UNE BIBLE ET UN FUSIL (Rooster Cogburn) réalisé par Stuart Millar, disponible en Édition Collector Silver Blu-ray + DVD le 15 avril 2021 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : John Wayne, Katharine Hepburn, Anthony Zerbe, Richard Jordan, John McIntire, Richard Romancito, Jack Colvin, Paul Kolso…
Scénario : Martin Julien, d’après le personnage du roman True Grit de Charles Portis
Photographie : Harry Stradling Jr.
Musique : Laurence Rosenthal
Durée : 1h48
Date de sortie initiale : 1975
LE FILM
Démis de ses fonctions pour avoir fait un usage excessif de la force, le marshal Rooster Cogburn reprend son insigne pour retrouver les pillards en possession d’une mitrailleuse et d’un chargement de nitroglycérine. Des bandits également coupables du massacre de soldats et du meurtre d’un pasteur. Si Cogburn recueille la fille de celui-ci, une missionnaire d’un certain âge, ainsi qu’un jeune indien, il n’en doit pas moins poursuivre sa traque en territoire hostile…
Stuart Millar (1929-2006) commence sa carrière dans le cinéma en tant que producteur à la fin des années 1950. Il produit des films réalisés par John Frankenheimer, Sidney Lumet ou encore Arthur Penn. En 1972, il met en scène son premier long-métrage, When the Legens Die, l’histoire d’un jeune indien orphelin qui vit sauvagement dans la nature et qui, en grandissant, devient un brillant cavalier. Avant de terminer sa carrière à la télévision, il réalise un deuxième et dernier long-métrage pour le cinéma en 1975, Une bible et un fusil – Rooster Cogburn, un western dans lequel John Wayne, dans son avant-dernier film, reprend le rôle de Rooster Cogburn qui lui avait valu son unique Oscar du Meilleur Acteur dans 100 dollars pour un shérif (True Grit en version originale) réalisé par Henry Hathaway en 1969.
Dès le générique du début, il ne fait aucun doute, nous sommes bel et bien devant un western. Deux personnages sur des chevaux apparaissent dans des paysages magnifiquement filmés en plan très large. Ils traversent des montagnes, des forêts et des lacs sous un soleil couchant le tout sur une musique entraînante. A peine le générique terminé, le film entre immédiatement dans l’action. Le plus grand héros des westerns apparaît à l’image : John Wayne ! Bien que ce western soit un de ses derniers films, John Wayne, les cheveux grisonnants, a gardé une classe et une présence incroyables. Il interprète un marshal fédéral, l’oeil gauche barré d’un bandeau, qui au bout de trois minutes, abat des bandits coupables de vol et de meurtre après une arrestation musclée et un adjoint tué. Ses méthodes sont aussi efficaces qu’expéditives.
John Wayne a un personnage intéressant dans ce western. Il joue un héros sur le déclin. Après un jugement, il est dans l’obligation de rendre son étoile. En plus de son âge avancé, il a des problèmes importants avec la boisson. Mais rassurez-vous, le marshal ne va pas profiter de sa retraite très longtemps. Une mission importante lui est confiée, il doit retrouver la trace d’un groupe de malfaiteurs qui ont dérobé un grand convoi d’explosifs à l’armée.
Une bible et un fusil comporte une dose suffisante d’action avec des meurtres, des fusillades, de la violence et des explosions. Ces scènes sont contrebalancées par des moments plus calmes et comiques, ce qui donne un bon rythme au long-métrage. Dans sa quête, le marshall est accompagné malgré lui par Eula Goodnight, fille de pasteur et institutrice, jouée admirablement par Katharine Hepburn. Ce personnage est du genre à citer la Bible régulièrement et n’a que la prière pour unique arme. Naturellement, cela crée des étincelles avec le marshal, formant un duo amusant. Tous les deux sont opposés, mais complémentaires et ont quand même un point commun, un fort tempérament. Leurs disputes sont savoureuses et les répliques particulièrement soignées. Petit à petit, cette mésentente laisse place à de la tendresse. Il est regrettable qu’il s’agisse de l’unique collaboration entre John Wayne et Katharine Hepburn. Un jeune indien nommé Wolf les accompagne. Malheureusement, ce personnage est tellement en retrait et si peu développé qu’il est difficile de s’y attacher.
Dans tous les westerns, les méchants sont toujours des caricatures d’affreux. C’est le cas dans Une bible et un fusil. Ils sont sans scrupule et prêts à tuer des innocents. Ils ne peuvent être que détestables. Le marshal, surnommé justement « Coq hardi », mène une course-poursuite haletante, marquée par des rebondissements efficaces. L’histoire, sur fond de vengeance, se termine par un affrontement fracassant avec nos héros sur un radeau.
Une bible et un fusil est un western classique qui vous fera vivre une aventure passionnante, en compagnie d’un duo merveilleux, John Wayne et Katharine Hepburn, qui saura vous séduire.
LE BLU-RAY
Le DVD et le combo Blu-ray + DVD d’Une bible et un fusil sont disponibles chez Sidonis Calysta dans la Collection Silver. Le visuel de la jaquette est soigné, avec un gros plan sur les visages de John Wayne et de Katharine Hepburn et un beau paysage en arrière-plan. Le menu est animé par des extraits et avec la bande originale en fond sonore. Le film de Stuart Millar était déjà sorti en Blu-ray en 2013 chez Universal Pictures.
Les bonus comportent une présentation du film par l’expert du western, Jean-François Giré (15′). Ce dernier donne les informations principales du long-métrage. Il revient ensuite en détails sur le parcours du réalisateur Stuart Millar, l’adaptation du roman True Grit et le malentendu comme quoi il s’agirait de la suite de Cent dollars pour un shérif (*il s’agit plutôt d’une nouvelle aventure du même personnage, NDLR). Jean-François Giré aborde l’histoire, les personnages, les acteurs, la réalisation et la photographie. Ses analyses de certaines séquences et du titre sont passionnantes. Il propose un deuxième regard sur ce long-métrage.
Le second supplément est une interview datant de 1985 de Katharine Hepburn par Clives James de la BBC (50′). Cette archive, non restaurée, est en version originale avec des sous-titres en français non imposés. Nous découvrons Katharine Hepburn, chez elle, une personne aussi simple que discrète malgré sa grande popularité. La première partie de l’interview est consacrée à sa vie privée, sa famille, son enfance ou encore sa passion pour l’aviation. La deuxième partie, sur sa carrière, est plus intéressante pour les cinéphiles. Elle dévoile des anecdotes sur Peter O’Toole, John Barrymore, Peter Fonda et Spencer Tracy. Elle raconte ses débuts mais aussi les hauts et les bas de son parcours avec beaucoup de justesse et sans langue de bois. Elle explique sa vision du métier d’actrice et comment elle choisit les scénarios. Des sujets qui sont encore d’actualité sont évoqués comme le féminisme ou le droit à l’euthanasie. Malgré quelques maladresses du journaliste qui a tendance à insister sans doute trop sur des thèmes auxquels Katharine Hepburn ne veut pas répondre, cette archive est fascinante. Les quelques sauts d’image sont pardonnables.
L’image et le son
Sidonis reprend le même master précédemment édité par Universal en 2013. Une copie qui permet aux spectateurs de redécouvrir Une Bible et un fusil dans de très belles conditions techniques. Les volontés artistiques du chef opérateur Harry Stradling Jr. (Vendetta, Little Big Man) sont respectées, même si certains rechigneront sur l’image parfois trop lisse ayant peu conservé le grain original. Cela n’empêche pas de s’extasier devant la beauté de la copie, le nouvel éclat des couleurs (voir l’oeil bleu pétillant du Duke), la luminescence du fleuve dans la dernière partie qui renvoie la lumière du soleil comme un miroir. Même si elles demeurent rares, les séquences sombres sont quelque peu déséquilibrées avec un manque flagrant de concision des noirs, un piqué émoussé et une perte des détails. Dans l’ensemble, l’image demeure fabuleuse, l’apport HD impressionnante, le relief des textures est palpable, la profondeur de champ est inédite (merci au cadre large) et la restauration reste impressionnante. Anciennement encodé en VC-1, ce Blu-ray est désormais au format AVC.
Le film est disponible en version originale avec une qualité égale par rapport à la version française. Les deux pistes, qui sont en DTS-HD 2.0, ont un bon mixage entre les voix, la musique et les bruits d’ambiance. Cela permet de plonger pleinement dans l’atmosphère du film. Le doublage français comporte des grands noms dans ce domaine : Jean Martinelli, Paule Emanuele, Marc de Georgi, Dominique Paturel, Jean Violette, Thierry Bourdon, Jacques Richard, Jacques Balutin, Raoul Delfosse ou encore Henri Labussière. Les sous-titres français sont non imposés et disponibles sous deux versions : celle avec l’intégralité des dialogues ou celle traduisant les mots anglais visibles à l’écran.