
LA FURIE DES VAMPIRES (La Noche de Walpurgis) réalisé par León Klimovsky, disponible en Édition Collector Blu-ray + 2 DVD + Livret le 13 février 2025 chez Rimini Éditions.
Acteurs : Paul Naschy, Gaby Fuchs, Barbara Capell, Patty Shepard, Andrés Resino, Yelena Samarina, Julio Peña, José Marco…
Scénario : Paul Naschy & Hans Munkel
Photographie : Leopoldo Villaseñor
Musique : Antón García Abril
Durée : Version courte (1h24) & Version longue non censurée (1h31)
Date de sortie initiale : 1971
LE FILM
Deux étudiantes en sciences occultes sont à la recherche du tombeau de la comtesse Wandesa, personnage du Moyen-Âge soupçonnée de vampirisme. Égarées en pleine campagne, elles sont accueillies dans la demeure isolée du comte Waldemar Daninsky, condamné à se transformer en loup-garou depuis qu’il a été lui-même mordu.

Jacinto Molina, plus connu son nom d’artiste Paul Naschy (1934-2009), ancien haltérophile et catcheur de renom, est fasciné par le cinéma de genre et voue un culte aux films de momies, de vampires, de savants fous et autres créatures mythiques ayant fait le bonheur des studios Universal dans les années 30-40. Il décide de devenir comédien puis en vient à écrire des histoires d’épouvante. Sans le savoir, il vient de créer un nouveau courant au sein d’une production cinématographique espagnole sur le déclin, au point d’en devenir une véritable figure emblématique grâce au succès inattendu des Vampires du Docteur Dracula – La Marca del Hombre lobo en 1968, qui lance alors l’Age d’or du cinéma fantastique ibérique. Il y incarne le Comte loup-garou Waldemar Daninsky dont il reprendra le costume et les prothèses velues dans une douzaine de longs-métrages jusqu’en 2004. La Furie des vampires – La Noche de Walpurgis est la quatrième « aventure » de ce lycanthrope, après Les Vampires du Docteur Dracula – La Marca del hombre lobo, (1968), Les Nuits du loup-garou – Las Noches del Hombre Lobo (1968, que seul Paul Naschy évoquait, puisque le film n’a jamais pu être retrouvé) et Dracula contre Frankenstein – Los Monstruos del terror (1970). Rétrospectivement, La Furie des vampires est encore considéré comme l’un des meilleurs opus de cette « saga ». Il est réalisé par l’argentin León Klimovsky (1906-1996), qui signera aussi l’épisode suivant (Dr. Jekyll y el Hombre Lobo), metteur en scène de quelques westerns (Le Colt du révérend avec Guy Madison, Quelques dollars pour Django avec Anthony Steffen), qui s’essaye au film d’épouvante dans cette production germano-espagnole. Paul Naschy y reprend donc son rôle le plus emblématique et cosigne aussi le scénario, comme sur le précédent. On reprend là où les choses s’étaient arrêtées (ce qui ne sera pas toujours le cas), mais cela ne perturbera pas trop les spectateurs qui ne sauraient pas ce qui s’est déroulé juste avant. La Furie des vampires peut se voir indépendamment et demeure un formidable spectacle, solidement interprété par un Paul Naschy (bien grimé) très impliqué et souvent ponctué par d’étonnantes idées formelles, malgré un manque de moyens qui se fait ressentir. Mais cela contribue au charme qui se dégage encore et toujours de ce film d’exploitation fait avec le coeur (sans pieu qui le traverse) par un des plus grands représentants européens du genre.



Deux jolies étudiantes, Elvire et Geneviève, partent à la recherche de la tombe de la comtesse Wandessa, un personnage sanguinaire du moyen âge dont la légende voudrait qu’elle ait eu des rapports avec le diable. Perdues dans le nord de la France elles vont être recueillies par le comte Waldemar Daninsky, qui les invite à rester aussi longtemps qu’ils le souhaitent. A trois, ils localisent la tombe recherchée, et l’ouvre, le cadavre revient alors à la vie. Geneviève sera ensuite vampirisée par la comtesse, on apprendra que Waldemar Daninsky devient un loup garou toutes les nuits de pleine lune et qu’il est damné pour l’éternité, une idylle naîtra entre Waldemar et Elvira dont le petit ami resté à Paris finira par s’inquiéter de rester sans nouvelles…


Paul Naschy, qui devait alors reprendre un rôle proposé au départ au mythique Lon Chaney Jr., a su imposer un vrai personnage dans l’univers fantastique espagnol, pour ne pas dire international, puisque ses films se vendaient jusqu’au Japon. Sa carrure d’ancien sportif contraste avec son visage, lisse au premier abord et le comédien n’a eu de cesse de s’affirmer au cinéma, en livrant comme ici quelques prestations ambiguës. Waldemar Daninsky est un personnage dramatique, bouleversant, mélancolique qui traverse les époques, les siècles, le regard mélancolique, victime de sa malédiction.


Il arrive dans le nord de la France (même si le tournage s’est déroulé à Madrid) et le public hexagonal devra être bien indulgent devant cette représentation de la région des Ch’Tis. Là-dessus, Paul Naschy a brodé une intrigue classique, mais ultra-efficace, dont les idées (nombreuses) sont idéalement exploitées par León Klimovsky. C’est le cas de l’apparition des différents vampires (dont la belle Patty Shepard, Attention on va s’fâcher, La Brute, le Colt et le Karaté, Folie meurtrière), au ralenti, plans bercés par la belle musique d’Antón García Abril (Agent 077 : Opération Sexy, Les Crocs du diable, Pancho Villa, Texas adios).


Des scènes qui font leur effet et contribuent à la réussite de La Furie des vampires, qui obtint un beau succès dans les salles dans le monde entier. Certes, on n’échappe pas à quelques facilités ou d’autres invraisemblances comme les deux nanas qui acceptent d’être hébergées dans une demeure n’ayant ni électricité, ni eau chaude, ni téléphone, chez quelqu’un (qui n’a ni voiture, ni vélo) qu’elles ne connaissent pas (un peu comme dans J’irai dormir chez vous ou Pékin Express), mais cela apporte un cachet nawak à l’entreprise.


Une « suite » sera donc immédiatement mise en chantier…et Paul Naschy de repartir le corps couvert de poils, à hurler à la mort en regardant la pleine Lune.


LE COMBO BLU-RAY + DVD + LIVRET
Après Body Trash, Les Yeux de feu, La Nuit des maléfices, La Tour du diable et Rêves sanglants, La Furie des vampires est le sixième film à rejoindre la collection Angoisse chez Rimini Éditions. Plus d’une trentaine de titres sont désormais disponibles dans cette anthologie et dont vous pouvez retrouver chacune des chroniques dans nos colonnes ! Trois disques sont solidement harnachés dans le Digipack à trois volets (glissé dans un fourreau aux couleurs habituelles de la collection), à savoir un DVD pour la version courte (exploitée en France, 84’), un autre pour la version longue non censurée (uniquement en espagnol, 91’, comprenant surtout des dialogues en plus) et un Blu-ray qui regroupe le tout. Ajoutons à cela un livret de 24 pages, toujours écrit par Marc Toullec, qui revient non seulement sur la carrière de Paul Naschy, mais aussi plus particulièrement sur la création et les aventures du personnage Waldemar Daninsky, que le comédien aura incarné à douze reprises. Le menu principal est animé et musical. Notons que La Furie des vampires avait déjà connu une sortie en DVD en France, en 2006, sous la bannière de Seven7.


Le supplément vidéo de cette édition a été conçu à l’occasion de cette sortie Rimini. Il s’agit d’un module constitué de propos du génial Laurent Aknin (historien du cinéma, spécialiste du cinéma d’exploitation et de l’ésotérisme à l’écran), mais aussi de Paul Naschy en personne, images tirées d’une interview réalisée en 2003 (35’). Saluons d’abord le soin apporté à l’habillage de l’entretien avec Laurent Aknin, éclairé de façon baroque et filmé vraisemblablement dans le sous-sol d’un immeuble. L’historien évoque longuement et de façon passionnante l’émergence du cinéma fantastique et d’épouvante de l’autre côté des Pyrénées, avant d’en venir plus précisément à Paul Naschy, son parcours, sa carrière, la création du personnage Waldemar Daninsky, ses films les plus emblématiques. De son côté, Paul Naschy évoquait lui aussi tous ces points, avec son point de vue personnel quant à l’arrivée du cinéma d’exploitation en Espagne, encore sous le joug de Franco. Laurent Aknin passe également en revue chaque épisode de la saga Daninsky. L’ensemble est agrémenté d’extraits de bandes-annonces originales.







L’Image et le son
Chapeau bas à Rimini Éditions qui a pu mettre la main sur le master scanné et restauré en 4K (à partir du négatif original) en 2022 de La Furie des vampires ! Si la définition devient sensiblement plus grumeleuse et chancelante sur les scènes en plus (concernant la version longue), ces menus accrocs ne sont pas légion et ce Blu-ray ne déçoit absolument pas. Au contraire, ce nouvel et inattendu écrin permet de reconsidérer l’esthétique de La Furie des vampires, en particulier la photo plutôt recherchée de Leopoldo Villaseñor (La Femme aux bottes rouges de Juan Luis Buñuel) avec ses éclairages stylisés. L’image affiche d’emblée une belle clarté dingue avec une palette chromatique ravivée, des contrastes solides, tandis que la propreté demeure éloquente du début à la fin.

Le montage non censuré n’est disponible qu’en version originale espagnole. Une écoute propre, même si légèrement pincée par moments, avec des bruitages quelque peu artificiels (le souffle du vent, très présent), des dialogues qui font plaqués sur la bande-son, et une musique au volume aléatoire. La version « courte » propose les deux langues, espagnole et française. Si la première possède les mêmes critères que sur la version longue, le doublage hexagonal en rajoute dans le côté Bis et mérite au moins un visionnage avec cette option. Signalons un couac technique sur la version longue en DVD. En effet, de gros soucis au niveau des sous-titres ont été repérés, avec les balises apparentes. Il semblerait que cela apparaisse sur les scènes ajoutées, comme vers 1h (au téléphone) ou un peu plus loin vers 1h04’50. Cela n’apparaît pas sur la version longue du Blu-ray.



Crédits images : © Rimini Éditions / Plata Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr