Test DVD / Vivants, réalisé par Alix Delaporte

VIVANTS réalisé par Alix Delaporte, disponible en DVD & Blu-ray le 2 juillet 2024 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Alice Isaaz, Roschdy Zem, Vincent Elbaz, Pascale Arbillot, Pierre Lottin, Jean-Charles Clichet, François De Brauer, Grégoire Leprince-Ringuet, Nicolas Carpentier…

Scénario : Alix Delaporte & Alain Le Henry

Photographie : Inès Tabarin

Musique : Evgueni & Sacha Galperine

Durée : 1h20

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Gabrielle vient d’intégrer une prestigieuse émission de reportages. Sans formation classique, elle doit dépasser les préjugés pour trouver sa place au sein d’une équipe de journalistes aguerris. En immersion, elle va peu à peu percer le mystère de ces grands reporters, toujours passionnés, souvent drôles, parfois blessés par la vie et le métier. Et puis il y a Vincent, le rédacteur en chef de l’émission, qu’elle ne cesse de bousculer…

En 2011, Angèle et Tony était une des plus belles surprises du cinéma français. Le très réussi premier long-métrage d’Alix Delaporte avait alors attiré plus de 225.000 spectateurs. Le second film de la réalisatrice, Le Dernier coup de marteau, réunissait à nouveau la lumineuse Clotilde Hesme et l’imposant Grégory Gadebois, César du meilleur espoir masculin de l’année 2012, mais la réalisatrice ne parvenait pas à convaincre autant avec des personnages qui manquaient de chair et ce en dépit une beauté plastique et d’une délicatesse indéniables. Il aura fallu attendre presque dix ans pour qu’Alix Delaporte fasse son retour derrière la caméra avec Vivants, très largement inspiré par ce qu’elle a vécu à ses débuts, à l’agence CAPA, où elle officiait comme journaliste-caméraman. Si celle-ci signait surtout des reportages pour l’émission culte Nulle part ailleurs sur Canal+, les personnages de son dernier opus ont été habitués à aller sur le terrain, couvrant les événements les plus importants dans le monde, les guerres notamment. Mais les temps ont changé, les moyens vont en s’amenuisant, les téléspectateurs veulent de la proximité, « l’international ne marche plus » dit d’ailleurs le « big boss ». Il faut alors se contenter des faits divers, ce qui peut entraîner de nombreuses frustrations de la part de ces anciens « héros ». Vivants ne retrouve pas l’étincelle d’Angèle et Tony, même si cette fois encore on ne peut nier la sincérité et la sensibilité de son auteure. Cependant, plonger directement dans le feu de l’action, prendre le train en marche dans leur boulot peut décontenancer et limiter l’attachement que l’on aurait pu avoir pour ces personnages. Notre point d’ancrage reste celui impeccablement campé par Alice Isaaz, dont le regard s’avère en fait celui des spectateurs, celui à travers lequel nous découvrons cet univers singulier. Vivants est une sorte de ride mené sur un rythme souvent frénétique, qui ne s’arrête quasiment jamais pendant 80 minutes, durée du film, générique de fin compris. Si l’expérience immersive fonctionne, dommage qu’il n’en soit pas de même pour l’émotion qui demeure factice et ce malgré d’excellents comédiens, comme toujours solidement dirigés par la cinéaste.

Gabrielle, 30 ans, intègre une prestigieuse émission de reportages. Elle doit très vite trouver sa place au sein d’une équipe de grands reporters. Malgré l’engagement de Vincent, leur rédacteur en chef, ils sont confrontés au quotidien d’un métier qui change, avec des moyens toujours plus réduits, face aux nouveaux canaux de l’information. Habités par leur passion pour la recherche de la vérité, leur sens de l’humour et de la solidarité, ils vont tout tenter pour retrouver la foi de leurs débuts et se réinventer.

On reste donc sur notre faim. Pourtant, le casting vaut le coup d’oeil avec Alice Isaaz, décidément très convoitée avec la série 66-5 et Le Prix du passage de Thierry Binisti, le surbooké Roschdy Zem (plus de dix films sortis depuis 2020), Vincent Elbaz (qui lui aussi semble être de nouveau appelé un peu partout, aussi bien au cinéma qu’à la télévision), l’omniprésente Pascale Arbillot, l’impressionnant Pierre Lottin (Wilfried dans la saga des Tuche, Un triomphe, La Nuit du 12, Grâce à Dieu), le génial Jean-Charles Clichet (Les Malheurs de Sophie, Les Amours d’Anaïs, Présidents)…on croit à ce groupe, à cette unité, à cette osmose présentée dans les premières minutes, à l’arrivée de Gabrielle dans les bureaux grouillants d’une salle de rédaction. Comme elle, le spectateur débarque sans crier gare et doit apprendre à connaître ceux qui l’entourent et vont devenir son équipe, en apprenant le minimum sur ceux que l’on va suivre.

Le film pèche en revanche par sa linéarité, son manque d’inspiration, son va-et-vient incessant et ses protagonistes somme toute classiques. Il faut bien l’avouer, on a l’impression d’avoir déjà vu ça pas mal de fois au cinéma. De même, on ne croit pas une seule seconde au coup de foudre quasi-instantané entre Gabrielle et Vincent, d’une part en raison de la différence d’âge qui les sépare (au moins 25 ans), d’autre part pour sa soudaineté, Alix Delaporte passant beaucoup trop de temps sur le regard enamouré et extatique de sa jeune héroïne. Là où la réalisatrice est plus convaincante, c’est quand elle dépeint certains journalistes engagés, mais dont le combat est freiné par le groupe pour lequel ils travaillent, qui demande, ou oblige plutôt ses employés, à se couler dans le moule du journalisme contemporain, qui ne prend pas (trop) de risques. Des ardeurs freinées, entraînant un mal-être, une frustration de chaque instant, qui ne sont surmontés que grâce à l’alcool et quelques substances chimiques. À ce titre, Jean-Charles Clichet incarne sans doute le protagoniste le plus marquant du lot, celui qui entraîne le plus d’empathie.

Du point de vue formel, rien à redire et Alix Delaporte soigne chacun de ses plans, la photo d’Inès Tabarin est élégante, tout comme la musique des Galperine (The Pod Generation, La Gravité, The Undoing), mais l’on reste constamment en dehors de cette « famille » et leurs motivations demeurent de ce fait distantes et donc pas forcément aussi intéressantes (tout comme leurs reportages sur la fashion week et un commando vegan) qu’on l’aurait souhaité.

LE DVD

À l’instar du DVD d’Angèle et Tony et celui du Dernier coup de marteau, Vivants débarque dans les bacs en édition Standard (mais aussi en HD, une première pour un film d’Alix Delaporte) chez Pyramide Vidéo. Le visuel reprend celui de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

Aux côtés d’un lot de bandes-annonces, l’éditeur joint une interview de la réalisatrice (18’30). Celle-ci s’exprime sur ses partis-pris (« je ne m’interroge pas sur la forme, mais sur l’histoire », le choix de ne pas situer l’histoire dans le temps), sur les éléments qui ont nourri le scénario (son expérience à l’agence CAPA, ses rencontres avec divers journalistes-reporters), la psychologie et la mélancolie des personnages, le rapport avec le spectateur, les conditions et le lieu de tournage quasi-unique (dans un ancien garage Renault) et la création du générique d’ouverture (une succession de photos de reporters sur le terrain où se mêlent de vraies photos sur lesquelles ont été incrustés les comédiens du film).

L’Image et le son

Pyramide Vidéo livre un joli master de Vivants, restituant habilement la photographie élégante du film signée Inès Tabarin. La chef opératrice privilégie les teintes plutôt froides (pas mal de gammes grises et bleues), la clarté reste de mise, le relief est agréable et les détails précis. Les contrastes sont légers, les séquences sombres sont aussi fluides et définies que les scènes diurnes, le piqué est suffisamment vif, les noirs denses et l’encodage demeure solide jusqu’à la fin malgré quelques scènes plus ternes.

Ne vous attendez pas à des explosions ou des effets surround fulminants dans Vivants, mais le mixage Dolby Digital 5.1 permet de spatialiser gentiment la musique du film. Cependant, les dialogues auraient peut-être gagné à être un poil plus alerte sur la centrale et l’ensemble demeure essentiellement frontal en dehors des plages musicales. Les ambiances naturelles se font parfois ressentir et la balance des enceintes avant et arrière est plutôt bien équilibrée. Quant à la stéréo également proposée, elle s’avère largement suffisante, les voix des comédiens y étant indubitablement plus dynamiques. L’éditeur joint également les sous-titres anglais et français destinés aux spectateurs sourds et malentendants, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Pyramide Films / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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