Test Blu-ray / Le Mystère d’Edwin Drood, réalisé par Stuart Walker

LE MYSTÈRE D’EDWIN DROOD (The Mystery of Edwin Drood) réalisé par Stuart Walker, disponible en DVD et Combo Blu-ray+DVD le 26 mars 2024 chez Elephant Films.

Acteurs : Claude Rains, Douglass Montgomery, Heather Angel, David Manners, Francis L. Sullivan, Valerie Hobson, Zeffie Tilbury, Ethel Griffies…

Scénario : John L. Balderston, Gladys Unger, Leopold Atlas & Bradley King, d’après le roman de Charles Dickens

Photographie : George Robinson

Musique : Edward Ward

Durée : 1h27

Année de sortie : 1935

LE FILM

Le jeune et affable Edwin Drood, en apparence comblé par la sollicitude de son oncle John Jasper, maître de choeur à la cathédrale de Cloisterham, disparaît mystérieusement sans laisser de trace. Jasper mène tout d’abord l’enquête sur le sort de son neveu et ses soupçons se dirigent vers l’irascible Neville Landless, arrivé récemment à Cloisterham avec sa soeur Helena…

Le cinéma n’a pas tardé pour s’emparer des écrits de Charles Dickens, puisque la première adaptation d’un de ses livres, en l’occurrence Oliver Twist, remonte à 1901. Depuis, près de 500 films se sont inspirés de près ou de loin d’un des ouvrages de l’écrivain britannique. Le Mystère d’Edwin Drood est le quinzième et dernier roman de Charles Dickens, dont la première transposition date de 1909, suivie par une autre de 1914. Celle qui nous intéresse aujourd’hui est donc la troisième, celle à connaître, même si une autre mouture sera à nouveau réalisée soixante ans plus tard, ainsi que des séries télévisées. Si Le Mystère d’Edwin Drood version Stuart Walker n’est indubitablement pas un chef d’oeuvre, il possède quelques atouts non négligeables, à l’instar d’une superbe photographie signée George Robinson (La Montagne jaune, Le Rayon invisible, Tarantula!), dont le savoir-faire fera le bonheur des studios (et des cinéphiles), puisqu’il sera aussi l’un des chefs opérateurs emblématiques des Universal Monsters (Le Fils de Dracula, La Maison de Dracula, Le Fils de Frankenstein, Frankenstein rencontre le loup-garou, La Tombe de la Momie). Mention spéciale également à la prestation de Claude Rains, inquiétant à souhait et qui porte le film sur ses épaules. Un bon cru, rien de transcendant, mais qui demeure encore divertissant près d’un siècle après sa sortie.

En Angleterre, John Jasper, secrètement accro à l’opium, développe une obsession pour Rosa Bud, la fiancée de son neveu Edwin Drood. Un autre homme, Neville s’interesse également à la jeune femme. Quand une dispute éclate entre Neville et Edwin et que ce dernier disparait, Jasper s’empresse d’accuser Neville d’avoir tué le jeune Drood…

Alors qu’il vient de triompher dans le rôle-titre de L’Homme invisible The Invisible Man de James Whale, Claude Rains est sollicité de toutes parts et jette son dévolu sur Le Mystère d’Edwin Drood, confortable production Universal, qui lui permettait d’incarner l’horreur, mais cette fois à visage découvert. S’il marquera indéniablement les fans de cinéma ailleurs (Les Aventures de Robin des Bois, Monsieur Smith au Sénat, Casablanca, Le Fantôme de l’Opéra, Les Enchaînés, Les Amants passionnés, Lawrence d’Arabie), le comédien, encore au début de sa carrière sur grand écran, livre une performance habitée et trône sur une distribution intéressante et également de qualité. Douglass Montgomery (Waterloo Bridge, Les Quatre Filles du docteur March), la très convoitée Heather Angel (L’Enterré vivant, Lifeboat, Soupçons, Le Mouchard), David Manners (Le Chat noir, La Momie, Dracula), Francis L. Sullivan (Les Forbans de la nuit, 21 jours ensemble), Valerie Hobson (La Fiancée de Frankenstein, Noblesse oblige, L’Espion noir), tout ce beau petit monde alors en vogue et sous contrat avec le studio, est réuni pour un drame-policier teinté d’épouvante (là encore un genre à la mode).

Le scénario aura nécessité l’intervention de quatre auteurs, John L. Balderston (lui aussi lié aux Universal Monsters), Gladys Unger (Sylvia Scarlett), Leopold Atlas (Marché de brutes, The Story of G.I. Joe) et Bradley King (Dark Streets), qui se sont donc penchés sur le livre inachevé de Charles Dickens. Le budget est conséquent, cela se voit à l’écran avec ses beaux décors et ses costumes soignés, sa reconstitution élégante qui fait le charme immédiat de ce film qui manque sans doute de rythme aujourd’hui et dont la mise en scène, encore marquée par des tics formels hérités du cinéma muet, est parfois trop figée sur les visages des acteurs, à qui l’on demande probablement d’en faire trop. Claude Rains a peu à faire pour se révéler flippant, surtout lorsqu’il bouffe du regard une jeune femme de seize ans sa cadette et qui vient tout juste de fêter son 18è anniversaire. Le traitement du personnage de John Jasper est original, pour ne pas dire moderne, surtout quand ce dernier s’adonne à l’opium, divague, délire, avant d’aller conduire la chorale de la cathédrale près de chez lui où il fera comme si de rien n’était.

Le Mystère d’Edwin Drood s’apparente à un polar gothique, où l’enquête est menée dans la deuxième partie par un personnage qui n’avait rien pour devenir le héros du récit et qui contre toute attente se place en première ligne sur l’échiquier, en ayant recours au déguisement. On pourra reprocher le manque de surprises et de rebondissements, mais l’histoire se tient malgré tout.

LE BLU-RAY

Inédit dans les bacs français depuis les débuts du DVD, Le Mystère d’Edwin Drood est exhumé du catalogue Universal par Elephant Films, qui présente désormais le film de Stuart Walker en édition Standard, en Combo Blu-ray+DVD et édition simple HD (en juillet 2024 pour cette dernière mouture). Nous avons eu la troisième en main, la galette étant implantée dans un boîtier classique de couleur noire. Beau et élégant visuel de la jaquette. Titre faisant désormais partie de la collection Cinéma Master Class – La Collection des maîtres. Le menu principal est fixe et musical.

Le seul supplément lié au Mystère d’Edwin Drood est une présentation du film par Eddy Moine (11’). Comme d’habitude, ce dernier a bien travaillé son intervention et livre de multiples informations sur le film qui nous intéresse aujourd’hui. Le roman inachevé de Charles Dickens, les différents dénouements imaginés au fil des décennies, les premières adaptations du Mystère d’Edwin Drood, les conditions de production du film de Stuart Walker, le casting, l’écriture du scénario, l’échec au box-office et les critiques globalement positives sont les sujets abordés durant ce module de qualité.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

La copie présentée affiche un N&B lumineux, mais reste marquée constamment par des poussières diverses, des tâches…L’ensemble s’accompagne également de divers décrochages, mais s’avère étonnamment stable. Quelques scènes à la photo diffuse sont plus belles que d’autres. En l’état, on a déjà vu bien pire, mais il ne faut pas vous attendre à un miracle non plus, d’autant plus que Le Mystère d’Edwin Drood est un film rare et ne bénéficiera sans doute jamais d’un lifting digne de ce nom.

Le confort acoustique est suffisant, en dépit de quelques fluctuations, des craquements, un souffle sensible et de légères saturations. Les sous-titres français (de couleur jaune ou blanche) ne sont pas imposés. Pas de VF.

Crédits images : © Elephant Films / Universal Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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