KING réalisé par David Moreau, disponible en DVD et Blu-ray le 22 juin 2022 chez Pathé.
Acteurs : Gérard Darmon, Lou Lambrecht, Léo Lorléac’h, Thibault de Montalembert, Clémentine Baert, Artus, Marius Blivet, Laurent Bateau…
Scénario : David Moreau, Zoé Bruneau, Sophie Glaas & Maria Pourchet, d’après une histoire originale de Jean-Baptiste Andrea & Gael Malry
Photographie : Antoine Sanier
Musique : Guillaume Roussel
Durée : 1h39
Année de sortie : 2022
LE FILM
King, un lionceau destiné à un trafic, s’échappe de l’aéroport et se réfugie dans la maison d’Inès, 12 ans et Alex, 15. Le frère et la sœur ont alors l’idée folle de le ramener chez lui, en Afrique. Mais la traque des douaniers ne leur facilite pas la vie. Lorsque Max, leur grand-père fantasque qu’ils n’ont vu que deux fois dans leur vie, se joint à l’aventure, tout devient possible..
Découvert avec ses films d’horreur Ils et The Eye coréalisés avec Xavier Palud, le cinéaste David Moreau a ensuite connu en 2013 un beau succès avec 20 ans d’écart, pétillante comédie-romantique avec Pierre Niney et Virginie Efira. Avec Seuls, il revenait au film de genre en suivant le schéma tracé par les américains et leurs franchises destinées aux adolescents, Hunger Games, Divergente ou Le Labyrinthe. Tout était réuni pour que Seuls rencontre un large public. Malheureusement, le réalisateur a dû faire avec le peu d’argent mis à sa disposition en raison de la frilosité des producteurs français. King devait signer son retour au cinéma, mais David Moreau n’aura pas le temps de terminer le film, à cause d’une plainte déposée à son égard par une technicienne. Débouté du tournage, David Moreau sera finalement remplacé par le chef opérateur Antoine Sanier. Toutefois, à l’écran cela ne se ressent pas et King demeure un joli film pour les enfants et leur(s) accompagnant(s). L’ombre de Steven Spielberg plane sur cette histoire (ainsi que sur la forme) du début à la fin et l’on en vient même à se dire qu’il s’agit purement et simplement d’un remake d’E.T., l’extra-terrestre, tant les similitudes y sont particulièrement troublantes. Remplacez l’alien par un lionceau et vous avez pour ainsi dire la même chose. King parvient à captiver l’attention de la jeune audience, avec de bons et charismatiques comédiens, la tendresse bourrue de Gérard Darmon (très bon à donner la réplique à ses partenaires en herbe) et un lionceau attendrissant, souvent créé en images de synthèse et dont le résultat est bluffant. De beaux sentiments, un rythme soigné, une photo très classe, de l’aventure, le spectacle est garanti.
Un lionceau issu du trafic d’animaux exotiques est trouvé dans une valise par les douaniers d’Orly. Après s’être échappé, il se réfugie dans le pavillon de banlieue où vivent Inès, 12 ans, et son frère Alex. Inès, une jeune fille quelque peu décalée, se met en tête de ramener le lionceau en Afrique. Son frère, obsédé par sa popularité, y voit une bonne occasion de devenir une star des réseaux sociaux. Bien vite, les deux se rendent compte qu’ils n’arriveront à rien sans l’aide d’un adulte, et décident d’aller tirer leur grand-père, qu’il n’ont rencontré qu’une fois dans leur vie, de sa maison de retraite…
Nous ne reviendrons pas sur l’enquête judiciaire pour agression sexuelle qui a marqué le tournage, déjà interrompu en raison de la Covid 19. La production a très vite rebondi en confiant les rênes de cette confortable entreprise de 16,5 millions d’euros à Antoine Sanier, remarqué pour son boulot sur Petit pays d’Éric Barbier, Hors normes de Nakache & Toledano, Leatherface de Maury & Bustillo et Santa & Cie d’Alain Chabat. Difficile de dire ce qui appartient à David Moreau ou à son remplaçant, car en l’état l’ensemble est cohérent et force est de constater que l’un des gros points forts de King demeure le travail d’Antoine Sanier, un cadre large riche et aux teintes superbes. On ne sait pas si ce dernier aura calqué sa mise en scène sur les intentions du cinéaste, toujours est-il que l’on sent l’inspiration Amblin, surtout dans toute la première partie de King, qui se déroule dans une petite bourgade, un quartier pavillonnaire qui rappelle bougrement celui où habite Elliott dans le chef d’oeuvre de Steven Spielberg. L’apparition du lionceau chez Inès, leur approche et complicité, les quiproquos qui en découlent, la recherche de King par les autorités, la fuite d’Inès (également affublée d’un frangin pas très fin) et de son protégé, dans l’espoir de lui faire retrouver sa « maison », on ne compte plus les échos à E.T.
Puis, King finit enfin par s’en éloigner en trouvant son tempo, en finissant de digérer cette flagrante référence, en emmenant King vivre sa propre aventure auprès d’adolescents attachants et par ailleurs très bien campés par Lou Lambrecht, vue dans La Dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil de Joann Sfar et Le Voyage de Fanny de Lola Doillon, et Léo Lorléac’h, qui a grandi depuis Maintenant ou jamais de Serge Frydman, dans lequel il jouait le fils de Leïla Bekthi. Au milieu, Gérard Darmon trouve aisément sa place et semble prendre beaucoup de plaisir à jouer à leurs côtés. Le reste du casting composé de Thibault de Montalembert (Miss, Jalouse, Aurore), Clémentine Baert (belle révélation), Artus (impeccable) et de l’excellent Laurent Bateau est à l’avenant et tous s’avèrent solidement dirigés. Gros coup de coeur pour la magnifique partition de Guillaume Roussel (Primal, HHhH, BAC Nord), proche là aussi des envolées de John Williams, Jerry Goldsmith ou Alan Silvestri.
Humour, émotions (ou comment une jeune ado apprendra à faire le deuil de sa mère trop tôt disparue) et rebondissements sont donc au rendez-vous dans King, qui n’a pourtant pas emporté l’adhésion des spectateurs avec à peine 500.000 entrées dans l’Hexagone, loin derrière Uncharted avec Tom Holland et Maison de Retraite avec Kev Adams qui dépassaient la barre des deux millions. Mais ce conte familial devrait trouver largement son public avec sa sortie dans les bacs et lors de ses prochaines diffusions à la télévision.
LE BLU-RAY
King dispose d’une sortie en DVD et bien sûr en Haute-Définition chez Pathé. Le visuel de la jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, reprend celui de la très belle et craquante affiche d’exploitation. Le tout est surmonté d’un surétui cartonné, liseré bleu marine. Le menu principal est animé et musical.
Dommage de ne pas avoir agrémenté cette édition de bonus conséquents…est-ce en raison de l’éviction de David Moreau ? Toujours est-il que nous devrons nous contenter d’un module de deux minutes, constitué d’images composites révélant le travail des génies des effets spéciaux numériques. En effet, de par ses péripéties, King donne la vedette à un lionceau essentiellement réalisé en CGI par la société VFX Mathematics, après la modélisation d’un véritable félin. Le résultat, s’il n’est pas toujours parfait, est tout de même assez dingue. Outre ce lion virtuel, d’autres effets sont révélés, malgré l’absence de commentaires…
L’Image et le son
Pathé livre un très beau Blu-ray de King. D’entrée de jeu, les couleurs clinquantes sont magnifiquement restituées. Les décors fourmillent de détails (merci au cadre large), la profondeur de champ est toujours appréciable, les contrastes sont denses et les séquences nocturnes d’une densité inégalée. Les scènes diurnes sont également lumineuses, avec un piqué ciselé. Les gros plans sur les visages ne manquent pas de mordant, le relief est constamment palpable. Une édition HD fort élégante.
Dès le superbe générique, la piste DTS-HD Master Audio 5.1 sollicite l’ensemble des enceintes et offre une solide spatialisation. Ce mixage fait la part belle à la musique. Les dialogues se détachent sans mal sur la centrale, tandis que les ambiances naturelles en extérieur demeurent constantes. Le spectacle acoustique est assuré. L’éditeur joint une piste les sous-titres destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription et une Stéréo très dynamique.