POUR L’HONNEUR réalisé par Philippe Guillard, disponible en DVD le 6 septembre 2023 chez Studiocanal.
Acteurs : Olivier Marchal, Olivia Bonamy, Mathieu Madénian, Solène Hébert, Camille Aguilar, Tom Villa, Saabo Balde, Sâm Mirhosseini…
Scénario : Philippe Guillard & Eric Fourniols
Photographie : Denis Rouden
Musique : Gisèle Gérard-Tolini
Durée : 1h33
Date de sortie initiale : 2023
LE FILM
Trocpont-sur-Vézère et Tourtour-les-Bains, deux petits villages du Sud de la France, se livrent depuis toujours une impitoyable guerre de clocher. Symbolisée par un redoutable derby entre les deux équipes de rugby, Trocpont a incontestablement pris l’ascendant mais une arrivée inattendue de demandeurs d’asile va changer la donne et bouleverser la vie de ces deux villages.
Il persiste le bougre ! Depuis le joli succès dans les salles de son premier long-métrage, Le Fils à Jo (2011) qui avait attiré plus d’1,2 millions de spectateurs, Philippe Guillard, ancien joueur de rugby (« un sport de brutes pratiqué par des coeurs tendres ») reconverti dans le cinéma, a signé trois autres films, On voulait tout casser (2015), Papi Sitter (2020) et J’adore ce que vous faites (2022), qui se sont tous méchamment vautrés au box-office. Rebelote avec Pour l’honneur, qui n’aura pas dépassé la barre des 175.000 entrées et pour cause…N’y allons pas par quatre chemins, il s’agit ni plus ni moins d’un des pires films de l’année 2023. Rien, absolument rien ne fonctionne, le casting, l’alchimie entre les « comédiens », la mise en scène, l’humour, le message, tout y est catastrophique. En martelant son discours sur la fraternité et l’entraide avec la délicatesse et l’humilité d’un Jean Messiha qui annonçait son départ de Reconquête après l’annonce des résultats du premier tour en 2022, Pour l’honneur se prend les pieds dans le tapis dès la première scène, celle de la réunion du village où les idéologies s’opposent, autrement dit les deux extrêmes. D’un côté, la tenancière d’un bar-hôtel, qui ouvrira son établissement à une poignée de migrants (avec lesquels ils chanteront Je l’aime à mourir de Francis Cabrel, qui a d’ailleurs signé la chanson de la bande originale) venus de Côte d’Ivoire, du Mali, d’Afghanistan, du Congo, de Syrie…et de l’autre un type d’origine allemande (évidemment) qui voit d’un mauvais œil cette installation forcée. Comment résumer la situation…Dans la France profonde, on n’aime pas les noirs et les arabes, même si on nous dit que « le noir ça déteint pas ». Dans toute la France profonde ? Noooon ! Quelque part près de Brive, une brave hôtelière ouvre ses portes à une dizaine de migrants…et si parmi eux il y avait des possibles recrues pour intégrer leur équipe locale de rugby ??? Hein ??? Mais c’était sans compter le dénommé Gantzer, qui avec son nom nazi déteste ce qui a la peau bronzée ! Ces gens là gênent…surtout que l’usine qui fait vivre la région est spécialisée dans le jambon, ce n’est sûrement pas avec eux que leur chiffre d’affaire va croître ! Non mais alors ma bonne dame ! Je vous remets un gros rouge qui tâche ? Philippe Guillard, c’est un peu un sous-Christophe Barratier, qui a probablement la musique de la publicité pour les saucisses Herta (« ne passons pas à côté des choses simples ») comme sonnerie de téléphone, qui écoute un best-of de Sandrine Rousseau sur YouTube, qui met des pouces en bas sur les vidéos de Charlotte d’Ornellas sur le même réseau, qui a sorti le rouleau de Sopalin devant la cérémonie d’ouverture de la coupe du monde de rugby et qui est venu trop vite quand Jean Dujardin a montré ses miches (de pain). C’était le bon temps aurait chanté Francis Kuntz de Groland. En l’état, Pour l’honneur est une horreur absolue, tant sur le fond que sur la forme, jusqu’à l’affiche où les personnages paraissent, comme le dirait Orson Welles, se foutre de notre gueule. À vos risques et périls…
C’est du lourd le C.V. de Philippe Guillard, coscénariste de 3 zéros, People, Camping et sa première suite, Disco et Turf ! Des trucs pondus qui ne sentent pas bon de Fabien Onteniente. Autant dire qu’il a été à bonne école ! On retrouve le même « style », en pire, si cela est possible, car là où le talent de Franck Dubosc pouvait donner un certain « intérêt » aux horreurs de l’ennemi Fabien, aucun acteur ne suscite l’empathie chez Philippe Guillard, car ceux-ci semblent vivre constamment dans un autre monde, loin des réalités. L’auteur de ces mots a déjà parlé moult fois d’Olivier Marchal, toujours coiffé comme un dessous de bras, le menton gris et dru comme une paille de fer, les yeux de cocker battu, le visage marqué comme si les draps y avaient imprimé leurs marques après une petite sieste de 8 heures improvisée après avoir éclusé une bouteille de JB. Pour sa troisième collaboration avec Philippe Guillard, il « incarne » Marco Bianchoni, un mec un peu ronchon, qui parle comme s’il avait du coton dans la bouche et qui gueule souvent envers son équipe de rugby.
Heureusement, pour équilibrer son quotidien, il peut compter sur son épouse, Anabella, qui a le coeur sur la main et l’autre main sur la tireuse à bière. C’est la revenante Olivia Bonamy, qui n’a pas beaucoup bougé depuis Le Ciel, les Oiseaux et…ta mère ! (c’était il y a un quart de siècle quand même), mais qui n’avait pas fait grand-chose en vingt ans de carrière, qui interprète l’épouse de Marco. La désormais milfisante Olivia est certes toujours aussi plaisante à regarder, mais son rôle n’est guère enthousiasmant. Le reste du casting est sans intérêt, avec d’un côté un Mathieu Madénian irritant (pléonasme), un Philippe Duquesne aux yeux exorbités et même Patrick Sébastien qui fait une petite apparition en prenant la pose du Papet de Jean de Florette. Un peu plus et ils nous faisaient une imitation ratée d’Yves Montand.
Pour l’honneur dégouline de bons sentiments et s’arrête à deux archétypes. Soit le villageois est gentil car il accueille le migrant demandeur d’asile, soit il est (très) méchant car il a osé ouvrir la bouche, même s’il était juste sur le point de bailler. On se demande constamment sur quelle planète vivent Philippe Guillard et son coscénariste Eric Fourniols (ancien assistant d’Ariel Zeitoun, la classe à Dallas quoi, un cador), pour être aussi déconnecté de tout, du point de vue social, politique et même cinématographique. Chez Guillard, un africain se prénomme De Gaulle (et il est professeur d’histoire géographie), comme quoi il ne peut pas être mauvais et même avoir de bonnes valeurs, « comme à l’ancienne ».
Inodore, incolore, cousu de fil blanc et noir, Pour l’honneur est un film comme qui dirait Modem, qui blablate, qui semble concerné par beaucoup de choses, mais qui ne comprend rien et ne s’adresse à personne.
LE DVD
Après son bide dans les salles, Pour l’honneur ne connaît une seconde chance qu’en DVD chez Studiocanal. Le disque repose dans un boîtier Amaray classique. La jaquette reprend le visuel de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est fixe et muet.
Aucun supplément.
L’Image et le son
Studiocanal nous propose un très beau master de Pour l’honneur. Respectant les volontés artistiques du réalisateur et de son directeur de la photographie Denis Rouden (Jumeaux mais pas trop, Adieu monsieur Haffmann, La Ch’tite famille), la copie affiche une colorimétrie soignée, des contrastes de belle tenue et un piqué plutôt ferme, mais qui reste sensiblement émoussé sur les séquences sombres. L’image est propre, sans fioritures, les gros plans impressionnent par leur précision et la clarté est de mise. Les scènes en extérieur sont très belles et leurs teintes soignées.
Deux choix possibles, une écoute frontale riche et dynamique en Stéréo, ou bien une spatialisation solide et un plus grand confort acoustique en Dolby Digital 5.1. Dans les deux cas, l’écoute demeure ardente, fait une large place aux dialogues tout en mettant à l’avant la musique du film. Les effets latéraux et ambiances naturelles pointent habilement le bout de leur nez. Nous trouvons aussi une piste de sous-titres français destinés pour sourds et malentendants, ainsi qu’une piste Audiodescription.