LOVE LIES BLEEDING réalisé par Rose Glass, disponible en DVD & Blu-ray Collector édition limitée le 15 novembre 2024 chez Metropolitan Film & Video.
Acteurs : Kristen Stewart, Katy O’Brian, Anna Baryshnikov, Ed Harris, Dave Franco, Jena Malone, Eldon Jones, Orion Carrington…
Scénario : Rose Glass & Weronika Tofilska
Photographie : Ben Fordesman
Musique : Clint Mansell
Durée : 1h44
Date de sortie initiale : 2024
LE FILM
Lou, gérante solitaire d’une salle de sport, tombe éperdument amoureuse de Jackie, une culturiste ambitieuse. Leur relation passionnée et explosive va les entraîner malgré elles dans une spirale de violence.
Kristen Stewart est un paradoxe. Si elle n’est indiscutablement pas la meilleure comédienne du monde, sa filmographie est peut-être l’une des plus passionnantes de ces quinze dernières années. C’est bien simple, après la saga Twilight, qui aurait pu ruiner sa carrière ou tout simplement la conduire à interpréter le même rôle pendant des années, Kristen Stewart, tout comme Robert Pattinson d’ailleurs, n’ont eu de cesse de vouloir prouver qu’ils n’étaient pas là par hasard et que la franchise vampirique n’était qu’un fabuleux tremplin pour décoller. Ainsi, depuis les cinq chapitres (Zzzz zzz) de l’histoire de Bella et Edward, la californienne née en 1990 aura tourné successivement pour Olivier Assayas, Woody Allen, Kelly Reichardt, Ang Lee, Pablo Larraín, David Cronenberg…Un sacré C.V. ! Toujours là où on ne l’attend pas, même si elle demeure traquée en permanence par les paparazzis prêts à dévoiler avec quel homme ou quelle femme elle partage sa vie, Kristen Stewart continue sur sa lancée spectaculaire avec Love Lies Bleeding, réalisé par la britannique Rose Glass, remarquée avec son premier long-métrage Saint Maud (triomphe au festival de Gérardmer), inédit dans les salles françaises et dans les bacs. Cinq ans plus tard, elle signe un nouveau coup d’éclat avec ce thriller néo-noir, situé entre U Turn – Ici commence l’enfer d’Oliver Stone, Sailor & Lula de David Lynch et Thelma et Louise de Ridley Scott. Furieusement culotté, Love Lies Bleeding est quasiment inclassable avec son histoire d’amour entre deux jeunes femmes, son polar teinté d’atmosphère redneck, son histoire secondaire liée au culturisme à la limite du fantastique. On en prend plein les yeux avec une mise en scène brillante, spectaculaire, couillue, inventive, magistrale, virtuose et l’on suit avec passion (ainsi qu’avec un sourire jusqu’aux oreilles de satisfaction cinéphile) ce second film qui propulse sa cinéaste dans le top des auteurs à suivre de très près. Immanquable.
A la fin des années 1980, Lou, la gérante d’une salle de sport appartenant à son père, fait la rencontre de Jackie, qui vient d’arriver en ville. La jeune femme tombe rapidement amoureuse de cette culturiste bisexuelle qui projette de faire carrière à Las Vegas ; elle délaisse alors son amie Daisy. Jackie s’installe aussitôt chez Lou après avoir trouvé un travail au stand de tir appartenant également au père de Lou, Lou Sr. Lou propose à Jackie des stéroïdes pour l’aider à prendre plus de muscles. Jackie refuse puis teste une injection. Un soir, les deux jeunes femmes vont dîner avec la sœur de Lou, Beth, et son mari J.J. Jackie se rend alors compte que J.J. est l’homme qui l’a recommandée à Lou Sr. à son arrivée en ville, en échange d’une relation sexuelle. Devant l’évidence que J.J. brutalise Beth, Lou menace celui-ci. Dans le même temps, Daisy réapparaît et cherche à renouer avec Lou.
Décidément, après LaRoy de Shane Atkinson, les trous paumés des États-Unis inspirent les nouveaux metteurs en scène et scénaristes ! Nous sommes ici au Nouveau-Mexique, en 1989. Pas de téléphones portables, pas d’internet, juste des jeunes (arriérés pour certains) qui profitent du moment présent, qui s’emmerdent royalement en fait puisqu’il n’y a pas grand-chose à faire dans cette bourgade paumée où les habitants se rendent juste au bar du coin, au stand de tir ou à la salle de sport miteuse. Un homme règne en maître sur tout cela, Lou Langston Sr., merveilleusement incarné par un Ed Harris, une fois de plus transfiguré. Tout le monde ou presque est lié à ce terrifiant mafieux (et collectionneur de scarabées à ses heures), qui n’hésite pas à se débarrasser de ses adversaires en jetant leurs corps dans un canyon. Il est père de deux filles, Beth et Lou, qui mènent chacune leur vie, la première avec un homme violent, la seconde en s’occupant de la salle de sport du paternel, en débouchant les chiottes aussi (ce qui lui prend une bonne partie de la journée), en attendant que les journées et les soirées passent lentement, mais sûrement. Le train-train de Lou est perturbé par l’arrivée de Jackie, culturiste, qui rêve de remporter un championnat féminin à Las Vegas. Les deux femmes tombent instantanément amoureuses…
Et ce n’est qu’une partie du scénario de Love Lies Bleeding ! Impossible de savoir ou d’anticiper ce qui va se passer dans la scène suivante. C’est à une enivrante et spectaculaire expérience de cinéma à laquelle nous convie Rose Glass, car non seulement les personnages sont aussi riches qu’attachants, le récit blindé de surprises, mais Love Lies Bleeding se double également d’un magnifique objet de cinéma (Showgirls de Paul Verhoeven est ouvertement cité comme référence), somptueusement photographié par Ben Fordesman, déjà chef opérateur sur Saint Maud. Kristen Stewart, le cheveu gras et la peau teintée de sébum, ferme un peu plus la bouche que d’habitude et s’investit royalement ici, dans ce qui apparaît indéniablement dans l’un de ses meilleurs rôles à ce jour. Superbe présence que celle de Katy O’Brian, grande sportive reconvertie dans le cinéma, qui était déjà apparue dans Ant-Man et la Guêpe : Quantumania et dernièrement dans Twisters. D’ores et déjà annoncée au casting du prochain épisode de Mission Impossible, elle s’impose sans mal dans Love Lies Bleeding, dans lequel elle crève l’écran. Mention spéciale également pour Anna Barychnikov, flippante dans le rôle de Daisy, la jeune femme frappadingue aux dents gâtées et amoureuse transie de Lou, ainsi que Dave Franco, qui prouve une fois de plus qu’il est bien meilleur comédien que son cinglé de frangin.
Love Lies Bleeding est une œuvre violente, sexuelle, cradingue, survoltée, très drôle aussi par moments, et l’on prend un vrai pied à suivre la cavale sans issue de ces deux jeunes femmes paumées et solitaires, qui vont s’unir et prendre enfin leur existence en main, dans le sang certes, mais qui vont foncer tête baissée car elles n’ont rien à perdre. Et on les accompagne volontiers sur ce chemin tortueux.
LE BLU-RAY
Love Lies Bleeding n’aura attiré que 80.000 spectateurs dans les salles françaises. Heureusement, Metropolitan Film & Video est là pour nous permettre de (re)découvrir ce petit bijou et ce dans les plus belles conditions, en DVD et en Blu-ray. Sublime visuel, qui reprend celui de l’affiche d’exploitation. Même chose pour le menu principal, élégant, éclatant, sanglant, magnifique, animé et musical.
En plus d’un commentaire audio de la réalisatrice (malheureusement non sous-titré), nous trouvons un petit making of (6’35), composé d’interviews de Rose Glass et des comédiens, ainsi que d’images de tournage. Tout le monde évoque le fait que Love Lies Bleeding est « un film qui n’obéit à aucune règle » et parle des personnages de cette histoire de « sexe, de stéroïdes et de co-dépendance ».
L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.
L’Image et le son
Pour la superbe photo de son film, Rose Glass s’est octroyée les services du chef-opérateur Ben Fordesman (Saint Maud). Armé de sa caméra numérique Arri Alexa Mini, le directeur de la photographie plonge souvent les personnages dans une pénombre froide et angoissante. Si nous devons vous donner un conseil, c’est de visionner Love Lies Bleeding dans une pièce très sombre afin de mieux profiter des volontés artistiques originales et des nombreuses ambiances nocturnes. Le Blu-ray immaculé édité par Metropolitan Film & Video restitue habilement la profondeur des contrastes et les éclairages stylisés, en profitant à fond de la Haute Définition. Le piqué est aiguisé comme la lame d’un scalpel, la copie d’une stabilité à toutes épreuves et les scènes diurnes sont lumineuses et parfaitement saturées. Ce Blu-ray (1080p) est superbe.
Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 5.1 restituent merveilleusement les dialogues, la musique, les ambiances. La balance frontale est joliment équilibrée, les latérales interviennent évidemment sur toutes les séquences en extérieur. La spatialisation musicale est percutante et le confort acoustique assuré.
Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr