
AUX JOURS QUI VIENNENT réalisé par Nathalie Najem, disponible en DVD le 14 novembre 2025 chez Blaq Out.
Acteurs : Zita Hanrot, Bastien Bouillon, Alexia Chardard, Marianne Basler, Aurélien Gabrielli, Henri-Noël Tabary, Salim Talbi, Anaël Guez…
Scénario : Nathalie Najem, Olivier Gorce & Mariette Désert
Durée : 1h36
Année de sortie : 2025
LE FILM
Laura, la trentaine, essaie de se reconstruire après une relation tumultueuse avec Joachim. Elle mène une vie en apparence tranquille, en élevant seule sa petite fille. Mais l’accident de Shirine, la nouvelle compagne de Joachim, va faire ressurgir son passé.

Encore un long-métrage fort prometteur et qui impose d’emblée une nouvelle réalisatrice à suivre de près. Il s’agit d’Aux jours qui viennent, mis en scène par Nathalie Najem, qui réunit Zita Hanrot et Bastien Bouillon, déjà à l’affiche de l’excellent Carnivores de Jérémie et Yannick Renier, sorti en 2018. Après deux courts-métrages, dont le déjà fort prometteur Baby Love (2016), et plusieurs scénarios de films remarqués, Ordo (2004), de Laurence Ferreira Barbosa, adapté de Donald Westlake, Le Dernier des fous (2006) de Laurent Achard, Vie sauvage (2014) de Cédric Kahn, Gaspard va au mariage (2017) de Antony Cordier et La Ligne (2022) de Ursula Meier, Nathalie Najem passe le cap du format large et signe une œuvre bouleversante, qui traite des violences conjugales, montrées comme un poison qui contamine la vie de deux femmes, distillé par un même homme, qui après avoir rendu la vie impossible de son ancienne compagne, entreprend de faire de même avec celle qui partage désormais son existence. Aux jours qui viennent est un drame viscéral, forcément et malheureusement toujours d’actualité (et ce sera éternellement le cas), qui prend aux tripes comme un thriller et qui s’avère l’une des plus belles découvertes de 2025.


À seulement 35 ans, la magnifique Zita Hanrot a fait un sacré parcours et ce depuis sa première apparition dans l’hilarant Radiostars (2012) de Romain Levy. Avant d’être couronnée par le César du meilleur espoir en 2016 pour le brillant Fatima de Philippe Faucon, la comédienne était déjà apparue dans Eden de Mia Hansen-Løve. Puis, la compression une fois remportée, les propositions se sont multipliées. K.O. de Fabrice Gobert, La Fête est finie de Marie Garel Weiss, Paul Sanchez est revenu ! de Patricia Mazuy, La Vie scolaire (son plus grand succès avec près de deux millions d’entrées) de Grand Corps Malade et Mehdi Idir, Rouge de Farid Bentoumi, Annie colère de Blandine Lenoir, À mon seul désir de Lucie Borleteau pour ne citer que ceux-là, rien à jeter dans cette remarquable filmographie. Elle est une fois de plus intense et magnétique dans Aux jours qui viennent dans le rôle de Laura, mère d’une petite fille, issue d’une relation aussi passionnée que violente avec Joachim, avec lequel elle a rompu. De justesse, avant qu’il soit trop tard. Car Joachim, accro à l’héroïne, n’est pas ce qu’on peut appeler un homme fréquentable. Violent, imprévisible, effrayant, pathétique, incontrôlable, jaloux, Joachim, qui voit très peu sa fille, s’en prend maintenant à Shirine, au point de s’incruster dans sa vie professionnelle. Un jour, il passe le point de non-retour et Shirine s’enfuit, pour trouver refuge chez Laura, ne sachant pas où se cacher. Joachim débarque…


Aux jours qui viennent se place entre l’implacable Jusqu’à la garde (2017) de Xavier Legrand (récompensé par cinq César) et le percutant L’Amour et les Forêts (2023) de Valérie Donzelli. Ici, c’est l’impeccable Bastien Bouillon qui interprète le croque-mitaine et qui à cette occasion retrouve Nathalie Najem, qui l’avait déjà dirigé dans Baby Love il y a dix ans. Monstre humain, aux failles apparentes, Joachim ne peut s’empêcher de mener la vie dure à celle qui partage son intimité, par ailleurs parasitée par les problèmes de drogue de cet homme dont l’enfance semble avoir été chaotique. La réalisatrice ne cherche pas de circonstances atténuantes en dévoilant cette addiction, mais montre que la spirale infernale dans laquelle Joachim est plongée, contamine ses proches et les aspire comme une tornade toxique.


N’oublions pas la présence au générique de la prometteuse Maya Hirsbein (qui campe la fille de Laura et Joachim), ainsi que de l’excellente Alexia Chardard, actrice croisée chez Abdellatif Kechiche (la trilogie Mektoub, My Love), Paul Verhoeven (Benedetta), Fabrice Éboué (Barbaque) et Valerie Bruni Tedeschi (Les Amandiers), impressionnante dans le rôle de Shirine, blessée, cassée, brisée de l’intérieur, animée par un instinct de survie qui la pousse à prendre la poudre d’escampette.


Aux jours qui viennent est un film complexe, édifiant, universel, qui aborde frontalement les thèmes de la résilience, de l’entraide, de l’emprise, de la violence humaine, tout en proposant aux spectateurs une expérience de cinéma de genre, devant lequel le public reste scotché de la première à la dernière image. On devrait en reparler à la prochaine cérémonie des César…


LE DVD
43.000 entrées, c’est peu…Et pourtant, Aux jours qui viennent bénéficie d’une sortie en DVD chez Blaq Out. Merci à l’éditeur de nous permettre de découvrir ce petit bijou du cinéma français passé inaperçu donc. Le visuel reprend celui de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est fixe et musical.

Deux suppléments de choix au programme :
Le premier bonus est le court-métrage Baby Love (48’), mentionné dans la critique d’Aux jours qui viennent. Réalisé en 2016 par Nathalie Najem, avec déjà Bastien Bouillon dans le rôle principal, ce film pose les bases de ce sera le premier long-métrage de la réalisatrice, avec une passion destructrice comme noyau central. Alice (Lucielle Krier) est apprentie photographe et tireuse et partage son temps entre les cours et le laboratoire photographique qui la forme. Elle paraît timide, rentrée en elle-même, mais son regard absorbe le monde. Touchée par Gabriel (Bastien Bouillon), jeune homme intranquille au sourire enfantin, elle veut qu’il devienne son modèle. Ensemble, ils expérimenteront tout : la drogue, la passion physique (de très belles scènes d’amour passionné), le danger, les rêves. Ensemble, ils auront un enfant. L’explosion est inévitable.







L’autre supplément est une interview de la réalisatrice (27’). Nathalie Najem revient ici sur la longue genèse d’Aux jours qui viennent (« né d’un mélange de souvenirs personnels, d’autres provenant d’amis et d’articles lusstraitant des relations abusives et violentes »), la psychologie des personnages, la deuxième collaboration avec Bastien Bouillon, le travail avec les comédiens, ainsi que les références volontaires (ou pas) à Voyage en Italie de Roberto Rossellini, l’un des films de chevet de la cinéaste.

L’Image et le son
Blaq Out nous a concocté un très beau master d’Aux jours qui viennent. La colorimétrie est habilement restituée, la clarté est de mise, le cadre bien exploité. On excuse de sensibles pertes de la définition sur des plans plus lumineux, dénaturant quelque peu le piqué, puisque la copie demeure solide et permet de (re)voir le film de Nathalie Najem dans d’excellentes qualités techniques.

Il ne faut pas attendre beaucoup de la piste Dolby Digital 5.1 qui délivre quelques effets latéraux (les ambiances naturelles, de rue, sur la route), mais qui dans l’ensemble demeure canalisé sur les enceintes avant. Les dialogues sont clairs, l’intelligibilité jamais prise en défaut, la balance frontale est convaincante. La version stéréo suffit largement pour se plonger dans l’atmosphère du film avec une réelle dynamique et une fluidité de la première à la dernière image. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.



Crédits images : © Blaq Out / Paname Distribution / Franck Brissard pour Homepopcorn.fr
