L’ENFER DES TROPIQUES (Fire Down Below) réalisé par Robert Parrish, disponible en DVD et Blu-ray le 16 juillet 2019 chez Rimini Editions
Acteurs : Rita Hayworth, Robert Mitchum, Jack Lemmon, Herbert Lom, Bonar Colleano, Bernard Lee, Edric Connor, Peter Illing…
Scénario : Irwin Shaw d’après le roman de Max Catto
Photographie : Desmond Dickinson
Musique : Arthur Benjamin, Douglas Gamley, Kenneth V. Jones
Durée : 1h50
Date de sortie initiale : 1957
LE FILM
Aux Caraïbes, Felix Bower et Tony Finn, deux aventuriers, vivent de petits trafics. Moyennant une jolie somme d’argent, ils acceptent d’emmener clandestinement Irena, ex-danseuse au passé mystérieux, jusqu’à l’île de Santa Nada. Tony tombe amoureux d’elle. Les rapports entre les deux hommes dégénèrent.
Il y a des films qui n’ont apparemment rien de transcendant, mais qui pourtant fascinent en raison de leurs comédiens. Soyons honnêtes, L’Enfer des tropiques (1957) ne serait sûrement pas resté dans l’histoire du cinéma si le film de Robert Parrish (1916-1995), ancien comédien vu dans une dizaine de films de John Ford (également monteur parfois), n’avait pas eu comme têtes d’affiche Robert Mitchum, Rita Hayworth et Jack Lemmon. Ce film d’aventures et triangle amoureux pèche par son manque d’enjeux et d’un dernier tiers où l’histoire semble s’arrêter, s’immobiliser, se figer comme si le réalisateur ne savait plus quoi faire de ses personnages. Néanmoins, Fire Down Below, à ne pas confondre, mais ce serait difficile, avec le film de Steven Seagal du même nom et sorti en France sous le titre Menace toxique (parce qu’on aime toujours parler de tonton Stevie quand on en a l’occasion), reste une curiosité, assez lisse et proprette, qui vaut pour la confrontation de ses trois monstres hollywoodiens qui s’aiment et se déchirent dans des décors paradisiaques.
Felix Bowers et Tony Finn sont associés, ils font du cabotage à bord d’un vieux bateau dans la mer des Caraïbes. Contre une forte somme d’argent, ils acceptent d’amener clandestinement une femme, Irena, sur l’Île de Santa Nada. La belle Irena est sans papiers, elle fuit son passé trouble et veut franchir la frontière discrètement. Mais sa présence sur le bateau va perturber la tranquille harmonie des deux hommes. Tony, séduit par Irena, va très vite la courtiser mais l’exilée est plutôt attirée par Félix qui lui oppose une indifférence feinte. Tony croit que pour gagner le cœur d’Irena il doit trouver beaucoup d’argent. Il décide d’entreprendre seul une opération de contrebande. Félix fait échouer l’entreprise pensant qu’elle est trop dangereuse. Leur association désormais rompue, Tony se fait embaucher à bord d’un cargo. Mais lors d’une collision le bateau prend feu et Tony se retrouve coincé sous les débris.
En fait, quasiment tout le film est résumé ci-dessus. Il ne se passe pas grand-chose dans L’Enfer des tropiques dont le titre romanesque promet pourtant quelques échauffourées et autres réjouissances venimeuses. En réalité, Fire Down Below, inspiré par un roman de Max Catto, s’avère plutôt un drame, l’amitié entre deux baroudeurs, contrariée par l’arrivée inopinée d’une femme mystérieuse à laquelle Rita Hayworth prête évidemment son charme incandescent. Etonnamment, l’intrigue fait rapidement du surplace et peine à instaurer la tension que l’on était en droit d’attendre. Du coup, on visionne L’Enfer des tropiques sans véritable ennui, mais sans passion, si ce n’est celle d’admirer Rita Hayworth lors de la danse endiablée, de retour sur le devant de la scène après quatre ans d’absence des écrans, tandis que Robert Mitchum l’observe avec appétit. Une scène culte, pour un film finalement mineur.
Mais tout cela est imputable aux producteurs, Irving Allen, Albert R. Broccoli (avant de se lancer dans James Bond contre Dr. No) et Ronald Kinnoch, qui ont pris le film des mains de Robert Parrish, pour ensuite reprendre le montage. L’intrigue originale se déroulait sous forme de flashbacks durant lesquels le spectateur devait apprendre à connaître les personnages en pointillés, tandis que Tony, le personnage interprété par un Jack Lemmon au début de sa carrière au cinéma, tentait de s’extraire de la carlingue du bateau avec l’aide des secours, à mesure que le feu progressait. Autrement dit, tout ce qui contribuait au rythme, ainsi qu’à l’évolution psychologique des protagonistes s’est trouvé amoindri, si ce n’est annulé par les producteurs, peu confiants dans la structure originale. De nombreuses séquences ont été purement et simplement retirées, tout comme quelques personnages qui sont passés à la trappe, sans aucune concession, ni cohérence.
L’Enfer des tropiques fait donc parti de ces œuvres mutilées dont il ne reste que le spectre, mais que l’aura des trois stars parvient à faire vivre, survivre et même à faire passer à la postérité.
LE DVD
L’Enfer des tropiques était inédit en DVD dans nos contrées, et encore moins en Blu-ray. L’éditeur nous a fait parvenir l’édition standard, mais, nous y reviendrons, celle-ci est déjà très spectaculaire. Le DVD est logé dans un boîtier Amaray de couleur blanche, glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est animé sur la séquence de danse de Rita Hayworth.
Comme sur l’édition du Quatrième homme, nous retrouvons ce cher Jean-François Rauger qui présente les films, le parcours, les thèmes de prédilection et la carrière du réalisateur Robert Parrish (15’). Une introduction toujours enjouée concoctée par l’un de nos chouchous chez Homepopcorn.fr.
L’Image et le son
Nous l’évoquions un peu plus haut, le master SD proposé ici est tout simplement ébouriffant de beauté. Le Technicolor explose dès les premières minutes (voir l’apparition du titre Fire Down Below), la restauration est mirifique, la stabilité jamais prise en défaut. Le piqué est à se damner, tout comme la qualité du grain argentique, la profondeur des contrastes et le rendu des textures. L’un des plus beaux DVD de l’année. Sublime cadre 2.55, on en prend plein les yeux.
La version française Dolby Digital 2.0 mise trop sur le report des voix avec les immenses Claude Bertrand, Michel Roux et Jean-Claude Michel, qui doublent respectivement Robert Mitchum, Jack Lemmon et Herbert Lom. La musique est alors en retrait, tout comme les bruitages et les voix bien grinçantes. En revanche, la piste anglaise possède plus de coffre, notamment au niveau de la musique. Aucun souffle constaté. Les sous-titres français ne sont pas imposés. Notons également que dix secondes de la VF passent automatiquement en VOST durant dix secondes (à la 54e minute) comme l’indique un carton de l’éditeur.