Test Blu-ray / Replicant, réalisé par Ringo Lam

REPLICANT réalisé par Ringo Lam, disponible en DVD et Blu-ray le 8 juillet 2017 chez Metropolitan Video

Acteurs : Jean-Claude Van Damme, Michael Rooker, Catherine Dent, Brandon James Olson, Pam Hyatt…

Scénario : Lawrence Riggins, Les Weldon

Photographie : Mike Southon

Musique : Alex Khaskin, Guy Zerafa

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2001

LE FILM

Depuis longtemps, Garrotte, le tueur en série surnommé la Torche, hante les jours et les nuits de Jake Riley, un inspecteur de police qui s’est juré de l’arrêter. Les victimes de Garrotte ne cessent de s’accumuler et l’enquête de Jake piétine même si l’assassin l’a choisi pour confident. Ecœuré, Jake donne sa démission au moment même où le département secret du gouvernement, la NSA, lui demande de se joindre à ce projet top secret visant à arrêter Garrotte. La NSA crée un «Replicant», un clone issu de l’ADN de Garrotte, doté de capacités télépathiques.

Pour les plus grands fans du comédien, mais aussi pour la critique aujourd’hui quasi-unanime, Replicant, réalisé par le cinéaste chinois Ringo Lam en 2001, est probablement le meilleur film avec Jean-Claude Van Damme. Remarquable film d’action, thriller violent et nerveux, cet opus marque la deuxième sur les trois grandes collaborations entre « les Muscles de Bruxelles » et le metteur en scène, après Risque maximum (1996), dont la sortie avait été gâchée par un montage charcuté par la Columbia, et avant le formidable In Hell (2003). Non seulement Replicant vaut pour son histoire passionnante menée de main de maître par Ringo Lam, mais le film vaut aussi et surtout pour l’interprétation exceptionnelle de JCVD dans un double-rôle où il démontre toute une palette d’émotions qu’on ne lui prêtait pas forcément, ou à de très rares occasions comme dans Timecop de Peter Hyams.

D’un côté, il interprète un tueur redoutable, brutal, impitoyable, glacial, cheveux longs et gras, lunettes teintées, qui s’en prend aux femmes, les bat avant de les arroser d’alcool et de les brûler, parfois devant les yeux de leurs propres enfants. De l’autre, il incarne son clone, enfant dans un corps d’adulte, qui vient d’être « mis au monde » et apprend à marcher, à s’asseoir, à manger. Il se déplace comme un animal craintif, Ringo Lam ayant par ailleurs demandé à JCVD de visionner des documentaires animaliers pour se préparer. Ses regards, sa gestuelle, son jeu n’ont jamais été aussi intenses et habités que dans Replicant et le comédien émeut comme jamais auparavant.

L’aspect buddy-movie avec l’imposant, teigneux et tout aussi génial Michael Rooker fonctionne alors à plein rendement du début à la fin. Un tueur en série assassine des mères de famille et les enflamme avant de disparaître, ce qui lui vaut le surnom de La Torche. Après trois ans et onze victimes, Jake Riley alors chargé d’une enquête qui ne progresse toujours pas, décide de tout abandonner et de quitter la police. Autrefois idéaliste et large d’esprit, Jake en a suffisamment appris sur la nature humaine pour devenir cynique, cachant ses désillusions sous un humour caustique. C’est à ce moment qu’il est contacté par la NSA qui lui propose de continuer la traque avec de nouvelles méthodes, tandis que de son côté Garrotte, qui l’a choisi pour confident et qui l’appelle à chaque nouveau crime, continue de le harceler. Le département des services secrets du gouvernement a enfin peut-être trouvé la solution afin d’arrêter le tueur en série, grâce à un Replicant, c’est-à-dire un clone génétique, créé au moyen du sang de Garrotte trouvé non loin d’un de ses meurtres. Ce Replicant, dont la croissance a été accélérée afin qu’il atteigne l’âge biologique du tueur, double parfait de Garrotte, permettra à Jake de retrouver le meurtrier en question grâce aux dons télépathiques dont il est doté. Mais le Replicant manque de toute l’expérience d’une vie. Tandis que l’officier de police gère les émotions et les souvenirs de ce clone naïf et juvénile, il développe avec lui une relation étrange, se demandant constamment si ce Replicant est aussi dangereux que Garrotte, ou s’il peut lui faire confiance.

Alors que Replicant aurait pu refaire JCVD au box-office américain, où ses films sortaient directement en DTV depuis quelques années, le film de Ringo Lam n’a finalement pas été exploité dans les salles suite au désistement du distributeur Artisan Entertainment après l’échec commercial de Blair Witch 2 : Le Livre des ombres. Le film sort au cinéma dans le reste du monde, mais JCVD alors au sommet de son addiction à la drogue, rate complètement la promotion de Replicant, à l’instar de sa participation à l’émission Loft Story. Replicant n’attirera en France qu’un peu plus de 100.000 spectateurs, un bide vraiment pas mérité. Plus de quinze après, Replicant est et demeure un chef d’oeuvre du genre, probablement l’un des meilleurs thrillers des années 2000. Avec son intrigue mêlant film policier, élément fantastique, dédoublement (thème très prisé par Ringo Lam et JCVD lui-même), on pense fortement au bancal À l’aube du sixième jour de Roger Spottiswoode avec Arnold Schwarzenegger, mais plus encore à Volte/Face, autre référence, également mise en scène par un réalisateur chinois, John Woo. Les deux films se ressemblent tout en étant bien différents, mais bien qu’il ne bénéficie pas de la même reconnaissance internationale, Replicant n’a absolument rien à envier à Volte/Face.

LE BLU-RAY

Replicant fait partie d’un combo Blu-ray spécial Van Damme / Ringo Lam, aux côtés de l’édition HD de In Hell. A l’instar des éditions combo Black Eagle – L’arme absolue + Full Contact et The Order + Le Grand tournoi sorties en 2016, et comme celle récemment consacrée au cinéaste Albert Pyun, Mean Guns + Nemesis, Metropolitan Video fait ainsi le bonheur des fans de la star belge. Le test a été réalisé à partir d’un check-disc. Une fois le disque inséré, le spectateur est invité à sélectionner le film de son choix. Dans les deux cas, le menu principal est fixe et muet, minimaliste, sans chapitrage. Seuls l’envoi du film, la sélection de la langue et le choix des suppléments sont proposés.

L’historien du cinéma et expert en cinéma d’arts martiaux, sujet auquel il a consacré quelques ouvrages, l’excellent Christophe Champclaux présente Replicant en avant-programme (4’). C’est une véritable déclaration d’amour au film de Ringo Lam, qu’il considère comme le meilleur film avec Jean-Claude Van Damme. Il revient rapidement sur cette deuxième rencontre entre le comédien et le réalisateur, replace Replicant dans la filmographie de JCVD, croise le fond et la forme, tout en saluant la double performance d’acteur de l’acteur belge. Néanmoins, pas un mot sur Michael Rooker.

Hormis une (mythique) interview française de JCVD donnée lors de la promotion du film, le storyboard de la naissance du Replicant et les filmographies, l’éditeur reprend les suppléments disponibles sur l’édition DVD sortie en avril 2002. Quinze années déjà !

Le commentaire audio de Michael Rooker et de Jean-Claude Van Damme (en anglais) est disponible en version originale sous-titrée en français. Ne vous réjouissez pas trop vite car les deux comédiens ont été enregistrés séparément, l’éditeur ayant ensuite relié leurs deux interventions. JCVD intervient finalement peu. Visiblement spectateur de son propre film, il revient de temps en temps pour parler de son partenaire, de la direction d’acteur de Ringo Lam, sur la façon dont il a pu enrichir son propre jeu grâce au cinéaste, sur le tournage des scènes d’action. Quand il ne paraphrase pas ce qui se déroule à l’écran, JCVD sort quelques phrases valent le détour : « Aller, on s’éclate et on regarde Replicant, yeaaah ! », « C’est cool, c’est Replicant, yeeeah ! », « Le public aime voir JCVD faire son grand écart alors on allait pas s’en priver, à plus ! », « Il est trop fort ce film et vous savez quoi ? Je suis là avec mes potes à enregistrer ce commentaire et j’ai rien à dire sur ce film alors que c’est un des meilleurs que j’ai faits ! ». De son côté, Michael Rooker est très généreux et revient sur beaucoup d’aspects du film, sur son investissement dans les séquences d’action, sur le jeu de son partenaire (on apprend qu’ils désiraient tourner ensemble depuis pas mal de temps), le tournage à Vancouver, le travail avec Ringo Lam, etc. Un commentaire sympathique à défaut d’être réellement enrichissant.

Le making of d’époque (2001 – 23’) est très bon et donne la parole aux acteurs Michael Rooker, Jean-Claude Van Damme (« le plus beau cadeau que m’ait fait Ringo Lam, c’est de me rendre meilleur ») et Catherine Dent, au producteur John Thompson, au coordinateur des cascades Mike Crestejo, au chef décorateur Andrew Neskoromny, tous en mode promotionnel (l’histoire, les personnages…), mais dont les propos ne manquent pas d’intérêt, surtout lorsqu’ils évoquent la méthode de tournage de Ringo Lam. Si celui n’intervient pas face caméra, quelques images le montrent sur le plateau avec ses comédiens. Diverses images des prises de vues, ainsi que des répétitions complètent ce documentaire bien fichu, surtout lorsqu’il dévoile l’envers du décor des confrontations de JCVD face à lui-même.

S’ensuivent quelques scènes coupées, certaines rallongées (21’) ou alternatives, à l’instar du premier meurtre. Dans le montage cinéma, le corps en train de brûler de la victime se reflète dans les lunettes de JCVD, alors que la séquence tournée à l’origine montrait frontalement le corps en feu. Les séquences de Michael Rooker avec sa mère d’un côté, et celle avec Catherine Dent ont été raccourci, tout comme celle de la fête de son départ à la retraite.

L’Image et le son

A l’instar de l’édition HD d’In Hell et malgré un léger manque de concision sur certains plans, le Blu-ray de Replicant (1080p, AVC) dépasse toutes les espérances. Toutefois, l’élévation HD s’avère moins flagrante que pour In Hell. Les contrastes sont plutôt beaux, mais la photographie grisâtre gâche un peu l’ensemble. Les ambiances nocturnes sont soignées, les teintes froides excellemment restituées. Les séquences en extérieur manquent cependant de clarté. Si l’on constate quelques points blancs, la propreté est évidente, les détails sont parfois précis, d’autres fois plus riches, les partis pris esthétiques originaux sont respectés, tout comme le léger grain heureusement conservé lors du transfert, mais plus appuyé sur les scènes sombres, qui entraînent un léger bruit vidéo. Le piqué est également un peu doux à notre goût. Mais le résultat vaut le détour et cette édition HD rend caduque la pourtant solide édition DVD.

Replicant bénéficie de pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1. Dans les deux cas, la spatialisation s’avère agréable, les enceintes latérales délivrent un lot fort appréciable d’ambiances naturelles, d’effets palpables, sans oublier la musique en soutien. Les explosions, poursuites, coups de feu et coups de poing sont exsudés avec force par la centrale, la balance frontales-latérales est intelligemment équilibrée, l’ensemble est toujours dynamique et les basses interviennent à bon escient avec quelques pics remarquables. Dans les deux cas, aucun souffle n’est à déplorer, l’écoute demeure franche, puissante et limpide. Evitez tout de même la version française qui vous fera perdre le timbre inimitable de Michael Rooker.

Crédits images : © Millenium Films / Metropolitan Filmexport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Guardians, réalisé par Sarik Andreasyan

GUARDIANS (Защитники) réalisé par Sarik Andreasyan, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 26 juillet 2017 chez Wild Side Video

Acteurs : Anton Pampushnyy, Sanzhar Madiyev, Sebastien Sisak, Alina Lanina, Stanislav Shirin, Valeriya Shkirando, Vyacheslav Razbegaev, Nikolay Shestak…

Scénario : Andrey Gavrilov, Sarik Andreasyan, Gevond Andreasyan

Photographie : Maksim Osadchiy-Korytkovskiy

Musique : Georgiy Zheryakov

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Durant la Guerre Froide, l’organisation secrète Patriot réalise des expériences sur des humains pour créer des super-soldats. Seuls quatre guerriers dotés de super-pouvoirs y survivent, mais ils parviennent à s’échapper. 30 ans plus tard, un ennemi surpuissant surgit et menace d’anéantir le monde. Les Guardians décident alors de sortir de l’ombre et d’affronter celui qui les a créés… Le combat ne fait que commencer !

Tremble l’Oncle Sam ! Le cinéma russe est bien décidé à concurrencer les Etats-Unis sur son propre terrain et plus particulièrement au cinéma dans le domaine des films de super-héros. Prenez garde Marvel et DC Comics (ou Décès Comiques c’est selon), voici les Guardians aka Защитники, Zashchitniki en version originale, mais cela ne vous avancera pas vraiment. Clamant haut et fort qu’ils peuvent faire aussi bien que les blockbusters américains à 300 millions de dollars de budget, les producteurs soviétiques ont misé près de 400 millions de roubles russes pour ce film fantastique ! Sauf que lorsque la somme est convertie, le budget avoisine en réalité les 5 millions de dollars et que le résultat s’avère un grand et formidable nanar.

En fait, l’essentiel est raconté durant le générique – après plus d’une minute de logos de production – à travers des coupures de journaux, procédé très pratique pour aller d’emblée à l’essentiel, sans véritables séquences d’exposition. Dans les années 1960, alors que la Guerre Froide bat son plein et que la population redoute une Troisième Guerre mondiale, une organisation secrète russe appelée Patriots, a pratiqué des expériences génétiques sur des êtres humains, dans le but de créer une armée de super soldats indestructibles. Après avoir réussi à s’échapper, ils se cachent chacun de leur côté dans différentes régions de la Russie pendant près de trente ans, en vieillissant à peine et en dissimulant leurs pouvoirs aux yeux du monde. Mais alors qu’une nouvelle menace frappe le pays, la major Elena Larina (équivalent féminin de Nick Fury) va être chargée de les retrouver afin de former une unité de défense baptisé Les Guardians. Nous avons alors un ours-garou, une femme qui devient invisible au contact de l’eau, un homme capable de manipuler les pierres rien que par la pensée, et un autre possédant la capacité de se déplacer à une vitesse supersonique en manipulant des lames aiguisées. Cette poignée de nouveaux super-héros, retrouvés en Arménie, au Kazakhstan, en Sibérie et à Moscou où ils pensaient méditer tranquillement, doivent contrecarrer les plans de leur créateur, un ancien scientifique savant-fou, qui au moment d’être arrêté quarante ans plus tôt a été irradié, avant de devenir lui-même un monstre à la force surhumaine.

Voilà, bienvenue en Russie camarade, tu vas bien rigoler ! Réalisé par le jeune et prolifique metteur en scène Sarik Garnikovich Andreasyan (né en 1984), auteur en 2014 d’un American Heist avec Hayden Christensen et Adrien Brody, Guardians est un divertissement hilarant avec ses comédiens improbables, surtout le badguy avec son costume aux abdos en latex qui rappelle le Jekyll/Hyde de La Ligue des Gentlemen Extraordinaires, ses effets visuels périmés qui renvoient aux prémices des images de synthèse, son accumulation de clichés et ses pauvres décors. Mention spéciale à l’homme-ours, réalisé à partir de la prestation en motion-capture d’Anton Pampushnyy, et qui s’avère aussi réaliste que le Dwayne Johnson en CGI du Retour de la Momie, mais en pire.

Sarik Garnikovich Andreasyan et ses scénaristes piochent allègrement dans tous les films US du genre, à tel point que le spectateur à jour dans les Marvel/DC peut s’amuser à énumérer les séquences plagiées durant les 90 minutes que durent le film, génériques compris. Les deux épisodes d’Avengers, Les 4 Fantastiques (dont la dernière version), Watchmen, Iron Man 2, The Dark Knight Rises, Les Gardiens de la Galaxie, X-Men, Suicide Squad, tout y passe, sauf que le résultat à l’écran donne souvent la nausée comme après une murge à la vodka. Les comédiens principaux rivalisent de médiocrité et d’absence de charisme, les actrices fardées ont les fesses moulées dans un pantalon en cuir et filmé à la bonne hauteur, quand il n’est pas transformé l’homme ours se balade à moitié à poil, tandis que le méchant est souvent filmé pendant qu’il marche, en travelling, pendant une plombe, sans qu’il ne se passe rien autour de lui.

Guardians est généreux dans le sens où les scènes d’action s’enchaînent vite grâce à un montage cut et que le film est très court. Il n’est pas interdit de bouder son plaisir, même si Guardians fait rire involontairement et que ses défauts deviennent finalement des qualités pour le cinéphile déviant, ce qui le rend foncièrement sympathique. Dernière chose, si la fin annonce clairement une suite, l’échec critique et commercial du film semble avoir tué la franchise dans l’oeuf. Mais sait-on jamais, peut-être entendrons-nous à nouveau rugir le nounours armé ou ce méchant de pacotille – dont on ne pige rien au plan machiavélique – avec son tuyau de machine à laver planté dans le crâne !

LE BLU-RAY

Guardians débarque en France directement dans les bacs, en DVD et en combo Blu-ray-DVD Steelbook chez Wild Side Video, qui a souvent livré en DTV des films du même acabit. Le menu principal animé et musical en met plein les yeux et les oreilles.

Outre un lot de bandes-annonces, l’éditeur a mis la main sur sept minutes de suppléments réparties en trois featurettes promotionnelles, constituées d’images du tournage et d’interviews du cast. On ne sait jamais qui intervient, mais il est assez facile d’imaginer qui prend la parole. L’ensemble est certes court, mais redondant, tout le monde rabâchant la même chose à savoir qu’ils sont là pour concurrencer le cinéma hollywoodien avec les moyens du bord. Gros plans sur les effets visuels et les images de synthèse, notamment la création de l’ours-garou réalisé en motion-capture à partir de la performance d’un comédien qui portait une tête d’ours sur le plateau. Impossible de ne pas rire.

L’Image et le son

Le Blu-ray est au format 1080p. Cette copie Haute-Définition se révèle honnête, même si la définition ne brille pas autant qu’espéré pour un divertissement de cet acabit. Le piqué manque parfois de mordant, la gestion des contrastes est bien trop aléatoire et les détails viennent souvent à manquer. C’est finalement la luminosité et la colorimétrie qui s’en sortent le mieux avec des teintes bigarrées à souhait et un aspect bleu-métallique très présent. Ce Blu-ray déçoit quelque peu et les effets numériques se voient comme le nez au milieu de la figure, surtout lorsque les comédiens sont filmés sur fond vert, mais bon, on a déjà vu pire et le visionnage reste plaisant. Finalement, si le résultat en HD paraît artificiel, cela n’est dû qu’au film lui-même.

En russe comme en français, les pistes DTS-HD Master Audio 5.1 assurent le spectacle acoustique avec brio et souvent un fracas assez jouissif. Si la langue de Molière n’est pas aussi dynamique et riche que la version originale, elle n’en demeure pas moins immersive. Dans les deux cas, la balance frontale en met plein les oreilles lors des séquences d’affrontements. Seul bémol, les voix manquent parfois de punch. Quelques scènes sortent du lot avec un usage probant des ambiances latérales et du caisson de basses. La musique omniprésente profite également d’une belle délivrance, mettant toutes les enceintes à contribution, même à volume peu élevé. Le changement de langue est impossible à la volée et nécessite le retour au menu contextuel. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale.

Crédits images : © Capelight pictures / Wild Side Video / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Les Chiens sont lâchés, réalisé par Falk Harnack

LES CHIENS SONT LÂCHÉS (Unruhige Nacht) réalisé par Falk Harnack, disponible en DVD le 11 juillet 2017 chez Movinside

Acteurs : Bernhard Wicki, Ulla Jacobsson, Hansjörg Felmy, Anneli Sauli, Erik Schumann, Werner Hinz, Richard Münch…

Scénario : Horst Budjuhn, Albrecht Goes

Photographie : Friedl Behn-Grund

Musique : Hans-Martin Majewski

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

En Russie, pendant la Deuxième Guerre mondiale, un pasteur est désigné pour assister un soldat condamné à mort pour désertion. Ce soldat est un très jeune homme, presque encore un adolescent, tendre, doux et buté… Il doit être exécuté le lendemain matin. Le pasteur, en possession du dossier de Boranovski, compte passer la nuit à l’étudier, ignorant encore qu’il ne sera pas seul dans sa chambre d’auberge : un jeune capitaine. Von Arnim, doit la partager avec lui. Celui-ci lui dit qu’il vient d’être désigné pour Stalingrad, d’où on ne revient pas, et qu’il a demandé à sa fiancée, infirmière, de venir passer avec lui cette nuit-là, qui sera bien vraisemblablement leur première et aussi leur dernière nuit…

Grand succès du box-office allemand, Les Chiens sont lâchésUnruhige Nacht est l’oeuvre du réalisateur Falk Harnack (1913-1991), qui fut très actif dans la résistance allemande durant la période nazie. Il est issu d’une famille de savants, d’artistes et de scientifiques, dont plusieurs ont payé de leur vie leur résistance antinazie. En 1943, il déserte pour rejoindre la Grèce où il s’allie au Greek People’s Liberation Army, avant de cofonder plus tard et de diriger le « comité antifasciste pour une Allemagne libre ». Les Chiens sont lâchés, réalisé en 1958, est symbolique de son combat et de son cinéma. Poignant, ce drame de guerre est une véritable révélation. Falk Harnack met en scène une poignée de soldats allemands, plongés en plein coeur de la Seconde Guerre mondiale, au cours de la bataille de Stalingrad. Un pasteur militaire parcourt le dossier d’un soldat allemand condamné à mort pour désertion après être tombé amoureux d’une jeune ukrainienne.

L’aumônier Brunner est interprété par le grand acteur allemand Bernhard Wicki, vu dans La Nuit de Michelangelo Antonioni et Paris, Texas de Wim Wenders. Il est également réalisateur et on lui doit entre autres les parties allemandes du Jour le plus long ou bien encore le célèbre film Le Pont, mis en scène en 1959. Dans Les Chiens sont lâchés, sa prestation tout en colère rentrée et immense délicatesse foudroie le spectateur. Son empathie et son amour pour ce jeune homme prénommé Fedor Boranovski (Hansjörg Felmy), dont le recours en grâce a été rejeté une dernière fois, sont traités avec finesse et intelligence. Malgré l’apparente austérité des décors et la sécheresse du montage, la mise en scène est très inspirée (très beaux mouvements de caméra) et l’émotion affleure progressivement, au fur et à mesure que le pasteur découvre l’histoire de celui qu’il doit informer de son exécution, en essayant de lui apporter une tranquillité d’esprit. L’aumônier arrive sur place en fin d’après-midi et découvre que Boranovski, accusé d’avoir déserté (plus de 200.000 jeunes soldats allemands avaient déserté) en ayant profité de la confusion d’une attaque aérienne, doit se faire fusiller le lendemain matin à l’aube.

Durant la nuit, alors qu’il partage sa chambre avec un capitaine sur le point d’être envoyé sur le champ de bataille à Stalingrad et sa fiancée Melanie, Brunner découvre l’histoire de Boranovski. Falk Harnack use alors de récents flashbacks qui dressent le portrait d’un jeune homme qui n’inspirait qu’à vivre comme n’importe quel être humain, qui a rencontré l’amour auprès d’une jeune mère et veuve ukrainienne. Un petit homme moustachu à frange en a décidé autrement. Par ailleurs, ce dernier apparaît seulement en fond sonore pendant un discours, comme si sa présence, ou plutôt son omniprésence était tellement devenue banale qu’on ne faisait même plus attention à lui. Tandis qu’il s’époumone sur la victoire qu’il sent « imminente », les soldats vaquent à leurs occupations, laissant ce chien aboyer dans le vide. Falk Harnack livre un film pacifiste, antimilitariste et antinazi, fortement engagé, beau et très attachant.

LE DVD

Les Chiens sont lâchés intègre la collection Grands films de guerre disponible chez Movinside. Aucun supplément ni de chapitrage, le menu principal, animé et musical, ne propose que le choix des langues (version originale avec ou sans sous-titres français) avant le lancement du film. Si l’éditeur aurait pu proposer une présentation des Chiens sont lâchés par un historien du cinéma, la grande rareté du film l’emporte sur l’absence des suppléments.

L’Image et le son

Movinside propose Les Chiens sont lâchés dans son format original 1.33 (4/3). Le grain original a été lissé quasiment entièrement, la copie a subi un certain dépoussiérage, même si des rayures verticales, points noirs, tâches et raccords de montages demeurent visibles. L’image est stable, divers moirages sont constatés, notamment sur les galons des officiers, sans oublier les décrochages sur les fondus enchaînés. Le N&B est lumineux, la gestion des contrastes équilibrée. Malgré les défauts énumérés, découvrir le film de Falk Harnack est une chance inespérée et nous ne pouvons que saluer l’éditeur pour cette ambitieuse sortie dans les bacs.

Seule la version originale est proposée avec des sous-titres français non imposés. La piste est étonnamment propre, ne serait-ce que deux ou trois craquements, sans souffle parasite et sans bruits de fond. Le confort acoustique est donc assuré.

Crédits images : © BETA FILM. / Movinside / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Esprit de Caïn, réalisé par Brian De Palma

L’ESPRIT DE CAÏN (Raising Cain) réalisé par Brian De Palma, disponible en combo DVD-Blu-ray le 28 mars 2017 chez Elephant Films

Acteurs : John Lithgow, Lolita Davidovich, Steven Bauer, Frances Sternhagen, Gregg Henry, Tom Bower, Gabrielle Carteris…

Scénario : Brian De Palma

Photographie : Stephen H. Burum

Musique : Pino Donaggio

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1992

LE FILM

Le docteur Carter Nix est un pédopsychiatre réputé qui décide d’abandonner sa carrière pour mieux pouvoir élever la fille qu’il a eue avec Jenny, elle-même médecin. Cette dernière se montre concernée par l’obsession grandissante que son mari porte à l’éducation de leur enfant, jusqu’à commencer à douter de la santé mentale de l’homme qu’elle a épousé et qu’elle croit connaître.

En 1984, Brian De Palma livre un chef d’oeuvre sur sa filiation avec son maître Alfred Hitchcock, Body Double. Puis, le cinéaste effectue un virage étonnant dans sa carrière, cela ne sera pas l’unique fois, en enchaînant trois films de studio aux budgets conséquents et portés par des stars. Les Incorruptibles (1987) est un succès mondial et vaut à Sean Connery le seul Oscar de sa carrière, Outrages (1989), interprété par Michael J. Fox et Sean Penn est un film sur les dérives de la guerre du Vietnam qui se solde par un échec au box-office. Ce changement de registre étonne les spectateurs et la difficulté de son sujet, le viol et le meurtre d’une jeune paysanne vietnamienne en 1966 par des soldats américains, entraîne son rejet total aux Etats-Unis. De Palma essaye alors de se refaire avec Le Bûcher des vanités, mais malheureusement, cette adaptation du roman de Tom Wolfe avec pourtant le trio Tom Hanks – Melanie Griffith – Bruce Willis en vedette est très mal accueillie par la presse et les salles sont désertées. Après ces expériences à la Paramount, à la Fox puis à la Warner Bros., Brian de Palma tombe dans la dépression au début des années 1990. Comme tout artiste, il décide de revenir à ses premières amours, au film à petit budget, une production indépendante plus modeste dans laquelle il mettrait à nouveau tous les thèmes qui l’animent et qui ont fait sa renommée. Ce thriller névrotique, psychologique, baroque et hitchcockien s’intitule L’Esprit de Caïn et demeure à ce jour le film le plus mal aimé, probablement le plus incompris de son auteur, celui qui entraîne le plus de débats au sein même de la sphère des fans du réalisateur.

Sorti en 1992, Raising Cain détonne et la critique conspue immédiatement ce film. « Grotesque », « ridicule », « absurde », « outrancier », rarement un film de Brian De Palma aura été à ce point controversé et traîné dans la boue. Pourtant, rétrospectivement, ces qualificatifs reflètent bien ce film du réalisateur de Phantom of the Paradise, qui concentre le plus la sève de sa création. Le spectre d’Alfred Hitchcock plane évidemment sur Raising Cain, comme si Brian De Palma, après s’être éloigné de ses thèmes de prédilection, se sentait à nouveau attirer par celui qui lui a donné envie de faire ce métier de cinéaste. Magistralement interprété par John Lithgow, le personnage principal schizophrène atteint de dédoublement de la personnalité renvoie à la propre situation de De Palma, pris entre son désir de conserver son indépendance, ainsi que sa liberté créatrice, et son obligation à se plier aux directives des studios hollywoodiens afin de survivre dans l’industrie cinématographique. Le cinéaste use de ficelles devenues « populaires » à l’instar du soap opéra, caractérisé par l’idylle entre une femme (la ravissante Lolita Davidovich) avec son ancien amant (Steven Bauer), filmée comme un épisode des Feux de l’amour. Redoutablement intelligent, Brian De Palma dynamite ces codes afin de mieux les parasiter, en incluant ses thèmes récurrents, la perversité, le voyeurisme, la frustration sexuelle, le meurtre à l’arme blanche, le travestissement, le double. L’Esprit de Caïn n’est pas une parodie, mais une œuvre maîtrisée de A à Z par un réalisateur bien trop heureux de faire perdre ses repères à un spectateur devenu trop conditionné par une esthétique acidulée et des histoires à l’eau de rose tirées d’un mauvais roman de gare.

Nul autre film que Psychose a su parler de la psyché bouleversée d’un être humain. Le chef d’oeuvre d’Alfred Hitchcock est omniprésent dans L’Esprit de Caïn, tout comme Le Voyeur de Michael Powell, mais contrairement à un Quentin Tarantino ou un Nicolas Winding Refn qui se contentent la plupart du temps de plagier leurs modèles, les références ont été digérées par De Palma dont l’oeuvre n’a de cesse de converser avec celle de ses modèles. Par ailleurs, Brian De Palma s’autocite avec humour à travers quelques motifs puisque nous retrouvons la grande femme blonde aux lunettes noires de Pulsions, ou bien encore la panique de la femme en train de se noyer qui n’est pas sans rappeler l’une des séquences de Blow Out. John Lithgow se délecte dans ce rôle-multiple (Carter/Caïn/Dr. Nix/Josh/Margo), qui a vraisemblablement et très largement inspiré James McAvoy dans le formidable Split de M. Night Shyamalan, qui comme une mise en abyme a de son côté été bercé par le cinéma de Brian de Palma et d’Alfred Hitchcock. Rythmé par les sublimes accords de Pino Donaggio (Carrie au bal du diable), L’Esprit de Caïn ne cesse de déstabiliser les spectateurs, en leur faisant constamment perdre leurs repères, les obligeant ainsi à recomposer systématiquement l’histoire qu’on leur montre et que Brian de Palma n’a de cesse de leur déconstruire en jouant à la fois sur la temporalité, l’inconscient, avec parfois des rêves qui s’imbriquent dans d’autres rêves au moyen d’un montage chronologique…mais défragmenté.

C’est cette construction et ce mélange de genres qui a visiblement choqué les spectateurs à la sortie du film, avant d’être « remonté » en 2012 par Peet Gelderblom, un réalisateur néerlandais fan de Brian De Palma et de L’Esprit de Caïn, qui ayant appris que le cinéaste avait décidé – chose qu’il a ensuite regretté – de changer la structure originelle de son film en postproduction (afin de ne pas trop perdre de spectateurs), a décidé de le recomposer en suivant le scénario initial et en se servant d’une simple copie en DVD. Si ce recut, proposant les mêmes scènes mais dans un ordre différent et une durée identique, rapproche encore plus L’Esprit de Caïn de Pulsions, l’expérience est moins viscérale et vertigineuse, plus classique et linéaire, bien que ce recut mélange à la fois le présent, le passé et les songes. Malgré tout, cette version remaniée avec l’adoubement de Brian De Palma himself – qui a voulu que les deux moutures soient proposées en Blu-ray – s’avère une belle curiosité, L’Esprit de Caïn conserve indéniablement plus de force dans son cut cinéma, plus axé sur le trouble dissociatif de son personnage principal (qui passe au second plan dans le recut), plutôt que sur sa critique de l’adultère, dans laquelle on se perd finalement moins et qui reflète moins le chaos psychologique de Nix/Caïn.

Virtuose, comme ce long et extraordinaire plan-séquence durant lequel Frances Sternhagen détaille la personnalité et le trauma de Carter Nix, Raising Cain s’adresse donc non seulement aux cinéphiles passionnés par le genre et par la filmographie de Brian De Palma, mais aussi aux cinéphiles férus de technique, tout comme à ceux qui possèdent un bagage nanti de références. Injustement considéré comme mineur et souvent dissimulé derrière des oeuvres prestigieuses et mondialement reconnues, L’Esprit de Caïn est pourtant un film à la fois matriciel, somme et définitif d’un des plus grands auteurs de l’histoire du cinéma.

LE BLU-RAY

Elephant Films édite l’un de ses titres les plus importants à ce jour. Cette édition combo de L’Esprit de Caïn se compose de deux Blu-ray, la version cinéma d’un côté (disque rouge), la version « Director’s Cut » 2016 de l’autre (disque bleu), sans oublier le DVD du montage cinéma (disque jaune). Les trois galettes, ainsi qu’un livret de 20 pages écrit par Stéphane du Mesnildot, critique aux Cahiers du Cinéma (qui reprend l’essentiel de sa présentation dans les bonus), reposent dans un boîtier transparent glissé dans un surétui. La jaquette est réversible. Le visuel du recto a été concocté pour cette sortie dans les bacs, tandis que l’affiche originale est disponible au verso. A vous de choisir ! Le menu principal de chaque disque est animé sur la musique de Pino Donaggio.

Le montage cinéma s’accompagne d’une formidable présentation par Stéphane du Mesnildot, que nous évoquions plus haut (21’). L’intervenant replace L’Esprit de Caïn dans la carrière de Brian De Palma, insiste sur le côté œuvre maudite, détaille les thèmes du film qui nous intéresse, revient sur l’accueil très froid de la part de la critique et des spectateurs, sans oublier les références de Brian De Palma (Le Voyeur, Psychose, Pas de printemps pour Marnie, Pulsions, Ne vous retournez pas), la forme très détaillée avec l’usage du plan-séquence et du cadre dans l’image. Une analyse précise, passionnante et très détaillée.

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos et des bandes-annonces.

Le Blu-ray de la version « Director’s Cut » (terme autorisé par le maître en personne) démarre automatiquement par un clip de 2’30, durant lequel Peet Gelderblom, dont nous parlons dans la critique du film, présente la raison d’être de ce recut. Ce segment intitulé Le Changement de Caïn, la restauration du classique culte de Brian De Palma, est également disponible dans la section des suppléments.

Comme il l’indique dans le module précédent, Peet Gelderblom a présenté sa version « Director’s Cut » de L’Esprit de Caïn, dans un essai vidéo posté sur le site IndieWire en 2012. C’est après avoir découvert cet exposé, que Brian De Palma, tout comme plusieurs de ses confrères (dont Edgar Wright) s’est dit très heureux et impressionné par ce remodelage qu’il avait finalement abandonné avant la sortie du film dans les salles. Elephant Films propose de découvrir ce petit documentaire en question (13’), dans lequel Peet Gelderblom revient sur chacune des étapes qui ont conduit à cette version alternative.

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos et les credits.

L’Image et le son

Le sort réservé à chaque mouture est différent. La version cinéma 1992 est la mieux lotie. Le film est disponible sur un BD 50, double couche donc, et la copie présentée, même si elle ne peut rivaliser avec les standards actuels à 2 ou 4K, s’en sort très bien. La gestion du grain argentique est solide, les couleurs plaisantes et ravivées. Bien qu’elle ne paraisse pas récente et que les détails manquent parfois à l’appel, la restauration est indéniable (à peine quelques points blancs à signaler), les contrastes élégants et la stabilité est de mise. En revanche, le « Director’s Cut » 2016, présenté sur un BD 25 apparaît plus délavé avec un aspect étonnamment plus lisse, une compression moins discrète et un bruit vidéo parfois palpable. Dans les deux cas, le film est évidemment proposé dans son format original 1.85.

Les versions originale et française (présentes sur les deux montages) bénéficient d’une piste DTS-HD Master Audio Stéréo 2.0 exemplaire et limpide, restituant les dialogues avec minutie – moins en version originale toutefois – ainsi que l’enivrante bande originale signée Pino Donaggio qui jouit d’un coffre inédit. Les effets sont solides, le confort acoustique largement assuré et nous découvrons même quelques ambiances inédites qui avaient pu échapper à nos oreilles jusqu’à maintenant. La piste française se focalise un peu trop sur les dialogues et le doublage de John Lighgow au détriment des effets annexes, plus saisissants en version anglaise. Un souffle léger demeure constatable en français pour les deux options acoustiques. Le mixage français est certes moins riche mais contentera les habitués de cette version. Nous échappons heureusement à un remixage 5.1 inutile. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Universal Studios. / Elephant Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Kong: Skull Island, réalisé par Jordan Vogt-Roberts

KONG: SKULL ISLAND réalisé par Jordan Vogt-Roberts, disponible en DVD, Blu-ray et 4k Ultra HD le 12 juillet 2017 chez Warner Bros.

Acteurs : Tom Hiddleston, Samuel L. Jackson, Brie Larson, John C. Reilly, John Goodman, Corey Hawkins, John Ortiz, Tian Jing…

Scénario : Dan Gilroy, Max Borenstein, Derek Connolly d’après une histoire originale de John Gatins

Photographie : Larry Fong

Musique : Henry Jackman

Durée : 1h58

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Un groupe d’explorateurs plus différents les uns que les autres s’aventurent au cœur d’une île inconnue du Pacifique, aussi belle que dangereuse. Ils ne savent pas encore qu’ils viennent de pénétrer sur le territoire de Kong… Un singe gigantesque qui règne sur l’île peuplée d’une faune à sa dimension, avec laquelle il est en perpétuel conflit. Cette fois il va devoir confronter l’homme…

Sans tenir compte des copies, des parodies et autres ersatz, Kong: Skull Island est le neuvième film avec King Kong en vedette. Apparu au cinéma en 1933 devant la caméra de Merian C. Cooper et Ernest Schoedsack, le gorille géant a également tenu l’affiche du Fils de Kong, réalisé la même année par Ernest Schoedsack en solo, de King Kong Appears in Edo, film japonais aujourd’hui perdu (1938), de King Kong contre Godzilla (1962) de Ishirô Honda, de La Revanche de King Kong (1967) encore une fois mis en scène par Ishirô Honda avec Rawkin Arthur. Il faudra attendre 1976 pour que King Kong fasse son retour à Hollywood devant la caméra de John Guillermin, dans lequel le dieu Kong s’éprenait (et on le comprend) de Jessica Lange et l’emmenait au sommet du World Trade Center. Dix ans plus tard, John Guillermin remettait ça avec Charles McCracken avec son King Kong 2. En 2005, Peter Jackson embarquait Naomi Watts et Adrien Brody sur l’île de Kong, tandis qu’Andy Serkis interprétait le personnage principal en motion-capture. Nous n’attendions pas forcément le retour de King Kong, mais puisque Kong: Skull Island s’offre à nous, pourquoi le refuser ?

Porté par le triomphe international de Godzilla réalisé par Gareth Edwards et voulant surfer sur les univers étendus à la Marvel, la Warner et Legendary Pictures ont immédiatement donné le feu vert pour ressusciter l’un des monstres les plus célèbres de l’histoire du cinéma, King Kong. Pour cela, les studios ont engagé le jeune cinéaste Jordan Vogt-Roberts, remarqué en 2013 avec son petit film The Kings of Summer. Kong: Skull Island fait donc partie du MonsterVerse et prépare la confrontation avec Godzilla. L’armée américaine s’intéresse de près à une étrange île dans le Pacifique. Pour cartographier le territoire, elle lance des explosifs, ce qui provoque la colère du maître des lieux, Kong, un énorme singe. Le capitaine James Conrad, la journaliste Mason, le lieutenant-colonel Packard et Bill Randa ne vont pas tarder à l’affronter. Sur place, ils rencontrent Marlow, un aventurier qui met les met en garde. Kong n’est peut-être pas leur plus grande menace. Ils doivent davantage se méfier des créatures gigantesques et belliqueuses qui se cachent dans les tréfonds de l’île. Bon, rien de nouveau ici, Kong: Skull Island s’apparente le plus souvent à un pseudo-remake de Jurassic Park (le scénario est d’ailleurs coécrit par Derek Connolly, l’auteur de Jurassic World et de sa prochaine suite), film qui a probablement bercé Jordan Vogt-Roberts. Son film s’éloigne des autres Kong et fait ici la part belle à l’action, notamment aux affrontements des créatures géantes, Kong Vs un calamar géant, Kong Vs des rampants gargantuesques, etc, notre gorille préférée mesurant ici 30 mètres de haut et tenant sur deux pattes !

Kong: Skull Island n’est pas déplaisant, il manque juste de chair et ce n’est pas le casting, réduit à quelques silhouettes qui changent la donne, même si Brie Larson (qui écarquille continuellement les yeux en faisant « Wouhou ! ») en débardeur a également de quoi distraire. Mais Tom Hiddleston qui prend la pose avec son arme, est aussi crédible qu’Adrien Brody dans Predators, autrement dit pas du tout. Mais qu’importe puisque nous ne sommes pas venus pour lui et ses copains, d’autant plus que Samuel L. Jackson est devenu un tel cliché dans ce genre de film qu’on ne fait même plus attention à lui, surtout quand il déclame quelques tirades comme sa plus célèbre dans Pulp Fiction, avec pour seul objectif de tuer Kong, histoire d’oublier la frustration de rentrer du Vietnam la queue entre les jambes. Après une scène d’exposition particulièrement laide et ratée, le film prend un bout de temps à présenter ses personnages dans un contexte donné (après la débâcle de la guerre du Vietnam), avant de se lâcher enfin dans le film pop-corn. Et de ce point de vue-là Kong: Skull Island assure, les effets visuels sont magnifiques (la motion-capture a servi pour créer Kong), tout comme les paysages naturels du Vietnam.

Nourri de références cinématographiques – à défaut d’imposer un réel point de vue – avec Apocalypse Now en première ligne (y compris sur certaines affiches d’exploitation) avec sa photographie brûlée par le soleil, ou même une citation de Cannibal Holocaust durant un face à face avec une araignée géante, ce film d’aventures s’avère généreux avec les spectateurs, même si l’impression d’avoir vu ça pas mal de fois au cinéma subsiste du début à la fin. Divisé en trois parties, Kong: Skull Island pâtit d’un ventre mou en plein milieu dès l’apparition improbable du pourtant excellent John C. Reilly, dont le personnage irritant et supposé apporter un peu d’humour à l’ensemble, ralentit considérablement le film. Mais Kong:Skull Island parvient à faire oublier ses indéniables défauts, y compris ses péripéties largement prévisibles. On se laisse finalement prendre au jeu et le film ravit à la fois les passionnés de blockbusters, de films de monstres et ceux de kaiju. Maintenant vous voulez voir quels seront les prochains monstres bientôt sur vos écrans ? Restez donc après le générique…

LE BLU-RAY

Le test effectué ici est celui de l’édition 2D. Le disque repose avec celui qui propose la version 3D, dans un boîtier Steelbook au visuel élégant. Le menu principal est fixe et muet.

Deux premières featurettes sont d’abord jointes dans le module La Naissance d’un roi. Comme les titres l’indiquent, Fabriquer une icône (12’) et Invoquer un Dieu (13’) reviennent sur la création du nouveau Kong à l’écran, sur la mythologie de la créature au cinéma (avec des images du premier King Kong), son héritage, ainsi que les partis pris, les personnages, les décors. Les comédiens, le réalisateur et les producteurs sont en plein service promotionnel et y vont à fond dans les superlatifs, tandis que des images nous dévoilent l’envers du décor et la création des images de synthèse.

L’une des réussites de Kong: Skull Island est la beauté des décors naturels. Un module est consacré au tournage du film au Vietnam, avec les impressions de l’équipe après leur arrivée et une conférence de presse donnée avant le premier clap (6’).

Les fans de Tom Hiddleston se précipiteront sur le segment intitulé L’Aventurier intrépide (7’), durant lequel le comédien fait part de ses impressions au fil du tournage dispersé entre l’Australie et le Vietnam, en passant par Hawaii.

A travers l’objectif (2’) : Dans Kong: Skull Island, Brie Larson ne possède pas d’autre arme que son appareil photo. Afin d’aider son actrice à « entrer dans son personnage », le réalisateur Jordan Vogt-Roberts lui a confié un véritable Leica qu’elle pouvait réellement utiliser durant les prises de vue. Possédant un talent pour la photographie, une partie des photos de Brie Larson ont ensuite été utilisées pour la promotion du film.

Dans la section Les Dossiers Monarch (8’), l’éditeur joint de fausses archives classées top secret, créées pour le film afin de donner un cachet réaliste aux images militaires, réutilisées pour la promotion de Kong: Skull island. Nous en apprenons plus sur l’île en général, mais aussi et surtout sur les différentes créatures qui la peuplent. Tout cela histoire de poser des éléments pour les prochaines suites en préparation.

4 petites minutes de scènes coupées complètent ces suppléments, dont la présentation originale de Samuel L. Jackson qui fait un discours à ses hommes avant de leur proposer de trinquer ensemble. Ces séquences appuient également la méfiance de James Conrad quand il découvre l’étrange présence d’armes à feu avant de s’embarquer.

Enfin, l’interactivité se clôt sur un commentaire audio du metteur en scène Jordan Vogt-Roberts, disponible en version originale non sous-titrée.

L’Image et le son

Grand spectacle au cinéma, Kong: Skull Island se devait de placer la barre haute pour son arrivée dans les bacs à destination des installations Home-Cinéma. C’est le cas avec ce sublime Blu-ray concocté par Warner qui en met plein les yeux. Tourné grâce aux caméras numériques Arri Alexa XT Plus, Kong: Skull Island doit se voir ou se revoir en Haute définition. Les effets numériques sont ahurissants de beauté, le piqué est affûté comme la lame d’un scalpel, les couleurs impressionnantes, les contrastes léchés, les noirs denses et la profondeur de champ omniprésente. Les détails sont légion à l’avant comme à l’arrière-plan, de jour comme de nuit, le relief ne cesse d’étonner et le rendu des textures est subjuguant. Le nec plus ultra pour apprécier toute la richesse de la photographie du chef opérateur surdoué Larry Fong, à qui l’on doit les images des principaux films de Zack Snyder, 300, Watchmen: Les gardiens, Sucker Punch, mais aussi Batman v Superman: L’aube de la justice. Voilà un beau Blu-ray de démonstration.

Les versions française et originale bénéficient d’un mixage Dolby Atmos particulièrement puissant ! Ne vous en faites pas, si vous ne possédez pas l’installation nécessaire, les pistes mutent en Dolby True HD 7.1 pour la première (également dispo en DTS-HD Master Audio 5.1) et en Dolby Digital + pour la seconde. Dans les deux cas, les dialogues y sont remarquablement exsudés par la centrale, les frontales sont saisissantes, les effets et ambiances dantesques (l’orage, l’affrontement de Kong contre les hélicoptères, tout le film quoi), les enceintes arrière instaurent constamment un environnement musical, tout comme le caisson de basses qui se mêle à l’ensemble avec fracas, notamment quand Kong se déplace et se retrouve face à d’autres créatures de sa taille. Un grand spectacle acoustique !

Crédits images : © Warner Bros. / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Chacun sa vie, réalisé par Claude Lelouch

CHACUN SA VIE réalisé par Claude Lelouch, disponible en DVD et Blu-ray le 18 juillet 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Eric Dupond-Moretti, Johnny Hallyday, Nadia Farès, Jean Dujardin, Christophe Lambert, Antoine Duléry, Marianne Denicourt, Rufus, Gérard Darmon, Julie Ferrier, Stéphane De Groodt, Béatrice Dalle, Jean-Marie Bigard…

Scénario : Claude Lelouch, Grégoire Lacroix, Valérie Perrin, Pierre Uytterhoeven

Photographie : Robert Alazraki

Musique : Laurent Couson, Francis Lai, Dimitri Naiditch

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Ils ne se connaissent pas, mais tous ont rendez-vous pour décider du sort d’un de leurs semblables. Avant d’être juges, avocats ou jurés, ils sont d’abord des femmes et des hommes au tournant de leurs existences, avec leurs rêves et leurs secrets, leurs espoirs et leurs limites, tous sous un même soleil, chacun avec sa part d’ombre. Dans une jolie ville de province, le temps d’un festival de jazz, la vie va jongler avec les destins…

C’est souvent dans l’ordre des choses. Après avoir fait un film relativement bon, Claude Lelouch s’évertue toujours à enchaîner avec un nouvel opus en repoussant les limites dans ce qu’il peut faire de pire. Un plus une ayant été une belle réussite, Chacun sa vie est à marquer d’une croix dans la carrière du cinéaste puisque sa comédie de mœurs s’avère complètement ratée, mais pas désagréable dans le sens où le film devient hilarant là où le cinéaste lui-même ne l’avait évidemment pas prévu. Avec près de 60 courts, longs métrages (son 46e ici) et documentaires à son actif en 60 ans de carrière, on pouvait penser que Claude Lelouch prendrait un peu de repos à presque 80 ans. C’était mal le connaître. Le metteur en scène d’Un Homme et une femme, Roman de gare, Tout ça…Pour ça ! aurait pu (dû ?) s’arrêter sur Un plus une, il serait ainsi parti sur une bonne note. Mais non. Une fois de plus il a décidé de reprendre sa caméra à l’épaule pour filmer le destin, des acteurs et des actrices plongés dans le hasard et les coïncidences, dans leurs histoires d’amour, des tranches de vie aussi grasse que des tranches de lard.

Claude Lelouch signe ses Dix Commandements et tel un Cecil B. DeMille parigot s’entoure d’un casting à faire frémir Les Cahiers du cinéma avec par ordre alphabétique : Ramzy Bedia, Samuel Benchetrit, Jean-Marie Bigard, Béatrice Dalle (Swann d’or de la meilleure actrice, si si), Gérard Darmon, Stéphane De Groodt, Vanessa Demouy, Marianne Denicourt, Jean Dujardin, Antoine Duléry, Éric Dupond-Moretti, Nadia Farès, Julie Ferrier, Liane Foly, Déborah François, Kendji Girac, Johnny Hallyday, Francis Huster, Chantal Ladesou, Christophe Lambert, Michel Leeb, Pauline Lefèvre, Philippe Lellouche, William Leymergie, David Marouani (oui de David et Jonathan), Raphaël Mezrahi, Vincent Perez, Rufus, Mathilde Seigner, Zinedine Soualem et Elsa Zylberstein. Ils sont tous là pour ce qu’ils croyaient être le meilleur, mais ce qui s’avère le pire.

Chacun sa vie prend la forme d’un film choral (comme La Belle Histoire ou Les Uns et les Autres), d’un film à sketches qui s’imbriquent continuellement à travers des séquences incroyables car constamment foirées. L’histoire ? Stéphane (De Groodt) veut divorcer de Nadia (Farès), donc ils se mettent à chanter à table comme dans un film de Jacques Demy. Samuel (Benchetrit) cherche à se réconcilier avec Jessica (Déborah François) lassée de son manque de tendresse. Malgré ses 45 ans bien tapés il enfile son jean slim et vient l’embêter à l’hôpital où elle travaille. Une prostituée (Dalle) se confie à son client (Dupond-Moretti), et lui annonce qu’elle souhaite raccrocher. Lui, veut être son dernier client. Un commissaire (Dujardin) reçoit la visite de Johnny Hallyday (Jean-Philippe Smet aka) qui porte plainte contre à un sosie qui lui cause du tort. Ou comment perdre Johnny dans un nouveau film méta. La comtesse (Zylberstein) tombe dans les bras de l’idole des jeunes et déclare aux yeux du monde que toutes les femmes rêvent de coucher avec Johnny, les yeux en pleurs, en hurlant, la morve au nez. François (Michel Leeb, toujours pas remis de son pitch sur l’art de la pizza dans Les Parisiens du même Lelouch) reçoit la visite désagréable de sa contrôleuse fiscale (Ladesou) et tente de l’acheter avec un collier d’une fortune inestimable. Nathalie (Ferrier) et Eugénie (Foly), une chanteuse, veulent se séparer, mais avec le sourire. Bon et n’oublions pas pêle-mêle Jean-Marie Bigard dans un remake de Docteur Patch qui perché sur son hoverboard raconte des histoires de cul bien graveleuses à ses patients car le rire guérit de tout, Christophe Lambert qui lampe du grand cru à plat ventre, Antoine Duléry dans un double rôle donc deux fois plus mauvais, Marianne Denicourt qui a la tête penchée quand elle est triste, Rufus et son béret de chauffeur de taxi, Gérard Darmon à poil full frontal qui frictionne un autre mec sous la douche, Julie Ferrier elle aussi dans un double rôle dont celui d’une cagole, Liane Foly (encore elle) qui chante du Johnny dans une parodie des Blues Brothers, Francis Huster qui parodie Francis Huster au premier degré, Vanessa Demouy qui taille une pipe à son compagnon Philippe Lellouche et à Raphaël Mezrahi (sans avoir de dialogues car on ne peut pas parler la bouche pleine), William Leymergie qui n’a plus de boulot et qui se reconvertit dans le cinéma après plusieurs apparitions chez…Lelouch. Tout ce petit monde va se croiser, dans une sarabande des sentiments. N’en jetez plus, c’est trop de bonheur.

Chacun sa vie est une véritable expérience cinématographique en soi. Il faut tout d’abord se farcir un discours de Dupond-Moretti sur le destin avant d’enchaîner avec le générique de huit minutes, filmé lors d’un concert de Johnny Hallyday. Huit minutes de Toute la musique que j’aime avec le chanteur sur scène donc, mais également un sosie de Johnny (incarné par l’idole des jeunes lui-même), qui entonne les paroles sans les savoir. Et ce n’est que le début, chaque séquence du film, chaque histoire – nous n’avons pas compté, mais il doit y en avoir treize connaissant le cinéaste – instaure un vrai malaise. Malaise devant le jeu souvent éhonté des comédiens, la palme revenant sans conteste à Elsa Zylberstein dans une séquence où son personnage doit témoigner devant la barre pour avoir succombé au charme de Johnny. Malaise aussi devant les dialogues venus d’un autre temps, d’un autre univers peut-être. Un amoncellement de phrases toutes faites, de slogans publicitaires pour la Foir’Fouille ou d’un club de rencontres pour le troisième âge, déclamées avec une fausse spontanéité. Même les jeunes sont montrés comme des vieux cons dans Chacun sa vie.

Malaise encore durant cette séquence où Philippe Lellouche se fait faire une petite gâterie par sa (véritable) compagne Vanessa Demouy, alors qu’il est au volant de sa belle voiture de sport sur une route de campagne. Quand soudain deux motards l’arrêtent, Raphaël Mezrahi et David de David et Jonathan. Afin de ne pas être verbalisé, Lellouche propose aux deux gendarmes de passer un peu de temps avec sa copine. Mezrahi accepte et s’installe au volant, les deux autres s’éloignent. Tandis que Lellouche dit à l’autre gendarme « attendez un peu, ça va être votre tour, vous m’en direz des nouvelles ! » l’autre lui rétorque qu’il préfère en fait les mecs. Regard bas de Lellouche. Ouin ouin ouinouinouin…

Voilà, des scènes comme ça à la Kamoulox il y en a des tas dans Chacun sa vie, filmé comme un spot promo pour Norwich Union sur une musique d’André Rieu ou plutôt de Jean-François Copé au synthétiseur. Mais c’est finalement touchant, car c’est ça la vie pour Lelouch. C’est à la fois profondément naïf et prétentieux, pathétique et attachant, puant et désopilant, il faut le voir pour le croire. Enfin, nous terminerons cette chronique par l’une des blagues raffinées racontées par Jean-Marie Bigard, médecin-chef de service devant un parterre d’internes outrés : « Tu sais pourquoi les hippopotames ils font l’amour dans l’eau ? Bah t’essaieras de faire mouiller une chatte de 200 kilos ! ». Quand on sait que Claude Lelouch a eu l’idée de son film en écoutant une plaidoirie de l’avocat Eric Dupont-Moretti, on n’ose imaginer ce qui lui viendra à l’esprit après avoir mangé un bon cassoulet.

Une des plus grandes comédies (involontaires) de tous les temps, une ode au mauvais goût qui rejoint instantanément le T’aime de Patrick Sébastien. Magistral.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Chacun sa vie, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

Pour celles et ceux qui auraient aimé le film, du moins au même degré que l’auteur de ces mots, il est fortement conseillé de se pencher sur les 75 minutes de suppléments proposés par l’éditeur tant ceux-ci prolongent le délire du film.

C’est le cas pour les scènes coupées (4’30) durant lesquelles Stéphane De Groodt se parle à lui-même façon Gollum/Smeagol, plus d’autres bouts de scène sans intérêt, qui auraient donc pu être gardés au montage final puisque cela n’aurait rien changé.

S’ensuit un long documentaire (22’30) qui commence par un délire (encore un) de Claude Lelouch. On le voit entouré de ses treize étudiants des Ateliers du Cinéma de Beaune, qu’il a lui-même créés. Deux sont habillés en mariés, tandis que les autres les entourent, une caméra à la main. Lelouch leur demande de filmer « l’événement » de leur point de vue, afin de se familiariser avec leur appareil qui capte « l’instant de vie », tout en leur bourrant le crâne sur sa technique. Heureusement, cela ne dure pas la totalité du module, mais six minutes environ, ce qui est déjà pas mal. On retrouve ensuite Lelouch nous parler de ses élèves (qui prennent également la parole) et de leur travail sur Chacun sa vie, à travers quelques images du tournage. Les comédiens interviennent également et évoquent face caméra « l’immense talent », « la virtuosité » et « le génie » de Claude Lelouch. Un documentaire écrit et réalisé par Claude Lelouch. Ou pas.

Le bonus suivant installe une fois de plus le réalisateur dans un fauteuil, cette fois en compagnie d’Éric Dupond-Moretti (9’). Les deux compères reviennent sur leur rencontre, sur leur collaboration et le tournage du film. On tousse quand Claude Lelouch déclare qu’il y a du Lino Ventura chez Dupond-Moretti, on s’étrangle quand le premier récidive en disant qu’il le ferait bien tourner le second dans un prochain film.

En guise de making of, Metropolitan nous confie une petite vidéo de 3’30 constitué de propos de…ah bah de Claude Lelouch tiens, repris d’une interview disponible un peu plus loin dans l’interactivité. Le tout illustré par des images provenant du plateau où tout le monde il est beau et où tout le monde il est gentil. Quand Lelouch déclare qu’il avait de quoi faire au moins treize films avec les histoires présentes dans Chacun sa vie, on rigole. Moins, quand on s’aperçoit qu’il est sérieux.

Une grande partie du casting était réunie à Beaune pour l’avant-première de Chacun sa vie le 2 mars 2017 (10’30). La troupe débarque, petit foulard autour du cou, fardée de fond de teint et coiffée par Franck Provost pour présenter le film, avant de participer à une conférence de presse où chacun fait son petit show, tout en caressant l’ami Claude dans le sens du poil en lui disant qu’il est génial. Une conférence de presse écrite par Claude Lelouch. Ou pas encore une fois.

Last but not least, ne manquez pas l’interview de…ah bah de Claude Lelouch une dernière fois, mais on s’y attendait hein. Un peu plus de vingt minutes durant lesquelles le réalisateur se lance dans des délires à la Van Damme période cocaïne. Il a un avis sur tout. Il nous parle de sa vision du cinéma, de ses intentions, de son travail avec les comédiens, de la vie, de la septième saison de Game of Thrones, de l’arrivée de Neymar au PSG, de l’augmentation du Navigo et de tout un tas d’autres choses. Rayez les mentions inutiles. C’est très drôle, jamais informatif, on en redemande surtout quand il lance des phrases du genre « l’échec, c’est le terreau du succès ! ». Ses plantes doivent être très belles alors.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et des liens internet.

L’Image et le son

Comme d’habitude, l’éditeur soigne son master HD qui se révèle exemplaire. Le label «  Qualité Metropolitan » » est donc encore une fois au rendez-vous pour le Blu-ray de Chacun sa vie. L’image bénéficie d’un codec AVC de haut niveau, des contrastes d’une densité jamais démentie, ainsi que des détails impressionnants aux quatre coins du cadre large. Certains plans étendus sont magnifiques et tirent entièrement parti de cette élévation en Haute définition. Les visages, filmés en gros plans, des comédiens peuvent être analysés sous toutes leurs coutures (nous ne ferons aucune métaphore avec le visage de Johnny non non non), la photo est ambrée et chaude, la clarté demeure frappante, tout comme la profondeur de champ, le piqué est affûté et les partis pris esthétiques merveilleusement restitués. Ce Blu-ray est évidemment une franche réussite technique et offre de fabuleuses conditions pour revoir le film de Claude Lelouch lors d’une soirée nanar.

D’emblée, l’ensemble des enceintes est mis à contribution aux quatre coins cardinaux sur l’unique piste DTS-HD Master Audio 5.1. Les ambiances fusent de tous les côtés dès le logo Metropolitan, puis lors du concert de Johnny qui ouvre le film. L’omniprésente musique du fidèle Francis Lai bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale, avec des effets latéraux constants. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / T2 – Trainspotting, réalisé par Danny Boyle

T2 TRAINSPOTTING réalisé par Danny Boyle, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra HD le 12 juillet 2017 chez Sony Pictures

Acteurs : Ewan McGregor, Ewen Bremmer, Jonny Lee Miller, Robert Carlyle, Kelly MacDonald, Anjela Nedyalkova, Irvine Welsh, Shirley Henderson…

Scénario : John Hodge d’après les romans Trainspotting et Porno d’Irvine Welsh

Photographie : Anthony Dod Mantle

Musique : Rick Smith

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

D’abord, une bonne occasion s’est présentée. Puis vint la trahison. Vingt ans après, certaines choses ont changé, d’autres non. Mark Renton revient au seul endroit qu’il ait jamais considéré comme son foyer : Edimbourg. Spud, Sick Boy et Begbie l’attendent. Mais d’autres vieilles connaissances le guettent elles aussi : la tristesse, le deuil, la joie, la vengeance, la haine, l’amitié, le désir, la peur, les regrets, l’héroïne, l’autodestruction, le danger et la mort. La vie ? Toutes sont là pour l’accueillir, prêtes à entrer dans la danse…

Cela faisait plus de vingt ans que certains cinéphiles espéraient et attendaient le retour de Renton, Spud, Sick Boy et Begbie. Longtemps annoncée, puis reportée, enfin concrétisée, la suite de Trainspotting a enfin pu voir le jour. Lancés avec Petits meurtres entre amis, le réalisateur Danny Boyle et le comédien Ewan McGregor ont ensuite explosé dans le monde entier avec Trainspotting, petite production tournée avec 3,5 millions de dollars, qui en avait rapporté 72 millions et attiré plus d’un million de spectateurs en France à sa sortie en juin 1996. Après Une vie moins ordinaire (1997), Ewan McGregor et Danny Boyle ne se sont pas adressé la parole pendant une dizaine d’années, l’acteur n’ayant pas apprécié d’être remplacé par Leonardo DiCaprio dans La Plage en 2000. En raison de ces rapports tendus et de la difficulté à synchroniser leurs emplois du temps respectifs, la suite de Trainspotting a été maintes et maintes fois repoussée. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et donc T2 Trainspotting, puisque le film est intitulé ainsi, est arrivé sur les écrans en 2017.

Que sont-ils devenus ? Mark Renton semble en avoir fini avec la drogue. Il a un travail sûr à Amsterdam qui lui assure un train de vie confortable. Il revient à Edimbourg, sa ville natale qu’il ne reconnaît plus. Il avait besoin de ce retour aux sources afin de se confronter à ses démons et à ses amis, Sick Boy, Spud et Begbie, qu’il avait trahis lors d’un deal de drogue vingt ans plus tôt en emportant avec lui un butin de 16 000 £. Il retrouve Sick Boy, qui a remplacé l’héroïne par la cocaïne et qui dirige une très lucrative agence d’escort girls, tout en tenant désespérément le pub déserté de sa tante. Spud, lui, a du mal à avoir une vie normale tant il a abusé des drogues et se laisse aller à des pulsions suicidaires. Après vingt ans de prison et voyant toutes ses demandes de liberté conditionnelle rejetées, Begbie parvient à s’évader. Il est bien décidé à se venger et à prendre sa revanche sur Renton. Notre quatuor est donc bel et bien présent, pour notre plus grand plaisir.

Trainspotting est rapidement devenu un film culte et a su traverser les années sans trop de dommages. Danny Boyle a su démontrer son savoir-faire dans des genres différents (28 jours plus tard, Sunshine, 127 heures) jusqu’à la consécration ultime avec Slumdog Millionnaire. Bien que ses films aient été souvent marqués par des budgets modestes, Danny Boyle a toujours su imposer un style visuel reconnaissable et une énergie revigorante. T2 Trainspotting ne déroge pas à la règle et outre la joie non dissimulée de retrouver les personnages, le cinéaste signe également une œuvre mélancolique sur le passage du temps. C’est ainsi que Mark « Rent Boy » Renton parti d’un point A revient finalement au point A, là où tout avait commencé, là où rien n’avait commencé. La fureur de vivre s’est dissoute, sauf en ce qui concerne Francis « Franco » Begbie qui enfermé depuis vingt ans derrière les barreaux n’a eu de cesse de voir son désir de vengeance s’exacerber. La vie n’a pas changé pour lui puisqu’il n’a rien connu d’autre depuis son arrestation. Il reste très violent et inquiétant (si ce n’est plus), même les cheveux blancs et la bedaine. Si le feu s’est consumé, les personnages doivent apprendre à vivre à partir de ce qui reste des cendres de leur jeunesse. Daniel « Spud » Murphy parvient tant bien que mal à survivre, seul dans son appartement miteux. Ses retrouvailles avec Renton vont l’aider à lâcher définitivement l’héroïne. Quant à Simon « Sick Boy » Williamson, il parvient à se faire quelques rentrées d’argent en faisant du chantage auprès de bourgeois, filmés dans quelques positions compromettantes avec la délicieuse Veronika (Anjela Nedyalkova, révélée dans le rôle-titre du film Avé de Konstantin Bojanov), complice de Sick Boy, qui les attirent dans une chambre tamisée où une caméra a été dissimulée.

Si l’on craignait tout d’abord que T2 Trainspotting se contente de nous refaire le même film, le scénario original de James Hodge (complice de Danny Boyle depuis toujours), qui ne s’inspire que très sporadiquement de Porno (2002), la suite du livre écrite par Irvine Welsh, parvient à jouer avec la nostalgie du spectateur, tout en lui offrant quelque chose de frais. Ewan McGregor, Ewen Bremmer, Jonny Lee Miller et Robert Carlyle assurent le show avec classe et leur plaisir à retrouver ces personnages qui ont contribué à lancer leurs carrières respectives est contagieux. Si elle ne fait qu’une brève apparition, Kelly MacDonald est également de la partie, ce qui nous permet de comprendre que Diane est devenue une avocate qui a réussi. Le film est truffé de scènes destinées à devenir cultes (la soirée 1690, la course-poursuite dans le parking), marqué par une b.o explosive (Young Fathers, Wolf Alice, The Rubberbandits, Blondie) et une mise en scène au cordeau avec quelques réminiscences intelligemment amenées.

T2 Trainspotting ne cesse d’étonner par ses partis pris, par son approche des revers de la vie et des espoirs déçus. Bien qu’ils aient passé beaucoup de temps à fuir et à courir, personne, pas même Renton, ne peut finalement retenir et encore moins devancer le temps qui finit par nous rattraper. Finalement, après être finalement revenu au bercail, que faire maintenant ? Pourquoi ne pas écouter un album digne de ce nom ? Alors que Bowie s’en est allé et qu’Iggy Pop résiste encore, autant mettre Lust For Life à fond comme au bon vieux temps et on verra bien ce que nous réservent ces quarante prochaines années.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de T2 Trainspotting repose un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. Le visuel de la jaquette reprend l’un des visuels promotionnels avec nos quatre loustics occupant des toilettes. Etat-il nécessaire de la gâcher par les étoiles provenant des critiques françaises dithyrambiques ? Le menu principal est fixe et musical.

Les amateurs de suppléments seront ravis d’apprendre que l’éditeur nous propose ici près de trois heures de bonus !

On commence par le commentaire audio de Danny Boyle et du scénariste John Hodge, disponible en version originale sous-titrée en français. Les deux complices reviennent essentiellement sur le succès et le phénomène du premier film, la longue gestation de T2 Trainspotting et l’évolution des personnages. S’ils se marrent beaucoup pendant l’exercice, les deux intervenants ne livrent pas le commentaire du siècle. Mais comme ils ne s’arrêtent pour ainsi dire jamais de parler, qu’ils passent du coq à l’âne, qu’ils ne manquent pas d’anecdotes sur le tournage et qu’ils sont très sympathiques, il serait dommage de ne pas en profiter. Un commentaire distrayant.

Comme il l’indique dans le supplément précédent, Danny Boyle a beaucoup coupé au montage, surtout dans la première partie qui se penchait plus longuement sur chacun des personnages. Afin de les réunir le plus vite possible à l’écran, ces séquences n’ont donc pas été montées et se trouvent essentiellement réunies dans la section des scènes coupées (30’). Il y a donc plus de scènes en prison avec Begbie (et une où il se réveille pendant son opération), de Sick Boy dans son pub avec Veronika, de réunions d’entraide avec Spud, mais aussi des petits plans coupés ici et là pour accélérer le rythme. Une intrigue secondaire concernant Begbie et ses problèmes sexuels, ainsi que Begbie qui séquestre son avocat chez lui ont également été écarté du montage final. Ceux qui auraient été déçus de voir la participation de la belle Kelly McDonald réduite à une simple apparition seront heureux de la voir dans deux ou trois séquences où Diane héberge Renton chez elle après que ce dernier se soit fait agresser par Begbie dans le parking. On le voit allongé dans le canapé, se relever en pleine nuit avec l’envie d’aller rejoindre Diane dans sa chambre, avant d’y renoncer. Le lendemain, Renton lui demande si elle a déjà pensé à ce qu’aurait pu être leur vie s’ils avaient vécu ensemble. Une autre séquence très amusante montre Spud voler un iPad malgré la réticence de Renton. S’ensuit une course-poursuite dans la rue qui n’est évidemment pas sans rappeler la séquence d’ouverture du premier Trainspotting. Un vrai plaisir.

Après ces séquences, nous passons à une discussion sous forme de table ronde entre Danny Boyle et trois de ses comédiens principaux (25’), Ewan McGregor, Robert Carlyle et Jonny Lee Miller. Si Ewen Bremner n’est pas présent pour cause de tournage (Wonder Woman de Patty Jenkins), il introduit néanmoins ce supplément et apparaît parmi ses camarades sous forme de silhouette en carton. Le réalisateur et Ewan McGregor monopolisent la parole, avant d’être rapidement rejoint par Robert Carlyle. Seul Jonny Lee Miller semble trouver le temps long et n’ouvre la bouche qu’au bout d’un quart d’heure et encore de façon très sporadique. Les souvenirs des autres affluent (surtout sur le phénomène du premier film), chacun évoque son propre personnage ainsi que son évolution d’un film à l’autre, l’alchimie est toujours aussi évidente et cette réunion entre potes s’avère un très bon moment.

L’interactivité se clôt sur un spot promotionnel – intitulé « documentaire athlétique de Calton »pour une association sportive destinée à aider d’anciens junkies et alcooliques durant leur cure de désintoxication. Constitué de témoignages et de gros plans sur quelques rescapés, ce clip ne laisse évidemment pas indifférent (4’).

L’Image et le son

Sony Pictures prend soin de T2 Trainspotting et livre un master HD au format 1080p, irréprochable et au transfert immaculé. Respectueux des volontés artistiques du chef opérateur Anthony Dod Mantle (Trance, Dredd, Antichrist), la copie se révèle un petit bijou technique alliant des teintes multicolores et saturées (vert, rouge, rose, bleu, tout y passe), à la fois chaudes et froides (avec un usage de filtres à l’étalonnage), le tout soutenu par un encodage AVC de haute volée. Le piqué est tranchant, les arrière-plans sont magnifiquement détaillés, le relief omniprésent et les détails foisonnants sur le cadre 1.85. Les partis pris esthétiques sont donc respectés avec un léger grain cinéma conservé qui confère à l’image une agréable texture, une fabuleuse gestion des contrastes et des séquences sombres aussi soignées. Un service après-vente remarquable.

Voici le genre de mixage qui ne fait pas dans la demi-mesure ! Les pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 se révèlent fracassantes et redoutablement immersives. La bande-originale très « gros son » met à mal le caisson de basses à plusieurs reprises. Nous vous conseillons d’ailleurs de visionner T2 Trainspotting au moment où vos voisins seront absents. Les dialogues sont ardents sur la centrale, tandis que les frontales et les latérales n’ont de cesse de s’affronter lors des séquences plus agitées. Le doublage français est correct et reprend les mêmes comédiens que pour le premier film, mais le mixage peine parfois à mettre les dialogues en avant. Montez le volume, car c’est du très grand spectacle ! L’éditeur joint également une piste française Audiodescription.

Crédits images : © Sony Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Voice from the stone, réalisé par Eric D. Howell

VOICE FROM THE STONE réalisé par Eric D. Howell, disponible en DVD et Blu-ray le 26 juillet 2017 chez Marco Polo Production

Acteurs : Emilia Clarke, Marton Csokas, Caterina Murino, Kate Linder, Remo Girone, Lisa Gastoni, Edward Dring…

Scénario : Silvio Raffo d’après son roman « La voce della pietra »

Photographie : Peter Simonite

Musique : Michael Wandmacher

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Dans un vieux manoir de Toscane, Verena, une infirmière, s’occupe d’un jeune garçon devenu muet suite à la mort soudaine de sa mère. Elle découvre que l’enfant est en réalité hanté par des forces malveillantes emprisonnées dans les murs de la bâtisse. Au fur et à mesure que le temps passe et que ses relations avec le père de l’enfant évoluent, Verena est, elle aussi, peu à peu ensorcelée. Si elle veut sauver le garçon et se libérer, elle doit affronter les mauvais esprits cachés dans la pierre…

Alors que la septième saison de Game of Thrones vient de démarrer, la comédienne Emilia Clarke commence à se faire plus présente au cinéma, histoire de préparer tranquillement sa transition une fois qu’elle aura rendu le costume (bien qu’elle s’en débarrasse souvent il est vrai) de Daenerys Targaryen. Après l’inénarrable Terminator: Genisys d’Alan Taylor dans lequel elle reprenait – ou essayait de reprendre plutôt – le rôle de Sarah Connor, puis le drame romantique Avant toi adapté du roman de Jojo Moyes où elle s’occupait et tombait amoureuse d’un jeune homme tétraplégique, Emilia Clarke porte sur ses épaules Voice from the stone, d’après le roman La Voce Della Pietra de Silvio Raffo. Si elle n’est pas l’actrice la plus fine et que son jeu laisse souvent à désirer, elle s’avère plutôt « convaincante » dans ce petit film dramatique teinté de fantastique.

Dans les années 50 en Toscane, Verena, une jeune infirmière, se rend jusqu’à un manoir isolé afin de guérir Jakob, un enfant devenu muet depuis le décès de sa mère. Mais lors de son séjour, Verena se retrouve plongée au cœur des secrets et mystères de ce lieu. Alors qu’elle tombe amoureuse du père du garçon, elle est la proie de mauvais esprits présents dans les murs de la bâtisse. Si l’histoire n’a rien d’original, le metteur en scène Eric D. Howell, dont il s’agit du premier long métrage réalisé en solo après From Heaven to Hell en 2002 (avec Lou Ferrigno, Burt Ward et Adam West) et quelques courts-métrages, soigne l’esthétique de son film et crée une ambiance intrigante du début à la fin. Ancien coordinateur de cascades (Un plan simple, A Serious Man), Eric D. Howell livre donc un film tout à fait honorable.

Coproduction italienne, Voice from the stone a été intégralement tourné sur la Botte, dans les studios de Cinecittà pour les scènes en intérieur et dans les magnifiques paysages du Lazio pour les quelques séquences en extérieur. L’occasion pour Emilia Clarke de nous montrer son excellent accent à travers quelques dialogues dans la langue de Dante. Le principal ennui, c’est que Voice from the stone abat ses cartes durant le premier quart d’heure. Le spectateur habitué aux codes du genre fantastique découvrira immédiatement où le réalisateur souhaite l’emmener avec cette vieille bâtisse perdue au bout d’un chemin embrumé entouré d’arbres centenaires. Du coup, l’audience a souvent un coup d’avance sur les personnages, jusqu’à la résolution finale, que l’on peut également largement anticiper et qui s’avère d’ailleurs bien trop expédiée. Mais Voice from the stone n’est pas un film désagréable, d’autant plus que la photographie de Peter Simonite (collaborateur de Terrence Malick sur Song to Song, À la merveille, The Tree of life – l’arbre de vie) ravit souvent les yeux et met les acteurs en valeur. Dans quelques scènes assez gratuites mais pour le grand plaisir de ses fans, Emilia Clarke nous gratifie de son corps nu filmé sous tous les angles, devant les yeux émoustillés d’un Marton Csokas (L’Arbre, Sin City: j’ai tué pour elle) toujours aussi talentueux et charismatique.

Finalement, on s’intéresse plus à la forme qu’au fond dans Voice from the stone. On ne croit guère en l’évolution du personnage de Verena auprès de l’enfant dont elle a la charge, d’autant plus que le jeu de sourcils, tantôt en accent grave, tantôt en accent aigu, d’Emilia Clarke, sans oublier ses yeux sans cesse écarquillés n’arrangent pas vraiment les choses. On regarde donc Voice from the stone – sorti directement en DVD en France, sans passer par la case cinéma – en mode automatique, le spectacle n’est pas déplaisant en soi, mais ne cesse de faire penser à Rebecca d’Alfred Hitchcock ou Les Autres d’Alejandro Amenábar et s’oublie rapidement après.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Voice from the stone, disponible chez Marco Polo Production, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et muet. Le visuel de la jaquette française fait la part belle à Emilia Clarke aux côtés de Caterina Murino (qui apparaît très peu dans le film), contrairement au visuel original qui faisait apparaître Marton Csokas. Aucun supplément, ni de chapitrage. L’Image et le son

Faites confiance à Marco Polo pour assurer la sortie dans les bacs de ce DTV. En effet, si le film d’ Eric D. Howell n’a pas connu de sorties dans nos salles, il bénéficie tout de même d’une édition Blu-ray (au format 1080p) élégante. Cependant, si les contrastes affichent une densité fort acceptable, le piqué n’est pas aussi ciselé sur les scènes sombres et certaines séquences apparaissent un peu douces avec des visages légèrement cireux. En dehors de cela, la profondeur de champ demeure fort appréciable, les détails se renforcent et abondent en extérieur jour, le cadre large est idéalement exploité et la colorimétrie est très bien rendue. Le codec AVC consolide l’ensemble.

Du côté acoustique, les mixages français et anglais DTS-HD Master Audio 5.1 créent un espace d’écoute suffisamment plaisant en faisant la part belle à la musique et à quelques effets latéraux. Des ambiances naturelles percent les enceintes arrière sans se forcer mais avec une efficacité chronique. Le doublage français est convaincant. Les sous-titres français sont imposés et le changement de langue impossible pendant le visionnage nécessite le recours au menu pop-up.

Crédits images : © Marco Polo Production / Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / 40 fusils manquent à l’appel, réalisé par William Witney

40 FUSILS MANQUENT À L’APPEL (40 Guns to Apache Pass) réalisé par William Witney, disponible en DVD le 18 juillet 2017 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Audie Murphy, Michael Burns, Kenneth Tobey, Laraine Stephens, Robert Brubaker, Michael Blodgett, Michael Keep…

Scénario : Willard W. Willingham, Mary Willingham

Photographie : Jacques R. Marquette

Musique : Richard LaSalle

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1966

LE FILM

1868. Cochise et ses guerriers apaches sont sur le sentier de la guerre, décidés à éliminer les Blancs. L’armée doit défendre les colons mais le capitaine Coburn doit récupérer une cargaison de fusils – quarante – volés par des soldats déserteurs. Ceux-ci, dirigés par le caporal Bodine veulent les vendre aux Apaches…

Avant d’être acteur, Audie Leon Murphy (1925-1971) fut l’un des soldats américains les plus décorés de la Seconde Guerre mondiale. Bardé de toutes les médailles militaires internationales existantes, il est notamment connu pour avoir stoppé et bloqué seul pendant une heure l’assaut d’une troupe allemande en janvier 1945 dans la poche de Colmar. Ayant participé aux campagnes d’Italie et de France, sa maîtrise des armes est remarquée par quelques producteurs qui souhaitent alors surfer sur sa notoriété. Il entame alors une carrière à la télévision et au cinéma et joua dans une quarantaine de longs métrages, y compris dans l’adaptation cinématographique de son autobiographie L’Enfer des hommesTo Hell and Back, réalisé par Jesse Hibbs en 1955, dans lequel il interprète son propre rôle. Audie Murphy reste surtout connu par les amateurs de westerns, genre dans lequel il s’est ensuite principalement illustré. Citons quelques titres : La Parole est au Colt (1966), Représailles en Arizona (1965), La Fureur des Apaches (1964), La Patrouille de la violence (1964), Les Cavaliers de l’enfer (1961), Le Diable dans la peau (1960), Le Fort de la dernière chance (1957).

A l’époque de 40 fusils manquent à l’appel, 40 Guns to Apache Pass, réalisé par William Witney en 1966, le western américain est en fin de vie, John Ford et Raoul Walsh viennent d’ailleurs de signer leur dernier film du genre deux ans auparavant, alors qu’en Europe, le genre bat son plein avec Sergio Leone qui met une touche finale à sa trilogie du Dollars avec Le Bon, La Brute et le Truand. Rétrospectivement, 40 fusils manquent à l’appel apparaît comme un dernier baroud d’honneur pour Audie Murphy, qui tourne alors la même année El Texican de Lesley Selander. C’est son adieu au western, avant de faire une dernière apparition dans Qui tire le premier ? de Budd Boetticher, dans lequel il interprète Jesse James. Audie Murphy sera victime d’un accident d’avion en 1971, il allait avoir 46 ans.

40 fusils manquent à l’appel est un western qui se déroule en 1868, peu après la fin de la guerre de Sécession sur le territoire de l’Arizona , le chef apache Cochise et sa bande de guerriers menacent d’entrer en guerre. Le capitaine Bruce Coburn est envoyé avec un détachement dans la région afin de faire le tour des fermes isolées et de ramener les colons et leurs familles au fort avant qu’ils ne soient massacrés par les apaches. Mais certaines fermes sont très éloignées et la route est longue pour en revenir, d’autant que certains colons n’acceptent pas facilement de tout abandonner aux mains des indiens. Afin de faire face à leurs ennemis, les soldats attendent une cargaison de fusils. Mais la livraison tourne mal. Coburn demande à être accompagné de dix volontaires pour aller récupérer les 40 carabines à répétition sur le territoire des Apaches. Mais les plans du capitaine sont contrecarrés par un de ses hommes, le caporal Bodine, qui entraîne plusieurs soldats dans son sillage afin de marchander avec les indiens. Foncièrement patriotique (le drapeau flotte bien au vent) et donnant aux indiens le mauvais rôle en faisant d’eux des guerriers sanguinaires qui souhaitent empêcher l’oncle Sam de s’étendre sur leur territoire, 40 fusils manquent à l’appel n’est sûrement pas un western inoubliable qui s’attache à la vérité historique, mais qui arrange les faits à sa sauce avec les grands héros américains d’un côté et les très méchants indiens de l’autre. Néanmoins, cela ne l’empêche pas d’être bien divertissant et agréable, grâce au jeu solide d’Audie Murphy, charismatique et attachant, tenant le film sur ses épaules bardées de galons.

Vétéran du serial qui avait déjà dirigé Audie Murphy dans La Fureur des Apaches (1964) et Représailles en Arizona (1965), le réalisateur William Witney (1915-2002) fait le boulot et même si son histoire n’a rien à envier à celles que l’on imaginait enfant quand on jouait aux Playmobiles, son film est de bonne tenue, les acteurs sont bons, les décors naturels plaisants et les scènes d’action réussies. En revanche, le film est étrangement parasité par la voix-off inutile d’un narrateur qui ouvre l’histoire comme un conte, à travers l’ouverture d’un livre, et revient de façon chronique, tout au long de ces 90 minutes, sans raison, en paraphrasant le récit comme une piste Audiodescription. Les scénaristes ont-ils pensé que leur histoire était si alambiquée – ce qui n’est évidemment pas le cas – que chaque action méritait d’être expliquée aux spectateurs ? Il semblerait plutôt que cette voix-off ait été utilisée afin de donner un cachet « film sérieux » à une œuvre finalement banale, désuète et sans véritable surprise.

Toujours est-il que 40 fusils manquent à l’appel remplit son contrat et se voit aujourd’hui comme une série B curieuse doublée du chant du cygne d’un genre et de celui d’un comédien qui a su s’inscrire dans la légende.

LE DVD

Le DVD de 40 fusils manquent à l’appel, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

Pas de Bertrand Tavernier à l’horizon pour ce petit western, même si Patrick Brion (7’) et François Guérif (8’) ont répondu à l’appel de leur côté. Les deux intervenants reviennent chacun à leur manière sur la carrière d’Audie Murphy, sur les très grandes libertés – euphémisme – prises avec la véritable histoire, notamment en ce qui concerne Cochise. François Guérif se penche un peu plus sur la dernière apparition en vedette du comédien dans le genre qui a fait de lui une star internationale, tandis que Patrick Brion nous donne une petite leçon sur l’histoire de la Winchester 73. Les qualités comme les défauts (la voix-off idiote et inutile) sont pointés par ces deux experts en la matière.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et une galerie de photos constituée d’affiches internationales.

L’Image et le son

Chez Sidonis, même les plus petits westerns sont souvent aussi bien logés que les grands classiques et chefs-d’oeuvre incontestés ! Entièrement restauré en Haute-Définition, le master de 40 fusils manquent à l’appel s’avère lumineux, stable (hormis le générique d’ouverture), d’une propreté jamais démentie et franchement plaisant pour les mirettes. Le cadre 1.33 open matte étonne par son lot de détails, le piqué est pointu, les contrastes sont fermes et les fondus enchaînés n’entraînent pas trop de décrochages. Seule la colorimétrie est parfois un peu délavée sur certaines séquences, mais le fait est que la copie demeure de haute tenue, surtout que le grain original est respecté et très bien géré.

Seule la version originale aux sous-titres français imposés est disponible sur cette édition. La restauration est également fort satisfaisante, aucun souffle à déplorer, l’écoute est frontale, riche, dynamique et vive. Les effets annexes sont conséquents et le confort acoustique assuré.

Crédits images : © Columbia Pictures / Sidonis Calysta / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Logan, réalisé par James Mangold

LOGAN réalisé par James Mangold, disponible en DVD, Blu-ray et Blu-ray 4K Ultra HD le 5 juillet 2017 chez 20th Century Fox

Acteurs : Hugh Jackman, Patrick Stewart, Dafne Keen, Boyd Holbrook, Stephen Merchant, Elizabeth Rodriguez, Richard E. Grant, Eriq La Salle…

Scénario : Scott Frank, James Mangold, Michael Green

Photographie : John Mathieson

Musique : Marco Beltrami

Durée : 2h17

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Dans un futur proche, un certain Logan, épuisé de fatigue, s’occupe d’un Professeur X souffrant, dans un lieu gardé secret à la frontière Mexicaine. Mais les tentatives de Logan pour se retrancher du monde et rompre avec son passé vont s’épuiser lorsqu’une jeune mutante traquée par de sombres individus va se retrouver soudainement face à lui.

Alors que Bryan Singer s’évertue à détruire une saga qu’il a lui-même engrangée en 2000, avec récemment l’affreux X-Men: Days of Future Past (201) et l’immonde X-Men : Apocalypse (2016), le mutant le plus charismatique, Wolverine, avait également du mal à convaincre de son côté avec ses spin-off. Après l’ignominie réalisée par Gavin Hood en 2009, X-Men Origins: Wolverine (2011), James Mangold avait réussi à relever le niveau deux ans plus tard avec Wolverine : Le Combat de l’immortel. Toutefois, si Wolverine reprenait du poil de la bête, la réussite était loin d’être totale et le film péchait par un manque de rythme et d’intérêt. Les fans du griffu commençaient sérieusement à perdre patience et l’espoir, quand James Mangold et Hugh Jackman se sont enfin décidés à leur offrir LE film qu’ils attendaient. Remarquable, sublime, intelligent, hallucinant, les qualificatifs ne manquent pas pour parler de Logan, film indépendant, classé R donc interdit aux mineurs de moins de 17 ans non accompagnés aux Etats-Unis (aux moins de 12 ans avec avertissement en France), d’une violence inouïe (membres tranchés, décapitations, têtes transpercées), sombre, brutal et crépusculaire, qui fait fi des épisodes précédents, tout en jouant avec la mythologie du personnage principal.

2029. Désabusé et diminué, grisonnant, alcoolique, boitant d’une jambe, les yeux injectés de sang et ses griffes ayant même du mal à s’extraire, Logan veille sur le professeur Xavier dans un refuge isolé près de la frontière mexicaine. Le superhéros aux griffes d’acier veut à tout prix protéger le chef de X-Men. C’est alors qu’il croise le chemin de la petite Laura, qui a le même pouvoir que lui. En raison de son jeune âge, elle ne parvient pas à maîtriser son don. Logan décide de prendre Laura sous son aile. Donald Pierce, qui travaille pour le docteur Zander Rice, veut mettre la main sur l’enfant pour en faire un cobaye. En compagnie du professeur Xavier, Logan va devoir sortir de sa retraite et fuir leurs poursuivants. 17 ans après avoir créé le rôle de Wolverine dans le premier opus de la franchise et explosé aux yeux du monde, Hugh Jackman signe non seulement l’incarnation de Wolverine – la neuvième – telle que nous la rêvions tous, mais il signe également la plus grande prestation de toute sa carrière. S’il a maintes fois prouvé qu’il n’était pas seulement Wolverine à travers ses compositions chez Woody Allen (Scoop), Darren Aronofsky (The Fountain), Christopher Nolan (The Prestige), Baz Luhrmann (Australia) et dernièrement dans le génial Eddie the Eagle de Dexter Fletcher, Hugh Jackman livre une immense prestation dans Logan, qui devrait largement être saluée par une nomination aux prochains Oscars, ce qui serait largement justifié. Pour sa troisième collaboration avec James Mangold (Kate et Léopold en 2001 et le second Wolverine donc), le comédien tire sa révérence de façon magistrale.

Afin d’éviter la redondance auprès des spectateurs et afin de s’éloigner des standards actuels, tout comme des couleurs fluo et du spandex chers à Singer (et paf encore dans la tête), Logan a été pensé comme un opus qui se suffit à lui-même et qui s’adresse à un public adulte, non pas seulement avec ses séquences de violence très graphique à la John Rambo (si si), mais avec les thèmes qu’il explore. C’est ainsi que le personnage est mis face à ce qu’il redoute et ce qui l’effraie le plus au monde, l’amour, l’intimité et l’attachement. A la fois road-movie et récit initiatique, ce qui va souvent de paire, Logan s’avère un drame intimiste et bouleversant sur la transmission et la rédemption. Pensé comme un chaînon manquant entre L’Epreuve de force, Josey Wales hors-la-loi et Impitoyable de Clint Eastwood (Hugh Jackman ne lui a d’ailleurs jamais autant ressemblé physiquement), mâtiné de Little Miss Sunshine (dixit James Mangold) et L’Homme des vallées perdues de Georges Stevens (dont un extrait apparaît dans une scène centrale du film), Logan déjoue toutes les attentes tout en les comblant.

C’est ainsi que Logan se retrouve au milieu de nulle-part dans le désert californien, flanqué d’un professeur Xavier devenu dangereux car incapable de contenir des crises capables d’exterminer toutes les personnes autour de lui et qui ont sûrement (mais rien ne l’indique vraiment) tué les autres mutants. Confiné dans un réservoir délabré, sinistre et renversé qui rappelle furieusement le Cerebro, le professeur ne survit que grâce à Logan, obligé de le droguer. Tout irait presque pour le mieux quand apparaît soudain Laura, version miniature de Wolverine, qui s’avère – ce n’est pas vraiment un spoiler de le dévoiler – la « fille » de Logan, capable de se régénérer et également dotée de griffes rétractables aux mains et d’une autre au bout d’un de ses pieds. La jeune Dafne Keen crève l’écran dans le rôle de Laura et tient la dragée haute à Hugh Jackman. Même si elle ne décroche pas la mâchoire pendant 1h30, son charisme foudroie et sa prestation laisse pantois.

James Mangold avait déjà abordé le western à travers son excellent remake de 3h10 pour Yuma dix ans auparavant. Logan s’inscrit dans ce genre, entre autres, puisqu’il fait également penser aux thrillers des années 1970. Le sang se mélange à la poussière, les effets visuels sont limités et tout le film repose sur les personnages et l’histoire très ambitieuse. En prenant le contre-pied de tout ce qui a été fait jusque-là dans la franchise X-Men, avec un budget plus modeste, sans scène post-générique, sans caméo de Stan Lee, sans aucune surenchère visuelle, Logan s’impose comme l’un des plus grands films de super-héros jamais réalisé, dans lequel le personnage principal est au bout du rouleau, épuisé d’être Wolverine (d’ailleurs son corps se régénère beaucoup moins bien et très lentement) et fuit les responsabilités, les attentes et sa célébrité. Mangold et ses scénaristes, inspirés par le comics Old Man Logan créé par Mark Millar et Steve McNiven, jouent la carte méta en incluant des bandes dessinées X-Men inspirées des propres aventures de Wolverine et de ses camarades, que Logan rejette avec écoeurement. Outre son père spirituel et sa fille, Logan doit également faire face à son double, à une version de lui plus jeune et améliorée, un clone mutant X-23, qui représente le passé extrêmement violent du personnage, qu’il doit donc affronter, accepter, pour finalement partir en paix, tandis que les spectateurs pleurent toutes les larmes de leurs corps.

James Mangold et son chef opérateur John Mathieson (Gladiator, Hannibal) ont réussi à pousser encore plus loin cette expérience cinématographique en réalisant une version N&B de Logan, renforçant encore plus le nihilisme du film. Difficile après de s’en détacher et cette version monochrome s’inscrit instantanément dans les mémoires. Magnifique.

LE BLU-RAY

L’édition HD de Logan contient deux disques comprenant d’un côté la version cinéma et de l’autre la version Noir et Blanc. Ces galettes reposent dans un boîtier bleu classique. Le visuel déçoit quelque peu sur l’édition standard et l’on aurait aimé retrouver celui avec les mains de Logan et de Laura. Le boîtier repose dans un fourreau liseré noir, comme un brassard de deuil. Notons qu’il existe également une déclinaison limitée en Steelbook avec une illustration signée par Steve McNiven, dessinateur de comics (Civil War, Wolverine Old Man Logan). Sur les deux disques, les menus principaux sont identiques, animés et musicaux, en couleur sur le premier, en N&B sur le second.

Les deux Blu-ray contiennent tous les deux le commentaire audio (vostf) de James Mangold, enregistré un mois après la fin du tournage. Pendant 2h15, le réalisateur réalise une véritable leçon de cinéma et revient sur tous les aspects de son film. S’il se présente en disant qu’il faudra l’excuser si jamais il fait quelques pauses, celles-ci s’avèrent très rares et cela faisait un petit bout de temps que nous n’avions pas été en présence d’un aussi bon commentaire. Posément, James Mangold aborde la genèse de Logan, née du désir entre lui et Hugh Jackman d’amener le personnage en bout de course, tout en offrant enfin aux fans du personnage l’incarnation qu’ils désiraient depuis 17 ans. Il fallait pour cela presque reprendre Wolverine à zéro, en faisant fi des conventions liées aux blockbusters actuels (y compris les autres X-Men), en respectant sa mythologie et surtout s’adresser à un public adulte. L’écriture du scénario, l’investissement de Hugh Jackman, le casting, les partis pris, les effets visuels, les cascades, les décors, les personnages, la photographie, la musique, le montage, les intentions, tous ces sujets sont longuement abordés et de façon passionnante par un cinéaste arrivé au sommet de son art et qui a peut-être réalisé le film de sa vie. Nous ne saurons que trop vous conseiller de revoir Logan (une fois de plus, mais ça ne fait pas de mal) avec ce commentaire en tout point éclairant et passionnant.

La section des suppléments propose ensuite six scènes coupées (8’), également proposées avec les commentaires du même James Mangold en option (vostf). Ces séquences non montées essentiellement pour des raisons de rythme valent évidemment le coup d’oeil, notamment celle où le trio se fait arrêter par une femme flic pour vitesse excessive, ou bien encore celle du dîner alternatif durant laquelle Xavier évoque la femme décédée de Logan, une ancienne élève de son école qui s’appelait Jean Grey, que Logan « a assassiné ». Une autre séquence renforçait le côté méta avec un petit garçon mutant qui joue avec sa figurine Wolverine devant Logan, en lui demandant si Dents-de-Sabre a réellement existé.

On l’attendait, le voilà, le making of divisé en six chapitres, d’une durée totale et impressionnante d’1h16, qui propose de suivre le tournage du film dans l’ordre chronologique de l’histoire. Tous les comédiens, le réalisateur, les producteurs, le directeur de la photographie, le compositeur, le chef décorateur, les scénaristes interviennent à tour de rôle au fil de très nombreuses images du plateau, des répétitions, des concepts visuels et même de certains screentests dont celui de l’incroyable Dafne Keen. Un documentaire très bien réalisé et monté, dense, riche et une fois de plus indispensable pour celles et ceux qui ont comme nous succombé devant ce chef d’oeuvre. En plus, ce making of parvient à illustrer les propos de James Mangold dans son commentaire, sans tomber dans la redondance.

Outre trois bandes-annonces, dont une censurée, nous trouvons la version N&B de Logan, que James Mangold évoque dans son commentaire audio. Ruez-vous immédiatement sur cette option qui renforce encore plus les thèmes et les partis pris du film. D’une incroyable beauté, ce N&B (dont nous parlons dans la critique Image ci-dessous) brûle les rétines et il est fort probable que les spectateurs qui auront la chance de découvrir cette version ne jureront que par elle lors des prochains visionnages.

L’Image et le son

Version cinéma : Le master HD dépasse toutes les attentes et restitue merveilleusement les magnifiques partis pris esthétiques du directeur de la photographie John Mathieson (Gladiator, Hannibal, X-Men: Le commencement). Le piqué est constamment vif et acéré aux quatre coins du cadre large (jusque dans la barbe hirsute de Hugh Jackman), la colorimétrie scintillante (la terre sableuse et poussiéreuse s’oppose au bleu-blanc du ciel), les contrastes d’une rare densité, la compression solide comme un roc et la définition subjugue à chaque plan. Ajoutez à cela un grain sensible – tournage en Arri Alexa XT qui crée souvent une patine proche de l’argentique – qui flatte constamment la rétine, un relief impressionnant et une clarté aveuglante sur certains plans diurnes. Le rendu est optimal, y compris sur les séquences nocturnes avec des noirs denses et des détails aussi foisonnants. Un apport HD omniprésent !

Version Noir et Blanc : A l’instar de The Mist de Frank Darabont, qui avait tout d’abord imaginé son film en monochrome, version qui avait ensuite été disponible dans une version DVD limitée chez TF1 Vidéo, puis dans une moindre mesure celle récemment éditée de Mad Max: Fury Road de George Miller qui reprenait le même concept, Logan est donc proposé en N&B pour notre plus grand plaisir. Ce master HD se révèle extrêmement pointilleux en terme de piqué sur les nombreux gros plans, de gestion de contrastes (noirs denses, blancs lumineux), de détails ciselés (la sueur sur les visages), de clarté et de relief. La copie est sidérante, la profondeur de champ permet d’apprécier la composition des plans de James Mangold. Logan doit absolument être vu (et revu) ainsi car l’ensemble ravit les yeux et les sens du début à la fin. Quelle beauté ! Pour les cinéphiles, l’éditeur a même intégré l’ancien logo de la Fox et le panneau Cinemascope, renforçant ainsi l’illusion de se retrouver face à un western anachronique.

Passons rapidement sur ce qui nous empêche d’attribuer la note maximale à cette case : la version française. S’il n’est pas déshonorant et remplit parfaitement son office, le mixage DTS 5.1 ne peut rivaliser avec la piste anglaise DTS HD Master Audio 7.1. Cette dernière laisse pantois par son ardeur, son soutien systématique des latérales, ses basses percutantes. Véritablement explosive, la version originale s’impose comme une véritable acoustique de démonstration avec des dialogues remarquablement exsudés par la centrale, des frontales saisissantes, des effets et ambiances riches, les enceintes arrière instaurent constamment un environnement musical, tout comme le caisson de basses, mis à rude épreuve, qui n’en finit pas de marteler les séquences les plus mouvementées à l’instar des crises du Professeur Xavier et des bastons Logan/X24. Un excellent spectacle phonique que l’on retrouve sur les deux versions du film.

Crédits images : © Twentieth Century Fox France / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr