Test Blu-ray / Usurpation, réalisé par Jonathan Baker

USURPATION (Inconceivable) réalisé par Jonathan Baker, disponible en DVD et Blu-ray le 5 septembre 2017 chez Condor Entertainment

Acteurs : Nicolas Cage, Gina Gershon, Nicky Whelan, Faye Dunaway, Natalie Eva Marie, Leah Huebner, Jonathan Baker, James Van Patten…

Scénario : Chloe King

Photographie : Brandon Cox

Musique : Kevin Kiner

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Brian mène une vie paisible et confortable avec sa femme Angela et leur fille. Le jour où leur voisine est retrouvée noyée, leur quotidien semble irrémédiablement déraper : Angela échappe de peu à un accident mortel, et des objets disparaissent de la villa. Brian sombre peu à peu dans la paranoïa : que cache l’intrigante jeune femme qui vient de s’installer dans leur guest house ? Leur cauchemar aurait-il un lien avec une mystérieuse série de meurtres remontant à plusieurs années ?

Les Direct To Video avec Nicolas Cage se suivent et ne se ressemblent pas ! UsurpationInconceivable est déjà le cinquième film avec le comédien à débarquer dans les bacs en France cette année. Après les excellents USS Indianapolis de Mario Van Peebles et Dog Eat Dog de Paul Shrader, le passable Arsenal et le raté Vengeance, Usurpation s’avère une série B plutôt réussie qui fleure bon les années 1990 et qui lorgne plus particulièrement sur le grand classique de Curtis Hanson, La Main sur le berceau.

En dehors de Dog Eat Dog, Nicolas Cage apparaissait plutôt comme un second rôle dans ses derniers films, laissant la place à ses partenaires, ce qui lui laissait probablement le temps de faire la navette entre ses divers tournages simultanés et ses joggings matinaux. Il n’est pas mauvais ici, très sobre et donc bon et attachant. Il retrouve Gina Gershon à qu’il avait déjà donné la réplique il y a vingt ans dans Volte-Face, le chef d’oeuvre de John Woo. Les années ont passé, la comédienne a vraisemblablement eu recours à quelques injections, ce qui ne l’empêche pas d’être avant tout excellente, charismatique et toujours aussi sexy. Visiblement très complice, le couple fonctionne très bien à l’écran.

Mais le réalisateur Jonathan Baker, dont il s’agit du premier long métrage, donne le beau rôle à la méconnue Nicky Whelan, blonde incendiaire aux yeux bleus perçants, qui campe une redoutable garce et dont le personnage fait donc sérieusement penser à celui campé par la sulfureuse Rebecca De Mornay dans La Main sur le berceau. Habituée des séries télévisées, elle fait une prestation remarquée – surtout par la gent masculine – en 2011 dans B.A.T (bon à tirer) des frères Farrelly face à un Owen Wilson bouleversé par ses charmes. Ses autres apparitions à l’écran demeurent discrètes et oubliables. Elle faisait également partie du catastrophique Le ChaosLeft Behind de Vic Armstrong, l’un des pires films avec Nicolas Cage sorti en 2014. Après un petit détour chez Terrence Malick dans Knight of Cups et également au générique de Dog Eat Dog, Nicky Whelan retrouve donc Nicolas Cage pour la troisième fois de sa carrière. Elle est impeccable dans le rôle de la détraquée Katie, devenue stérile après un problème médical, qui décide de « reprendre ses droits » sur les enfants nés grâce à ses derniers ovules qui avaient pu être sauvés. Après avoir kidnappé une petite fille et tué le père de cette dernière, elle parvient à s’incruster dans la vie d’un couple de médecins, Brian et Angela (Cage et Gershon), qui ont eu leur enfant par insémination artificielle, mais dont ils ignorent la provenance de l’ovule. Katie sombre de plus en plus dans la folie, tandis que Brian et Angela se sentent de plus en plus menacés.

Comme au bon vieux temps de la saga Hollywood Night qui a fait les belles soirées de TF1 le samedi de 1993 à 1999, Usurpation distille une petite dose de venin souvent jubilatoire, teinté d’érotisme soft, mais plaisant. La mise en scène de Jonathan Baker est soignée, tout comme le cadre et la direction d’acteurs. S’il n’est évidemment pas inoubliable, ce thriller où même Faye Dunaway vient faire un petit coucou s’avère fort sympathique, divertissant, en aucun cas un navet et encore moins un nanar, mais il est souvent utile de le préciser à certains spectateurs qui croient encore que Nicolas Cage demeure uniquement abonné aux deux catégories. Usurpation remplit parfaitement son contrat, sans se forcer certes, mais avec efficacité et un sens du travail bien fait.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Usurpation, disponible chez Condor Entertainment, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. Le visuel de la jaquette est soigné et saura attirer l’oeil des admirateurs de Nicolas Cage les plus fervents. Il y en a encore. Aucun supplément.

L’Image et le son

Condor Entertainment livre un beau master HD d’Usurpation, même si le Blu-ray est au format 1080i. Le cadre large et les contrastes sont plutôt ciselés, les détails agréables, la colorimétrie chaude côtoie un léger grain cinéma flatteur. Si le piqué est sans doute un peu doux à notre goût, les noirs sont denses, le relief et la profondeur de champ sont éloquents, l’encodage AVC est solide comme un roc, excepté sur quelques séquences en extérieur. Signalons divers moirages constatables sur les surfaces rayées.

Du côté acoustique, les mixages français et anglais DTS-HD Master Audio 5.1 créent un espace d’écoute suffisamment plaisant en faisant la part belle à la musique et à quelques effets latéraux. Des ambiances naturelles percent les enceintes arrière avec une efficacité chronique. Le doublage français est convaincant et par ailleurs le mixage s’avère plus dynamique dans la langue de Molière qu’en version originale. Les sous-titres français ne sont pas imposés et le changement de langue n’est pas verrouillé pendant le visionnage.

Crédits images : © Condor Entertainment / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / La Kermesse des aigles, réalisé par George Roy Hill

LA KERMESSE DES AIGLES (The Great Waldo Pepper) réalisé par George Roy Hill, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 5 septembre 2017 chez Elephant Films

Acteurs : Robert Redford, Bo Svenson, Bo Brundin, Susan Sarandon, Geoffrey Lewis…

Scénario : George Roy Hill, William Goldman

Photographie : Robert Surtees

Musique : Henry Mancini

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Après la Première Guerre mondiale, l’aviateur Waldo Pepper gagne sa vie en donnant des spectacles aériens et des baptêmes de l’air aux citoyens de petites villes américaines. Frustré de n’être jamais devenu un as de l’aviation, il s’invente un passé prestigieux, prétendant avoir survécu à un affrontement contre l’as allemand Ernst Kessler. Mais alors que son talent le mène à Hollywood, où il devient cascadeur, son passé le rattrape sous la forme de Ernst Kessler, venu participer à un tournage…

Après Butch Cassidy et le Kid (1969) et L’Arnaque (1973, Oscar du meilleur réalisateur), le cinéaste George Roy Hill (1921-2002) et le comédien Robert Redford s’associent pour un troisième et dernier tour de piste avec La Kermesse des aiglesThe Great Waldo Pepper réalisé en 1974. Le neuvième long métrage de George Roy Hill demeure un formidable spectacle dont les véritables, authentiques et vertigineuses prouesses aériennes, certaines réalisées par Robert Redford lui-même et sans avoir recours aux sempiternelles transparences, ne cessent d’impressionner encore aujourd’hui.

Dans les années 20, le pilote Waldo Pepper se produit dans des cirques volants du Nebraska. Ancien pilote de combat, racontant à qui veut bien l’entendre – et le croire – qu’il avait volé avec la force aérienne américaine lors de la Première Guerre Mondiale, il aime raconter une de ses aventures durant laquelle il aurait affronté le pilote allemand Ernst Kessler, qu’il considère alors comme le plus grand du monde. Son talent pour les acrobaties périlleuses et son ambition conduisent Waldo à Hollywood où il doit tourner un film qui reconstitue justement les exploits d’Ernst Kessler, auxquels il a voulu assister et participer. C’est alors que Waldo se retrouve face à l’homme qu’il a toujours idolâtré, venu comme conseiller technique sur le plateau. Waldo voit alors son rêve se réaliser. Comme dans la plupart de ses films, George Roy Hill distille une furieuse mélancolie et une nostalgie à fleur de peau dans La Kermesse des aigles en dressant le portrait d’un homme qui n’a jamais cessé de vivre dans le fantasme, jusqu’à être rattrapé par le destin. A l’instar de La Castagne qu’il réalisera en 1977, le cinéaste oscille entre le drame et la comédie.

La Kermesse des aigles est souvent léger et reflète l’innocence d’une Amérique post-Première Guerre mondiale et avant le rouleau compresseur de la crise économique. Le personnage incarné par Robert Redford est charmeur et bondissant, vante ses talents d’acrobate et de pilote émérite, devant une population en quête de sensations. Mais George Roy Hill – grand amateur d’aviation et lui-même pilote sur le tournage – nous montre également que tout ceci n’est que vernis puisque Waldo Pepper est avant tout un homme qui vit dans le déni, qui se ment à lui-même avant de mentir aux autres et qui se contente de poudre aux yeux. Il ne sait faire qu’une seule chose, voler et seule compte l’adrénaline. Alors quand son autorisation de piloter lui est retirée puisqu’il n’a pas de licence et que le gouvernement américain souhaite réguler le trafic aérien en le démocratisant, Waldo ne sait plus quoi faire. S’il s’était déjà contenté de faire le clown et des cascades devant les yeux ébahis, Waldo doit se rendre à l’évidence. On lui interdit tout simplement de vivre s’il ne peut plus voler à sa guise. Une deuxième chance s’offre à lui, la dernière, quand son chemin va enfin croiser celui qu’il imaginait combattre. L’occasion de se mesurer à lui, quitte à en mourir. Mais cet homme, Ernst Kessler, bien que possédant toutes les décorations militaires et un prestige international, est lui aussi devenu l’ombre de lui-même depuis qu’il ne vole plus.

La Kermesse des aigles met en relief la difficile voire l’impossible reconversion professionnelle des anciens pilotes de la Grande guerre. Après Gatsby le Magnifique de Jack Clayton et avant Les Trois Jours du condor de Sydney Pollack, Robert Redford est évidemment parfait dans ce rôle complexe, pour lequel il s’est une fois de plus très investi au point d’exécuter quelques cascades et pirouettes à plus de mille mètres d’altitude. Le baroudeur est également soutenu devant la caméra par un casting quatre étoiles, dont les sublimes Susan Sarandon et Margot Kidder, mais aussi les talentueux Bo Svenson et Geoffrey Lewis, sans oublier la beauté de la photo du chef opérateur Robert Surtees (Ben-Hur, Le Lauréat, L’Arnaque) et le grand Henry Mancini à la baguette. En d’autres termes, La Kermesse des aigles, c’est la classe absolue du cinéma.

LE BLU-RAY

La Kermesse des aigles est disponible en combo Blu-ray-DVD chez Elephant Films. Le test de l’édition HD a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est élégant, animé et musical.

L’interactivité est le gros point faible de cette édition. En effet, en dehors d’un lot de bandes-annonces et une galerie de photos, la présentation du film par Julien Comelli (12’) n’a strictement aucun intérêt puisque le journaliste en culture pop se contente d’énumérer les films réalisés par George Roy Hill, ceux écrits par William Goldman et ceux dans lesquels ont joué les principaux comédiens de La Kermesse des aigles. Vous gagnerez votre temps à consulter IMDB directement, plutôt que de visionner ce segment sans aucun rythme et platement réalisé.

L’Image et le son

La Kermesse des aigles renaît littéralement de ses cendres avec ce nouveau master Haute-Définition (1080p, AVC) grâce à Elephant Films ! C’est superbe. Alors qu’il ne bénéficiait que d’une simple édition DVD depuis une quinzaine d’années chez Universal Pictures, le film de George Roy Hill est de retour dans les bacs dans une édition digne de ce nom. La propreté de la copie est bluffante, le grain original respecté flatte les mirettes, la luminosité des scènes diurnes est élégante, tout comme la gestion des contrastes et la stabilité est de mise. Certes, le générique en ouverture est un peu plus défraîchi et grumeleux, tandis que certaines séquences sombres s’avèrent moins définies, mais cela reste anecdotique. Le cadre large offre une profondeur de champ inédite et regorge de détails, le piqué est à l’avenant et la colorimétrie étincelante.

La Kermesse des aigles est disponible en version originale et française DTS HD Master Audio 2.0. La première instaure un confort acoustique plaisant avec une délivrance suffisante des dialogues, des effets annexes convaincants et surtout une belle restitution de la musique. La piste française se focalise souvent sur les voix au détriment des ambiances environnantes et de la composition d’Henry Mancini. Les deux options acoustiques sont propres et dynamiques.

Crédits images : © Universal Pictures / Elephant Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Osiris, la 9ème planète, réalisé par Shane Abbess

OSIRIS, LA 9ÈME PLANÈTE (The Osiris Child – Science Fiction Volume One) réalisé par Shane Abbess, disponible en DVD et Blu-ray le 29 août 2017 chez Wild Side Video

Acteurs : Kellan Lutz, Daniel MacPherson, Luke Ford, Isabel Lucas, Temuera Morrison, Rachel Griffiths, Teagan Croft…

Scénario : Shane Abbess, Brian Cachia

Photographie : Carl Robertson

Musique : Brian Cachia

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Dans un futur lointain, l’humanité est lancée dans une course à la colonisation interplanétaire. Kane, lieutenant pour l’entreprise Exor, a pour mission d’organiser la vie dans ces nouveaux mondes. Mais un jour, il découvre que des prisonniers se sont emparés d’un virus mortel qu’ils menacent de diffuser sur Osiris, planète où vit la fille de Kane. Il se lance alors dans une course contre la montre à travers l’univers pour sauver sa fille sans se douter que dans l’ombre, une terrible machination est déjà à l’oeuvre…

Bon…on aurait bien voulu l’aimer ce film, Osiris, la 9ème planèteScience Fiction Volume One: The Osiris Child, sorti directement dans les bacs français avec un visuel clinquant. Malheureusement et bien que le réalisateur australien Shane Abbess soit précédé d’une assez bonne réputation, ce film fantastique s’avère un redoutable navet. C’est d’autant plus dommage que l’on sent réellement le potentiel du metteur en scène, remarqué en 2007 avec son premier long métrage Gabriel, mélange d’action, d’épouvante et de fantasy, dans lequel l’Ange Gabriel est conduit à mener l’ultime bataille contre les forces des ténèbres qui ont décidé de dominer le monde. Son deuxième film Infini est un thriller de science-fiction réalisé en 2015 coécrit avec Brian Cachia, également compositeur. Pour son long métrage suivant, Osiris, la 9ème planète, Shane Abbess n’aura pas eu à attendre presque dix ans puisque le film est sorti en 2016.

Cela part plutôt bien avec une belle mise en image, une photo et un cadre soignés. Le spectateur sent qu’on le caresse dans le sens du poil et que tout ne peut que bien se dérouler. Malheureusement, on déchante rapidement. Très vite, le montage complètement haché gâche tout et surtout l’indigence de l’interprétation emporte ce film de science-fiction sur les rives du navet intergalactique. Cela faisait longtemps que nous n’avions pas vu autant de comédiens aussi mauvais et dépourvus de charisme. La palme revient une fois de plus à l’inénarrable Kellan Lutz, l’un des pires acteurs de tous les temps, une endive comme on en fait rarement aujourd’hui. Vu dans la saga Twilight, Expendables 3 et La Légende d’Hercule de Renny Harlin où même la 3D ne lui donnait aucun relief, il intègre le top 10 des comédiens les plus improbables. Avec son regard inexpressif et sa barbe qui semble avoir été peinte au pochoir, il déambule dans le film comme s’il était paumé avec sa pétoire. Il n’est guère aidé par Daniel MacPherson, dont pas une réplique ne tombe juste et qui semble constamment en hyperventilation, tandis que l’actrice Isabel Lucas, vue dans Transformers – La revanche et le navrant remake de L’Aube rouge, ajoute un nouveau navet à son potager déjà bien garni.

L’intrigue est divisée en plusieurs chapitres. Celui consacré à l’incarcération d’un des personnages principaux dans une prison high-tech ferait passer Fortress 2 pour du Béla Tarr. On rit, mais pas comme on pourrait le faire devant un nanar. Osiris, la 9ème planète est une œuvre qui se prend bien trop au sérieux alors que le manque de budget l’empêche constamment d’être crédible. Certains plans détonnent pourtant par leur beauté plastique à l’instar de la séquence de combat aérien qui ne dure malheureusement que cinq petites minutes. Durant ce laps de temps, on regrette sincèrement que tout le film ne soit pas aussi élégant que cette scène qui se déroule dans les nuages. Le reste n’est qu’ennui, simpliste, copie de toute une tripotée de films que l’on s’amuse à reconnaître et à énumérer. Un mix entre Starship Troopers, District 9 (le seul bon film de Neil Blomkamp à ce jour), Mad Max et…Max et les Maximonstres. Mad Max et les Maximonstres en quelque sorte.

Les fans de série B de science-fiction et de fantastique risquent de trouver le temps long puisqu’il ne se passe quasiment rien. L’action demeure incompréhensible, l’intrigue faussement décousue n’a aucun intérêt, bref, on s’ennuie royalement. Le « Volume deux » semble avorté.

LE BLU-RAY

Le test de l’édition HD d’Osiris, la 9ème planète a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est élégant, animé et musical. L’édition Steelbook contient le DVD et le Blu-ray.

L’éditeur a réussi à mettre la main sur un making of entièrement promotionnel (24’), constitué d’interviews de toute l’équipe et de très rares images de tournage. Le réalisateur, le coscénariste (et compositeur), les comédiens et les producteurs s’en donnent à coeur joie dans les superlatifs, un tel est magnifique, un autre est extraordinaire, tout le monde il est beau. On en apprend tout juste sur la genèse du film, l’évolution du scénario (rires) et les intentions de Shane Abbess.

C’est beau

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Le Blu-ray est au format 1080p. Wild Side Video prend soin de ce titre qui sort directement dans les bacs chez nous. Ce master HD français (les credits sont dans la langue de Molière) est soigné et le transfert solide. Respectueuse des volontés artistiques originales la copie d’Osiris, la 9ème planète se révèle propre, lumineux et tire agréablement partie de la HD avec des teintes chaudes, une palette chromatique spécifique, le tout soutenu par un solide encodage. Le piqué, tout comme les contrastes, sont souvent tranchants, les arrière-plans sont détaillés, le relief plaisant, les noirs denses et les détails foisonnants. Hormis quelques légers fléchissements de la définition sur les scènes sombres et une incrustation des effets visuels parfois visibles, cette édition Blu-ray permet de découvrir Osiris, la 9ème planète dans de très bonnes conditions techniques. Un bel écrin pour un film en toc.

En anglais comme en français, les pistes DTS-HD Master Audio 5.1 assurent le spectacle acoustique avec brio. La version française jouit d’un dynamique report des voix et même si elle s’avère moins riche que la version originale, elle n’en demeure pas moins immersive. Dans les deux cas, la balance frontale en met plein les oreilles lors des séquences d’affrontements. Seul bémol, les voix manquent parfois de punch au milieu de tout ce fracas. Quelques scènes sortent du lot avec un usage probant des ambiances latérales et du caisson de basses. La musique profite également d’une belle délivrance, mettant toutes les enceintes à contribution, même à volume peu élevé. Le changement de langue est verrouillé à la volée et les sous-titres français imposés sur la version originale.

Crédits images : © Sean O’ReillyStorm Vision Entertainment / Wild Side Video / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / La Mort vous va si bien, réalisé par Robert Zemeckis

LA MORT VOUS VA SI BIEN (Death Becomes Her) réalisé par Martin Provost, disponible en DVD et Blu-ray le 29 août 2017 chez ESC Editions

Acteurs : Meryl Streep, Bruce Willis, Goldie Hawn, Isabella Rossellini, Ian Ogilvy, Adam Storke, Nancy Fish…

Scénario : Martin Donovan, David Koepp

Photographie : Dean Cundey

Musique : Alan Silvestri

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1992

LE FILM

Depuis des années, Madeline, une actrice médiocre, vole les amants de son amie Helen, écrivain. Un soir, cette dernière se rend au spectacle de son amie, accompagnée de son fiancé Ernest, séduisant chirurgien esthétique. Une fois de plus, l’actrice joue de ses charmes et finit par épouser Ernest. Helen sombre dans la dépression et devient obèse, vouant une haine secrète envers son ancienne amie. Quatorze années plus tard, Madeline essaye désespérément de lutter contre l’inévitable vieillissement de son corps. Elle a totalement anéanti Ernest, devenu alcoolique et qui en est réduit à voir sa femme parader avec ses jeunes amants. C’est alors que Helen entre alors en scène, plus sublime que jamais et venue pour reprendre son dû.

« Où avez-vous mis ma femme ?

Elle est morte monsieur, on l’a emmené à la morgue !

La morgue ?! Elle va être furieuse ! »

Souvent sous-estimé, La Mort vous va si bienDeath Becomes Her est pourtant une œuvre centrale dans l’immense filmographie de Robert Zemeckis. Sorti sur les écrans en 1992, cette comédie-fantastique et fantastique comédie par ailleurs, est un film somme qui résume tout ce que le cinéaste avait abordé jusqu’alors et qui prépare ses prochains opus. Drôle, mais également sombre et parfois proche des films d’épouvante des studios Universal qui fleurissaient dans les années 1930-40 (plus particulièrement Frankenstein), le huitième long métrage de Robert Zemeckis mérite amplement d’être reconsidéré et n’a souvent rien à envier aux autres films plus prestigieux de son auteur.

Madeline Ashton, chanteuse sur le déclin, se désespère de vieillir. Son succès ne se résume plus qu’au nombre de ses conquêtes masculines, qu’elle a le don de ravir à sa meilleure amie, Helen. C’est ainsi que Madeline épouse Ernest Menville, un chirurgien esthétique qu’Helen venait juste de lui présenter. La malheureuse ne s’en remet pas, cède à la boulimie et prend un terrible embonpoint. Pourtant, quelques années plus tard, Madeline retrouve Helen plus éblouissante que jamais. Folle de rage, la chanteuse accepte l’offre de Lisle, une étrange créature, mi-esthéticienne, mi-sorcière, qui lui vend un remède miracle supposé lui procurer une jeunesse éternelle. Les ennuis ne font que commencer. Réalisé entre Retour vers le futur 3 (1990) et Forrest Gump (1994), La Mort vous va si bien réunit la quête d’un trésor comme celle d’A la poursuite du diamant vert (ici la fontaine de jouvence), la course contre le temps de la trilogie Retour vers le futur (ici le vieillissement), et l’opposition de l’homme et de la créature (Qui veut la peau de Roger Rabbit ?). Toujours au top de la technologie, Robert Zemeckis use de l’émergence des images de synthèse, qui ont participé au triomphe international de Terminator 2 – Le Jugement dernier l’année précédente, tout en ayant recours aux effets spéciaux traditionnels et plus particulièrement aux animatroniques.

Film de transition, La Mort vous va si bien se situe à une période charnière du cinéma, y compris pour le réalisateur qui fait comme qui dirait ses adieux au divertissement made in Amblin avec Steven Spielberg à la barre (ses quatre derniers films), avant d’entamer une nouvelle partie de sa carrière avec des films plus adultes qui regroupent Forrest Gump, Contact, Apparences et Seul au monde. La Mort vous va si bien est incontestablement un film à redécouvrir. On s’amuse avant tout devant le jeu survolté de son trio star. Déjantées, Meryl Streep et Goldie Hawn s’en donnent à coeur joie devant la caméra toujours inspirée et virtuose de Robert Zemeckis puisque le cinéaste traite leurs personnages comme des cartoons live (ou dead c’est selon) – grâce aux fabuleux effets visuels mis à sa disposition – sans cesse en représentation, qui vivent dans un monde de chimères et régit par ce que leur renvoie leur reflet dans le miroir. S’ils ne bénéficient sans doute pas de la même fluidité que les images de synthèse d’aujourd’hui, les effets (Oscar et BAFTA des meilleurs effets visuels en 1993) du cou tordu de Meryl Streep et du trou dans l’abdomen de Goldie Hawn demeurent fort corrects et le film ne fait pas son quart de siècle.

Entre Le Dernier Samaritain de Tony Scott et Piège en eaux troubles de Rowdy Herrington, Bruce Willis trouve ici l’un de ses meilleurs rôles. Emouvant, pathétique et même tragique, le personnage d’Ernest est le plus beau de La Mort vous va si bien, celui par qui la rédemption arrive, qui donne encore confiance en l’être humain en refusant le pacte faustien que lui propose la pourtant affriolante Lisle Von Rhoman (Isabella Rossellini). Death Becomes Her est certes une comédie jubilatoire (avec un formidable caméo de Sydney Pollack en toubib dépassé par les événements), marquée par des dialogues vachards et hilarants brillamment écrits par Martin Donovan et David Koepp, mais également une critique noire, cruelle et acide sur le culte du glamour, de la jeunesse éternelle et de la recherche de la postérité. L’industrie hollywoodienne passe à la casserole et on y croise au passage James Dean et Jim Morrison, jeunes pour l’éternité.

Du point de vue technique, Robert Zemeckis ne cesse d’innover et enchaîne les morceaux de bravoure. Ses plans-séquences sophistiqués sont d’une beauté ahurissante et soutenus par la photographie élégante du chef opérateur Dean Cundey, habituellement complice de John Carpenter, tandis que la musique d’Alan Silvestri est comme d’habitude en parfaite osmose avec le travail du cinéaste.

Cette relecture du Portrait de Dorian Gray croisée avec Boulevard du crépusculeSunset Boulevard de Billy Wilder, où Norma Desmond aurait trouvé le secret pour contrer les affres du temps est donc bien plus qu’un film anecdotique comme la critique l’avait qualifié à sa sortie et ce malgré un succès honnête dans les salles. 25 ans après, La Mort vous va si bien peut enfin être reconnu à sa juste valeur.

LE BLU-RAY

Le test a été réalisé à partir d’un check-disc. La jaquette reprend le célèbre visuel de l’affiche française. Le menu principal est quant à lui animé sur la musique d’Alan Silvestri.

Plus d’une heure de suppléments, voilà qui fait plaisir pour remettre en avant La Mort vous va si bien. ESC Editions a donc vu les choses en grand et nous propose de passionnants entretiens.

On commence par la présentation croisée des journalistes Jacky Goldberg et Vincent Ostria (21’) dans le segment intitulé Robert Zemeckis, ce film vous va si bien. Si l’intervention du second s’avère anecdotique et manque d’entrain, celle du premier mérite vraiment l’attention du spectateur. Jacky Goldberg présente tout d’abord les débuts de Robert Zemeckis, pris sous l’aile de Steven Spielberg, à l’instar de ses confrères Joe Dante, Chris Columbus et Barry Levinson. Considéré comme « le bon élève », contrairement à Joe Dante qui serait plutôt le « fils rebelle », Robert Zemeckis arrive à un tournant de sa carrière avec La Mort vous va si bien. Jacky Goldberg évoque l’intelligence du casting (avec Bruce Willis et Meryl Streep qui « n’ont pas d’âge »), croise habilement le fond et la forme du film qui nous intéresse, dissèque la dualité humanité/monstruosité (thème récurrent chez le cinéaste) et démontre que La Mort vous va si bien n’a rien du film mineur dans la carrière de Robert Zemeckis. Dans la dernière partie de ce module, Jacky Goldberg évoque la réception du film et met judicieusement en parallèle certains films du cinéaste avec ceux de James Cameron. En effet, leurs œuvres se sont souvent répondues dans le sens où les deux réalisateurs ont toujours été à la pointe de la technologie et ont su utiliser les nouveaux outils mis à leur disposition en matière d’effets spéciaux pour raconter leurs histoires, à l’instar de la motion-capture.

Nous retrouvons Jacky Goldberg dans un second supplément où il est cette fois seul en piste, Bruce Willis, itinéraire d’un héros ordinaire (22’). A travers une brillante analyse, le journaliste croise divers films et donc différents personnages interprétés par Bruce Willis au cours de sa carrière, et démontre que son merveilleux contre-emploi dans La Mort vous va si bien n’est finalement pas si singulier. Après une rapide présentation des débuts de la carrière du comédien, Jacky Goldberg en vient à la nouvelle figure du héros créée par Bruce Willis dans Piège de cristal. Moins indestructible en apparence que Sylvester Stallone et qu’Arnold Schwarzenegger, Bruce Willis compose des héros qui n’ont pas choisi de l’être, ce qui renforce l’empathie des spectateurs et ainsi une meilleure identification. Habitué des comédies, chez Blake Edwards et dans la série Clair de lune, l’acteur devient une star du film d’action à l’âge de 33 ans. Dans la seconde partie, Jacky Goldberg se penche sur la nature quasi-incassable et immortelle du corps de Bruce Willis à l’écran, dont le point d’orgue demeure le film de M. Night Shyamalan, Incassable. Un corps qui prend en charge l’humour dans le registre de la comédie, mais qui est blessé, égratigné, mais qui résiste, qui encaisse les coups et qui finalement ne peut mourir (ou presque) dans les films d’action. Enfin, Jacky Goldberg évoque les dernières étapes dans la carrière de Bruce Willis, en disant que « lé héros ironique est devenu cynique », presque anachronique dans le monde du cinéma contemporain. Le journaliste sauve Clones et Looper, avant de parler brièvement des catastrophiques années 2010 où l’acteur enchaîne les productions bas de gamme sortant directement en DVD, en espérant un prochain sursaut dans la suite d’Incassable.

A l’occasion de cette sortie en Haute-Définition, les responsables des effets spéciaux mécaniques Alec Gillis et Tom Woodruff Jr., qui comptent à leur actif des films comme Cocoon, Aliens – le retour, Alien 3, Terminator, Wolf et bien d’autres classiques, reviennent sur leur collaboration avec Robert Zemeckis sur La Mort vous va si bien (21’). Les deux amis et confrères évoquent leur arrivée sur le projet, avec pour mission de créer des versions robotiques de Meryl Streep et de Goldie Hawn. La Mort vous va si bien se situe à une période charnière dans le domaine des effets visuels, entre Terminator 2 – Le Jugement dernier et Abyss, mais avant Jurassic Park. Si La Mort vous va si bien bénéficie d’images de synthèse, le film repose encore sur de nombreux animatroniques. Alec Gillis et Tom Woodruff Jr. reviennent en détails sur la création du cou tordu, du trou dans l’abdomen, de la réalisation de la séquence de l’escalier et donnent même le secret de la poitrine redressée de Meryl Streep…réalisée en un tour de main.

L’interactivité se clôt sur un module précieux (3’) constitué d’une rapide présentation d’Alec Gillis et Tom Woodruff Jr et d’images d’archives montrant la création des effets mécaniques dans les ateliers des effets spéciaux.

Seul très léger bémol : il est dommage de ne pas retrouver le making of d’époque de 9 minutes présent sur le DVD Universal.

L’Image et le son

Jusqu’à présent, La Mort vous va si bien n’avait pas été gâté avec seulement une petite édition en DVD disponible depuis 2000 et quasiment dépourvue de suppléments. Le nouveau master Haute Définition proposé ici par ESC Editions remplit son contrat et offre à La Mort vous va si bien…une cure de jouvence. Ce lifting (!) sied notamment aux couleurs de la photo élégante du grand chef opérateur Dean Cundey à qui l’on doit les images mythiques d’Halloween – la nuit des masques, Fog, New York 1997, The Thing, la trilogie Retour vers le futur, Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, bref un remarquable C.V. La restauration est de haut niveau, aucune scorie n’a survécu, les contrastes ont été revus à la hausse. En dehors de deux ou trois séquences sombres et du générique d’ouverture au bruit vidéo certain, la gestion du grain est solide. Si le teint des comédiens tire parfois sur le rosé, cela a toujours été le cas. Les séquences aux effets spéciaux numériques détonnent quelque peu, mais dans l’ensemble la copie est équilibrée et l’apport HD plus que probant.

Point de remixage à l’horizon comme cela avait tout d’abord été annoncé, les pistes anglaise et française sont présentées en DTS-HD Master Audio 2.0. et instaurent toutes deux un très large et semblable confort acoustique. La musique d’Alan Silvestri, à redécouvrir absolument, bénéficie d’une large ouverture des canaux, le doublage français est brillant, les effets annexes riches et le report des voix dynamique. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.

Crédits images : © Universal pictures / ESC Editions / ESC Distribution / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Sage Femme, réalisé par Martin Provost

SAGE FEMME réalisé par Martin Provost, disponible en DVD et Blu-ray le 23 août 2017 chez France Télévisions Distribution

Acteurs : Catherine Deneuve, Catherine Frot, Olivier Gourmet, Quentin Dolmaire, Mylène Demongeot, Pauline Etienne, Audrey Dana…

Scénario : Martin Provost

Photographie : Yves Cape

Musique : Gégroire Hetzel

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Béatrice, une femme exubérante et libre d’esprit, appelle Claire, la fille de l’un de ses anciens amants. Claire, son exact opposé en terme de caractère, en veut à cette personne qui a fait beaucoup de mal à son père, décédé peu après qu’elle l’a quitté. Sage-femme appréciée et très impliquée dans la maternité où elle travaille, Claire se demande ce que veut Béatrice, qui n’a pas donné signe de vie depuis trente ans. Bizarrement, elle ne cherche pas à fuir celle qui ne cesse de faire des commentaires désobligeants sur ses choix vestimentaires. En fait, Claire voudrait des réponses à ses questions…

Révélé en 2008 avec le merveilleux Séraphine, couronné par sept Césars (meilleur film, meilleure actrice, meilleur scénario original, meilleure musique, meilleurs décors, meilleure photo et meilleurs costumes), le réalisateur Martin Provost a eu beaucoup de mal à confirmer avec ses films suivants Où va la nuit (2011), énorme déception et Violette (2013). Très attaché aux portraits de femme, le cinéaste en signe un double croisé avec Sage femme, son sixième long métrage. Honnêtement, ce n’est pas avec ce film que Martin Provost reviendra sur le devant de la scène et ce malgré un casting exceptionnel et une rencontre au sommet entre les deux grandes Catherine, Deneuve et Frot. Mais le film déçoit malheureusement, comme un rendez-vous manqué et ce en raison d’une mise en scène trop sage et d’un scénario banal.

Claire (Catherine Frot) est la droiture même. Sage-femme, elle a voué sa vie aux autres. Déjà préoccupée par la fermeture prochaine de sa maternité, elle voit sa vie bouleversée par le retour de Béatrice (Catherine Deneuve), ancienne maîtresse de son père disparu, femme fantasque et égoïste, son exacte opposée. Martin Provost a pensé à son film comme un hommage à la sage-femme qui l’a sauvé à la naissance, ainsi qu’à toutes celles qui œuvrent dans l’ombre pour les autres, sans rien attendre en retour. A l’instar de la séquence où Claire accouche une jeune femme (interprété par Pauline Etienne) à qui elle avait donné son sang lors de sa venue au monde, Martin Provost avait été sauvé de la même façon. Si le réalisateur avait eu l’intelligence de placer sa caméra sous le signe de la sobriété et du réalisme dans Séraphine, Sage femme apparaît justement trop sobre et le revirement de certains personnages, notamment celui interprété par Catherine Frot, est bien trop soudain pour être vraisemblable.

Catherine Deneuve mène le jeu avec naturel, une énergie débordante et une fraîcheur de jeu dont certains comédiens devraient s’inspirer. Après presque 60 ans de carrière, l’immense actrice démontre qu’elle prend visiblement toujours autant de plaisir à jouer et à donner la réplique. De son côté, Catherine Frot n’est pas aidée par un personnage plus classique de femme quasi-quincagénaire qui a mis sa vie de côté pour s’occuper des autres, dans sa vie personnelle – célibataire et un fils interprété par Quentin Dolmaire, révélation de Trois souvenirs de ma jeunesse d’Arnaud Desplechin, sur le point d’être père – et évidemment dans sa vie professionnelle. Pour le tournage, Catherine Frot a d’ailleurs participé à de véritables accouchements filmés en Belgique puisque la loi française n’autorise pas le tournage avec des bébés âgés de moins de trois mois. Sans horaires, dormant à peine, sclérosée dans une petite vie tranquille, Claire contrôle tout, ce qu’elle mange (sainement, sans alcool) et en limitant ses déplacements. C’est alors que les retrouvailles inattendues avec l’ancienne compagne de son père (responsable de son suicide), Béatrice, vont raviver certaines douleurs du passé qui ont figé sa vie…et paradoxalement déclencher l’envie de la reprendre en main en pensant enfin à elle. En voyant Béatrice, épicurienne et excentrique rattrapée par le destin, continuer à profiter à fond de la vie, s’autorisant quelques bons verres de vin, fumant cigarette sur cigarette et s’adonnant à sa passion du jeu, Claire va faire le point sur sa propre existence.

Si Sage femme n’est évidemment pas déplaisant grâce à ses deux têtes d’affiche et une superbe partition de Grégoire Hetzel, le récit patine et manque de surprises. On pouvait attendre beaucoup mieux de cette histoire de transmission (quasi-méta diront certains) et de cette première collaboration entre deux grandes comédiennes qui avait tout pour faire des étincelles à l’écran, mais les flammèches sont finalement bien trop rares, les dialogues assez pauvres et la forme proche d’un simple téléfilm.

LE BLU-RAY

Le test a été réalisé sur check-disc. France Télévisions Distribution reprend l’interface commune pour l’ensemble de ses éditions avec un menu lambda, animé et musical. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film. Aucun supplément, ni de chapitrage.

L’Image et le son

Hormis quelques petites pertes de la définition sur les scènes sombres et un piqué manquant parfois de mordant, ce master HD au format 1080p demeure fort plaisant et n’a de cesse de flatter les yeux avec une superbe restitution de la colorimétrie à la fois chatoyante et froide. Les contrastes sont denses et élégants, la gestion solide, le relief palpable, les détails précis sur les gros plans et les partis pris esthétiques raffinés du chef opérateur Yves Cape (Holy Motors, Hors Satan, Hadewijch), trouvent en Blu-ray un très bel écrin.

Le mixage français DTS-HD Master Audio 5.1 parvient à créer une immersion acoustique probante grâce à la très belle musique de Grégoire Hetzel (Incendies, L’Arbre, Un conte de Noël). Les ambiances naturelles viennent souvent à manquer sur les séquences en extérieur et l’ensemble se révèle souvent timide. Le report des voix est solide, la balance frontale fait gentiment son boulot, mais beaucoup de scènes reposent essentiellement sur les enceintes avant. À titre de comparaison, la version Stéréo finit par l’emporter sur la 5.1 du point de vue fluidité et homogénéité des voix avec les effets et la musique. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Michael Crotto / France Télévisions Distribution / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Emprise des Ténèbres, réalisé par Wes Craven

L’EMPRISE DES TÉNÈBRES (The Serpent and the Rainbow) réalisé par Wes Craven, disponible en édition Blu-ray + DVD + Livret le 6 septembre 2017 chez Wild Side Video

Acteurs : Bill Pullman, Cathy Tyson, Zakes Mokae, Paul Winfield, Brent Jennings, Conrad Roberts…

Scénario : Richard Maxwell, A.R. Simoun d’après le livre The Serpent and the Rainbow de Wade Davis

Photographie : John Lindley

Musique : Brad Fiedel

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

Dennis Alan, un jeune anthropologue, est envoyé en mission dans une clinique à Haïti pour rencontrer un patient diagnostiqué mort et enterré quelques années plus tôt. Arrivé sur l’île, Alan apprend l’existence d’une mystérieuse poudre vaudou capable de plonger un homme dans une mort artificielle. Son enquête le met bientôt aux prises avec les Tontons Macoutes, des miliciens paramilitaires qui utilisent cette drogue pour éliminer les opposants politiques au régime. Menacé de mort, Alan tente de récupérer la recette du poison avant de repartir pour Boston. Mais, ensorcelé par ses ennemis, il ne tarde pas à sombrer dans un univers de magie noire, où se mêlent hallucinations, cauchemars et réalité.

Réalisé entre L’Amie Mortelle (Deadly Friend) et Shocker, L’Emprise des TénèbresThe Serpent and the Rainbow (1988) est aujourd’hui considéré par la critique et les spectateurs comme l’un des meilleurs films de Wes Craven. Un temps envisagé par Peter Weir avec Mel Gibson dans le rôle principal, basé sur des « faits réels », le huitième long métrage du réalisateur tourné pour un budget conséquent de 7 millions de dollars (le plus important à l’époque pour le cinéaste) s’inspire de l’ouvrage documentaire éponyme de l’ethnobotaniste canadien Wade Davis, sur les pratiques vaudou en Haïti, notamment ce qui concerne le processus dit de la zombification. Comme l’indique un carton en ouverture « Dans la légendu du vaudou, le serpent symbolise la Terre, l’arc-en-ciel le Paradis. Entre les deux, toute créature doit vivre et mourir. Mais, parce qu’il a une âme, l’homme peut se retrouver emprisonné en un lieu où la mort n’est qu’un commencement ». Il n’en fallait pas plus pour Wes Craven pour y trouver là l’inspiration pour son nouveau film d’horreur.

Dennis Alan, un anthropologue diplômé de Harvard, est de retour à Boston après un long séjour en Amazonie, où il a pu étudier et expérimenter les drogues utilisées par les chamanes. Un représentant d’une entreprise pharmaceutique lui propose alors de se rendre en Haïti, en quête d’une hypothétique substance utilisée par les sorciers vaudous pour zombifier leurs victimes. En effet, si les rumeurs sur les zombis sont fondées et qu’une telle drogue existe, ses applications dans le domaine de l’anesthésie seraient des plus intéressantes. Il débarque afin d’étudier l’univers mystérieux et inquiétant du culte vaudou. Très vite, il découvre l’existence du poison violent – en fait un psychotrope appelé tétrodotoxine – et sournois, qui transforme instantanément les êtres humains en zombies, en ralentissant le rythme cardiaque, au point que les autres les croient morts. Les détenteurs de cette poudre maléfique forment une communauté de prêtres, de politiciens et d’hommes d’affaires corrompus qui contrôlent l’île avec l’aide des Tontons macoutes. Il fait la connaissance de Marielle Duchamp, une belle psychiatre haïtienne, dont la famille tente depuis des années de s’opposer à ces rites destructeurs. Ensemble, ils vont se battre aux côtés des opposants au régime pour la liberté et la paix sur l’île.

La grande réussite de L’Emprise des Ténèbres, même si loin du Vaudou de Jacques Tourneur (1943), provient du surnaturel « plausible » que Wes Craven observe et détaille avec une mise en scène souvent très documentaire, avec sérieux et en tournant vraiment en Haïti (le premier long métrage américain à être tourné sur place dans sa quasi-intégralité), avant d’être contraint de terminer les prises de vue en République dominicaine pour des raisons politiques instables et des menaces de mort. Un réalisme qui n’est pas sans rappeler celui d’A la recherche du plaisir de Silvio Amadio, giallo atypique tourné en Haïti en 1972. Le malaise ne s’instaure pas uniquement durant les séquences dites à sensation et donc plus « fictionnelles », mais également par l’usage d’une caméra à l’épaule qui capture les rites et les coutumes. On sent le cinéaste passionné par son sujet, bien qu’il n’hésite pas à recourir au grotesque et au grand-guignolesque dans un dernier acte moins inspiré, mais néanmoins généreux envers les spectateurs avides de sensations fortes.

Parallèlement au « film de genre », Wes Craven s’intéresse également à la situation politique d’un pays où les hommes de main du dictateur Jean-Claude Duvalier, alias Baby Doc, n’hésitent pas à avoir recours aux prêtres Vaudou – et à leur usage de la torture physique, scène très éprouvante – afin de renforcer l’emprise de la dictature sur la société. Le personnage interprété par Bill Pullman dans son premier rôle en vedette, est malmené du début à la fin. Un peu arrogant, sûr de lui-même, cartésien et croyant tout savoir sur les us des pays qu’il visite, Alan va très vite déchanter et se retrouver face à des pratiques occultes, des événements qui dépassent l’entendement et une population qu’il n’aurait pas dû sous-estimer. Alan est donc confronté à la puissance ténébreuse du Vaudou et va voir ses repères s’écrouler jusqu’à la folie. Impression renforcée par la composition de Brad Fiedel, dont les percussions et les entêtantes notes de synthétiseur ne sont pas sans rappeler son thème de Terminator.

Hormis son dernier acte que l’on qualifierait aujourd’hui de « nawak », L’Emprise des Ténèbres est donc film fantastique, morbide et d’épouvante réaliste placé sous hallucinogènes, qui a plutôt bien vieilli grâce à une mise en scène inspirée et qui remplit encore ses promesses d’émotions fortes.

LE BLU-RAY

Le test a été réalisé sur un check-disc. Cette édition de L’Emprise des Ténèbres se compose du Blu-ray et du DVD du film, ainsi que d’un livret exclusif de 60 pages, spécialement écrit par Frédéric Albert Levy (journaliste cinéma et co-fondateur de la revue Starfix), illustré de photos d’archives rares. Le menu principal est animé et musical.

En ce qui concerne les suppléments, c’est plutôt chiche. Toutefois, il serait dommage de passer à côté du bel hommage rendu à Wes Craven par le cinéaste Alexandre Aja (29’). Dans un premier temps, le réalisateur se souvient de sa découverte du cinéma de Wes Craven à travers les bandes-annonces mais aussi et surtout les VHS de films d’horreur dans les bacs des vidéo-clubs, ainsi que dans les articles publiés dans les magazines Mad Movies et L’Ecran fantastique. Alexandre Aja évoque ensuite l’influence des Griffes de la nuit et de La Dernière maison sur la gauche qui ont contribué à lui donner sa vocation de réalisateur. Puis, le metteur en scène en vient à sa rencontre avec le maître en personne suite à la présentation de son second long métrage Haute tension au Festival du film de Toronto en 2003. S’ensuit un formidable portrait où Alexandra Aja croise à la fois l’intime (« un homme très complexe et paradoxal, rempli de luttes intérieures, qui se sentait responsable de l’influence de ses films dans la vie réelle ») et leur collaboration professionnelle. La peur au cinéma selon Wes Craven, le travail sur le remake de La Colline a des yeux, mais aussi sa passion pour le « bird watching » et les oiseaux morts qu’il collectionnait, ce module est peu avare en anecdotes sincères et intéressantes. Si Alexandre Aja aborde finalement très peu L’Emprise des Ténèbres, cette présentation sans langue de bois et avec beaucoup d’émotions est un très beau supplément.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Ce nouveau master HD brille de mille feux. D’une propreté absolue (même si quelques points blancs qui ont échappé au Biactol numérique), l’image met en valeur la photo de John Lindley (Blue-Jean Cop, Pleasantville, La Somme de toutes les peurs) et offre un rendu très impressionnant des séquences en extérieur. Si la définition n’est pas optimale avec quelques très légers fourmillements constatés ainsi que des visages tirant sensiblement sur le rosé dans les scènes diurnes, on apprécie le niveau des détails, l’affûtage du piqué, le grain cinéma respecté (parfois plus prononcé), la richesse des contrastes, la luminosité et l’aplomb de la compression numérique qui consolide les scènes plus agitées. On attendait peut-être des noirs un peu plus fermes. Clair et net, ce Blu-ray au format 1080p offre une deuxième jeunesse bien méritée à ce film.

Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 2.0 Surround sont propres et distillent parfaitement la musique de Brad Fiedel. La piste anglaise (avec les sous-titres français imposés) est la plus équilibrée du lot avec une homogénéité entre les dialogues et les bruitages, ainsi qu’un niveau des dialogues plus plaisant. Le changement de langue est impossible à la volée et nécessite le retour au menu contextuel.

Crédits images : © Universal Studios. / Wild Side Video / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Picnic, réalisé par Joshua Logan

PICNIC réalisé par Joshua Logan, disponible en DVD et Blu-ray le 23 août 2017 chez Carlotta Films

Acteurs : William Holden, Kim Novak, Betty Field, Susan Strasberg, Cliff Robertson, Arthur O’Connell…

Scénario : Daniel Taradash, d’après la pièce éponyme de William Inge

Photographie : James Wong Howe

Musique : George Duning

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

Dans une petite ville du Kansas, un pique-nique annuel est organisé pour célébrer la fête du Travail. C’est ce jour-là que débarque Hal Carter, ancien camarade d’université d’Alan Benson, dont le père est un riche céréalier de la région. Avant de retrouver son ami, Hal fait la connaissance des sœurs Owens : Millie, « garçon manqué » au tempérament bien trempé, et Madge, la plus jolie fille du coin et petite amie d’Alan. Le nouveau venu tombe immédiatement sous son charme. Le pique-nique sera pour les deux jeunes gens l’occasion de se rapprocher…

Incontestablement, le scénariste et metteur en scène Joshua Logan (1908-1988) a plus marqué le monde du théâtre que celui du cinéma. Très jeune il participe à la création d’une troupe de théâtre au sein de l’université de Princeton, où s’invitent les débutants Henry Fonda et James Stewart. Tout d’abord comédien au début des années 1930 et adepte de la méthode Stanislavski qu’il a étudié à Moscou, il rencontre et collabore avec le grand David O. Selznick à Hollywood, tout en gardant un pied à Broadway. Après la Seconde Guerre mondiale, il se consacre à la mise en scène de pièces de théâtre et accumule les récompenses. Parmi ses grands succès, il y a notamment la pièce Picnic du dramaturge William Motter Inge (1913-1973), auréolée du prix Pulitzer du théâtre en 1953. Ouvertement sexuelle, la pièce attire quand même les convoitises de certains producteurs. Joshua Logan, qui vient d’être rappelé à Hollywood afin de remplacer John Ford alors souffrant pour terminer Mister Roberts, est lui-même désigné pour adapter Picnic sur grand écran, en Technicolor et Cinémascope.

Le jour de la fête du travail, dans une petite ville du Kansas. Un jeune homme débarque d’un train de marchandises, visible vagabond qui n’a qu’un baluchon, un pantalon élimé et une chemise crasseuse. Le nouveau venu, Hal Carter, cherche aussitôt un emploi. Une charmante vieille dame, Helen Potts, lui fournit le gîte et le couvert en échange de quelques travaux de jardinage. Hal espère se faire engager dans la minoterie familiale d’Alan Benson, un ancien camarade. Benson convie Hal à prendre part au traditionnel pique-nique qui réunit toute la population et lui présente sa fiancée, Madge Owens. Entre les deux jeunes gens, c’est le coup de foudre. Picnic condense les thèmes de prédilection de William Inge avec ses personnages en quête d’indépendance, isolés dans leur caste sociale, englués dans leur quotidien, dans leur famille et leur environnement, rêveurs mais trop lâches pour réaliser leurs fantasmes, résigner à accepter leur situation ou laissant tomber s’ils échouent à s’échapper la première fois. Avec acuité, le scénariste Daniel Taradash, auteur de Tant qu’il y aura des hommes de Fred Zinnemann (1953) et de Troublez-moi ce soir (1952) de Roy Ward Baker transpose l’univers, l’environnement, les mots et les maux de William Inge, le tout pris en charge par Joshua Logan, qui signe ici son meilleur film.

Le cinéaste plonge immédiatement l’audience dans une petite bourgade du Kansas, ainsi que l’élément qui va perturber le quotidien morne et trop bien réglé de ses habitants, autrement dit le personnage de Hal Carter, interprété par William Holden. Avec son cadre large et la merveilleuse photographie de l’immense chef opérateur James Wong Howe, Picnic subjugue d’entrée de jeu, tandis que les émotions submergent progressivement, entre amour et haine, entre la rage et le désespoir. Joshua Logan filme la fureur de (sur)vivre. L’arrivée de cet homme sensuel, qui exhibe innocemment son corps musclé et bronzé va être mal vue de la part de cette petite société sclérosée dans les convenances. Une mère de famille va ainsi se rendre compte qu’elle vit par procuration en voulant faire de sa fille aînée Madge, incarnée par Kim Novak qui avait explosé l’année d’avant en femme fatale dans Du plomb pour l’inspecteur de Richard Quine, la reine de beauté de la ville lors de la fête du travail organisée une fois par an. La frustration sexuelle, la jeunesse éphémère et l’élévation dans l’échelle sociale sont également les sujets abordés dans Picnic avec une rare subtilité, dans une unité de temps (24 heures, de l’aube jusqu’au lever du soleil du jour suivant), de lieu (une petite ville) et d’action avec la préparation du pique-nique, la fête, le retour au bercail.

Joshua Logan ne force jamais le trait et semble prendre beaucoup de plaisir à filmer – avec tendresse – les petites habitudes, les jeux organisés, les concours de chansons, les bébés qui pleurent, les amis qui trinquent durant cette journée si particulière à laquelle tout le monde semble attachés. Hal Carter ne fait pas partie de ce monde millimétré et sa présence, même si tolérée au départ, va progressivement devenir embarrassante (alors que l’alcool coule à flot), surtout lorsque les invités vont se rendre compte qu’il ne laisse pas Madge indifférente et réciproquement lors d’une incroyable scène de danse où les sentiments se dévoilent. Ancien grand sportif de son université, mais qui ne pouvait vraiment compter que sur ses exploits au football pour être populaire, Hal souhaite renouer avec son ancien meilleur ami Alan (Cliff Robertson), héritier d’une grande entreprise agricole, afin d’espérer obtenir un emploi bien rémunéré. Si Alan est tout d’abord très heureux de revoir Hal, il tue dans l’oeuf ses espoirs de gérer un poste important puisqu’il n’est pas diplômé. La soirée va s’envenimer puisque Madge doit épouser Alan, selon les désirs de la mère de la jeune femme.

Picnic est un entrecroisement de récits initiatiques et rappelle dans une moindre mesure le Théorème de Pier Paolo Pasolini sorti presque quinze ans après, qui ciblait le milieu bourgeois. La présence d’un être attirant, bâti comme une statue grecque, sans attaches ni fortune et surtout libre, va donc faire imploser cette communauté engluée dans la routine et où le déni est devenu quotidien. Picnic obtiendra un grand succès aux Etats-Unis, à tel point que l’année suivante Joshua Logan, Golden Globe du meilleur réalisateur, se verra confier la transposition d’une autre pièce de théâtre de William Inge, Arrêt d’autobus (Bus Stop) avec la star Marilyn Monroe. Dernière chose, Picnic reste l’un des rares films diffusés aux Etats-Unis en incluant deux messages publicitaires subliminaux, insérés toutes les cinq secondes à l’aide d’un tachistoscope. Procédé qui a visiblement porté ses fruits, puisque les vendeurs de popcorn et de sodas voyaient leurs ventes grimper auprès des spectateurs venus voir le film de Joshua Logan !

LE BLU-RAY

Le test de l’édition HD de Picnic, disponible chez Carlotta Films, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le visuel de la jaquette, tout comme celui du menu principal fixe et musical, est étonnamment sobre, mais très élégant.

Aux côtés de la bande-annonce originale, l’éditeur livre une formidable présentation et analyse de Picnic de Joshua Logan, mais également de l’oeuvre du dramaturge William Inge (27’). On doit ce brillant exposé à Marguerite Chabrol, professeure à l’université Paris 8 et auteure de l’ouvrage De Broadway à Hollywood (CNRS Editions). Vous saurez tout sur la création de la pièce Picnic à Broadway en 1953 ! Les thèmes abordés, la mise en scène, l’importance du décor (unique, entre deux façades de maisons voisines), des lumières et même du son, élément encore rare au théâtre à l’époque. Marguerite Chabrol dresse le portrait de William Inge et dresse un panel de ses thèmes de prédilection, tout en replaçant Picnic dans sa carrière. La professeure en vient ensuite à sa transposition au cinéma par Joshua Logan, qui avait également mis en scène la pièce, en évoquant notamment l’évolution à l’écran de la représentation du corps masculin à moitié dénudé, élément important dans la trame de Picnic.

L’Image et le son

C’est avec un immense plaisir de redécouvrir un Technicolor 2.55 dans de telles conditions ! Le master HD (1080p, AVC) affiche une propreté sidérante (restauré en 2K par Sony), restituant la vivacité et la saturation de la colorimétrie, tout en délivrant un relief inédit (la séquence du pique-nique est fantastique), un piqué inouï, une clarté appréciable, une profondeur de champ de haut niveau et des détails foisonnants. Hormis la scène d’ouverture et le générique aux teintes fanées et à la définition moindre, la restauration n’en finit pas d’étonner et la copie demeure stable. Malgré quelques flous sporadiques mais vraisemblablement d’origine, Picnic a bénéficié d’un lifting de premier ordre, tout en conservant le merveilleux grain de la photo de l’immense chef opérateur James Wong Howe.

Soyons honnêtes, la piste anglaise DTS-HD Master Audio 5.1 ne sert pour ainsi dire à rien, à part pour créer une légère chambre d’écho lors des scènes soutenues par la musique de George Duning. Et encore, les latérales se révèlent bien trop avares pour créer une spatialisation solide. A sa sortie, Picnic avait été exploité en format 4 canaux, donc revoir le film en 5.1 reconstitue quelque peu les conditions acoustiques originales. Toutefois, n’hésitez pas à sélectionner d’emblée le mixage DTS-HD Master Audio 2.0, d’excellent acabit et qui instaure le même si ce n’est un meilleur confort. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale. L’éditeur joint également une piste dans la langue de Molière DTS-HD Master Audio 1.0 avec des dialogues forcément moins naturels et dynamiques, aux ambiances plus feutrées, mais néanmoins dépourvue de souffle parasite.

Crédits images : © 1955, RENOUVELÉ 1983 COLUMBIA PICTURES INDUSTRIES, INC. Tous droits réservés. / Carlotta Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Supergirl – Saison 1

SUPERGIRL – SAISON 1, disponible en DVD et Blu-ray  le 5 juillet 2017 chez Warner Bros.

Acteurs : Melissa Benoist, Mehcad Brooks, Chyler Leigh, Jeremy Jordan, David Harewood, Calista Flockhart, Chris Wood, Jenna Dewan Tatum…

Musique : Blake Neely

Durée : 20 épisodes de 43 minutes

Date de sortie initiale : 2015

LA SÉRIE

Les aventures de Kara Zor-El, la cousine de Superman, alias Supergirl. A 24 ans, la jeune femme, qui mène sa vie en marge de celle de son célèbre cousin, se sent impuissante face à ses pouvoirs extraordinaires qu’on lui a appris à ne pas utiliser. Employée dans un grand média de National City, elle va se retrouver à mener une double vie pour combattre le crime dans sa ville.

When I was a child, my planet Krypton was dying. I was sent to Earth to protect my cousin. But my pod got knocked off-course and by time I got here, my cousin had already grown up and become Superman. And so I hid my powers until recently when an accident forced me to reveal myself to the world. To most people I’m assistant at Catco Worldwide Media. But in secret, I work with my adoptive sister for the DEO to protect my city from alien life and anyone else that means to cause it harm. I am Supergirl.

Ainsi démarre chaque épisode de la nouvelle série DC Comics, Supergirl ! Apparue en mai 1959 dans le n°252 du comic book Action Comics, la cousine de Kal-El / Superman est souvent restée dans l’ombre de l’Homme d’acier. Si l’adaptation live de 1985 par Jeannot Swzarc s’est soldée par un échec cinglant au box-office, les fans de la super-héroïne espéraient son retour sur le grand ou sur le petit écran. Il aura donc fallu attendre l’explosion des super-héros au cinéma puis leur incursion à la télévision avec Arrow et Flash (produit par le même homme Greg Berlanti), pour que Supergirl renaisse de ses cendres.

On reprend tout depuis le début avec des effets spéciaux dernier cri, ce qu’il faut de romance, d’humour, de créatures fantastiques, de méchants impitoyables, d’affrontements et quelques touches nostalgiques afin de caresser l’audience dans le sens du poil. Et ça fonctionne ! Etrange mais très attachant cocktail de Lois & Clark, Buffy contre les vampires et du Diable s’habille en Prada (oui oui), Supergirl repose avant tout sur un excellent casting et en premier lieu sur le charme de la lumineuse comédienne principale Melissa Benoist. Aperçue dans le remarquable Whiplash de Damien Chazelle et la série Glee, l’actrice née en 1988 s’avère aussi à l’aise dans la peau de Kara, jeune secrétaire et larbin d’une grande rédactrice en chef, que dans les collants (qu’elle porte admirablement d’ailleurs) et le costume estampillé d’un S. Son sourire, son sex-appeal et son jeu naturel, même si un peu limité certes, participent évidemment à la réussite de la série. Cependant, elle est également excellemment entourée, notamment par Chyler Leigh, vue dans la série Grey’s Anatomy, aussi bad-ass que sa partenaire et qui interprète un personnage tout aussi important, celui de la soeur terrestre de Kara. Femme d’action, elle est l’un des membres d’élite d’une organisation destinée à réguler l’existence extraterrestre sur Terre, le DEO, dirigé par Hank Henshaw (David Harewood). Ce dernier dissimule également sa véritable identité. Il s’agit en réalité de l’Homme de Mars J’onn J’onzz, qui possède quasiment les mêmes pouvoirs que Superman et Supergirl, en plus de celui de prendre n’importe quelle apparence.

La cultissime Calista Flockhart est aussi l’un des grands points forts de cette première saison 1. La comédienne d’Ally McBeal incarne Cat Grant, une ancienne journaliste du Daily Planet (que l’on voit dans la première saison de Lois & Clark et dans la série Smallville), devenue elle-même la boss d’un grand journal concurrent à celui tenu par Perry White. Calista Flockhart bénéficie des meilleures répliques et livre une grande performance, inspirée il est vrai par celle de Meryl Streep dans Le Diable s’habille en Prada. Vacharde, cynique, narcissique, elle est aussi celle qui permettra à Kara de devenir Supergirl (elle trouvera même son “nom de scène”), qui la poussera à se surpasser, mais aussi et avant tout à s’imposer et s’améliorer dans ses exploits. Aux côtés de Melissa Benoist, nous trouvons Mehcad Brooks qui incarne Jimmy Olsen. Oui le petit photographe est devenu un grand black d’1m91 bâti comme une armoire à glace. Venu de Metropolis, complice de Superman/Clark Kent, il débarque à National City pour oublier une liaison qui s’est mal terminée avec Lucy Lane, la petite soeur de, mais il est également envoyé en mission par Clark pour veiller sur sa cousine. Le coup de foudre est réciproque entre les deux, ce qui n’est pas vraiment du goût de Winn (très bon Jeremy Jordan), le collègue de Kara qui en pince pour elle depuis le premier jour et qui devient d’ailleurs la première personne au courant de la double identité de la jeune femme. Quant au “méchant qui n’en est pas vraiment un, mais qui n’est pas très honnête quand même”, il s’agit du personnage de Maxwell Lord, interprété par Peter Facinelli, vu dans la saga Twilight. Largement inspiré par Lex Luthor, Lord joue un multimilliardaire, scientifique, arrogant et charismatique, qui souhaite tirer avantage de chaque situation et peu importe si cela met en danger la population.

Tout ce beau petit monde se débat entre les peines de coeur et les invasions d’aliens aux mauvais desseins. Supergirl est une série qui assume le kitsch hérité de certains shows des années 1990, Buffy contre les vampires donc, mais aussi Charmed, X-Files, le tout matiné de chassés croisés amoureux dignes d’un soap opéra. Notre héroïne invincible, mais pas invulnérable, a donc fort à faire dans cette première saison très bien rythmée, à l’humour bon enfant, qui parvient à trouver rapidement son ton, sans égaler pourtant la grande réussite de Flash, qui fait d’ailleurs une apparition bien sympathique. Les geeks s’amuseront à noter quelques clins d’oeil faits à l’univers de Superman (les cacahuètes lancées sur les bouteilles dans le bar fait évidemment référence à Superman III), tout comme les acteurs qui ont marqué l’univers DC avec les participations récurrentes d’Helen Slater, ancienne Supergirl du film de Jeannot Swzark ou bien encore Dean Cain, le Superman de Lois & Clark, tous deux interprétant les parents adoptifs de Kara.

Après cette première saison et en raison de performances peu satisfaisantes, Supergirl a été retiré de la grille des programmes de CBS, avant d’être rachetée par la CW pour une saison 2, chaîne diffusant les séries Arrow, Flash et Legends of Tomorrow. La troisième saison est prévue pour octobre 2017.


LE BLU-RAY

La première saison de Supergirl en Blu-ray, disponible chez Warner Bros., se compose de trois disques placés dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. La liste des épisodes apparaît au verso, tout comme celle des suppléments et des acteurs de la série. Le menu principal est identique sur les trois Blu-ray, fixe et musical, qui reprend le visuel de la jaquette.

Peu de suppléments à se mettre sous la dent et qui présentent au final peu d’intérêt.

C’est le cas des scènes coupées (15’) dispersées sur les trois disques, pour les épisodes 6, 8, 9, 11, 13, 15, 16, 17 et 18. Hormis une séquence où Alex remet Maxwell Lord à sa place dans l’épisode 16 quand Kara croit être revenue sur Krypton, l’ensemble s’avère bien trop anecdotique et reflète simplement les coupes effectuées au montage pour accélérer le rythme.

Le reste des bonus est présenté sur la troisième galette.

On commence par le lancement de la série donné au Comic-Con de 2015 (15′) en présence de l’équipe principale. Melissa Benoist, Mehcad Brooks, Chyler Leigh, Jeremy Jordan, David Harewood, ainsi qu’une petite apparition de Peter Facinelli, sans oublier les producteurs et le créateur Greg Berlanti, répondent aux questions banales de leur host qui fait tout pour mettre l’ambiance et promouvoir le show.

S’ensuivent deux featurettes promotionnelles qui se focalisent sur le personnage de J’onn J’onzz – L’Homme qui vient de Mars (10’) et sur la création de la planète Krypton (11’). Les comédiens et les showrunners présentent les personnages, quelques images dévoilent l’envers du décor. Attention aux divers spoilers !

L’interactivité se clôt sur un bêtisier amusant (4’).

L’Image et le son

Les épisodes sont proposés au format HD (1080p, AVC). Les couleurs sont chaudes et resplendissantes, le piqué acéré, les contrastes au top et la profondeur de champ abyssale. Les séquences diurnes sont éclatantes et seules quelques séquences à effets spéciaux s’avèrent sensiblement moins définies en raison des images composites. En dehors de ça, Warner Bros. met la barre haute et prend soin de l’arrivée de Supergirl dans les salons avec même un léger et élégant grain typique du tournage avec la caméra Arri Alexa. Le résultat est superbe et la promotion HD indispensable, ne serait-ce que pour admirer les jambes admirables de Melissa Benoist. Bah quoi ?

Sans surprise, seule la version originale est livrée au format DTS-HD Master Audio 5.1. Privilégiez évidemment cette option qui instaure un confort acoustique digne des plus grands blockbusters avec une spatialisation tonitruante, des effets latéraux à foison, une percutante délivrance des dialogues et une balance frontale explosive. Mention également au caisson de basses très souvent sollicité dans les scènes d’action. Les réfractaires à la V.O. devront se contenter d’une toute petite VF Dolby Digital 2.0 Stéréo au doublage nian-nian souvent indigne de la série. Etrangement, les allemands disposent d’un mixage Dolby Digital 5.1.

Crédits images : © Warner Bros. / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Chiens, à vous de créver !, réalisé par Frank Wisbar

CHIENS, À VOUS DE CREVER ! (Hunde, wollt ihr ewig leben) réalisé par Frank Wisbar, disponible en DVD le 11 juillet 2017 chez Movinside

Acteurs : Joachim Hansen, Peter Carsten, Wolfgang Preiss, Horst Frank, Wilhelm Borchert, Carl Lange, Richard Münch, Günter Pfitzmann…

Scénario : Frank Wisbar, Frank Dimen, Fritz Wöss, Heinz Schröter

Photographie : Helmuth Ashley

Musique : Herbert Windt

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Octobre 1942. Le général Friedrich Paulus qui commande la 6ème Armée obéit aveuglement à Hitler qui exige, coûte qui coûte, qu’il tienne Stalingrad et résiste par tous les moyens à l’encerclement des troupes soviétiques. Dans les rangs allemands, les soldats privés d’armes et de vivres commencent à prendre conscience de la folie mégalomane du Führer. Parmi eux, le lieutenant Wisse, le sergent Böse, le caporal Krämer et un aumônier, redécouvrent des valeurs humaines que la guerre avait annihilé.

Hormis le film soviétique Stalingradskaja Bitva (The Battle of Stalingrad) réalisé en 1949 de Vladimir Petrov, restauré il y a une dizaine d’années par l’International Historique Films, Chiens, à vous de crever !Hunde, wollt ihr ewig leben ! de Frank Wisbar est le premier long métrage allemand à parler de la débâcle allemande lors de la bataille de Stalingrad. De son vrai nom Frank Wysbar (1899-1967), le cinéaste né à Tilsit alors en Prusse-Orientale livre un très grand film de guerre malheureusement et injustement oublié aujourd’hui. Il est donc grand temps de réhabiliter Chiens, à vous de crever ! qui aborde frontalement et avec objectivité l’une des batailles les plus sanglantes de la Seconde Guerre mondiale, qui a opposé l’armée soviétique à l’armée allemande de juillet 1942 à février 1943.

Le film adopte le point de vue de l’armée allemande et montre comment les soldats et leurs supérieurs ont été tout simplement abandonnés par Adolf Hitler, qui promettait alors de les ravitailler en nourriture, en armes et en hommes. L’histoire s’attache à une poignée de personnages livrés à eux-mêmes, affamés, démunis, rongés par le froid (on brûle les photos encadrées du Führer pour se réchauffer) et la maladie, tandis que les cadavres s’amoncellent sur leur chemin, avant de se retrouver encerclés dans la ville de Stalingrad alors à feu et à sang. Dès la première séquence, Frank Wisbar montre une armée triomphante qui défile sous les yeux brillants du Führer, tandis qu’une voix-off vient couper court à cette parade en commentant des images du front dévasté, des soldats allemands morts au combat : « Jusqu’à ce que la neige et le vent recouvrent les cadavres et fassent oublier l’entrée triomphale. Le soldat mort n’a que faire de l’issue victorieuse ou non de la guerre ». Sur un montage percutant et fluide, Chiens, à vous de crever ! intègre d’incroyables et impressionnants stockshots, parfois très difficiles et violents, qui rend compte des tensions et des divisions au sein de la 6e armée envoyée sur le front de l’Est.

Avec des moyens plutôt conséquents, Frank Wisbar rend compte de la situation sur le front qui n’a de cesse de se dégrader (un soldat allemand meurt toutes les 7 secondes), tandis que les russes mieux équipés, resserrent leurs unités jusqu’à étouffer littéralement leurs adversaires. Adolf Hitler apparaît de dos principalement, tandis que sa voix exprime clairement son désintérêt pour ces hommes qui seraient très vite remplacés s’ils devaient tous tomber. De leur côté, Goebbels déclare déjà la victoire allemande sur Stalingrad et Göring s’époumone à la radio pour célébrer le dixième anniversaire de la prise du pouvoir. Jusqu’à la reddition des troupes allemandes après plus de six mois de combats, plus de 800.000 pertes soviétiques (civils et soldats) et 400 000 militaires allemands, roumains, italiens, hongrois et croates.

S’il démarre comme un documentaire, Chiens, à vous de crever ! s’avère un film maîtrisé et épatant, aussi passionnant sur le fond que sur la forme, porté par de remarquables comédiens et qui s’avère un témoignage sans concession ni faux héroïsme, qui colle au plus près de la vérité. C’est le cas de la séquence où durant une courte trêve demandée entre les deux armées afin d’aller récupérer leurs soldats décédés sur le front, un officier allemand trouve un piano dans les décombres recouvertes de neige et commence à jouer une sonate de Beethoven.

Sorti en France en 1960, le film de Frank Wisbar attire plus d’1,2 million de spectateurs dans les salles, et se voit récompenser par de nombreux prix en Allemagne, dont le meilleur réalisateur et le Deuxième meilleur film aux Prix du film allemand. Il faudra attendre 1989 et le film russe Stalingrad de Youri Ozerov pour que le cinéma s’intéresse à nouveau à cet épisode clé de la Seconde Guerre mondiale.

LE DVD

Chiens, à vous de crever ! intègre la collection Grands films de guerre disponible chez Movinside. Aucun supplément ni de chapitrage, le menu principal, animé et musical, ne propose que le choix des langues avant le lancement du film. Si l’éditeur aurait pu proposer une présentation de Chiens, à vous de crever ! par un historien du cinéma, la grande rareté du film l’emporte sur l’absence des suppléments.

L’Image et le son

La restauration est impressionnante ! Movinside a pu mettre la main sur un master qui permet de (re)découvrir Chiens, à vous de crever ! dans de très bonnes conditions. Certes, les stockshots n’ont évidemment pas été restaurés et détonnent avec les images filmées par Frank Wisbar, mais la copie s’avère propre, stable, les contrastes sont bien gérés, les noirs sont denses et certaines séquences s’avèrent lumineuses. Quelques points blancs et rayures verticales ont pu échapper au nettoyage, mais dans l’ensemble l’image est de fort bon acabit.

La version originale est proposée dans son intégralité avec des sous-titres français non imposés. La piste est étonnamment propre, ne serait-ce que deux ou trois craquements, sans souffle parasite et sans bruits de fond. Le confort acoustique est donc assuré. Une piste française est également au programme, un peu plus sourde, mais qui ne démérite pas.

Crédits images : © BETA FILM. / Movinside / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Soudain l’été dernier, réalisé par Joseph L. Mankiewicz

SOUDAIN L’ÉTÉ DERNIER (Suddenly, Last Summer) réalisé par Joseph L. Mankiewicz, disponible en DVD et Blu-ray le 23 août 2017 chez Carlotta Films

Acteurs : Elizabeth Taylor, Katharine Hepburn, Montgomery Clift, Albert Dekker, Mercedes McCambridge, Gary Raymond…

Scénario : Gore Vidal d’après la pièce de théâtre Suddenly, Last Summer de Tennessee Williams

Photographie : Jack Hildyard

Musique : Malcolm Arnold, Buxton Orr

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Dans la Nouvelle-Orléans de 1937, une riche veuve, Violet Venable, propose de financer l’hôpital public Lyons View si l’un de ses praticiens, le docteur Cukrowicz, accepte de pratiquer une lobotomie sur sa nièce Catherine Holly. Celle-ci est internée depuis le décès mystérieux, durant un périple estival, de Sebastian Venable, poète et fils de Mrs Venable. La version que raconte Catherine du décès de Sebastian paraît tellement loufoque, que Violet la croit folle à lier. Avec l’aide du Dr Cukrowicz, Catherine va peu à peu recouvrer la mémoire jusqu’à révéler une vérité que certains auraient préféré rester enfouie.

Tout d’abord scénariste (Alice au pays des merveilles de Norman Z. McLeod, L’Ennemi public n°1 de W.S. Van Dyke), puis producteur (Furie de Fritz Lang, Indiscrétions de George Cukor), Joseph L. Mankiewicz (1909-1993) passe derrière la caméra en 1946 avec Le Château du dragon, en remplacement d’Ernst Lubitsch, victime d’une crise cardiaque. Suite à ce premier et grand succès, Mankiewicz choisit une pièce de Lee Strasberg, qu’il adapte avec Howard Dimsdale. Ce sera Quelque part dans la nuit, un film noir dans le style du Faucon maltais de John Huston (1941) et du Grand sommeil de Howard Hawks, par ailleurs sorti quelques semaines après le film de Mankiewicz. Suivront Un mariage à Boston (1947), L’Aventure de madame Muir (1947), Escape (1948) et Chaînes conjugales (1949). Autant dire que Joseph L. Mankiewicz a le vent en poupe à la fin des années 1940. Il clôt cette fabuleuse décennie avec La Maison des étrangersHouse of Strangers, drame familial qui annonce notamment Le Parrain plus de 20 ans avant. Le cinéaste prend alors son envol avec Eve (1950), On murmure dans la ville (1951), L’Affaire Cicéron (1952) et Jules César (1953). En revanche, il connaît quelques revers commerciaux et enchaîne les échecs avec La Comtesse aux pieds nus (1954), Blanches colombes et vilains messieurs (1955) et Un Américain bien tranquille (1958). Pour se refaire au box-office, Joseph L. Mankiewicz accepte la proposition du producteur Sam Spiegel (L’Odyssée de l’African Queen, Sur les quais et Le Pont de la rivière Kwaï), l’audacieuse adaptation de la pièce de Tennessee Williams, Soudain l’été dernier.

A l’hôpital psychiatrique de Lion’s View, le docteur Cukrowicz pratique dans des conditions vétustes la psychiatrie et la neurochirurgie. Le directeur lui annonce que Violet Venable, une riche veuve, lègue un million de dollars à l’établissement, à condition que Cukrowicz accepte de pratiquer une lobotomie sur sa nièce, Catherine. La jeune fille, traumatisée par la mort récente de son cousin Sebastien, le fils de Violet donc, a sombré dans la folie. Le jeune médecin s’efforce alors de provoquer chez sa patiente le souvenir de la scène fatale. C’est ainsi qu’il découvre peu à peu une troublante vérité que tous s’entendent, par intérêt, à lui tenir cachée, et dont l’innocente Catherine pourrait bien être la victime. Soudain l’été dernier aborde des thèmes extrêmement graves et rarement évoqués au cinéma à la fin des années 1950 comme l’homosexualité, la pédophilie, l’inceste et même le cannibalisme. A partir d’un scénario principalement écrit par Gore Vidal, qui a étendu l’histoire de la pièce originale en un acte de Tennessee Williams, le cinéaste signe un drame psychologique haletant qui s’apparente souvent à un thriller avec une tension maintenue du début à la fin. Fin lettré, Joseph L. Mankiewicz use des mots comme de véritables munitions et les longues, très longues séquences dialoguées, à l’instar de l’apparition de Katharine Hepburn, mettent les nerfs des spectateurs et ceux des personnages à rude épreuve.

Cette atmosphère pesante et oppressante sur le déni et le transfert, renvoie également aux difficiles conditions de tournage, en particulier pour Montgomery Clift, imposé par sa grande amie Elizabeth Taylor, qui venait d’avoir un très grave accident de voiture. Miraculé mais défiguré, le comédien avait dû subir de nombreuses opérations de chirurgie esthétique. Si son visage s’est ensuite transformé en figeant ses traits figés, ce traumatisme n’a fait qu’accentuer ses penchants pour l’alcool et sa dépendance aux médicaments. Le voir trembler à l’écran est souvent difficile, ce qui ne l’empêche pas de livrer une remarquable performance, même si Mankiewicz avait sérieusement envisagé de le remplacer par Peter O’Toole, avant que ses deux partenaires à l’écran ne prennent sa défense. De son côté, Elizabeth Taylor vient de perdre son troisième mari Michael Todd dans un accident d’avion et tombe en dépression. Quant à Katherine Hepburn, elle fait preuve d’une jalousie exacerbée envers Elizabeth Taylor et passe le tournage à pester contre cette histoire qu’elle trouve répugnante et qui la montre presque sans fard à l’écran. Elle finira ses prises de vue en allant cracher sur le plateau et dans le bureau de Sam Spiegel. Les deux comédiennes seront nommées pour l’Oscar de la meilleure actrice, qui sera finalement remporté par Simone Signoret pour Les Chemins de la haute ville. Sublime et d’ailleurs sublimée par Mankiewicz (tous les cinéphiles ont en tête la comédienne moulée dans son maillot de bain affriolant) Elizabeth Taylor obtiendra le Golden Globe pour sa prestation.

La pièce de théâtre originale était l’une des créations les plus personnelles du dramaturge puisque très inspirée de l’histoire de sa sœur aînée Rose, qui atteinte de schizophrénie aiguë avait subi une lobotomie en 1937 après une décision de leur mère castratrice et tyannique. Cet événement traumatisera Tennessee Williams toute sa vie et entraînera une rupture définitive avec les membres de la famille. Si les thèmes tabous et sulfureux sont évidemment plus suggérés qu’explicites, Soudain l’été dernier instaure un malaise qui ne fait que s’accentuer au fil des révélations de Catherine sur l’étrange disparition de son cousin, jeune poète que tout le monde adulait comme un Dieu, en premier lieu sa mère (Katharine Hepburn donc, immense) qui ne le quittait jamais et dont la relation trouble faisait jaser jusqu’à l’intelligentsia. Lors de la révélation finale qui s’apparente à un épisode des enquêtes d’Hercule Poirot (remplacé ici par un neurochirurgien en quête de la vérité) quand tous les suspects sont réunis dans une même pièce autour du détective, on comprend ainsi que Sebastian, prédateur sexuel, utilisait sa mère comme appât afin d’attirer de jeunes garçons démunis afin d’abuser d’eux. Voyant sa mère Violet vieillir, Sebastian a ensuite jeté son dévolu sur sa cousine Catherine, présente lors de sa mort l’été dernier. Délaissée, Violet voit sa nièce devenir sa rivale en occultant son désir pour son propre fils et décide alors de s’en débarrasser en la faisant interner puis en demandant sa lobotomisation.

Soudain l’été dernier condense tous les tourments propres à Tennessee Williams et le film de Joseph L. Mankiewicz demeure l’une des plus transpositions les plus denses, complexes, terrifiantes et impressionnantes d’une des œuvres de l’écrivain aux côtés d’Un tramway nommé désir d’Elia Kazan et La Nuit de l’iguane de John Huston.

LE BLU-RAY

Le test de l’édition HD de Soudain l’été dernier, disponible chez Carlotta Films, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le visuel de la jaquette, tout comme celui du menu principal fixe et musical, est étonnamment sobre, mais très élégant.

Avec la bande-annonce originale, l’éditeur joint une passionnante présentation de Soudain l’été dernier par Michel Ciment, critique, historien du cinéma et directeur de la revue Positif (26’). Ce dernier indique comment Joseph L. Mankiewicz s’est emparé de la pièce de Tennessee Williams pour la transcender, avant d’analyser l’adaptation, le style et l’interprétation d’un trio d’acteurs hors du commun. Michel Ciment replace Soudain l’été dernier dans la carrière du cinéaste, avant de très vite enchaîner sur les thèmes de la pièce originale et de sa transposition. Dans la dernière partie de cet entretien, le critique parle de l’accueil mitigé de la part de la critique américaine et française (Jean-Pierre Melville appelait même au boycott du film), ce qui n’a pas empêché Soudain l’été dernier de remporter un immense succès à travers le monde.

L’Image et le son

Le film de Joseph L. Mankiewicz avait bénéficié d’une édition en DVD en 2002 chez Sony Pictures. Le nouveau master restauré 4K au format respecté 1.85 de Soudain l’été dernier livré par Carlotta se révèle extrêmement pointilleux en terme de piqué, de gestion de contrastes (noirs denses, blancs lumineux), de détails ciselés, de clarté (l’éclat des yeux de Montgomery Clift) et de relief. La propreté de la copie est souvent sidérante, la nouvelle profondeur de champ permet d’apprécier la composition des plans, la photo entre ombre et lumière signée par le grand Jack Hildyard (Le Pont de la rivière Kwaï, L’Etau, Vacances à Venise) retrouve une nouvelle jeunesse doublée d’un superbe écrin, et le grain d’origine a heureusement été conservé. Les contrastes ne cessent d’impressionner, la copie est stable, tout comme les fondus enchaînés qui n’entraînent pas de décrochages. Il s’agit sans nul doute de la plus belle copie de Soudain l’été dernier disponible à ce jour.

Comme pour l’image, le son a également été restauré de fond en comble. Résultat : aucun souci acoustique constaté sur le mixage anglais DTS-HD Master Audio 1.0. Le confort phonique de cette piste unique est total, les dialogues sont clairs et nets, jamais étouffés, les effets annexes probants et les plages de silence très impressionnantes. La partition entêtante est impeccablement restituée. Néanmoins, cette piste paraît parfois trop « propre » et donne un côté quelque peu artificiel à l’ensemble. La version française est correcte, un peu plus sourde, mais étonnamment plus naturelle. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © 1960, renouvelé 1988 Horizon Pictures (G.B.) LTD. Tois droits réservés. / Columbia Pictures / Carlotta Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr