Test DVD / Cocorico, réalisé par Julien Hervé

COCORICO réalisé par Julien Hervé, disponible en DVD & Blu-ray le 6 juin 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Christian Clavier, Didier Bourdon, Sylvie Testud, Marianne Denicourt, Julien Pestel, Chloé Coulloud, Patrick Prejean, Johann Dionnet…

Scénario : Julien Hervé

Photographie : Jérôme Alméras

Musique : Matei Bratescot

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Sur le point de se marier, Alice et François décident de réunir leurs deux familles. Pour l’occasion, ils réservent à leurs parents un cadeau original : des tests ADN pour que chacun puisse découvrir les origines de ses ancêtres. Mais la surprise va virer au fiasco quand les Bouvier-Sauvage, grande famille aristocrate, et les Martin, beaucoup plus modestes, découvrent les résultats, pour le moins… inattendus !

Pour le moment, alors que nous arrivons au premier semestre 2024, Cocorico se place toujours dans le top 5 des plus grands succès de l’année au cinéma avec près de deux millions d’entrées. Un deuxième hit pour Didier Bourdon, même pas deux mois après l’engouement équivalent rencontré par Chasse gardée. S’il donnait la réplique à Thierry Lhermitte dans ce dernier, il se retrouve face à Christian Clavier dans Cocorico, le réalisateur Julien Hervé réunissant donc l’ex-Inconnu et l’ancien membre du Splendid, deux valeurs sûres de l’humour (certains diront dans des temps anciens), pour son second long-métrage après Le Doudou, par ailleurs coréalisé avec Philippe Mechelen. L’ancien auteur des Guignols de l’info, devenu scénariste de comédies populaires (Les Tuche 2, 3 et 4, Astérix et Obélix : L’Empire du milieu) surfe sur le modèle de la trilogie Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?, Christian Clavier campant pour ainsi dire le même personnage de gros bourgeois au goitre dissimulé sous un foulard en soie, qui peine à cacher son dégoût du prolétariat et des classes moyennes, ainsi que des individus qui n’ont pas la peau blanche. Cocorico n’a évidemment rien d’original et s’apparente à un pot-pourri de tout ce qui a fonctionné dans les salles ces trente dernières années, le tout reposant sur des acteurs on ne peut plus sympathiques. Si Didier Bourdon et Sylvie Testud tirent le film vers le haut, Christian Clavier démontre que même dans un film médiocre ou mauvais, il reste bien au-dessus de la mêlée et peu de comédiens de plus de 70 ans peuvent se targuer d’avoir le même timing comique. Ce divertissement honorable vaut étonnamment pour son troisième acte, qui permet enfin au quatuor de s’épanouir un peu plus et quelques scènes s’avèrent même amusantes.

Le gros problème de Cocorico est son manque total de rythme, l’intrigue étant d’ailleurs peu aidée par l’enfermement de ses personnages principaux dans un château, pendant la bonne moitié du long-métrage, soit près de 45 minutes. Ce dispositif quelque peu théâtral, avec une unité de lieu, de temps et d’action installe les trois couples, Christian Clavier – Marianne Denicourt, Didier Bourdon – Sylvie Testud, Chloé Coulloud – Julien Pestel essentiellement dans un salon, assis sur trois canapés, où vont se jouer la partie de ping-pong verbale, ininterrompue, tandis que la mise en scène se contente sans surprise de champs-contrechamps. Autant dire que la patience du spectateur est mise à rude épreuve, surtout que la qualité des dialogues n’est pas vraiment ce qu’il y a de plus réussi, même si certains dialogues font heureusement le job.

Cocorico repose sur l’énergie et le talent de sa distribution et de ce point de vue il n’y a rien à redire. Si Christian Clavier s’amuse à balancer de belles vacheries sur les allemands (Frédéric Bouvier-Sauvage n’a jamais digéré que les nazis réquisitionnent la demeure familiale durant la Deuxième Guerre mondiale) et les portugais, Didier Bourdon s’en donne également à coeur joie et le tandem, qui avait déjà cartonné au théâtre il y a une quinzaine d’années dans une reprise de La Cage aux folles, fonctionne à plein régime. Ils laissent quelques belles miettes à leurs partenaires, Marianne Denicourt sortant enfin un peu de la galaxie Lelouch (Chacun sa vie, La Vertu des impondérables) et qu’on est ravi de revoir dans une comédie, et surtout Sylvie Testud, qui elle aussi n’est pas la dernière à y aller à fond pour faire rire. Quand son personnage se rend compte qu’elle possède du sang anglais et même royal, la transformation, même si forcée de Nicole, est un des meilleurs moments de Cocorico. En ce qui concerne la jeune génération, on est heureux de retrouver la belle et trop rare Chloé Coulloud, révélée en 2007 dans le délicat La Tête de maman de Carine Tardieu et revue à plusieurs reprises chez le duo Maury/Bustillo (Livide, Aux yeux des vivants, Le Mangeur d’âmes). Julien Pestel, fidèle collaborateur du Palmashow et présent aussi dans Chasse gardée campe quant à lui le fils des Martin et devient un visage – un mix étrange entre Jean Dujardin et Bruno Salomone – aussi récurrent que reconnaissable dans la comédie hexagonale contemporaine.

Un spectacle bien de chez nous (autant dans ses bons que dans ses mauvais points), calibré comme il se doit, pensé pour son passage à la télévision (où il enregistrera assurément un record d’audience), qui redonne du peps à la carrière de Didier Bourdon au cinéma et conforte une fois de plus Christian Clavier au top du box-office, ses films cumulant désormais pas loin de 150 millions d’entrées.

LE DVD

Après avoir cartonné à sa sortie, Cocorico débarque logiquement en DVD et Blu-ray chez M6 Vidéo. Le visuel reprend évidemment celui de l’affiche d’exploitation, qui rappelle furieusement celle des Trois Frères, sans doute un clin d’oeil. Le menu principal est animé et musical.

Curieusement, nous ne trouvons aucun supplément sur cette galette…

L’Image et le son

Le transfert est correct et passe-partout. Les couleurs sont jolies, chaudes, sans en mettre plein les yeux, le piqué est aléatoire, nettement plus vigoureux sur les scènes diurnes en extérieur. Les contrastes bien gérés, cependant, les gros plans ne sont pas aussi ciselés que nous pouvions l’espérer, les visages sont un peu blafards. Malgré des petits défauts constatés et baisses de la définition, le master de Cocorico instaure un confort de visionnage largement suffisant pour voir ou revoir cette comédie.

Ne vous attendez pas à un déluge d’effets surround sur la piste Dolby Digital 5.1, qui se contente seulement de faire entendre des ambiances naturelles ou tout simplement d’offrir une forte spatialisation de la musique du film. Cocorico ne se prêtant évidemment pas aux exubérances sonores, le principal de l’action se trouve canalisé sur les frontales. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste audiodescription.

Crédits images : © M6 Vidéo / WHITE AND YELLOW FILMS – SND – M6FILMS – BESIDE PRODUCTIONS / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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