
CHERCHEZ L’ERREUR… réalisé par Serge Korber, disponible en DVD le 16 septembre 2025 chez LCJ Editions & Productions.
Acteurs : Roland Magdane, Roland Dubillard, Henri Virlojeux, Micheline Luccioni, Jacques Monod, Tanya Lopert, Marthe Villalonga, Henri Attal…
Scénario : Roland Magdane
Photographie : Georges Barsky
Musique : Jean Bouchéty & Roger Candy
Durée : 1h26
Date de diffusion initiale : 1980
LE FILM
Paul est un chercheur qui travaille à la mise au point d’une nouvelle arme nucléaire. Il a pour compagnon un chien qui s’est imposé à lui. L’animal, assez doué, va faire comprendre à Paul le danger de ses recherches…

C’est un OVNI, un OFNI plutôt, un Objet Filmique Non Identifié, sorti du cerveau fécond de Roland Magdane, sorti sur les écrans français en 1980 et qui a peu rameuté les spectateurs dans les salles…Pourtant ce long-métrage a su marquer les esprits. Non pas en raison de son histoire, il n’y en a pour ainsi dire pas, mais pour son non-sens, sa poésie, son délire assumé, son caractère inclassable. On doit Cherchez l’erreur… à Serge Korber (1936-2022), réalisateur quelque peu touche-à-tout, à qui l’on doit le magnifique Un idiot à Paris (1966), adapté d’un roman de René Fallet, offrant son plus beau rôle à Jean Lefebvre, deux films avec Louis de Funès au début des années 1970 (L’Homme orchestre et Sur un arbre perché), deux autres portés par Annie Girardot (Les Feux de la Chandeleur en 1972 et Ursule et Grelu l’année suivante) et un opus avec Les Charlots (Et vive la liberté !). Parallèlement et cela est sans doute moins connu, Serge Korber, sous le pseudonyme de John Thomas, s’adonne au cinéma pornographique avec des titres aussi explicites que À bout de sexe (ou Un grand coup dans le pare-chocs), Dans la chaleur de Julie, Hurlements de plaisir, L’Odyssée de l’extase et Pornotissimo. La même année que Ta gueule, je t’aime !, aventure érotique avec Brigitte Lahaie, Serge Korber revient au cinéma dit classique (quoique) avec Cherchez l’erreur… Nous sommes ici à mi-chemin entre Le Fou du labo 4 (1967) de Jacques Besnard et Le Distrait (1970) de Pierre Richard. Des influences disparates, des ingrédients repris, mixés, réarrangés par Roland Magdane, en charge du scénario et qui obtient ainsi son premier rôle au cinéma. Irracontable, le film enchaîne les saynètes sur un faux rythme étonnant, parfois lassant, enfile les gags mous comme des perles sur un collier, mais en totale décontraction. L’expérience est là, réelle, mais le résultat ne plaira pas à tout le monde…



Il arrive beaucoup de malheurs à Paul : son appartement ne cesse de brûler, sa petite amie le quitte et son directeur s’acharne à vouloir de lui une formule particulièrement compliquée qui soulagerait les misères de l’humanité entière. Car Paul est un chercheur dans le nucléaire. Mais il estime aussi être un poète et ses rapports avec le quotidien sont dramatiques. Il porte des gants de boxe pour dormir et fracasse chaque matin le nouveau réveil qui l’arrache à ses rêves bucoliques. C’est pourquoi Paul a vraiment besoin de chaleur humaine. Ce sera une chaleur canine que va lui procurer un animal exceptionnel, puisqu’il aime la menthe à l’eau, la samba et les voitures de sport mais aussi l’électronique.


Au début des années 1980, Roland Magdane est un artiste qui fait essentiellement sa carrière sur scène, au théâtre et même dans la comédie musicale La Compagnie de Michel Fugain. Son premier one man show rencontre un vrai triomphe en 1978, ce qui l’amène à se produire à la télévision, dans l’émission Collaro Show, pour lequel il compose d’ailleurs le générique. Le cinéma débarque alors, mais Cherchez l’erreur… sera son premier grand revers. L’humour du film demeure incompris et le côté expérimental de l’entreprise a dû en laisser perplexe plus d’un. Le scénariste-comédien donne de sa personne, crée un véritable personnage, mais la sauce a du mal à prendre. Quand le chien, qui partage l’affiche avec la vedette, débarque dans la vie de Paul, le film prend une tournure encore plus radicale. Plus à l’aise avec son nouveau et fidèle compagnon, plutôt que dans une société où les plus acharnés semblent s’obstiner à vouloir profiter de ses talents, Paul va enfin prendre du bon temps pour lui, d’autant plus que ce chien paraît vivre les derniers jours de sa vie. Il va faire son possible pour lui apporter tout le bonheur du monde, organiser un dîner aux chandelles, l’emmener au Centre Pompidou et même au bord de la mer.


C’est là que Paul trouvera LA formule, celle qu’il aura tant recherchée. Le jeune trentenaire prendra conscience de ses responsabilités et ne croyant plus en la vertu de ses recherches, finira par effacer ses calculs, écrits sur le sable, à la dynamite et au bulldozer. Là-dessus, le scénario fait du remplissage, avec quelques gags et quiproquos récurrents, offerts à toute une ribambelle de talentueux acteurs, Roland Dubillard dans le rôle du ministre (Les Compagnons de la marguerite, Les Vécés étaient fermés de l’intérieur), Henri Virlojeux (Les Patates, Mélodie en sous-sol), impeccable dans la peau du directeur, Micheline Luccioni (Le Drapeau noir flotte sur la marmite, Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause, Maigret et l’affaire Saint-Fiacre), Jacques Monod (Sous le signe du taureau, Le Ciel sur la tête, Par un beau matin d’été), Tanya Lopert (Quoi de neuf, Pussycat ?, Navajo Joe, Le Diable par la queue), Marthe Villalonga (qu’on ne présente plus), l’indispensable Henri Attal et d’autres trognes reconnaissables qui pullulaient dans cinéma français, sans forcément que l’on puisse leur attribuer un nom.


Roland Magdane promène donc son air lunaire et sa moustache fringante au milieu de ces personnages, qui voudraient profiter de son don, ou qui ne le comprennent tout simplement pas. Paul poursuit sa route, sans se soucier de ce qu’on peut dire sur lui, sans se préoccuper de rien en fait, si ce n’est donner du bon temps à ce gros toutou qui s’est incrusté dans son existence. Finalement et étonnamment, c’est dans ce qu’il aborde en filigrane que Cherchez l’erreur… fonctionne le mieux, plutôt que dans son humour burlesque et absurde, qui a disons-le mal vieilli…


Néanmoins, on ne peut s’empêcher de penser qu’il faut être sacrément culotté pour livrer un tel film, à classer aux côtés La Ballade de Titus (1997) de Vincent de Brus, avec Michel Courtemanche, autre œuvre déconcertante et bizarroïde, qu’on espère un jour revoir en DVD-Blu-ray.



LE DVD
Il n’y a qu’un éditeur qui pouvait proposer Cherchez l’erreur… en DVD et c’est bel et bien LCJ Éditions & Productions, qui a ce don pour déterrer et ressusciter des perles et autres bijoux en zirconium, qui avaient jusqu’à présent disparu de la circulation. La jaquette, glissée dans un boîtier Amaray classique, reprend le visuel original de l’affiche d’exploitation, très légèrement remanié pour cette sortie. Le menu principal est animé et musical.

Aucun supplément sur cette édition.
L’Image et le son
La copie est étonnamment stable, mais non dépourvue de traces du passé, avec notamment des raccords de montage bien visibles et des poussières ici et là. Mais mine de rien, le master n’est pas mauvais, avec bien sûr une gestion aléatoire des contrastes, mais des couleurs agréables, un piqué convenable, une texture argentique préservée. C’est largement suffisant pour nous convaincre.

Même chose en ce qui concerne la piste audio, qui délivre ses dialogues (peu nombreux il est vrai) avec dynamique, ainsi que les bruitages étranges représentatifs du « monde » de Paul, sans oublier la musique de Jean Bouchéty et Roger Candy (On n’est pas sorti de l’auberge). Pas de sous-titres destinés au public sourd et malentendant.



Crédits images : © LCJ Editions & Productions / Euro Vidéo International / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr
