Test Blu-ray / Un fauteuil pour deux, réalisé par John Landis

UN FAUTEUIL POUR DEUX (Trading Places) réalisé par John Landis, disponible en Blu-ray le 1er juin 2019 chez Paramount Pictures

Acteurs : Dan Aykroyd, Eddie Murphy, Ralph Bellamy, Don Ameche, Denholm Elliott, Jamie Lee Curtis, Frank Oz, James Belushi…

Scénario : Timothy Harris, Herschel Weingrod

Photographie : Robert Paynter

Musique : Elmer Bernstein

Durée : 1h56

Année de sortie : 1983

LE FILM

I had the most absurd nightmare. I was poor and no one liked me. I lost my job, I lost my house, Penelope hated me, and it was all because of this terrible, awful Negro!

Après avoir mis en scène coup sur coup trois énormes succès au box-office, American College (1978), The Blues Brothers (1980) et Le Loup-garou de Londres (1981), John Landis réalise son rêve de cinéphile avec Un fauteuil pour deux, hommage direct aux comédies sociales de Frank Capra. Il impose Eddie Murphy, comme le reste de son casting d’ailleurs, et livre une satire sur les préjugés et la bêtise humaine. Plus de 35 ans après sa sortie, le film a non seulement bien vieilli, mais le portrait dressé d’un monde scrupule et s’en prenant aux petites gens s’avère toujours autant d’actualité. Dans les années 1980, l’Amérique surpuissante de l’ère Reagan bat son plein et le capitalisme est roi. L’avenir de deux hommes, Louis Winthorpe et Billy Ray Valentine, se retrouve dans les mains de deux vieux millionnaires (les vétérans Ralph Bellamy et Don Ameche) qui ont parié sur eux pour la somme d’un dollar, dans le seul but de se divertir. Jamie Lee Curtis, incendiaire et qui a marqué plusieurs générations de cinéphiles au détour d’une scène mythique, incarne Ophelia, une prostituée au cœur d’or qui semble être la seule à savoir que la vie ne fait pas de cadeaux. Louis évoluera à ses côtés en apprenant à communiquer, à aimer et à se prendre en main en devenant un homme. Jamie Lee Curtis sera récompensée par le BAFTA de la meilleure actrice dans un second rôle. Pas mal pour une actrice dont la Paramount ne voulait pas. Sur un scénario coécrit par Timothy Harris et Herschel Weingrod, qui écriront plus tard quelques réjouissants divertissements (Comment claquer un million de dollars par jour?, Jumeaux, J’ai épousé une extra-terrestre, Un flic à la maternelle), Un fauteuil pour deuxTrading Places est un film culte, une comédie aussi drôle qu’élégante.

Louis Winthorpe III est un jeune directeur chargé des investissements chez Duke & Duke, une puissante banque de Philadelphie. Billy Ray Valentine est un Noir combinard, mais fauché. À leur insu, tous deux vont faire l’objet d’un pari insensé de la part des patrons de Louis, les frères Mortimer et Randolph Duke, deux personnages arrogants. Ces derniers ont en effet des vues divergentes sur le rôle de l’acquis et de l’inné : Mortimer affirme que certaines personnes sont capables de réussir dans toutes les situations qui s’offrent à eux tandis que d’autres échoueront systématiquement ; Randolph croit pour sa part qu’un gagnant peut déchoir si son environnement ne lui est plus favorable et que celui qui a échoué pourrait réussir dans d’autres conditions. Pour se mettre d’accord, ils conviennent de réaliser une expérience grandeur nature, le vainqueur remportant leur « montant habituel ». Ils s’arrangent pour discréditer Louis lors d’une réunion en le faisant passer publiquement pour un voleur, ce qui conduit à son arrestation, son licenciement et au gel de son compte en banque. Ils envoient également leur employé Beeks payer Ophelia, une femme dans la rue, pour qu’elle embrasse Louis en public lorsque Penelope, la fiancée de Louis, vient le trouver au commissariat. En même temps, ils embauchent Valentine et lui offrent la place de Louis ainsi que l’appartement, propriété des Dukes, qu’il occupait. Les premiers jours, la thèse défendue par Randolph prévaut largement : largué par sa fiancée, rejeté par ses amis et sans ressources, Louis sombre rapidement dans la pauvreté. Il sera recueilli par Ophelia, prise de remords, qui lui avouera qu’elle a été payée par les Dukes. Ophelia lui avouera également qu’elle est une prostituée et lui promet de l’aider à regagner sa place dans la société. De son côté, Valentine use de sa sagesse populaire pour prédire avec justesse l’évolution du prix de certains actifs, ce qui lui vaut quelques beaux succès sur le marché des contrats à terme.

He was wearing my Harvard tie. Can you believe it? My Harvard tie. Like oh, sure he went to Harvard.

Si Dan Aykroyd avait déjà prouvé quel formidable acteur il était dans The Blues Brothers, c’est incontestablement Eddie Murphy (22 ans à l’époque), dans un rôle envisagé pour Richard Pryor (qui aurait eu Gene Wilder pour partenaire), qui explose dans Un Fauteuil pour deux, alors qu’il venait de triompher dans son premier long métrage, 48 heures de Walter Hill l’année précédente. D’un naturel confondant, le comédien, véritable tornade humaine, emporte tout sur son passage et insuffle sa folle énergie à ses partenaires. Eddie Murphy deviendra un phénomène planétaire un an plus tard avec Le Flic de Beverly Hills.

Un Fauteuil pour deux est également resté célèbre pour sa critique grinçante des milieux boursiers et des capitalistes où la richesse est synonyme de cupidité. A l’époque, le monde de la bourse (avec un final se déroulant dans le World Trade Center) était méconnu et malgré leur ignorance dans ce domaine (d’ailleurs, franchement, on ne comprend pas plus aujourd’hui), les spectateurs se sont rués dans les salles pour applaudir ce qui est devenu un modèle de comédie. A noter les participations amicales de Frank Oz (qui apparaissait déjà dans The Blues Brothers) et James Belushi dont le frère John venait de disparaître, ainsi qu’une merveilleuse partition signée Elmer Bernstein, par ailleurs nommé à l’Oscar.

Un fauteuil pour deux se regarde aujourd’hui avec le même bonheur et on rit toujours autant des dialogues et des rebondissements menés de main de maître par John Landis, qui la même année réalisera le clip Thriller pour Michael Jackson. Enfin, dernière anecdote, les frères Randolph et Mortimer Duke feront une nouvelle apparition dans Un prince à New York, également réalisé par John Landis, dans lequel ils sont devenus sans domicile fixe, et trouvent une liasse de billets laissée par le prince Akeem, interprété par Eddie Murphy.

LE BLU-RAY

Alors qu’Un Prince à New York est disponible en Blu-ray chez nous depuis 2013, il aura fallu attendre encore six ans pour que Paramount Pictures se décide à sortir Un fauteuil pour deux en HD sur notre territoire. Seulement voilà, tous les suppléments de l’édition spéciale éditée en 2007 (making of rétrospectif, interviews, un focus sur les costumes, un module sur la bourse, une scène supprimée) ont purement et simplement disparu ! Pas un seul bonus à se mettre sous la dent ici ! De plus, le menu principal est désespérément fixe et muet…

Bon…comme il n’y a pas de suppléments, on se fait plaisir…

L’Image et le son

L’image de la précédente édition SD sortie en 2007 n’avait pas été restaurée et manquait cruellement d’éclat. Pour son passage en HD, Un fauteuil pour deux se refait une petite beauté et dès le générique, on perçoit le travail effectué par Paramount puisque les tâches qui émaillaient les credits ont ici disparu. L’ensemble est plus riche et lumineux, la netteté plus évidente, la gestion du grain plus équilibrée et les fourmillements stabilisés grâce au codec AVC. La colorimétrie retrouve également une vivacité qu’on ne lui connaissait pas. En revanche, le piqué demeure peu pointu, les contrastes un peu légers et la profondeur de champ limitée.

Sans surprise, seule la version originale bénéficie d’une piste Dolby True HD qui crée un vrai confort acoustique en mettant en avant la musique d’Elmer Bernstein. Les dialogues sont exsudés avec force par la centrale, la balance frontale se révèle fort convaincante, les enceintes arrière sont régulièrement sollicitées et l’ensemble demeure très propre. Les effets latéraux sont certes parfois anecdotiques mais non négligeables à l’instar de la cohue finale. L’excellente version française du film doit se contenter d’une pauvre Dolby Digital 2.0 qui fait ce qu’elle peut pour convaincre avec une belle clarté des dialogues.

Crédits images : © Paramount Pictures / Critique du film : Jean Charpentier / Test technique : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.