Test Blu-ray / T2 – Trainspotting, réalisé par Danny Boyle

T2 TRAINSPOTTING réalisé par Danny Boyle, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra HD le 12 juillet 2017 chez Sony Pictures

Acteurs : Ewan McGregor, Ewen Bremmer, Jonny Lee Miller, Robert Carlyle, Kelly MacDonald, Anjela Nedyalkova, Irvine Welsh, Shirley Henderson…

Scénario : John Hodge d’après les romans Trainspotting et Porno d’Irvine Welsh

Photographie : Anthony Dod Mantle

Musique : Rick Smith

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

D’abord, une bonne occasion s’est présentée. Puis vint la trahison. Vingt ans après, certaines choses ont changé, d’autres non. Mark Renton revient au seul endroit qu’il ait jamais considéré comme son foyer : Edimbourg. Spud, Sick Boy et Begbie l’attendent. Mais d’autres vieilles connaissances le guettent elles aussi : la tristesse, le deuil, la joie, la vengeance, la haine, l’amitié, le désir, la peur, les regrets, l’héroïne, l’autodestruction, le danger et la mort. La vie ? Toutes sont là pour l’accueillir, prêtes à entrer dans la danse…

Cela faisait plus de vingt ans que certains cinéphiles espéraient et attendaient le retour de Renton, Spud, Sick Boy et Begbie. Longtemps annoncée, puis reportée, enfin concrétisée, la suite de Trainspotting a enfin pu voir le jour. Lancés avec Petits meurtres entre amis, le réalisateur Danny Boyle et le comédien Ewan McGregor ont ensuite explosé dans le monde entier avec Trainspotting, petite production tournée avec 3,5 millions de dollars, qui en avait rapporté 72 millions et attiré plus d’un million de spectateurs en France à sa sortie en juin 1996. Après Une vie moins ordinaire (1997), Ewan McGregor et Danny Boyle ne se sont pas adressé la parole pendant une dizaine d’années, l’acteur n’ayant pas apprécié d’être remplacé par Leonardo DiCaprio dans La Plage en 2000. En raison de ces rapports tendus et de la difficulté à synchroniser leurs emplois du temps respectifs, la suite de Trainspotting a été maintes et maintes fois repoussée. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et donc T2 Trainspotting, puisque le film est intitulé ainsi, est arrivé sur les écrans en 2017.

Que sont-ils devenus ? Mark Renton semble en avoir fini avec la drogue. Il a un travail sûr à Amsterdam qui lui assure un train de vie confortable. Il revient à Edimbourg, sa ville natale qu’il ne reconnaît plus. Il avait besoin de ce retour aux sources afin de se confronter à ses démons et à ses amis, Sick Boy, Spud et Begbie, qu’il avait trahis lors d’un deal de drogue vingt ans plus tôt en emportant avec lui un butin de 16 000 £. Il retrouve Sick Boy, qui a remplacé l’héroïne par la cocaïne et qui dirige une très lucrative agence d’escort girls, tout en tenant désespérément le pub déserté de sa tante. Spud, lui, a du mal à avoir une vie normale tant il a abusé des drogues et se laisse aller à des pulsions suicidaires. Après vingt ans de prison et voyant toutes ses demandes de liberté conditionnelle rejetées, Begbie parvient à s’évader. Il est bien décidé à se venger et à prendre sa revanche sur Renton. Notre quatuor est donc bel et bien présent, pour notre plus grand plaisir.

Trainspotting est rapidement devenu un film culte et a su traverser les années sans trop de dommages. Danny Boyle a su démontrer son savoir-faire dans des genres différents (28 jours plus tard, Sunshine, 127 heures) jusqu’à la consécration ultime avec Slumdog Millionnaire. Bien que ses films aient été souvent marqués par des budgets modestes, Danny Boyle a toujours su imposer un style visuel reconnaissable et une énergie revigorante. T2 Trainspotting ne déroge pas à la règle et outre la joie non dissimulée de retrouver les personnages, le cinéaste signe également une œuvre mélancolique sur le passage du temps. C’est ainsi que Mark « Rent Boy » Renton parti d’un point A revient finalement au point A, là où tout avait commencé, là où rien n’avait commencé. La fureur de vivre s’est dissoute, sauf en ce qui concerne Francis « Franco » Begbie qui enfermé depuis vingt ans derrière les barreaux n’a eu de cesse de voir son désir de vengeance s’exacerber. La vie n’a pas changé pour lui puisqu’il n’a rien connu d’autre depuis son arrestation. Il reste très violent et inquiétant (si ce n’est plus), même les cheveux blancs et la bedaine. Si le feu s’est consumé, les personnages doivent apprendre à vivre à partir de ce qui reste des cendres de leur jeunesse. Daniel « Spud » Murphy parvient tant bien que mal à survivre, seul dans son appartement miteux. Ses retrouvailles avec Renton vont l’aider à lâcher définitivement l’héroïne. Quant à Simon « Sick Boy » Williamson, il parvient à se faire quelques rentrées d’argent en faisant du chantage auprès de bourgeois, filmés dans quelques positions compromettantes avec la délicieuse Veronika (Anjela Nedyalkova, révélée dans le rôle-titre du film Avé de Konstantin Bojanov), complice de Sick Boy, qui les attirent dans une chambre tamisée où une caméra a été dissimulée.

Si l’on craignait tout d’abord que T2 Trainspotting se contente de nous refaire le même film, le scénario original de James Hodge (complice de Danny Boyle depuis toujours), qui ne s’inspire que très sporadiquement de Porno (2002), la suite du livre écrite par Irvine Welsh, parvient à jouer avec la nostalgie du spectateur, tout en lui offrant quelque chose de frais. Ewan McGregor, Ewen Bremmer, Jonny Lee Miller et Robert Carlyle assurent le show avec classe et leur plaisir à retrouver ces personnages qui ont contribué à lancer leurs carrières respectives est contagieux. Si elle ne fait qu’une brève apparition, Kelly MacDonald est également de la partie, ce qui nous permet de comprendre que Diane est devenue une avocate qui a réussi. Le film est truffé de scènes destinées à devenir cultes (la soirée 1690, la course-poursuite dans le parking), marqué par une b.o explosive (Young Fathers, Wolf Alice, The Rubberbandits, Blondie) et une mise en scène au cordeau avec quelques réminiscences intelligemment amenées.

T2 Trainspotting ne cesse d’étonner par ses partis pris, par son approche des revers de la vie et des espoirs déçus. Bien qu’ils aient passé beaucoup de temps à fuir et à courir, personne, pas même Renton, ne peut finalement retenir et encore moins devancer le temps qui finit par nous rattraper. Finalement, après être finalement revenu au bercail, que faire maintenant ? Pourquoi ne pas écouter un album digne de ce nom ? Alors que Bowie s’en est allé et qu’Iggy Pop résiste encore, autant mettre Lust For Life à fond comme au bon vieux temps et on verra bien ce que nous réservent ces quarante prochaines années.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de T2 Trainspotting repose un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. Le visuel de la jaquette reprend l’un des visuels promotionnels avec nos quatre loustics occupant des toilettes. Etat-il nécessaire de la gâcher par les étoiles provenant des critiques françaises dithyrambiques ? Le menu principal est fixe et musical.

Les amateurs de suppléments seront ravis d’apprendre que l’éditeur nous propose ici près de trois heures de bonus !

On commence par le commentaire audio de Danny Boyle et du scénariste John Hodge, disponible en version originale sous-titrée en français. Les deux complices reviennent essentiellement sur le succès et le phénomène du premier film, la longue gestation de T2 Trainspotting et l’évolution des personnages. S’ils se marrent beaucoup pendant l’exercice, les deux intervenants ne livrent pas le commentaire du siècle. Mais comme ils ne s’arrêtent pour ainsi dire jamais de parler, qu’ils passent du coq à l’âne, qu’ils ne manquent pas d’anecdotes sur le tournage et qu’ils sont très sympathiques, il serait dommage de ne pas en profiter. Un commentaire distrayant.

Comme il l’indique dans le supplément précédent, Danny Boyle a beaucoup coupé au montage, surtout dans la première partie qui se penchait plus longuement sur chacun des personnages. Afin de les réunir le plus vite possible à l’écran, ces séquences n’ont donc pas été montées et se trouvent essentiellement réunies dans la section des scènes coupées (30’). Il y a donc plus de scènes en prison avec Begbie (et une où il se réveille pendant son opération), de Sick Boy dans son pub avec Veronika, de réunions d’entraide avec Spud, mais aussi des petits plans coupés ici et là pour accélérer le rythme. Une intrigue secondaire concernant Begbie et ses problèmes sexuels, ainsi que Begbie qui séquestre son avocat chez lui ont également été écarté du montage final. Ceux qui auraient été déçus de voir la participation de la belle Kelly McDonald réduite à une simple apparition seront heureux de la voir dans deux ou trois séquences où Diane héberge Renton chez elle après que ce dernier se soit fait agresser par Begbie dans le parking. On le voit allongé dans le canapé, se relever en pleine nuit avec l’envie d’aller rejoindre Diane dans sa chambre, avant d’y renoncer. Le lendemain, Renton lui demande si elle a déjà pensé à ce qu’aurait pu être leur vie s’ils avaient vécu ensemble. Une autre séquence très amusante montre Spud voler un iPad malgré la réticence de Renton. S’ensuit une course-poursuite dans la rue qui n’est évidemment pas sans rappeler la séquence d’ouverture du premier Trainspotting. Un vrai plaisir.

Après ces séquences, nous passons à une discussion sous forme de table ronde entre Danny Boyle et trois de ses comédiens principaux (25’), Ewan McGregor, Robert Carlyle et Jonny Lee Miller. Si Ewen Bremner n’est pas présent pour cause de tournage (Wonder Woman de Patty Jenkins), il introduit néanmoins ce supplément et apparaît parmi ses camarades sous forme de silhouette en carton. Le réalisateur et Ewan McGregor monopolisent la parole, avant d’être rapidement rejoint par Robert Carlyle. Seul Jonny Lee Miller semble trouver le temps long et n’ouvre la bouche qu’au bout d’un quart d’heure et encore de façon très sporadique. Les souvenirs des autres affluent (surtout sur le phénomène du premier film), chacun évoque son propre personnage ainsi que son évolution d’un film à l’autre, l’alchimie est toujours aussi évidente et cette réunion entre potes s’avère un très bon moment.

L’interactivité se clôt sur un spot promotionnel – intitulé « documentaire athlétique de Calton »pour une association sportive destinée à aider d’anciens junkies et alcooliques durant leur cure de désintoxication. Constitué de témoignages et de gros plans sur quelques rescapés, ce clip ne laisse évidemment pas indifférent (4’).

L’Image et le son

Sony Pictures prend soin de T2 Trainspotting et livre un master HD au format 1080p, irréprochable et au transfert immaculé. Respectueux des volontés artistiques du chef opérateur Anthony Dod Mantle (Trance, Dredd, Antichrist), la copie se révèle un petit bijou technique alliant des teintes multicolores et saturées (vert, rouge, rose, bleu, tout y passe), à la fois chaudes et froides (avec un usage de filtres à l’étalonnage), le tout soutenu par un encodage AVC de haute volée. Le piqué est tranchant, les arrière-plans sont magnifiquement détaillés, le relief omniprésent et les détails foisonnants sur le cadre 1.85. Les partis pris esthétiques sont donc respectés avec un léger grain cinéma conservé qui confère à l’image une agréable texture, une fabuleuse gestion des contrastes et des séquences sombres aussi soignées. Un service après-vente remarquable.

Voici le genre de mixage qui ne fait pas dans la demi-mesure ! Les pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 se révèlent fracassantes et redoutablement immersives. La bande-originale très « gros son » met à mal le caisson de basses à plusieurs reprises. Nous vous conseillons d’ailleurs de visionner T2 Trainspotting au moment où vos voisins seront absents. Les dialogues sont ardents sur la centrale, tandis que les frontales et les latérales n’ont de cesse de s’affronter lors des séquences plus agitées. Le doublage français est correct et reprend les mêmes comédiens que pour le premier film, mais le mixage peine parfois à mettre les dialogues en avant. Montez le volume, car c’est du très grand spectacle ! L’éditeur joint également une piste française Audiodescription.

Crédits images : © Sony Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Voice from the stone, réalisé par Eric D. Howell

VOICE FROM THE STONE réalisé par Eric D. Howell, disponible en DVD et Blu-ray le 26 juillet 2017 chez Marco Polo Production

Acteurs : Emilia Clarke, Marton Csokas, Caterina Murino, Kate Linder, Remo Girone, Lisa Gastoni, Edward Dring…

Scénario : Silvio Raffo d’après son roman « La voce della pietra »

Photographie : Peter Simonite

Musique : Michael Wandmacher

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Dans un vieux manoir de Toscane, Verena, une infirmière, s’occupe d’un jeune garçon devenu muet suite à la mort soudaine de sa mère. Elle découvre que l’enfant est en réalité hanté par des forces malveillantes emprisonnées dans les murs de la bâtisse. Au fur et à mesure que le temps passe et que ses relations avec le père de l’enfant évoluent, Verena est, elle aussi, peu à peu ensorcelée. Si elle veut sauver le garçon et se libérer, elle doit affronter les mauvais esprits cachés dans la pierre…

Alors que la septième saison de Game of Thrones vient de démarrer, la comédienne Emilia Clarke commence à se faire plus présente au cinéma, histoire de préparer tranquillement sa transition une fois qu’elle aura rendu le costume (bien qu’elle s’en débarrasse souvent il est vrai) de Daenerys Targaryen. Après l’inénarrable Terminator: Genisys d’Alan Taylor dans lequel elle reprenait – ou essayait de reprendre plutôt – le rôle de Sarah Connor, puis le drame romantique Avant toi adapté du roman de Jojo Moyes où elle s’occupait et tombait amoureuse d’un jeune homme tétraplégique, Emilia Clarke porte sur ses épaules Voice from the stone, d’après le roman La Voce Della Pietra de Silvio Raffo. Si elle n’est pas l’actrice la plus fine et que son jeu laisse souvent à désirer, elle s’avère plutôt « convaincante » dans ce petit film dramatique teinté de fantastique.

Dans les années 50 en Toscane, Verena, une jeune infirmière, se rend jusqu’à un manoir isolé afin de guérir Jakob, un enfant devenu muet depuis le décès de sa mère. Mais lors de son séjour, Verena se retrouve plongée au cœur des secrets et mystères de ce lieu. Alors qu’elle tombe amoureuse du père du garçon, elle est la proie de mauvais esprits présents dans les murs de la bâtisse. Si l’histoire n’a rien d’original, le metteur en scène Eric D. Howell, dont il s’agit du premier long métrage réalisé en solo après From Heaven to Hell en 2002 (avec Lou Ferrigno, Burt Ward et Adam West) et quelques courts-métrages, soigne l’esthétique de son film et crée une ambiance intrigante du début à la fin. Ancien coordinateur de cascades (Un plan simple, A Serious Man), Eric D. Howell livre donc un film tout à fait honorable.

Coproduction italienne, Voice from the stone a été intégralement tourné sur la Botte, dans les studios de Cinecittà pour les scènes en intérieur et dans les magnifiques paysages du Lazio pour les quelques séquences en extérieur. L’occasion pour Emilia Clarke de nous montrer son excellent accent à travers quelques dialogues dans la langue de Dante. Le principal ennui, c’est que Voice from the stone abat ses cartes durant le premier quart d’heure. Le spectateur habitué aux codes du genre fantastique découvrira immédiatement où le réalisateur souhaite l’emmener avec cette vieille bâtisse perdue au bout d’un chemin embrumé entouré d’arbres centenaires. Du coup, l’audience a souvent un coup d’avance sur les personnages, jusqu’à la résolution finale, que l’on peut également largement anticiper et qui s’avère d’ailleurs bien trop expédiée. Mais Voice from the stone n’est pas un film désagréable, d’autant plus que la photographie de Peter Simonite (collaborateur de Terrence Malick sur Song to Song, À la merveille, The Tree of life – l’arbre de vie) ravit souvent les yeux et met les acteurs en valeur. Dans quelques scènes assez gratuites mais pour le grand plaisir de ses fans, Emilia Clarke nous gratifie de son corps nu filmé sous tous les angles, devant les yeux émoustillés d’un Marton Csokas (L’Arbre, Sin City: j’ai tué pour elle) toujours aussi talentueux et charismatique.

Finalement, on s’intéresse plus à la forme qu’au fond dans Voice from the stone. On ne croit guère en l’évolution du personnage de Verena auprès de l’enfant dont elle a la charge, d’autant plus que le jeu de sourcils, tantôt en accent grave, tantôt en accent aigu, d’Emilia Clarke, sans oublier ses yeux sans cesse écarquillés n’arrangent pas vraiment les choses. On regarde donc Voice from the stone – sorti directement en DVD en France, sans passer par la case cinéma – en mode automatique, le spectacle n’est pas déplaisant en soi, mais ne cesse de faire penser à Rebecca d’Alfred Hitchcock ou Les Autres d’Alejandro Amenábar et s’oublie rapidement après.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Voice from the stone, disponible chez Marco Polo Production, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et muet. Le visuel de la jaquette française fait la part belle à Emilia Clarke aux côtés de Caterina Murino (qui apparaît très peu dans le film), contrairement au visuel original qui faisait apparaître Marton Csokas. Aucun supplément, ni de chapitrage. L’Image et le son

Faites confiance à Marco Polo pour assurer la sortie dans les bacs de ce DTV. En effet, si le film d’ Eric D. Howell n’a pas connu de sorties dans nos salles, il bénéficie tout de même d’une édition Blu-ray (au format 1080p) élégante. Cependant, si les contrastes affichent une densité fort acceptable, le piqué n’est pas aussi ciselé sur les scènes sombres et certaines séquences apparaissent un peu douces avec des visages légèrement cireux. En dehors de cela, la profondeur de champ demeure fort appréciable, les détails se renforcent et abondent en extérieur jour, le cadre large est idéalement exploité et la colorimétrie est très bien rendue. Le codec AVC consolide l’ensemble.

Du côté acoustique, les mixages français et anglais DTS-HD Master Audio 5.1 créent un espace d’écoute suffisamment plaisant en faisant la part belle à la musique et à quelques effets latéraux. Des ambiances naturelles percent les enceintes arrière sans se forcer mais avec une efficacité chronique. Le doublage français est convaincant. Les sous-titres français sont imposés et le changement de langue impossible pendant le visionnage nécessite le recours au menu pop-up.

Crédits images : © Marco Polo Production / Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / 40 fusils manquent à l’appel, réalisé par William Witney

40 FUSILS MANQUENT À L’APPEL (40 Guns to Apache Pass) réalisé par William Witney, disponible en DVD le 18 juillet 2017 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Audie Murphy, Michael Burns, Kenneth Tobey, Laraine Stephens, Robert Brubaker, Michael Blodgett, Michael Keep…

Scénario : Willard W. Willingham, Mary Willingham

Photographie : Jacques R. Marquette

Musique : Richard LaSalle

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1966

LE FILM

1868. Cochise et ses guerriers apaches sont sur le sentier de la guerre, décidés à éliminer les Blancs. L’armée doit défendre les colons mais le capitaine Coburn doit récupérer une cargaison de fusils – quarante – volés par des soldats déserteurs. Ceux-ci, dirigés par le caporal Bodine veulent les vendre aux Apaches…

Avant d’être acteur, Audie Leon Murphy (1925-1971) fut l’un des soldats américains les plus décorés de la Seconde Guerre mondiale. Bardé de toutes les médailles militaires internationales existantes, il est notamment connu pour avoir stoppé et bloqué seul pendant une heure l’assaut d’une troupe allemande en janvier 1945 dans la poche de Colmar. Ayant participé aux campagnes d’Italie et de France, sa maîtrise des armes est remarquée par quelques producteurs qui souhaitent alors surfer sur sa notoriété. Il entame alors une carrière à la télévision et au cinéma et joua dans une quarantaine de longs métrages, y compris dans l’adaptation cinématographique de son autobiographie L’Enfer des hommesTo Hell and Back, réalisé par Jesse Hibbs en 1955, dans lequel il interprète son propre rôle. Audie Murphy reste surtout connu par les amateurs de westerns, genre dans lequel il s’est ensuite principalement illustré. Citons quelques titres : La Parole est au Colt (1966), Représailles en Arizona (1965), La Fureur des Apaches (1964), La Patrouille de la violence (1964), Les Cavaliers de l’enfer (1961), Le Diable dans la peau (1960), Le Fort de la dernière chance (1957).

A l’époque de 40 fusils manquent à l’appel, 40 Guns to Apache Pass, réalisé par William Witney en 1966, le western américain est en fin de vie, John Ford et Raoul Walsh viennent d’ailleurs de signer leur dernier film du genre deux ans auparavant, alors qu’en Europe, le genre bat son plein avec Sergio Leone qui met une touche finale à sa trilogie du Dollars avec Le Bon, La Brute et le Truand. Rétrospectivement, 40 fusils manquent à l’appel apparaît comme un dernier baroud d’honneur pour Audie Murphy, qui tourne alors la même année El Texican de Lesley Selander. C’est son adieu au western, avant de faire une dernière apparition dans Qui tire le premier ? de Budd Boetticher, dans lequel il interprète Jesse James. Audie Murphy sera victime d’un accident d’avion en 1971, il allait avoir 46 ans.

40 fusils manquent à l’appel est un western qui se déroule en 1868, peu après la fin de la guerre de Sécession sur le territoire de l’Arizona , le chef apache Cochise et sa bande de guerriers menacent d’entrer en guerre. Le capitaine Bruce Coburn est envoyé avec un détachement dans la région afin de faire le tour des fermes isolées et de ramener les colons et leurs familles au fort avant qu’ils ne soient massacrés par les apaches. Mais certaines fermes sont très éloignées et la route est longue pour en revenir, d’autant que certains colons n’acceptent pas facilement de tout abandonner aux mains des indiens. Afin de faire face à leurs ennemis, les soldats attendent une cargaison de fusils. Mais la livraison tourne mal. Coburn demande à être accompagné de dix volontaires pour aller récupérer les 40 carabines à répétition sur le territoire des Apaches. Mais les plans du capitaine sont contrecarrés par un de ses hommes, le caporal Bodine, qui entraîne plusieurs soldats dans son sillage afin de marchander avec les indiens. Foncièrement patriotique (le drapeau flotte bien au vent) et donnant aux indiens le mauvais rôle en faisant d’eux des guerriers sanguinaires qui souhaitent empêcher l’oncle Sam de s’étendre sur leur territoire, 40 fusils manquent à l’appel n’est sûrement pas un western inoubliable qui s’attache à la vérité historique, mais qui arrange les faits à sa sauce avec les grands héros américains d’un côté et les très méchants indiens de l’autre. Néanmoins, cela ne l’empêche pas d’être bien divertissant et agréable, grâce au jeu solide d’Audie Murphy, charismatique et attachant, tenant le film sur ses épaules bardées de galons.

Vétéran du serial qui avait déjà dirigé Audie Murphy dans La Fureur des Apaches (1964) et Représailles en Arizona (1965), le réalisateur William Witney (1915-2002) fait le boulot et même si son histoire n’a rien à envier à celles que l’on imaginait enfant quand on jouait aux Playmobiles, son film est de bonne tenue, les acteurs sont bons, les décors naturels plaisants et les scènes d’action réussies. En revanche, le film est étrangement parasité par la voix-off inutile d’un narrateur qui ouvre l’histoire comme un conte, à travers l’ouverture d’un livre, et revient de façon chronique, tout au long de ces 90 minutes, sans raison, en paraphrasant le récit comme une piste Audiodescription. Les scénaristes ont-ils pensé que leur histoire était si alambiquée – ce qui n’est évidemment pas le cas – que chaque action méritait d’être expliquée aux spectateurs ? Il semblerait plutôt que cette voix-off ait été utilisée afin de donner un cachet « film sérieux » à une œuvre finalement banale, désuète et sans véritable surprise.

Toujours est-il que 40 fusils manquent à l’appel remplit son contrat et se voit aujourd’hui comme une série B curieuse doublée du chant du cygne d’un genre et de celui d’un comédien qui a su s’inscrire dans la légende.

LE DVD

Le DVD de 40 fusils manquent à l’appel, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

Pas de Bertrand Tavernier à l’horizon pour ce petit western, même si Patrick Brion (7’) et François Guérif (8’) ont répondu à l’appel de leur côté. Les deux intervenants reviennent chacun à leur manière sur la carrière d’Audie Murphy, sur les très grandes libertés – euphémisme – prises avec la véritable histoire, notamment en ce qui concerne Cochise. François Guérif se penche un peu plus sur la dernière apparition en vedette du comédien dans le genre qui a fait de lui une star internationale, tandis que Patrick Brion nous donne une petite leçon sur l’histoire de la Winchester 73. Les qualités comme les défauts (la voix-off idiote et inutile) sont pointés par ces deux experts en la matière.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et une galerie de photos constituée d’affiches internationales.

L’Image et le son

Chez Sidonis, même les plus petits westerns sont souvent aussi bien logés que les grands classiques et chefs-d’oeuvre incontestés ! Entièrement restauré en Haute-Définition, le master de 40 fusils manquent à l’appel s’avère lumineux, stable (hormis le générique d’ouverture), d’une propreté jamais démentie et franchement plaisant pour les mirettes. Le cadre 1.33 open matte étonne par son lot de détails, le piqué est pointu, les contrastes sont fermes et les fondus enchaînés n’entraînent pas trop de décrochages. Seule la colorimétrie est parfois un peu délavée sur certaines séquences, mais le fait est que la copie demeure de haute tenue, surtout que le grain original est respecté et très bien géré.

Seule la version originale aux sous-titres français imposés est disponible sur cette édition. La restauration est également fort satisfaisante, aucun souffle à déplorer, l’écoute est frontale, riche, dynamique et vive. Les effets annexes sont conséquents et le confort acoustique assuré.

Crédits images : © Columbia Pictures / Sidonis Calysta / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr