
HERCULE ET LA REINE DE LYDIE (Ercole e la regina di Lidia) réalisé par Pietro Francisci, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 4 mars 2025 chez Artus Films.
Acteurs : Steve Reeves, Sylvia Lopez, Sylva Koscina, Gabriele Antonini, Sergio Fantoni, Mimmo Palmara, Primo Carnera, Andrea Fantasia, Patrizia Della Rovere, Carlo D’Angelo…
Scénario : Ennio De Concini a Pietro Francisci
Photographie : Mario Bava
Musique : Enzo Masetti
Durée : 1h36
Date de sortie initiale : 1959
LE FILM
Hercule, sa femme Iole et son ami Ulysse, font route vers Thèbes. En découvrant que le trône est disputé entre les deux fils du roi Œdipe, Etéocle et Polynice, Hercule décide d’intervenir. Il se retrouve alors confronté à la terrible Omphale, reine de Lydie, connue pour faire perdre la mémoire à ses victimes.

Il fallait s’y attendre ! Après l’extraordinaire succès rencontré dans le monde par Les Travaux d’Hercule, le demi-Dieu revient sur les écrans, quasiment un an jour pour jour après sa sortie dans les cinémas italiens. Tout le monde ou presque fait son comeback devant comme derrière la caméra pour Hercule et la Reine de Lydie – Ercole e la regina di Lidia, nouveau péplum franco-hispano-italien, toujours mis en scène par Pietro Francisci, avec l’aide de Mario Bava, officiellement comme directeur de la photographie, mais aussi coréalisateur sur certaines séquences. Devenu l’acteur le mieux payé de la planète, Steve Reeves se repasse de l’huile sur le corps et vient mouliner des (gros) bras, même s’il paraît moins concerné que dans le premier épisode. Il faut dire qu’il n’a pas grand-chose à faire dans celui-là, où il passe beaucoup de temps à manger, vautré dans les confortables intérieurs de la Reine de Lydie. Cependant, Pietro Francisci met le paquet et propose plus de…tout, plus d’humour, plus de couleurs, plus de muscles luisants, plus d’amazones. Et cela fonctionne encore aujourd’hui. Il se dégage un charme inaltérable de cette superproduction, qui connaîtra le même engouement que Les Travaux d’Hercule et même encore plus, étant donné que le phénomène n’était pas retombé suite aux sorties décalées à l’internationale. En l’état, Hercule et la Reine de Lydie est une suite tout à fait honorable, qui pousse les curseurs comme il se doit et qui visuellement s’avère plus recherchée.



Hercule, revenant avec sa femme Iole et Ulysse, son jeune ami, trouve la route de Thèbes, sa ville, barrée par le géant Antée, qui l’empêche d’avancer. Hercule vainc facilement son adversaire qui, cependant, reprend des forces chaque fois qu’il tombe à terre, étant le fils de Gaïa, la déesse de la terre. L’astucieux Ulysse suggère alors à Hercule d’éloigner son adversaire du sol : le héros, pour se débarrasser de son adversaire, le jette à la mer en le précipitant du haut d’une falaise. Ayant repris leur route, les trois hommes tombent sur Œdipe, le roi exilé, qui a laissé le royaume à ses fils Étéocle et Polynice. Le pacte entre les deux frères, qui devaient régner sur Thèbes chacun un an, est rompu par Etéocle qui, son mandat expiré, refuse de céder le royaume à Polynice. Pour éviter que sa ville ne souffre de la guerre intestine entre les deux frères, Hercule se propose comme intermédiaire pour régler l’affaire. Laissant sa femme dans la ville, il part avec Ulysse pour se rendre comme ambassadeur auprès de Polynice qui, à la tête de l’armée d’Argos, s’apprête à assiéger Thèbes. Au cours du voyage, Hercule et Ulysse s’arrêtent pour se reposer. Le héros, après avoir bu de l’eau à une source, tombe dans un profond sommeil non naturel. Ulysse, qui se précipite à son secours, se voit soudain entouré de nombreux soldats : feignant d’être sourd-muet, il se laisse faire prisonnier, se faisant passer pour le serviteur du héros endormi qui, à son tour, est capturé et emmené sur un navire qui le conduit en Lydie, par la reine Omphale. Cette dernière, qui enlève ses amants pour les soumettre jusqu’à ce qu’elle se désintéresse d’eux, a également l’intention de tuer Hercule, qui deviendra, une fois mort, l’un des nombreux cadavres embaumés qu’elle collectionne. À son réveil, le héros a complètement perdu sa mémoire et sa force.



Mario Bava se lâche encore plus que pour Les Travaux d’Hercule et certaines séquences ne sont pas sans rappeler l’excellent Hercule contre les vampires – Ercole al centro della Terra, que le chef opérateur mettra lui-même en scène en 1961. C’est ce qui participe à la réussite d’Hercule et la Reine de Lydie, tout comme les méchants de l’histoire. Il y a tout d’abord Omphale, la reine de Lydie, incarnée par l’actrice française et mannequin Sylvia Lopez, étoile filante disparue à l’âge de 26 ans des suites d’une leucémie foudroyante, qui trouve ici LE rôle de sa (courte) vie, qui s’éteindra l’année de la sortie du film. Bien plus présente à l’écran que la sublime Sylva Koscina, quelque peu reléguée à l’arrière-plan, Sylvia Lopez crève l’écran et tient tête à son partenaire bodybuildé, qui demeure cette fois encore rigide et peu expressif. Autre grand atout d’Hercule et la Reine de Lydie, Sergio Fantoni, qui interprète Étéocle, fils du mariage incestueux d’Œdipe et Jocaste, et le frère de Polynice. Le comédien, même si peu connu du public, compte pourtant moult apparitions au cinéma, chez Luchino Visconti (Senso), Roberto Rossellini (Les Évadés de la nuit), Blake Edwards (Qu’as-tu fait à la guerre, papa ?), Julien Duvivier (Diaboliquement vôtre), Giuliano Montaldo (Sacco e Vanzetti), Philippe Labro (Le Hasard et la Violence)…il campe ici un formidable salaud, bien frappadingue, suintant, qui vole aisément la vedette à Steve Reeves, bien plus préoccupé par sa barbe taillée au pochoir.



Si un ventre mou se fait ressentir à mi-parcours, en gros durant toute l’amnésie d’Hercule et il faut véritablement patienter jusqu’au retour à Thèbes, pour que l’action et le rythme reprennent. Après le duel opposant les deux frères ennemis, Amphiaraos, le chef de l’armée ennemie d’Hercule, est déterminé à poursuivre l’attaque et à conquérir la ville. C’est donc un autre rebondissement qui relance la machine. Heureusement, Hercule, avec ses compagnons, prend la tête des gens de Thèbes, qui renversent le cours de la guerre en attaquant et en remportant la victoire sur leurs ennemis. Les experts en mythologie risquent de grincer les dents, mais les autres y trouveront assurément ce qu’ils étaient venus chercher, à savoir un grand spectacle, solidement réalisé, porté par une distribution charismatique, aux décors et aux costumes élégants.



LE COMBO BLU-RAY + DVD
Après Les Travaux d’Hercule, Artus Films présente Hercule et la Reine de Lydie en Combo Blu-ray + DVD, précédemment sorti en DVD en 2015 chez RDM Vidéo. Point de livre écrit par Emmanuel Rossi sur cette édition, puisque l’ouvrage très complet se trouve sur le Combo de l’épisode précédent. Les deux disques de cette suite se trouvent solidement harnachés dans un Digipack à deux volets, illustrés avec élégance. Le tout repose dans un fourreau cartonné tout aussi classe. Le menu principal est fixe et musical.


En plus d’une galerie (animée et musicale) de photos d’exploitation et d’affiches internationales, sans oublier une courte scène coupée (50 secondes) en version française (sans intérêt et dont on se demande la raison de son rejet), l’éditeur donne cette fois encore la parole à Willy Colombini (né en 1932), comédien qui interprète Castor dans Les Travaux d’Hercule et dans Hercule et la Reine de Lydie. Les souvenirs de tournage s’enchaînent, l’acteur évoquant d’ailleurs une production « qui a pris de l’ampleur » par rapport au film précédent. Willy Colombini se rappelle de certains partenaires, dont Sergio Fantoni (« un homme très gentil, qui avait de la prestance ») et Giuliano Gemma dans l’une de ses premières apparitions au cinéma, pour lequel il officiait alors comme cascadeur (13’).


L’Image et le son
Copie HD exactement du même acabit que celle des Travaux d’Hercule. Hercule et la Reine de Lydie s’offre à nous en Haute Définition dans une superbe copie entièrement restaurée à partir d’un master 2K. L’image est stable, très propre, les couleurs sont ardentes, vives et chatoyantes, certains décors brillent de mille feux, les détails sont légion aux quatre coins du cadre large (format original respecté 2.35 compatible 16/9), le relief des matières des costumes demeure palpable tout du long, la texture argentique flatteuse. Les scènes en extérieur affichent une belle luminosité, tout comme un relief inattendu, un piqué pointu. Aucun ou peu de défauts constatés, pas de tâches, bruit vidéo, tout ou presque (quelques poussières subsistent) a été balayé avec soin. Un titre qui tire pleinement profit de la Haute-Définition. Les plans flous semblent d’origine et la palette chromatique décroche sur les fondus enchaînés. Blu-ray au format 1080p.

Au jeu des comparaisons, la version originale est supérieure à la piste française. Aucun souffle des deux côtés, ni de craquements. Les ambiances sont très correctes en italien, alors qu’elles se font parfois plus discrètes sur l’autre piste. Le doublage français est très réussi, avec surtout l’immense Jean-Claude Michel à la barre, qui double ici Steve Reeves. Les sous-titres français ne sont pas imposés.



Crédits images : © Artus Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr