Test DVD / Le Grand fanfaron, réalisé par Philippe Clair

LE GRAND FANFARON réalisé par Philippe Clair, disponible uniquement en coffret DVD Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair le 5 novembre 2024 chez Cinéfeel.

Acteurs : Michel Galabru, Micheline Dax, Claude Melki, Carole Chauvet, Gilbert Servien, Philippe Clair, Ibrahim Seck…

Scénario : Freha Benzaken, Philippe Clair, Jean Max & Pierre Pelegri

Photographie : Alain Levent

Musique : Jacques Revaux & Hervé Roy

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Le lieutenant Gilles Castelet aurait aimé se marier comme tout le monde. Mais il a toujours été sous le charme sexuel de l’épouse du colonel Popoti. Une fois revenu à la vie civile, il tente désespérément de lui échapper, d’autant plus qu’elle est désormais veuve et qu’elle le chasse sans vergogne. Un jour, Gilles rencontre Charlie, un ancien copain de l’armée. Son ami, désolé de ce qui lui arrive, entreprend de le débarrasser de la possession dont il se trouve…

En réalité, tout le scénario se trouve condensé dans ce résumé. Philippe Clair vient de tourner Le Führer en folie. C’est déjà beaucoup. Trop sans doute. Devant l’accueil catastrophique du film, le réalisateur aurait pu prendre (beaucoup) de recul, mais que nenni ! Il décide de remettre le couvert avec Michel Galabru, avec lequel il s’apprête à tourner pour la troisième fois. Ce sera Le Grand fanfaron, exploité sous le titre Les Bidasses en cavale et même Le Grand fanfaron et le petit connard, Clair tentant de trouver l’amorce adéquate pour attirer le public qui boudait alors son nouveau chef d’oeuvre. Galabru est comme d’habitude un peu partout en cette belle année 1976, en passant allègrement de Claude Pierson (La Grande récré) à Aleksandar Petrović (Portrait de groupe avec dame), ou bien de Jean Girault (Le mille-pattes fait des claquettes) à Bertrand Tavernier (Le Juge et l’Assassin). Le grand écart en permanence. Quelques mois avant de recevoir le César du meilleur acteur pour son interprétation virtuose du sergent Joseph Bouvier, le comédien s’envolait en Inde avec Philippe Clair donc, pour y tourner une pantalonnade, tout en faisant un brin de tourisme par la même occasion. Le Grand fanfaron reprend la même structure qui sera usée jusqu’à la corde par le réalisateur et qu’il reprendra un peu plus tard pour Tais-toi quand tu parles et Plus beau que moi, tu meurs, à savoir cibler un ou plusieurs protagonistes, les montrer dans leur quotidien parisien, avant de les embarquer vivre de folles aventures au soleil où ils seront entourés de belles nanas. Cette fois, c’est Michel Galabru et Claude Melki (étrangement doublé par Philippe Clair) qui s’y collent. Il faut sacrément être en forme pour se farcir cet opus méconnu de Philippe Clair, qui repousse encore les limites du supportable, surtout durant la première partie. Une fois conditionné, le spectateur, la bave écumante, les yeux révulsés et les membres pris de tremblements, pourra aller au bout de ces difficiles 85 minutes, quand bien même l’ensemble tend à s’améliorer en cours de route. Complètement anecdotique et foutraque, Le Grand fanfaron contient tout de même de bons moments et signalons que nous avons rarement vu Michel Galabru ainsi, qui se fout tout simplement à poil pour son metteur en scène, qui court partout et qui s’investit physiquement. Rien que pour lui, Les Bidasses en cavale mérite au moins un visionnage.

Le Lieutenant Gilles, hanté par l’image de la Colonelle, désormais veuve, n’arrive pas à se marier avec d’autres femmes. Il se croit ensorcelé. Aussi avec Charlie, un ancien camarade de régiment, il décide de partir en Inde, pour solliciter les pouvoirs d’un guérisseur. Là-bas, les deux compères rencontrent Isabelle, dont Gilles tombe amoureux. Mais ils n’en sont pas au bout de leurs peines, cette charmante jeune fille se révélant être celle de la Colonelle. Ils essayent alors de supprimer définitivement cette femme encombrante, sans succès. Gilles apprend de surcroît que cette enfant est de lui.

Aaaah Les Bidasses en cavale…Il est malin Philippe Clair, ou comment profiter de l’engouement des spectateurs pour les histoires de soldats, de troufions de l’armée, depuis les triomphes des Bidasses en folie (1971) et Les Bidasses s’en vont en guerre (1973) de Claude Zidi, sans oublier Mais où est donc passée la septième compagnie (1973), Opération Lady Marlène (1974) et On a retrouvé la septième compagnie (1974). Comme un sous-genre à part entière qui a vu naître Le Jour de gloire de Jacques Besnard, Soldat Duroc, ça va être ta fête (1974) de Michel Gérard, tandis que Les Planqués du régiment, Les Bidasses aux grandes manœuvres, Arrête ton char…bidasse !, Marche pas sur mes lacets, Embraye bidasse, ça fume étaient sur le point d’éclore, Philippe Clair allait entamer sa « trilogie » consacrée à ce thème franchouillard, qui sera donc composée du Grand fanfaron, Comment se faire réformer (1977) et Les réformés se portent bien (1978).

Cependant, le « premier » qui nous concerne aujourd’hui est à part. Et cela part très mal avec un prologue irresponsable qui nous présente le lieutenant Gilles Castelet, accompagné d’un bidasse, Charlie Caponi, ce dernier étant chaud comme la braise au point de s’extasier devant les fesses d’une gamine d’à peine dix ans et d’aller cueillir des fleurs avec elle, alors que toute sa famille est occupée. Vous avez dit super glauque ? Cela continue un peu plus tard quand Castelet se met à convoiter une jeune femme, qui n’est autre que sa fille biologique, fruit de sa liaison avec son ancienne colonelle. Celle-ci, interprétée par Micheline Dax (en pâmoison devant Galabru), n’a eu de cesse de courir après Castelet, de l’épuiser à chaque rencontre. Le destin réunit tout ce beau monde en Inde, où ils se courent tous après, où ils ont tous envie de niquer jusqu’à plus soif.

Philippe Clair, qui fait une fois de plus une apparition dans son ouvrage, compile les scènes sans aucune structure, ni sens dramatique. Cela sent l’improvisation à chaque séquence, les dialogues sont d’une pauvreté affligeante, le réalisateur nous gratifie du gag de la balle de tennis envoyée dans les couilles (ce qu’il refera encore et encore dans ses films suivants), passe ensuite à une course-poursuite hallucinante, azimutée et burlesque (réglée par Rémy Julienne), avant d’enchaîner avec un interlude carte postale sponsorisé par Air India, qui nous montre la beauté du pays, le tout croulant sous une chanson (« Il faut savoir saisir sa chaaaance… ») à la Claude Lelouch.

Si le début est catastrophique, étonnamment cela va en s’améliorant. On ne pourra pas reprocher à la distribution d’en faire des caisses pour amuser la galerie, cela gesticule dans tous les sens, Galabru est en hyperventilation, Melki est hystérique, ça va vite, la musique fait saigner les tympans, c’est du nanar, du vrai, du bon, bien de chez nous.

LE DVD

Cela fait plus de 25 ans, un bon quart de siècle oui, que les œuvres de Philippe Clair étaient attendues en DVD, puis en Haute-Définition. Ses films étant bloqués en raison de problèmes juridiques avec le producteur Tarak Ben Ammar, Philippe Clair ne les aura pas vus sortir de son vivant, puisque le réalisateur nous a fait la mauvaise blague de nous quitter en 2020 à l’âge respectable de 90 ans. 2024, grande nouvelle ! L’éditeur Cinéfeel sort le 5 novembre un coffret 7 DVD intitulé Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair, comprenant, Déclic et des claques (1.66), La Grande Java (restauration 4K, 1.66), Le Grand Fanfaron (1.66), Comment se faire réformer (1.66), Les Réformés se portent bien (1.66), Ces flics étranges… venus d’ailleurs (1.66), Rodriguez au pays des merguez (1.66), Tais-toi quand tu parles (1.66), Plus beau que moi, tu meurs (2.35), Par où t’es rentré, on t’a pas vu sortir ! (2.35), que nous passerons évidemment tous en revue ! À noter que Plus beau que moi, tu meurs et La Grande java seront disponibles à l’unité en Blu-ray. Parallèlement, Gaumont sort Si tu vas à Rio… tu meurs en Haute-Définition. Les fans vont être aux anges, même s’il manque toujours Le Führer en folie ou bien encore L’Aventure extraordinaire d’un papa peu ordinaire. On attaque aujourd’hui la trilogie dite des « Bidasses » du réalisateur, avec Le Grand fanfaron. Le menu principal est fixe et muet.

Aucun supplément sur ce disque.

L’Image et le son

La copie présentée s’en sort plutôt bien. L’image est propre, certes marquée par des raccords de montage, des poussières ici et là, des poils en bord de cadre, quelques griffures et une dernière bobine plus abîmée, mais le confort est suffisamment assuré. C’est stable, les couleurs sont honnêtes et les contrastes acceptables.

Voici une piste Mono 2.0 de fort bon acabit, nette, dynamique et délivrant les dialogues ainsi que la partition avec une belle fermeté. Pas de sous-titres destinés au public sourd et malentendant…

Crédits images : Cinéfeel / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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