Test Blu-ray / La Nuit des maléfices, réalisé par Piers Haggard

LA NUIT DES MALÉFICES (Blood on Satan’s Claw) réalisé par Piers Haggard, disponible en Édition Blu-ray + DVD + Livret le 11 avril 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Patrick Wymark, Linda Hayden, Barry Andrews, Michele Dotrice, Wendy Padbury, Anthony Ainley, Charlotte Mitchell, Tamara Ustinov, Simon Williams, James Hayter, Howard Goorney, Avice Landone, Robin Davies…

Scénario : Robert Wynne-Simmons & Piers Haggard

Photographie : Dick Bush

Musique : Marc Wilkinson

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Angleterre, XVIIIème siècle. Dans un petit village, un jeune homme affirme avoir vu le Diable. Le juge du comté n’y prête pas attention. Mais soudain, des événements anormaux se déroulent : les villageois sombrent dans la folie, et des jeunes femmes se voient affligées de marques sur le corps. C’est alors qu’un groupe mené par la jolie Angel Blake pratique d’étranges cérémonies funèbres.

Piers Haggard (1939-2003) est essentiellement connu des amateurs de cinéma d’épouvante pour son film Venin Venom (1981), dans lequel Klaus Kinski, Sarah Miles et Oliver Reed affrontaient un mamba noir, le serpent le plus dangereux au monde. Ce thriller hybride, bien que commencé par Tobe Hooper, tournage ensuite récupéré par Piers Haggard, rendait compte de l’efficacité de cet artisan, qui avait fait sa carrière à la télévision dans les années 1970. On se souvient moins de son boulot pour le cinéma et pourtant quelques titres sortent du lot à l’instar de The Quatermass Conclusion en 1979 et Le Complot diabolique du docteur Fu Manchu en 1980 avec Peter Sellers et Helen Mirren. Mais s’il y a bien une œuvre qui mérite assurément d’être redécouverte, c’est bien La Nuit des maléficesThe Blood on Satan’s Claw, opus d’horreur britannique sortie de l’usine Tigon Pictures, qui tentait alors de rivaliser avec la Hammer Films et la Amicus. Galvanisée par le succès rencontré par Le Grand InquisiteurWitchfinder General, ou bien encore The Conqueror Worm pour son exploitation américaine, réalisé par Michael Reeves, la société spécialisée dans les films d’exploitation à petit budget surfe sur le même sous-genre que l’on qualifiera bientôt de folk horror. La Nuit des maléfices est sans doute l’un des meilleurs représentants de cette vague, largement popularisée avec The Wicker Man de Robin Hardy, qui sortira deux ans plus tard, et demeure un très grand divertissement, formidablement mis en scène, immersif, original, angoissant comme il se doit car empreint de réalisme. Une vraie et grande découverte.

Dans un petit village d’Angleterre, au XVIIIe siècle. Un jeune homme, Ralph Gower, affirme avoir vu la marque du Diable, symbolisée par un crâne humain déformé recouvert d’une étrange fourrure, dans un champ qu’il labourait mais le juge du comté, un cartésien, n’y prête pas attention car les restes du cadavre ont disparu. Mais, rapidement, des événements anormaux se produisent dans la bourgade. Des jeunes filles se retrouvent couvertes de morceaux de peau brune poilue et les villageois sombrent dans la démence en se mutilant ou en commettant des meurtres. Une adolescente pieuse, Angel Blake, semble être à la solde de Satan et se livre à des sabbats et des orgies sataniques en ramenant à sa cause la grande majorité des enfants et adolescents du village. Face à ce chaos, le juge comprend qu’il faudra abattre une bête démoniaque responsable de cette folie pour arrêter ce cauchemar.

Ce qui frappe d’entrée de jeu, c’est la beauté plastique de La Nuit des maléfices et notamment celle de la photographie signée Dick Bush, chef opérateur des mythiques Philadelphia Experiment de Stewart Raffill, Sorcerer de William Friedkin, Phase IV de Saul Bass, Tommy de Ken Russell, Victor Victoria de Blake Edwards. Autant dire que The Blood on Satan’s Claw bénéficie déjà d’un atout de taille. La réalisation de Piers Haggard, par ailleurs arrière petit-neveu de l’écrivain Henry Rider Haggard (auteur des Mines du roi Salomon et donc créateur du personnage d’Allan Quatermain), étonne et n’a rien de télévisuel. S’il ne travaillera pour le cinéma encore que pour une poignée de longs-métrages, le cinéaste met tout son savoir-faire dans La Nuit des maléfices, qui accroche le spectateur de la première à la dernière seconde.

On est littéralement happé par cette histoire où se multiplient les disparitions, les mystérieuses visions et les étranges cérémonies qui mènent les villageois à la panique. La composition hypnotique de Marc Wilkinson (Family Life de Ken Loach) participe à cette ambiance anxiogène, qui prend le public à la gorge à plusieurs reprises, le met mal à l’aise, à l’instar des différents rituels réalisés par les enfants du coin, qui anticipent d’ailleurs certains passages de l’indispensable Midsommar d’Ari Aster, que l’on peut aussi classer dans le folk horror. On retrouve aussi la grande efficacité du montage de Richard Best, remarqué avec le génial Le Désert de la peur Ice Cold in Alex (1958) de J. Lee Thompson et sur de nombreux épisodes de la série Chapeau melon et bottes de cuir, qui insuffle à La Nuit des maléfices un rythme languissant, sans aucune longueur.

De plus, le casting composé de comédiens inconnus ou presque chez nous, Patrick Wymark (La Bataille d’Angleterre, Répulsion, Cromwell), Linda Hayden (Madhouse, Une messe pour Dracula), Barry Andrews (Dracula et les femmes), apporte un cachet authentique à ce récit généreux en rebondissements, en séquences fantastiques et effrayantes, qui rivalisent sans difficulté avec les meilleurs crus de la Hammer et de la Amicus. C’est dire la réussite.

LE COMBO BLU-RAY + DVD + LIVRET

La collection Angoisse, « de retour, parce qu’elle revient, et ainsi de suite » comme dirait le Palmashow ! Et comme d’habitude, Rimini Éditions a mis les petits plats pour remettre La Nuit des maléfices en avant, douze ans après une première édition en DVD chez Artus Films. Ici, le Blu-ray et le DVD reposent dans un boîtier Digipack à trois volets, arborant les couleurs de cette indispensable anthologie, le tout étant glissé dans un fourreau cartonné au visuel vintage très attractif. À l’intérieur, se trouve également un livret de 24 pages, écrit par Marc Toullec, qui replace le film de Piers Haggard dans le sous-genre de la folk horror, donne de nombreuses informations sur la genèse et la production de La Nuit des maléfices, la situation du cinéma britannique d’épouvante au début des années 1970, le casting, l’accueil du film à sa sortie, avec quelques photographies d’exploitation et du tournage en sus. Le menu principal est animé et musical.

Rimini est allé à la rencontre d’Olivier Père, directeur de l’Unité Cinéma d’Arte France (42’). Évidemment, ce module s’avère totalement indispensable, si comme nous vous avez succombé au charme de La Nuit des maléfices. Olivier Père, qui a toujours été l’un de nos chouchous à Homepopcorn, revient longuement sur plusieurs points. Sur la carrière du réalisateur Piers Haggard, sur la production de The Blood on Satan’s Claw, sur sa place dans le cinéma d’horreur. On apprend entre autres que La Nuit des maléfices avait tout d’abord été pensé comme un film à sketches, une habitude alors récurrente chez les concurrents de la Amicus, avant que les histoires soient finalement fusionnées, puis réécrites. Le fond et la forme s’entrecroisent habilement au cours de cette présentation passionnante, Olivier Père n’hésitant pas dire qu’il s’agit d’un des plus grands films fantastiques de cette période.

L’Image et le son

Rimini Éditions déroule le tapis rouge au film de Piers Haggard avec un très beau master Haute-Définition (1080p, AVC). Ce traitement permet de (re)découvrir La Nuit des maléfices dans les meilleures conditions techniques possibles. Dès le générique, la propreté est indéniable, la copie est stable, le grain original flatteur, le piqué aiguisé et la photo du chef opérateur Dick Bush est respectée. Aucune poussière, encore moins de griffures à l’horizon mon capitaine ! N’oublions pas l’élégante tenue des contrastes.

La Nuit des maléfices est proposé en anglais et en français, dans de nouveaux mixages DTS-HD Master Audio 2.0. Rien à redire sur la première, puisqu’en dehors de sensibles saturations dans les aigus, la magnifique partition de Marc Wilkinson trouve ici un coffre puissant, un nouvel écrin acoustique dynamique et même percutant, la piste n’étant jamais entachée par un souffle quelconque. Ce mixage éclatant combine la musique et les dialogues avec une fluidité et une ampleur quasi-exemplaires. La piste française s’en tire également avec tous les honneurs, bien que sensiblement plus altérée et moins homogène dans son rendu.

Crédits images : © Rimini Éditions / Tigon British Productions & Chilton Film & Television Enterprises / MGM / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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