LE PRINCE DES CHATS (Kocicí princ) réalisé par Ota Koval, disponible en DVD le 2 mars 2021 chez Artus Films.
Acteurs : Pavel Hachle, Zaneta Fuchsová, Winfried Glatzeder, Jana Andrsová-Vectomová, Vlastimil Hasek, Bohumil Vávra, Alena Kreuzmannová, Jana Andresíková…
Scénario : Ota Hofman & Ota Koval
Photographie : Andrej Barla
Musique : Lubos Sluka
Durée : 1h18
Date de sortie initiale : 1979
LE FILM
En Bohême, une famille doit emménager dans un vieux château, les parents devant y travailler. Les enfants Raduk et Teresa explorent les longs couloirs avec leur petit chat, en évitant le ténébreux Albert, le maître des lieux qui n’aime pas les chats. Ce dernier blessant leur chatte, les enfants trouvent un passage derrière un tableau, qui les conduira dans un pays merveilleux, duquel ils devront ramener l’élixir de vie, après avoir affronté maints dangers.
Le Prince des chats – Kocicí princ est un conte de fées tchécoslovaco-est-allemand, réalisé par Ota Koval, sorti sur les écrans en 1979. Ici, point d’adaptation d’un élément tiré des Mille et Une Nuits, des écrits des frères Grimm, d’Andersen ou de Charles Perrault, puisqu’il s’agit d’une histoire complètement originale coécrite par le cinéaste et l’écrivain Ota Hofman, tous les deux étant spécialisés dans les récits dédiés aux enfants et aux jeunes adultes. Tourné dans de magnifiques décors naturels (Tierpark Berlin, ou dans les environs de Dresde et de Prague) ou reconstitués dans les studios Barrandov de Prague, Le Prince des chats est une sorte d’Histoire dans fin – The NeverEnding Story avant l’heure, puisque l’intrigue transforme nos deux très jeunes protagonistes, en héros d’aventures qui devront mener une quête teintée de magie, pour pouvoir rentrer chez eux et sauver celle pour qui ils vont risquer leur existence, leur chatte. Film très court, ramassé sur 78 minutes, Le Prince des chats conserve un charme vintage indéniable, même si l’on ne peut s’empêcher de penser que certains animaux ont été malmené sur le plateau, à l’instar de ce chat tout simplement balancé dans les airs durant le générique, sur lequel les cartons se figent et le montrent effrayé. Évidemment, cela ne va sûrement pas aussi loin que le tournage cruel des Aventures de Chatran, film japonais, remanié aux Etats-Unis, où plusieurs dizaines de félins avaient semblent-ils été sacrifiés, mais il est évident que les chats vus dans le film ont été « forcés » dans quelques scènes. Heureusement, ces séquences sont plutôt limitées et le reste du temps, le spectacle est joliment assuré et bourré d’imagination.
Radek (Pavel Hachle) et sa petite sœur Terezka (Zaneta Fuchsová) déménagent avec leurs parents et leur chatte Liesel, d’une villa à un château isolé dans la neige profonde. La demeure est actuellement en cours de restauration par le grincheux Albert (Winfried Glatzeder), toujours vêtu de noir, qui possède un gros chien de la même couleur et déteste les chats. Liesel est sur le point de mettre bas, tandis que Radek promet de confier les chatons à diverses personnes, dont une camarade d’école dont le chat a été tué, un cocher sympathique et aussi la femme de ménage du château. Après leur naissance, Albert profite d’un moment pour aller noyer les chatons et leur mère, en les plaçant dans une boîte, qu’il lance dans la rivière. Les enfants parviennent à la récupérer, mais les animaux sont déjà morts et Liesel à l’agonie. Terezka découvre une peinture dans le château qui montre un prince qui ressemble trait pour trait à Radek. Ce dernier réussit à ouvrir le tableau à l’aide d’un mécanisme dissimulé et s’engouffre dans le passage. Il arrive dans une écurie où on lui demande de choisir une selle et un cheval, qui se transforme en équidé blanc de conte de fées, tandis que les vêtements de Radek changent soudainement, faisant de lui le « Prince des chats ». À sa demande, il emmène Terezka avec lui. Les deux enfants remarquent immédiatement qu’ils sont plongés dans un conte de fées, et se mettent à la recherche d’une eau-de-vie pour sauver Liesel. Selon les règles du conte de fées, Radek doit vaincre trois monstres – un dans les airs, un sur le sol et un sur l’eau. Avec l’aide de Terezka, Radek peut éviter de nombreux pièges. Ils rencontrent le Petit Chaperon Rouge, puis donnent une orange à une fée, qui leur confie en échange une herbe magique, tout en passant négligemment devant la maison d’une sorcière. Les enfants croisent aussi la route Blanche-Neige, forcément accompagnée des sept nains, ainsi que celle du Petit Prince et du Renard. Tout d’abord, Radek doit vaincre l’aigle-vautour maléfique, qu’il parvient non sans mal à vaincre, puis récupère le sang de la bête dans un flacon. Après cet exploit, Radek et Terezka sont reçus dans le château de la princesse, qui organise un bal en son honneur. Terezka soupçonne que le banquet, nourriture et boisson, les rendront amnésiques, comme dans les contes de fées, mais Radek est déjà tombé amoureux transi de la princesse et ne veut rien entendre…Les deux enfants réussiront-ils à se sortir des griffes de la princesse et à mener leur quête jusqu’au bout, dans l’espoir de sauver Liesel ?
Le Prince des chats contient son lot de péripéties et de scènes d’action destinées au jeune public et à leurs parents, qui ne regretteront pas ce voyage au pays de l’imaginaire. Au-delà des références, explicites ou non aux plus célèbres contes, ce divertissement coloré repose sur deux petits acteurs très crédibles, attachants, spontanés et investis, et même si Pavel Hachle, qui interprète Radek, est très bien, sa partenaire Zaneta Fuchsová lui vole aisément la vedette avec sa jolie frimousse et voir ce bout de chou haut comme trois pommes, devenir une guerrière courageuse et téméraire, vaut sacrément le détour. Les abonnés de Netflix reconnaîtront, ou pas, car le film a quand même plus quarante ans, le comédien Winfried Glatzeder, qui incarne ici le perfide Albert, et qui tenait le rôle d’Ulrich Nielsen dans la série à succès Dark.
Mention spéciale aux effets visuels fantaisistes, comme cette séquence où la princesse et sa cour se transforment en souris, qui confèrent au film une vraie poésie, toujours intacte aujourd’hui et qui pourra plaire aux spectateurs contemporains grâce à sa mise en scène dynamique et inspirée.
LE DVD
Après L’Histoire du Petit Muck, Artus Films propose Le Prince des chats en DVD, dans sa collection Aventures et Merveilles. Comme le premier, le disque repose dans un Slim Digipack au visuel très élégant, illustré par de très belles photos en N&B. Le menu principal est fixe et musical.
Cette fois encore, comme pour L’Histoire du Petit Muck, l’éditeur a confié la présentation du film à Christian Lucas (19’). Chapeau à l’animateur sur la chaîne YouTube Ciné Forever Vidéo, qui nous donne moult informations sur l’oeuvre méconnue du réalisateur Ota Koval, comme les conditions de tournage, la spécialité tchèque dans le domaine de l’animation, notamment dans l’adaptation de contes pour enfants, sur les lieux de tournage, les décors, la musique de Lubos Sluka, le coscénariste Ota Hofman, le casting, les références aux contes célèbres et la sortie du film. Rien à ajouter, cet exposé est impeccable et répond à toutes les questions que le spectateur pouvait se poser avant et après la séance.
L’interactivité se clôt sur un Diaporama.
L’Image et le son
La première bobine, en plus du générique, restent marqués par des poussières, des griffures, des tâches diverses et variées. Des défauts subsistent ensuite tout du long, des points blancs surtout, mais la copie est très stable, les contrastes corrects, malgré une palette chromatique un peu terne. L’épilogue où les enfants s’envolent dans les airs, nécessitant bien évidemment des effets spéciaux, est abîmé et constellé de scories.
La version française est soignée, dynamique et pleine de charme. Mais la piste tchèque s’en tire mieux avec des dialogues posés, plus naturels et où la belle composition de Lubos Sluka possède plus de coffre. Les sous-titres français ne sont pas imposés.