L’ÉVENTREUR DE NEW YORK (Lo Squartatore di New York) réalisé par Lucio Fulci, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret + CD chez The Ecstasy of Films.
Acteurs : Jack Hedley, Almanta Suska, Howard Ross, Andrea Occhipinti, Alexandra Delli Colli, Paolo Malco, Cosimo Cinieri, Cinzia De Ponti…
Scénario : Gianfranco Clerici, Lucio Fulci, Vincenzo Mannino & Dardano Sacchetti
Photographie : Luigi Kuveiller
Musique : Francesco De Masi
Durée : 1h33
Date de sortie initiale : 1982
LE FILM
A New York, plusieurs femmes sont assassinées de manière atroce par un tueur en série, connu pour être doté d’une voix de canard. L’inspecteur Williams se charge de l’enquête alors que les meurtres sadiques s’enchaînent…
Nous avons déjà longuement parlé de Lucio Fulci (1927-1996) sur Homepopcorn.fr, mais comme nous aimons tout particulièrement le cinéaste, nous prendrons la peine de nous auto-citer. Lucio Fulci, qui se destinait d’abord au monde de la médecine, décide de se tourner vers le cinéma et intègre le Centro Sperimentale di Cinematografia de Rome, en suivant les cours de Michelangelo Antonioni et de Luchino Visconti. Il devient l’assistant du réalisateur Marcel L’Herbier pour Les Derniers Jours de Pompéi en 1950. Mais c’est avec le cinéaste Steno, de son vrai nom Stefano Vanzina, que Fulci fait réellement ses premières classes. Il s’agit de comédies, principalement avec Totò, aux titres aussi évocateurs que Totò et les femmes, L’uomo, la bestia e la virtù, Où est la liberté. Progressivement, Lucio Fulci devient scénariste et signe Une fille formidable de Mauro Bolognini, Un Americano a Roma de Steno avec l’immense Alberto Sordi. Il passe enfin derrière la caméra en 1959 avec I Ladri, une comédie interprétée par… Totò. La boucle est bouclée. Dans les années 1960, Lucio Fulci enchaîne moult comédies avec le duo célèbre en Italie, Franco Franchi et Ciccio Ingrassia. Si le succès est au rendez-vous, il commence sérieusement à vouloir changer son fusil d’épaule et démontrer qu’il est capable de réaliser autre chose que des comédies. Il signe un western avec Franco Nero (Le Temps du massacre, 1966), une comédie policière intitulée (Au diable les anges, 1967), un drame (Liens d’amour et de sang, 1969). Mais le véritable tournant s’opère en 1969 avec le giallo Pervertion Story – La Machination (Una sull’altra). Si Dario Argento et Mario Bava sont fréquemment annoncés comme étant les réalisateurs phares du giallo, ce genre italien de film d’exploitation, cocktail de cinéma d’horreur, de film policier et d’érotisme soft, il est grand temps aujourd’hui de réhabiliter Lucio Fulci, jusqu’ici surtout défendu par les amateurs de cinéma de genre. Un an après l’onirique, poétique, sensuel, cruel, oppressant, kafkaïen Le Venin de la peur – Una lucertola con la pelle di donna, et la même année que sa comédie érotique Obsédé malgré lui, Lucio Fulci signe un de ses films les plus célèbres, La Longue nuit de l’exorcisme – Non si sevizia un paperino. Suvront deux aventures de Croc-Blanc (1973 et 1974), Les Quatre de l’apocalypse (1975) et L’Emmurée vivante (1977). A la fin des années 1970, la carrière de Lucio Fulci bat de l’aile après quelques échecs successifs, tandis que sa fille connaît un très grave accident et que son divorce l’a laissé sur la paille. Contre toute attente, le producteur Fabrizio De Angelis lui confie les commandes de L’Enfer des Zombies, titre opportuniste surfant sur le triomphe du Zombie de George A. Romero, dont le montage européen avait été confié à Dario Argento. Sur un scénario écrit par Dardano Sacchetti (Le Chat à neuf queues, La Baie sanglante, Le cynique, l’infâme, le violent, L’emmurée vivante) même si crédité sous le nom de sa femme Elisa Brigranti, L’Enfer des Zombies va non seulement relancer la carrière de Lucio Fulci, comme il n’aurait jamais pu l’espérer, être à l’origine de tout un tas d’ersatz, et surtout devenir et rester un des films les plus emblématiques du genre. Nous voici donc rendu aux années 1980 où Lucio Fulci mettra les bouchées doubles et enchaînera La Guerre des gangs – Luca il contrabbandiere, Frayeurs – Paura nella città dei morti viventi, Le Chat noir – Il Gatto nero, L’Au-delà – …E tu vivrai nel terrore! L’aldilà et La Maison près du cimetière – Quella villa accanto al cimitero. L’année 1982 est celle de L’Éventreur de New York – Lo squartatore di New York, légendaire thriller, extrêmement violent, tourné à New York (sans autorisation, ou presque) par un Lucio Fulci très inspiré par la ville qu’il avait déjà filmée et qu’il met en valeur une fois de plus ici. Près de quarante ans après sa sortie, L’Éventreur de New York demeure d’une redoutable efficacité et met à rude épreuve les nerfs des spectateurs avec certaines séquences éprouvantes à ne pas mettre devant tous les yeux ! Et vous ne verrez plus Donald Duck de la même façon…
New York est en état de choc. Une vague de crimes abominables s’est abattue sur la ville. Des jeunes femmes sont retrouvées mortes et mutilées. Le policier Fred Williams, chargé de la douloureuse enquête, est bientôt contacté par un homme parlant avec une voix de canard, et prétendant être l’assassin. Une voix qui défie Williams de le retrouver. Alors que tout est mis en place pour arrêter l’immonde maniaque, les crimes les plus atroces vont se succéder. Williams demande l’aide d’un spécialiste en psychologie.
Même si l’on connaît le film par coeur, ses divers assassinats, ses séquences malaisantes, ses rebondissements, ses fausses pistes et surtout son dénouement, on reste estomaqués devant L’Éventreur de New York, qui apparaît ni plus ni moins comme un slasher définitif et une des plus grandes références du genre. La carrière de Lucio Fulci est quand même fascinante, ou comment passer des comédies avec Totò à un film cruellement sombre et pessimiste, effrayant et agressif, excessif et sauvage comme Lo squartatore di New York. Là où le réalisateur pouvait encore « esthétiser » le meurtre dans ses œuvres précédentes, L’Éventreur de New York est carrément frontal, sans effets ostentatoires, autrement dit, appelons un chat, un chat et un étripage, un étripage. Et de ce point de vue, Lucio Fulci se fait plaisir à travers plusieurs assassinats non seulement sanglants, mais aussi longs, puisque le metteur en scène n’hésite pas à étendre certaines séquences, comme celle qui se déroule dans le ferry reliant Manhattan à Staten Island. Un crime en deux temps, qui au moment où l’on croit que l’acte féroce arrive à sa fin, reprend de plus belle et de façon encore plus barbare, avec des gros plans sur la lame qui s’enfonce à plusieurs reprises dans la chair de la pauvre victime.
L’Éventreur de New York est un giallo tardif, genre qui a donné toutes ses composantes au slasher, qui remplissait alors les salles du monde entier depuis Halloween, La Nuit des Masques (1978) de John Carpenter. Avant le film de Lucio Fulci, Maniac (1980) de William Lustig, Vendredi 13 (1980) de Sean S. Cunningham, Le Monstre du train – Terror train (1980) de Roger Spottiswoode, Le Bal de l’horreur – Prom Night (1980) de Paul Lynch, Carnage – The Burning (1981) de Tony Maylam, Happy Birthday : Souhaitez ne jamais être invité – Happy Birthday to Me (1981) de J. Lee Thompson n’en finissaient pas d’exploiter les mêmes recettes, avec plus (Maniac surtout) ou moins (divers titres obscures et oubliés aujourd’hui) d’inspiration. Comme s’il souhaitait rappeler qu’il était l’un des patrons, Lucio Fulci reprend les commandes et assèche pour ainsi dire son cinéma en ne s’encombrant pas d’une pseudo-psychologie à deux balles, même si les motivations de l’assassin restent liées à un trauma. Mais cette partie dite « cérébrale » apparaît essentiellement dans l’acte final de Lo squartatore di New York, car avant cela, les protagonistes sont quasiment tous des suspects potentiels et tout le monde en prend pour son grade, notamment ce couple de bourgeois bien pervers. On se souviendra longtemps de ce mari (Cosimo Cinieri) probablement impuissant et de sa femme (Alexandra Delli Colli) bien dépravée, qui s’encanaille dans les quartiers interlopes et malfamés de New York, en allant chauffer les quelques petites frappes du coin ou en allant mater quelques ébats se déroulant sur une scène d’un cinéma porno, pendant qu’elle enregistre les cris de plaisir sur un magnétophone qu’elle fera ensuite écouter à son époux en rentrant tranquillement à la maison. Il y a aussi cette jeune et douce étudiante (Almanta Suska) qui file le parfait amour avec son fiancé Peter (Andrea Occhipinti), toujours plongé dans ses mathématiques. L’Étrangleur de New York reste aussi marqué par la présence étrange de Renato Rossini, plus connu sous le nom de Howard Ross, ancienne star du péplum (Maciste contre les Mongols, Hercule l’invincible, Maciste dans l’enfer de Gengis Khan, Le Grand défi), dont le regard inquiétant est admirablement exploité par Lucio Fulci. Ce dernier convoque tout ce beau monde pour une sorte de Cluedo macabre à ciel ouvert, où l’enquête est menée par le lieutenant Fred Williams, incarné par l’excellent Jack Headley, vu dans l’incroyable film de la Hammer, The Anniversary de Roy W. Baker, et qui venait d’interpréter Sir Timothy Havelock dans l’un des meilleurs opus de James Bond période Roger Moore, Rien que pour vos yeux – For Your Eyes Only de John Glen. Chose amusante, le boss de Williams est interprété par Lucio Fulci lui-même, qui là aussi ne peut s’empêcher de rester aux manettes.
Non seulement, l’intensité de L’Éventreur de New York ne s’est jamais émoussée, mais en plus le film a vraiment de la gueule et reste très beau à regarder et ce grâce à la photographie de Luigi Kuveiller, mythique chef opérateur des Frissons de l’angoisse, Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon et La Classe ouvrière va au paradis, qui capture et amplifie la photogénie de New York, aussi bien la lumineuse baie de Manhattan que la poisseuse 42è rue. Sur un montage percutant de Vincenzo Tomassi (Le Massacre des morts-vivants, L’antéchrist, Cannibal Holocaust), Lucio Fulci signe un chef d’oeuvre dérangeant (la scène du rasoir sur l’oeil donne la chair de poule), bien glauque, nihiliste et sadique comme il faut, en un mot inoubliable.
LE MEDIABOOK
Jusqu’ici en France, L’Éventreur de New York était disponible en DVD chez Neo Publishing, en édition simple et collector. Presque de quinze ans après, le film de Lucio Fulci renaît littéralement de ses cendres grâce aux bons soins de The Ecstasy of Films. A cette occasion, l’éditeur a concocté une Édition Mediabook Blu-ray + DVD + CD (comprenant la bande originale du film par Francesco De Masi) limitée à 1200 exemplaires. A l’heure où nous écrivons ceci, ce trésor éditorial, décliné en deux visuels différents (600 exemplaires pour l’un et 600 pour l’autre), est désormais devenu indisponible et se revendra probablement à prix d’or sur la toile. Les bonus vidéo sont uniquement disponibles sur le Blu-ray. Le graphisme du Mediabook et du livret a été réalisé par l’exceeeeellent Melvin Zed, qui s’est mis dans la peau de l’assassin, comme s’il parasitait l’ensemble avec son stylo-bille. En ce qui concerne le livret de 40 pages, c’est sans surprise et avec toujours autant d’enthousiasme que nous retrouvons une intervention du brillant et érudit Lionel Grenier, que nous avions déjà vu sur les éditions de Liens d’amour et de sang, L’Au-delà, L’Enfer des zombies. Le rédacteur en chef du site luciofulci.fr donne de multiples informations sur la genèse et la production de L’Éventreur de New York, sur le casting, les conditions de tournage, la postproduction, la musique, avant de réaliser une analyse passionnante du film de Lucio Fulci. Dans un deuxième temps, Alain Petit, expert en cinéma Bis, propose un retour assez complet sur la figure de Jack L’Éventreur exploitée au cinéma. Le menu principal est animé et bruité.
Il vous faudra près de 3h30 pour visionner l’intégralité des merveilleux suppléments proposés par The Ecstasy of Films.
On démarre avec une formidable interview (26’) d’Almanta Suska (Fay Majors dans L’Éventreur de New York, dans lequel elle faisait la première de ses rares apparitions au cinéma. Durant près d’une demi-heure, la comédienne parle de son enfance (née de parents baltes de Lettonie), de ses premiers jobs dans quelques films publicitaires (dont un réalisé par Philippe Labro) et son arrivée sur Lo squartatore di New York. Concernant le film qui nous intéresse aujourd’hui, Almanta Suska ne manque pas d’anecdotes liées au tournage à New York, surtout sur Lucio Fulci, dont elle garde un très bon souvenir et s’estime même chanceuse d’avoir eu de très bons rapports avec « un cinéaste qui n’était pas réputé pour être facile et qui criait souvent après tout le monde sur le plateau ». L’actrice revient sur le fait , « qu’il exprimait à travers son cinéma, des choses lourdes qu’il devait extérioriser ». Souriante et douce, Almanta Suska évoque brièvement un autre cinéaste avec lequel elle s’est très bien entendue aussi, Antonio Margheriti, sur le tournage des Aventuriers du cobra d’or, tout en donnant également son ressenti sur le tournage de L’Éventreur de New York. Enfin, la comédienne déclare avoir fait le choix de la discrétion dans sa vie, et n’imaginait pas l’impact que pourrait avoir encore Lo squartatore di New York sur les spectateurs qui l’ont érigé en film culte.
Place à Antonella Fulci (22’), fille du cinéaste, qui revient (en anglais) sur ce « film hors-la-loi » dont elle conserve d’excellents souvenirs liés au tournage (sans autorisation) à New York. Elle aborde les conditions des prises de vues, le travail de son père (« qui aimait faire les choses sérieusement, sans se prendre au sérieux » mais qui « malheureusement n’a jamais été reconnu de son vivant ») et le casting. Parallèlement, Antonella Fulci évoque le tournage en studio à Rome, déclare que « le premier scénario était bien meilleur », et surtout que « le film n’est pas misogyne, mais s’avère un mélodrame horrifique » qui a d’ailleurs « rapporté beaucoup d’argent ».
Dans le segment intitulé The Ripper Files (24’30), se croisent les interventions des comédiens Howard Ross (ou Renato Rossini pour les intimes), Barbara Cupisti et Zora Kerowa, respectivement Mickey Scellenda, Heather et la performeuse du spectacle porno dans L’Étrangleur de New York. Les trois acteurs parlent essentiellement de Lucio Fulci (« un homme merveilleux, « un homme fantastique », « un homme exceptionnel », « un homme…qui traitait mal les comédiens et qui leur criait dessus », « un homme qui jouait au méchant perfide »), qui « se dissimulait derrière un masque et s’était bâti une carapace de défense ». Les conditions de tournage (quatre semaines à New York) sont rapidement abordées, ainsi que le casting.
La musique du sang (17’) donne la parole à Daniele De Gemini, directeur artistique et fils de Franco De Gemini (fondateur de la maison de disques Beat Records), ce dernier (mort en 2013) étant l’interprète d’un solo à l’harmonica – et qui pensait qu’il s’agissait de « l’une de ses meilleures performances », probablement avec celle d’Il était une fois dans l’Ouest– dans la B.O. de L’Éventreur de New York. Daniele De Gemini parle aussi de Lucio Fulci, « un fou », « un vrai malade », « un cinglé »…
Dans Deux ou trois choses que je sais de Lucio… (20’), le scénariste Dardano Sacchetti, qui a écrit huit films du maître italien, de L’Emmurée vivante – Sette note in nero (1977) à 2072, Les mercenaires du futur – I guerrieri dell’anno 2072 (1984), revient sans langue de bois sur ses diverses collaborations – à la fois houleuses et respectueuses – avec Lucio Fulci. Ce module, qui réunit deux interviews de Dardano Sacchetti, dissèque la psychologie du réalisateur.
Nombreux sont les cinéphiles/ages à collectionner les affiches de cinéma, surtout celles des films qui les ont bercé et donné la passion du septième art et plus particulièrement du cinéma de genre. The Ecstasy of Films propose un bonus original, dans lequel Enzo Sciotti, artiste et illustrateur italien, revient sur ses débuts et se souvient aussi avoir « toujours été fasciné par les affiches de cinéma ». Auteur de plus de 3000 affiches de films (L’Au-delà, Démons, Les Guerriers du Bronx, Phenomena…), Enzo Sciotti passe en revue certaines grandes étapes de sa carrière et la méthode qui consistait à dessiner l’affiche – estampillée Shooting Now ! – d’un film (même pas tourné ou mis en production) de façon à attirer le chaland sur quelques marchés.
Last but not least, l’éditeur joint un documentaire exceptionnel (1h22), 42nd Street Memories : The Rise and Fall of America’s most notorious street, réalisé en 2015 par Calum Waddell. Les fans du cinéma de genre vont être aux anges car le casting réunit ici les réalisateurs Joe Dante, William Lustig, Frank Henenlotter, Larry Cohen, Tom Holland, Lloyd Kaufman, Jeff Lieberman, Greydon Clark, mais aussi l’actrice pornographique Veronica Hart, les distributeurs et producteurs Samuel M. Sherman et Terry Levene, et d’autres intervenants moins illustres, mais tout aussi concernés par l’histoire de la 42e rue de New York, celle où fleurissaient entre autres les cinémas porno dans les années 1970 et qui tient une large place dans L’Éventreur de New York. Tous ces intervenants reviennent sur l’histoire sulfureuse et passionnante de ce quartier entièrement voué au service du plaisir, où tout était fait pour satisfaire le moindre désir du chaland et du touriste. L’ascension et le déclin du bloc le plus connu des Etats-Unis (le plus mal famé aussi) sont ainsi passés au peigne fin par tous ceux qui l’ont connu et fréquenté, surtout dans les années 1980 où les établissements liés au commerce du sexe avaient laissé la place aux cinémas spécialisés dans les films d’exploitation, qui proposaient souvent des doubles-séances. Un Grindhouse pouvait ainsi être proposé avec un film Disney, un film familial immédiatement suivi par le film d’horreur le plus gore, ou un opus de la Nazisploitation précédé d’un chef d’oeuvre de John Ford. Il se dégage beaucoup de nostalgie de ce documentaire absolument génial, mais aussi beaucoup d’humour, surtout quand tout ce beau petit monde aborde les conditions de visionnage dans des salles où les rats pullulaient, où les pieds collaient sur le sol jonché de détritus, de vomi et de sperme, et où il n’était pas rare de recevoir un coup de couteau en sortant tranquillement du cinéma. « Cela faisait partie du folklore » relativisent certains, même si le quartier devenait effectivement plus dangereux dans les années 1980, jusqu’à l’élection de Rudy Giuliani en 1994, qui a tout balayé. Depuis, la 42e rue est devenue synonyme de Disney, puisque le groupe en a racheté une grande partie.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
L’Image et le son
Une chose pour commencer. Nous ne ferons aucun comparatif avec d’autres éditions étrangères existantes et nous nous concentrerons uniquement sur le Blu-ray de L’Éventreur de New York proposé par The Ecstasy of Films. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’éditeur nous gratifie d’un master HD (1080p, AVC) impressionnant, présenté dans son format original 2.35 (16/9, compatible 4/3). La propreté de la copie est indéniable, la restauration ne fait aucun doute, les contrastes sont très beaux, les noirs sont denses, le cadre large fourmille de détails avec un piqué très pointu. Le grain est très bien géré, l’ensemble stable, sans bruit vidéo, les couleurs concoctées par Luigi Kuveiller sont agréables pour les mirettes, souvent rutilantes. Hormis divers plans plus doux, le charme opère et l’on (re)découvre totalement le (dernier ?) chef d’oeuvre de Lucio Fulci, avec un nouvel étalonnage effectué pour cette édition. Le film est aussi présenté dans sa version intégrale sur le Blu-ray, tandis que le DVD contient le montage cut où l’étalonnage n’a pas été retouché.
Véritable melting-pot, le casting de L’Éventreur de New York réunit des comédiens venus d’horizons divers et variés. C’est un peu le cas des options acoustiques proposées par The Ecstasy of Films, puisque le spectateur aura le choix entre trois langues, dont les dialogues (et même la musique) peuvent changer complètement d’une piste à l’autre, surtout entre les versions italienne et anglaise. Néanmoins, Lo squartatore di New York est à visionner en priorité dans la langue de Shakespeare, dans laquelle a visiblement été tourné le film et qui s’avère non seulement la version la plus naturelle du lot, mais aussi la plus dynamique et la plus riche (dans ses ambiances surtout), même si la version italienne s’en tire également pas trop mal. Quant à la piste française, elle paraît tantôt confinée (la plupart du temps), tantôt claire (avec des voix mises trop en avant et qui dénaturent les ambiances), mais sans éclats. Notons que deux séquences n’ont jamais été doublées ni en italien ni en français et passent directement en anglais puisqu’il s’agit de la version intégrale du film avec deux courtes scènes (à la 56è minute et à 1h23’’50) supplémentaires. La première est centrée sur le personnage du Dr Paul Davis dont le bureau recouvert de photos d’autopsie met mal à l’aise sa collaboratrice. La seconde montre Williams qui apprend que Fay Majors possède un Q.I. incroyablement élevé et qui semble être perturbée par des visions très réalistes.
Une réflexion sur « Test Blu-ray / L’Éventreur de New York, réalisé par Lucio Fulci »