DEUX SALOPARDS EN ENFER (Il Ditto nella piaga) réalisé par Tonino Ricci, disponible en DVD depuis le 2 juin 2015 chez Artus Films
Acteurs : Klaus Kinski, George Hilton, Ray Saunders, Betsy Bell, Lanfranco Cobianchi, Enrico Pagani…
Scénario : Tonino Ricci, Piero Regnoli
Photographie : Sandro Mancori
Musique : Riz Ortolani
Durée : 1h28
Date de sortie initiale : 1969
LE FILM
Italie. 1941. Condamnés à mort par la cour martiale, deux soldats américains, un blanc et un noir, sont miraculeusement sauvés grâce à l’irruption d’un commando de parachutistes allemands. Ayant également échappé au massacre, l’officier chargé de leur exécution doit s’unir à eux pour tenter de survivre. Les trois hommes trouvent refuge dans un village pittoresque. Ils vont alors organiser la défense des villageois face aux Nazis.
Dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le cinéma italien, à travers le néoréalisme, exulte ses démons en produisant des films sur ce conflit. Une quinzaine d’années plus tard, le cinéma Bis s’empare du genre et exploite le filon, sous un angle de divertissement populaire. Tous les artisans italiens se frottent au genre, relayant en cela le western qui s’essouffle.
Et qu’est-ce que c’est bon ! Deux salopards en enfer – Il Dito nella piaga en version originale, est le premier long métrage réalisé par Tonino Ricci (1927-2014) dont les titres de films fleurent le bon le cinéma Bis : Storia di karatè, pugni e fagioli (1973), Robin, flèche et karaté (1976), Afghanistan Connection (1986).
« Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu […]. Dieu créa l’homme à son image et selon sa ressemblance, l’homme commit le premier pêché, Dieu le chassa du jardin d’Eden en lui disant : désormais, tu connaîtras le bien et le mal. « BOUM ! Explosions, rafales, Klaus Kinsky – oui avec un y au générique, sans doute pour appuyer le fait qu’il joue ici un soldat américain et non un nazi – qui tue une grand-mère dans les trois premières minutes et nous voilà plongés dans Deux salopards en enfer, merveilleuse série B italienne, génialement interprétée par le monstre Kinski donc, mais aussi George Hilton (l’agent 007 de Due mafiosi contro Goldginger) et Ray Saunders, sans oublier la mise en scène pétaradante de Tonino Ricci. Dès la séquence d’introduction, le cinéaste enchaîne les morceaux de bravoure jusqu’au final dantesque, bien bourrin, qui réjouira les fanas du genre.
Malgré toute cette violence, quelques grammes de finesse dans un monde de brutes, que certains jugeront déplacée voire franchement niaise et emphatique, mais qui participent à l’étrangeté de ces Deux salopards en enfer : l’amour mène à la rédemption. En effet, le personnage incarné par un Klaus Kinski impérial, désabusé, suintant, sombre, fataliste, un fils de p… au sens propre comme au figuré, va malgré lui trouver l’amour auprès d’une ravissante habitante d’un petit village italien paumé dans les collines. C’est ce qui se scellera son destin. Il en est de même pour son compatriote afro-américain, qui va se prendre d’amitié pour un petit garçon orphelin. Oui bon d’accord, les violons sont au programme (le grand Riz Ortolani à la baguette), mais rassurez-vous, cela passe comme une lettre à la poste et les déflagrations reprennent rapidement le dessus !
Deux salopards en enfer s’avère un redoutable et jouissif divertissement, qui ne sacrifie jamais la psychologique de ses personnages au profit de l’action. C’est sans doute pour cela que le film vieillit très bien.
LE DVD
Le DVD de Deux salopards en enfer, édité chez Artus Films, repose dans un boîtier Amaray classique. La jaquette, sobrement estampillée Guerre est très attractive avec un visuel chiadé du plus bel effet. Le menu principal est fixe et musical.
Deux salopards en enfer s’accompagne d’un diaporama d’affiches et de photos, mais aussi d’un lot de bandes-annonces et surtout d’une présentation du film par le dessinateur et expert en cinéma de genre Curd Ridel (26’). Au cours de ce segment intitulé Le Doigt dans la plaie, en référence au titre original du film, notre interlocuteur dresse surtout un portrait et la biographie des comédiens, tout en passant en revue quelques-unes de leurs oeuvres les plus marquantes. Le réalisateur Tonino Ricci (1927-2014) n’est évidemment pas oublié. Curd Ridel aborde également le film qui nous intéresse, même s’il le fait rapidement.
L’Image et le son
Ce master restauré édité par Artus Films est flatteur pour les mirettes. Tout d’abord, la colorimétrie retrouve un certain éclat, surtout sur les séquences diurnes. La restauration est indéniable, quelques rares points et fourmillements demeurent peut-être constatables et même si certaines séquences sont plus altérées, les noirs et les contrastes affichent une nouvelle densité. Ajoutez à cela un grain d’origine respecté, un cadre fourmillant de détails et vous obtenez une très belle copie qui participe à la redécouverte de ce bijou du film de guerre transalpin.
L’éditeur propose les versions italienne et française dans un Mono original. Cette dernière bénéficie d’un doublage old-school très réussi, et le report des voix s’avère plus mordant qu’en version originale. Sur les deux pistes, les effets annexes sont ardents, surtout sur les séquences d’affrontements avec les rafales et les explosions à foison. Dynamiques et vives, tout comme le score de Riz Ortolani, les deux options acoustiques ne déçoivent pas.