NOMIS (Night Hunter) réalisé par David Raymond, disponible en DVD et Blu-ray le 6 novembre 2019 chez AB Vidéo.
Acteurs : Henry Cavill, Alexandra Daddario, Ben Kingsley, Stanley Tucci, Nathan Fillion, Brendan Fletcher, Sara Thompson, Eliana Jones, Minka Kelly…
Scénario : David Raymond
Photographie : Michael Barrett
Musique : Alex Lu
Durée : 1h39
Année de sortie : 2018
LE FILM
Des forces de police traquent un prédateur en ligne, jusqu’à ce qu’ils découvrent que ses crimes vont bien plus loin qu’attendu.
Oh tiens, Henry Cavill dans une petite production ! On avait oublié que celui qui incarne Clark Kent-Superman au cinéma depuis 2013 pouvait se retrouver au générique d’un film « modeste ». Oubliez les budgets pharaoniques de Batman v Superman : L’Aube de la Justice (2016) de Zack Snyder, de Justice League (2017) de Zack Snyder Joss Whedon et même de Mission impossible : Fallout (2018) de Christopher McQuarrie, Nomis, également sorti sous le titre Night Hunter, est un thriller psychologique quelque peu fauché tout droit venu du Canada et réalisé par un certain David Raymond. A l’instar du médiocre Sans issue – The Cold Light of Day (2012) de Mabrouk El Mechri (JCVD), Henry Cavill semble plus concerné par ce qui se passe ici que sur les produits DC et livre une bonne prestation, même s’il ne peut s’empêcher de rester les bras croisés (au sens propre comme au figuré) en faisant la moue. Mais disons qu’il a plus de choses à défendre et l’émotion s’invite même au rendez-vous. Il est aussi bien entouré, par la sublime Alexandra Daddario, qui change de registre et s’avère très bonne (chut chut messieurs) dans le registre dramatique, sans oublier Ben Kingsley (impeccable, en dépit d’un rôle sacrifié) et l’excellent Stanley Tucci. Des comédiens connus, parmi lesquels Brendan Fletcher parvient à tirer son épingle du jeu dans le rôle du frappadingue. Si la réussite n’est pas totale, Nomis est un bon petit polar, qui se laisse plus voir pour la qualité de son interprétation que pour son intrigue qui part en sucette dans le dernier tiers.
Marshall (Henry Cavill, avec moustache, barbe hirsute et cheveux gras) et l’ensemble des forces de police sont à la recherche d’un dangereux tueur en série. Quand il arrête Simon (Brendan Fletcher), un garçon simplet apparemment sans défense, rien ne semble faire sens. L’affaire est plus compliquée qu’il n’y parait, et si tout cela n’était qu’un vaste jeu ?
Nomis est un film qui part bien. L’histoire évoque les prédateurs qui pullulent sur les réseaux sociaux, à la recherche de chair fraîche et qui se font passer pour des mecs sensibles, qui n’ont jamais eu d’amis dans la vie et qui n’hésitent pas à donner un rendez-vous à la jeune fille qui a bien voulu répondre à leurs messages tout plein d’affection. On pense au très bon Trust (2010) de David Schwimmer, avec Clive Owen et Catherine Keener, qui traitait de la pédophilie et de la cybercriminalité, même si Nomis s’éloigne quelque peu de son sujet, pour finalement se recentrer sur une confrontation des autorités avec le présumé coupable. On est alors entre Split et Mindhunters, mâtiné de Se7en et du méconnu Suspect – The Frozen Ground (2013) de Scott Walker, avec Nicolas Cage et John Cusack. C’est un peu ça le problème avec Nomis, on ne peut s’empêcher de penser que telle scène rappelle un autre film, ou que telle confrontation a été vue, souvent en mieux, ailleurs, mais aussi en bien pire. Toutefois, ça passe. D’une part, parce que la mise en scène de David Raymond, également scénariste, est plutôt soignée, avec de beaux mouvements de caméra et une photographie froide de Michael Barrett qui fait son effet. D’autre part, les acteurs assurent du début à la fin. Henry Cavill est charismatique et sa carrure d’armoire à glace remplit bien l’écran et en impose face à son adversaire. Ce dernier, Brendan Fletcher donc, impressionne en cinglé qui hurle et qui bave, pouvant décourager n’importe lequel de ses interlocuteurs, dont la profileuse Rachel Chase (Alexandra Daddario).
Les rebondissements s’enchaînent plutôt bien (la scène du colis est particulièrement glaçante), même si l’intrigue a souvent tendance à s’éparpiller à droite à gauche, à se perdre donc. Si l’attention du spectateur est maintenue, la dernière partie est malheureusement peu crédible. Mais on a déjà vu bien pire. Sans esbroufe, sans scène d’action ni sensationnalisme, Nomis repose avant tout sur la prestation des comédiens, excellemment dirigés, un montage chaotique et pourtant prenant, ainsi qu’une réalisation élégante.
LE BLU-RAY
DTV, Nomis débarque en DVD et Blu-ray chez AB Vidéo. La jaquette au visuel efficace est glissée dans un boîtier classique de couleur bleue. Le menu principal est animé et musical.
Seule la bande-annonce en version française est proposée en supplément.
L’Image et le son.
Filmé en 2.39, Nomis est pourtant présenté en 1.77 dans nos contrées. Ouch ! Si l’on est d’abord séduit par le rendu de la colorimétrie alliant des couleurs à la fois chaudes et froides, mélange singulier de lumières orangées et bleues clinique, force est de constater que la définition chancelle à plusieurs reprises, malgré une luminosité plaisante, mais dénaturant souvent le piqué (trop doux à notre goût) et les détails, notamment au niveau des visages des comédiens. Le codec AVC tente de consolider certains plans avec difficulté. De plus, la profondeur de champ est décevante, quelques fourmillements sensibles s’invitent à la partie, la gestion des contrastes étant au final aléatoire. Toutefois, certains plans sortent aisément du lot avec un relief indéniable.
Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 5.1 se révèlent particulièrement sobres mais instaurent un confort acoustique suffisant. En version originale, les dialogues auraient néanmoins mérité d’être un peu plus relevés sur la centrale. Dans les deux cas, la spatialisation musicale demeure évidente, les latérales soutiennent l’ensemble comme il se doit, les ambiances naturelles ne manquent pas tandis que le caisson de basses intervient à bon escient. Deux pistes Stéréo sont également proposées. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé à la volée.