L’AMOUR C’EST MIEUX QUE LA VIE réalisé par Claude Lelouch, disponible en DVD et Blu-ray le 26 mai 2022 chez Metropolitan Video.
Acteurs : Sandrine Bonnaire, Gérard Darmon, Ary Abittan, Philippe Lellouche, Kev Adams, Elsa Zylberstein, Béatrice Dalle, Clémentine Célarié, Robert Hossein, Olivier Rabourdin…
Scénario : Claude Lelouch, Pierre Leroux, Grégoire Lacroix & Valérie Perrin
Photographie : Maxime Héraud
Musique : Laurent Couson
Durée : 1h55
Année de sortie : 2021
LE FILM
Les trois A : L’AMOUR, L’AMITIÉ et L’ARGENT sont les trois principales préoccupations de l’humanité. Pour en parler le plus simplement possible, Gérard, Ary et Philippe ont fait connaissance il y a 20 ans, à leur sortie de prison, et se sont tout de suite posé la vraie question : Et si l’honnêteté était la meilleure des combines ? Aujourd’hui, ils sont inséparables et scrupuleusement vertueux… Mais Gérard apprend qu’il souffre d’un mal incurable. Le sachant condamné, Ary et Philippe veulent lui offrir sa dernière histoire d’amour… car Gérard a toujours répété que l’amour c’était mieux que la vie.
Nous pensions que La Vertu des impondérables était le cinquantième long-métrage de Claude Lelouch. Nous avions mal compté, ou alors le cinéaste s’était embrouillé dans ses comptes. Non, en réalité le 50ème film de l’ami Claude, le voici (la sobriété et la modestie de l’intéressé poussent le bouchon jusqu’à le mentionner dans les credits, sur l’affiche et dans la bande-annonce), L’Amour c’est mieux que la vie, qui recycle quelque peu le titre abandonné du second volet de sa trilogie avortée au début des années 2000, entamée avec Les Parisiens et qui devait donc s’intituler Le Bonheur, c’est mieux que la vie. On craignait que le réalisateur reprenne son ancien projet, qui avait été finalement bidouillé pour devenir Le Courage d’aimer, une de ses plus grosses arnaques qui présentait plus ou moins le même montage agrémenté d’une poignée scènes supplémentaires, histoire de, mais pour résumer il s’agissait bien de foutage de gueule. L’Amour c’est mieux que la vie n’a rien à voir. Bien qu’il ait longtemps annoncé que tel film était son dernier (on pense aux paroles de Daniel Balavoine pour Le Chanteur, « Je remonterai sur scène, Comme dans les années folles, Je ferai pleurer mes yeux, Je ferai mes adieux, Et puis l’année d’après, Je recommencerai, Et puis l’année d’après, Je recommencerai, Je me prostituerai, Pour la postérité…), il s’agit ici du premier épisode d’une nouvelle trilogie teasée dans le générique de fin. A l’instar de James Bond, Claude Lelouch will return…et nous avons déjà le titre, La Folie des sentiments ou l’incroyable fertilité du chaos. En l’état, L’Amour c’est mieux que la vie peut apparaître comme un sempiternel film testament, dans lequel CL évoque la mort, ou plutôt la célébration de l’existence, se penche sur le temps qui passe (« Je n’ai plus de temps à perdre avec le temps »), tout en imaginant celles et ceux qui pleureront à son enterrement. Ce n’est pas un secret, Lelouch s’est toujours glorifié lui-même. A bientôt 85 ans, refusant de prendre une retraite bien méritée, il a cette fois recours à divers extraits de L’Aventure c’est l’aventure (1972), La Bonne année (1974), Les Uns et les Autres (1981), créant une passerelle avec le second à travers le personnage incarné par Sandrine Bonnaire. Cette introduction est bordélique, mais comme L’Amour c’est mieux que la vie en fait, qui passe du coq à l’âne, du rire (gênant) aux larmes (embarrassantes), avec un casting fade, sur un rythme neurasthénique et un montage aux pâquerettes. Pourtant, une fois de plus, on ne rejette pas ce film et nous répondrons encore présents au prochain opus.
Après une succession de plans montrant la beauté du monde, parasitée par des scènes de la vie quotidienne de Paris (émeutes, manifs, ciel grisâtre, auxquels s’ajoutent la Covid, le confinement, le port du masque obligatoire…), nous arrivons à la première séquence nawak comme les affectionnent tout particulièrement Claude Lelouch, celle où un dénommé Jésus (Xavier Inbona) se trouve en garde à vue, interrogé par deux flics, Clémentine (Célarié) et Olivier (Rabourdin). Le truc c’est qu’il s’agit du vrai Jésus (si si), on ne sait pas trop ce qu’il fout là, mais il n’a rien trouvé de mieux que de se faire pincer. En fait, le Christ, promeneur de profession (c’est lui qui le dit), n’a de cesse, depuis toujours, d’aller à la rencontre d’âmes égarées, n’hésitant pas à leur donner un coup de pouce de temps en temps. Jésus prend soudainement les traits d’Elsa Zylberstein, que l’on reverra plus tard dans un autre rôle (on ne comprend pas pourquoi d’ailleurs), puis en Béatrice Dalle, dans la peau de Béa l’avocate du diable. On nage déjà dans le nanar pur jus, avec des gros plans peu flatteurs sur des comédiennes mal maquillées et en roues libres, où on apprend qu’être flic cela veut forcément dire tabasser les gens. Hop, présentation de quelques protagonistes face caméra, qui portent leur véritable prénom, Gérard (Darmon), Ary (Abittan), Philippe (Lellouche), Kev (Adams), Sandrine (Bonnaire)…on connaît la musique, le cinéma c’est la vie (même si tout le monde ne peut pas s’offrir un 100 m² à Montmartre ou manger tous les jours Chez Plumeau), ou la vie c’est le cinéma, tout s’enchevêtre, les acteurs et leurs personnages respectifs ne font qu’un blablabla, ou plutôt chabadabada…
Là où L’Amour c’est mieux que la vie fait fort, c’est d’avoir été rattrapé par la réalité, notamment en ce qui concerne l’insupportable (euphémisme) Ary Abittan. Ce dernier joue ni plus ni moins un chaud du slip aux répliques fleuries du style (et c’est sans trucage) « A l’époque, j’avais du succès auprès des femmes, j’en ai profité ! » ou quand son « personnage » demande Elsa en mariage, celle-ci de lui rétorquer « Pour ça, faudrait que vous soyez libre. Vous êtes encore marié, Ary. Et vous allez me tromper tout de suite ? », avant qu’Ary ne lui réponde « Mais j’adore tromper, Elsa ! ». Rappelons qu’avant la sortie du film, Ary Abittan a été placé en garde à vue à la suite du dépôt d’une plainte pour viol d’une jeune femme de 23 ans, puis mis en examen pour viol et placé – encore à l’heure actuelle – sous contrôle judiciaire. Claude Lelouch, ce visionnaire. Ce sont ces moments-là qui donnent une saveur particulière à L’Amour c’est mieux que la vie, comme celui où Ary Abittan entame une imitation moisie de Robert De Niro, en mangeant un couscous et en donnant la réplique à une merguez, aux côtés de Philippe Lellouche, aussi gêné que les spectateurs, qui reprend un verre (vu son teint rougeaud, il ne doit pas en être à son premier) de Boulaouane ou une énième binouse.
Il y a Gérard Darmon, en « double » de Claude Lelouch, dirigé pour la cinquième fois par ce dernier après Il y a des jours… et des lunes, La Belle Histoire, Tout ça…pour ça ! et le phénoménal Chacun sa vie (ça y est, vous repensez à sa scène à oilp bande de coquins), sommet ubuesque de la carrière du réalisateur. Soyons honnêtes, le comédien s’en tire pas trop mal et apporte un peu d’émotions à cette entreprise, tout comme Robert Hossein dans sa dernière apparition au cinéma, mais tout croule sous des mots d’auteur ronflants, loin de la spontanéité de la vie recherchée par le cinéaste. On peut aussi citer Kev Adams, qui rejoint la famille Lelouch en boxeur, ex-champion d’Europe (lol ptdr), enflé comme une crevette à laquelle on aurait greffé des gants pour faire genre. Sandrine Bonnaire joue une responsable d’escort-girls, bah oui, les femmes sont souvent des « putes » chez Claude Lelouch, qui ne distingue en effet que deux catégories chez la gent féminine, les petites asphalteuses et les femmes amoureuses, entre les deux il n’y a rien. L’actrice abuse de son sourire gigantesque, mais ses scènes avec Gérard Darmon sont sans doute les plus réussies dans tout ce marasme lénifiant.
Difficile donc d’établir une véritable « critique » de L’Amour c’est mieux que la vie. Les arguments arrivent ainsi, sans envie de les structurer vraiment, comme le scénario du film. On repense à certains passages, à l’instar de ce petit-déjeuner en amoureux à Montmartre, où le couple est attablé en face d’un mur arborant un beau graffiti représentant un majeur dressé. On ne sait pas si Lelouch l’a vu, toujours est-il que si cette présence est volontaire ou non, cela tient du génie. Raison pour laquelle nous ne détesterons jamais le cinéaste et que nous le suivrons systématiquement dans ses délires, conscients ou non, maladroits, mais – et c’est une certitude – indéniablement sincères.
LE BLU-RAY
Metropolitan Video continue sur sa lancée et en est déjà au quinzième film de Claude Lelouch édité depuis octobre 2016. En dépit de son rejet total dans les salles (188.000 entrées, oups), L’Amour c’est mieux que la vie bénéficie tout de même d’une sortie en Blu-ray, parallèlement à son édition Standard. Le menu principal est fixe et musical.
Ne manquez pas le making of (13’, 13, comme par hasard diraient les complotistes) constitué de nombreuses images de tournage, évidemment à la gloire de Claude Lelouch, que son nom soit sanctifié, avec ses acteurs, parlant aussi de son sujet favori, lui-même. Les conditions de tournage, touché par la pandémie (ce qui a obligé le cinéaste à abandonner son scénario pour en réécrire un autre du jour au lendemain) sont abordées.
Un autre module rapide (2’30) se concentre sur la venue de l’équipe à Deauville, afin d’y présenter L’Amour c’est mieux que la vie devant des spectateurs dubitatifs (ce sont eux qui nous l’ont dit) à la fin de la projection.
L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.
L’Image et le son
Comme d’habitude, l’éditeur soigne son master HD qui se révèle exemplaire. Le label « Qualité Metropolitan » » est donc encore une fois au rendez-vous pour le Blu-ray de L’Amour c’est mieux que la vie. L’image bénéficie d’un codec AVC de haut niveau, des contrastes d’une densité jamais démentie, ainsi que des détails impressionnants aux quatre coins du cadre. Certains plans étendus sont magnifiques et tirent entièrement parti de cette élévation en Haute définition. Les visages, filmés en gros plans, des comédiens peuvent être analysés sous toutes leurs coutures, la photo est ambrée et chaude, la clarté demeure frappante, tout comme la profondeur de champ, le piqué est affûté et les partis pris esthétiques merveilleusement restitués. Ce Blu-ray est évidemment une franche réussite technique et offre de fabuleuses conditions pour revoir le film de Claude Lelouch lors d’une soirée « à thème » dirons-nous.
D’emblée, l’ensemble des enceintes est mis à contribution aux quatre coins cardinaux sur l’unique piste DTS-HD Master Audio 5.1. Les ambiances fusent de tous les côtés dès le logo Metropolitan. L’omniprésente musique de Laurent Couson (et quelques notes de Francis Lai, décédé en 2018) jouit d’un traitement de faveur avec une large ouverture. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale, avec des effets latéraux constants. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.