Test Blu-ray / Longlegs, réalisé par Osgood Perkins

LONGLEGS réalisé par Osgood Perkins, disponible en DVD & Blu-ray le 15 novembre 2024 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Maika Monroe, Alicia Witt, Nicolas Cage, Blair Underwood, Lisa Chandler, Dakota Daulby, Erin Boyes, Rryla McIntosh…

Scénario : Osgood Perkins

Photographie : Andres Arochi

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

L’agent du FBI Lee Harker, une nouvelle recrue talentueuse, est affectée sur le cas irrésolu d’un tueur en série insaisissable. L’enquête, aux frontières de l’occulte, se complexifie encore lorsqu’elle se découvre un lien personnel avec le tueur impitoyable qu’elle doit arrêter avant qu’il ne prenne les vies d’autres familles innocentes.

Après Ari Aster (Beau is Afraid, Hérédité, Midsommar), il faudra désormais compter sur le réalisateur Osgood Perkins (né en 1974) dans le domaine de l’épouvante. Fils du mythique Anthony Perkins, il fait tout naturellement ses premiers pas devant la caméra dans le Psychose II de Richard Franklin, dans lequel il incarne le jeune Norman Bates. On le revoit quelques années après dans Wolf de Mike Nichols, La Secrétaire de Steven Shainberg et dans la série Alias. En parallèle de sa carrière d’acteur, il devient scénariste au début des années 2010 et signe son premier film comme metteur en scène en 2015 avec February, qui est immédiatement remarqué. « Oz » Perkins continue sur sa lancée et livre par la suite d’autres thrillers horrifiques, inédits en France, I Am the Pretty Thing That Lives in the House et Gretel & Hansel. Le succès critique et commercial arrive donc en 2024 avec Longlegs, l’un des films les plus rentables de l’année, puisque produit pour à peine dix millions de dollars, le quatrième long-métrage d’Osgood Perkins a rapporté dix fois plus, accompagné d’une promotion osée et maline, qui ne dévoilait jamais totalement le visage de Nicolas Cage. Non seulement cela, il s’agit du plus gros hit au box-office de ce dernier (également producteur ici via sa société Saturn Films) depuis Ghost Rider 2 : L’Esprit de vengeance, qui livre une nouvelle performance exceptionnelle (inspiré par la schizophrénie de sa mère) comme lui seul en a toujours eu le secret. Méconnaissable, transformé physiquement, il est effrayant dans Longlegs, dans lequel il fait face à la formidable Maika Monroe, révélation d’It Follows de David Robert Mitchell. Chaînon manquant entre Le Silence des agneaux et Se7en, Longlegs est un coup de maître, anxiogène, étouffant, qui met profondément mal à l’aise, qui flatte les sens des cinéphiles (la photographie d’Andres Arochi est à se damner), qui joue avec les nerfs, tout en titillant constamment l’intellect des spectateurs. On ne ressort pas indemne de Longlegs. Et on en redemande.

Dans les années 70 dans l’Oregon, une petite fille aperçoit par la fenêtre de sa chambre un homme dans une voiture se garer devant chez elle. Alors qu’elle sort, munie de son polaroid, l’homme, à l’allure douteuse et au teint pâle, se présente à elle et semble imprévisible. Une vingtaine d’années plus tard, la petite fille, Lee Harker, maintenant devenue agent du FBI, montre des signes de clairvoyance et est chargée d’enquêter sur une série de meurtres/suicides survenus en Oregon où elle demeure. Chaque cas implique un père qui massacre sa famille avant de se donner la mort, en laissant derrière lui une lettre comprenant des codes sataniques signée « Longlegs », mais dont l’écriture ne correspond à aucun des membres de la famille. Lee découvre en faisant ses recherches que chacune des familles avait une fille de 9 ans, née le 14 du mois, et que chacun des meurtres se sont tous produits dans les six jours précédant ou suivant leur anniversaire. En plaçant les dates clés sur un calendrier, Lee constate que les meurtres forment un symbole occulte triangulaire, mais une date est manquante. Entre-temps, après avoir tardivement discuté avec sa mère au téléphone, Lee reçoit une carte d’anniversaire codée de Longlegs, l’avertissant que révéler l’origine du code entraînera le prochain meurtre, la mort de sa mère. Avec son superviseur, l’agent Carter, Lee se rend sur les lieux de l’ancien foyer de Carrie Anne, étant la seule survivante des attaques de Longlegs. Sur place, ils découvrent une poupée contenant une orbe d’énergie placé dans sa tête. Bien que Carter soit sceptique quant au surnaturel, Lee émet l’hypothèse que Longlegs se sert des orbes pour posséder des personnes, chaque famille ayant reçu une poupée similaire, à l’effigie des petites filles. Après avoir rendu visite à Carrie Anne, vivant désormais dans un hôpital psychiatrique, Lee constate que quelqu’un est déjà venu la voir en utilisant son nom. Carter soupçonne un lien entre Lee et Longlegs.

Quel uppercut ! Quand le générique de fin retentit, après l’ultime apparition du personnage éponyme, le spectateur est lessivé, mais comblé, comme si toutes les cases émotionnelles et physiques avaient été cochées. Oz Perkins, qui a également écrit seul le scénario, use de sa caméra comme d’un pendule pour nous hypnotiser. Le rythme lent est parfaitement maîtrisé, sans ennui, le montage étant en parfaite adéquation avec le personnage principal, magistralement incarné par Maika Monroe, Lee apparaissant comme un croisement entre Clarice Starling de The Silence of the Lambs et Holly Gibney, créé par Stephen King, protagoniste devenue récurrente depuis la trilogie « Mr Mercedes». Visiblement doté d’un don, d’un sixième sens, Lee paraît être en connexion avec Longlegs et ce depuis l’enfance. Si l’introduction donne peut-être trop d’indications, le mystère est savamment entretenu quant aux agissements de Longlegs (des frissons rien qu’en écrivant ce nom, puisque la tronche diaphane de Nicolas Cage nous apparaît immédiatement), le récit dérivant progressivement vers le surnaturel et le fantastique.

Longlegs destabilise du début à la fin, nous fait prendre des chemins obscurs, méconnus, inédits même sur le sentier de l’horreur, reste marqué par des fulgurances extrêmement violentes, qui contrastent en permanence avec le calme olympien qui règne dans la vie de Lee, comme si son univers, diamétralement opposé à celui de Longlegs, ne pouvait être équilibré sans celui avec lequel son destin semble irrésistiblement lié depuis l’enfance. Outre Maika Monroe et Nicolas Cage, saluons également la prestation d’Alicia Witt (L’Amour sans préavis, Cecil B. DeMented, Urban Legend), qui laisse pantois et que nous ne sommes pas prêts d’oublier. Vous l’aurez donc compris, Longlegs est des indispensables de 2024, qui reste en tête comme un opus de David Lynch (on comprend ce qui a attiré Nicolas Cage dans ce projet, au point de le financer) ou certains épisodes de Twin Peaks : The Return. Subjugués nous sommes.

LE BLU-RAY

On ne remerciera jamais assez Metropolitan Film & Video de nous permettre d’avoir accès aux éditions HD et DVD de leur catalogue, très en avance par rapport à leur date de sortie, pour vous en parler le plus tôt possible. Longlegs débarque en édition Standard et en Blu-ray chez l’éditeur au cheval ailé, cinq mois après le génial Dream Scenario et à peine un mois avant Sympathy for the Devil, autre film avec Nicolas Cage. Le visuel reprend celui de l’affiche d’exploitation française. Le menu principal, animé et bruité, met immédiatement dans l’ambiance du film…

On démarre l’interactivité par quatre interviews, très courtes, mais intéressantes, du réalisateur Oz Perkins (6’) et des comédiens Alicia Witt (4’20), Maika Monroe (4’10) et Blair Underwood (4’30). Sans surprise, le metteur en scène/scénariste se taille la part du lion, en évoquant ses références (« un thriller de meurtres en série, dans l’esprit du Silence des agneaux, de Se7en et même de Ne vous retournez pas et Carrie »), l’aspect des films des années 1970, sans oublier son travail avec les acteurs. Ceux-ci présentent rapidement leur personnage, la performance de Nicolas Cage, le mélange des genres et leur collaboration avec Oz Perkins. Nicolas Cage manque cruellement !

Également proposés comme bonus : Un commentaire audio d’Oz Perkins (non sous-titré), qui ne résoudra pas (loin de là) tous les mystères du film, mais qui donne beaucoup d’indication quant à ses intentions et recherches stylistiques ; une section appelée « Indices », qui en fait présente trois très courts extraits de Longlegs en guise de teasers ; sans oublier une galerie de photographies, un lot de bandes-annonces…mais point de making of…

L’Image et le son

Ce master HD (1080p, AVC) de Longlegs ne déçoit évidemment pas et se révèle même superbe. Le piqué et le relief sont acérés tout du long et permet d’apprécier les visages des comédiens (y compris celui fardé de ce cher Nick Cage), la clarté est de mise, le cadre large offre un lot confondant de détails y compris sur les très nombreuses scènes sombres et la belle photographie marquée par des teintes alliant le chaud et le froid est habilement restituée. Evidemment, la copie est d’une propreté immaculée, les contrastes sont denses. Les meilleures conditions techniques sont réunies et la définition est exemplaire.

Vous pouvez compter sur les mixages DTS-HD Master Audio 5.1 anglais et français pour vous plonger délicatement mais sûrement dans l’ambiance du film, bien que l’action demeure souvent réduite. Toutes les enceintes sont exploitées, les voix sont très imposantes sur la centrale et se lient à merveille avec la balance frontale, riche et dense, ainsi que les enceintes latérales qui distillent quelques effets étonnants qui vous feront sursauter. Notons que la version originale l’emporte sur la piste française, se révèle plus naturelle et homogène, y compris du point de vue de la spatialisation musicale. L’éditeur joint aussi une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport /Neon / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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