TINTIN ET LE MYSTÉRE DE LA TOISON D’OR réalisé par Jean-Jacques Vierne, disponible en Édition Collector – Boîtier Mediabook chez LCJ Editions
Acteurs : Jean-Pierre Talbot, Georges Wilson, Georges Loriot, Charles Vanel, Marcel Bozzuffi, Max Elloy, Dario Moreno…
Scénario : André Barret, Rémo Forlani d’après les personnages d’Hergé
Photographie : Raymond Pierre Lemoigne
Musique : André Popp
Durée : 1h42
Date de sortie initiale : 1961
LE FILM
Alors qu’il coule des jours paisibles à Moulinsart, le capitaine Haddock reçoit un télégramme de Turquie qui lui annonce que son vieil ami Thémistocle Paramélic lui lègue son bateau, la «Toison d’or». Tout excité, il s’envole immédiatement pour Istanbul, accompagné de son fidèle ami Tintin et de l’affectueux chien Milou. Mais à son arrivée, grande est sa déception lorsqu’il découvre que le legs consiste en fait en un vieux rafiot qui prend l’eau de toutes parts. Pourtant, un mystérieux acheteur lui en offre une somme astronomique. Piqués par la curiosité, Tintin et Haddock se mettent en devoir de découvrir le motif d’un tel intérêt…
A la fin des années 1950, Tintin a toujours le vent en poupe pour ses trente ans d’existence ! Alors que l’album Tintin au Tibet est sur le point d’être édité, le reporter et ses compagnons voient leurs aventures adaptées à la télévision par Ray Goossens, le tout produit par Belvision. Cette première transposition en dessins animés des Aventures de Tintin regroupera sept séries d’épisodes centrées sur huit albums distinctifs, mais sans être fidèles aux créations d’Hergé. Ainsi, nous retrouverons le Capitaine Haddock dans L’Ile Noire, le professeur Tournesol n’est pas atteint de surdité et bien d’autres hérésies. C’est alors que naît le désir d’adapter Tintin, mais en live, avec de véritables comédiens, dans de beaux décors naturels. Afin de respecter au mieux l’oeuvre d’Hergé, tout en proposant une continuité, le producteur André Barret parvient à convaincre le créateur de Tintin à lui céder les droits, afin de proposer aux spectateurs une aventure inédite du reporter et du Capitaine Haddock.
Après une année de casting, le jeune Jean-Pierre Talbot est repéré par hasard sur une plage d’Ostende où il est occupé à donner des cours de sport aux enfants. Il vient à Paris pour passer des essais face caméra durant lesquels il réalise une démonstration de ses capacités physiques. Il n’en fallait pas plus pour convaincre non seulement la production, mais aussi et surtout Hergé lui-même. Jean-Pierre Talbot demeure à ce jour l’unique comédien à avoir interprété Tintin au cinéma, dans Tintin et le Mystère de la Toison d’or (1961) et Tintin et les oranges bleues (1964). Si un autre acteur devait avoir la chance de l’incarner à nouveau sur le grand écran, Jean-Pierre Talbot reste et restera à jamais Tintin fait de chair et de sang. Grâce à son charisme évident et naturel, sa formidable souplesse, son investissement dans les cascades et sa sensibilité, le jeune homme âgé de 17 ans entre sans le savoir dans les livres d’histoire du cinéma, mais également dans le coeur des spectateurs qui réserveront un accueil formidable et chaleureux à Tintin et le Mystère de la Toison d’or. Le film reste supérieur à Tintin et les oranges bleues et demeure un savoureux divertissement, une véritable transposition de la BD d’Hergé avec des couleurs à foison, des paysages grandioses, une aventure pleine de rebondissements, de l’humour, de la tendresse, de l’action. Tintin et le Mystère de la Toison d’or est un vrai petit miracle !
À Moulinsart, le capitaine Haddock reçoit une lettre annonçant la mort d’un vieil ami, Thémistocle Paparanic, qui lui laisse en héritage son navire La Toison d’or, amarré à quai au port d’Istanbul. Haddock se rend en Turquie avec Tintin et Milou et découvre que La Toison d’or est un vieux cargo délabré et sans grande valeur. Anton Karabine, un mystérieux homme d’affaires, arrive sur le port en compagnie de plusieurs hommes et offre au capitaine 400 000 livres turques en insistant pour acquérir le navire. Intrigués par tant d’intérêt, Tintin et Haddock font des recherches sur les proches de Paparanic, pour apprendre que des années auparavant, lui et son équipage ont fait un coup d’Etat au Tétaragua (pays fictif d’Amérique latine inspiré du Nicaragua) et y ont occupé le pouvoir durant quelques jours. Chassés du pays, Paparanic et ses acolytes se sont enfuis avec l’or de la banque centrale. Tintin et Haddock se retrouvent confrontés à de nombreux gangsters qui leur tendent des pièges.
Outre la découverte précieuse de Jean-Pierre Talbot, la grande idée du film est d’avoir confié le rôle du capitaine Haddock à Georges Wilson. Juste avant de succéder à Jean Vilar à la direction du TNP, l’immense comédien, passant allègrement de l’univers de Bernard Borderie à ceux de Claude Autant-Lara et Marcel Carné, s’impose lui aussi comme une évidence. Débordant d’énergie, explosif, Georges Wilson a peu à faire pour créer le personnage d’Hergé à l’écran. L’alchimie entre les deux comédiens principaux fonctionne à l’écran. Si la production a mis beaucoup de soin dans la reconstitution des costumes et de l’univers d’Hergé, force est d’admettre que le duo Talbot/Wilson fonctionne à fond et que le premier coup d’oeil suffit pour les identifier immédiatement à leurs personnages. Ajoutez à cela une délicieuse composition de Georges Loriot, également clown et artiste de cirque, qui s’empare merveilleusement du personnage du Professeur Tournesol, tout comme la représentation des Dupond(t) à l’écran qui s’avère tout aussi réussie. En guise de guests, Marcel Bozzuffi endosse le costume d’Angorapoulos, Charles Vanel fait une apparition dans le rôle du père Alexandre Timoshenko et Dario Moreno prête sa jovialité à Midas Papos.
Tintin et le Mystère de la Toison d’or, production franco-belge, doit également beaucoup à la mise en scène solide de Jean-Jacques Vierne (1921-2003). Loin de plonger ses personnages légendaires dans des décors simplistes et de les laisser s’animer à l’écran, le réalisateur soigne son cadre, aidé en cela par son chef opérateur Raymond Pierre Lemoigne (Oscar, Fantômas se déchaîne, Hibernatus), en utilisant habilement et intelligemment la couleur. Les cases de la BD s’animent, les prises de vue font honneur à la Turquie, à la Grèce, notamment dans la région des Météores, sur terre, sur mer et dans les airs ! Le scénario d’André Barret, coécrit avec Remo Forlani, parvient à restituer l’âme des aventures de Tintin, sans jamais forcer le trait, tout en faisant quelques références aux albums L’Ile Noire et Objectif Lune pour ravir les tintinophiles.
Il en ressort une âme immense, l’envie du travail bien fait et surtout celle de toucher le public de 7 à 77 ans. Mission accomplie puisque Tintin et le Mystère de la Toison d’or attirera en France plus de 3,5 millions de spectateurs ! Une suite est donc naturellement prévue. Ce sera Tintin et les oranges bleues, qui sortira sur les écrans pour Noël 1964…
A mon père
LE MEDIABOOK
Tintin et le Mystère de la Toison d’or a tout d’abord été édité en DVD par LCJ Editions en 2003. L’éditeur a ensuite sorti le film de Jean-Jacques Vierne en Blu-ray en 2008, à l’unité et en coffret, dans une version non restaurée et qui plus est victime d’un défaut de fabrication en raison d’une résine défectueuse. Qu’à cela ne tienne, LCJ Editions n’allait pas laisser s’échapper un des titres phares de son catalogue et revient en octobre 2018 avec l’un de ses plus beaux objets : une Édition Collector – Boîtier Mediabook regroupant les deux films « live » de Tintin avec Jean-Pierre Talbot, restaurés et remasterisés en Haute-Définition 4K ! Autant vous dire que le travail est magnifique, mais nous vous en disons plus dans la rubrique « Image et Son ». Toujours est-il que ce Mediabook comprenant les deux Blu-ray (existe aussi en coffret DVD avec les couleurs inversées) comblera de joie les aficionados de Tintin et le Mystère de la Toison d’or et Tintin et les oranges bleues. Les deux disques sont solidement renfermés dans le Mediabook aux couleurs pétillantes, et nous noterons le soin apporté au très beau livret de 36 pages, rempli de photographies de production, d’affiches (dont celle des Oranges bleues dessinée par Hergé) et d’articles consacrés à Tintin, Hergé, la genèse des deux films et quelques propos sur les personnages. Les collectionneurs seront également ravis d’apprendre que ce Mediabook contient un morceau de pellicule issu d’une véritable copie d’exploitation en salles de Tintin et le Mystère de la Toison d’or, supplément évidemment unique pour chaque exemplaire de cette édition collector.
L’interactivité est la même sur les deux disques.
Quelle joie de retrouver Jean-Pierre Talbot dans une interview réalisée en 2018 à l’occasion de la sortie de cette nouvelle édition ! 45 minutes passées avec l’inoubliable Tintin et le Mystère de la Toison d’or et des Oranges bleues, qui, s’il n’arbore plus la houpette, conserve encore et toujours son merveilleux sourire et son regard malicieux. Né en 1943, l’ancien moniteur de sport, instituteur et directeur d’école revient sur l’une des grandes aventures de sa vie en répondant aux questions d’Henry-Jean Servat, confortablement installé dans son jardin. Jean-Pierre Talbot évoque ainsi sa « rencontre » avec Tintin dans sa jeunesse, sur la genèse de La Toison d’or, sur sa rencontre par hasard avec la fille d’un ami d’Hergé qui lui demande s’il serait prêt à faire des essais pour incarner Tintin à l’écran. Du haut de ses 17 ans, le jeune moniteur de sport accepte avec amusement et se prête au jeu. La suite appartient à l’histoire et Jean-Pierre Talbot la raconte si bien que nous ne saurons que trop vous conseiller de visionner ce formidable module qui ne manque pas d’anecdotes de tournage sur les deux films, ainsi que sur la préparation du comédien (6 mois) qui s’est immédiatement fondu dans le personnage, pour le plus grand bonheur des spectateurs et d’Hergé en personne.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce de Tintin et le Mystère de La Toison d’or.
L’Image et le son
Le scan 2K de Tintin et le Mystère de la Toison d’or a été réalisé par le laboratoire Mikros Image. Et le résultat est fa-bu-leux ! Une restauration 4K complète ! Le grain argentique a heureusement été préservé et demeure flatteur tout du long. Le gros point fort de ces nouveaux masters HD reste la colorimétrie étincelante, qui fait la part belle aux teintes bleues, à l’instar du célèbre pull de Tintin ou bien encore la mer azur qui environne les personnages dans la dernière partie du film. Ajoutez à cela un relief inattendu qui met en valeur la beauté des décors naturels (la séquence des Météores est à se damner), un piqué naturel et acéré, des détails à foison aux quatre coins du cadre, y compris sur les magnifiques séquences sous-marines. Mention spéciale aux gros plans, ainsi qu’à la texture des vêtements. Avec tout cela, on oubliait presque de parler de la propreté de la copie ! C’est bien simple, aucune scorie ou presque n’a survécu au scalpel numérique. Tout y est lumineux. Hormis divers décrochages sur les fondus enchaînés, c’est un sans-faute et les tintinophiles vont être aux anges.
Le mixage DTS-HD Master Audio Dual Mono instaure un réel confort acoustique. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, les effets riches et les silences denses, sans aucun souffle. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.
Une réflexion sur « Test Blu-ray / Tintin et le Mystère de La Toison d’or, réalisé par Jean-Jacques Vierne »