Test Blu-ray / Le Monde animé de Grimault, réalisé par Paul Grimault

LE MONDE ANIMÉ DE GRIMAULT réalisé par Paul Grimault, disponible en combo Blu-ray+DVD le 13 novembre 2019 chez Studiocanal

Musique : Maurice Delannoy, Roger Desormière, Joseph Kosma, Jacques Loussier, Niels Gron

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1942, 1943, 1946, 1948, 1970, 1973

LE PROGRAMME

Atypiques, inventives, intelligentes… les oeuvres de Paul Grimault auront marqué un demi-siècle de leur singularité et d’un style jamais égalé. En s’entourant d’auteurs de renom comme Jacques Prévert, le réalisateur du mythique Roi et l’Oiseau est aussi celui de nombreux courts métrages dont les meilleurs ont été sélectionnés et restaurés.

Paul Grimault (1905-1994), l’un de nos plus grands réalisateurs de films d’animation, voit enfin certains de ses courts-métrages restaurés, réunis en DVD et Blu-ray. L’ancien élève de l’école de dessin Germain-Pilon, employé dans un atelier de décoration au Bon Marché, puis dessinateur de meubles au faubourg Saint-Antoine, devra attendre la fin des années 1920 pour faire la rencontre déterminante de Jean Aurenche, Jean Anouilh et Jacques Prévert. Le dessinateur prend son envol, peaufine son style et crée en 1936 la société de films d’animation Les Gémeaux, en collaboration avec le producteur de cinéma André Sarrut. Après moult courts métrages, Paul Grimault passe définitivement à la postérité avec Le Roi et l’Oiseau, récompensé par le prix Louis-Delluc et qui attire plus d’1,7 million de français dans les salles. Un César d’honneur lui sera décerné en 1989.

Il n’est jamais trop tard pour découvrir celui que l’on considérait alors comme le Walt Disney français, devenu une véritable référence tel Jean Image (1911-1989) et qui influencera moult de ses confrères comme Hayao Miyazaki.

Au programme de ce combo Blu-ray/DVD :

Le Marchand de notes (1942, 10’, N&B, sans dialogue) : Le marchand de notes Bicornu se fait enquiquiner par un troubadour nommé Niglo, dont il s’agit ici de la première apparition.

L’Épouvantail (1946, 10’, couleur, sans dialogue) : Le court métrage raconte l’histoire d’un épouvantail essayant d’empêcher un chat de manger deux oiseaux. Un film récompensé par le Prix Emile-Reynaud et la Mention du Prix Emile-Cohl.

Les Passagers de la Grande Ourse (1943, 9’, N&B, sans dialogue) : Gô et Sniff le chien sont attirés par le chantier de la Grande Ourse et s’y retrouvent embarqués alors que l’engin décolle. Ce film est la version modifiée de Gô chez les oiseaux, interrompu en 1939 par la guerre.

Le Voleur de paratonnerres (1946, 10’, couleur, sans dialogue) : Un voleur de paratonnerres sévit sur les toits de Paris, poursuivi par deux policiers moustachus. Le voleur masqué, indifférent au vertige et au danger, se joue de ses poursuivants. Seule la foudre mettra un terme à ses exploits. Grand prix du dessin animé à la Biennale de Venise.

La Flûte magique (1946, 9’, couleur, sans dialogue) : Le Sir de Massouf essaie de dormir, mais le troubadour Niglo n’arrête pas de jouer de ses instruments. Le Sir les détruit, mais un oiseau se transforme en flûte, qui a le pouvoir de faire danser les gens.

Le Petit Soldat (1948, 11’, couleur, sans dialogue) : Un petit jouet danseur est amoureux d’une petite poupée, mais le méchant diable de la boîte a des vues sur la jeune fille. Première collaboration de Paul Grimault avec Jacques Prévert, il s’agit ici de l’adaptation d’un conte d’Andersen, Le Stoïque Soldat de plomb.

Le Diamant (1970, 9’, couleur, sans dialogue) : Le cruel professeur Savantas s’invite dans une oasis coupée du monde pour y récupérer un énorme diamant, qui constitue le totem de la population autochtone et la clef de voûte de l’équilibre magique du lieu. Ce film sorti en 1970, était diffusé en avant-programme de L’Aveu de Costa-Gavras.

Le Chien mélomane (1973, couleur, 11’) : Le professeur Saventas a créé une machine qui ressemble à un violon, mais qui quand on en joue fait exploser les choses visées, ce qui déplaît à son chien qui est mélomane de très mauvais goût.

Si certains films seront aujourd’hui difficiles d’accès pour les plus jeunes, Le Marchand de notes étant même carrément expérimental, toute la famille pourra s’émerveiller devant la poésie bouleversante du Petit soldat, qui annonce clairement Toy Story, la beauté du Voleur de paratonnerres, la luminosité de La Flûte magique qui fait écho à celle du Roi et l’Oiseau, sans oublier le caractère engagé du Diamant et du Chien mélomane. L’animation de Paul Grimault transcende les générations et leurs propos n’ont jamais été autant d’actualité. Enfin, notons que les huit courts-métrages réunis dans ce programme avaient été présentés en partie dans La Table tournante, long métrage réalisé en 1988 par Paul Grimault et Jacques Demy.

LE COMBO

Le Monde animé de Grimault apparaît dans les bacs chez Studiocanal, dans une édition Digipack, comprenant le DVD et le Blu-ray. Nous trouvons également un livret sur les courts métrages et leur restauration rédigé par Guillemette Odicino (20 pages). Le menu principal est fixe et muet.

Seul supplément vidéo disponible sur cette édition, Chez Paul Grimault (8’30) est un extrait de l’émission Pile ou Face (1956), où l’artiste évoque ses débuts comme dessinateur, avant d’en venir à l’animation proprement dite, en faisant d’ailleurs visiter ses ateliers de création (rue Bobillot à Paris) où ses collaborateurs s’affairent.

L’Image et le son

La restauration du Monde animé de Paul Grimault a été réalisée par le laboratoire Hiventy, sous la supervision des équipes de Studiocanal et avec le CNC dans le cadre de l’aide sélective à la numérisation des œuvres cinématographiques du patrimoine. Chaque court-métrage a été scanné et restauré en 4K à partir des éléments nitrates (sélections trichromes et négatifs originaux, ainsi qu’une numérisation des sons optiques) pour ceux réalisés entre 1942 et 1944 , et des négatifs originaux image et son safety pour les plus récents datant de 1970 à 1973. Une séquence perdue de La Flûte magique a été retrouvée sur une copie d’époque et a pu être réintégrée dans le montage tel qu’initialement réalisé par Paul Grimault. Malgré toutes les recherches effectuées, les éléments originaux couleur des Passagers de la Grande Ourse n’ont pu être retrouvés ce court-métrage est donc proposé en N&B. Signalons un énorme problème d’encodage survenu sur L’Epouvantail à l’image vraiment trop contrasté, aux couleurs totalement dénaturées et où l’on a même parfois du mal à distinguer ce qui se déroule à l’écran. Ce couac important n’est visible que sur le Blu-ray et les captures présentées plus haut sont donc tirées du DVD. Le reste des courts-métrages, en N&B comme en couleur, sont superbes. Le piqué est souvent dingue, les copies très stables. Une restauration de haut niveau (celle du Voleur de paratonnerres et du Soldat de plomb sont à se damner), une palette chromatique claire qui retrouve véritablement une deuxième jeunesse en Haute Définition et ce malgré quelques rayures verticales, petites scories et poussières encore – et inévitablement – visibles. Le style crayonné spécifique à l’époque est superbement retranscrit.

Rien à redire concernant l’unique piste audio DTS HD Master Audio Mono2.0, d’une fluidité et d’une propreté absolues, sans saturation ni craquements et encore moins de souffle intempestif. La musique est systématiquement délivrée avec ardeur, tout comme les bruitages. Les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants sont disponibles.

Crédits images : © Studiocanal / INA / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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