Test Blu-ray / Mariti in città – Maris en liberté, réalisé par Luigi Comencini

MARIS EN LIBERTÉ (Mariti in città) réalisé par Luigi Comencini, disponible en Combo Blu-ray+DVD le 22 octobre 2024 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Nino Taranto, Renato Salvatori, Memmo Carotenuto, Richard McNamara, Giorgia Moll, Benedetta Rutili, Yvette Masson, Franca Valeri, Franco Fabrizi…

Scénario : Edoardo Anton, Suso Cecchi D’Amico, Luigi Comencini, Sandro Continenza, Ruggero Maccari, Dino Verde & Gino Visentini

Photographie : Armando Nannuzzi

Musique : Domenico Modugno

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

À Rome, au mois d’août, les épouses partent en vacances pendant que leurs maris restent à la maison pour travailler. C’est une période bénie pour ces hommes en quête d’aventures sentimentales. Sans leurs femmes pour les surveiller, ils s’éveillent à la séduction. Mario, Alberto, Fernando et Giacinto, ses amis, vont tenter de trouver l’amour…

Maris en liberté Mariti in città (1957) a souvent été comparé à 7 ans de réflexion The Seven Year Itch réalisé deux ans plus tôt par Billy Wilder. La trame est quasiment la même, sauf qu’il ne s’agit pas ici d’un seul époux mais d’un groupe de quatre maris qui restent en ville tout l’été alors que leurs femmes sont parties en vacances à la mer avec bambins et bagages. L’occasion est donc trop belle pour profiter de ce célibat provisoire. Luigi Comencini use des préjugés sur l’homme italien, dragueur et quelque peu cavaleur, et s’en amuse sans forcément les atténuer. Le beau parleur qui parle avec les mains, non, ce n’est pas de la caricature, et la femme italienne adepte du mariage aussi, quoique les mœurs ont évidemment changé. Chaque personnage a ses caractéristiques : le jeune marié (impeccable Renato Salvatori, âgé seulement de 24 ans) qui s’éprend d’une artiste et qui parvient mal à assumer la situation, l’homme qui se réclame célibataire et qui en fait baver plus d’un avec ses histoires de batifolage (alors qu’il est en réalité en ménage avec sa compagne qui elle veut se marier…) ou le mari qui se croit cocu. Les tentations des uns, les pitreries des autres, provoquent le rire non sans un certain plaisir. Ou comment Luigi Comencini démystifie le mâle italien. Mariti in città est une comédie amusante et tendrement cynique, dont les dialogues font toujours mouche aujourd’hui et constitue une réussite de plus dans le cinéma italien des années 1950-60.

Rome, au mois d’août. Femmes et enfants sont en vacances dans une station balnéaire. Après une visite du dimanche, les maris sont seuls, la semaine, pour travailler. Ou chercher l’aventure. Mario, jeune marié à Gisi, est l’ami d’Alberto, célibataire qui lui explique que les jeunes femmes en train de peindre à la Villa Borghese sont en fait des prostituées qu’on aborde en leur achetant un tableau pour 10 000 lires. Mario se risque auprès de Lionella. Elle peint réellement, et il en tombe amoureux en lui prenant des tableaux et en passant des dimanches avec elle. De son côté, Alberto est un hâbleur coureur de jupons qui cache soigneusement dans son appartement sa maîtresse Quinta.

Il est toujours difficile de situer un film dans l’oeuvre prolifique et éclectique d’un auteur. Mariti in città prend place alors que Luigi Comencini vient de connaître un immense succès international, celui de Pain, Amour et FantaisiePane, amore e fantasia, immédiatement suivi de Pain, Amour et JalousiePane, amore et gelosia, sa suite directe. À raison d’un ou deux films par an, le cinéaste enchaîne sans discontinuer. Maris en liberté prend place entre Tu es mon fils La Finestra sul Luna Park (sur le rapport parents-enfants, un des sujets de prédilection du réalisateur) et Épouses dangereuses Mogli pericolose. Le onzième long métrage de Luigi Comencini (1916-2007) est sans doute un premier tournant pour le cinéaste, qui souhaitait sortir du carcan du réalisateur de « comédies simples » dans lequel il a été enfermé malgré-lui suite à ses précédents succès.

Il commence tout d’abord par refuser le troisième volet, Pain, amour, ainsi soit-il Pane, amore e… , finalement confié à son confrère Dino Risi, qui en était encore à ses débuts. Petit bijou, léger comme une bulle de savon, reposant sur l’éternel bagou de ses personnages « bien de chez eux » ainsi que sur la beauté de ses comédiennes (Giorgia Moll, Franca Gandolfi…), Maris en liberté demeure une comédie enjouée, brillante et brillamment réalisée. Cependant, même si l’on est évidemment encore loin des films plus mordants du metteur en scène qui viendront dans les années 1970, Luigi Comencini pose certains jalons quant à sa réflexion sur la dégradation des rapports entre les individus, la bassesse de l’être humain et la haine qui pourrit les couches sociales comme une véritable gangrène.

Le réalisateur moraliste ouvre le film sur le terrain de la comédie et du divertissement populaire, avant de bifurquer progressivement en drame ironique où la désillusion du cinéaste transalpin transparaît déjà derrière certains échanges, comme si les protagonistes se trouvaient au bord de l’implosion. Cette méditation quelque peu amère et désenchantée sur les êtres et la société est donc bel et bien une étape chez Comencini, qui au passage montre ses capacités techniques avec une mise en scène plus sophistiquée. Un génie qui ne nous jette pas une explicite radiographie des rapports sociaux sous les yeux, mais qui la quarantaine venue, croit en l’intelligence du spectateur et fait confiance à son public pour décrypter ce qu’il y a au-delà.

LE BLU-RAY

Suite et fin du cycle Luigi Comencini chez Tamasa Distribution, Maris en liberté Mariti in città est désormais disponible en Combo Blu-ray + DVD, 17 ans après sa première édition DVD chez M6 Vidéo (dans l’ancienne collection Les Maître italiens – SNC). Ainsi, le catalogue Tamasa enrichit son prestigieux catalogue, qui contient déjà La Traite des blanches, Le Grand embouteillage, Qui a tué le chat ?, La Femme du dimanche, Un vrai crime d’amour et Casanova, un adolescent à Venise. Le menu principal est fixe et musical.

En plus d’un livret contenant des notes de production et des croquis préparatifs des décors (16 pages) et d’une bande-annonce destinée à la promotion de la ressortie dans les salles de Maris en liberté, La Traite des blanches et Casanova, un adolescent à Venise, l’éditeur joint cette fois encore une riche présentation du film par Aurore Renaut (20’). La maîtresse de conférences en études cinématographiques et audiovisuelles, par ailleurs enseignante à l’Institut Européen de Cinéma et d’Audiovisuel (Université de Lorraine), s’exprime de façon passionnante sur Maris en liberté. Le film est replacé dans la carrière de Luigi Comencini, les thèmes sont analysés (notamment celui du couple, très important chez le cinéaste). Aurore Renaut dissèque le portrait « peu flatteur » de l’italien moyen, aborde le casting, avant de terminer son intervention en évoquant le grand succès populaire du film.

L’Image et le son

Mariti in città bénéficie d’un très beau transfert. Tamasa offre un master HD souvent bluffant et tout bonnement splendide sur certains passages. Généralement, un générique de film donne toujours le ton. Ici, le début du film impressionne : le N&B offre des contrastes parfaitement gérés, les détails sont précis (surtout sur les visages des acteurs) et les arrière-plans sont stables. La copie est on ne peut plus propre, dépoussiérée de la moindre impureté, la texture argentique est préservée.

Proposée en langue italienne, il faut rappeler que le film a été entièrement postsynchronisé, comme ils l’étaient toujours dans le cinéma transalpin d’alors. Le mono d’origine offre un parfait rendu des dialogues, très dynamiques, et de la musique qui ne saturent jamais. Le niveau de détails est une fois de plus impressionnant et les sons environnants, tels que les ambiances de rue et bruits de fond (les trains, les voitures) sont extrêmement limpides.

Crédits images : © Tamasa / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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