QUOI DE NEUF, PUSSYCAT ? (What’s New, Pussycat?) réalisé par Clive Donner, disponible en combo Blu-ray + DVD le 7 novembre 2023 chez Rimini Editions.
Acteurs : Peter Sellers, Peter O’Toole, Romy Schneider, Capucine, Paula Prentiss, Woody Allen, Ursula Andress, Eddra Gale…
Scénario : Woody Allen
Photographie : Jean Badal
Musique : Burt Bacharach
Durée : 1h44
Date de sortie initiale : 1965
LE FILM
Rédacteur en chef d’une grande revue féminine parisienne, Michael James passe ses journées entouré de femmes superbes. Bien qu’il soit amoureux de la jolie Carole Werner, les autres beautés de son entourage ne le laissent pas indifférent. Pour tenter de s’amender, il consulte le psychiatre Fritz Fassenbender. Malheureusement pour James, le docteur est encore plus fou que lui et entraîne ses patients dans une spirale infernale de folie et de romance.
Peter Sellers, Romy Schneider, Capucine, Paula Prentiss, Woody Allen, Ursula Andress, ils sont tous réunis à la même affiche de Quoi de neuf, Pussycat ? – What’s New, Pussycat?, comédie complètement déjantée réalisée par Clive Donner, d’après un scénario de Woody Allen. Le film étant entièrement tourné en France, au fameux Castel Henriette dans les Hauts-de-Seine, au Château de Chaumontel et à Luzarches dans le Val-d’Oise, et bien sûr à Paris (dont La Closerie des Lilas), il n’est donc pas étonnant de voir le casting anglo-saxon donner la réplique à Michel Subor, Jacques Balutin, Robert Rolis, Daniel Emilfork et même à Françoise Hardy dans la dernière scène. Quoi de neuf, Pussycat ? fait penser au buffet à volonté d’un traiteur asiatique. Le choix est vaste, immense, on blinde son assiette sur plusieurs étages, on engouffre le tout sans forcément se rendre compte du mélange hétérogène auquel on s’adonne, avant de lécher son auge et de repartir se servir pour un second service. Si l’on finit enfin par être rassasié, l’estomac en a pris un coup, le souffle est court, la fatigue nous assomme, on se sent barbouillé, mais heureux. C’est ça What’s New, Pussycat?, on en prend plein les mirettes, c’est souvent lourd et pesant, mais les ingrédients foutraques fonctionnent malgré tout et si l’ingestion pointe effectivement en fin de parcours, on ne peut s’empêcher d’aimer cette fantaisie frappadingue, qui marque les débuts au cinéma, comme scénariste et comédien d’Allan Stewart Konigsberg, plus connu sous le nom de Woody Allen.
Michael James, rédacteur en chef d’une revue féminine à Paris, est un séducteur invétéré. Malgré son amour pour Carole Werner, il ne peut ignorer les femmes avenantes qui l’entourent. Pensant qu’il a un problème, il consulte le psychiatre Fritz Fassbender. Ironie du sort, celui-ci souffre d’un complexe de frustration. Un ami de Michael, Victor Shakapopulis, est transi d’amour pour Carole. Cette dernière attend de Michael qu’il la demande en mariage. Mais celui-ci rencontre tour à tour Liz et Renée. Excédée, Carole décide de donner de faux espoirs à Victor dans le but de rendre jaloux Michael.
Pour reprendre la métaphore entamée plus haut, il y a donc à boire et à manger dans Quoi de neuf, Pussycat ?. Certains éléments sont difficilement supportables, à l’instar de la prestation de Peter Sellers, qui tape rapidement sur le système et qui tentait alors de s’extraire du personnage de l’inspecteur Jacques Clouseau, qu’il venait de camper pour la seconde fois dans Quand l’inspecteur s’emmêle – A Shot in the Dark de Blake Edwards. Si certains spectateurs apprécieront son abattage comique (il est ici totalement en roue libre), d’autres grinceront des dents tant le comédien en fait des tonnes et ne tient jamais en place. Peter O’Toole, qui remplaçait Warren Beatty (l’instigateur du projet, au point où le titre serait en fait tiré de son expression favorite quand il abordait une belle donzelle), se défend bien dans un genre qui ne lui est pas du tout familier, juste après Lawrence d’Arabie – Lawrence of Arabia de David Lean. Son charisme et son énergie emportent facilement l’adhésion et ce malgré un alcoolisme grave qui aura donné pas mal de fil à retordre à Clive Donner. Mais celui qui tire indéniablement son épingle du jeu reste bien Woody Allen, qui profite de l’occasion qui lui est donnée pour dévoiler aux spectateurs toute l’étendue de son talent comique, poético-burlesque et même si celui-ci aura plus ou moins renié le film par la suite en prétextant que son scénario avait été trop remanié par le producteur Charles K. Feldman, ses fans retrouveront ici certains motifs qui feront la renommée et le triomphe du futur auteur de Manhattan.
Alors que le tournage de L’Enfer de Henri-Georges Clouzot a pris l’eau, Romy Schneider, appelée par Orson Welles (Le Procès) et Otto Preminger (Le Cardinal), rentre à Paris pour tourner Quoi de neuf, Pussycat ?, dans lequel son sourire fait des ravages et où l’actrice paraît particulièrement à l’aise, y compris au volant d’un kart au cours de la mémorable course-poursuite de la dernière partie. N’oublions pas l’élégance de la belle Capucine (la compagne du producteur Charles K. Feldman), qui retrouvait Peter Sellers deux ans après La Panthère Rose, la beauté dévastatrice de Paula Prentiss et le sex-appeal d’Ursula Andress, très convoitée depuis sa sortie des eaux turquoises dans James Bond 007 contre Dr No, auquel il est d’ailleurs fait référence explicitement au détour d’une réplique. Si pour beaucoup What’s New Pussycat? reste avant tout une chanson écrite par Burt Bacharach (immense B.O. de ce dernier) et Hal David, interprétée par Tom Jones, par ailleurs nommée à la 38e cérémonie des Oscars, le joyeux bordel de Clive Donner (où l’on croise même Richard Burton venu prendre un verre ou une bouteille avec son pote O’Toole) n’a eu de cesse d’être redécouvert, après avoir été relégué dans un coin obscur des mémoires cinéphiles et ce en dépit d’un joli succès dans les salles à sa sortie.
Le montage de Fergus McDonell fait passer la pilule en compilant les scènes sur un rythme frénétique, renvoyant au psychédélisme qui régnait alors sur une bonne partie de la planète, habile subterfuge qui ne laisse aucun temps de réflexion au spectateur dont le cerveau restera en mode off du début à la fin. Cela fait beaucoup de bien, mais fatigue aussi mine de rien et on ressort de Quoi de neuf, Pussycat ? aussi ragaillardi qu’usé physiquement. Le prix à payer sans doute pour oublier les soucis du quotidien, ce que le film de Clive Donner réussit haut la main.
LE COMBO BLU-RAY + DVD
Sorti il y a près de vingt ans en DVD chez MGM/United Artists avec une copie forcément dépassée et par ailleurs sans aucun supplément, Quoi de neuf, Pussycat ? revient dans les bacs chez Rimini Editions. Les deux disques sont présentés dans un boîtier Blu-ray classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. Le visuel reprend celui d’une des affiches originales d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.
Après avoir visionné la bande-annonce originale, qui fait la part belle à Peter Sellers et montre de rapides images de tournage, vous trouverez une interview de ce dernier, une archive de la RTBF, réalisée dans le cadre de l’émission Le Monde du Cinéma, par le journaliste Sélim Sasson en 1967, soit deux ans après la sortie de Quoi de neuf, Pussycat ?. Un entretien d’une durée de 8 minutes, au cours duquel le comédien s’exprime sur ses parents (qui travaillaient dans le monde du théâtre), sur le triomphe des deux opus de La Panthère Rose (« Je ne crois pas qu’il y aura d’autres aventures de l’inspecteur Clouseau, nous en avons assez fait, dans quelques années peut-être »), ainsi que sur la difficulté d’être accepté dans un rôle dit « sérieux », sans oublier ses deux collaborations avec Stanley Kubrick.
Le supplément le plus conséquent de cette édition est une intervention de Philippe Guedj (30’), journaliste culture pour Le Point. Beaucoup d’éléments sont abordés au cours de ce bonus, l’invité de Rimini Editions expliquant pourquoi Quoi de neuf, Pussycat ? est selon-lui « important » dans l’histoire du cinéma. La genèse du film, la musique, le contexte de la réalisation (en pleine révolution sexuelle), les thèmes abordés (la frustration sexuelle), le casting, les conditions de tournage, les improvisations, l’accueil critique, le succès dans les salles et bien d’autres éléments sont abordés par Philippe Guedj, étonnamment très enthousiaste avec le film de Clive Donner.
L’Image et le son
Ce master HD semble avoir quelques années de vol. L’image est très propre et les couleurs pétillantes de la photographie du talentueux Jean Badal (La Fiancée du pirate, Tintin et les oranges bleues, Un peu de soleil dans l’eau froide, Playtime, Les Assassins de l’ordre) sont bien retranscrites via ce Blu-ray (au format 1080p) de bonne facture. La stabilité est de mise grâce à un codec AVC de bon aloi, les contrastes sont bien gérés, cependant le piqué est quelque peu émoussé et la définition décroche sur les fondus enchaînés. La texture argentique est plutôt agréable. Les séquences tournées en extérieur sont celles qui profitent le plus de cette promotion HD.
Sur la piste DTS-HD Master Audio 2.0 anglaise, la restitution des dialogues, qui prédominent dans le film, est exemplaire et profitent d’une belle ouverture sonore, aucun souffle sporadique n’est à déplorer. Le mixage se révèle ardent, limpide et riche, et permet aux spectateurs de se plonger complètement dans l’ambiance loufoque du film. Les sous-titres français ne sont pas imposés. À titre de comparaison, la version française semble plus couverte et l’ambiance musicale plus lointaine. Excellent doublage avec à la barre Michel Roux, Jacques Jouanneau, Bernard Woringer…