Test Blu-ray / La Passion du docteur Hohner, réalisé par George Waggner

LA PASSION DU DOCTEUR HOHNER (The Climax) réalisé par George Waggner, disponible en DVD et Blu-ray le 11 avril 2023 chez Elephant Films.

Acteurs : Boris Karloff, Susanna Foster, Turhan Bey, Gale Sondergaard, Thomas Gomez, June Vincent, George Dolenz, Ludwig Stössel…

Scénario : Curt Siodmak & Lynn Starling, d’après la pièce d’Edward Locke

Photographie : W. Howard Greene & Hal Mohr

Musique : Edward Ward

Durée : 1h26

Date de sortie initiale: 1944

LE FILM

Le Docteur Hohner conçoit une passion absolue et maladive pour sa maîtresse, cantatrice à l’Opéra de Vienne qu’il assassine dans un accès de folle jalousie. Dix ans plus tard, l’arrivée d’une nouvelle cantatrice réveille à la fois le souvenir de son amante et ses vieux démons…

Les amateurs de cinéma SF/fantastique rétro/vintage connaissent le réalisateur George Waggner (1894-1984), du moins quelques-uns de ses meilleurs fleurons aux titres explicites comme L’Échappé de la chaise électriqueMan Made Monster (1941) et surtout Le Loup-garouThe Wolf Man (1941) avec les illustres Lon Chaney et Claude Rains, monument des Universal Monsters. Celui qui dirigera aussi John Wayne à deux reprises (Le Bagarreur du Kentucky The Fighting Kentuckian et Opération dans le PacifiqueOperation Pacific) adapte librement une pièce de théâtre d’Edward Locke et signe La Passion du Docteur HohnerThe Climax, pensé au départ comme une suite au Fantôme de l’OpéraPhantom of the Opera, immense succès critique et public d’Arthur Lubin sorti en 1943. Mais la plupart de la distribution est prise ailleurs, alors le projet mute. Subsistent seulement la comédienne Susanna Foster, qui obtient cette fois encore le rôle principal, tandis qu’on retrouve le même compositeur, les mêmes directeurs de la photographie, le même monteur, les mêmes décorateurs (qui ont repris l’opéra)…Mais la grosse « pièce rapportée » et qui tient le rôle-titre n’est autre que le légendaire Boris Karloff, alors entre La Maison de FrankensteinHouse of Frankenstein d’Erle C. Kenton et Le Récupérateur de cadavres The Body snatcher de Robert Wise. L’éternel monstre de Frankenstein, tournant parfois près de dix films par an, est impérial ici et sa prestation vaut bien à elle-seule qu’on accorde 85 minutes à cette Passion du Docteur Hohner.

Il y a plusieurs années, le Dr Hohner assassinait sans pitié Marcellina, la grande vedette de l’Opéra, parce que sa carrière constituait un obstacle entre eux. Le jour du dixième anniversaire de sa mort, le médecin de l’Opéra apprend qu’une jeune chanteuse, Angela, a été choisie pour interpréter « La Voix Magique ». Persuadé que la voix d’Angela est une réincarnation de sa bien-aimée, Hohner est fermement décidé à l’empêcher de chanter le même rôle que Marcellina. L’examinant dans son cabinet, le docteur réussit à la persuader par hypnose qu’elle ne pourra plus jamais chanter…

Boris Karloff avait peu à faire pour paraître inquiétant. Mais il était aussi l’un des rares à savoir faire passer beaucoup d’émotions dans ses créations, parvenant toujours à créer une certaine empathie avec ses personnages, même s’il s’agissait d’assassins, comme c’est le cas dans The Climax. Ce docteur Friedrich Hohner est un homme maladivement jaloux de sa maîtresse, soprano de l’Opéra de Vienne, qu’il finit par tuer dans un accès de folie. Alors que l’on découvre plus tard que ce cinglé a embaumé le corps de celle qu’il aimait, dépouille qu’il conserve dans un mausolée qu’il a dressé dans une chambre forte de sa demeure, ses vieux démons le reprennent lorsqu’une jeune cantatrice réveille en lui le souvenir de cette femme disparue. Après l’avoir convoqué chez lui, le docteur l’hypnotise et parvient à faire en sorte que la soprano perde littéralement sa voix quand elle est en sa présence. On doit ce scénario au prolifique Curt Siodmak, frère du célèbre Robert, dont le domaine de prédilection restera l’horreur (La Maison de Frankenstein, Frankenstein contre le loup-garou, Vaudou, Le Loup-garou) et le fantastique (Les Soucoupes volantes attaquent, L’Agent invisible contre la gestapo, Le Retour de l’homme invisible, La Femme invisible). On retrouve la griffe de cet auteur, qui transpose donc la pièce The Climax d’Edward Locke, qui avait déjà inspiré le cinéma en 1930.

Le film vaut essentiellement pour la composition toujours inventive de Boris Karloff, qui use de son regard glaçant, à tel point qu’on se demande souvent s’il n’y a pas quelques gels d’image tant le comédien reste parfois immobile, sans ciller. Face à lui, Susanna Foster, qui venait de camper Christine DuBois dans Le Fantôme de l’Opéra l’année d’avant, pousse la chansonnette une fois de plus dans La Passion du docteur Hohner. Un peu trop sans doute, puisque plusieurs tableaux chantés et dansés illustrent la pièce jouée dans le film et ralentissent malheureusement et systématiquement le rythme. Saluons aussi l’amusante participation de Turhan Bey (La Tombe de la Momie, Intrigues en Orient, Ali Baba et les Quarante Voleurs), qui se charge du côté humoristique. La scène où Franz mange petit à petit le programme durant la représentation, sous l’effet de l’excitation, est un gag très efficace.

N’attendez cependant pas du sang et même d’être effrayés, mais l’ambiance anxiogène de certaines séquences, dont celle d’hypnose, incontestablement la meilleure et la plus connue du long-métrage, fonctionne encore bien et la photographie est toujours plaisante avec ses teintes pastel. L’ensemble demeure sympathique, mais nullement inoubliable.

LE BLU-RAY

Inédit en DVD et Blu-ray, La Passion du docteur Hohner débarque chez Elephant Films sur les deux supports. Très belle jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur noire. Le menu principal est très légèrement animé et musical.

Eddy Moine, critique cinéma pour lequel nous avons beaucoup d’affection, a de nouveau été invité par Elephant Films pour nous présenter La Passion du docteur Hohner (11’). Un petit module fort sympathique, durant lequel nous en apprenons pas mal sur les conditions de production, le casting, la carrière du réalisateur George Waggner, la pièce d’Edward Locke, le scénariste Curt Siodmak, les décors recyclés des deux versions du Fantôme de l’Opéra et la sortie du film. Comme son père (un autre Eddy bien connu), le critique a le don pour mettre en valeur les petits films disparus de la circulation, et qui parviennent à ressurgir grâce aux bons soins des éditeurs comme c’est le cas ici.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Elephant Films présente un nouveau master restauré HD de La Passion du docteur Hohner, restituant la magie et la beauté du Technicolor d’antan, qui privilégie les teintes roses, même si le bleu et le rouge ressortent aussi brillamment. Un aspect un peu meringué ou bonbon acidulé qui ravit les mirettes. Le format 1.37 est respecté, la propreté éloquente (de mini-rayures et d’infimes poussières subsistent, mais subliminales), le cadre stable, les fondus enchaînés sont fluides, les contrastes denses, l’ensemble lumineux et les décors bénéficient d’un relief sans doute inédit. En fait, on dirait que l’image a été poudrée au fond de teint, ce qui peut parfois étonner, mais s’avère en fait respectueux des volontés artistiques originales.

Privilégiez la version originale aux sous-titres français non imposés, avec ses voix plus claires et ses effets plus nets et aérés. En français, les voix des comédiens sont mises trop en avant, même si le mixage est propre et clair. Dans les deux cas, la musique est dynamique et exploite au maximum les possibilités des pistes DTS-HD Dual Mono 2.0.

Crédits images : © Elephant Films / Universal Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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