Test DVD / Tais-toi quand tu parles, réalisé par Philippe Clair

TAIS-TOI QUAND TU PARLES réalisé par Philippe Clair, disponible uniquement en coffret DVD Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair le 5 novembre 2024 chez Cinéfeel.

Acteurs : Aldo Maccione, Edwige Fenech, Jacques François, Philippe Clair, Tarak Harbi, Clément Harari, Jack Lenoir, Bernard Pinet, Daniel Derval, Philippe Nicaud, Dominique Zardi, Nico Il Grande, André Nader…

Scénario : Philippe Clair & Enrico Oldoni

Photographie : Mario Vulpiani

Musique : Armando Trovajoli

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Giacomo est un chômeur passionné par l’univers de James Bond qu’il s’imagine être en rêve. Sans le savoir, il est suivi par des agents secrets qui le prennent pour James, un espion français qui a disparu à Tunis lors d’une mission et qu’ils suspectent de s’être dissimulé sous une fausse identité. Giacomo, persuadé d’être dans un rêve, se retrouve bientôt à Tunis pour terminer la mission entamée par James…

Au début des années 1980, il signore Aldo Maccione a déjà 45 ans. Si son visage est bien connu des spectateurs français, qui ont ri devant ses pitreries et sa mythique démarche dans L’Aventure c’est l’aventure de Claude Lelouch (3,8 millions d’entrées) et Mais où est donc passée la 7ème Compagnie ? de Robert Lamoureux (3,9 millions), peu de réalisateurs se sont encore décidés à lui faire porter un film sur ses épaules. À deux reprises, Pierre Richard a partagé l’affiche avec le comédien italien, Je suis timide mais je me soigne (2,5 millions) et (2,2 millions), signe que le public hexagonal a de l’affection pour Aldo la classe. Ce dernier voit enfin l’opportunité de trôner en haut de la distribution, sans autre grande vedette à ses côtés, avec Tais-toi quand tu parles, écrit et mis en scène par Philippe Clair, avec lequel Aldo Maccione avait collaboré dix ans auparavant dans La Grande Maffia. Un pari réussi puisque plus de deux millions de français viendront voir cette comédie franco-italienne (avec du sang marocain et tunisien certes), où Aldo donne la réplique à la sublime Edwige Fenech,les deux acteurs s’étant déjà croisés sur Sexycon de Sergio Martino, Lâche-moi les jarretelles de Luciano Martino, La Toubib se recycle de Michele Massimo Tarantini et Je suis photogénique de Dino Risi. Un couple qui fonctionne à l’écran, avec d’un côté l’italien au physique de prolo certain de ressembler à Marcello Mastroianni, et de l’autre la sculpturale créature qui se matérialise dans tous les rêves humides de ces messieurs de la puberté jusqu’au trépas. Philippe Clair sort de Rodriguez au pays des merguez (quel titre extraordinaire), parodie du Cid de Pierre Corneille, produit par Tarak Ben Ammar, qui au même moment finançait également Monty Python : La Vie de Brian de Terry Jones et Jésus de Nazareth de Franco Zeffirelli. Tais-toi quand tu parles, onzième long-métrage du réalisateur, dispose d’un bon budget et emmène sa distribution en Tunisie via Tunisair (la caméra se pose assez longtemps sur le logo histoire de bien l’imprimer dans nos neurones) pour une histoire rocambolesque bien représentative de Philippe Clair. Ça part dans tous les sens, les gags (mous ou réussis, il y en a pour tous les goûts) s’enchaînent à vitesse grand V, le récit est nawak à souhait, mais comme bien souvent chez Clair, la bonne humeur y est contagieuse et il se dégage de cette comédie « d’espionnage » une énergie contagieuse. Si beaucoup d’éléments s’avèrent impensables en 2024 (les cul-serrés diront irresponsables), Tais-toi quand tu parles est assurément l’un des meilleurs opus de son auteur.

Giacomo a une idole: James Bond. Quand il rêve, il rêve de lui, de ses aventures mirobolantes, surtout en Tunisie, et d’une femme très belle, Belle. En réalité il est au chômage, accablé par une mère obsessive qui l’appelle continuellement pour savoir s’il a porté son débardeur en laine et il est soigné par un médecin qui se prend pour Einstein. Finalement Giacomo est suivi par des personnages bizarres, kidnappé et transporté en Tunisie pour vivre une des merveilleuses aventures de ses rêves, parmi des dangers de tout genre… et il fait la connaissance de Béatrix.

Philippe Clair coécrit le scénario avec Enrico Oldoini (Valse d’amour, Les Deux fanfarons). Tais-toi quand tu parles démarre de façon classique, en parodiant les James Bond avec Sean Connery (quelques références à Goldfinger et Opération Tonnerre notamment), quand Aldo/Giacomo s’imagine dans le smoking blanc de Sean Connery, prenant un tampon sur lequel sont imprimées ses initiales, pour ensuite estampiller la croupe levée de demoiselles en bikini qui ne demandent que ça. Adèle Haenel, prends garde ! Philippe Clair installe son personnage principal dans un appartement miteux de la capitale, avant de l’emmener vivre de folles aventures dans un palace tunisien où l’attendent des sbires improbables qui veulent lui trouer la peau. Philippe Clair, également présent à l’écran, s’entoure d’acteurs venus pour déconner (l’immense Jacques François, Daniel Derval dans son rôle habituel de grande folle qui hurle, Nico Il Grande et André Nader en tueurs improbables), même s’il est difficile de détacher le regard d’Edwige Fenech, dont les formes avantageuses sont constamment mises en valeur par ce coquin de Fifi, allant même jusqu’à réinterpréter la sortie des eaux d’Ursula Andress dans James Bond 007 contre Dr No. Alors qu’elle tournait encore jusqu’à cinq films par an, la belle Edwige allait se faire plus rare, même si elle venait d’apparaître encore chez Sergio Martino, Dino Risi, Pasquale Festa Campanile, Alberto Sordi et Bruno Corbucci. Impossible de rester de marbre devant Belle/Béatrix et on comprend alors Giacomo qui saura affronter les dangers pour gagner le coeur (et autres) de celle qu’il imaginait déjà dans ses rêves.

Alors bien sûr, tout cela a vieilli, nous ne sommes pas chez Francis Veber, Gérard Oury ou Claude Zidi, mais pourtant un charme émane de Tais-toi quand tu parles, qui a de la tenue dans sa photographie (Mario Vulpiani, chef opérateur de Comment tuer un juge de Damiano Damiani, Terreur sur la lagune et Il gatto dagli occhi di giada d’Antonio Bido, Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ de Jean Yanne), dont le thème musical du maestro Armando Trovajoli (Nous nous sommes tant aimés, Fais-moi très mal, mais couvre-moi de baisers…) reste bien longtemps en tête quand on se remémore certaines conneries (cela n’est pas péjoratif) du film. Philippe Clair et Aldo Maccione remettront le couvert l’année suivante, en explosant encore plus le box-office avec Plus beau que moi, tu meurs

LE DVD

Cela fait plus de 25 ans, un bon quart de siècle oui, que les œuvres de Philippe Clair étaient attendues en DVD, puis en Haute-Définition. Ses films étant bloqués en raison de problèmes juridiques avec le producteur Tarak Ben Ammar, Philippe Clair ne les aura pas vu sortir de son vivant, puisque le réalisateur nous a fait la mauvaise blague de nous quitter en 2020 à l’âge respectable de 90 ans. 2024, grande nouvelle ! L’éditeur Cinéfeel sort le 5 novembre un coffret 7 DVD intitulé Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair, comprenant, Déclic et des claques (1.66), La Grande Java (restauration 4K, 1.66), Le Grand Fanfaron (1.66), Comment se faire réformer (1.66), Les Réformés se portent bien (1.66), Ces flics étranges… venus d’ailleurs (1.66), Rodriguez au pays des merguez (1.66), Tais-toi quand tu parles ! (1.66), Plus beau que moi, tu meurs (2.35), Par où t’es rentré, on t’a pas vu sortir ! (2.35), que nous passerons évidemment tous en revue ! À noter que Plus beau que moi, tu meurs et La Grande java seront disponibles à l’unité en Blu-ray. Parallèlement, Gaumont sort Si tu vas à Rio… tu meurs en Haute-Définition. Les fans vont être aux anges, même s’il manque toujours Le Führer en folie ou bien encore L’Aventure extraordinaire d’un papa peu ordinaire. Toujours est-il que nous commençons l’exploration de coffret avec Tais-toi quand tu parles, le préféré de l’auteur de ces mots. Le disque propose un double programme, puisque le film est couplé avec Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir. Le menu principal est fixe et muet.

Aucun supplément sur ce disque.

L’Image et le son

La copie présentée s’en sort plutôt bien. L’image est propre, aucune poussière, pas de poils en bord de cadre, ni de griffure. Le confort est suffisamment assuré, c’est stable, les couleurs sont honnêtes (un peu ternes ceci dit) et les contrastes acceptables. Pas une grande définition certes, le piqué est guère acéré, mais au moins Tais-toi quand tu parles est arrivé à bon port et c’est déjà ça.

Voici une piste Mono 2.0 de fort bon acabit, nette, dynamique et délivrant les dialogues ainsi que la partition avec une belle fermeté. Pas de sous-titres destinés au public sourd et malentendant…

Crédits images : Cinéfeel / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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