
MEURTRES À LA ST-VALENTIN (My Bloody Valentine) réalisé par George Mihalka, disponible en DVD & Combo Blu-ray + Blu-ray + DVD le 25 février 2025 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Paul Kelman, Lori Hallier, Neil Affleck, Keith Knight, Alf Humphreys, Cynthia Dale, Helene Udy, Rob Stein…
Scénario : John Beaird, d’après une histoire originale de Stephen A. Miller
Photographie : Rodney Gibbons
Musique : Paul Zaza
Durée : 1h30
Date de sortie initiale : 1981
LE FILM
Dans la ville minière de Valentine’s Bluff, une légende populaire vieille de plusieurs décennies concernant un meurtrier tuant ceux qui célèbrent la Saint-Valentin, s’avère fidèle à sa réputation lorsqu’un groupe de jeunes la défie. Les habitants suspectent alors Harry Warden, ancien mineur interné. Celui-ci avait assassiné ceux qu’il considérait responsable de son état. Des années plus tard, les meurtres ont repris !

C’est une référence, une vraie, un slasher qui a su devenir un grand classique, ce qui n’était pas chose aisée compte tenu de la quantité phénoménale de films du même genre qui sortaient alors au même moment. Meurtres à la St-Valentin échappe au tout-venant en raison de sa distribution soignée, mais aussi et avant tout grâce à sa mise en scène inventive et son cadre dépaysant. Bien meilleur que son remake du même nom, réalisé par Patrick Lussier (responsable du Hell Driver avec Nicolas Cage) et sorti en 3D en 2009, My Bloody Valentine suit un cahier des charges bien établi en cette belle année 1981 et intervient après Black Christmas, Halloween : La Nuit des masques, Terreur sur la ligne, Vendredi 13, Le Bal de l’horreur, Le Monstre du train. Il parvient à se démarquer avec beaucoup d’ingéniosité, ne serait-ce qu’au niveau du passage de vie à trépas des nombreuses victimes, égrenées tout au long de ces formidables 90 minutes. Non seulement ça, Meurtres à la St Valentin est un film qui a de la gueule et le dernier tiers se déroulant quasiment exclusivement dans les couloirs labyrinthiques d’une mine, prend aux tripes (explosées par une pioche), pour ne plus les lâcher jusqu’au dénouement, qui appelait une suite…qui n’est jamais venue.


Le maire Hanniger de Valentine Bluffs, ville minière canadienne, rétablit le bal traditionnel de la Saint-Valentin, suspendu depuis vingt ans. Les bals avaient cessé après un accident : deux contremaîtres avaient laissé cinq mineurs dans les mines pour assister au bal. Ayant oublié de vérifier le niveau de méthane dans les galeries minières, une explosion s’est produite, provoquant l’effondrement de la galerie et piégeant les mineurs. Harry Warden, seul survivant, a eu recours au cannibalisme pour survivre et est devenu fou à cause de cette épreuve. L’année suivante, il devait assassiner les deux anciens contremaîtres, en leur arrachant le cœur et en les plaçant dans des boîtes de chocolats de la Saint-Valentin. Un mot de Harry avertissait la ville de ne plus jamais organiser le bal de la Saint-Valentin, sous peine de nouveaux meurtres. Warden a été interné dans un asile d’aliénés et l’accident est tombé dans l’oubli, si bien que le bal a repris. Un groupe de jeunes habitants est enthousiasmé par le bal : Gretchen, Dave, Hollis, Patty, Sylvia, Howard, Mike, John, Tommy et Harriet. Sarah, Axel et T.J., le fils du maire, sont pris dans un triangle amoureux. Le maire Hanniger et le chef de la police de la ville, Jake Newby, reçoivent une boîte anonyme de chocolats de Saint-Valentin contenant un cœur humain, ainsi qu’une note avertissant que des meurtres éclateront si le bal a lieu. Ce soir-là, Mabel, une habitante, est assassinée par un tueur spécialisé dans les mines dans une laverie automatique, et son cœur est prélevé. Newby annonce publiquement qu’elle est morte d’une crise cardiaque pour éviter la panique. Il contacte l’hôpital psychiatrique où Harry Warden était incarcéré, mais ils n’ont aucune trace de lui. Hanniger et Newby annulent le bal, mais les jeunes de la ville décident d’organiser leur propre fête à la mine.


Après le succès rencontré par son précédent long-métrage, Pick-Up Summer, le réalisateur canadien George Mihalka est contacté par Cinepix Productions, qui lui offre un contrat pour deux films. Il est alors chargé de réaliser un slasher, genre en vogue, qui mise sur un budget modeste, pour espérer recueillir un maximum de billets dans le monde. George Mihalka accepte et John Beaird (également au scénario du concurrent Happy Birthday to Me de J. Lee Thompson), s’occupe de l’histoire, d’après un premier jet de Stephen A. Miller, habituellement occupé à la télévision et qui officiera sur de nombreuses séries à succès (Supercopter, Magnum, Enquêtes à Palm Springs). À l’origine, My Bloody Valentine s’intitulait The Secret, avant d’être rebaptisé en cours de route par les producteurs, afin de surfer sur la tendance des tueurs en série agissant à certaines dates précises. Vous savez lesquels.


Certains acteurs déjà vus dans Pick-Up Summer sont rappelés, les prises de vues se déroulent en septembre 1980, autour de la mine Princess Colliery à Sydney Mines, en Nouvelle-Écosse, fermée cinq ans auparavant. Le tournage est bouclé en six semaines, avec un budget de 2,3 millions de dollars. Le film sort aux États-Unis et au Canada pour la Saint-Valentin de l’année 1981 et engrange au total près de six millions au box-office US, un beau résultat, mais qui déçoit la Paramount, qui espérait un succès à la hauteur de celui de Vendredi 13 en 1980. Raison pour laquelle la séquelle annoncée en fin de film, ne sera jamais lancée par le studio.


45 ans plus tard, Meurtres à la St Valentin reste une valeur sûre et un parfait représentant du slasher. L’hémoglobine est généreuse, surtout en version restaurée et plus complète (la censure avait sévi durement en 1980 en obligeant le réalisateur à couper – selon lui – près de dix minutes), les assassinats sont brutaux, bourrés d’idées (on ne se remet pas du corps découvert dans un sèche-linge) et surtout, la photographie de Rodney Gibbons, chef opérateur de Planète hurlante – Screamers et Scanners 2 : La Nouvelle Génération – Scanners II: The New Order de Christian Duguay) est soignée, élégante même, les séquences se déroulant dans la mine étant particulièrement recherchées et stylisées.


Le casting fait le job, quand bien même Paul Kelman (aujourd’hui décédé) manque cruellement de charisme par rapport à ses camarades de jeu, les actrices sont mignonnes (Lori Hallier, Cynthia Dale, Helene Udy) et s’avèrent de bonnes candidates pour devenir de la chair à pâté, tandis que la musique de Paul Zaza (Le Bal de l’horreur) est absolument sublime et rappelle parfois certaines envolées du thème de Carrie de Pino Donaggio. Assurément l’une des bandes originales les plus sous-estimées du genre.


Meurtres à la St-Valentin est devenu culte avec les années, un mètre étalon, un outsider qui a su surpasser certains titres destinés à lui damner le pion et qui ont été oubliés depuis. En 2009, trois minutes des scènes laissées sur le banc de montage après le passage à la faux de la Motion Picture Association of America, ont pu être retrouvées et réintégrées au montage sorti dans les salles. Mais malheureusement, aucune nouvelle de la séquence préférée de George Mihalka, qui montrait un couple faisant l’amour pour la première fois…et uni à jamais par le tueur, qui les transperçait au moyen d’une foreuse, au moment de l’orgasme. Peut-être un jour…


LE MEDIABOOK
Nous avons retrouvé une première édition DVD de Meurtres à la St Valentin en 2003, chez Paramount. Sortie qui ne comportait aucun supplément d’après nos sources. 2025, Sidonis Calysta présente un sublime Mediabook, qui comprend à la fois le DVD et le Blu-ray du film dans sa version la plus complète à ce jour en France, mais aussi un deuxième Blu-ray sous pochette cartonnée et glissée dans le livret, qui présente My Bloody Valentine dans son montage cinéma de 1981. Ou comment se rendre compte des coupes effectuées après le passage de la censure ! Évidemment, cela concerne essentiellement les séquences de meurtres, alors n’hésitez pas à sélectionner directement le montage revu dans les années 2000 et approuvé par le réalisateur lui-même. Le livret de 24 pages, écrit par Marc Toullec, est sans doute l’un de ses plus complets à ce jour. Celui-ci revient la production, les conditions de tournage, la sortie, les problèmes avec la censure, le remake et d’autres sujets, très intéressants à découvrir au fil de la lecture. Le menu principal est animé et musical.

Sur le Mediabook, Sidonis indique une introduction de 20 minutes de George Mihalka…en vérité, cette intervention ne dure que vingt secondes. Le réalisateur indique brièvement que la version proposée de Meurtres à la St-Valentin est la plus proche de celle présentée à la censure, avant l’obligation de tailler les scènes de meurtres au montage. Toutefois, il ne s’agit pas de la version intégrale et donc du Director’s Cut, puisque d’autres scènes, notamment une mentionnée dans le bonus suivant, n’ont jamais été retrouvées pour le moment.

Le supplément à ne pas rater est la réunion d’une grosse partie du casting original, réuni à l’occasion du 36è anniversaire de Meurtres à la St-Valentin. Si les deux acteurs principaux n’ont pu répondre présent, ainsi que Keith Knight (décédé en 2009), nous retrouvons les autres comédiens, certains ayant mieux vieilli que d’autres, mais qui ont tous gardé principalement un pied dans le monde du cinéma. Le réalisateur George Mihalka est aussi de la partie et tient principalement le micro, tout en laissant à sa distribution le soin de raconter moult anecdotes liées aux conditions de tournage. Les problèmes avec la censure sont aussi évoqués, ainsi que la raison pour laquelle une suite n’a jamais été mise en route.








L’interactivité se clôt sur la bande-annonce (très usée) et une poignée de teasers.
L’Image et le son
Le transfert est irréprochable, le master quasi-immaculé, stable et dépourvu de déchets résiduels. Les noirs sont concis, la colorimétrie souvent éclatante. Les décors sont riches, la gestion des contrastes est également très solide, les gros plans ne manquent pas de détails, tout comme sur l’ensemble du superbe cadre. Bel équilibre chromatique et excellente gestion de la texture argentique. Un master HD qui possède beaucoup d’attraits et qui se permet même d’en mettre plein les yeux à plusieurs reprises.

Deux versions DTS-HD Master Audio 2.0 disponibles sur cette édition ! Quitte à choisir, sélectionnez la piste anglaise, plus dynamique, aérée, percutante que la version française. Cette dernière s’en tire néanmoins avec les honneurs, avec un spectre cependant plus réduit, mais un doublage plus que sympathique et rétro. À noter que la version originale bénéficie aussi d’un remixage 5.1, complètement anecdotique et facultatif, la scène arrière étant peu exploitée au final, tandis que les dialogues manquent de mordant sur la centrale.


Crédits images : © Sidonis Calysta / Paramount Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr