SYMPATHY FOR THE DEVIL réalisé par Yuval Adler, disponible en DVD & Blu-ray le 6 décembre 2024 chez Metropolitan Film & Video.
Acteurs : Nicolas Cage, Joel Kinnaman, Alexis Zollicoffer, Cameron Lee Price, Oliver McCallum, Rich Hopkins, Nancy Good, Kaiwi Lyman…
Scénario : Luke Paradise
Photographie : Steven Holleran
Musique : Ishai Adar
Durée : 1h30
Date de sortie initiale : 2023
LE FILM
David doit rejoindre sa femme à l’hôpital qui doit accoucher. Dans le parking surgit un homme armé qui lui impose de sillonner la ville. Pourquoi l’a-t-il pris en otage ? Ne s’est-il pas trompé de cible ? À moins qu’un passé commun lie les deux hommes ? Un jeu du chat et la souris va s’engager. Mais qui est vraiment le chat ?
L’année 2024 a été très riche et valorisante pour Nicolas Cage, marquée entre autres par son plus grand succès au box-office depuis plus de dix ans avec l’incroyable Longlegs d’Osgood Perkins, qui a remporté cent millions de dollars dans le monde. Mine de rien, le sieur Coppola a repris sa carrière en main avec successivement Pig de Michael Sarnoski, Un talent en or massif de Tom Gormican et Dream Scenario de Kristoffer Borgli, tous loués par la critique et qui ont connu leur succès dans les festivals. S’il continue de se faire plaisir, ou tout simplement s’il choisit mieux ses projets (The Old Way, Renfield, The Surfer), Nicolas Cage a su prouver qu’il en avait encore sérieusement sous le capot (c’est rien de le dire), qu’il est et restera l’un des plus grands comédiens de sa génération. Si Sympathy for the Devil ne fera sans doute pas date, ce thriller psychologique déroule un tapis rouge à sa tête d’affiche, qui ne se gêne pas pour faire une fois de plus la démonstration de sa virtuosité, de son art, en multipliant les coups de génie dont lui seul à le secret. Certains y verront un excès de cabotinage, mais les autres, les fans, les vrais, seront sûrement subjugués par la maestria d’un acteur que beaucoup avaient trop vite considéré comme has-been. On l’aime notre Nicky.
David Chamberlain, un futur père, se rend en voiture à l’hôpital où sa femme accouche. Sur le chemin, un inconnu monte à l’arrière de sa voiture, simplement connu sous le nom de « le passager » et lui dit de piocher une carte tout en tenant une arme sur sa tempe. David choisit au hasard l’As de Pique dont le passager révèle qu’il était dans sa poche. Il dit alors à David de conduire et, craignant pour sa vie, il le fait. Le passager révèle très peu de choses sur lui-même au début, se moquant plutôt de la tentative de David de susciter la sympathie en parlant de sa famille. Au cours de leur road trip, David essaie et échoue à plusieurs reprises de s’enfuir. Le passager taquine David en faisant allusion au fait qu’il le connaît mais en gardant pour lui la vérité sur l’endroit où ils vont.
Alors qu’il se préparait à retirer l’une de ses moumoutes habituelles pour arborer une tête d’oeuf dans Dream Scenario, Nicolas Cage apparaît les cheveux rouges dans Sympathy for the Devil. L’oeil injecté de sang, le sourire carnassier, les nerfs à fleur de peau, ce passager qui se tape l’incruste dans la bagnole de David, paraît sur le point d’exploser et l’index prêt à appuyer sur la détente de son flingue avec lequel il met en joue son chauffeur improvisé. Une fois sur la route, alors que David devait rejoindre sa femme sur le point d’accoucher, un étrange dialogue s’instaure. Qui est ce mystérieux passager ? Un jeu diabolique s’engage alors entre les deux hommes. À la barre de Sympathy for the Devil, le réalisateur israélien Yuval Adler, remarqué en 2013 dès son premier long-métrage, Bethléem, puis avec The Operative (2019) dans lequel Diane Kruger incarnait une femme recrutée par le Mossad pour travailler infiltrée à Téhéran. Pour Sympathy for the Devil, le cinéaste retrouve l’acteur suédo-américain Joel Kinnaman, qu’il avait déjà dirigé The Secrets We Keep, également interprété par Noomi Rapace. Pour sa deuxième expérience sur le sol américain (sans compter son travail sur la série Shooter avec Ryan Philippe), Yuval Adler fait preuve d’une solide maîtrise de la mise en scène, met en valeur son tandem principal, présent quasiment dans toutes les scènes, parvient à « aérer » les nombreuses séquences dialoguées en multipliant les angles dans l’habitacle, lieu fondamental où se déroule le récit et donc la confrontation des deux hommes. Qui plus est, Sympathy for the Devil possède un autre atout de taille, une très belle photographie signée Steven Holleran (Missing : Disparition inquiétante), qui instaure une atmosphère trouble et souvent étouffante, tout en mettant en relief la folie du « passager », grâce à des jeux de lumières colorées.
Très impliqué dans ce film modeste (le budget est sans doute limité) et dans son jeu (mais il l’est toujours et vous le savez), Nicolas Cage, par ailleurs producteur, nous gratifie d’un grand numéro, restitue toute l’ambiguïté de son personnage, tour à tour flippant, pathétique, violent, bouleversant…toute une palette d’émotions inattendues qui caractérisent le mystérieux passager dont l’identité se dévoile par strate. Si nous n’aurons de cesse de parler de Nicolas Cage, son partenaire, Joel Kinnaman donc, s’en tire aussi fort bien. Après Silent Night de John Woo, il livre une nouvelle prestation intéressante, sobre, qui contrairement à son partenaire très volubile joue tout en retenue, même si l’on imagine sans cesse David hurler intérieurement (le huis clos se joue à la fois dans la voiture, mais aussi dans l’âme du chauffeur) ou prêt à sauter à la gorge de son adversaire si l’occasion devait se présenter. Le dénouement est inattendu, crédible on ne sait pas, mais fonctionne tout de même, le contrat est rempli, le divertissement est complet, l’histoire tendue du début à la fin. On se souviendra ainsi longtemps de la scène centrale du roadhouse, où le passager sort de ses gonds.
Oeuvre de commande, série B, Sympathy for the Devil démontre tout le savoir-faire de Yuval Adler, à suivre de près, confirme la maturité de Joel Kinnaman et la fraîcheur toujours intacte de Nicolas Cage, qui on est sûr, saura un jour remporter un deuxième Oscar du meilleur acteur.
LE BLU-RAY
Un nouveau Nicolas Cage qui rejoint le catalogue – déjà bien fourni en la matière – de Metropolitan Film& Video ! La jaquette, attractive, de ce DTV est particulièrement est glissée dans un boîtier classique. Le menu principal est animé et musical.
Pas de bonus consacré à Sympathy for the Devil, mais un lot conséquent de bandes-annonces – une bonne quinzaine – de films avec Nicolas Cage disponibles chez l’éditeur. De quoi passer une bonne demi-heure en bonne compagnie et qui donnera envie à certains de (re)découvrir certains bijoux (Dream Scenario, Longlegs, Un talent en or massif, Pig, Le Casse, Bad Lieutenant – Escale à la Nouvelle-Orléans…).
L’Image et le son
Le label « Qualité Metropolitan » est évidemment au rendez-vous avec ce master HD de Sympathy for the Devil. L’image bénéficie d’un codec AVC de haut niveau, renforçant les contrastes, ainsi que les détails aux quatre coins du cadre. Même si le lieu de l’action demeure souvent confiné dans l’habitacle de la voiture, les ambiances nocturnes sont magnifiques et tirent entièrement parti de cette élévation en Haute Définition. Les visages peuvent être analysés sous toutes leurs coutures, les ombres et les lumières s’accordent parfaitement avec les éclairages de l’autoroute, le piqué est vif et les réflexions sont superbes. Ce Blu-ray est évidemment une franche réussite technique et restitue les très beaux partis esthétiques du chef opérateur Steven Holleran.
Bien que le film soit étonnamment avare en scènes « agitées », les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 5.1 assurent comme il se doit pour instaurer un confort acoustique ample et plaisant. Il faut dire que la musique composée par Ishai Adar (Bethléem) est systématiquement spatialisée grâce au soutien énergique des latérales. Les dialogues sont solidement plantés sur la centrale, particulièrement en version originale, toujours nets et précis, la balance frontale est puissante et le caisson de basses utilisé à bon escient, sans esbroufe. A titre de comparaison, la piste française se révèle quand même moins riche et naturelle que son homologue.
Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr