Test DVD / Tout le monde m’appelle Mike, réalisé par Guillaume Bonnier

TOUT LE MONDE M’APPELLE MIKE réalisé par Guillaume Bonnier, disponible en DVD le 1er juillet 2025 chez Blaq Out.

Acteurs : Abdirisak Mohamed, Daphné Patakia, Pierre Lottin, Thibault Dierickx, Saïd Helaf…

Scénario : Guillaume Bonnier

Photographie : David Grinberg

Musique : Olivier Deparis

Durée : 1h23

Année de sortie : 2023

LE FILM

Jean, Isabelle et son fils Damien ont tout quitté pour naviguer autour du monde. Pendant une escale à Djibouti, ils rencontrent Mike, un chauffeur de taxi. Jean, inquiet au moment de reprendre la mer vers le dangereux golfe d’Aden, décide d’embarquer Mike contre l’avis d’Isabelle.

On ne sait pas d’où sort ce film, mais s’il y a bien quelque chose qui a titillé notre curiosité, c’est de voir Pierre Lottin à l’oeuvre. Dans Tout le monde m’appelle Mike, il se métamorphose une fois de plus. Qui aurait pu penser que l’acteur révélé par son personnage de Wilfried Tuche dans la saga initiée par Olivier Baroux, deviendrait un monstre en puissance et l’un des meilleurs comédiens français aujourd’hui ? Ces dernières années, les cinéastes n’ont eu de cesse de se l’arracher, François Ozon (Grâce à Dieu, Quand vient l’automne, bientôt dans L’Étranger), Emmanuel Courcol (Un triomphe, En fanfare), Jean-Jacques Annaud (Notre-Dame brûle), Anne Fontaine (Présidents), Philippe Faucon (Les Harkis), Dominik Moll (La Nuit du 12). S’il est déjà bien installé dans sa profession, Pierre Lottin ne délaisse pas les premières œuvres. C’est le cas pour Tout le monde m’appelle Mike, premier long-métrage de Guillaume Bonnier, né de sa passion et de sa fascination pour la mer, qui rêvait de faire un film se déroulant quasiment exclusivement sur un bateau. En prenant comme référence Calme blanc Dead Calm (1989) de Phillip Noyce, Plein soleil (1960) de René Clément et Le couteau dans l’eauNóż w wodzie (1962) de Roman Polanski, Guillaume Bonnier livre un huis clos sur mer, un thriller certes pas entièrement convaincant, mais qui contient néanmoins de bons éléments pour qu’on s’y intéresse.

Le réalisateur connaît bien les grands horizons, après avoir fait son service militaire dans la marine et cette expérience lui a très vite donné envie de prendre ce décor majestueux, pour un film à suspense. Le déclencheur est venu d’une rencontre avec une spécialiste de la piraterie pour la défense française. Guillaume Bonnier a ensuite imaginé l’histoire d’un couple, accompagné du fils de la jeune femme, victime de pirates, alors qu’ils voguent vers le golfe d’Aden, qui sépare le continent africain du continent asiatique, et relie la mer Rouge et la mer d’Arabie.

Deux mondes s’affrontent alors, entre ce couple qui a tout laissé pour partir loin de la France, et Mike, qui veut échapper à sa condition et profiter de cette embarcation pour se faire la malle, si possible vers l’Hexagone. Dans les deux cas, chacun est en quête de liberté, de paix, mais le monde semble s’acharner sur eux et tout n’est que mirage et violence. De là, Guillaume Bonnier a imaginé une intrigue qui joue plus sur l’attente que les rebondissements. Le stress est présent, mais l’ennui aussi malheureusement et il n’est pas interdit de trouver le temps long, surtout quand le réalisateur filme le quotidien (peu rempli) de ses personnages.

Il faut attendre au moins quarante minutes pour que « l’action » se mette en route, avec l’arrivée inopinée de pirates, qui s’en prennent à l’embarcation de Jean et Isabelle. Là-dessus, Mike, armé, intervient et parvient à se débarrasser des intrus, mais cela ne sera pas sans conséquence. La seconde partie est donc plus intéressante et il faut aller au-delà de la (trop) longue exposition, d’autant plus que l’intrigue ne manque pas de surprises et révèle une facette inattendue d’Isabelle, interprétée par Daphné Patakia, révélation de Benedetta de Paul Verhoeven et revue depuis dans Les Cinq Diables de Léa Mysius. Si celle-ci a parfois tendance à en faire trop dans le genre regard exorbité par la colère ou par la peur, Isabelle devient le personnage fort et s’avère même la plus intéressante du lot.

Du point de vue formel, tout cela sent parfois l’amateurisme, la photographie n’est guère reluisante, les dialogues sont médiocres, le manque de moyens se fait ressentir, mais il y a d’autres atouts. Abdirisak Mohamed a une belle et ambiguë présence, le générique en ouverture est très élégant et bien pensé, la musique d’Olivier Deparis contribue beaucoup à maintenir une tension du début à la fin.

Tout ceci est encourageant, même si comme nous le disions assez brinquebalant, mais on sent un metteur en scène qui en a sous le capot. Tout le monde m’appelle Mike est pour l’instant passé inaperçu, peu aidé il est vrai pas une affiche d’exploitation hideuse (celle-ci est visible en début de l’article), mais ceux qui commencent sérieusement à s’intéresser à la carrière de Pierre Lottin, ne manqueront pas d’y jeter un coup d’oeil.

LE DVD

Tout le monde m’appelle Mike est sorti au cinéma en juillet 2023. Il aura donc fallu attendre deux ans, quasiment jour pour jour, pour que le film de Guillaume Bonnier soit proposé en DVD, sortie que l’on doit à Blaq out. Heureusement, l’éditeur n’a pas repris le visuel de l’affiche d’exploitation et a préféré miser sur Pierre Lottin pour attirer le chaland. Le menu principal est fixe et musical.

L’éditeur est allé à la rencontre de Guillaume Bonnier. Au fil de cette longue interview (34’), le réalisateur s’exprime sur tous les aspects de son premier long-métrage. Ainsi, la genèse, le casting (Anaïs Demoustier devait incarner le rôle principal, avant d’être prise sur un autre projet), les conditions de tournage, Guillaume Bonnier passe tous ces sujets en revue, parle de ses intentions, détaille ses partis-pris, évoque quelques références (Calme blanc, Le Couteau dans l’eau, Plein soleil), déclare son amour à La Longue Route de Bernard Moitessier…Un très bel entretien.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Pas de Blu-ray pour Tout le monde m’appelle Mike. En revanche, on peut s’estimer heureux de bénéficier du film de Guillaume Bonnier en DVD. L’Image rend compte des conditions drastiques de tournage, avec un cadre parfois tremblant, des couleurs qui manquent de netteté, un piqué peu aiguisé, des arrières-plans passables. Quelques plans sortent du lot, notamment en extérieur dans la première partie, mais l’action restreinte de la seconde partie entraîne forcément quelques pertes de la définition, qui restent d’ailleurs jusqu’à la fin.

Comme pour l’image, les latérales sont surtout présentes hors de l’eau, surtout sur les scènes se déroulant à Djibouti. C’est un peu plus restreint par la suite, quand bien même les éléments naturels se font entendre aux quatre coins cardinaux. Caisson de basses discret, pour ne pas dire inexistant. L’éditeur ne fournit que cette option acoustique, en Dolby Digital 5.1. Pas de sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, mais n’oubliez pas d’enclencher ceux disponibles pour la traduction des dialogues en langue étrangère ou en anglais. Présence de sous-titres dans la langue de Shakespeare.

Crédits images : © Blaq Out / À Vif Cinémas / The Dark / Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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