KILL CHAIN réalisé par Ken Sanzel, disponible en DVD le 3 juin 2020 chez AB Vidéo.
Acteurs : Nicolas Cage, Ryan Kwanten, Enrico Colantoni, Anabelle Acosta, Alimi Ballard, Angie Cepeda, Jon Mack, Eddie Martinez…
Scénario : Ken Sanzel
Photographie : Manuel Castañeda
Musique : Mario Grigorov
Durée : 1h28
Date de sortie initiale : 2019
LE FILM
Une fusillade entre snipers provoque un enchaînement d’événements inattendus. La nuit sera longue et les corps tombent les uns après les autres. Entre trahisons, vengeance et quête de rédemption, le destin de chacun se retrouve irrémédiablement bouleversé.
Il est difficile de situer le tournage de Kill Chain dans la carrière de Nicolas Cage, du moins entre 2018 et 2019. Le seul repère demeure la barbe du comédien, qui a sûrement tourné le film qui nous intéresse aujourd’hui en même temps que Mandy de Panos Cosmatos, The Watcher de Tim Hunter, Between Worlds de Maria Pulera et Primal de Nick Powell, même si Code 211 de York Shackleton, Froide vengeance de Shawn Ku, Running with the Devil de Jason Cabell et Color Out of Space de Richard Stanley s’immiscent dans cette liste et dans lesquels Nicolas Cage est pourtant glabre. Certes l’acteur est probablement celui qui tourne le plus depuis des années, mais sa barbe ne peut pas pousser en une seule journée tout de même ! Après cette réflexion philosophique qui ne manquera pas de tarauder l’esprit des étudiants en cinéma américains dans un demi-siècle quand ils se pencheront sur les cas les plus énigmatiques du septième art, revenons à Kill Chain, mis en boite en août 2018 par le réalisateur Ken Sanzel, ancien scénariste du petit film culte d’Antoine Fuqua, Un tueur pour cible – The Replacement Killers, avec Mira Sorvino et Chow Yun-Fat. Cet ancien soldat et officier de police passe derrière la caméra en 1998 avec son premier long métrage Scar City. Il se consacre essentiellement à la télévision en créant la série Numb3ers, dont il met en scène quelques épisodes. En 2015, Ken Sanzel revient au cinéma avec Blunt Force Trauma, petit film sympathique où Mickey Rourke et Freida Pinto interprètent des champions de duels au pistolet. On comprend ce qui a pu attirer Nicolas Cage dans cette petite production qu’est Kill Chain, une rapidité d’exécution, une présence réduite à l’écran (il n’apparaît que 45 minutes dans le film), une longue séquence dans laquelle il se démarque et un aspect néo-noir qu’il affectionne tout particulièrement depuis toujours. Soyons honnêtes, Kill Chain pâtit des 45 premières minutes (hors introduction où il apparaît brièvement) durant lesquels le comédien laisse le champ libre à ses camarades de jeu, avant de revenir à mi-temps jusqu’à la fin du film.
Si l’histoire n’est pas déplaisante en soi, les acteurs ne sont guère charismatiques et l’ensemble reste foncièrement anecdotique. La magie opère quand Nicolas Cage fait son retour et s’impose facilement comme épicentre de cette entreprise, dans laquelle il parvient à tenir en haleine le spectateur durant presque dix minutes, au moment où son personnage retrace tout le processus qui a attiré à lui les autres protagonistes. Pour les fans de la première heure, il leur sera difficile de se passer de Nicolas Cage dans ce genre de mini-série B qui tient sur quelques bouts de ficelle et des clichés, mais leur attente sera également récompensée car l’acteur oscarisé pour Leaving Las Vegas assure comme d’habitude, sans se forcer, avec quelques éclats de folie qui lui sont propres, le tout en prenant un évident plaisir à jouer ce personnage de désormais vieux briscard, tout en déclamant quelques tirades bad-ass et en jouant du fusil à pompe comme d’un Stradivarius.
L’exposition, rapide, simple, annonce une séquence que l’on retrouvera inévitablement plus tard dans le film, à 1h05 plus précisément, avant d’envoyer le générique qui d’ailleurs n’est pas si mal que ça. Si Ken Sanzel n’avait pas démarré Kill Chain ainsi, les spectateurs auraient dû attendre 44 minutes exactement pour voir Nicolas Cage en action. Durant ce premier acte, le réalisateur instaure les enjeux, une poignée de personnages qui s’entrecroisent et qui se passent le relais après quelques affrontements violents. De ce fait, aucun moyen de s’attacher à qui que ce soit, jusqu’à ce qu’une femme en rouge, interprétée par la bomba Anabelle Acosta, d’origine cubaine, débarque dans un motel pourri tenu par notre Nicky Cage bourru. Le dispositif de Ken Sanzel s’apparente alors à une pièce de théâtre, puisque l’action ne se déroulera plus quand un décor unique, installé sur plusieurs étages, où notre mystérieux hôtelier, sa cliente qui semble paniquée et quelques visiteurs à la mine patibulaire vont s’affronter.
Kill Chain est comme son titre l’indique une réaction en chaîne de meurtres, où les tueurs se trouvent finalement réunis autour d’un vol de diamant. Du poison, des gros calibres, des couteaux aiguisés font leur apparition comme au Cluedo et Ken Sanzel paraît s’amuser en jouant avec quelques codes du western, où la réception et le bar de l’hôtel feraient office de saloon. Les acteurs font leur boulot, tout comme le directeur de la photographie qui soigne ses plans. Nicolas Cage qui se trouvait alors à Bogota allait pouvoir se raser pour rejoindre le plateau de Running with the Devil situé en Colombie, tandis que Kill Chain allait être proposé sur Amazon Prime Vidéo aux Etats-Unis.
LE DVD
Aller hop, après Running with the Devil et avant Primal, nous passons en revue aujourd’hui Kill Chain, l’un des derniers titres avec Nicolas Cage à rejoindre le catalogue d’AB Vidéo aux côtés de The Runner, Pay The Ghost et Code 211. Jaquette sobre, uniquement dirigée sur le comédien, aucun réalisateur mentionné, ni aucun autre acteur. Le menu principal est animé sur le générique du film.
Cette fois, l’éditeur ne vient pas les mains vides et propose un making of conséquent de 26 minutes, composés de nombreuses images de tournage et d’interviews de l’équipe, dont Nicolas Cage qui défend ardemment Kill Chain, sa complexité, ainsi que le travail de Ken Sanzel sur lequel il ne tarit pas d’éloges. Dommage que l’ensemble soit très souvent entrecoupé par des extraits du film, car ce module se suit plutôt bien, les propos tenus sont plutôt spontanés, même si on ne peut échapper aux concours de louanges. Amusant de voir que le titre de tournage était encore « Last Night in Old City », qui renvoyait au désir de Ken Sanzel d’inscrire son film dans la veine des films noirs des années 40-50. Le réalisateur revient d’ailleurs sur ses inspirations, sur l’écriture du scénario, le casting, les personnages, les décors, la photo et l’implication de Nicolas Cage, également producteur exécutif de Kill Chain.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce en version française.
L’Image et le son
L’un des points positifs de Kill Chain demeure sa photographie, soignée et réalisée par le chef opérateur Manuel Castañeda, dont les partis pris sont bien rendus à travers cette seule édition Standard. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie. Le piqué est suffisamment affûté, les gros plans détaillés et la colorimétrie saturée, vive et chaude. Les détails sont aussi très appréciables.
Concernant les pistes Dolby Digital 5.1. : En français (avec le doublage de Dominique Collignon-Maurin) comme en anglais, la scène latérale distille ses effets avec une étonnante parcimonie et il faut véritablement attendre les quelques séquences d’action (des gunfights essentiellement) pour que la spatialisation se fasse enfin concrète et que le caisson de basses se réveille. Sans grande surprise, la version originale se révèle plus naturelle et riche que la piste française où les dialogues manquent parfois de punch et d’intelligibilité sous la percutante balance frontale. Les Stéréo assurent le spectacle, sans fausse note et avec une efficacité chronique. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé à la volée.