PRENDS TA ROLLS…ET VA POINTER ! réalisé par Richard Balducci, disponible en DVD depuis le 16 mars 2022 chez LCJ Editions & Productions.
Acteurs : Jean Lefebvre, Micheline Luccioni, Patricia Elig, Marco Perrin, Jacques Ardouin, Henri Génès, Max Montavon, Bruna Giraldi, Gérard Hernandez, Maria Montalba, Fred Pasquali, Robert Dalban, Bouboule, Philippe Castelli, Jean Saudray…
Scénario : Richard Balducci & René Havard
Photographie : Marcel Combes
Musique : Gilles Tinayre
Durée : 1h36
Date de sortie initiale : 1981
LE FILM
Les Vignault partent en vacances dans le Roussillon, chez un cousin. Camille, le père, découvre par hasard au fond d’un garage une vieille voiture, qu’il achète à bas prix. La famille prend alors la route de l’Espagne, mais le véhicule tombe en panne dans une petite ville. Le garagiste découvre qu’il s’agit d’une Rolls Royce, un modèle unique de très grande valeur…
Tiens, cela faisait longtemps que nous ne nous étions pas fait un Jean Lefebvre movie ! Est-ce en raison de l’été enfin arrivé, qui annonce les sempiternelles rediffusions de la saga du Gendarme de Saint-Tropez ou celle de La Septième Compagnie ? L’envie de se refaire une bonne comédie franchouillarde, ou une mauvaise, mais à bon escient ? Besoin de se détendre ? Alors aujourd’hui ce sera Prends ta Rolls…et va pointer !, réalisé par le légendaire Richard Balucci (1922-2015). Celles et ceux qui voudraient en savoir plus sur la carrière de ce dernier, se reporteront sur notre article consacré à N’oublie pas ton père au vestiaire (1982), car cela mérite le détour. Prends ta Rolls…et va pointer ! sort justement durant les vacances estivales de cette heureuse année 1981, pendant que Sylvia Kristel attire plus d’un million de spectateurs avec L’Amant de lady Chatterley – Lady Chatterley’s Lover de Just Jaeckin et juste avant les triomphes d’Alain Corneau avec Le Choix des armes et de Jean-Marie Poiré avec Les Hommes préfèrent les grosses. Le 12 août 1981, gros dilemme pour les cinéphiles…les affiches du Jour se lève et les conneries commencent… de Claude Mulot, des Folies d’Elodie d’André Génovès et de Prends ta Rolls…et va pointer ! sont encore mouillées par la colle fraîche. Près de 700.000 adeptes du gros rouge qui tâche viendront rire ou ronfler devant les aventures de Jean Lefebvre au volant de ses voitures britanniques. Plus de quarante ans après, comment percevoir ce divertissement ? Avec tendresse, nostalgie aussi sans doute. Moins nanardesque qu’il n’y paraît, Prends ta Rolls…et va pointer ! fonctionne comme road-movie nawak, qui sent parfois (souvent même) l’impro, où l’on imagine les deux scénaristes Richard Balducci et René Havard (Charlots Connection, Un merveilleux parfum d’oseille, Un taxi pour Tobrouk) se demander le matin ce qu’ils vont bien pouvoir donner à jouer à leur tête d’affiche. Évidemment, ce genre de spectacle est complètement obsolète et les gags éculés, mais on ne peut pas s’en empêcher, on garde une très grande affection pour Jean Lefebvre, son phrasé au ralenti, son regard de Droopy et sa tronche de poinçonneur du métro.
Camille Vignault est un brave banlieusard quinquagénaire qui n’arrête pas d’avoir la poisse, surtout dans sa vie professionnelle. Heureusement, il y a ce qui fait sa joie de vivre : sa femme Germaine, sa fille ainée Mireille, belle comme le soleil avec ses 16 ans provocants, Patrick 12 ans, le petit roublard, et Alexia 8 ans, la perle. Victime encore une fois d’un accident de travail, Camille décide de profiter de ses deux semaines d’arret pour aller en famille rendre visite aux cousins Royer qui ont une ferme dans le Roussillon. Au cours du séjour, derrière de vieux tonneaux et recouvert de paille, Camille découvre un monstre d’un autre temps, jaune avec des grandes ailes noires. Camille le marchande au cousin Royer, et voila la famille Vignault partie pour l’Espagne. C’est alors que va commencer une histoire incroyable car le « monstre » est une superbe rolls. La Maison Rolls-Royce leur en proposera un prix d’or, les douaniers deviendront souriants, les snobs les inviteront. Après maints rebondissements, Camille Vignault, tout en restant victime de cette poisse indélébile, saura trouver avec sa famille le bonheur et la volupté.
Il y a un petit côté Tuche avant l’heure dans Prends ta Rolls…et va pointer !, preuve qu’Olivier Baroux et Jean-Paul Rouve n’ont évidemment rien inventer avec leur franchise à succès et qu’ils se sont contentés essentiellement de reprendre de vieilles recettes et de les mettre au goût du jour. Dans le film de Richard Balducci, on observe une famille française durant leurs vacances au début des années 1980, les parents, les deux gamins et le chien, tous entassés dans une bagnole surchauffée. La musique improbable de Gilles Tinayre (Confidences d’une petite culotte de Michel Caputo) à base de pouët-pouët donne le ton d’entrée de jeu, dans une usine d’embouteillement où travaille notre cher Camille (Jean Lefebvre donc), monsieur Scoumoune en personne, qui se blesse et se voit arrêter pendant quinze jours. Deux semaines durant lesquelles l’ouvrier et sa petite famille vont se mettre au vert…sans imaginer les aventures qui les attendent. L’occasion pour Richard Balducci de montrer topless la ravissante Patricia Elig (future abonnée des séries AB comme Le Miel et les Abeilles, Les Nouvelles Filles d’à côté, Les Vacances de l’amour), ce qu’il fera encore l’année suivante dans N’oublie pas ton père au vestiaire…, de faire jouer une fois de plus à Max Montavon une « folle » à la Zaza Napoli (comme dans Drôles de zèbres de Guy Lux, On n’est pas des anges… elles non plus de Michel Lang et Les Diplômés du dernier rang de Christian Gion), de demander à Marco Perrin et Henri Génès d’appuyer leurs accents respectifs (car ça fait rire), tandis que Gérard Hernandez, qui interprète un garagiste espagnol, fait une corrida avec une Rolls Royce et que Jacques Ardouin prend l’accent anglais du style « Lesson One, Part Two ! ». Quelques potes viennent faire une petite apparition, comme Robert Dalban, Bouboule, Philippe Castelli, Jean Saudray, histoire de payer un arriéré d’impôts et de profiter d’une tournée d’anisette sous le soleil de Collioure et de Canet-en-Roussillon.
On ajoute à tout cela deux petits comédiens très mignons et convaincants (ceux qui jouent les plus jeunes enfants de Camille alias Gros Lapin et Germaine aka Bibiche), la bonne humeur contagieuse de Micheline Luccioni (Maxime, Maigret et l’affaire Saint-Fiacre, Le Distrait), une télé qui prend feu et une machine à laver qui prend l’eau, des douaniers peu catholiques, des dialogues rigolos (« Je peux tout de suite te faire un papier sur ce genre de clients ! C’est plus snob que nature, ça se parfume chez Guerlain, ça écrit par télex, ça compte par milliards et ça cause qu’avec des ordinateurs, mais ça vote à gauche pour pas passer pour des cons ! »), des quiproquos à base de coco râpée prise pour de la cocaïne par des motards, un petit clin d’oeil au Gendarme de Saint Tropez (en fait un gros plan pas fin sur l’affiche du film dans…bah une gendarmerie pardi), des manifestants aux dents gâtées.
C’est beaucoup, c’est trop, mais Richard Balducci en remet une dernière couche durant le générique de fin avec la chanson Tout baigne dans l’huile, entonnée par Bruna Giraldi (qui joue aussi dans le film) et surtout un Jean Lefebvre au bord de l’apoplexie. Ce ne sont pas les idées qui manquent dans Prends ta Rolls…et va pointer !, juste une mise en scène et un montage acceptables. D’autres éléments encore sûrement. Mais on s’amuse toujours devant cette pantalonnade.
LE DVD
Prends ta Rolls…et va pointer ! était déjà sorti en DVD, en 2005 chez Opening. Les fans de Jean Lefebvre (il y en a, si si!) s’impatientaient de voir le film de Richard Balducci resurgir dans les bacs. C’est le cas, mais il s’agit juste d’un changement de crèmerie, en l’occurrence LCJ Editions & Productions. A cette occasion, la jaquette récupère le visuel d’exploitation originale, repris aussi pour le menu principal fixe et musical.
Aucun supplément.
L’Image et le son
Sans surprise, Prends ta Rolls…et va pointer ! est présenté au format 4/3. La copie est stable, mais les couleurs sont ternes (c’est même jaunâtre par moments) ou bavent, le piqué émoussé, la gestion des contrastes complètement aléatoire. Certaines poussières demeurent, ça pixelise, c’est flou, c’est moche il faut bien le dire. Mais dans l’ensemble et d’après nos souvenirs, l’image est conforme à celle que l’on voyait lors des diffusions à la télévision.
Un mixage Stéréo sans esbroufe, propre, aux dialogues nets. Pas de sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants.