UNE NUIT réalisé par Alex Lutz, disponible en DVD le 8 novembre 2023 chez Studiocanal.
Acteurs : Karin Viard, Alex Lutz, Jérôme Pouly, Noémie De Lattre, Kenza Fortas, Nicole Calfan, Marco Luraschi, Fanny Gutking…
Scénario : Alex Lutz, Karin Viard & Hadrien Bichet
Photographie : Éponine Momenceau
Musique : Vincent Blanchard
Durée : 1h28
Date de sortie initiale : 2023
LE FILM
Paris, métro bondé, un soir comme les autres.
Une femme bouscule un homme, ils se disputent. Très vite, le courant électrique se transforme… en désir brûlant. Les deux inconnus sortent de la rame et font l’amour dans la cabine d’un photomaton.
La nuit, désormais, leur appartient.
Dans ce Paris aux rues désertées, aux heures étirées, faudra-t-il se dire au revoir ?
En dépit de l’échec public de son second long-métrage comme réalisateur, avec seulement 175.000 entrées, mais porté par une critique élogieuse, Alex Lutz s’était vu décerner en 2018 le César du meilleur acteur pour Guy. Ce très beau film sur un chanteur populaire en fin de carrière était on ne peut plus prometteur et on attendait le retour d’Alex Lutz derrière la caméra. « Et là, c’est le drame » comme dirait l’autre. Une nuit, écrit, interprété et produit par le comédien/metteur en scène avec Karin Viard, est une véritable catastrophe industrielle, une compilation de tous les tics possibles et imaginables du cinéma d’auteur français, un amoncellement de clichés, aussi bien sur le fond que sur la forme. Rien, absolument rien ne fonctionne dans Une nuit et ce dès la toute première scène, celle de l’altercation dans le métro entre un homme et une femme, qui après s’être engueulés devant tout le monde, se mettent à baiser dans une cabine de photomaton, avant de se mettre à parler de tout, de la vie, de l’alchimie entre les êtres humains, du temps qui passe…Cela se voudrait spontané, mais aucune réplique ne tombe juste, tout y est boursouflé, pédant, crétin et surtout irritant. Attention, Karin Viard et Alex Lutz ne sont pas mauvais, bien sûr que non, c’est juste que les personnages semblent constamment déconnectés des réalités et que leurs sujets de conversation n’ont aucun intérêt et paraissent avoir été créés par une intelligence artificielle à laquelle on aurait demandé de créer des dialogues Kamoulox. On ne sait pas si Alex Lutz avait des choses à régler après l’engouement de la profession pour Guy et l’obtention du Saint Graal aux Césars (surtout quand on avait en face Denis Ménochet pour Jusqu’à la garde, Gilles Lellouche pour Pupille et Romain Duris pour Nos batailles), toujours est-il qu’Une nuit fait penser à un énorme ego-trip pensé pour et uniquement ses deux têtes d’affiche. Circulez, y’a rien à voir !
On l’aime bien Alex Lutz pourtant, et ce depuis OSS 117 : Rio ne répond plus de Michel Hazanavicius. Néanmoins, on ne peut pas dire que sa carrière au cinéma soit la plus enthousiasmante avec une filmographie constituée d’Il reste du jambon ? d’Anne Depétrini, La Croisière de Pascale Pouzadoux, Bowling de Marie-Castille Mention-Schaar, Turf de Fabien Onteniente, Les Visiteurs : La Révolution de Jean-Marie Poiré, Knock de Lorraine Lévy…ça fait mal quand même. En parallèle de ses sketchs réalisés avec l’excellent Bruno Sanches dans la shortcom Catherine et Liliane, Alex Lutz devait passer pour la première fois à la mise en scène avec Le Talent de mes amis, immense bide de l’année 2015, la barre des 100.000 entrées n’ayant même pas été franchie. Depuis, on l’a vue chez Gaspar Noé (Vortex) et Étienne Comar (À l’ombre des filles), comme si Alex Lutz désirait surfer sur une mouvance dramatique, loin du genre qui l’a fait connaître. Dans Une nuit, il se livre malheureusement à un exercice de style vain, hermétique, autocentré, qui fait penser à une auto-psychanalyse et qui donc oublie d’embarquer les spectateurs dans cette histoire invraisemblable qui se focalise sur deux personnages jamais attachants, car irréalistes, auxquels il est impossible de s’identifier et pour lesquels on ne peut avoir d’empathie.
On suit douloureusement ce couple étrange, qui passe d’un endroit à l’autre en parlant de tout, de rien, en se lançant dans une philosophie de comptoir, en commençant une phrase, en s’interrompant quelques secondes (pour signifier le temps de la réflexion) avant de la terminer sans se rendre compte que cela n’a plus aucun rapport avec le début de leur interminable discussion filmée en champ-contre-chiant. Mais du moment qu’ils se comprennent, c’est le principal. En attendant, on est largués dès le premier quart d’heure, avec l’impression d’écouter des disciples de la grande époque d’un JCVD cocaïné. Certains penseront forcément à la magnifique (et indispensable) trilogie Before Sunrise–Sunset–Midnight (tournée entre 1995 et 2013) de Richard Linklater, avec Julie Delpy et Ethan Hawke, sauf que Nathalie et Aymeric passent leur temps au Bois de Boulogne, s’incrustent dans une fête d’étudiants et dans un club libertin, en parlant de trucs dont on ne comprend rien et qui ne veulent rien dire.
Tout cela pour nous mener à un twist, osons le dire, moisi, qui se devine bien avant la « révélation » finale. Présenté en clôture de la section Un certain regard du Festival de Cannes 2023, Une nuit, sorti début juillet 2023, a connu une vie éphémère dans les salles avec 117.000 entrées. Ce qui est en soi un exploit.
LE DVD
Devant son échec conséquent, Une nuit ne dispose que d’une édition en DVD chez Studiocanal. La jaquette, glissée dans un boîtier Amaray classique, reprend le visuel de l’affiche d’exploitation, tout comme le menu principal, fixe et muet.
Seule la bande-annonce est disponible comme supplément.
L’Image et le son
Le master épouse délicatement les contrastes tranchés et la colorimétrie froide de la photo du film. La définition est rarement prise en défaut et seuls quelques aplats de couleurs témoignent d’un sensible bruit vidéo. Les gros plans sont en revanche très précis, la cadre large habilement exploité regorge de menus détails sympathiques, et le piqué est suffisamment aiguisé.
Deux choix possibles, une écoute frontale riche et dynamique en Stéréo, ou bien une spatialisation solide et un plus grand confort acoustique en Dolby Digital 5.1. Dans les deux cas, l’écoute demeure ardente, fait une large place aux dialogues tout en mettant à l’avant la musique du film. Les effets latéraux et ambiances naturelles pointent habilement le bout de leur nez. L’éditeur joint également les sous-titres destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.