Test DVD / American Guinea Pig : Bloodshock, réalisé par Marcus Koch

AMERICAN GUINEA PIG : BLOODSHOCK réalisé par Marcus Koch, disponible en DVD le 2 octobre 2018 chez Uncut Movies

Acteurs : Norm J. Castellano, Barron Christian, Dan Ellis, Alberto Giovannelli, Lillian McKinney, Gene Palubicki, Maureen Pelamati, Shiva Rodriguez…

Scénario : Stephen Biro

Photographie : Donald Donnerson

Musique : Kristian Day

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 2015

LE FILM

Un homme anonyme se réveille dans une cellule et prend conscience qu’il a été kidnappé pour subir des expériences médicales par une bande de tortionnaires et de forcenés. Il reçoit alors un mot d’une autre prisonnière, victime elle aussi de nombreuses impudicités. L’infortuné comprend alors que son calvaire ne fait que commencer. 

Ah oui d’accord ! Alors comment dire euh… Je ne sais trop que dire, ni par où commencer (air connu). Quand on ne sait rien de cet American Guinea Pig : Bloodshock, le choc est disons, brutal. En fait, ce film réalisé par Marcus Kosh est le deuxième volet d’une franchise intitulée American Guinea Pig, elle-même l’adaptation d’une saga japonaise des années 1980 réputée pour ses partis pris ultra-gore. American Guinea Pig : Bloodshock est donc la suite du premier opus sous-titrée Bouquet of Guts and Gore, grand succès dans les festivals et mis en scène par Stephen Biro en 2014 et dont les effets spéciaux et maquillages étaient réalisés par…ah bah tiens Marcus Kosh. Producteur de la franchise américaine, le premier décide donc de confier les rênes au second. Nouvel épisode, mais aussi nouvelle identité, nouveau style et nouvelle thématique pour American Guinea Pig : Bloodshock ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce film d’horreur extrême n’est certainement pas à mettre devant tous les yeux et demeure réservé à un public trèèèèès averti. Bon, maintenant, à l’instar de l’auteur de ces mots, il n’est pas interdit de rire devant un tel spectacle outrancier.

Un homme se réveille dans une pièce complètement blanche, aux murs capitonnés et vides de tout contenu. Il va rapidement comprendre qu’il a été kidnappé et qu’il est désormais séquestré dans le seul but de servir de cobaye humain à un groupe de tortionnaires sadiques. A chaque nouvelle expérience menée sur lui, ses bourreaux vont de plus en plus loin dans l’horreur et rien ne semble pouvoir mettre un terme au calvaire sanglant qu’il subit. Alors que sa raison commence à vaciller face aux atroces sévices qu’exécutent sur lui ses tortionnaires, il reçoit dans sa geôle un message provenant d’une jeune femme qui semble connaître de son côté le même destin funeste que lui. Qui est-elle et qui sont ces sadiques dénués apparemment de toute conscience et de toute empathie pour leurs victimes ? S’agit-il de fous psychopathes simplement excités par l’idée de faire couler le sang ou au contraire s’agit-il de membres d’un réseau organisé travaillant dans une optique bien précise ?

Pauvre type…même s’il ne dit rien ou pas grand-chose, surtout qu’on lui coupe la langue dans la première séquence, ce patient se fait quand même recoudre à vif, fracasser la tronche par un colosse, marteler les rotules, lacérer le dos, taillader la plante des pieds au rasoir, se fait arracher plusieurs dents, ouvrir le crâne et d’autres réjouissances. Pourquoi ? Ça on le saura à la fin. Du moins un peu, tout n’est pas expliqué et libre au spectateur de se faire sa propre opinion. Surtout qu’un personnage féminin apparaît également en cours de route et subit également la même chose que son voisin de cellule.

Bienvenue dans un monde de cinglés ! L’image N&B (le film a été tourné en couleur puis converti en post-production) rappelle involontairement la vidéo de l’autopsie de l’extraterrestre de Roswell, mais aussi son « bêtisier » fait par Les Guignols de l’info dans les années 1990. Le côté dérangeant provient surtout de son montage, de plus en plus frénétique, jusqu’à la séquence finale où la couleur réapparaît, le rouge surtout, jusqu’au malaise. C’est finalement cette scène glauque et surréaliste mêlant sexe, hémoglobine, orgasme, cannibalisme, donne vraiment la nausée, même aux spectateurs les plus coriaces.

Le reste du temps, on ne va pas dire qu’on s’ennuie, mais la mécanique tourne rapidement en rond. Comme dans un Saw ou dans une épreuve de Fort Boyard, on se demande à quelle sauce le personnage principal va être mangé. Marcus Kosh ne joue pas la surenchère puisque tous les actes commis ici sont immondes. Les nerfs sont autant mis à rude épreuve qu’exposés lors des opérations du Docteur Maboul dans le film. C’est froid, c’est glacial, c’est monstrueux et on se demande jusqu’où le metteur en scène va aller, même sans scénario ou alors écrit sur une feuille de papier OCB.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que même si l’on se fout royalement des protagonistes (aucune empathie, juste de la chair à triturer), Marcus Kosh a un vrai sens de l’image, du cadre, des effets malsains. American Guinea Pig : Bloodshock est une œuvre totalement expérimentale, un torture porn cradingue, gore, choquant, austère, qui ne laisse certainement pas le spectateur indemne ou tout du moins indifférent.

LE DVD

Uncut Movies est de retour avec une édition DVD Collector limitée et numérotée à 1000 exemplaires de American Guinea Pig : Bloodshock ! Le disque repose dans un sublime mediabook constitué d’un livret de 16 pages merveilleusement illustré, avec en introduction un mot de l’éditeur et la présentation du label Uncut Movies, puis un petit focus sur la franchise américaine American Guinea Pig. Sans oublier un petit poster collector du film. Le menu principal est animé et musical. Un très bel objet de collection.

N’hésitez pas à compléter la projo du film par les interviews présentes en bonus sur cette édition. Plus d’une heure d’entretiens au programme avec le réalisateur Marcus Koch (30’30), le producteur et scénariste Stephen Biro (12’) et le comédien Andy Wintron (10’). Les deux premiers interviennent sur le premier volet réalisé par Stephen Biro lui-même, grand succès des festivals de films de genre qui a donné suite à American Guinea Pig : Bloodshock. Les partis pris, les intentions, les thèmes, les effets visuels, le rapport au spectateur, le casting, les conditions de tournage sont longuement évoqués, entre deux gorgées de bière, et un entrain communicatif.

Tout ce beau petit monde, auxquel se rajoutent d’autres intervenants dont le nom n’est pas indiqué, intervient ensuite au cours d’un module intitulé Dissection du film (12’). Chacun y va de sa propre interprétation sur le(s) sujet(s) évoqué(s) dans American Guinea Pig : Bloodshock, tout comme la nature des protagonistes.

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos et un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Difficile de juger une image comme celle de American Guinea Pig : Bloodshock…Si le film a été tourné en couleur, il a ensuite été converti en N&B. Nous dirons donc que le master restitue les partis pris originaux avec un grain aléatoire, souvent épais, renforçant l’aspect craspec de l’ensemble. Les images dans les cellules sont plus lisses, sans aspérité, les blancs lumineux, cassés, les noirs denses. Quelques flous inhérents aux conditions de tournage sont donc bruts. Quand vient la couleur, le piqué est plus incisif et le spectateur se prend les teintes rouges en pleine figure, jusqu’au malaise renforcé par le montage.

Une seule piste au programme. La Stéréo privilégie surtout la musique de Kristian Day, qui participe également à l’expérience proposée par American Guinea Pig : Bloodshock. Les rares dialogues sont étonnamment très bas. Les sous-titres ne sont pas imposés.

Crédits images : © Unearthed Films / Uncut Movies / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / The Lost Soldier, réalisé par Bille August

THE LOST SOLDIER (Feng huo fang fei) réalisé par Bille August, disponible en DVD et Blu-ray le 28 novembre 2018 chez M6 Vidéo

Acteurs : Emile Hirsch, Liu Yifei, Fangcong Li, Hanlin Gong, Tiankuo Gong, Tsukagoshi Hirotaka, Lambert Houston, Zhu Jin…

Scénario : Greg Latter

Photographie : Filip Zumbrunn

Musique : Gerd Tjur

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

En 1942, en riposte à l’attaque japonaise sur Pearl Harbor, l’US Air Force décide de bombarder Tokyo. Mais sur le chemin du retour, l’avion du jeune pilote Jack Turner, à court de carburant, s’écrase dans la jungle de la province de Zhejiang en Chine. Les aviateurs qui ont pu sauter en parachute sont capturés par les forces d’occupation japonaise. Jack, blessé, est secouru par Ying, une jeune veuve chinoise du village voisin. Aidée par sa fille de 12 ans et la résistance chinoise, elle va cacher le soldat américain chez elle, alors que les troupes japonaises ratissent la zone à sa recherche. Au coeur des combats, ying et Jack vont-ils réussir à s’exfiltrer et à fuir le chaos ?

Etrange carrière que celle du danois Bille August. Si son nom reste souvent méconnu des cinéphiles et des spectateurs, il est pourtant l’un des rares réalisateurs à avoir remporté deux fois la Palme d’or au Festival de Cannes pour Pelle le Conquérant en 1988, inspiré du livre de son compatriote Martin Andersen Nexo et Les Meilleures intentions en 1992, portrait de jeunesse des parents d’Ingmar Bergman, dont il était un ami proche. Ses plus grands succès restent La Maison aux esprits (1994) grâce à son casting international et sa version Reader’s Digest des Misérables réalisé en 1998 avec Liam Neeson dans le rôle de Jean Valjean. En dehors de cela, Bille August, ancien directeur de la photographie, n’a jamais vraiment arrêté de tourner, même si ses œuvres restent marquées par un académisme souvent ronflant. C’est comme qui dirait le cas de The Lost Soldier, sorti également sous le titre In Harm’s Way aux Etats-Unis, The Hidden Soldier en Angleterre ou bien encore The Chinese Widow dans le reste du monde. Cette romance entre une chinoise, veuve éplorée et un soldat américain manque singulièrement de mordant, d’entrain et d’intérêt et vaut essentiellement pour ses comédiens.

Après avoir bombardé Tokyo, les pilotes d’avion tentent de renflouer sur les zones côtières de Zhejiang en raison du manque de carburant pour rentrer en Amérique. Après s’être parachuté, l’un d’entre eux, Jack Turner, est sauvé par une jeune veuve locale, Ying, qui le cache dans une grotte. Rapidement, bien qu’ils ne soient pas capables de communiquer verbalement, ils tombent amoureux et une histoire d’amour commence entre ce soldat blessé et cette mère de famille hantée par la mort de son mari. Mais l’Américain est traqué par l’armée japonaise qui veut l’éliminer…

Bille August sait faire des belles images. C’est indéniable. Mais malheureusement il n’y a pas vraiment grand-chose d’autre à sauver de cette production chinoise. Révélation de The Girl Next Door de Gregory Wilson en 2004, puis lancé définitivement avec Into the Wild de Sean Penn en 2007, Emile Hirsch est un comédien qui a toujours inspiré la sympathie. C’était également le cas dans le sensationnel Speed Racer des Wachowski, Harvey Milk de Gus Van Sant, Killer Joe de William Friedkin et Prince of Texas de David Gordon Green. Un C.V. plutôt impressionnant. Mais il n’est guère convaincant dans The Lost Soldier dans le rôle-titre. Son charisme semble éteint et son personnage passe même au second plan. L’actrice Liu Yifei, vue dans Le Royaume interdit de Rob Minkoff et future Mulan dans la prochaine adaptation live des studios Disney, tire son épingle du jeu. Sa sensibilité, sa beauté et son talent transcendent The Lost Soldier.

Les effets visuels sont étonnamment laids et rappellent parfois un nanar d’Asylum, comme lorsque Jack et son équipe décollent du porte-avions, ainsi que toutes les scènes de bombardements et de vol aérien qui sentent les CGI à deux balles. Admettons. Le reste du film, qui au passage a été projeté en ouverture au Festival international du film de Shanghaï en juin 2017, adopte un rythme de croisière très lent, peu aidé par un montage conventionnel. The Lost Soldier devient alors trop contemplatif, tandis que l’amourette entre Jack et Ying arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, sans signes annonciateurs, sans évolution des personnages. Bille August ne prend aucun risque et apparaît ici plutôt en tant que technicien au service d’un film intéressant dans son propos, auquel il ne parvient jamais à insuffler une âme pour le distinguer du tout-venant. Dommage.

LE BLU-RAY

The Lost Soldier arrive directement dans les bacs, sans passer par la case cinéma. Le test de l’édition Blu-ray, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

M6 Vidéo ne vient pas les mains vides.

On commence par l’interview du réalisateur réalisée lors de la présentation de The Lost Soldier au Festival international du film de Shanghaï (13’). Bille August répond à des questions sans véritable intérêt. Il revient sur le casting, les conditions de tournage (quelques images à l’appui), le scénario, la reconstitution. Puis, l’entretien dévie sur Pelle le Conquérant et sur l’amitié du cinéaste avec Ingmar Bergman.

Emile Hirsch intervient également sur The Lost Soldier, une fois encore dans le cadre du festival évoqué plus haut (4’). Les questions d’une journaliste chinoise sont traduites en anglais. Le comédien évoque le travail avec Bille August, son personnage et sa partenaire Liu Yifei.

Si les cours d’histoire vous embêtaient à l’école, passez votre chemin. Autrement, nous ne pouvons que vous conseiller d’écouter l’exposé de François Garçon, docteur en histoire, auteur, enseignant et chercheur à l’université de Paris I (15’). Ce dernier présente le contexte historique du film, à travers quelques cartes et images d’archives.

Des images d’archives il en est encore question dans le dernier module, puisque l’éditeur a mis la main sur un reportage d’époque, résumant l’histoire de la guerre du Pacifique (10’). Les images sont très impressionnantes, violentes, frontales.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce en VF et VO.

L’Image et le son

Un master HD loin d’être optimal. De nombreux flous parasitent le visionnage, le piqué est aléatoire et les contrastes sont à la traîne. Les horribles images de synthèse passent très mal le cap du petit écran. La photo aux ambiances bleutées et verdâtres est assez bien restituée, surtout sur les séquences en extérieur. Malgré tout, le teint des acteurs est assez cireux, les détails manquent à l’appel.

M6 Vidéo propose de visionner le film en français et version originale, en DTS HD Master Audio 5.1 ou en simple Dolby Digital 5.1 ! Evidemment, notre choix est évident puisque nous ici en Haute-Définition. La piste originale mêle anglais et mandarin, tandis que la version française conserve les dialogues en mandarin et seuls les dialogues anglais sont doublés, ce qui conserve une touche d’authenticité. En VO, les propos en anglais sont sous-titrés en français avec des caractères plus épais. Dans les deux cas, la spatialisation est convaincante, surtout lors des scènes de bombardement au début du film, ainsi que sur les raids aériens. La pluie est également et subtilement distillée sur les enceintes latérales.

Crédits images : © M6 Vidéo / SND / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Charlie (Firestarter), réalisé par Mark L. Lester

CHARLIE (Firestarter) réalisé par Mark L. Lester, disponible en DVD et Blu-ray le 9 octobre 2018 2018 chez ESC Editions

Acteurs : David Keith, Drew Barrymore, Freddie Jones, Heather Locklear, Martin Sheen, George C. Scott, Art Carney, Louise Fletcher, Moses Gunn, Antonio Fargas, Drew Snyder, Dick Warlock…

Scénario : Stanley Mann d’après le roman « Charlie » – « Firestarter » de Stephen King

Photographie : Giuseppe Ruzzolini

Musique : Tangerine Dream

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Ses parents ayant servi de cobayes à des expériences scientifiques confidentielles, Charlene McGee naît avec l’extraordinaire don de pouvoir, à distance et par la pensée, de manipuler le feu. Petite fille, elle attise désormais la convoitise de l’agence gouvernementale secrète responsable de son état. Une organisation puissante et prête à tout…

Depuis le succès mondial de Carrie au bal du diable de Brian De Palma, l’adaptation du premier roman de Stephen King, l’écrivain devenu le maître de l’horreur est très courtisé par le cinéma. Sorti en 1980 et malgré son rejet par Stephen King, Shining de Stanley Kubrick est un chef d’oeuvre instantané qui révolutionne le septième art. En 1982, Creepshow de George A. Romero, écrit par Stephen King, montre encore une fois l’engouement du public pour ses histoires d’épouvante. Cujo de Lewis Teague est également un succès en 1983. Le grand producteur Dino De Laurentiis acquiert les droits du roman Charlie aka Firestarter en version originale. John Carpenter est courtisé. Le réalisateur confie le scénario à son complice Bill Lancaster, qui vient d’écrire The Thing, qui est ensuite validé par Stephen King lui-même. Seulement voilà, The Thing se fait écraser au box-office par E.T, l’extra-terrestre de Steven Spielberg. Universal remercie purement et simplement John Carpenter. Ce dernier héritera néanmoins de l’adaptation de Christine, qu’il mettra en scène uniquement dans le but de pouvoir survivre au sein des studios. Alors qui pour s’occuper de la transposition de Charlie à l’écran ?

Finalement, Dino De Laurentiis jette son dévolu sur un nommé Mark L. Lester, remarqué avec son film Class 1984. Le scénario est confié à Stanley Mann, l’auteur de L’Obsédé de William Wyler (1965) et de Damien : la Malédiction 2 de Don Taylor (1978). Quant au rôle principal et éponyme, il est confié à Drew Barrymore, huit ans, qui venait d’exploser à l’écran dans…E.T., l’extra-terrestre. La boucle est bouclée.

Tourné en même temps que Christine de John Carpenter et Dead Zone de David Cronenberg, Charlie, une drôle de petite dame, n’a pas le même prestige que ses concurrents puisqu’il ne bénéficie pas d’un cinéaste de renom ou qui possède une griffe particulière. Ici, la star c’est Stephen King et cette entreprise mise tout sur la popularité et le succès du roman. Malgré tout, après un succès très modeste et des critiques globalement négatives à sa sortie, les années ont été plutôt clémentes avec Firestarter et mérite d’être (re)découvert.

Andy McGee et Victoria « Vicky » Tomlinson, sont soumis à une expérience commandée par le Dr. Joseph Wanless, dont le but est l’injection du « Lot 6 », une drogue qui stimule la glande pituitaire, qui permet au cobaye d’acquérir différents pouvoirs psychiques. Ce à quoi Andy et Vicky ne s’attendaient pas, c’était d’avoir une petite fille, Charlene surnommée « Charlie », dotée d’une incroyable beauté, mais aussi d’un terrifiant pouvoir : la pyrokinésie. Ce pouvoir lui permet d’incendier n’importe quoi et n’importe qui par la pensée. Huit ans plus tard, Vicky est tuée par des agents d’une agence gouvernementale secrète, « Le Laboratoire », commandé par l’ambitieux Capitaine Hollister. C’est alors qu’apparaît John Rainbird, un homme impitoyable et sadique, dont le seul désir est d’avoir Charlene pour lui tout seul, pour pouvoir la tuer de ses propres mains.

Rien qu’à la lecture du résumé, le lecteur fan de Stephen King y reconnaîtra les grandes lignes du roman. Et c’est le cas. Charlie (Firestarter) est très fidèle au livre original. Trop sans doute. C’est ce qui en fait son point fort, au moins le lecteur ne se sentira pas trahi puisqu’il retrouvera vraiment ce qui lui aura plu dans ce roman par ailleurs sensationnel, mais c’est également son point faible. Car Charlie (Firestarter) manque d’âme. A l’instar des deux premiers Harry Potter réalisés par Chris Colombus, le spectateur aura l’impression de tourner les pages du livre en même temps qu’il découvre le film. Contrairement à Brian De Palma, John Carpenter, George A. Romero et David Cronenberg, Mark L. Lester n’a pas un style qui lui est propre. Excellent « faiseur », comme il le prouvera l’année suivante dans son chef d’oeuvre, Commando avec Arnold Schwarzenegger, Mark L. Lester dispose d’un solide bagage de technicien. Le boulot est bien fait, l’image Scope est soignée, la photo du chef opérateur Giuseppe Ruzzolini (collaborateur de Pier Paolo Pasolini, Mon nom est Personne de Tonino Valerii) est superbe, les acteurs sont excellents, très bien castés. Le final dantesque, qui n’est évidemment pas sans rappeler celui de Carrie au bal du diable, est explosif à souhait, dans tous les sens du terme avec une gigantesque démonstration d’effets pyrotechniques.

Aujourd’hui, il serait difficile d’imaginer une autre petite actrice que Drew Barrymore pour incarner le personnage principal. Charismatique en diable et tempérament de feu (oui bon, elle était facile), la très jeune comédienne étonne par sa sincérité et son investissement, autant dans les séquences dramatiques que lors des affrontements. A ses côtés, Martin Sheen (qui venait de jouer un autre salaud dans Dead Zone) et George C. Scott (Oscar du meilleur acteur pour Patton, L’Enfant du diable – The Changeling) se donnent la réplique et apportent au film une indéniable plus-value. Moins célèbre, David Keith (The Rose de Mark Rydell, Officier et Gentleman de Taylor Hackford) ne démérite pas moins dans le rôle du père de Charlie et s’avère même très émouvant dans ses scènes avec Drew Barrymore. Quant à la musique de l’immense groupe Tangerine Dream, elle reste très enivrante et souligne la dramaturgie de façon décalée. Rien d’étonnant à cela puisque la B.O. provient de morceaux déjà composés à l’avance et mis à la disposition de Mark L. Lester pour qu’il en fasse ce qu’il veut.

35 ans après, Charlie reste un bon et beau divertissement. S’il ne pourra jamais prétendre au prestige et à la reconnaissance des autres adaptations de Stephen King susmentionnées, cela n’a pas empêché le film de devenir culte auprès de très nombreux cinéphiles. Longtemps oublié et dissimulé derrière des œuvres et chefs d’oeuvres de grands maîtres, il est temps aujourd’hui de découvrir les qualités de ce petit film très attachant, bien rythmé et très plaisant à regarder.

LE BLU-RAY

Exit la version DVD MGM de Charlie (Firestarter) qui se revendait très cher sur le net ! Le film de Mark L. Lester jouit enfin d’une édition Haute-Définition sous la houlette d’ESC Editions. Le disque repose dans un boîtier classique de couleur noire. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche originale. Le menu principal est animé sur la musique de Tangerine Dream.

Pas grand-chose à se mettre sous la dent concernant les bonus. Seule une présentation (23’) du film et des adaptations de Stephen King au cinéma par Laurent Duroche de Mad Movies. Un peu plan-plan et filmé en plan fixe, le journaliste replace Charlie Firestarter) dans la carrière de l’écrivain et dans le courant cinématographique au début des années 1980. La production du film, son tournage et son accueil sont passés en revue, ainsi que le casting, la musique et les prochaines transpositions de Stephen King, notamment Marche ou crève que Laurent Duroche attend avec une grande impatience.

Cette section se clôt sur la bande-annonce de Charlie (Firestarter) et celle de Chucky – Jeu d’enfant.

L’Image et le son

ESC Editions livre un master HD qui frôle la perfection. Les très beaux partis-pris esthétiques du directeur de la photographie Giuseppe Ruzzolini trouvent en Blu-ray un nouvel écrin et se voient entièrement respectés. Point ou peu de réducteur de bruit à l’horizon, le grain est présent tout en étant discret (même sur les plans de vapeur ou de fumée difficiles à consolider), la photo parfois ouatée est savamment restituée, la colorimétrie retrouve un éclat inédit et le piqué est probant. Le format 2.35 est conservé, la profondeur de champ fort appréciable. A peine quelques plans flous et des visages légèrement rosés à déplorer. L’encodage AVC demeure solide, la gestion des noirs impeccable, la propreté exceptionnelle et le niveau de détails impressionnant. Charlie (Firestarter) qui affiche déjà plus de trente ans au compteur peut se targuer d’un lifting de premier ordre et d’un transfert d’une folle élégance.

Les versions originale et française sont proposées en DTS-HD Master Audio Mono 2.0, des pistes exemplaires et limpides, restituant les dialogues avec minutie – moins en version originale toutefois – ainsi que l’enivrante bande originale signée Tangerine Dream. Les effets sont solides, le confort acoustique largement assuré et nous découvrons même quelques ambiances inédites qui avaient pu échapper à nos oreilles jusqu’à maintenant. La piste française se focalise un peu trop sur les dialogues au détriment des effets annexes, plus saisissants en version anglaise. Le mixage français est certes moins riche mais contentera les habitués de cette version. Nous échappons heureusement à un remixage 5.1 inutile. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Orion Pictures / MGM / ESC Editions / ESC Distribution / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Break, réalisé par Marc Fouchard

BREAK réalisé par Marc Fouchard, disponible en DVD et Blu-ray le 21 novembre 2018 chez M6 Vidéo

Acteurs : Sabrina Ouazani, Kevin Mischel, Hassam Ghancy, Slimane, Maxime Pambet, Camille Japy, Christophe Reymond, Stella Fenouillet…

Scénario : Marc Fouchard, François-Régis Jeanne

Photographie : Maxime Cointe

Musique : Maxime Desprez, Michael Tordjman

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

A la suite d’un grave accident, Lucie craint de voir se briser le rêve de sa vie : devenir danseuse. Elle quitte les beaux quartiers et part en banlieue à la recherche du père qu’elle n’a jamais connu. La jeune femme y croise Vincent, un ex-danseur qui a étrangement sacrifié sa passion. Poussé par Malik, son complice de toujours, il accepte de la coacher et lui fait découvrir un nouveau style de danse, le break. Issus de deux mondes différents, Lucie et Vincent vont s’engager dans un duo passionné de danse et de sentiments.

Sexy mais peu dense…En effet, ce Sexy Dance (vous comprenez l’astuce maintenant ?) à la française marche sur les pas de cette franchise US comprenant à ce jour cinq opus et ayant rapporté la bagatelle de 650 millions de dollars dans le monde. Le phénomène a même pris en France puisque cette saga musicale a attiré au total pas moins de 3,5 millions de spectateurs dans les salles. Une bonne moyenne avec un quatrième volet qui aura même dépassé le million d’entrées ! Alors dans Break nous ne sommes pas dans Bouge ! de Jérôme Cornuau, sorti durant l’été 1997 et dans lequel Ophélie Winter jouait son propre rôle au cours d’une soirée Dance Machine. Encore moins dans Dancing Machine de Gilles Bréhat où Alain Delon (« Bonsoir Chico ! ») fume le cigare et claudique devant un Patrick Dupont qui saute comme un cabri devant lui. On serait plutôt proche du Défi, comédie musicale hip-hop réalisée par Blanca Li en 2002. Break est un premier long métrage qui ne manque pas d’audace ni d’ambitions.

Son réalisateur Marc Fouchard, lui-même danseur de hip-hop, spécialisé ensuite dans le break depuis l’âge de 16 ans, a un vrai sens de l’image et soigne son film sur la forme. A l’écran, il est aussi épaulé par un bel atout avec la présence en haut de l’affiche de la lumineuse et talentueuse Sabrina Ouazani. Break s’ouvre sur une superbe scène mêlant danse et voltige. Sur la façade d’un bâtiment délabré, deux danseurs, un homme et une femme exécutent un ballet. Attachés à l’aide d’un filin, les deux partenaires semblent défier la gravité. Et c’est un ravissement. La caméra épouse les acrobaties et la performance de ces artistes quand soudain, la scène renvoie à l’exposition de Cliffhanger de Renny Harlin, vous savez celle où Sly tente de sauver cette femme d’une chute mortelle. S’ensuit un accident, un semi-coma, le réveil, un trauma et une existence qui reprend à zéro.

Dans Break, Sabrina Ouazani, très grande sportive qu’on a l’habitude de voir courir comme qui dirait tous les films, apporte à la fois son solide bagage d’actrice constitué depuis sa découverte dans L’Esquive d’Abdellatif Kechiche en 2004, ainsi que ses capacités physiques et athlétiques. Le truc qui ne fonctionne pas vraiment à l’écran, c’est qu’on ne s’improvise pas danseuse, malgré l’évidente et intense préparation à laquelle la comédienne a dû se plier. Du coup, Marc Fouchard est un malin et limite finalement les scènes où le personnage principal danse. Quelques pas ici et là, mais même la représentation finale de Lucie ressemble finalement plus à un numéro visuel qu’à une chorégraphie proprement dite. Celles et ceux qui seraient venus voir ce film pour la danse, devront plutôt se tourner vers Kevin Mischel, que l’on avait découvert dans Divines, film phénomène réalisé par Houda Benyamina. Belle gueule et danseur émérite, son charisme est indéniable à l’écran et le duo avec Sabrina Ouazani fonctionne bien.

En dépit de ses défauts (un manque de rythme flagrant, un montage approximatif), Break s’avère contre toute attente un film attachant, sincère, animé par une belle énergie contagieuse, qui donne d’ailleurs un autre visage à la Seine-Saint-Denis grâce à un beau cadre large et une photographie léchée. La partie dramatique avec cette jeune femme qui souhaite nouer une relation avec son père est passe-partout et seul le talent des acteurs fait passer doucement cet élément. Les séquences de battles (avec Slimane, gagnant de l’émission The Voice en 2016) sont filmées comme de vraies scènes d’action et l’on se surprend à taper du pied en rythme.

Break est donc une tentative plutôt réussie de film de danse hexagonal, auquel il lui manque un scénario plutôt qu’un fil rouge sur lequel se greffent des performances pour le moins épatantes.

LE BLU-RAY

Break est disponible chez M6 Vidéo, en DVD et en Blu-ray. Le test a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Le film s’accompagne d’un petit mais complet making of (16’30), qui suit le tournage des premières répétitions au début des prises de vue, en passant par la création des séquences principales, jusqu’au clap de fin. Le réalisateur et les deux acteurs principaux interviennent également afin de parler des personnages et des conditions de tournage.

L’Image et le son

Après un passage plutôt discret dans les salles françaises, Break est pris en main par M6 vidéo pour sa sortie dans les bacs. Nous sommes devant un très beau master HD. La définition est optimale, la luminosité affirmée, ainsi que le relief, la gestion des contrastes et le piqué sans cesse affûté. L’apport HD est constant et renforce la colorimétrie, l’encodage AVC consolide l’ensemble, les détails fourmillent sur le cadre large, et toutes les séquences de jour tournées en extérieur sont magnifiques de précision.

Comme pour l’image, l’apport HD pour Break permet de profiter à fond de la bande originale. La piste DTS-HD Master Audio 5.1 s’en donne à coeur joie en ce qui concerne la spatialisation de la musique. Chaque enceinte est remarquablement mise à contribution, précise dans les effets, avec une impressionnante balance frontales-latérales et une fluidité jamais démentie. Les ambiances naturelles ne manquent pas, les effets sont concrets et immersifs. Le caisson de basses participe évidemment à ces numéros. Les dialogues auraient mérité d’être relevé sur la centrale, problème récurrent chez M6 Vidéo. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © SND / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr