L’ANNÉE PROCHAINE…SI TOUT VA BIEN réalisé par Jean-Loup Hubert, disponible en DVD & Blu-ray le 26 novembre 2024 chez Tamasa Distribution.
Acteurs : Isabelle Adjani, Thierry Lhermitte, Bernard Crombey, Antoinette Moya, Fred Personne, Virginie Thévenet, Madeleine Bouchez, Michel Dussarat, Marie-Anne Chazel…
Scénario : Jean-Loup Hubert, Marie-Anne Chazel & Gérard Zingg
Photographie : Robert Alazraki
Musique : Vladimir Cosma
Durée : 1h35
Date de sortie initiale : 1981
LE FILM
Maxime crée des bandes dessinées, et vit avec Isabelle, sans que les parents de celle-ci soient au courant. Maxime est un adolescent attardé, farfelu, égoïste et râlant sans arrêt. Isabelle, statisticienne, est amoureuse, responsable, aux petits soins, et veut un bébé. Maxime ne veut pas rentrer dans l’engrenage de la famille et de la stabilité. On verra, l’année prochaine, si tout va bien…
Premier long-métrage du réalisateur Jean-Loup Hubert (né en 1949), L’Année prochaine…si tout va bien est aussi son premier bijou, pourtant méconnu, voire oublié de nos jours. Si la plupart des spectateurs se souviennent évidemment du Grand pardon (plus de 3,1 millions d’entrées en 1987, quatrième du box-office cette année-là, placé entre Au revoir les enfants de Louis Malle et Platoon d’Oliver Stone) et de La Smala (1984), sans doute son film le plus diffusé à la télévision, il est nécessaire de redécouvrir cette comédie dramatico-sentimentale. Sept mois après Clara et les Chics Types de Jacques Monnet, le couple Isabelle Adjani-Thierry Lhermitte se reforme à nouveau au cinéma. Il y a des films que vous découvrez ou revoyez avec un bonheur immense, qui vous font battre le coeur, devant lesquels vous admirez la beauté des comédiens, leur naturel, leur immense talent…comme celui de leur réalisateur. L’Année prochaine…si tout va bien est de ceux-là. Simple en apparence, ce coup d’essai et coup de maître est la radiographie d’un couple moderne, qui n’a justement pas vieilli d’un pouce et annonce même un sous-genre de comédies américaines, dont Judd Apatow s’est fait le spécialiste dans les années 2000-2010. Si la patine eighties est forcément présente, le propos demeure lui inaltérable, universel et même intemporel. Un énorme coup de coeur.
Isabelle travaille à l’INSEE avec un salaire confortable ; Maxime tente de percer en tant que scénariste et dessinateur dans le monde de la BD ; ils filent ensemble une parfaite histoire d’amour jusqu’à ce qu’Isabelle annonce à Maxime sa volonté d’avoir un enfant. Maxime ne se sent pas capable d’assumer financièrement la future famille, et refuse. S’ensuit alors pour le couple une série de chassés-croisés amoureux ; ruptures et réconciliations sont le lot quotidien, entre tentative de prise d’amant ou de maîtresse et présentation aux parents d’Isabelle, dont la vie rangée voire morne (bien qu’aisée) n’est pas un modèle pour les deux amoureux.
Les premières scènes exposent les personnages, sans dialogues. Maxime mange des Smarties et lit Quick et Flupke, Isabelle est penchée sur Épistémologie et Économie de Serge Latouche. S’ils n’ont vraisemblablement pas les mêmes centres d’intérêt, ils s’aiment, depuis deux ans. Pourtant, un petit truc cloche. Ils ont certes le même âge, mais n’ont pas le même timing, du point de vue professionnel ou en ce qui concerne la maturité. De plus, Isabelle est celle qui rapporte l’argent à la maison, tandis que Maxime galère pour faire connaître le personnage qu’il a créé. Alors, quand Isabelle évoque son désir d’enfant, tout est remis en question, ou Maxime en cause…Jean-Loup Hubert s’inspire de nombreux éléments autobiographiques (il était dessinateur lui-même, avant d’entrer dans le monde du cinéma) et livre une fabuleuse comédie de mœurs, romantique, très drôle, énergique, tendre, émouvante et mélancolique qui fonctionne à plein régime.
Si Isabelle Adjani (la même année que Quartet de James Ivory et Possession d’Andrzej Żuławski) et Thierry Lhermitte (qui multipliait les projets, aussi bien comme vedette qu’en participation amicale) sont parfaits, il en va de même pour le reste du casting. Bernard Crombey (Le Plein de super d’Alain Cavalier), Antoinette Moya (Les Démons de Jésus, L’Ombre des femmes), Fred Personne (Sauve qui peut (la vie)), Virginie Thévenet (L’Argent de poche, Les Zozos), Michel Dussarat (Le Quart d’heure américain), Marie-Anne Chazel (sur le point de remettre sa prothèse de Zézette pour Le Père Noël est une ordure) sont aussi impeccables et leurs rôles respectifs jamais oubliés face aux deux têtes d’affiche. Les plus physionomistes reconnaîtront Mathieu Kassoviz (13 ans, le petit garçon qui demande à Maxime de lui dessiner Goldorak) et Maïwenn (4 ans, Prune, la fille d’Henri et Huguette).
Isabelle et Maxime sont fous l’un de l’autre, aucun doute là-dessus. C’est juste qu’ils n’arrivent pas à synchroniser leur chronomètre. La vie va donc les séparer un temps, mais les réunir très vite aussi. Il est temps de grandir pour l’un, mais aussi de comprendre et d’attendre encore un peu pour l’autre. Outre un scénario qu’il a coécrit avec Josiane Balasko (qui héritera du premier rôle dans La Smala) et Gérard Zingg (auteur et réalisateur de La Nuit, tous les chats sont gris, un des films quasi-disparus aujourd’hui avec Gérard Depardieu), Jean-Loup Hubert s’entoure du talentueux chef opérateur Robert Alazraki (La Crise, Un été à la Goulette, Dernier été à Tanger) et du maestro Vladimir Cosma, pour livrer au final une fable au charme dévastateur, aux personnages très attachants, aux dialogues élégants et à l’énergie contagieuse.
LE BLU-RAY
Tamasa Distribution déroule le tapis rouge au réalisateur Jean-Loup Hubert. Après Le Grand chemin, sorti en novembre 2022, l’éditeur sort simultanément en Haute-Définition, L’Année prochaine…si tout va bien (1981), Après la guerre (1989), La Reine blanche (1991) et À cause d’elle (1993). Tous les titres seront bien entendu disséqués par nos soins. Nous commençons donc logiquement cette salve par le test Blu-ray complet du premier long-métrage du cinéaste. Le disque repose dans un boîtier Blu-ray classique de couleur blanche. Le menu principal est fixe et musical. À noter que le film était précédemment édité en DVD chez LCJ Éditions & Productions depuis 2006.
Jean-Loup Hubert a répondu présent pour nous parler de L’Année prochaine…si tout va bien (27’). Le réalisateur nous parle tour à tour de la genèse du film, de tous les éléments autobiographiques que l’on retrouve au scénario, sans oublier de sa découverte de la littérature après avoir été victime d’un accident à l’âge de 12 ans. Un événement qui allait changer sa vie à jamais, la lecture (puis l’écriture) lui offrant un champ d’évasion possible et infini, alors qu’il était un jeune pré-ado qui avait failli y rester. Puis, Jean-Loup Hubert explique comment il en est venu au cinéma, après avoir toujours dessiné, à l’instar de Maxime dans son premier long-métrage. Les rencontres déterminantes, le casting et l’accueil du film sont aussi abordés au cours de cette rencontre on ne peut plus attachante et passionnante.
L’Image et le son
Fort d’un master au format respecté et d’une solide compression AVC, ce Blu-ray en met plein les yeux dès les premiers plans. La restauration (4K, réalisée à partir du négatif original) est étincelante, les contrastes d’une indéniable densité, la copie est propre et lumineuse. Les détails étonnent souvent par leur précision, les couleurs retrouvent un éclat inespéré, le relief des séquences diurnes est inédit et le piqué demeure acéré du début à la fin. La définition flanche très légèrement durant le générique, mais cela reste anecdotique. Un superbe lifting.
La piste française Dolby Digital est plutôt percutante. Aucun souffle n’est à déplorer, ni aucune saturation dans les aigus. Les dialogues sont vifs, toujours bien détachés, la musique est délivrée avec une belle ampleur. L’ensemble est aéré, fluide et dynamique. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.
Crédits images : © Tamasa / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr