L’INTOUCHABLE, HARVEY WEINSTEIN (Untouchable) réalisé par Ursula Macfarlane, disponible en DVD le 3 janvier 2020 chez Le Pacte
Acteurs : Erika Rosenbaum, Nannette Klatt, Caitlin Dulany, Zelda Perkins, Hope d’Amore, Harvey Weinstein, Paz de la Huerta, Rosanna Arquette, Ronan Farrow…
Photographie : Neil Harvey, Amza Moglan, Patrick Smith
Musique : Anne Nikitin
Durée : 1h35
Date de sortie initiale : 2019
LE DOCUMENTAIRE
L’histoire de l’ascension et de la chute du magnat d’Hollywood Harvey Weinstein. Comment il a acquis et préservé sa toute-puissance au fil des décennies, même quand le scandale menaçait. D’anciens collaborateurs et plusieurs de ses accusatrices décrivent son mode opératoire, ainsi que les conséquences de ses abus sexuels présumés, dans l’espoir que justice soit faite et que les choses bougent enfin…
« Le plus terrible, c’est que le système a permis que ça arrive… ».
Un film centré sur le producteur Harvey Weinstein était une évidence. Si certains y verront un documentaire opportuniste et malgré sa facture on ne peut plus classique, force est de constater que l’oeuvre d’Ursula Macfarlane remet de nombreuses pendules à l’heure et s’avère un constat implacable sur l’un des pires monstres de la fin du XXe siècle. L’Intouchable Harvey Weinstein demeure un film glaçant et souvent passionnant, construit sur le principe d’une tragédie grecque (ascension, revirement, chute), et dont les divers témoignages serrent les tripes du début à la fin.
Untouchable revient évidemment sur l’affaire Harvey Weinstein, producteur influent d’Hollywood et du cinéma américain né en 1952. Un film qui aura nécessité le contact de 400 personnes et qui contient les interviews d’actrices (connues ou non) qui ont accusé Harvey Weinstein de harcèlement ou d’agressions sexuelles, sans oublier les interventions d’anciens collègues et collaborateurs du fondateur de Miramax comme Mark Gill, ancien président de la société ou Abby Ex, ancienne cadre de production à The Weinstein Company, qui se confient face caméra et qui regrettent aujourd’hui de ne pas être intervenus alors qu’ils étaient tous au fait des agissements de leur boss. Ursula Macfarlane, qui avait entre autres consacré un documentaire sur les attentats de Charlie Hebdo dans 3 Days That Shook Paris (2015), s’évertue à donner la parole aux victimes moins célèbres, qui sont restées dans l’ombre, qui ont refusé de voir leurs carrières favorisées (dans le cinéma ou pas) en contrepartie de faveurs sexuelles. Pourtant, Erika Rosenbaum, Nannette Klatt, Caitlin Dulany, Zelda Perkins, Hope d’Amore ont toutes subi les assauts du Strauss-Kahn du monde du cinéma et peuvent enfin parler de ce qu’elles ont vécu. Plus connues, Rosanna Arquette et Paz de la Huerta interviennent également pour parler de leurs agressions ou tentatives d’agressions sexuelles dont elles ont été victimes de la part de Weinstein.
L’intouchable, Harvey Weinstein se regarde comme un thriller. Si la première partie évoque les débuts du producteur, la tension est immédiate et l’étau ne fera que se serrer à mesure que Weinstein devient un homme de pouvoir, craint par tous et qui contrôle une partie des médias, tout comme des autorités. Un individu plein aux as, capable de faire signer à l’une de ses victimes un contrat constitué de plusieurs clauses, indiquant que celle-ci s’engage à ne jamais mentionner ce qui a pu se passer ou lui interdisant de nuire à sa réputation, en contrepartie d’une somme conséquente qui s’élève à plusieurs centaines de milliers de dollars.
C’est aussi l’implacable revanche d’un ancien petit garçon rondouillard du Queens, qui a bâti un empire avec son frère Bob (absent de ce film et qui a toujours déclaré ignorer les crimes d’Harvey), pour enfin user de son pouvoir et de son influence sur n’importe qui. De l’élève discret à l’étudiant imbu de sa personne qui « se prenait pour le Parrain », jusqu’à son arrivée à Hollywood où il devient l’un des producteurs les plus primés de l’histoire du cinéma, le documentaire dresse le portrait d’un des plus gros monstres de l’histoire, car humain, qui a su façonner le monde selon ses envies, et qui pouvait surtout se le permettre à gros coups de millions de dollars. L’Intouchable Harvey Weinstein se clôt sur l’explosion du scandale sexuel dans les médias à la fin de l’année 2017 après l’article du New York Times (le 5 octobre 2017) écrit par Jodi Kantor et Megan Twohey et celui du journaliste d’investigation Ronan Farrow (qui interviennent tous les trois dans le film) dans le New Yorker (le 10 octobre), sur leurs conséquences mondiales avec notamment le mouvement #metoo qui a poussé beaucoup d’autres femmes à dénoncer les abus sexuels dont elles ont été victimes.
A l’heure de la rédaction de cette chronique, le procès du prédateur, qui plaide non-coupable pour tous les chefs d’inculpation, vient de s’ouvrir à New York pour deux accusations d’agressions sexuelles…
LE DVD
L’Intouchable, Harvey Weinstein dispose d’une édition en DVD chez Le Pacte. L’éditeur reprend le même visuel que l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.
Le Pacte accompagne cette édition d’une interview de la réalisatrice Ursula Macfarlane (19’35) qui revient sur son parcours (notamment à la télévision) et quelques sujets abordés dans ses précédents documentaires. Elle évoque également son intérêt pour « les sujets sensibles et douloureux », « révélateurs de l’âme humaine ». Ursula Macfarlane parle bien évidemment du film qui nous intéresse ici en indiquant la raison de ce documentaire, ses thèmes, le travail de documentation autour de cette affaire, ses rencontres, son approche et les témoins qui ont bien voulu participer à L’Intouchable, Harvey Weinstein. La structure du documentaire est aussi analysée, tout comme les partis pris, ainsi que le retentissement mondial de l’affaire et ses conséquences dans le monde entier.
L’Image et le son
Une édition DVD soignée avec une image au cadre élégant, une colorimétrie propre, un relief évident. L’encodage consolide l’ensemble avec fermeté, le piqué est appréciable, les noirs compacts et les contrastes denses. Quelques images d’archives forcément plus altérées.
Le mixage Dolby Digital 5.1 anglais instaure un excellent confort acoustique. La musique est constamment spatialisée, les petits effets latéraux naturels et convaincants, les voix bien délivrées par la centrale et les frontales en grande forme. Une piste Stéréo est également disponible.