véritablement explosive, la version originale s’impose comme une véritable acoustique de démonstration avec des dialogues remarquablement exsudés par la centrale, des frontales saisissantes, des effets et ambiances riches, les enceintes arrière instaurent constamment un environnement musical, tout comme le caisson de basses, mis à rude épreuve, qui n’en finit pas de marteler les séquences les plus mouvementées à l’instar des crises du Professeur Xavier et des bastons Logan/X24. Un excellent spectacle phonique que l’on retrouve sur les deux versions du film.

Crédits images : © Twentieth Century Fox France / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / The Lost City of Z, réalisé par James Gray

THE LOST CITY OF Z réalisé par James Gray, disponible en DVD et Blu-ray le 18 juillet 2017 chez ESC Editions

Acteurs : Charlie Hunnam, Sienna Miller, Tom Holland, Robert Pattinson, Angus Macfadyen, Edward Ashley…

Scénario : James Gray, d’après le livre de David Grann « La Cité perdue de Z : une expédition légendaire au cœur de l’Amazonie » (« The Lost City of Z: A Tale of Deadly Obsession in the Amazon« )

Photographie : Darius Khondji

Musique : Christopher Spelman

Durée : 2h15

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

L’histoire vraie de Percival Harrison Fawcett, un des plus grands explorateurs du XXe siècle. Percy Fawcett est un colonel britannique reconnu et un mari aimant. En 1906, alors qu’il s’apprête à devenir père, la Société géographique royale d’Angleterre lui propose de partir en Amazonie afin de cartographier les frontières entre le Brésil et la Bolivie. Sur place, l’homme se prend de passion pour l’exploration et découvre des traces de ce qu’il pense être une cité perdue très ancienne. De retour en Angleterre, Fawcett n’a de cesse de penser à cette mystérieuse civilisation, tiraillé entre son amour pour sa famille et sa soif d’exploration et de gloire…

En cinq longs métrages seulement, James Gray est devenu l’un des cinéastes les plus prisés de la critique française, tout en bénéficiant également de la faveur des spectateurs. De Little Odessa son premier film (1994), puis The Yards (2000), La Nuit nous appartient (2007) son plus grand succès en France, suivi de près par Two Lovers (2008) puis The Immigrant avec notre Marion Cotillard nationale, le metteur en scène américain, très influencé par le cinéma européen, a su très vite se faire une place dans le coeur des cinéphiles. Son sixième long métrage, The Lost City of Z, est l’adaptation du roman La Cité perdue de Z, écrit par David Grann et publié en 2009. Depuis sa découverte du livre, James Gray cherchait à le transposer à l’écran, sans obtenir les financements nécessaires (30 millions de dollars, son plus gros budget à ce jour) afin de pouvoir tourner dans la forêt tropicale colombienne. Ceci pour mieux coller aux véritables aventures du célèbre explorateur britannique Percy Fawcett, né en 1867 et probablement décédé en 1925, qui a mystérieusement disparu sans laisser de trace dans la jungle brésilienne en cherchant une cité perdue datant de l’Atlantide, ainsi que son ancienne civilisation amazonienne.

A l’instar de Werner Herzog et de ses chefs d’oeuvre absolu Fitzcarraldo et Aguirre, la colère de Dieu, James Gray souhaite ici retranscrire la soif de découverte de son personnage principal, prêt à tout pour aller au bout son rêve (y compris pour s’élever socialement), quitte à délaisser sa famille et à plonger toujours plus profondément, jusqu’à se perdre dans un mirage. Percival Harrison Fawcett sait que la résolution est proche, même si le but ultime semble chaque fois inaccessible. Prêt à affronter le scepticisme de la communauté scientifique et l’armée britannique, il ne renoncera jamais, quitte à endurer les trahisons de ceux qu’il croyait être ses proches, sans oublier les épreuves les plus inimaginables comme renoncer à voir grandir ses enfants. Malgré les défections de Brad Pitt (qui reste néanmoins producteur délégué) et de Benedict Cumberbact qui auraient pu le décourager, James Gray, comme son personnage principal, n’a jamais renoncé à The Lost City of Z. C’est finalement Charlie Hunnam (Sons of Anarchy, Pacific Rim et Crimson Peak de Guillermo del Toro) qui hérite du rôle principal, tâche dont il s’acquitte admirablement. Des tranchées de la Somme (Fawcett était militaire de carrière) au fin fond de la jungle amazonienne, le comédien campe un Percy Fawcett magnifiquement ambigu et charismatique, attachant et parfois agaçant, en contradiction avec lui-même, toujours animé par son rêve qui a conduit sa vie, ainsi que celle de sa famille.

Comme d’habitude, James Gray a constitué un casting exceptionnel. Aux côtés de Charlie Hunnam, Robert Pattinson est tout aussi investi. Après ses incursions chez David Cronenberg et The Rover de David Michôd, il démontre une fois de plus que la période Twilight est déjà loin. The Lost City of Z confirme également que Sienna Miller est bel et bien devenue l’une des meilleures et précieuses comédiennes aujourd’hui. A l’instar de ses dernières compositions dans Foxcatcher de Bennett Miller, American Sniper de Clint Eastwood et Live by Night de Ben Affleck, elle démontre son art de la transformation, tout comme son immense talent pour passer d’un univers à l’autre et camper des personnages diamétralement opposés. Elle y est sensationnelle. Tom Holland, révélation en 2012 de The Impossible de Juan Antonio Bayona et désormais nouveau Peter Parker / Spider-Man, prouve tout le bien que l’on pense de lui dans le rôle de Jack, le fils de Percy, qui a grandi sans voir son père et qui décide pourtant se joindre à lui pour son ultime expédition.

Même si pour la première fois l’un de ses films ne se déroule pas à New York, la mélancolie propre au cinéaste imprègne The Lost City of Z du début à la fin, tout comme il y aborde une fois de plus ses thèmes de prédilection, la lutte des classes sociales, la place de l’individu dans la société et la cellule familiale. Ou comment allier le grandiose avec cette obsession d’une cité perdue, pour finalement se diriger vers l’intime et l’apaisement avec cet amour enfin trouvé entre un père et son jeune fils dans un épilogue bouleversant et foudroyant de beauté, à la lisière du fantastique.

Véritable séance d’hypnose, impression renforcée par la photo ambrée, émeraude et éthérée réalisée en 35mm par l’immense chef opérateur Darius Khondji, The Lost City of Z est ni plus ni moins la plus grande expérience cinématographique de l’année 2017, un chef d’oeuvre instantané dont on aimerait découvrir un jour la première version d’une durée dingue de 4h15. Une fresque foisonnante, épique, immersive, vertigineuse et époustouflante, dont l’anachronisme dans le monde cinématographique contemporain décuple la rareté.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de The Lost City of Z, disponible chez StudioCanal, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sobre, animé et musical.

Le premier module de trois minutes (!) donne la parole à l’auteur David Grann, aux comédiens Charlie Hunnam et Sienna Miller, ainsi qu’au réalisateur James Gray, qui reviennent sur l’histoire, les personnages et le financement chaotique du film (« des difficultés qui ont décuplé mon envie de faire The Lost City of Z » dixit James Gray), lors de sa promotion. Quelques rapides images dévoilent l’envers du décor et les conditions de tournage. Dommage que ce document soit si court !

L’éditeur joint encore deux interviews promotionnelles, celle de James Gray (6’) et de Sienna Miller (4’). Les questions apparaissent sous forme de carton. Si Sienna Miller apparaît plus à l’aise dans l’exercice, on sent James Gray se forcer à répondre à quelques questions « classiques », du style « Pourquoi avez-vous eu envie de faire ce film ? », tout en évoquant le livre de David Grann et en indiquant que « c’était un tournage amusant ». De son côté, la ravissante Sienna Miller revient sur son personnage, sa préparation, le tournage en Irlande du Nord et indique qu’elle s’était engagée sur ce film sept ans auparavant.

Un segment de cinq minutes revient sur la figure de Percival Harrison Fawcett, à travers des propos de l’écrivain David Grann, du journaliste et écrivain Dan Snow et du sociologue Mark Greaves.

Mais le plus gros de cette interactivité s’avère la masterclass de James Gray (39’) réalisée à la Cinémathèque française le 6 mars 2017 après la projection de The Lost City of Z. Animée par le journaliste Frédéric Bonnaud, également directeur de la Cinémathèque française, cette discussion est évidemment indispensable pour tous les passionnés du cinéma de James Gray, même si celui-ci aime parfois brouiller les pistes et ne pas dévoiler toutes les clés de ses œuvres. Le réalisateur évoque la longue gestation de son sixième long métrage (presque dix ans pour trouver les financements), les thèmes, les personnages, mais parle également de l’industrie hollywoodienne, de la production indépendante, de ses influences (le cinéma européen), son rapport avec les spectateurs (« satisfaire, mais pas exploiter l’audience »), les conditions de tournage et la photographie 35mm de Darius Khondji.

L’Image et le son

Studiocanal se devait d’offrir un service après-vente remarquable pour la sortie dans les bacs du plus beau film de l’année 2017. L’éditeur prend donc soin du chef d’oeuvre de James Gray et livre un master HD irréprochable au transfert immaculé. Respectueuse des volontés artistiques originales concoctées par Darius Khondji, qui avait précédemment signé la photographie de The Immigrant, la copie de The Lost City of Z se révèle un petit bijou technique avec des teintes chaudes, ambrées et dorées (des filtres jaunes pour résumer), un grain argentique palpable (tournage réalisé en 35mm), le tout soutenu par un encodage AVC de haute volée. Le piqué, tout comme les contrastes, sont tranchants, les arrière-plans sont magnifiquement détaillés, le relief omniprésent et les détails foisonnants sur le cadre large. Le Blu-ray était l’écrin tout désigné pour revoir cette œuvre majestueuse.

Vous pouvez compter sur les mixages DTS-HD Master Audio anglais et français pour vous plonger dans l’atmosphère du film, bien que l’action demeure souvent réduite. Toutes les enceintes sont exploitées, les voix sont très imposantes sur la centrale et se lient à merveille avec la balance frontale, riche et dense, ainsi que les enceintes latérales qui distillent quelques ambiances naturelles. Le caisson de basses se mêle également à la partie avec quelques montées bienvenues. Notons que la version originale l’emporte sur la piste française, se révèle plus naturelle et homogène, y compris du point de vue de la spatialisation musicale. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription pour les spectateurs aveugles et malvoyants. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.

Crédits images : © Aidan Monaghan / StudioCanal / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / L’Enfer au-dessous de zéro, réalisé par Mark Robson

L’ENFER AU-DESSOUS DE ZÉRO (Hell Below Zero) réalisé par Mark Robson, disponible en DVD le 23 mai 2017 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Alan Ladd, Joan Tetzel, Basil Sydney, Stanley Baker, Joseph Tomelty, Niall MacGinnis

Scénario : Alec Coppel, Max Trell, Richard Maibaum d’après le roman de Hammond Innes

Photographie : John Wilcox

Musique : Clifton Parker

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1954

LE FILM

Lorsque son père capitaine est porté disparu en Antarctique, sa fille Judie Nordhall part immédiatement à sa recherche. En chemin, elle rencontre un ancien officier de la Navy, Duncan Craig. Ce dernier, qui tombe immédiatement sous le charme de la jeune femme, s’engage comme matelot sur le baleinier qui doit effectuer les recherches.

Entre Les Bérets rouges de Terence Young et La Brigade héroïque de Raoul Walsh, Alan Ladd trouve le temps de tourner un petit film d’aventures bien connu des cinéphiles, L’Enfer au-dessous de zéroHell Below Zero, produit par Albert R. Broccoli, bien avant qu’il ne lance la saga James Bond. Au sommet de sa carrière, le comédien sort du triomphe du western L’Homme des vallées perduesShane de George Stevens. En dehors de ses deux collaborations avec le cinéaste Delmer Daves sur L’Aigle solitaire (1954) et L’Or du Hollandais (1958), Alan Ladd ne parviendra jamais à retrouver les faveurs du public. Il sombre progressivement dans l’alcool et les médicaments jusqu’à sa mort prématurée en 1964 à l’âge de 50 ans.

L’Enfer au-dessous de zéro est un divertissement désuet réalisé par le canadien Mark Robson (1913-1978), ancien monteur de Jacques Tourneur sur La Féline et Vaudou, mais aussi d’Orson Welles sur La Splendeur des Amberson. Eclectique, mais aussi inégal, on lui doit Le Champion avec Kirk Douglas (1949), Le Procès avec Glenn Ford (1955), Plus dure sera la chute avec Humphrey Bogart (1956), ainsi que deux films de guerre très célèbres, L’Express du colonel Von Ryan avec Frank Sinatra (1965) et Les Centurions avec Anthony Quinn et Alain Delon (1966). L’un de ses derniers films, Tremblement de terre (1974) demeure l’un des fleurons du genre catastrophe. Bon technicien, Mark Robson s’en tire honorablement derrière la caméra sur L’Enfer au-dessous de zéro, même s’il n’est pas aidé par des transparences omniprésentes et surtout très mal fichues, ainsi que par l’utilisation de maquettes visibles et rudimentaires, sans oublier des décors en carton-pâte supposés représenter l’Antarctique. Tout est fait pour nous faire croire qu’Alan Ladd déambule sur le pont d’un baleinier, mais malgré les efforts de l’équipe des effets spéciaux, cela ne fonctionne pas. Mark Robson incruste des images très impressionnantes, pour ne pas dire horribles, provenant d’un documentaire sur la chasse à la baleine, qui pourraient encore heurter les défenseurs de la cause animale et les spectateurs les plus sensibles.

L’histoire ne manque pas d’attraits. Le Baker, un navire de Bland Nordhal Whaling company signale la disparition en mer de son capitaine, Bernd Nordhah, qui se serait suicidé. Aussitôt informés, Judie, la fille du disparu et son associé John Bland s’envolent pour l’Antarctique dans l’espoir de retrouver sa trace. Sur le chemin Judie fait la connaissance de Duncan Craig, un ancien officier de la Navy à qui elle confie sa crainte que son père ait pu être assassiné. Séduit, Duncan se fait embaucher comme premier matelot sur le baleinier où Judie embarque. Le médecin du bord, que l’ivresse rend bavard, lui raconte que Nordhal a très certainement été victime de son associé et ancien fiancé de Judie. La magie du Technicolor opère, mais L’Enfer au-dessous de zéro vaut essentiellement pour la prestation d’Alan Ladd, élégant, sourire en coin, regard de velours, qui n’hésite pas à donner du poing et qui s’en sort d’ailleurs pas mal dans les bagarres. A ses côtés, l’actrice Joan Tetzel, vue dans Le Procès Paradine d’Alfred Hitchcock, qui a peu tourné pour le cinéma, se révèle charmante et l’alchimie fonctionne avec son partenaire. Le badguy, c’est le vénéneux Stanley Baker avec sa trogne taillée à la serpe, qui tient la dragée haute à Alan Ladd et qui s’avère parfait en salaud de service.

L’Enfer au-dessous de zéro reste un spectacle agréable, qui se laisse agréablement suivre grâce au talent de ses comédiens, à ses nombreuses péripéties sur les eaux glacées de l’Antarctique et à son petit souffle romanesque.

LE DVD

Le DVD de L’Enfer au-dessous de zéro, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

Comme pour ses titres western et polars, l’éditeur a confié la présentation de L’Enfer au-dessous de zéro à l’imminent Patrick Brion (7’). L’historien du cinéma évoque le tournage du film en Angleterre et ne cache pas son plaisir d’avoir revu Alan Ladd à l’écran en avouant que cela faisait longtemps qu’il n’avait pas visionné un long métrage avec le comédien. Brion revient rapidement sur le statut de star de l’acteur, tout en donnant quelques indications sur le réalisateur Mark Robson et l’usage des stockshots.

Sidonis nous gratifie ensuite d’un documentaire rétrospectif sur Alan Ladd réalisé en 1998 et intitulé Le Véritable homme tranquille (57’). Constitué d’archives personnelles, de photos, de films de famille, d’extraits, de bandes-annonces d’époque, ce module croise également les interventions – doublées par une voix-off française – de quelques acteurs (Lizabeth Scott , Mona Freeman, Peter Hansen, Paricia Medina), réalisateurs (Edward Dmytryk), d’historiens du cinéma et de proches (David Ladd, le fils du comédien). La réalisation est classique, comme une illustration en images de la fiche Wikipédia d’Alan Ladd (on y brasse son enfance, le trauma avec le suicide de sa mère devant ses yeux, ses débuts, ses premiers succès, ses problèmes avec l’alcool et les médicaments, sa vie de famille, son rapport avec les femmes), mais l’ensemble est suffisamment intéressant et n’est pas avare en images rares voire inédites.

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos et d’affiches d’exploitation.

L’Image et le son

Si L’Enfer au-dessous de zéro a un temps été annoncé en Haute-Définition par Sidonis Calysta, force est de constater que l’éditeur a dû revoir ses ambitions puisqu’il ne propose le film de Mark Robson qu’en DVD. Vu l’état de la copie, cela semble plus raisonnable. Non pas que le master 1.33 (16/9) soit « ultra » mauvais, mais en raison de l’étalonnage des couleurs qui laisse parfois vraiment à désirer, tout comme le lissage vraiment trop important du grain original ! A tel point que les transparences, déjà mauvaises à la base, donnent à l’ensemble un côté artificiel assez laid. La gestion des contrastes est elle aussi aléatoire, parfois pendant une même séquence. Un effet de pompage n’a pu être équilibré, quelques scories demeurent, tâches, points, fils en bord de cadre et rayures verticales, les stockshots sont tout de suite visibles (ou moins, puisqu’ils sont souvent flous), bref, ce n’est pas très reluisant tout ça.

Que votre choix se porte sur la version originale (avec sous-titres français imposés) ou la version française, la restauration est en revanche fort satisfaisante ici. Aucun souffle constaté sur les deux pistes, l’écoute est claire, frontale et riche, dynamique et vive. Les effets annexes et la musique sont plus conséquents sur la version originale que sur la piste française, moins précise, mais le confort acoustique est assuré sur les deux options. Le changement de langue est verrouillé à la volée et les sous-titres français imposés sur la version originale.

Crédits images : © Columbia / Sidonis Calysta / Captures du DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Empereur du Nord, réalisé par Robert Aldrich

L’EMPEREUR DU NORD (Emperor of the North) réalisé par Robert Aldrich, disponible Combo Blu-ray + DVD le 7 juin 2017 chez Wild Side Video

Acteurs : Lee Marvin, Ernest Borgnine, Keith Carradine, Charles Tyner, Malcolm Atterbury, Simon Oakland

Scénario : Christopher Knopf

Photographie : Joseph F. Biroc

Musique : Frank De Vol

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Etats-Unis, années 30. La Grande Dépression plonge des millions d’Américains dans la misère. Des vagabonds arpentent le pays à la recherche d’un emploi ou d’une simple soupe. Certains tentent de voyager clandestinement à bord des trains de marchandises. Le plus convoité est celui de la ligne 19. Mais la splendide locomotive est gardée par Shack, une brute sanguinaire et sadique, qui n’hésite pas à s’attaquer sauvagement à tous les « trimardeurs » qui osent monter sur sa machine. Seul un vagabond légendaire, appelé « Numéro 1 », ose défier le chef de train. L’affrontement devient inévitable…

Quand il réalise L’Empereur du Nord en 1973, le cinéaste Robert Aldrich a déjà les 3/4 de sa carrière derrière lui. L’auteur de Bronco Apache, Vera Cruz, En quatrième vitesse, Le Grand couteau, Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?, Chut… chut, chère Charlotte, Les Douze Salopards, Plein la gueule et bien d’autres films qui sont autant de grands classiques et chefs d’oeuvre, s’empare d’un scénario de Christopher Knopf. Inspiré des aventures de Leon Ray Livingston, le film est aussi et surtout une libre adaptation de La Route : Les Vagabonds du rail de Jack London (1907), ouvrage dans lequel l’écrivain relatait son errance aux côtés de vagabonds qui « brûlaient le dur », en d’autres termes qui voyageaient comme passagers clandestins sur le toit des trains. Si L’Empereur du Nord ne possède pas – à tort – le même statut que ses autres films, Robert Aldrich y fait pourtant preuve d’une indéniable virtuosité, sa direction d’acteurs est toujours extraordinaire et ce qui a souvent frappé dans son cinéma, sa spontanéité, son énergie et son élégance, se retrouve dans ce film méconnu.

Ses deux têtes d’affiche, Lee Marvin et Ernest Borgnine, rivalisent de charisme et de talent, tout en prenant un malin et contagieux plaisir à jouer au chat et à la souris, jusqu’à l’affrontement brutal, par coups de marteau, de chaînes et de poutres interposés. Si le premier n’a qu’à se placer devant la caméra pour s’imposer immédiatement avec ses yeux de félins, sa voix caverneuse et son visage buriné, véritable étendard d’une communauté et symbole du défi à l’autorité, le second se taille part du lion dans le rôle du sadique Shack, qui n’hésite pas à assommer les vagabonds d’un coup de marteau, tout en jubilant de les voir se faire écraser sous les roues du train lancé à pleine vitesse. Leur affrontement durant deux heures font tout le sel de ce film, qui n’a connu aucun succès dans les salles, mais qui est ensuite devenu culte. C’est la quatrième fois que les deux comédiens sont réunis à l’écran après Un homme est passé de John Sturges (1955), Les Inconnus dans la ville de Richard Fleischer (1955) et bien sûr Les Douze Salopards de Robert Aldrich (1966).

Quasi-inclassable, résolument moderne, oscillant entre plusieurs genres, L’Empereur du Nord se démarque par un soin particulier à reconstituer l’Amérique du début des années 1930. Comme l’indique un panneau en introduction, durant le pic de la Grande Dépression, les vagabonds parcourent le territoire en train, désespérément en quête d’un travail. Rejetés par la société, ils deviennent une espèce à part. Des nomades qui méprisent la loi et imposent la leur. « L’Homme du rail » se consacre à leur extermination. Il se dresse entre eux et leur seul moyen de survivre, le train. Puis ouverture à l’iris, comme si Robert Aldrich débutait un conte. S’ensuit une chanson légère, racontant le lien entre l’homme et le train, quand le récit est soudain parasité par le personnage de Shack qui se débarrasse sauvagement d’un vagabond ayant pris le train en marche. Puis la musique guillerette de reprendre.

Aldrich n’aura de cesse de casser le rythme de son film, en alternant des séquences douces-amères au temps quasi-suspendu, des scènes de violences sèches ou tout simplement éthérées comme cette longue séquence plongée dans le brouillard. Les dialogues sont très soignés, les personnages animés par une violence primaire, la mise en scène enlevée, le rythme soutenu, l’humour noir efficace, les acteurs parfaits jusqu’aux seconds rôles – excellent Keith Carradine, qui souhaite devenir calife à la place du calife – aux gueules patibulaires. L’Empereur du Nord s’inscrit parmi les grandes réussites du mythique réalisateur et demeure un immense plaisir de cinéphile, spectaculaire, singulier, provocateur, magistralement mis en scène (le train devient un véritable personnage à part entière), mis en musique par Frank De Vol et interprété par des comédiens, des monstres sacrés d’une classe folle avec les paysages de l’Oregon comme toile de fond. Un pur spectacle à redécouvrir.

LE BLU-RAY

Le test a été réalisé sur un check-disc. Cette édition de L’Empereur du Nord se compose du Blu-ray et du DVD du film, ainsi que d’un livret exclusif de 86 pages, spécialement écrit par Doug Headline (co-fondateur de la revue Starfix), illustré de photos d’archives rares. Le menu principal est animé et musical.

Le seul supplément disponible dans la section Interactivité est un entretien avec le scénariste Christopher Knopf réalisé en 2015 (19’). Né en 1927, notre interlocuteur parle tout d’abord de ses débuts dans le milieu du cinéma et ses premiers scénarios adaptés, Le Voleur du Roi (1955) et surtout À des millions de kilomètres de la terre de Nathan Juran (1957), pour lequel il se souvient surtout du travail et de son amitié avec Ray Harryhausen. Pour la télévision, Christopher Knopf signe ensuite des épisodes pour les séries western The Restless Gun et Au nom de la loi sur laquelle il rencontre Steve McQueen. Le scénariste déclare avoir traversé les années 1960 pour le compte de la petite lucarne, jusqu’à ce que le réalisateur Robert Aldrich- après les désistements de Martin Ritt et de Sam Peckinpah – jette son dévolu sur son histoire de L’Empereur du Nord, inspirée par un des récits de Jack London sur la vie des hobos durant la Grande Dépression.

Dans un second temps, Christopher Knopf aborde la psychologie des personnages de L’Empereur du Nord, les recherches effectuées afin de coller au plus près de la réalité, le travail des comédiens et les différences entre son scénario original et celui finalement tourné par Robert Aldrich. Ce dernier explique Knopf, ne voulait pas de sa présence sur le plateau et lui a demandé de réécrire la fin. La conclusion prévoyait que Shack et A No. 1 tombent tous les deux du train, laissant finalement Cigaret seul à bord, terrifié, prenant ainsi la place tant convoitée de la légende. Sachant que Lee Marvin n’accepterait pas un tel épilogue, le cinéaste a donc demandé au scénariste de le changer. Enfin, Christopher Knopf revient sur l’échec du film, son préféré, malgré les bonnes critiques. Le scénariste se dit heureux que cette œuvre soit enfin reconnue et même devenue culte avec les années. N’oublions pas de mentionner les précieuses images de tournage qui viennent illustrer le documentaire. L’occasion de voir Ernest Borgnine et Lee Marvin en pleine répétition du combat final, sous l’oeil attentif de Robert Aldrich !

L’Image et le son

La qualité de ce nouveau master HD issu de la restauration 4K réalisée par la Fox au format 1.85 respecté est exceptionnelle et le film de Robert Aldrich renaît littéralement devant nos yeux. Les contrastes affichent d’emblée une densité inédite, la copie est d’une propreté immaculée, aucune scorie n’a survécu au lifting numérique, le piqué est fort impressionnant sur les gros plans (la sueur, la rosacée de Lee Marvin) et les détails abondent surtout sur les plans diurnes en extérieur qui sont à couper le souffle. Si l’on excepte deux ou trois plans flous sur la séquence où les personnages sont longtemps plongés dans un brouillard à couper au couteau, ces menus accrocs sont bien trop anecdotiques compte tenu de la clarté éblouissante, des noirs concis, du grain cinéma respecté, de la colorimétrie vive et du relief inattendu. Enfin, l’ensemble est consolidé par une compression AVC de haute tenue. Magnifique Blu-ray.

L’éditeur ne propose pas un remixage inutile, mais encode les pistes originale et française en DTS-HD Master Audio mono 2.0. Passons rapidement sur la version française au doublage old-school très réussi, qui se concentre essentiellement sur le report des voix parfois au détriment de certains effets annexes. Les dialogues sont d’ailleurs trop élevés sur certaines séquences, même à faible volume, mais l’écoute demeure propre et nette. Elle n’est pas en revanche aussi fluide et homogène que la version originale, même si le report des dialogues aurait pu être plus ardent. Dans les deux cas, aucun souffle n’est à déplorer, les séquences de train lancé à fond sur les rails sont merveilleusement restituées, dynamiques et vives, tout comme le score de Frank De Vol, collaborateur fidèle de Robert Aldrich, qui profite d’une excellente exploitation des frontales. Les sous-titres sont imposés sur la version originale.

Crédits images : ©-1973-Twentieth-Century-Fox-Film-Corporation.-Renewed-©-2001-Twentieth-Century-Fox-Film-Corporation.-Tous-droits-réservés / Wild Side Video / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Capitaine Mystère, réalisé par Douglas Sirk

CAPITAINE MYSTÈRE (Captain Lightfoot) réalisé par Douglas Sirk, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 4 avril 2017 chez Elephant Films

Acteurs : Rock Hudson, Barbara Rush, Jeff Morrow, Kathleen Ryan, Finlay Currie, Denis O’Dea

Scénario : W.R. Burnett, Oscar Brodney, d’après le roman de W.R. Burnett « Le Capitaine Lightfoot » (Captain Lightfoot)

Photographie : Irving Glassberg

Musique : Heinz Roemheld, Herman Stein

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

En Irlande en 1815, Michael Martin est un jeune révolutionnaire détroussant les riches pour financer la révolution. Se sachant poursuivi par les dragons du roi, il doit fuir vers Dublin. Il y rencontre le capitaine Thunderbolt, un rebelle qui en fait son second. Le capitaine Mystère est né, l’aventure peut commencer.

Réalisé entre Le Signe du païen (1954) et Tout ce que le ciel permet (1955), Capitaine Mystère est un film à part dans l’oeuvre de Douglas Sirk, puisqu’il s’agit d’un vrai film d’aventures. Atypique, Captain Lightfoot démontre que Sirk n’était pas «  seulement  » le roi du mélodrame hollywoodien, comme l’avaient d’ailleurs prouvé ses fantastiques comédies (Qui donc a vu ma belle ?, No Room for the Groom), son drame-policier Tempête sur la colline, le péplum Le Signe du païen ou encore le western Taza, fils de Cochise. Sur un scénario coécrit par Oscar Brodney (Harvey) et W.R. Burnett d’après son propre roman, Douglas Sirk se prend au jeu et livre un petit film de genre bien troussé, même s’il demeure complètement mineur et anecdotique dans la carrière américaine du cinéaste allemand.

Au milieu du XIXe siècle, au plus fort de la lutte qui oppose les Irlandais aux Anglais, Michael Martin rejoint John Doherty, le chef des partisans irlandais, et devient son second. Doherty exploite une maison de jeu dont les revenus lui permettent de financer le mouvement de résistance qu’il dirige. Un jour, blessé, Doherty laisse le commandement à Martin et se cache dans une roulotte pour y attendre sa guérison. Martin se heurte alors à Aga, fille de Doherty, dont le caractère autoritaire et indiscipliné risque de mettre l’organisation en péril. Heureusement, l’amour, qui ne tarde pas à les réconcilier, va arranger les choses. Pour la quatrième fois, Douglas Sirk confie le rôle principal à son ami et fidèle collaborateur Rock Hudson, qui entre deux mélodrames s’offre une récréation. Le costume lui va évidemment comme un gant et le comédien est aussi charismatique que bondissant et élégant. Il prend visiblement beaucoup de plaisir à incarner ce Michael Martin, sorte de Robin des Bois irlandais maladroit devenu membre d’un groupe révolutionnaire irlandais. Le charme de Barbara Rush (Le Secret magnifique) et l’alchimie avec son partenaire font également le sel de cette oeuvre de commande.

Capitaine Mystère demeure un divertissement agréable, mais s’avère plus intéressant dans la forme que sur le fond. L’ensemble manque de fougue et de rythme (malgré ses 93 minutes), tandis que le cocktail aventures, humour, récit d’apprentissage et romance peine à trouver un équilibre. Ce qui importe vraiment dans Capitaine Mystère est le soin apporté aux costumes (de Bill Thomas), au Cinémascope et à la photographie chatoyante (Irving Glassberg), sans oublier les magnifiques décors naturels irlandais où le film a été tourné dans son intégralité, malgré une météo désastreuse. Capitaine Mystère n’a jamais la prétention de s’élever au rang de chef d’oeuvre et Douglas Sirk lui-même semble prendre un peu de repos derrière la caméra, malgré la présence des reflets dans les miroirs qui font sa marque de fabrique.

Finalement, ce que le réalisateur réussit le mieux, ce sont scènes intimistes qui s’immiscent entre deux séquences plus agitées, l’attaque d’un château ou un duel au pistolet. L’ambiance est légère, drôle (la scène de la fessée héritée de L’Homme tranquille de John Ford reste très célèbre), ironique et le film ne se prend pas au sérieux. Autant dire que les cinéphiles adeptes du cinéma de Douglas Sirk risquent d’être quelque peu décontenancés par ce jalon placé au milieu des merveilleux mélodrames qui ont fait la renommée du metteur en scène.

LE BLU-RAY

Capitaine Mystère est édité en combo par Elephant Films. Le Blu-ray et le DVD du film reposent dans un boîtier plastique. Le visuel de la jaquette est très élégant, tout comme le menu principal, fixe et musical. Ce titre rejoint la collection Douglas Sirk disponible chez Elephant, qui possède déjà dix titres à son actif.

En plus d’un lot de bandes-annonces, d’une galerie de photos et des credits du disque, nous trouvons une présentation très complète de Capitaine Mystère par Jean-Pierre Dionnet (11’). Ce dernier ne manque pas d’arguments pour défendre ce film qu’il affectionne tout particulièrement. Toujours très inspiré quand il parle de Douglas Sirk, Dionnet évoque les lieux de tournage, le rapport du réalisateur avec l’Irlande, les thèmes, le casting, la légende de Lightfoot, le romancier W.R. Burnett.

Nous le disions précédemment, Jean-Pierre Dionnet est passionné par le cinéma de Douglas Sirk. Le journaliste et critique de cinéma lui consacre un petit module de 9 minutes, dans lequel il parcourt rapidement les grandes phases de sa carrière, ses thèmes récurrents, ses comédiens fétiches, les drames qui ont marqué sa vie, son regain de popularité dans les années 1970 grâce à la critique française et quelques réalisateurs (Fassbinder, Almodóvar) alors que le cinéaste, devenu aveugle, était à la retraite en Allemagne.

L’Image et le son

Même si cela ne se voit pas particulièrement à l’image (même si le ciel est parfois très lourd), Capitaine Mystère a été tourné sous un climat pluvieux et maussade. Le crachin irlandais a amené Douglas Sirk à utiliser le Technicolor. Les couleurs sont vives voire souvent pastel, pour ne pas dire délavées. Le master HD a beau être impeccablement restauré, le grain est accentué sur les fondus enchaînés et certains effets de pompage n’ont pu être corrigés. Le Blu-ray de Capitaine Mystère au format 1080p s’accompagne des mêmes défauts que l’ancien DVD sorti chez Carlotta en 2009, notamment au niveau des nuits américaines où les visages des comédiens manquent de détails. Les contrastes sont corrects, même si souvent trop accentués sur les scènes sombres et quelques fourmillements se font ressentir sur les arrière-plans. Maître du Cinémascope, Douglas Sirk concocte cependant des plans au relief impressionnant comme lors des poursuites ou tout simplement lors de l’exposition des paysages irlandais. L’apport HD est somme toute indéniable avec une image plus stable que le précédent DVD et quelques scènes sortent du lot à l’instar du bal.

Deux options acoustiques en Mono 2.0. La version française dispose d’un doublage d’époque assez réussi, qui ne manque pas d’entrain. La piste anglaise est néanmoins plus dynamique et aérée que son homologue. Les ambiances et la musique possèdent beaucoup plus de relief sur cette piste qu’en français.

Crédits images : © Universal Pictures / Elephant Films / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Sous-marin de l’apocalypse, réalisé par Irwin Allen

LE SOUS-MARIN DE L’APOCALYPSE (Voyage to the bottom of the sea) réalisé par Irwin Allen, disponible en DVD et Blu-ray le 4 avril 2017 chez Rimini Editions

Acteurs : Walter Pidgeon, Robert Sterling, Joan Fontaine, Peter Lorre, Barbara Eden, Frankie Avalon

Scénario : Irwin Allen, Charles Bennett

Photographie : Winton C. Hoch

Musique : Paul Sawtell, Bert Shefter

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

Commandé par l’Amiral Nelson, le Sea View est un sous-marin nucléaire révolutionnaire. En plongée dans l’océan Arctique, le bâtiment est victime d’un éboulement de glace. Le retour à la surface offre un spectacle terrifiant. Victime d’un réchauffement soudain, la Terre sera bientôt impropre à toute forme de vie. Dans leur course pour sauver la planète, l’amiral et son équipage vont devoir affronter mille dangers, entre monstres marins et sous-marins ennemis.

Beaucoup de téléspectateurs connaissent la série TV Voyage au fond des mers, créée et produite par Irwin Allen (1916-1991), soit 110 épisodes réalisés de 1964 à 1968 et diffusés sur la chaine américaine ABC. Mais l’audience n’est peut-être pas au courant que cette série découle du long métrage Le Sous-marin de l’apocalypseVoyage to the bottom of the sea, réalisé par le même Irwin Allen en 1961. Grand producteur spécialisé dans les films fantastiques et d’aventures, on lui doit notamment Cette mer qui nous entoure (1952, Oscar du meilleur documentaire), Le Monde perdu (1960), Cinq semaines en ballon (1962), La Cité sous la mer (1969), qu’il a lui-même réalisé, sans oublier la série Perdus dans l’espace (1965), ainsi que les chefs d’oeuvre L’Aventure du Poséidon de Ronald Neame (1972) et La Tour infernale de John Guillermin (1974). Ce qui revient souvent dans cette filmographie c’est la fascination d’Allen pour la mer et ses secrets, ainsi que les grands spectacles directement hérités des récits de Jules Verne.

Le Sous-marin de l’apocalypse ne fait pas exception à la règle et s’avère une savoureuse relecture de Vingt mille lieues sous les mers coécrite par Irwin Allen et Charles Bennett (Les 39 marches, L’Homme qui en savait trop). Le personnage de Walter Pidgeon, génial inventeur du sous-marin, mais que ses subordonnés suspectent de tomber progressivement dans la folie, n’est pas sans rappeler celui du Capitaine Nemo. La fin du monde semble approcher à grands pas. En effet, une ceinture radioactive incandescente cerne la Terre, la menaçant d’une destruction totale et définitive. Alors que son bâtiment croise dans les eaux de l’océan Arctique, l’amiral Nelson, le commandant d’un sous-marin atomique chargé de procéder à des essais nucléaires sous les glaces du pôle Nord, apprend la terrible nouvelle. Pour lui, il n’existe qu’une seule solution : briser le cercle infernal de la ceinture de Van Allen au moyen d’un missile tiré depuis le pôle magnétique. Il fait part de son idée aux autorités de son pays, mais celles-ci tergiversent. Las d’attendre le feu vert de ses supérieurs, Nelson décide de passer à l’action. Imaginez Walter Pidgeon, Joan Fontaine et Peter Lorre en uniforme bien repassé, dos droit et regard plissé, les derniers espoirs de l’humanité sur le point d’être anéantie par un phénomène météorologique ! Tout ce beau monde, y compris Barbara Eden, Robert Sterling, Michael Ansara et même Frankie Avalon qui pousse également la chansonnette du générique d’ouverture, sont réunis dans leur sous-marin dernier cri avec sa forme de cigare argenté et ses huit hublots moulés dans son nez de verre.

Le Sous-marin de l’apocalypse est un savoureux film de science-fiction vintage, très bien fait, avec des effets spéciaux rétro qui tiennent encore bien la route (la pieuvre et le poulpe géants, les modèles réduits), tout comme l’interprétation haut de gamme et la belle photo de Winton C. Hoch, fidèle collaborateur de John Ford. Considéré comme un film catastrophe avant l’heure, Voyage to the bottom of the sea reste un formidable film d’aventure bien rythmé, aux nombreuses péripéties, doublé d’un message écolo sur le réchauffement climatique (même si la planète est finalement sauvée grâce au nucléaire) qui interpelle probablement beaucoup plus les spectateurs d’aujourd’hui que ceux de l’époque, ce qui ajoute une plus-value à ce long métrage devenu culte avec les années et qui demeure très prisé des cinéphiles.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray du Sous-marin de l’apocalypse, disponible chez Rimini Editions, repose dans boîtier classique de couleur bleue. Le visuel de la jaquette est très élégant, entre le rouge du ciel enflammé et le bleu limpide des profondeurs des océans. Le menu principal est animé sur des images du film et la chanson de Frankie Avalon « Voyage to the bottom of the sea » qui ouvre le film.

L’éditeur joint un excellent module rétrospectif sur le film, écrit et réalisé par le journaliste Alexandre Jousse (18’) et produit par l’équipe de Rimini Editions. Dans les coursives du Seaview revient habilement sur tous les aspects du Sous-marin de l’apocalypse, à travers un montage soigné et une réalisation dynamique. Les propos sont clairs et précis, parfois accompagnés d’animations 3D pour expliquer comment les prises de vues ont été effectuées avec les modèles réduits ou sous l’eau. Alexandre Jousse explore la genèse du film d’Irwin Allen, le casting, l’élaboration des décors, les effets spéciaux, aborde la carrière du cinéaste-producteur, passe en revue les références à Jules Verne et à l’actualité de l’époque, sans oublier l’accueil triomphal du film à sa sortie. Il n’oublie pas de parler de la série Voyage au fond des mers tirée du film trois ans après sa sortie, tout comme le merchandising qui a accompagné ce succès. Quelques storyboards, dessins préparatoires viennent même illustrer cette excellente présentation à ne pas manquer.

L’Image et le son

Grâce à un codec AVC de haute tenue, le Blu-ray du Sous-marin de l’apocalypse proposé au format 1080p, permet aux spectateurs de redécouvrir totalement les incroyables décors du film. Si l’on excepte quelques séquences plus douces que d’autres ou au grain plus appuyé (sur les plans de plongée sous-marine ou les projections) nous nous trouvons devant une image qui ne cesse de flatter les rétines. Issue d’une restauration solide, cette copie HD est d’une stabilité à toutes épreuves. La propreté est indéniable, les couleurs retrouvent une vraie vivacité (rouges éclatants dès le générique), le piqué est joliment acéré et les détails sont probants sur le cadre large. Certes les effets spéciaux optiques ont pris un petit coup de vieux, mais le découpage est net et sans bavure, l’ensemble est homogène et d’une indéniable élégance. Si les contrastes auraient pu être légèrement revus, revoir Le Sous-marin de l’apocalypse dans ces conditions a de quoi ravir les cinéphiles.

Les versions originale et française bénéficient d’un mixage LPCM 2.0. Le confort acoustique est largement assuré dans les deux cas. L’espace phonique se révèle probant et les dialogues sont clairs, nets, précis, même si l’ensemble manque plus de vivacité sur la piste française. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare (conseillée) ou celle de Molière, aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue se fait grâce au menu pop-up.

Crédits images : © Twentieth Century Fox / Rimini Editions / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Implacable Ninja, réalisé par Menahem Golan

L’IMPLACABLE NINJA (Enter the Ninja) réalisé par Menahem Golan, disponible en coffret DVD et coffret Blu-ray le 28 mars 2017 chez ESC Editions

Acteurs : Franco Nero, Susan George, Shô Kosugi, Christopher George, Alex Courtney, Will Hare, Zachi Noy, Constantine Gregory

Scénario : Dick Desmond, d’après une idée de Mike Stone

Photographie : David Gurfinkel

Musique : W. Michael Lewis, Laurin Rinder

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Après avoir terminé sa formation de ninja au Japon, Cole, un soldat vétéran de l’Angola rend visite à son ancien frère d’armes Frank Landers et fait connaissance avec l’épouse de celui-ci, Mary Ann Landers. Les Landers possèdent une ferme aux Philippines, et sont fréquemment harcelés par un homme d’affaires du nom de Charles Venarius, qui souhaite acquérir leur propriété. À leur insu, les terres des Landers cachent d’importantes nappes de pétrole. Cole, grâce à ses talents de ninja, n’a guère de difficulté à repousser les attaques répétées des sbires de Venarius. Mais ce dernier finit par faire appel à Hasegawa, un autre ninja, rival de Cole.

Vous l’aurez deviné, il s’agit bien sûr du résumé de L’Implacable Ninja aka Enter the Ninja en version originale, titre qui surfe allègrement sur Enter The Dragon, plus connu dans nos contrées sous le titre d’Opération Dragon. Suite au triomphe international de ce film, sorti après la mort prématurée de Bruce Lee, certains producteurs espèrent surfer sur le nouvel engouement des spectateurs pour les films d’arts martiaux. Et quoi de plus exotique que le ninjutsu ? Il n’en fallait pas plus pour les immenses (oui) producteurs et réalisateurs de la Cannon, les israéliens Menahem Golan (1929-2014) et son cousin Yoram Globus (né en 1941), les « George Foreman et les Mohamed Ali du cinéma indépendant », qui ont voulu prendre d’assaut le cinéma américain et rivaliser avec les plus gros studios installés depuis des décennies. La Cannon c’est cette véritable machine de guerre du cinéma, mythique firme spécialisée dans la production et la distribution de films à petit et moyen budget (avec de la castagne, des ninjas américains, des nanas topless, des effets spéciaux minables), soit 120 films (involontairement drôles la plupart du temps) en dix ans, de 1979 à 1989.

Réalisé en 1980 par Mehanem Golan lui-même (on lui doit aussi Delta Force et Over the top – Le Bras de fer), L’Implacable Ninja est un des titres phares de cette entreprise unique menée par deux mégalomanes, égocentriques et visionnaires, ayant changé à jamais l’histoire du cinéma bis, mais qui ont aussi produit John Cassavetes, Jean-Luc Godard, Franco Zeffirelli, Andreï Kontchalovski et Barbet Schroeder ! Franco Nero, oui le cultissime Django, est ici un vétéran des Forces Spéciales de l’armée américaine, qui pendant ses vacances a décidé de devenir un ninja, même s’il est visible que le comédien est incapable de lever le pied plus haut que le sol, qu’il arbore une belle moustache et qu’il manie le nunchaku au ralenti pour ne pas entortiller l’arme dans les poils du torse. Après le sublime prologue filmé dans un jardin peu entretenu, durant lequel Franco Nero (en blanc), ou sa doublure plutôt, met à terre une armée de ninjas (rouges et noirs), il devient lui-même « espion japonais ». L’Implacable Ninja devient ensuite un film de bastons très marrant, durant lequel Franco Nero, qui ne se force pas à cacher qu’il ne croit pas du tout à ce qu’il fait et à ce qui se déroule autour de lui, continue son chemin en initiant un geste en gros plan, immédiatement suivi d’un plan large – qu’importe le raccord – où son personnage (incarné par Mike Stone sur ces scènes) lève le pied au-dessus de la tête en maniant le katana comme un expert. Puis gros plan sur Franco Nero qui range l’arme en prenant l’air essoufflé.

L’Implacable Ninja est un sommet de nawak, un cocktail de parodie involontaire de films d’arts martiaux et de bagarres du style Terence Hill-Bud Spencer. Le rythme est soutenu, Franco Nero a juste à marcher pour emporter l’adhésion, même si on ne croit pas du tout à son personnage. C’est d’ailleurs ce qui fait la grande réussite du film, avec la participation de Susan George (Les Chiens de paille, Larry le dingue, Mary la garce, Venin), qui cette fois encore n’a pas coûté cher en soutien-gorge. Ajoutez à cela une musique au synthé bien kitsch, des combats où les coups de pieds assomment l’adversaire à trente centimètres de la cible, des méchants de pacotille (dont un petit gars affublé d’un crochet de portemanteau en guise de main), des décors pauvres, des dialogues tordants (immense version française), des costumes ridicules (des pyjamas quoi) et vous obtenez une référence du nanar qui reste un formidable divertissement jusqu’au combat final entre Nero – Stone face à Shô Kosugi. Rapidement devenu un film culte, un deuxième volet est rapidement mis en chantier, Ultime Violence – Ninja 2, avec cette fois-ci Shô Kosugi dans le rôle principal. Nous vous en parlons très bientôt.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de L’Implacable Ninja, disponible chez ESC Conseils dans le coffret Trilogie Ninja avec également Ultime Violence – Ninja 2 et Ninja III, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

L’éditeur ne vient pas les mains vides, et propose tout d’abord la présentation rapide de la trilogie Ninja de la Cannon, par Nico Prat, journaliste chez RockyRama. Un amuse-gueule d’une minute.

La vraie présentation de L’Implacable Ninja est ensuite disponible (10’). Le même journaliste est de retour et revient sur la genèse de ce film culte en évoquant bien évidemment ce qui a conduit la Cannon a mettre ce projet en route au début des années 1980. Le casting, les conditions de tournage, les armes utilisées, les bruitages, tout y est abordé avec un second degré bien senti.

S’ensuit un court-métrage parodique intitulé Ninja Eliminator (4’), en réalité une fausse bande-annonce jubilatoire concoctée par des fans du genre. 

L’Image et le son

L’éditeur soigne le master HD (1080p) de L’Implacable Ninja. Un lifting numérique a visiblement été effectué, avec un résultat probant, même si des points et des tâches restent constatables, surtout durant la première bobine et le générique. L’encodage AVC est de haute tenue et la promotion HD non négligeable. Les détails sont appréciables, le piqué et la clarté sont aléatoires mais plus nets sur les séquences diurnes, la colorimétrie retrouve une nouvelle jeunesse et les contrastes affichent une petite densité inattendue. L’ensemble est propre, stable en dehors de très légers fourmillements, le reste des scories demeure subliminale, et le grain est respecté.

Sachant que les spectateurs français ont avant tout découvert ce film dans la langue de Molière, ESC livre un mixage français propre et respectueux de l’écoute originale avec bien sûr le doublage d’époque et les immenses voix de Benoît Allemane, Béatrice Delfe, Jean Topart et Francis Lax. Au jeu des comparaisons, la version originale s’en sort mieux avec des effets plus naturels et une dynamique plus marquée. Les deux pistes sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0, qui ne peuvent évidemment pas rivaliser avec les standards actuels, mais l’éditeur permet de revoir ce « classique » dans de bonnes conditions techniques, mention spéciale aux bruitages lors des bastons. Le changement de langue est verrouillé à la volée, mais étrangement les sous-titres ne sont pas imposés.

Crédits images : © ESC Conseils / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Insaisissables 2, réalisé par Jon M. Chu

INSAISISSABLES 2 (Now You See Me 2) réalisé par John M. Chu, disponible en DVD et Blu-ray le 30 novembre 2016 chez M6 Vidéo

Acteurs : Jesse Eisenberg, Mark Ruffalo, Woody Harrelson, Daniel Radcliffe, Dave Franco, Morgan Freeman, Michael Caine, Lizzy Caplan, Jay Chou

Scénario : Ed Solomon, Pete Chiarelli

Photographie : Peter Deming

Musique : Brian Tyler

Durée : 2h09

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Un an après avoir surpassé le FBI et acquis l’admiration du grand public grâce à leurs tours de magie exceptionnels, les 4 cavaliers reviennent. Pour leur retour sur le devant de la scène, ils vont dénoncer les méthodes peu orthodoxes d’un magnat de la technologie à la tête d’une vaste organisation criminelle. Ils ignorent que cet homme d’affaires, Walter Marbry, a une longueur d’avance sur eux, et les conduit dans un piège : il veut que les magiciens braquent l’un des systèmes informatiques les plus sécurisés du monde. Pour sortir de ce chantage et déjouer les plans de ce syndicat du crime, ils vont devoir élaborer le braquage le plus spectaculaire jamais conçu.

Réalisé par Louis Leterrier, Insaisissables avait créé la surprise en 2013 en devenant le plus grand, le plus fun et ludique des divertissements de l’été , qui s’est d’ailleurs soldé par un succès fracassant dans nos salles avec plus de 3 millions de spectateurs et en empochant plus de 350 millions de dollars au box-office mondial. Porté par un casting de choc avec Jesse Eisenberg, Woody Harrelson, Mark Ruffalo, Isla Fisher, Mélanie Laurent, Dave Franco, Michael Caine, Morgan Freeman et une petite apparition amusante de José Garcia, Insaisissables reposait sur un scénario malin, rempli de rebondissements en tous genres, aussi constants qu’inattendus. Ce qui faisait également la force du film, c’était également la mise en scène de Louis Leterrier qui emballait élégamment son attraction en 35 mm (très belle photographie) tant sur les scènes d’action que sur les grandes illusions, usant le plus possible de véritables trucages et tours de magie sur scène. Sa caméra virevoltait sans faire mal à la tête, le montage restait alerte sans pour autant rendre incompréhensible ce qui se déroulait à l’écran. L’alchimie entre les comédiens demeurait l’un des principaux attraits de ce divertissement qui se doublait d’une originale et entière réflexion sur le cinéma et la notion du divertissement.

Film d’action, de casse, comédie, d’aventures – l’histoire se déroulait entre Las Vegas, La Nouvelle-Orléans, New York et Paris – le tout teinté de fantastique, Insaisissables était, n’ayons pas peur des mots, un vrai joyau réalisé par un mec qui aime le cinoche pour ce qu’il est avant tout, pour les spectateurs désireux de passer un super moment de détente.

Les producteurs auraient dû savoir qu’il ne faut jamais demander à un magicien de refaire deux fois le même tour sous peine de découvrir le truc. Peu importe, car alléchés par l’odeur de l’argent, la suite d’Insaisissables a rapidement été mise en chantier. Si Louis Leterrier a poliment refusé la mise en scène pour aller filmer l’excellent Grimsby – Agent trop spécial, les studios LionsGate ont fait appel au dénommé John M. Chu, auteur (ou responsable c’est selon) de Sexy Dance 2, Sexy Dance 3D, Justin Bieber : Never Say Never (oui bon…) et le plaisir (même pas coupable) G.I. Joe : Conspiration qui avait rapporté près de 400 millions de dollars à la Paramount. Avant d’aller filmer les nouveaux tours de magie de notre bande, le réalisateur a réussi à mettre en boite une adaptation live de Jem et les Hologrammes, énorme four. Ce qui nous intéresse c’est donc le comeback des magiciens d’Insaisissables, qui ont tous répondu à l’appel, ou presque. Exit Mélanie Laurent (qui n’a pas été rappelée pour le coup) et Isla Fisher, alors en congé maternité, bienvenue à la délicieuse Lizzy Caplan, vue dans Cloverfield de Matt Reeves et surtout la série Masters of Sex, qui interprète le nouveau personnage de Lula, magicienne spécialisée dans le gore. Les autres reprennent leurs rôles respectifs, auxquels se joint Daniel Radcliffe, qui incarne ici le grand méchant (d’1m65) – Harry Potter passé du côté obscur – qui s’en prend aux Horsemen, avec une délectation plutôt contagieuse.

Insaisissables 2 est typique de la suite mise en route uniquement pour surfer sur le triomphe du premier film et de l’attachement des spectateurs pour les héros. Si on les retrouve effectivement avec plaisir, tout comme les ingrédients qui ont fait la réussite de la recette originale, cette séquelle n’a absolument plus rien à dire et tout est fait ici pour faire vendre du popcorn. John M. Chu fait de son mieux pour insuffler un rythme trépident à cette entreprise, mais le gros problème d’Insaisissables 2 c’est que la magie n’opère plus. Là où le premier privilégiait les illusions « réalistes, crédibles et authentiques » le second a trop souvent recours aux images de synthèse (l’arrêt de la pluie, sérieusement ?), ce qui rompt complètement le charme original. Le ton est ici un peu plus sombre, le film se déroule d’ailleurs quasiment entièrement de nuit, mais les rebondissements ne fonctionnent pas. Pourquoi ? L’audience s’est déjà faite entourloupée. Alors quand les Horsemen sont montrés en fâcheuse posture, les spectateurs savent d’emblée qu’ils ont plus d’un tour dans leur sac et/ou que tout avait déjà été prévu grâce à un « plan qui se déroule sans accroc ».

Malgré une baguette magique agitée dans tous les sens, peu de scènes marquantes viennent relever l’attention – à part celle du casse, bien qu’interminable – et ce n’est pas le dernier acte, complètement raté car sans cesse prévisible, qui sauvera l’entreprise. Les acteurs font le boulot sans y croire vraiment cette fois, à part Woody Harrelson qui s’amuse (et nous aussi) dans un double-rôle de frères jumeaux qui se détestent cordialement. A cette occasion, le comédien porte postiche, fausses dents et bronzage artificiel, et fait furieusement penser à son pote Matthew McConaughey ! Vous y penserez la prochaine fois. Lizzy Caplan s’agite un peu trop, Jesse Eisenberg semble se demander ce qu’il fait là, Dave Franco sourit, Mark Ruffalo garde la tête penchée en mode en Grumpy Cat, Morgan Freeman et Michael Caine gardent les mains dans les poches en attendant que ça se passe en se promenant entre Macao et Londres. Bon, aller, on va dire qu’on a déjà vu bien pire, mais après la grande réussite du premier opus, la déception est immense.

Si le film a connu un échec commercial aux Etats-Unis en récoltant un peu plus de 60 millions de dollars, soit deux fois moins que le premier, Insaisissables 2 a bien fonctionné dans le reste du monde avec notamment 2 millions d’entrées chez nous. Avant même la sortie du second, un troisième volet était déjà annoncé. Mais devant les chiffres décevant au box-office US, sa mise en route reste suspendue.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Insaisissables 2, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé, musical et ponctué par quelques scènes du film en version française.

Le premier supplément, Un casting de choix (21’) revient sur la mise en chantier de ce second volet, marqué par le retour des comédiens au grand complet, ou presque, avec la présentation des nouveaux personnages. Les comédiens s’expriment sur les conditions de tournage, le producteur se frotte les mains, le scénariste présente les enjeux de cette suite et le réalisateur et les consultants en magie parlent du travail avec les acteurs. En grande partie, nous assistons à un concours de louanges avec les superlatifs attendus, le tout saupoudré des coulisses du tournage et notamment de la création du double-rôle campé par Woody Harrelson.

Le segment suivant, Ne les quittez pas des yeux (17’), accueille les mêmes participants, qui se focalisent cette fois sur les lieux de tournage, en particulier Macao et Londres. Le directeur de la photo, la chef déco et les créateurs des effets spéciaux se mêlent à la partie et analysent quelques séquences clés du film.

Enfin, le module Donner vie à la magie (16’) donne la parole aux magiciens qui ont officié comme consultants sur Insaisissables 2, y compris David Copperfield, également co-producteur. Des images montrent la préparation et l’entraînement des comédiens à la manipulation puisque le producteur désirait garder au maximum l’authenticité du premier volet en laissant faire aux acteurs le maximum de tours de magie en live.

Si vous désirez en savoir un peu plus sur Insaisissables 2, pourquoi pas revoir le film en compagnie du réalisateur John M. Chu, qui commente son film (en vostf) avec beaucoup d’entrain et suffisamment d’anecdotes pour qu’on ne s’ennuie pas une seconde. S’il brasse un peu tout ce qui est abordé au fil des suppléments en vidéo, ce commentaire s’avère distrayant, rythmé et intéressant. En revanche, bien qu’il indique avoir beaucoup laissé de scènes sur le banc de montage, nous aurions aimé les trouver dans les bonus ! Nous apprenons également que Louis Leterrier a donné un coup de main à la mise en scène, en particulier pour la séquence où la bande s’évade à moto.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Un très bel objet que ce master HD d’Insaisissables 2. L’image bénéficie d’un codec AVC de haut niveau, renforçant les contrastes léchés, ainsi que les détails aux quatre coins du cadre. Certains plans nocturnes sont magnifiques et tirent entièrement parti de cette élévation en Haute Définition. Les gros plans peuvent être analysés sans problème puisque la caméra numérique (Arri Alexa XT Plus, Red Epic Dragon) de John M. Chu colle parfois au plus près des personnages, les ombres et les lumières s’accordent parfaitement avec des scènes ambrées en extérieur et plus froids dans les extérieurs, notamment à Macao avec les buildings éclairés aux néons. En dépit de quelques légers fléchissements, ce Blu-ray est évidemment une franche réussite technique et restitue les partis pris esthétiques du talentueux chef opérateur Peter Deming (Evil Dead 2, Mulholland Drive, La Cabane dans les bois) avec parfois un très beau grain.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre pas moins de quatre mixages, deux français et deux anglais DTS-HD Master Audio 5.1 et 7.1 ! Ces options s’avèrent particulièrement bluffantes, surtout dans les scènes de représentations, mais également dans les séquences plus calmes. Les quelques pics d’action peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec des effets en tous genres qui environnent le spectateur. Les effets annexes sont présents et dynamiques. Seuls les dialogues auraient mérité d’être un peu plus relevés sur la centrale, comme bien souvent chez l’éditeur. De son côté, le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun, notamment durant le dernier acte se déroulant à Londres. La spatialisation est en parfaite adéquation avec le ton du film. L’éditeur joint également une piste française en Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © SND / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Larry le dingue, Mary la garce, réalisé par John Hough

LARRY LE DINGUE, MARY LA GARCE (Dirty Mary, Crazy Larry) réalisé par John Hough, disponible en DVD et Blu-ray le 7 septembre 2016 chez Esc Conseils

Acteurs : Peter Fonda, Susan George, Adam Roarke, Vic Morrow, Kenneth Tobey, Eugene Daniels, Lynn Borden

Scénario : Leigh Chapman, Antonio Santean d’après le roman de Richard Unekis

Photographie : Michael D. Margulies

Musique : Jimmie Haskell

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Larry, pilote de course féru de vitesse, Deke le mécanicien et Mary, l’amante de Larry sont tous les trois pourchassés par la police. Plus tôt, ils ont dévalisé les caisses d’un supermarché et se sont enfuis à bord d’un bolide qui fonce droit sur la route sans se soucier des dangers et des barrages placés par les forces de l’ordre. Parviendront-ils à quitter l’État et à participer au circuit international de course automobile ?

A l’instar de Point limite zéro Vanishing Point de Richard C. Sarafian (1971), Macadam à deux voiesTwo-Lane Blacktop de Monte Hellman (1971) et Electra Glide in Blue de James William Guercio (1973), Larry le dingue, Mary la garce Dirty Mary, Crazy Larry de John Hough (1974) demeure un symbole de la contre-culture américaine. A la fin des années 60, aux Etats-Unis, le road-movie prend son envol avec la sortie du film de Dennis Hopper, Easy Rider. C’est l’époque des grands chamboulements, la guerre du Vietnam a traumatisé l’Amérique, la révolution sexuelle bat son plein, les mœurs et les actes changent et se libèrent. Il y a eu Woodstock en 69 et l’affaire Charles Manson. Les films mentionnés se situent à une époque charnière de l’histoire de l’Amérique faite de bouleversements et de changements profonds. Le cinéma aussi se renouvelle avec la naissance du Nouvel Hollywood et l’émergence de jeunes réalisateurs : Coppola, Scorsese, Lucas, Spielberg. D’autres font figure d’outsiders et s’engouffrent dans la brèche du road-movie, parfois mystique et mélancolique. Si Easy Rider était un film sex, drug and rock n’roll, Macadam à deux voies se distinguait par son absence totale de violence, de sexe et de substances illicites.

Le pilote de course Larry et son mécanicien Deke réussissent de manière astucieuse à voler la recette d’un supermarché. Obligés d’emmener Mary Coombs, une rencontre d’un soir de Larry qui a été témoin du vol, ils parviennent à passer à travers tous les barrages que les policiers mettent sur leur route, grâce à leur bolide trafiqué, une Dodge Charger 1969 modèle sport. Le capitaine Franklin, qui dirige l’opération, commence à en faire une affaire personnelle et tente de les arrêter par tous les moyens possibles. Larry le dingue, Mary la garceDirty Mary, Crazy Larry marque la fin d’une époque, mais ne se résume pas à une des plus hallucinantes courses-poursuites de l’histoire du cinéma.

Durant 1h33, on ne saura quasiment rien des personnages, de leur vie et du but de ce voyage, à part celui de prendre la fuite avec le butin d’un casse, mis en scène de manière plutôt cool, afin de pouvoir concourir à une course sur un circuit professionnel. Ils se situent pleinement dans la contre-culture des années 70 avec un caractère bien trempé (Mary est d’ailleurs la plus explosive du trio), contestataire et provocateur. Larry le pilote (Peter Fonda, qui fait le lien avec Easy Rider), Deke son mécanicien (Adam Roarke) qui prend autant soin de la bagnole que de Larry quand il s’égare, et Mary (Susan George) la copine d’un soir de Larry qui s’est incrustée dans leur cavale, refusent d’obtempérer avec les autorités, qu’ils écoutent en étant branchés sur leurs ondes. D’où cette fuite éperdue où tous les coups sont permis, où Larry, lancé à fond sur le bitume, défie toutes les règles en tentant d’échapper à tous les flics – qui s’en donnent également à coeur joie sur la route – de la région, dont un en particulier, Everett Franklin (Vic Morrow, génial) qui les poursuit dans un hélicoptère, dans un affrontement encore très impressionnant aujourd’hui.

Larry et ses deux comparses, sont les derniers héros de l’Amérique, libres face aux forces répressives. Larry le dingue, Mary la garce est devenu pour de nombreux cinéphiles un vrai film de chevet et le mythe autour de ce film s’est construit avec le temps, certaines répliques vachardes étant même entrées dans le langage courant chez certains cinéphiles US. Grand fan de Larry le dingue, Mary la garce, Quentin Tarantino s’en est grandement inspiré (comme d’habitude) pour Boulevard de la mort. Pourtant ce n’est pas tant l’histoire qui nous captive mais les engueulades du couple principal, la splendeur des paysages américains, son rythme trépident, les routes longilignes à n’en plus finir, là où le réalisateur britannique John Hough (Les Sévices de Dracula, La Montagne ensorcelée, Les Yeux de la forêt), prend plaisir à nous égarer à fond la caisse, dans un nuage de poussière, pour son premier film américain. Approche palpable du chaos, dénouement brutal, désenchanté et étourdissant, film enragé, indispensable !

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Larry le dingue, Mary la garce, disponible chez ESC Conseils, repose dans un boîtier classique de couleur rouge. La jaquette aux couleurs flashy saura attirer l’oeil des cinéphiles. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur joint une présentation du film par Olivier Père (20’), intitulée En route vers la contre-culture. Le directeur du cinéma d’Arte France se penche tout d’abord sur la carrière du cinéaste John Hough. Il évoque ses films de genre et fantastiques, puis en vient ensuite au film qui nous intéresse en analysant à la fois le fond et la forme. Olivier Père considère Larry le dingue, Mary la garce comme un des films les plus intéressants du réalisateur, analyse les personnages, le dénouement et le casting.

L’Image et le son

Jusqu’alors inédit dans nos contrées en DVD et Blu-ray, Larry le dingue, Mary la garce nous arrive en Haute-Définition grâce aux bons soins d’ESC Conseils. Cette édition Blu-ray au format 1080p (AVC) nous propose des couleurs étincelantes, un piqué vif, des contrastes très élégants et une remarquable stabilité. L’élévation HD n’est pas négligeable pour un titre comme celui-là, loin de là. Saluons avant tout l’impeccable étalonnage qui rend justice aux tonalités originelles du film. L’image retrouve son caractère fluide et naturel, notamment au niveau des splendides décors, paysages et longues routes de l’Amérique profonde, mais également au niveau des visages. Le cadre est riche en détails. Chaque plan ou sujet d’arrière-plan est d’une qualité et d’une profondeur séduisantes. Aucune tâche ou défaut n’est constatable, si ce n’est quelques troubles et sensibles pertes de la définition sur les scènes sombres. Que les puristes soient rassurés, le superbe grain de la photo est savamment restitué. Larry le dingue, Mary la garce retrouve un éclat fantastique et la restauration demeure impressionnante.

Rien à redire à propos des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio Mono, amplement suffisantes et accompagnant élégamment le film de John Hough. Aucun souffle constaté sur les deux pistes et les dialogues restent très clairs tout du long. La musique tient également une place prépondérante et aucun accroc ne vient perturber sa restitution. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue ne peut se faire à la volée.

Crédits images : © ESC Conseils/ Captures Blu-ray : Franck Brissard