Test DVD / Dernier amour, réalisé par Benoît Jacquot

DERNIER AMOUR réalisé par Benoît Jacquot, disponible en DVD le 20 août 2019 chez Diaphana

Acteurs : Vincent Lindon, Stacy Martin, Valeria Golino, Julia Roy, Nancy Tate, Anna Cottis, Hayley Carmichael, Christian Erickson…

Scénario : Benoît Jacquot, Jérôme Beaujour, Chantal Thomas d’après l’oeuvre de Giacomo Casanova

Photographie : Christophe Beaucarne

Musique : Bruno Coulais

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

Au XVIIIe siècle, Casanova, connu pour son goût du plaisir et du jeu, arrive à Londres après avoir dû s’exiler. Dans cette ville dont il ignore tout, il rencontre à plusieurs reprises une jeune courtisane, la Charpillon, qui l’attire au point d’en oublier les autres femmes. Casanova est prêt à tout pour arriver à ses fins mais La Charpillon se dérobe toujours sous les prétextes les plus divers. Elle lui lance un défi, elle veut qu’il l’aime autant qu’il la désire.

« S’attacher à une seule femme, c’est la pire des choses…Elle vous retire le goût des autres. »

Moult cinéastes se sont penchés sur la vie (ou le vit c’est selon) de Giacomo Casanova (1725-1798). Si Jean Boyer aura offert le rôle-titre à Georges Guétary dans Les Aventures de Casanova en 1946, le film définitif sur le prince des séducteurs demeure Le Casanova de Fellini réalisé trente ans après, avec Donald Sutherland. Casanova, un adolescent à Venise de Luigi Comencini (1969) reste également une grande référence et l’une des plus grandes réussites du maître italien. Oublions Le Retour de Casanova (1992) d’Édouard Niermans avec Alain Delon, ou plutôt Casanova dans le rôle d’Alain Delon qui essayait de séduire la jeune Elsa. Que pouvait apporter un cinéaste comme Benoît Jacquot à ce personnage célèbre pour ses prouesses amoureuses et ses innombrables conquêtes ? Le violoniste, écrivain, diplomate et bibliothécaire Giacomo Casanova aura rédigé ses mémoires éditées en 12 volumes, donc le réalisateur aura probablement déniché un épisode méconnu de cette vie trépidante.

Benoît Jacquot profite de cette histoire pour représenter et révéler les moeurs, les coutumes, le comportement, la structure sociale, les rapports de classes, l’indifférence du pouvoir par rapport à la pauvreté de la société britannique du 18ème siècle au moment où la puissance aristocratique commence à décliner. Dernier amour ne manque pas d’ironie, jusque dans le choix de Vincent Lindon, loin de la figure populaire de Casanova. Rustaud, légèrement déglingué, fatigué, le comédien détonne dans cet environnement et malheureusement la sauce ne prend pas ou trop peu pour véritablement retenir l’attention. Pourtant, Dernier amour est un film magnifiquement photographié par Christophe Beaucarne, truffé de références picturales, mais cela ne fait pas tout. Impression mitigée donc.

Les films historiques ont souvent porté chance à Benoît Jacquot. En 2012, il rencontre son plus large succès en France avec Les Adieux à la reine avec 540.000 entrées en France et un joli score à l’étranger, ainsi qu’aux Etats-Unis. En 2000, il confit à Daniel Auteuil le rôle du Marquis de Sade, puis adapte l’oeuvre magistrale de Benjamin Constant, Adolphe (2002), avec Isabelle Adjani. Pour Dernier amour, le cinéaste retrouve l’un de ses comédiens fétiches, Vincent Lindon, qu’il avait déjà dirigé à quatre reprises dans Le Septième Ciel (1997), L’Ecole de la chair (1998), Pas de scandale (1998) et Journal d’une femme de chambre (2015), d’après le roman éponyme d’Octave Mirbeau, dans lequel le spectateur tendait l’oreille pour comprendre ce que l’acteur bougonnait dans sa moustache. Vincent Lindon délaisse momentanément Stéphane Brizé pour revêtir le costume et les perruques improbables de Giacomo Casanova. Beaucoup trop épais pour rentrer dans les bas de son personnage, le comédien essaye de convaincre, mais quelque chose bloque d’entrée de jeu. Certes, sa grande sensibilité et sa force transparaissent à plusieurs reprises et entraînent finalement le spectateur jusqu’au bout du récit, mais un rouage grippe dans le décor, par ailleurs très soigné et élégant.

Demeure Stacy Martin, peau diaphane, corps offert à la caméra à plusieurs reprises et qui apporte avec elle son bagage sensuel et sexuel constitué chez Lars von Trier dans le diptyque Nymphomaniac. Moins convaincante que chez Nicolas Saada (Taj Mahal), Michel Hazanavicius (Le Redoutable) et Mikhael Hers (Amanda), l’actrice franco-britannique apparaît également bien trop « moderne » pour le XVIIIè siècle. Néanmoins, l’alchimie entre les deux personnages fonctionne et si ce récit d’histoire d’amour, la dernière, la seule sans doute, de Giacomo Casanova manque d’intérêt, l’ensemble n’est pourtant pas déplaisant.

LE DVD

Point d’édition HD pour Dernier amour, disponible chez Diaphana seulement en DVD ! Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.

Aucune interview, pas de making of, seule une seule scène coupée (5’30) opposant Vincent Lindon et la divine Alice de Lencquesaing.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Bien que le film soit relativement passé inaperçu dans nos salles, Dernier amour bénéficie d’un master SD au transfert soigné et très élégant. Le piqué est aiguisé, la clarté de mise sur les séquences en extérieur, un léger grain se fait ressentir sur les intérieurs ambrés, feutrés et chauds, le cadre offre un lot conséquent de détails et la colorimétrie de la photographie – signée Christophe Beaucarne – est habilement restituée. Evidemment, la copie est d’une propreté immaculée, les contrastes sont denses, et malgré un sensible bruit vidéo, les meilleures conditions techniques sont réunies et la définition est exemplaire.

Les mixage Dolby Digital 5.1 parvient à créer un bon confort acoustique. Certes, la balance frontales-latérales profite surtout à la musique de Bruno Coulais, mais quelques ambiances naturelles parviennent à percer sur les séquences en extérieur. Les voix sont claires, distinctes, solidement plantées sur la centrale, la spatialisation musicale systématique et le confort acoustique solide. L’éditeur joint également une piste Stéréo, ainsi qu’une piste Audiodescription et les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Diaphana Distribution / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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