SHERLOCK HOLMES ATTAQUE L’ORIENT-EXPRESS (The Seven-Per-Cent Solution) réalisé par Herbert Ross, disponible en DVD et Blu-ray le 28 janvier 2020 chez BQHL Editions
Acteurs : Nicol Williamson, Robert Duvall, Alan Arkin, Vanessa Redgrave, Laurence Olivier, Joel Grey…
Scénario : Nicholas Meyer, d’après son roman
Photographie : Oswald Morris
Musique : John Addison
Durée : 1h53
Date de sortie initiale : 1976
LE FILM
Inquiet de la dépendance à la cocaïne dont souffre son ami, le docteur Watson emmène Sherlock Holmes à Vienne où il doit rencontrer le docteur Freud qui va tenter de le soigner, et en même temps, essayer de résoudre un mystérieux kidnapping…
Contrairement à ce que l’on pourrait évidemment penser, Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express – The Seven-Per-Cent Solution n’est pas l’adaptation d’un des écrits de Sir Arthur Conan Doyle, mais celle du roman éponyme de Nicholas Meyer, qui signe également le scénario, qui reprenait les célèbres personnages de Sherlock Holmes, du Dr John H. Watson et même du professeur James Moriarty, dans un pastiche inattendu. Succès foudroyant, best-seller resté plus de quarante semaines dans le top, The Seven-Per-Cent Solution a donc rapidement connu les honneurs d’une transposition au cinéma. Formidable film d’aventures, mais aussi enquête policière, drame psychologique et toujours teinté d’humour, Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express apparaît presque comme étant une Ligue des Gentlemen extraordinaires avant l’heure, puisque cette histoire fait se rencontrer le célèbre détective du 221B Baker Street et Sigmund Freud. Ce dernier va non seulement aider Sherlock Holmes à se sortir de la spirale infernale de la cocaïne dans laquelle il se perd depuis de très nombreuses années, mais aussi l’épauler et même participer à mettre la main sur un kidnappeur. Tout cela, avec l’aide précieuse du Dr Watson, qui a d’ailleurs organisé cette confrontation, dans le but d’aider son meilleur ami. Si son titre français est bien trompeur, puisque jamais le célèbre train n’apparaît dans le film, Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express est un grand spectacle, riche, dense, parfois ambigu, merveilleusement interprété et mis en scène. Une belle découverte.
En 1891, Sherlock Holmes traversant une terrible dépression, son frère Mycroft et le Dr Watson utilisent comme appât son meilleur ennemi, le professeur Moriarty, pour l’amener à consulter Sigmund Freud, à Vienne. Diagnostic au terme de l’exploration du subconscient du détective de Baker Street : des soins s’imposent pour le patient qui, déjà, se lance dans une nouvelle enquête, sur les traces d’une célèbre cantatrice qu’un sultan turc retiendrait dans un train. Pour la retrouver, l’aide du grand psychanalyste ne lui sera pas de trop…
Au début du film, le spectateur découvre un Sherlock Holmes au bout du rouleau, dans un état de totale prostration causé par l’usage de la cocaïne, dont les poignets sont ravagés de traces de piqûres. En introduction, un carton indique qu’en 1891, « Sherlock Holmes disparut », année qui correspond à celle de la publication de la mort du détective par Sir Arthur Conan Doyle, alors quelque peu fatigué de son héros. Une « fin » hypothétique intitulée Le dernier problème – The Final Problem. S’il faudra finalement attendre dix ans pour que Sherlock Holmes « ressuscite », le détective a disparu pendant trois ans dans le film qui nous intéresse. « L’histoire vraie de sa réapparition » est ainsi racontée par Watson, même si la fin du carton indique ironiquement que « seuls les faits ont été inventés ». Dans la première partie, le récit se focalise sur le stratagème de Watson, désireux de sauver Holmes, mis en place pour emmener ce dernier sur le continent, et plus précisément à Vienne, où Sigmund Freud est installé. Persuadé que le psychanalyste aidera Holmes, Watson arrive à ses fins, en prétextant que Moriarty, l’ennemi de toujours du détective, s’y trouve pour y réaliser de nouveaux crimes. Arrive la seconde partie, durant laquelle Holmes connaîtra un sevrage costaud et se livrera progressivement, y compris sous hypnose, à Freud, qui tente alors de remonter au trauma à l’origine de la dépendance de son patient à la cocaïne, qu’il a d’ailleurs lui-même affrontée. Enfin, le dernier acte contentera les aficionados de Sherlock Holmes, puisque notre trio étonnant et surtout imprévu, se lancera sur une enquête qui les conduira à la poursuite d’un bandit, allant jusqu’à le poursuivre en train.
Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express joue habilement avec les personnages créés par Sir Arthur Conan Doyle, tout en les prolongeant, en approfondissant la mythologie, avec un immense respect. Autant dans le film que dans le roman, la sève des protagonistes et l’atmosphère dans laquelle ils évoluent sont bien présentes. En voyant son célèbre héros combattre son intoxication, l’empathie du spectateur est renforcée car finalement le fin limier est loin d’être invulnérable. Grand acteur shakespearien, Nicol Williamson (1936-2011), vu dans le rôle de Petit Jean dans La Rose et la Flèche – Robin and Marian de Richard Lester, campe un superbe Sherlock Holmes, luttant contre le mal qui le ronge, tout en ayant la cervelle en constante ébullition, porté par sa quête de justice. Son duo avec Robert Duvall, impérial Dr Watson, fonctionne à plein régime. Le troisième comédien vedette, Alan Arkin, campe un extraordinaire Sigmund Freud, probablement l’une des plus belles incarnations à l’écran du neurologue autrichien et fondateur de la psychanalyse. Vanessa Redgrave (Lola Deveraux), Laurence Olivier (Moriarty), Charles Gray (Mycroft Holmes) et même notre Régine nationale complètent ce fabuleux casting.
Herbert Ross (1927-2001), réalisateur d’Au revoir Mr. Chips – Goodbye, Mr. Chips (1969), de l’hilarant Tombe les filles et tais-toi – Play It Again, Sam (1972) avec Woody Allen et du futur Footloose (1983), emballe toutes ces péripéties avec une folle élégance (des décors aux costumes, en passant par les accessoires), un vrai sens du rythme et une solide direction. On ressent constamment l’évident plaisir avec lequel le cinéaste a voulu s’approprier le roman de Nicholas Meyer, en trouvant le parfait équilibre entre la réflexion, avec tout ce qui touche au mal-être de Sherlock Holmes, et l’action, avec notamment la sensationnelle course-poursuite finale en train où s’engage même un combat au sabre sur les wagons, le tout sur le score phénoménal de John Addison.
Pour résumer, Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express est un divertissement haut de gamme, salué par la critique et par plusieurs nominations aux Oscars, qui est rapidement devenu un film culte. A connaître absolument donc, au même titre que La Vie privée de Sherlock Holmes – The Private Life of Sherlock Holmes, film maudit de Billy Wilder sorti en 1970.
LE BLU-RAY
Tout d’abord proposé en DVD par Universal en 2009, puis repris par MEP Vidéo l’année suivante, Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express est désormais disponible en DVD et Blu-ray chez BQHL Editions depuis janvier 2020. Très belle jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est animé et musical.
Romancier (The Seven-Per-Cent Solution, L’Horreur du West End), scénariste (Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express, Star Trek 4 : Retour sur Terre), réalisateur (C’était demain, Star Trek 2 : La Colère de Khan, Star Trek 6 : Terre inconnue) et producteur (Dommage collatéral, Star Trek: Discovery), Nicholas Meyer revient sur l’adaptation de son propre roman et de sa collaboration avec le réalisateur Herbert Ross (18’). La genèse du livre, son succès, le casting du film et sa vision du personnage de Sherlock Holmes sont aussi passés au peigne fin au cours de cette présentation passionnante.
L’Image et le son
Vous pouvez d’ores et déjà mettre votre ancien DVD au placard. Cette nouvelle restauration donne un sérieux coup de jeune au film d’Herbert Ross. Alors certes, diverses baisses de la définition et des flous occasionnels sont encore présents, mais l’éditeur ne se moque pas des spectateurs et des cinéphiles puisque Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express a connu un véritable lifting de fond en comble. L’élévation HD est frappante, la restauration est éloquente, les contrastes revus à la hausse, la stabilité de mise, la texture argentique préservée et équilibrée. Les détails sur les visages étonnent souvent par leur précision, les couleurs ouatées retrouvent un éclat inespéré et le piqué demeure acéré.
Les mixages anglais et français Dolby Digital 2.0 instaurent un confort acoustique satisfaisant. Malgré des dialogues clairs et ardents, la piste française manque d’ampleur et en oublie parfois certaines ambiances annexes. C’est beaucoup mieux pour la version originale, plus homogène et équilibrée, avec des dialogues plus ardents. Dans les deux cas, la propreté est là et aucun souffle n’a été constaté. Les sous-titres français ne sont pas imposés.