THE POD GENERATION réalisé par Sophie Barthes, disponible en DVD le 5 mars 2024 chez Jour2Fête.
Acteurs : Emilia Clarke, Chiwetel Ejiofor, Vinette Robinson, Rosalie Craig, Jean-Marc Barr, Jelle De Beule, Benedict Landsbert-Noon, Aslin Farrell…
Scénario : Sophie Barthes
Photographie : Andrij Parekh
Musique : Evgueni Galperine & Sacha Galperine
Durée : 1h45
Année de sortie : 2023
LE FILM
Dans un futur proche où l’intelligence artificielle prend le pas sur la nature, Rachel et Alvy, couple new-yorkais, décident d’avoir un enfant. Un géant de la technologie, vantant les mérites d’une maternité plus simple et plus paritaire, propose aux futurs parents de porter l’enfant dans un Pod. Alvy a des doutes, mais Rachel, business-woman en pleine ascension, l’incite à accepter cette expérience…
Nous n’avions pas de nouvelles de Sophie Barthes depuis près de dix ans et son intéressante adaptation de Madame Bovary de Gustave Flaubert. Remarquée en 2009 avec son premier long métrage Âmes en stock (2009), la réalisatrice franco-américaine signe un étonnant comeback au cinéma avec son troisième film The Pod Generation, avec lequel elle revient à la science-fiction, genre qu’elle avait déjà exploré avec son coup d’essai Cold Souls. On retrouve cette légèreté présente dans les précédents travaux de la cinéaste, même si le sujet est à la base grave, un mélange des tons plus équilibré que dans Âmes en stock et Madame Bovary, avec lequel Sophie Barthes traite de la maternité et imagine comment cet événement pourrait se dérouler dans un futur proche. Comédie-romantico-fantastique, The Pod Generation réussit son pari, parvenir à divertir les spectateurs, tout en le faisant réfléchir sur des sujets « inimaginables », mais qui pourraient pourtant se passer dans un avenir beaucoup moins loin qu’on le pense. The Pod Generation repose aussi sur l’alchimie du très beau couple formé par Emilia Clarke et Chiwetel Ejiofor. Une belle et bonne surprise.
Dans un avenir pas si lointain, l’IA fait fureur et la nature n’est plus qu’un souvenir vague. Le géant de la technologie Pegasus offre aux couples la possibilité de partager la grossesse sur un pied d’égalité grâce à des utérus artificiels amovibles qui prennent l’apparence de gousses. Mais à quel prix ? Rachel et Alvy, un couple new-yorkais, sont prêts à faire passer leur relation au niveau supérieur et à fonder une famille. Le travail de Rachel leur donne une chance d’accéder rapidement au sommet de la liste d’attente chez Pegasus. Mais Alvy, botaniste et puriste dévoué, a des doutes. Néanmoins, son amour pour Rachel le pousse à faire un acte de foi. C’est ainsi que commence la folle aventure vers la parentalité dans ce « meilleur » des mondes.
On est heureux de voir enfin Emilia Clarke dans un bon film (qu’elle co-produit par ailleurs), chose qui n’était pas forcément évidente pendant ou après Game of Thrones, série qui l’a rendue évidemment mondialement célèbre. On ne peut pas dire que Terminator Genisys d’Alan Taylor ait laissé un bon souvenir (même si certains ont pu le revoir à la hausse depuis le pitoyable Terminator: Dark Fate), tout comme le drame romantique Avant toi adapté du roman de Jojo Moyes où elle s’occupait et tombait amoureuse d’un jeune homme tétraplégique. La comédienne a fait un break au cinéma pendant près de quatre ans, période où elle a pu renouer avec le théâtre en jouant La Mouette de d’Anton Tchekhov, tout en apparaissant dans la série Marvel, Secret Invasion, qui elle aussi s’est d’ores et déjà évaporée des mémoires. Elle trouve son plus beau rôle dans The Pod Generation, dans lequel elle fait preuve d’une belle maturité, impose un charisme, une beauté, un talent aussi bien sûr, une immense sensibilité.
Elle est aussi très solidement épaulée par son partenaire, l’excellent Chiwetel Ejiofor, découvert en 1997 dans Amistad de Steven Spielberg, qui sera ensuite apparu devant la caméra de Woody Allen (Melinda et Melinda), Stephen Frears (Loin de chez eux – Dirty Pretty Things), Richard Curtis (Love Actually), Spike Lee (She Hate Me, Inside Man : L’Homme de l’intérieur), Alfonso Cuarón (Les Fils de l’homme), Ridley Scott (American Gangster), jusqu’à sa mise sur orbite avec Twelve Years a Slave de Steve McQueen. Les deux comédiens font des étincelles dans The Pod Generation, couple très amoureux, même si différents, elle étant plongée dans le monde de tous les jours, autrement dit ultra-connecté, lui, botaniste, attaché à la nature, à ses trésors, qui tente d’intéresser ses étudiants à une figue mûre tout juste cueillie et qu’ils rechignent à goûter. Alors, quand Rachel se voit proposer l’opportunité d’avoir un enfant via un pod dernier cri (l’ectogenèse, un processus de procréation qui permet le développement de l’embryon et du fœtus dans un utérus artificiel), ce qui lui permettrait de continuer à travailler (son job est l’essentielle source de revenus du foyer), Alvy voit cela d’un mauvais œil, ayant toujours envisagé de faire un bébé à sa femme « normalement ». Il se laisse finalement convaincre et, contre toute attente, commence à se laisser envahir par les hormones, les pleurs, ce qui décontenance Rachel qui n’a pas le même rapport avec cet œuf artificiel qui contient tout de même le sang de leur sang. Sophie Barthes, malgré un budget somme toute limité, va au bout de ses (très bonnes) idées, fait passer Bruxelles pour New York, profite de certains décors insolites pour imaginer un futur où la technologie est encore plus omniprésente, où l’on profite de shoots d’oxygène à la terrasse des cafés, où l’on fait son sport tout en tapant à l’ordinateur, où une intelligence artificielle conseille quel tailleur devrait porter madame aujourd’hui, qui prépare des toasts et sert également de psy…
Sophie Barthes aborde brillamment le rapport de l’être humain à la technologie, qui se voit constamment proposer des solutions pour améliorer son bien-être. Un opus bourré de charme, à l’image de ses deux têtes d’affiche.
LE DVD
C’est chez Jour2Fête que débarque The Pod Generation dans les bacs français, uniquement en DVD. La jaquette, qui arbore le visuel de l’affiche française d’exploitation, est glissée dans un boîtier Amaray classique transparent, lui-même disposé dans un surétui cartonné. Le menu principal est animé et musical.
Prolongez le visionnage du film par l’entretien avec Sophie Barthes (23’) présenté dans les suppléments. La réalisatrice y aborde la genèse du film, son attachement à la science-fiction (elle évoque George Orwell, René Barjavel, Boris Vian, Aldous Huxley), genre qui permet « des questionnements philosophiques, moraux et éthiques ». La cinéaste indique que « tout ce qu’il y a dans le film est vrai, mais évidemment arrangé pour la science-fiction », parle des avancées technologiques et de ce qui attend l’humanité dans les années à venir, éléments qu’elle a appris en se rapprochant de chercheurs et inventeurs de la Silicon Valley, « qui ont dix ans d’avance ». Les thèmes de The Pod Generation, le travail avec les comédiens, le rapport à la nature, les conditions de tournage en Belgique et les décors sont aussi analysés.
Nous trouvons également un making of traditionnel (17’), composé d’images de tournage et d’interviews diverses (réalisatrice, acteurs, décorateur, créateur des effets spéciaux). Sophie Barthes s’exprime ici en anglais, certains propos font échos à ceux entendus précédemment, mais ce module est bien fichu et intéressant quand les sujets de The Pod Generation sont explorés.
L’Image et le son
L’éditeur soigne son master, même si le piqué manque souvent de mordant. Cependant, les contrastes sont d’une densité rarement démentie, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée. La clarté demeure frappante, les gros plans détaillés et la colorimétrie marquée par les décors froids et pastel est à l’avenant. Les détails sont plaisants et la copie restitue les partis pris esthétiques caractéristiques de ce monde futuriste, immaculé, des décors aux costumes.
Les mixages anglais et français Dolby Digital 5.1 délivrent délicatement les dialogues, la musique, les légères ambiances qui environnent les personnages durant leur quotidien. La balance frontale est joliment équilibrée, les latérales interviennent à bon escient. La spatialisation musicale est systématique et le confort acoustique solide. Il en est de même pour les pistes Stéréo, de fort bon acabit, qui conviendront aisément à ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière. Présence d’une piste Audiodescription et des sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants.