Test Blu-ray / L’Assassin a réservé 9 fauteuils, réalisé par Giuseppe Bennati

L’ASSASSIN A RÉSERVÉ 9 FAUTEUILS (L’Assassino ha riservato nove poltrone) réalisé par Giuseppe Bennati, disponible en combo DVD/Blu-ray chez Le Chat qui fume

Acteurs :  Rosanna Schiaffino, Chris Avram, Eva Czemerys, Lucretia Love, Paola Senatore, Gaetano Russo, Andrea Scotti, Eduardo Filippone, Antonio Guerra, Howard Ross, Janet Ågren…

ScénarioGiuseppe Bennati, Paolo Levi, Biagio Proietti

Photographie : Giuseppe Aquari

Musique : Carlo Savina

Durée : 1h44

Année de sortie : 1974

LE FILM

Pour les neuf membres et proches de la famille Davenant, rassemblés à l’occasion de l’anniversaire de Patrick, la soirée du 14 février 1974 s’achève entre les murs d’un vieux théâtre sinistre, propriété familiale fermée depuis près d’un siècle. Etrange idée, dans la mesure où Patrick semble redouter cet édifice aux fastes majestueux. A raison, puisque les portes se referment bientôt comme par magie, piégeant les convives dans l’édifice, tandis qu’un homme mystérieux, glissé parmi eux, semble tirer les ficelles d’une tragédie à venir et qu’un assassin rôde, faisant tomber les invités un par un…

En lisant l’histoire de L’Assassin a réservé 9 fauteuils, on ne peut que penser au plus célèbre roman d’Agatha Christie, Dix petits nègres, publié en 1939. Tous les éléments sont réunis : une poignée de personnages se retrouvent cloisonnés dans un lieu unique et sont tous mystérieusement assassinés les uns après les autres. Le cinéma s’est très vite emparé de ce récit, la première adaptation remontant à 1945, sous la direction de René Clair. En 1974, alors que Dix petits nègres est à nouveau transposé au cinéma par Peter Collinson, avec Charles Aznavour, Oliver Reed, Richard Attenborough, Stéphane Audran et Gert Fröbe, le cinéma italien s’inspire de l’ouvrage d’Agatha Christie, passé cette fois-ci à la sauce giallo. L’Assassin a réservé 9 fauteuilsL’Assassino ha riservato nove poltrone est réalisé par Giuseppe Bennati (1921-2006).

Peu prolifique avec neuf longs métrages et une mini-série à son actif en 23 ans de carrière, Giuseppe Bennati signe ici son dernier film. Plus habitué au registre de la comédie avec Il Microfono è vostro (1951) et L’Amico del giaguaro (1959) avec Walter Chiari, ou le drame (Marco la Bagarre, La Mina avec Elsa Martinelli, Congo vivant avec Jean Seberg), le réalisateur prend alors le train en marche et livre un étrange giallo. Ce qui vaut aujourd’hui la réputation et la pérennité de L’Assassin a réservé 9 fauteuils, totalement inédit en France, est le traitement accordé au genre par les scénaristes. Biagio Proietti (Tue-moi vite, j’ai froid, Les Colts brillent au soleil, La Mort remonte à hier soir), Paolo Levi (Une femme pour une nuit, La Fille du diable, Opération frère cadet) et le réalisateur lui-même, suivent le cahier des charges, à savoir un tueur masqué, une main dans un gant de cuir serrant une arme blanche, des victimes qui s’accumulent, quelques séquences érotiques pour faire se redresser les spectateurs qui auraient pu trouver le temps long. Mais à ces éléments, les scénaristes ajoutent une pointe de fantastique qui dénote dans un genre habituellement « réaliste » dans le sens où l’explication arrive toujours à point nommé avant que le mot FIN n’apparaisse à l’écran.

Dans L’Assassin a réservé 9 fauteuils, nos protagonistes sont bel et bien enfermés dans un espace clos, ici le merveilleux théâtre Gentile de Fabriano, situé dans la Province d’Ancône, au bord de l’Adriatique. Toute cette petite troupe était auparavant réunie pour une petite sauterie en ville, quand l’un d’eux a eu l’idée d’aller visiter ce vieux théâtre abandonné depuis cent ans et qui appartient à la famille de Patrick Devenant (Chris Avram), qui fête d’ailleurs son anniversaire. La poussière recouvre les tapis rouges et les meubles, mais la bâtisse est en très bon état. Nous suivons ensuite les personnages un par un, pour découvrir leurs liens, leurs sentiments et surtout leurs ressentiments. L’élément central est Patrick, homme richissime, dont l’héritage pourrait être convoité par son ancienne épouse, sa fille et son compagnon, sa sœur et sa petite amie, son meilleur ami, ou même son médecin personnel. Alors que Patrick échappe de peu de se faire écraser par une poutre tombée du plafond (la corde la soutenant a en fait été coupée par une main gantée), la petite troupe se rend compte que toutes les portes sont verrouillées. Plus moyen de sortir. Quand soudain, l’une des jeunes femmes du groupe, Kim, qui vient d’interpréter une scène de Roméo et Juliette, est poignardée sur scène. La partie ne fait que commencer. Mais qui est le maître de ce jeu macabre ?

Etonnant de voir à quel point L’Assassin a réservé 9 fauteuils peut faire penser à quelques films de genre contemporain. Cube de Vincenzo Natali vient à l’esprit, et même le final rappelle celui du Projet Blair Witch de Daniel Myrick et Eduardo Sánchez. On sait que les personnages, qui évoluent dans un espace limité, vont être éliminés un par un le temps d’une seule nuit, mais reste à savoir comment. Giuseppe Bennati fait évoluer son film dans un environnement surréaliste proche de Luis Buñuel et l’on peut alors penser au dispositif de L’Ange exterminateur (1962). Tout comme les protagonistes, les spectateurs commencent à perdre leurs repères, tandis que le tueur, vêtu d’une cape et courant à travers les dédales du théâtre comme le Fantôme de l’Opéra, sévit jusqu’à ce que tout le groupe soit décimé. Le récit évolue en adoptant alors une veine fantastique et maintient ce cap jusqu’au dénouement aussi improbable qu’ambitieux tournant autour d’une vieille prophétie.

Le casting ravira les aficionados du genre : Rosanna Schiaffino (Le Défi de Francesco Rosi, Les Garçons de Mauro Bolognini), Chris Avram (La Baie sanglante de Mario Bava), Eva Czemerys (Prostituée le jour, épouse la nuit, Georgina, la nonne perverse, La vie sexuelle dans une prison de femmes), Lucretia Love (La vie sexuelle de Don Juan, Quand les femmes font Ding Dong), Paola Senatore (Caresses à domicile, Donnez-nous notre amour quotidien), Howard Ross (Le Manoir aux filles, L’île de l’épouvante, L’Eventreur de New York), sans oublier la sublime actrice suédoise Janet Ågren (La Secte des cannibales, On m’appelle Providence). Que les fans soient rassurés, avant de se faire poignarder, souvent sauvagement et à des endroits pervers et sadiques, ces demoiselles auront bien pris le temps de se dénuder face caméra afin de nous faire profiter de leurs charmes affriolants, le tout sur l’excellente et entêtante partition de Carlo Savina (Une vie difficile, Quelques dollars pour Django).

L’Assassin a réservé 9 fauteuils est donc une très bonne découverte, bien réalisée et respectueuse du genre, mais qui n’hésite pas à prendre quelques libertés avec les codes pour mieux se les approprier, afin de mieux surprendre les spectateurs.

LE COMBO BLU-RAY/DVD

Benvenuto au nouveau titre Exploitation Italienne édité par Le Chat qui fume ! Ce combo de L’Assassin a réservé 9 fauteuils tiré à 1000 exemplaires se compose du DVD et du Blu-ray du film, et prend la forme d’un Digipack 3 volets quadri avec étui cartonné. Les visuels sont splendides, tout comme les menus principaux, animés sur la musique de Carlo Savina.

En premier lieu, nous trouvons un sympathique entretien (8’) datant de 2013, avec le comédien Howard Ross, alors très en forme pour ses 72 ans. Notre interlocuteur évoque le cinéma italien des années 60-70 et partage quelques anecdotes liées au tournage de L’Assassin a réservé 9 fauteuils, le travail avec ses partenaires et le réalisateur Giuseppe Bennati. L’interprète de Russell dans le film qui nous intéresse, se souvient notamment du charme des actrices qui lui ont donné la réplique, et surtout de « la plus belle croupe de Rome » de Paola Senatore.

Place ensuite à Biagio Proietti (28’30). Très sympathique, attachant, spontané et dynamique, le co-scénariste de L’Assassin a réservé 9 fauteuils, né en 1940, aborde ses débuts au cinéma en tant qu’assistant-réalisateur bénévole, avant de devenir scénariste, puis réalisateur dans la dernière partie de sa carrière. Biagio Proietti revient sur la genèse du film de Giuseppe Bennati, les intentions, les partis pris et déclare avoir écrit le twist paranormal de L’Assassin a réservé 9 fauteuils. Si le film a été un grand succès commercial, le scénariste indique n’avoir jamais vu l’argent qui lui revenait de droit. A la fin de cet entretien, Biagio Proietti s’exprime sur les scènes érotiques au cinéma et leur évolution à l’écran dans les années 1970, puis se dit heureux de pouvoir profiter de son vivant du regain de popularité de ces films dits commerciaux, ainsi que de la reconnaissance de la critique.

C’est ensuite au tour du journaliste Francis Barbier du site DeVilDead.com de prendre la parole pour une analyse et une présentation de L’Assassin a réservé 9 fauteuils (33’). Comme il l’indique d’entrée de jeu, ce module contient des spoilers et n’est donc à visionner qu’après avoir vu le film. Comme bien souvent, l’intervenant s’extasie sur le corps des interprètes féminines, mais on le comprend. Heureusement, Francis Barbier propose bien plus que cela et croise le fond avec la forme (le traitement des couleurs) du film de Giuseppe Bennati. Le casting est passé au peigne fin, tout comme les codes du giallo qui sont ici respectés, mais également détournés, pour donner au récit une identité singulière, inspirée à la fois par Shakespeare, Agatha Christie, ainsi que par d’autres influences littéraires et cinématographiques. Francis Barbier indique pourquoi le théâtre est traité comme un véritable personnage à part entière par le réalisateur ou pourquoi ce dernier n’était pas intéressé par les scènes de sexe ou gore à l’écran, Bennati souhaitant avant tout rendre le genre plus noble alors que celui-ci commençait à péricliter.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et un aperçu des prochaines sorties du Chat qui fume.

L’Image et le son

En dehors de deux ou trois points blancs et autres pétouilles, ce master HD de L’Assassin a réservé 9 fauteuils subjugue du début à la fin avec des noirs denses, des contrastes affirmés et une colorimétrie harmonieuse avec une belle dominante des teintes rouges. La copie est évidemment très propre, le grain original respecté. C’est devenu une habitude chez l’éditeur, le transfert est élégant, stable, l’apport de la HD étant indéniable du début à la fin.

Comme pour l’image, le son a visiblement connu un dépoussiérage de premier ordre. Résultat : aucun souci acoustique constaté sur ce mixage italien DTS-HD Master Audio Mono pas même un souffle parasite. Le confort phonique de cette piste unique est indéniable, les dialogues sont clairs et nets. Les sous-titres français sont imposés.

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Crédits images : © Le Chat qui fume / Licensed by COMPASS FILM SRL – Rome – Italy / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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