Test Blu-ray / Reivers, réalisé par Mark Rydell

REIVERS réalisé par Mark Rydell, disponible en DVD & Blu-ray, le 22 janvier 2025 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Steve McQueen, Rupert Crosse, Mitch Vogel, Sharon Farrell, Ruth White, Michael Constantine, Clifton James, Juano Hernandez, Lonny Chapman…

Scénario : Harriet Frank Jr. & Irving Ravetch, d’après le roman de William Faulkner

Photographie : Richard Moore

Musique : John Williams

Durée : 1h51

Date de sortie initiale: 1969

LE FILM

Jefferson, Mississippi. À douze ans, Lucius vit un grand moment lorsque son grand-père reçoit livraison de la première automobile jamais vue dans la région, une flamboyante Winton Flyer 1905. Sachant la riche famille du gamin partie pour des funérailles, Boon Hogganbeck, un sympathique bon à rien notoire, le convainc d’emprunter le véhicule pour une virée à Memphis afin d’y retrouver sa petite amie. En compagnie d’un troisième larron, ils s’engagent sur des routes tantôt poussiéreuses, tantôt boueuses. Un voyage scandé par de nombreuses rencontres, certaines bonnes, d’autres beaucoup moins…

1960, Les Sept Mercenaires The Magnificent Seven de John Sturges. 1962, L’Enfer est pour les héros Hell Is for Heroes de Don Siegel. 1963, La Grande Évasion The Great Escape de John Sturges. 1966, La Canonnière du Yang-Tsé The Sand Pebbles de Robert Wise. 1968, L’Affaire Thomas Crown The Thomas Crown Affair de Norman Jewison et Bullitt de Peyer Yates. Steve McQueen a 38 ans quand il devient la star d’Hollywood la plus bankable. Avec son regard laser et son sourire carnassier, le comédien peut tout dans la capitale du cinéma. Pour cela, il est même devenu producteur depuis 1963, avec La Dernière bagarre Soldier in the Rain de Ralph Nelson, en créant sa société Solar Productions. Contre toute attente, il refuse Butch Cassidy et le Kid, surtout pour ne pas se retrouver face à Paul Newman qu’il considère comme étant son premier rival, pour financer et concevoir quasiment de A à Z, Reivers, ou The Reivers, « petit » film réalisé par Mark Rydell (né en 1929, metteur en scène du mythique The Rose, avec Bette Midler), adaptation du dernier livre de William Faulkner, paru en France sous le titre Les Larrons et Prix Pulitzer pour une œuvre de fiction en 1963. Si l’égo de Steve McQueen paraît avoir pesé beaucoup dans la balance, la star ne tire étonnamment pas la couverture dans cette chronique tendre, burlesque et amusante et laisse une belle place à ses camarades de jeu, surtout au jeune Mitch Vogel (Lucius dans le film), qui porte une bonne partie des scènes à lui-seul. L’amour de Steve McQueen pour l’automobile a sans aucun doute été l’un des points de départ de Reivers, la Winton Flyer de couleur jaune étant même traitée comme un des personnages principaux du récit. Il en résulte un spectacle joliment emballé, élégamment photographié en Panavision par Richard Moore (chef opérateur de Virages de James Goldstone, du Cercle noir de Michael Winner et des Anges sauvages de Roger Corman), marqué par de magnifiques décors, une superbe reconstitution, une partition endiablée de John Williams et un casting solide qui a l’air de prendre du bon temps. Une sympathique découverte que cet opus obscur (en France tout du moins, le film ayant été un beau succès outre-Atlantique) que ces Reivers.

Le dénommé Boon Hoggenbeck s’intéresse à une nouvelle voiture, la Winton Flyer 1905, qui est la propriété de Boss, le patriarche de la famille McCaslin, qui vit dans la région du Mississippi. Lorsqu’ils se disputent la conduite de la voiture, Boon et Ned, qui se connaissent depuis l’enfance, en viennent aux mains devant la population. Arrêtés, ils sont libérés sous caution par Boss, qui paye à la condition que les deux hommes restent à l’écart des ennuis et surtout loin de sa voiture pendant son absence, puisqu’il doit s’absenter avec sa famille afin d’assister à des funérailles. À peine Boss ayant pris place dans le train, Boon reprend le volant de la Winton Flyer pour se rendre à Memphis, afin d’y rejoindre celle qu’il aime, la prostituée Corrie. Il persuade son jeune ami Lucius, onze ans, de l’accompagner. Ned, tout d’abord planqué dans la voiture, est rapidement démasqué et taille la route avec les deux larrons. Cette escapade vers Memphis les conduit donc à la maison close où officie Corrie. Mais le lendemain, la voiture est vendue par Ned, à l’insu de Boon et Lucius, en échange d’un cheval. Pour pouvoir racheter le véhicule et rentrer au bercail, ils organisent une course de chevaux avec paris, à laquelle Lucius participera en montant le cheval de Ned…

Steve McQueen se glisse comme un poisson dans l’eau dans ce Sud des États-Unis, étant lui-même originaire de l’Indiana et se sentant visiblement plus à l’aise en milieu rural, loin des thrillers urbains qui ont pourtant largement contribué à sa célébrité. Ce côté sauvage et indompté, que l’on retrouvait déjà dans le méconnu et pourtant sublime Baby the Rain Must Fall Le Sillage de la violence (1965) de Robert Mulligan, laisse aussi apparaître des failles, des blessures, une humanité que l’on ne retrouve pas forcément derrière le masque quasi-mutique des personnages qui ont fait de lui une star et qu’il continuera à incarner par la suite comme dans Guet-apens et Junior Bonner, le dernier bagarreur de Sam Peckinpah. Dans Reivers, il est le type du coin, l’air quelque peu ahuri, avec des airs d’éternel adolescent au regard espiègle, prêt à tout pour s’amuser ou pour cogner sur Ned (excellent Rupert Crosse, premier acteur afro-américain nommé à l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour ce film), son pote de toujours, lui aussi homme à tout faire. Si les gens constatent que le second a la peau noire, Boon n’y voit qu’un visage familier sur lequel donner du poing, le sourire aux lèvres, avant de pousser la chansonnette. Alors, quand une automobile neuve et aussi brillante que l’or fait son apparition, l’occasion est trop belle pour ne pas en profiter et il décide d’embarquer le jeune Lucius, pour « faire de lui un homme », en poussant à fond les 18 chevaux de son rutilant véhicule.

La première partie est plus intéressante et l’intérêt s’émousse quelque peu après la longue séquence se déroulant dans la maison close. Toute l’histoire autour du cheval de course devient vite redondante et il faut véritablement attendre une nouvelle séquence de baston (cette fois avec les belles demoiselles du bordel) pour que le rythme reprenne de plus belle jusqu’à la fin, attendue, bon enfant, un poil tire-larmes et classique sur l’American Way of Life.

Ce n’est pas déplaisant, mais le résultat final est un poil déséquilibré pour réellement convaincre. Cela n’empêche pas de passer un bon moment devant ce récit initiatique, même si nullement inoubliable, si ce n’est que peu de spectateurs hexagonaux ont vu Reivers, qui reste une curiosité.

LE BLU-RAY

Sorti en DVD en novembre 2005 chez Paramount/CBS, Reivers avait depuis complètement disparu des radars. Près de vingt ans plus tard, le film de Mark Rydell refait surface en DVD et Blu-ray chez BQHL Éditions. Visuel coloré, boîtier avec fourreau. Le menu principal est animé et musical.

Steve McQueen est au centre d’un de ses ouvrages intitulé Au nom de la loi (Grasset, 2013). Samuel Blumenfeld nous parle longuement, pendant près d’une demi-heure de Reivers. Le journaliste-critique au Monde, replace dans un premier temps le film de Mark Rydell dans la carrière/filmo de l’acteur qui l’a toujours fasciné. Une œuvre « produite, conçue et interprétée par Steve McQueen », alors au firmament car auréolé de nombreux triomphes successifs au box-office. Pourquoi avoir refusé Butch Cassidy et le Kid pour jouer dans ce petit spectacle sans prétention, si ce n’est celle de pouvoir encore être filmé au volant d’un nouveau bolide, sa passion ? Samuel Blumenfeld explique pourquoi Reivers est un long-métrage « à rebours » de l’époque, mais aussi ce qui a pu intéresser la star dans l’ultime roman de William Faulkner. L’omnipotence de Steve McQueen sur Reivers (y compris sur le casting et le réalisateur, qu’il a choisi seul), les conditions de tournage, la distribution (« inégale » selon le journaliste, critiquant surtout Sharon Farrell dans le rôle de Corrie), ainsi que le gros succès du film (uniquement) aux États-Unis sont aussi les sujets abordés au cours de cette présentation complète.

L’Image et le son

Reivers renaît littéralement de ses cendres avec ce master Haute-Définition grâce à BQHL Éditions ! C’est superbe. Alors qu’il ne bénéficiait que d’une simple édition DVD depuis une vingtaine d’années chez CBS/Paramount, le film de Mark Rydell est de retour dans les bacs dans une édition digne de ce nom. La propreté de la copie est bluffante, le grain original respecté flatte les mirettes, la luminosité des scènes diurnes est élégante, tout comme la gestion des contrastes et la stabilité est de mise. Certes, le générique en ouverture est un peu plus défraîchi et grumeleux, tandis que certaines séquences sombres s’avèrent moins définies, mais cela reste anecdotique. Le cadre large offre une profondeur de champ inédite et regorge de détails, le piqué est à l’avenant et la colorimétrie étincelante. Master HD en toute logique identique à celui édité aux États-Unus par Kino Lorber en 2015.

Reivers est disponible en version originale et française DTS-HD Master Audio 2.0. La première instaure un confort acoustique plaisant avec une délivrance suffisante des dialogues, des effets annexes convaincants et surtout une belle restitution de la musique de John Williams. La piste française se focalise souvent sur les voix au détriment des ambiances environnantes, même si le doublage est particulièrement réussi, avec notamment à la barre le légendaire Jacques Thébault. Les deux options acoustiques sont propres et dynamiques. Possibilité de visionner le film en 5.1, quelque peu artificiel dans son rendu et qui spatialise surtout le score.

Crédits images : © BQHL Editions / Paramount Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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