Test DVD / The Doorman, réalisé par Ryûhei Kitamura

THE DOORMAN réalisé par Ryûhei Kitamura, disponible en DVD le 27 janvier 2021 chez AB Vidéo.

Acteurs : Ruby Rose, Jean Reno, Aksel Hennie, Rupert Evans, Julian Feder, David Sakurai, Louis Mandylor, Hideaki Ito…

Scénario : Lior Chefetz, Harry Winer & Joe Swanson, d’après une histoire originale de Greg Williams & Matt McAllester

Photographie : Matthias Schubert

Musique : Aldo Shllaku

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Après un attentat violent et traumatisant, une ex-Marines, est de retour chez elle à New York. Devenue concierge d’un immeuble en rénovation, elle se retrouve confrontée à des mercenaires bien décidés à mettre la main sur une précieuse oeuvre d’art.

Née en 1986, la mannequin et comédienne australienne Ruby Rose est devenue célèbre à la télévision dans la série Orange Is the New Black (saisons 3 et 4) où elle interprétait le rôle de Stella Carlin, ainsi que dans le Arrowverse (du moins ce qu’il en reste), où elle tenait dernièrement le rôle de Kate Kane alias Batwoman, avant de jeter l’éponge au bout d’une saison. Elle se fait aussi remarquer au cinéma dans le genre action, les réalisateurs n’hésitant pas à se servir de son corps sec, musclé et tatoué pour mettre en avant son côté bad-ass. Ainsi, depuis 2016 l’actrice aura enchaîné Resident Evil : Chapitre Final de Paul W.S. Anderson, xXx : Reactivated de D.J. Caruso, John Wick 2 de Chad Stahelski et En eaux troubles – The Meg de Jon Turtletaub. Pour la première fois, Ruby Rose tient le haut de l’affiche dans The Doorman, une toute petite série B, cette fois encore d’action et nerveuse, réalisée par le japonais Ryûhei Kitamura, metteur en scène des acclamés Heat After Dark (1996), Down to Hell (1997) et Versus, l’ultime guerrier (2000). C’est avec The Midnight Meat Train, qu’il entame sa carrière américaine en 2008, en dirigeant Bradley Cooper et Vinnie Jones dans ce film d’épouvante déjà culte. Suivront No One Lives (2013) avec Luke Evans et le survival Downrange (2017). Ceux qui suivent le cinéaste depuis plusieurs années seront peut-être déçus de le voir signer avec The Doorman un film plus classique, pour ne pas dire trop propret. Pourtant ce « Die Hard de chez Wish » est clairement un petit hommage au chef d’oeuvre de John McTiernan, sans prétention, sans beaucoup d’argent non plus, qui parvient sans mal à divertir avec des effets, une recette, des ficelles et des rebondissements ultra-prévisibles, mais toujours aussi efficaces, si le spectateur a pris soin au préalable de laisser son cerveau au vestiaire. Si tel est le cas, The Doorman remplit son contrat et Ruby Rose, dans un rôle improbable où elle est supposée mettre à terre des mecs de plus cent kilos, s’en tire honorablement, surtout face à un Jean Reno complètement endormi et que personne n’a pris soin de réveiller depuis près de quinze ans.

Ex-Marines, traumatisée par un attentat violent où elle seule a survécu alors que ses camarades soldats ont perdu la vie, une jeune femme souffrant de stress post-traumatique, Ali, retourne chez elle à New York et devient concierge d’un immeuble de luxe en rénovation où réside son beau-frère veuf, également père de deux enfants. elle s’investit rapidement dans son nouveau job. Pourtant, très vite, une bande de mercenaires armés et dangereux, dirigée par le français Victor Dubois, débarque dans le bâtiment puis prend en otage les résidents. Ils sont déterminés à mettre la main sur d’anciens tableaux de maître soigneusement cachés par un ancien officier allemand dans les murs de l’appartement du frère d’Ali. Cependant, ils ignorent son passé et sa force physique. D’autant plus qu’elle décide de les combattre seule contre tous pour protéger son frère et les autres locataires…

Franchement, on est d’accord, rien n’est crédible ou plausible dans The Doorman, mais après tout, pourquoi rechigner ? Car le film de Ryûhei Kitamura a beau avoir été fait avec un budget visiblement restreint et tourné en Roumanie (avec des fonds verts qui bavent quand l’histoire est supposée se dérouler à New York), rien ne nous empêche de passer un bon moment pendant 90 minutes, bien au contraire. The Doorman n’a souvent rien à envier à des productions bien plus friquées du même acabit du style Gerard Butler, Nicolas Cage, Scott Adkins, Steven Seagal et consorts, et profite de son décor, là aussi limité à celui d’un hôtel résidentiel en rénovation, à défaut d’un Nakatomi Plaza de 150 mètres de haut et de 35 étages, en ayant recours à quelques subterfuges et autant d’imagination que possible. Mais le meilleur effet de The Doorman demeure le charisme androgyne de Ruby Rose, qui avait déjà démontré son aisance dans les scènes d’action, notamment face à Keanu Reeves dans le second volet de la franchise John Wick. Si le montage aux pâquerettes dessert ses performances physiques, probablement pour incruster ses doublures professionnelles en arts martiaux, la comédienne s’en sort bien et parvient à nous faire croire que des types bâtis comme des armoires ne font pas un pli face à ce petit bout de femme.

Face à Ruby Rose, Jean Reno, qui incarne un français au nom bien de chez nous de Victor Dubois (qu’il n’arrête pas de répéter), passe quasiment tout le film assis, en arborant un visage fermé (sans doute sa seule expression) et en attendant que ça se passe, pendant que ses hommes de main, dont le norvégien Aksel Hennie (vu dans Seul sur Mars – The Martian de Ridley Scott et l’inénarrable The Cloverfield Paradox de Julius Onah) se tapent tout le boulot, autrement dit rechercher des tableaux volés, tout en essayant de se débarrasser de cette mouche dans le lait, ce petit rouage qui grippe, une emmerdeuse, qui contrecarre son plan pourtant bien rôdé. Mais pas de bol, si Dubois espérait que la bâtisse se vide de ses locataires, soit 63 appartements répartis sur dix étages, partis profiter de Thanksgiving en famille, les seuls habitants n’ayant pu partir vivent précisément là où les tableaux sont planqués ! Dubois est en plus poursuivi par la malchance quand il se rend compte que celle qui s’oppose à lui et à ses mercenaires, la nouvelle concierge, n’est autre qu’un ancien membre de la brigade de sécurité des Marines, décorée par la Silver Star (qui honore les militaires pour leurs actes de bravoure contre l’ennemi) et accessoirement la troisième femme distinguée de la sorte depuis la Seconde Guerre mondiale. Bref, rien ne se passe comme prévu.

Et le spectateur suit en mode pilotage automatique cet ersatz de Piège de cristal où Ryûhei Kitamura ne s’embête pas et reprend quasiment la même structure (ses trois scénaristes plutôt), ainsi que les divers affrontements, mis au goût du jour, parfois en tentant quelques trucs avec sa caméra, comme durant la dernière baston. Alors, laissons toute psychologie de côté, même si le film tente d’instaurer un état de stress post-traumatique chez Ali, qui disparaît finalement au bout de cinq minutes, et profitons de ce que The Doorman a de mieux à offrir, une sympathique petite lobotomie d’1h30 qui ne laisse d’ailleurs aucun souvenir. Mais se déconnecter parfois totalement ne fait vraiment pas de mal.

LE DVD

The Doorman débarque en France directement en DVD chez AB Vidéo. Jaquette sobre, typique de l’éditeur, qui use souvent d’un fond blanc et d’une calligraphie rouge. Le menu principal est animé et musical.

Aucun supplément sur ce disque.

L’Image et le son

L’un des points positifs de The Doorman demeure sa photographie, soignée et réalisée par le chef opérateur Matthias Schubert, dont les partis pris sont bien rendus à travers cette seule édition Standard. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie. Le piqué est suffisamment affûté (avec des baisses de régime ceci-dit), les gros plans détaillés et la colorimétrie de fort bon acabit. Les détails sont aussi très appréciables.

Concernant les pistes Dolby Digital 5.1., en français comme en anglais, la scène latérale distille ses effets avec une étonnante parcimonie et il faut véritablement attendre les quelques séquences d’action (des gunfights essentiellement) pour que la spatialisation se fasse enfin concrète et que le caisson de basses se réveille. Sans grande surprise, la version originale se révèle plus naturelle et riche que la piste française où les dialogues manquent parfois de punch et d’intelligibilité sous la percutante balance frontale. Les Stéréo assurent le spectacle, sans fausse note et avec une efficacité chronique. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé à la volée. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français, destinés aux spectateurs sourds et malentendants.

Crédits images : © AB Vidéo / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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