Test Blu-ray / Memory, réalisé par Michel Franco

MEMORY réalisé par Michel Franco, disponible en DVD & Blu-ray le 11 octobre 2024 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Jessica Chastain, Peter Sarsgaard, Josh Charles, Merritt Weaver, Jessica Harper, Tom Hammond, Blake Baumgartner…

Scénario : Michel Franco

Photographie : Yves Cape

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Sylvia est assistante sociale. Elle mène une vie simple et bien réglée. Lors d’une réunion d’anciens élèves de son lycée, elle retrouve Saul, qui la suit chez elle après leur réunion. Cette rencontre surprise va les replonger dans leur passé et profondément les affecter.

Le réalisateur Michel Franco (né en 1979) ne s’arrête plus et a même accéléré la cadence depuis 2020, puisqu’il aura signé trois longs-métrages coup sur coup, sachant que son prochain, Dreams est actuellement déjà en post-production. L’auteur de l’immense Despues de Lucía (2012), ainsi que du récent et implacable Sundown, revient avec Memory, peut-être l’une de ses œuvres plus accessibles pour le grand public, interprété par Jessica Chastain et Peter Sarsgaard, le second, engagé sur une idée de la première, ayant été récompensé par la Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine à la Mostra de Venise en 2023. Drame psychologique et histoire d’amour contrariée (par la maladie), Memory n’a sans doute rien de révolutionnaire et d’inédit, mais vaut largement le coup d’oeil pour la beauté et l’hyper-sensibilité de ses deux têtes d’affiche, dont l’alchimie est évidente et qui forment l’un des plus beaux couples de l’année.

Sylvia mène une vie simple, structurée par sa fille, son travail et ses réunions des Alcooliques Anonymes. Pourtant, ses retrouvailles avec Saul bouleversent leurs existences, réveillant des souvenirs douloureux que chacun avait enfouis jusque-là.

Si elle a obtenu en 2022 l’Oscar de la meilleure actrice pour Dans les yeux de Tammy FayeThe Eyes of Tammy Faye de Michael Showalter (inédit en France), Jessica Chastain fait plus souvent parler d’elle sur les tapis rouges (sur lesquels elle apparaît pour défiler pour de grandes marques) que pour sa carrière cinématographique. Après des débuts fulgurants, Take Shelter de Jeff Nichols, The Tree of Life de Terrence Malick, Des hommes sans loi de John Hillcoa et Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow ayant tous été tourné en l’espace de deux ans, la carrière de l’actrice n’est guère marquante, même si celle-ci a toujours été impeccable à l’écran. Jessica Chastain a certes collaboré avec Christopher Nolan (Interstellar), Guillermo Del Toro (Crimson Peak), J.C. Chandor (A Most Violet Year), Ridley Scott (Seul sur Mars) et dernièrement chez James Gray (Armageddon Time), mais il ne s’agit sûrement pas des meilleurs opus de leurs auteurs respectifs. On pourra dire la même chose pour Memory, où elle s’aquitte admirablement d’un rôle somme toute classique, qu’elle parvient à transcender. Magnétique, sa peau diaphane accrochant la lumière comme jamais (superbe photographie d’Yves Cape, chef opérateur de De son vivant et grand collaborateur de Michel Franco), ainsi que ses traits fatigués (le tournage s’est déroulé sans maquillage ni autres artifices), loin du glamour auquel on associe souvent l’actrice.

Cela faisait longtemps qu’on ne l’avait pas vue aussi bouleversante, ici dans la peau de Sylvia, quadra marquée par un trauma d’enfance, responsable de sa brouille avec sa mère (le retour de Jessica Harper, Phantom of the Paradise, Suspiria), de son mal-être et de son alcoolisme. Renfermée, vivant cloîtrée chez elle (avec une entrée placée sous alarme), elle partage son temps entre son boulot d’assistante sociale, sa fille pré-adolescente et ses réunions aux Alcooliques Anonymes, où elle témoigne de son abstinence, ayant refusé un verre d’alcool depuis treize années. Au cours d’une fête d’anciens élèves (où Sylvia observe plus qu’elle ne participe), elle pense reconnaître un de ceux qui l’avaient violée quand elle avait 12 ans. Cet homme, Saul, la suit alors qu’elle rentre chez elle, passant même la nuit sur le pas de sa porte, sous la pluie. Pourquoi l’a-t-il suivi ? Sylvia, qui avait remarqué cette filature, décide d’aller lui parler…

Saul, c’est Peter Sarsgaard, magnifique acteur, qui depuis trente ans passe allègrement du cinéma hollywoodien (L’Homme au masque de fer, Night and Day, Green Lantern, Les Sept Mercenaires, The Batman) au film d’auteur (on l’a vu chez Larry Clark, Zach Braff, Sam Mendes, Bertrand Tavernier, Woody Allen). Le visage marqué par la cinquantaine entamée, son charisme s’est encore accentué et sa prestation est poignante dans Memory, œuvre à fleur de peau, délicate, pudique. La réunion des deux stars est une évidence, leurs personnages foudroient le coeur et l’âme, ont souvent peu de choses à se dire, mais un simple regard ou un silence prolongé en disent pourtant long sur leurs sentiments. Si Peter Sarsgaard est donc reparti avec un prix prestigieux, très mérité, Jessica Chastain et Michel Franco ont d’ores et déjà tourné un autre film depuis Memory, ce sera Dreams, dont ne on sait rien pour le moment, si ce n’est que les prises de vue remontent déjà à l’été 2023 et se sont déroulées secrètement.

LE BLU-RAY

Certains films de Michel Franco manquent à l’appel en DVD et Blu-ray en France. Seuls sont disponibles Sundown (chez Ad Vitam), Chronic (chez Wild Side) et Después de Lucía (chez Bac Films). Il faudra désormais ajouter à la liste Memory, sorti dans les salles hexagonales fin mai 2024. C’est chez Metropolitan Film & Video que Memory bénéficie du service après-vente, à la fois en édition Standard, mais aussi en Haute-Définition. Le menu principal, animé et musical, comme la jaquette, reprend le visuel de l’affiche d’exploitation.

Les bonus se résument à une poignée de bandes-annonces.

L’Image et le son

La HD permet au spectateur de (re)découvrir Memory dans de superbes conditions techniques. Les volontés artistiques du directeur de la photographie Yves Cape sont en tous points respectées. Les noirs sont concis, la clarté fabuleuse, le piqué, les détails et les contrastes pointus y compris sur les séquences en intérieur. Les teintes froides côtoient les gammes chatoyantes avec une réelle harmonie.

Les deux mixages, français et anglais, sont présentés en DTS-HD Master Audio 5.1. Deux choix possibles, une spatialisation concrète et un grand confort acoustique. Dans tous les cas, l’écoute demeure ardente et fait une large place aux dialogues. Les effets latéraux et ambiances naturelles pointent habilement le bout de leur nez.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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