ATTENTION AU BLOB ! (Beware! The Blob) réalisé par Larry Hagman, disponible en combo Blu-ray + DVD le 14 décembre 2020 chez ESC Editions.
Acteurs : Robert Walker Jr., Gwynne Gilford, Richard Stahl, Richard Webb, Shelley Berman, Godfrey Cambridge, Larry Hagman, Carol Lynley…
Scénario : Jack Woods & Anthony Harris, d’après une histoire originale de Richard Clair & Jack H. Harris
Photographie : Al Hamm
Musique : Mort Garson
Durée : 1h27
Date de sortie initiale : 1972
LE FILM
Suite à des travaux d’excavation, un employé trouve un contenant métallique indiquant « spécimen garder gelé ». Après avoir confié ce mystérieux cylindre à son patron Chester Hargis , la femme de ce dernier néglige la mise en garde de l’inscription. Exposée à la chaleur ambiante de leur habitation, en quelques instants une chose gluante d’un rouge vif sort par elle-même du contenant qui l’abritait. La chose augmente de volume très rapidement. Cette masse gélatineuse devient énorme, elle se déplace très vite et peut se glisser partout, elle absorbe tout ce qui vit. La vie l’attire et elle a faim ! Les habitants de la petite ville sont en danger…
Attention au Blob ! ou attention au nanar surtout ! Beware ! The Blob est en effet un très grand moment de nawak assumé où l’on retrouve à la barre Larry Hagman (1931-2012), mondialement connu pour son rôle mythique de J.R. Ewing dans la série Dallas, qui comptera plus de 350 épisodes réalisés entre 1978 et 1991, qui connaîtra d’ailleurs une suite dans les années 2010, à laquelle le comédien participera aussi. Mais pour l’heure, Attention au Blob ! demeure le seul et unique long métrage de Larry Hagman en tant que metteur en scène. Tant mieux diront certains. Néanmoins, il n’est pas interdit, loin de là, de prendre beaucoup de plaisir devant ce pseudo-film fantastico d’horreur bourré d’humour qui compile les séquences à la va-comme-je-te-pousse, sans aucun rythme, avec visiblement beaucoup d’improvisation (trèèèès approximatives), mais avec une légèreté et une insouciance contagieuses. Du coup, on a beaucoup d’affection pour Attention au Blob !, dont les acteurs au rabais, les dialogues hilarants, les effets spéciaux tordants et le montage aux pâquerettes combleront les amateurs de mauvais films sympathiques.
L’action de Beware ! The Blob se déroule quinze ans après les événements du premier film, Danger planétaire – The Blob, sorti en 1958, dans lequel s’époumonait un inconnu du nom de Steve McQueen, qui essayait de sauver la petite ville de Downingtown, en Pennsylvanie. Après avoir travaillé quelques mois sur un oléoduc situé au Pôle Nord, l’ouvrier Chester (Godfrey Cambridge) retourne dans sa banlieue de Los Angeles, ramenant avec lui un petit échantillon d’une mystérieuse substance gelée découverte par un bulldozer sur un chantier. Visiblement, une scène d’introduction dévoilait ces événements avec le Blob gelé dans l’Arctique, mais celle-ci semble avoir disparu. Avant d’apporter la substance à un laboratoire pour y être analysée, Chester place le récipient de stockage avec cette gelée rouge dans son congélateur, mais lui et sa femme Marianne (Marlene Clark) l’ont accidentellement laissé décongeler, créant un nouveau Blob. Échappée de son récipient, le « monstre » commence par manger une mouche, puis un chaton, puis Marianne, puis Chester, qui était justement en train de regarder Danger planétaire à la télévision, en enchaînant ses bières bien fraîches. Lisa (Gwynne Gilford), une amie, entre pour voir Chester, qu’elle découvre en train de se faire dévorer par le Blob. Elle s’échappe (en moulinant des bras), mais ne parvient à convaincre personne, pas même son petit ami Bobby (Robert Walker Jr.), qui ne pense surtout qu’à se faire un sandwich avocat-bacon. Pendant ce temps, la créature à croissance rapide s’attaque tranquillement à la ville, en apparaissant ici et là, sans aucune logique.
Certaines de ses victimes incluent un policier et deux hippies (Cindy Williams et Randy Stonehill) dans un égout pluvial (les hippies aiment bien les endroits pourris car le son de la guitare y est plus pur), un coiffeur (Shelley Berman) qui se prend pour un artiste et son client (aux cheveux très sales), des vagabonds (interprétés par le réalisateur lui-même, Burgess Meredith et Del Close), un chef scout (Dick Van Patten), une ferme pleine de poulets et de chevaux, des gens dans une station-service et divers habitants de la ville qui se révèlent « portés disparus ». À un moment donné, Lisa et Bobby se retrouvent piégés dans leur camion avec la créature, qui essaye de trouver un moyen de s’immiscer dans l’habitacle. Tout en paniquant, la climatisation du camion est accidentellement allumée et le Blob recule en raison de sa vulnérabilité au froid. Le Blob maintenant massif envahit une piste de bowling et une patinoire, consommant des dizaines de personnes supplémentaires dans le processus. Heureusement, Bobby n’est pas bête (enfin…) et il se dit qu’ils devraient alors profiter d’être dans une patinoire, pour activer le mécanisme de glace, histoire de montrer de quel bois il se chauffe à cette méchante gelée de groseille !
Il faut voir comment les acteurs ouvrent grand la bouche pour montrer qu’ils ont peur, avant de se laisser écraser par cette marmelade qui avance à deux à l’heure, ou quand ce n’est pas un ballon gonflé ou un sac de frappe qui est supposé représenter la créature mortelle ! A ce titre, la séquence du bowling vaut son pesant de cacahuètes, Larry Hagman ayant probablement décidé de s’amuser avec sa bande de potes, tout le casting étant composé uniquement de ses amis. Donc oui on se marre devant Attention au Blob !, mais surtout lorsque ce n’est pas volontaire ou devant la pauvreté de l’entreprise, même si le budget était supérieur au premier volet. Si Larry Hagman était déjà apparu au cinéma dans l’incroyable Point limite – Fail-Safe (1964) de Sidney Lumet, le méconnu et tout autant incroyable Le Groupe – The Group (1966) du même cinéaste, Première Victoire – In Harm’s Way (1965) d’Otto Preminger et L’Homme sans frontière – The Hired Hand (1971) de Peter Fonda, Larry Hagman écumait aussi les séries télévisées et avait même réalisé quelques épisodes de Jeannie de mes rêves et de The Good Life, dont il tenait la vedette. Voisin et ami du producteur Jack H. Harris, qui cherchait depuis quelques années à donner une suite à Danger planétaire, Larry Hagman propose ses services et se voit finalement confier les rênes de ce qui deviendra Beware ! The Blob, pour le meilleur et pour le rire.
Il faudra attendre plus de quinze ans encore pour que le Blob ressurgisse sur les écrans avec le génial film éponyme de Chuck Russell.
LE DVD
Après ses éditions de The Blob – Danger planétaire (1958) et Le Blob (1988), ESC Editions complète la trilogie consacrée au monstre gélatineux en proposant Attention au Blob ! en combo Blu-ray + DVD. Un disque plus minimaliste, mais nous sommes très heureux de pouvoir enfin intégrer ce beau nanar à notre collection. Le visuel aurait pu sans doute être plus attractif. Le menu principal est animé et musical.
Pour nous présenter Attention au Blob !, ESC Editions s’est tourné vers Gilles Penso (Le Complexe de Frankenstein, Phil Tippett : Des Rêves et des Monstres), qui en un peu plus d’un quart d’heure nous dit tout ce qu’on voulait savoir sur le film de Larry Hagman ! Cette analyse se compose tout d’abord d’un petit tour d’horizon sur les monstres informes au cinéma (on nous parle de mucilophobie, autrement dit de la crainte exagérée de la gelée et des substances visqueuses) et d’un retour rapide sur le succès de The Blob – Danger planétaire. Puis, Gilles Penso en vient au film qui nous intéresse en s’intéressant à sa genèse, au contexte (l’arrivée des années exubérantes, les beatniks), au casting, au choix de Larry Hagman à la mise en scène (et qui fait un caméo comme vagabond), aux partis-pris (l’humour notamment) et à la « pérennité » du film (« le film réalisé par J.R. » scandait des affiches d’une ressortie tardive).
L’Image et le son
Franchement, compte-tenu de la rareté du film, on ne s’attendait pas à un master aussi nickel. Dès le générique avec le chaton filmé sous tous les angles sur une musique stridente réalisée au synthétiseur, l’image d’Attention au Blob ! affiche une propreté jamais prise en défaut, une clarté indéniable, une stabilité irréprochable et un piqué acéré. Mention spéciale aux couleurs et plus particulièrement à la teinte rouge symbolique du Blob, dont les nuances (toutes proportions gardées bien sûr) apparaissent probablement pour la première fois à l’écran. Très belle définition, surtout pour une édition Standard.
Sur la version originale, quelques dialogues paraissent parfois grinçants et étouffés. Mais le report musical est impeccable. En français, langue très conseillée si vous désirez accentuer l’aspect nanar du film, les échanges sont plus fluides et dynamiques, mais vous y perdrez du point de vue ambiances. Les sous-titres français ne sont pas imposés.